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Les nouveaux habits de la GPA

Lien en bas de page sur le débat GPA. Invitées par Terres De Progres avec Sylvie Mennesson, favorable, opposée à et Christine Le Doaré, défavorable. Un débat Zoom désormais disponible sur YouTube.

Pour contourner la biologie de plus en plus de couples gays ou hétérosexuels ont recours à la génétique. Désormais la GPA (gestation pour autrui) ne se pratique plus par insémination mais avec des transferts d’embryons, après fécondation in vitro.  Il y a donc des donneuses d’ovocytes ( les ovocytes sont prélevés par ponction transvaginale) et des gestatrices qui elles, vont porter l’enfant commandité. Les donneuses d’ovocytes peuvent être la mère d’intention ou pas. Le processus de reproduction est ultra divisé, de moins en moins biologique, de plus en plus génétique.

Même si des couples hétérosexuels sont concernés par la GPA, la revendication politique est essentiellement portée par le mouvement LGBT avec quelques personnalités hétérosexuelles très médiatisées, comme le couple Mennesson.

Force est de reconnaitre que dans les pays émergents, cette pratique relève de l’exploitation la plus sordide, la solution consisterait donc pour le lobby pro-GPA à légiférer en France, pour ne pas avoir à conclure des contrats dans les pays où la pratique est montrée du doigt.

Comme il a été démontré qu’un encadrement règlementaire en France ne changerait rien au fait qu’il s’agit toujours de segmentation génétique à outrance du processus reproductif, d’une forme d’eugénisme et de marchandisation des corps des femmes, le terme de GPA éthique a été mis en avant.

Projet de société

La GPA ne devrait pas être affaire de choix individuel mais de projet de société.  

Argument philosophique

Tout d’abord, ne faut-il pas valoriser la résilience ?  Nous ne réaliserons pas tous, tout ce que peut nous offrir la vie. Avoir des enfants est une possibilité, pas une certitude, et ce ne devrait pas être une fin en soi. Il y a bien des manières de se réaliser dans la vie. On peut aussi adopter ou s’occuper d’enfants et de bien des façons, notamment en les parrainant ou adoptant.  Résilience donc et non pas désir, attente, cadeau des fées, ces mots souvent employés par les promotteurs de la GPA.

Argument féministe

Longtemps, des femmes n’ont eu d’autres choix que de se réaliser dans la maternité. Encore de nos jours, être une femme sans enfant reste suspect. Beaucoup de femmes sont élevées dans le don d’elles-mêmes et la générosité. Si on écoutait les partisans de la GPA, l’altruisme serait un caractère génétique féminin.  Exploiter la capacité reproductrice des femmes n’est que pure essentialisation, et n’a rien de féministe.

Un argument est souvent utilisé, celui de la liberté et de l’exercice de la volonté des femmes gestatrices, consentantes pour s’engager dans une GPA. Il y a en effet des femmes qui consentent à la GPA.

Mais soyons honnêtes, c’est parce qu’elles sont :

  • soit embrigadées dans de sordides usines à bébés en Inde, en Ukraine, … où  il s’agit de profiter de la misère et de la vulnérabilité des plus faibles. En Ukraine, des cliniques proposent des promotions dans le cadre du Black Friday : entre 1 200 et 1 500 euros de réduction. En  Iran, des femmes sont candidates à la GPA, elles subissent des pressions pour aider leur famille à les sortir de la pauvreté, 4,000$ pour porter un embryon neuf mois. Quand on sait à quel point leurs vies sont hypothéquées sans cela!
  • soit motivées par une rondellette somme d’argent qui tombe à point, par exemple dans les familles moyennes américaines, entre l’achat de la seconde voiture et de la piscine.

« … le moyen le meilleur et le plus économiquement rentable de gérer les femmes, aux fins de la reproduction, et d’une manière générale, était de confier cette tâche aux femmes elles-mêmes. (…) aucun empire imposé par la force ou par d’autres moyens n’a failli à cette caractéristique : faire diriger les indigènes par des membres de leur propre groupe » La Servante écarlate, Margaret Atwood.

Pourtant, il a y a même des sociologues pour expliquer que la GPA permettrait aux femmes de s’émanciper. Je rappelle à toutes fins utiles les fondamentaux principaux du féminisme : s’affranchir de l’appropriation de nos corps et de nos vies.

Dans tous les cas, l’argument de la liberté de choix pourrait-il être suffisant pour que cette pratique soit autorisée en France ? On peut toujours trouver des gens voulant vendre un organe pour survivre. Aux USA, rien n’interdit aux plus pauvres de vendre leur sang plusieurs fois par semaine. Ce sont des femmes volontaires qui au nom des traditions pratiquent l’excision sur des fillettes … La même rhétorique de la liberté de choix est utilisée en matière de prostitution, un autre domaine de la mise à disposition du corps des femmes. En réalité, les seuls droits pour lesquels les femmes n’ont jamais eu à se battre c’est bien de faire des enfants ou de se prostituer. Encore et toujours l’instrumentalisation, l’exploitation et la marchandisation des corps et vies des femmes.

Argument éthique et politique

Peut-on accepter que l’enfant devienne une marchandise, un bien de consommation comme un autre, dans une logique toute capitaliste ? Le corps humain, la capacité reproductrive des femmes, deviendraient des ressources commercialisables ? Faut-il valider la négation du biologique au profit du tout génétique et d’une division à outrance du processus de procréation ? Faut-il aussi un code du travail en la matière ? Revoir le droit des affaires ? Au salon «Men having babies» de Bruxelles, sont proposées des  «Réduction fratrie» : si un couple recourt simultanément à deux « mères porteuses », il bénéficie d’une importante réduction. Des soldes quoi ! Au moins, on ne peut pas les taxer d’hypocrisie, la marchandisation est clairement assumée.

Quand les pro-GPA parlent de GPA, ils nous sortent tout un tas d’études pour le moins discutables. Ils ne nous parlent jamais des études qui mettent en exergue les problèmes. 2016 (A.WHITTAKER, International Surrogacy as Disruptive Industry in Southeast Asia ; New Jersey, Rutgers University Press, 2019) qui révèle que dans 80 % des inséminations réalisées aux États-Unis deux embryons ou plus sont transférés car moins de 20 % des commanditaires font le choix d’une grossesse unique.  Et tant pis si les femmes encourent les risques d’une grossesse gémélaire. On nous parle aussi rarement des trop nombreux prélèvements d’ovules sur des « donneuses » qui occasionnent des dommages sur leur santé. Les questions d’une rémunération différenciée selon l’ethnie des donneuses, leurs caractéristiques physiques, le choix de la donneuse sur catalogue, le choix du sexe de l’enfant, … toutes ces discriminations sont aussi documentées mais ils n’en font pas état.

Qu’implique pour une femme au plan personnel, le fait de s’engager dans une GPA ?

Ne parlons même pas de ces pays où les femmes qui s’engagent dans une GPA sont des esclaves enfermées dans des cliniques usines de production, mais de la GPA aux Etats-Unis par exemple.

Le contrat : Le contrat aliène toute liberté d’action et de disposition de soi de la mère porteuse « toute tentative de renégociation peut être considéré comme un acte criminel ». Le contrat est privatif de liberté, il impose un comportement stricte à respecter en matière de traitement, d’accouchement, … Il impose également à la gestatrice et à son conjoint une abstinence sexuelle. Il limite les déplacements de la gestatrice, lui impose un régime alimentaire. Il prévoie également un dédommagement en cas de perte d’un ovaire ou d’hystérectomie. Il faut lire ces contrats pour comprendre vraiment de quoi il retourne.

La santé : Toute grossesse présente des risques, n’est jamais anodine. Le corps subit des changements, parfois iréversibles. LA GPA implique des traitements lourds, une préparation et comme pour toute grossesse, de récupérer. Ce n’est pas 9 mois de la vie d’une femme qui sont mis entre parenthèse, mais au minimum 13 mois, voire plus.

Ensuite, il peut y avoir des complications : comme pour tout traitement hormononal de longue durée, un risque de perte d’organe (ovaire, utérus), de dépression, d’hémorragie post-partum, de diabète gestationnel …  et bien entendu, un risque de mort également.

Et après l’accouchement, quelles seront à long terme les conséquences de l’abandon d’un enfant, ce même s’il a été conçu pour d’autres ? Peut-on être indifférente après avoir porté un enfant en soi, et pendant des mois ? La parade selon les partisans de la GPA a été trouvée depuis qu’il n’y a plus de lien génétique avec l’enfant de peur que la gestatrice ne s’attache. Il y a donc les donneuses d’ovocytes, les embryons, les porteuses dans lesquelles on implante un embryon étranger. Le corps sectionné, instrumentalisé. La biologie contournée, la génétique est toute puissante avec une division à outrance du processus de procréation. 

Et les enfants ? Les enfants qui feront des recherches sur leurs origines, devront chercher une mère génétique, une mère porteuse et ils ont aussi une mère commanditaire. Le professeur René Frydman, dans GPA ou l’abandon sur ordonnance explique que le nouveau-né séparé à la naissance de celle qui l’a porté perd tout repère, ce qui provoque une détresse psychique qui pourra s’exprimer à tout moment de sa vie au travers de divers maux : dépressions, angoisses, somatisations, envies suicidaires.

De toute façon, les  études peuvent être mises en doute à partir du moment où les femmes ont signé un contrat et reçu une somme d’argent. Ont-elles le droit de se plaindre ? Pourtant, il y a un contentieux et qui prend de l’ampleur, car il arrive que des femmes ne remettent pas l’enfant comme prévu. Bien entendu, le lobby pro-GPA n’en fait pas grande publicité.

Au plan social : quelle femme peut se permettre de mettre plus d’une année de sa vie entre parenthèse ? Déja dans le monde du travail, les femmes sont pénalisées lorsqu’elles s’arrêtent pour raison de maternité.

Que serait rééllement une GPA Ethique ?

Une forme de GPA éthique a toujours existé, entre proches, dans les familles, une sœur pour une autre, une cousine, une amie très proche, par pur altruisme, très discrètement et sans donner lieu à une quelconque rémunération ni officialisation. C’est un phénomène très marginal  et il n’y a aucun besoin de légiférer pour ces cas exceptionnels. Dans ces cas, je veux bien parler de GPA ethique. Mais sinon, ce terme n’a aucun sens. Quelle femme, par pur altruisme va mettre sa vie entre parenthèse avec les traitements et risques inhérents pour mettre un enfant au monde et pour ensuite l’abandonner à d’autres ? Si ce n’est pour l’argent. Et même si certaines s’y adonnent avec plus de détachement que d’autres. Et d’ailleurs, admettons qu’une poignée de femmes soit disposée à le faire, ça prouve quoi ? Faut-il légiférer à chaque fois que quelques personnes désirent quelque chose ?

La GPA est un vaste marché, très prospère. Chercher à le réglementer de manière éthique est illusoire. Le nombre de femmes qui consentiraient à pratiquer une GPA sans être rémunérées serait dérisoire, aucun besoin de légiférer pour ça. Adopter un cadre restrictif en France n’empêcherait en rien des personnes de contracter des GPA a l’étranger.

La GPA c’est aussi un marché de l’eugénisme. Aux USA on conçoit de « meilleurs bébés » (𝑑𝑒𝑠𝑖𝑔𝑛 𝑏𝑒𝑡𝑡𝑒𝑟 𝑏𝑎𝑏𝑖𝑒𝑠), idéalement conformes aux désirs des commanditaires. Les cliniques américaines désormais pratiquent « l’annulation de cycle » quand après des mois de traitement hormonaux lourds, l’insémination est annulée parce que le sexe de l’embryon n’est pas celui attendu par les commanditaires. Je paye ma commande et elle doit être conforme à mon désir !

Au Canada,  au Royaume-Uni, présentés comme des modèles par les partisans français de la GPA, les porteuses reçoivent bel et bien un paiement. On peut l’appeler dédommagement, c’est un paiement.

La GPA n’est pas du tout affaire de parentalité sociale, c’est une parentalité génétique où il s’agit non seulement de reproduire ses gènes grâce à une hyper division du processus procréatif mais aussi de choisir un bébé parfait sur catalogue ; la seule parentalité sociale sans aucun lien biologique, ce serait l’adoption. Pourtant, qui se bat pour que soit adoptés plus facilement les enfants qui attendent désespérement dans les structures de l’aide sociale à l’enfance ?

Parlons du langage, des termes imposés pour parler de GPA.  Un langage qui déshumanise ce dont on parle réellement. Quand on remplace volontairement les mots, femmes, mères, par donneuse de vie ou gestatrice, on déshumanise les femmes et c’est volontaire. Un peu comme pour la prostitution quand on parle de « travailleuses du sexe », comme s’il existait un droit du travail – du sexe ! C’est tout de même très cynique.

La loi française.

La GPA est Interdite en France. La cour de cassation ne statue pas sur la légalité des contrats passés sous l’égide de lois étrangères, elle ne statue que sur l’état civil des enfants parce qu’aucun enfant ne doit être sanctionné pour les errements de ses parents.

Qui pourrait s’opposer à la régularisation de ces enfants en France ? Comment accepter qu’ils soient pénalisés pour les actes de leurs parents ? Personne. Il faut donc le dire clairement, la régularisation des enfants issus de contrats passés à l’étranger est un chantage.

Les conclusions de l’arrêt d’octobre 2019 affaire Mennesson ont été étendues à tous les actes de naissance délivrés légalement dans des pays étrangers. Le juge français n’est pas le juge de la légalité du droit d’autres pays que la France et la France s’était engagée à protéger tous les enfants. Un automatisme qui permet de régulariser les effets de contrats commerciaux conclus à l’étranger, des contrats d’achat et de vente d’enfants.

Alors qu’en matière de polygamie par exemple, les mariages successifs conclus à l’étranger n’octroient aucun droit en France aux épouses suivant la première.

Si un texte était pris en France pour établir précisément que la France ne reconnaît pas les états civils établis légalement à l’étranger à la suite d’une conception dont les modalités sont illégales en France, ce chantage ne serait plus possible. Mais ce ne sera pas demain la veille, le droit européen va harmoniser le statut des parents LGBT en Europe. Quand on est parent dans un pays européen, on le sera dans tous les autres. Si un enfant est le produit d’une GPA légale dans un pays européen, tous les pays devront reconnaitre son statut. Il ne sera plus nécessaire de procéder une régularisation en France. Cette disposition sera prochainement adoptée via le Rainbow family Rights.

En conclusion

Dans quelle société voulons-nous vivre ? Doit-on au nom de la primauté du droit subjectif des individus, autoriser une pratique eugéniste ? Doit-on donner raison à ceux qui contre toute évidence, comme Élisabeth Badinter dès 2013, parlent de GPA éthique pour masquer la génétique toute puissante et eugéniste de la GPA ?  Je ne le pense pas.

Je conseille notamment la lecture de Céline Revel-Dumas sur ce sujet. Il faut aussi lire le roman de Sofi Oksanen : »Le parc à chiens » chez Stock.

Christine Le Doaré

Débat sur la GPA. Invitées par

@TerresDeProgres Sylvie Mennesson, favorable, opposée à Christine Le Doaré, défavorable. Un débat Zoom désormais disponible sur YouTube. #GPA A voir ici

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Parution Essai FRACTURES ! 

Fractures ! 

Le féminisme et le mouvement LGBT en danger 

Christine Le Doaré 

Aux éditions Double Ponctuation 

Fractures ! est paru en librairie le 21 octobre 2021 

J’ai longuement milité dans le mouvement féministe comme dans le mouvement LGBT. 

J’ai peu à peu vu ces mouvements se déchirer de l’intérieur et s’agresser mutuellement. J’ai donc écrit cet essai, pour tenter de comprendre pourquoi et comment nous en sommes arrivés là, à ce niveau d’incompréhension et d’agressivité, et pour tenter de revenir aux fondamentaux.

C’est un témoignage vécu de l’intérieur, également une analyse sur plus de trente ans d’évolution parallèle, de ces deux grands mouvements sociaux, les mouvement féministe et LGBT. Ils furent un temps alliés, aujourd’hui, ils sont souvent antagonistes. Comment pourrait-il en être autrement, alors qu’il y a tant de confusion et de conflits à l’intérieur de chacun de ces deux mouvements ?

Il est vital de comprendre comment nous sommes passés de l’universalisme au relativisme culturel ; de l’intérêt général inclusif des minorités à l’intérêt de catégories spécifiques de population, de plus en plus victimaires et excluantes ; de l’existentialisme à l’essentialisme ; de la libération et de l’égalité des droits à la dictature des minorités ; enfin, de savoir pourquoi ces deux mouvements traversés par les woke et cancel cultures y sont à ce point perméables. 

Même si, bien conseillée par mon éditeur, je me suis beaucoup censurée, je n’ai pas totalement omis la petite histoire, et relate aussi de bien fâcheuses violences.

Ce livre étant écrit dans l’idée d’avancer vers l’avenir de manière plus constructive et sereine, il se termine sur un espoir d’apaisement et de retour au bon sens. 

Christine Le Doaré 

Présentation de l’essai par l’éditeur Double Ponctuation :

https://www.double-ponctuation.com/produit/fractures-le-feminisme-et-le-mouvement-lgbt-en-danger/

Avis de lecture

  • Liliane kandel, féministe du Mouvement de libération des femmes, est sociologue, essayiste, elle est l’auteure en particulier, de Féminismes et nazisme (Odile Jacob, 2004) :

https://www.double-ponctuation.com/wp-content/uploads/2021/10/Avis-de-lecture-de-Liliane-Kandel.pdf

  • Annie Sugier, féministe du Mouvement de libération des femmes, est physicienne, elle est la présidente de la Ligue du Droit International des Femmes : 

https://www.double-ponctuation.com/wp-content/uploads/2021/10/Avis-de-lecture-de-Annie-Sugier.pdf

  • Françoise Morvan, féministe du Mouvement de libération des femmes, a été présidente de la CLEF coordination française pour le Lobby Européen des Femmes, membre du Haut Conseil à l’Egalité, et de la CNCDH, elle est Vice-présidence de L’AFAP (association franco africaine des femmes parisiennes) et Secrétaire Générale de Femmes Santé Climat :

https://www.double-ponctuation.com/wp-content/uploads/2021/10/Avis-de-lecture-de-Françoise-Morvan-1.pdf

Articles médias – quotidiens nationaux …

  • Dans Marianne :

https://www.marianne.net/agora/entretiens-et-debats/christine-le-doare-le-mouvement-lgbt-sest-radicalise-influence-par-lextreme-gauche?fbclid=IwAR00v6QDJQkro9AfcTTHXM77u9hZ-RV-dMPrkS9xx9gfXCVBH5hPYu0fqZE

  • Dans Franc-Tireur :

Dans Charlie-Hebdo :

Pour Franc-Tireur Vidéo

Autres médias, blogs …

  • Le podcast de l’émission Femmes Libres sur « Fractures ! Le féminisme et le mouvement LGBT en danger » …

A écouter ici à 11’35´´

  • Sur Les Ruminants.com Fractures. Le féminisme et le mouvement LGBT en danger : note de lecture et réflexions (par Ana Minski)

« Nous n’aurions jamais dû perdre de vue que les forces réactionnaires se nourrissent de nos faiblesses, de nos fractures internes et de nos dissensions. Elles n’attendent que de nous renvoyer dans l’ombre. Pour les générations futures, il est de notre responsabilité de nous ressaisir et de ne pas oublier pour quelles raisons et pour quels objectifs ces deux mouvements ont vu le jour. » (p. 145)

https://lesruminants.com/2021/11/18/fractures-de-christine-le-doare/?fbclid=IwAR2HySuin9XG6DGd9mdyipxEWgUzLeI1oR4aOpt_Ps7RwS1OCCtJ40F5oPA

  • Une belle recension par Yvan Le Breton (sur son mur facebook)

Petite note de lecture : »Fractures ! Le féminisme et le mouvement LGBT en danger », Christine Le Doaré, Editions Double ponctuation. Je me suis toujours intéressé au féminisme, mais avec un embarras croissant au fil des années, particulièrement depuis les années 2000, avec un moment de « fracture » en 2015, année marquée par le feu des atroces attentats islamistes. J’ai découvert ensuite, ébahi, des textes incompréhensibles, des convergences de luttes improbables, et des compagnonnages invraisemblables. Le haut degré des contradictions de ces attelages me sautait aux yeux, et mon esprit ne parvenait pas à comprendre comment le féminisme pouvait être « islamique », ou comment le mouvement LGBTQI + pouvait soutenir des forces islamistes (islamistes qui les élimineraient une fois au pouvoir, comme en Iran !). J’en ai même écrit quelque chose sur ma page FB, ce qui m’a valu de lire une vive réplique d’un partisan « I » (pour « Irrécupérable »), à laquelle j’ai répondu trop longuement sans doute puisque je n’ai jamais reçu de réponse…

J’avais du mal à comprendre, et voilà que, cet automne, Christine Le Doaré publie un livre remarquable intitulé « Fractures ! ». Elle traite du féminisme universaliste et de son histoire compliquée et de plus en plus conflictuelle avec le mouvement LGBTQI+.

L’auteure (ou autrice) est particulièrement qualifiée pour dresser le bilan de cette histoire : militante de la cause féministe et des droits LGBT, présidente de SOS homophobie et du Centre LGBT Paris Ille-de-France, elle a aussi siégé à ILGA-Europe* ; elle défend un féminisme universaliste et laïque (sans adjectif), et est enfin cofondatrice du réseau Les VigilantEs !

Le livre commence par des éléments autobiographiques liés à un engagement politique clairement à gauche, parmi les féministes et les lesbiennes. Le féminisme des années 70-80 connaissait déjà des courants divers, dont un très minoritaire, le Front des lesbiennes radicales qui adoptait un slogan clivant : « Hétéro-féministes, kapos du patriarcat » ! Mais il semble que la cohérence d’ensemble et même une certaine joie féministe dominaient.

Christine Le Doaré voit dans le mouvement queer venu des USA, une force de dissensus croissant : en effet, la théorie queer vise l’abolition des genres féminin et masculin, jusqu’à disqualifier la biologie, ce qui suppose de renoncer aux luttes féministes puisque… les genres doivent être abolis.

De ce même mouvement queer est né le « féminisme pro-sexe », qui valide l’existence de la prostitution. Christine Le Doaré fait remarquer que la prostitution ne peut en aucun cas représenter une libération des femmes puisqu’elle est soumission économique et morale au patriarcat. A partir des années 2000, le relativisme culturel prend une nouvelle force. Il cantonne les femmes à leur identité (origine, communauté, culture, religion). L’autrice souligne une faiblesse de ce point de vue : ce qui bel et bon pour les femmes occidentales ne saurait l’être pour les autres, qui doivent donc accepter l’oppression patriarcale propre à leur culture. Il y a, selon moi, une sorte de mépris – inconsciemment néocolonial ? – dans cette vision des choses.

La montée en puissance de l’islamisme a fait naître un militantisme au titre quasiment oxymorique : le « féminisme islamique », lequel maintient une tradition qui fait des femmes d’éternelles mineures face aux hommes. La rhétorique islamiste victimaire se déploie contre la discrimination des femmes musulmanes depuis la loi de 2004 (contre le port du voile à l’école). On pourrait faire remarquer qu’il y a aussi une rhétorique d’inversion des faits : des femmes qui se signalent ostensiblement comme autres, et parfois exigeant pour elles des lois particulières ne font que se discriminer elles-mêmes, se montrer parfois séparatistes et hostiles aux lois de la République.

Pour Christine Le Doaré, ces différents courants suscitent des abîmes d’incompréhension, creusent des contradictions difficilement surmontables. Et surtout, déplore l’auteure, la capacité au dialogue s’effondre, se caricature, ne reste que les slogans, la dénonciation des adversaires vite devenus ennemis, souvent les injures et parfois les violences physiques ! Les positions féministes universalistes et lesbiennes se voient fragilisées dans une étrange guerre qui divise des personnes, hommes et femmes et autres, qui auraient pourtant tout à gagner à se respecter et à préparer un monde meilleur. L’autrice analyse plus avant deux points de frictions majeures : la prostitution et la GPA, rejetant l’argument rebattu de la liberté des femmes qui pourraient s’y livrer. Pas de liberté des femmes là où s’appliquent la marchandisation du corps féminin et la soumission des femmes aux injonctions patriarcales !

Le féminisme universaliste défendu par Christine Le Doaré me paraît la voie royale vers l’émancipation des femmes, mais aussi des hommes, au service d’une société plus humaine, au service d’une République plus égalitaire et laïque. Pour favoriser ce grand-œuvre, Christine Le Doaré propose de s’écarter des excès et des radicalités violentes apportées par le progressisme woke made USA. Elle invite à un retour au dialogue rationnel, à un dépassement des émotions primaires et des querelles épidermiques. Seule l’argumentation doit conduire les débats ; la juste colère doit déboucher sur la réflexion ; l’actualité des protestations des femmes ne doit pas faire oublier la forte et belle histoire du féminisme, laquelle comporte de quoi éviter les excès et les fureurs. Elle préconise une laïcité assumée, proclamée, enseignée précisément, annoncée à tous comme condition d’une vie politique commune. Enfin, elle propose une modification de la Constitution pour y inscrire la liberté d’orientation sexuelle.

« Fractures » est un livre qui cherche à réparer, reconstruire, à retisser des liens et une cohérence sociale ; il ouvre un avenir pour l’émancipation des femmes et des hommes, pour l’humanité entière.

Un livre à lire !

* ILLGA-Europe : International Lesbian and Gay Association-Europe

GPA, le juge décide mais ne résout rien, au contraire

imagesLe premier ministre prend acte de la décision de la Cour de Cassation, ce 4 juillet 2015, mais rappelle que la GPA (Gestation pour Autrui) est interdite en France ?!

Alors, elle est interdite ou elle ne l’est pas ?

Si elle l’est, pourquoi la Cour a-t-elle donné  satisfaction à un couple de gays qui a sciemment violé la loi Française en contractant une GPA en Russie ?

Quel parent d’un enfant né de GPA, a rencontré en France, le moindre problème d’autorité parentale ? Aucun.

Et l’enfant me direz-vous ?  Mais l’enfant a bien un acte de naissance établi dès sa naissance dans son pays d’origine, les identités de son  père biologique et de sa  mère porteuse sont portées sur le document, sa filiation est établie. Les enfants  nés d’une  GPA ne rencontrent aucun problème en France, en revanche, les parents qui les ont achetés, oui. Ils veulent contraindre l’état à reconnaître ce qu’il a pourtant interdit. Si la transcription dans l’état civil français n’était pas automatique, c’était pour respecter la loi française qui interdit la GPA. Cohérence juridique et politique toute logique.

Par sa décision, la Cour de Cassation cautionne ceux qui ont  sciemment violé la loi, et encourage  ceux qui ne l’ont pas encore fait,  à emprunter le même chemin. Cette décision fera jurisprudence en la matière et constitue quasiment une légalisation de fait, en attendant mieux.

Quand le juge décide en lieu et place du  législateur, quand la petite loi du contrat commercial prend le pas sur la Loi de la République, c’est en général signe d’égarement voire  de démission politique. Pourtant c’est bien au législateur d’être le garant de la cohérence juridique de nos systèmes politique et juridique, aussi des droits des femmes et des enfants.

Sur le plan du droit pur, la décision de la Cour de cassation crée plus de problèmes qu’elle n’en résout.

Tout d’abord, comme l’explique si bien Marie-Anne Frison Roche*, professeur de droit à Sciences po, le droit des personnes et le droit des choses / animaux, sont deux droits distincts. La Notion de Droit de la personne qui fonde notre civilisation, est une abstraction juridique qui protège les êtres humains. Par opposition aux choses, les personnes sont indisponibles, incessibles (ne peuvent être dans le commerce). L’enfant est une personne, à ce titre il est incessible, même gratuitement,  et à fortiori, ne peut être acheté. Le droit protège ainsi les personnes les plus faibles contre les désirs de plus puissants, fortunés, etc. La GPA est intrinsèquement contraire au droit de la personne sur lequel est fondée notre civilisation. La Cour de Cassation ne le sait pas ?

La France réglemente drastiquement l’accouchement sous X, l’adoption, mais elle accepterait de retranscrire un acte d’état civil qui résulte du commerce d’un enfant ?

Que penser de la règle posée par la Cour de Cassation qui consiste à exiger de tout père biologique qui demande la transcription de l’acte de naissance à l’état civil français, de fournir un test ADN pour prouver sa paternité ? Quid de l’adoption qui elle,  établit juridiquement  une filiation, sans aucun lien biologique ? La filiation n’a jamais été « tout biologique » en France. Sous prétexte de modernité, on revient à la loi du sang ? La loi du sang et du sperme, il faudrait désormais établir une « filiation spermatique » en lieu et place de la présomption de paternité ?  Le patriarcat en rêvait, le juge la lui offre !

En outre, nous nageons en pleines contradictions, si la filiation est biologique, alors la mère porteuse qui accouche de l’enfant et qui figure également sur le certificat de naissance,  a autant de droit sur l’enfant que le père biologique ! Insécurité juridique totale, la Cour de Cassation ne le voit pas ?

Sur les plans politique et philosophique, la GPA est le reflet d’une société plongée dans une crise de ses valeurs, menée par les lois des marchés financiers, un libéralisme sauvage qui marchandise aussi les êtres humains (la traite, la prostitution, la GPA et les organes, etc.),  les possibilités de profits sont infinies et d’ailleurs la GPA est un gigantesque marché, de plus en plus florissant. Les désirs égocentriques des plus aisés sont satisfaits par celles et ceux qui pour survivre,  n’ont guère d’autre choix que de se vendre, eux ou l’une de leur fonction, organe, etc. Les clients achètent une projection  d’eux-mêmes, exclusivement génétique, on nous parle de père et mère d’intention, mais l’intention consiste surtout à reproduire ses gènes par tout moyen disponible, et malheur à  l’enfant qui naît  du « mauvais sexe », de la « mauvaise couleur », malade, handicapé-e, etc., et à sa mère porteuse, il suffit d’une clause contractuelle pour régler le problème !

Sur le plan des droits des femmes et des enfants, nous sommes clairement en pleine régression. L’appropriation des corps et vies des femmes pour s’assurer une descendance, la transmission de patrimoines financier et génétique, sont de toujours,  les enjeux majeurs de la  domination masculine. La  GPA permet de s’approprier des enfants biologiques, en exploitant des femmes pauvres et leur fonction reproductive ou en payant une fortune des femmes occidentales qui vont agrémenter le niveau de vie de leur famille, renvoyées au seul rôle social qui ne leur a jamais été contesté : mettre au monde des enfants.

Et  au milieu, des entreprises peu scrupuleuses, s’enrichissent à bon compte.

Quant à la notion de don, mise en avant par les personnes « de gauche », elle renvoie à l’esprit de sacrifice associé au féminin dans notre société sexiste,  c’est d’un cynisme !

Ce que les enfants nés de ces trafics et exploitations diverses, penseront plus tard de tout ceci, ne soucie pas grand monde. Voudront-ils retourner dans le pays où ils sont nés, en prendre la nationalité… ?

Que des avocats, associations et même  juges, défendent des intérêts privés ou de groupes, c’est banal ;  que la GPA soit un florissant business  dans nombre de pays,  c’est un fait ; mais la France a le droit de choisir un projet de société dans lequel la marchandisation de l’humain n’a pas sa place. En droit de la famille, la compétence des états membres de l’UE, quand elle n’est pas exclusive, n’est que partagée.

Pour conclure, avec cette décision, la Cour de Cassation vient tout de même de créer une grave incohérence juridique en matière de filiation ; de décider que l’enfant, telle une chose, est désormais cessible et donc de mettre en danger le droit de la personne ;  de valider l’exploitation des femmes au profit d’entreprises de fabrication de bébés. Et tout ça, pour régler des problèmes qui n’existaient pas vraiment !

Il est temps que nos représentants politiques sortent de leurs hésitations et déclarations contradictoires et repoussent tout chantage,  pour rappeler fermement que le droit français est un droit protecteur des personnes qui ne doit jamais encourager le commerce d’êtres humains.

Christine Le Doaré

* Marie-Anne Frison-Roche Le droit à l’épreuve des contrats de maternité de substitution http://mafr.fr/fr/article/le-droit-a-lepreuve-des-contrats-de-maternite-de-s/

Pourrait-on débattre de la GPA ? Oui. Et du patriarcat ?

IMG_3006photo Manifpourtous octobre 2014

topicLa grande confusion LGBT

Pourrait-on parler de la GPA ? Oui, on pourrait ; mais pourrait-on également parler du patriarcat et de la domination masculine ? C’est moins sûr.

D’ailleurs, y a déjà eu nombre de débats sur la GPA et toute personne souhaitant s’informer sur la question dispose de nombreux matériaux (débats et nombreux écrits, thèses et anti-thèses).

En ce qui me concerne, en 2011, j’écrivais déjà ce texte, de l’intérieur du mouvement LGBT, à l’époque présidente du Centre LGBT Paris :

https://christineld75.wordpress.com/2011/05/30/asymetrie-reproductive-et-gestation-pour-autrui-gpa/

Depuis, je n’ai pas changé de position, je l’ai affirmée, confortée par nombre de faits et de témoignages, de plus en plus interloquée par les arguments cyniques et parfois fantaisistes présentés par les pro-GPA.

Pour le fond du débat je renvoie donc au texte ci-dessus.

Mon intention dans ce nouveau texte est seulement de montrer à quel point le débat est dévoyé par des arguments spécieux et fallacieux.

Les partisans de la GPA en appellent désormais à l’origine des temps, prétendent que la GPA a toujours existé et que la Vierge Marie symbolise la première « mère porteuse » de l’histoire.

S’il faut en passer par la fin des temps pour avoir un débat, c’est tout de même un peu compliqué, d’autant plus qu’à cette époque-là, la vie des femmes n’était pas très reluisante, libre arbitre et libre choix n’étaient pas des concepts très en vogue.

A l’époque, la peine de mort et l’esclavage étaient aussi ordinaires, faudrait-il les réhabiliter ?

En appeler à la bible pour défendre des revendications que l’on assimile d’ailleurs à tort, à une égalité de droits entre hétérosexuels et homosexuels, ( la GPA est interdite pour tout le monde), est pour le moins, déconcertant.

La légendaire générosité féminine remise au gout du jour ? « Plus près de toi mon dieu » ?

C’est touchant, mais comme déconstruction du genre et promotion de l’égalité femme-homme, il y a mieux.

Et puis surtout, un peu de bon sens, s’il vous plait !

Marie, mise enceinte sans y avoir consenti (en soi, c’est tout de même glauque), a élevé et vécu avec « son fils ».

Comme mère porteuse, on fait mieux !

Pour rappel une mère porteuse, ou gestatrice, remet l’enfant à la naissance, à ses bénéficiaires.

Autre argument contestable : les français seraient majoritairement en faveur de la GPA.

Oui, c’est aussi le cas pour la peine de mort ; ils sont aussi de plus en plus nombreux à plébisciter le FN, etc.

Si les françaisEs, dans leur majorité, étaient féministes, ça se saurait !

Allons-donc, si de tous temps la GPA a existé, c’est bien parce que nous sommes dans une société patriarcale et que les « Livres saints » sont un des moyens de l’imposer en opprimant les femmes.

En outre, les quelques GPA familiales, amicales, phénomènes ultra-marginaux, ne sont pas en cause ; en revanche, la généralisation de la GPA, marchandisation de l’humain et exploitation de la capacité de reproduction des femmes, est impensable.

La GPA est un artifice qui permet de ne pas s’embarrasser d’une relation et d’acheter sur le marché, comme n’importe quel autre produit prêt à l’emploi, un enfant porté à terme par une inconnue.

Le problème malgré tout c’est que les femmes ne sont pas des unités de production.

Etre favorable à la GPA c’est, comme pour la prostitution,  cautionner la conjonction parfaite des oppressions de genre, de classe, et de « race », d’un libéralisme décomplexé.

Les féministes ne peuvent pas oublier une des raisons d’être majeures du système patriarcal : s’approprier les corps et vies des femmes, afin de contrôler la reproduction.

Ce sont les femmes qui enfantent, par conséquent, contrôler leur sexualité et la reproduction, est indispensable pour s’assurer une descendance à laquelle transmettre ses gênes et son patrimoine.

Le pire encore, c’est qu’à force de parler d’égalité des droits pour la GPA et de tenter de passer en force, les gays compromettent l’extension de la PMA, aux lesbiennes et aux femmes célibataires. Aveuglés par la poursuite de leurs objectifs, ils sont parvenus à associer ce qui pourtant ne se compare en rien.

En outre, la PMA, que l’on y soit favorable ou pas, relève bien de l’égalité de droits puisque les femmes hétérosexuelles en couple peuvent, elles, y avoir recours. Le gouvernement, semble t’il,  attend l’avis du comité national d’éthique.

Les lesbiennes des collectifs mixtes consentent à être instrumentalisées, c’est dommage.

Tout ceci est préjudiciable au mouvement LGBT qui en est tout de même rendu, à amalgamer à la Manifpourtous,  le gouvernement, qui a bien voté le Mariagepourtous et votera probablement la PMA !

Je ne soutiens pas spécialement ce gouvernement qui n’honore pas ses promesses politiques, de là à cautionner des mensonges éhontés.

Dans tous les cas, se proclamer solidaires des lesbiennes pour mieux placer la GPA, n’est pas digne.

Ne pas être solidaires des femmes sur la question de la GPA et plus généralement ne pas se positionner contre la marchandisation de l’humain (Ceci est également vrai pour la question de prostitution portée aux revendications de Marches des Fiertés l’an dernier), c’est se compromettre dans des alliances malsaines et trahir des alliées objectives historiques.

Si ce n’est pas le comble de la mauvaise foi politique pour un mouvement de libération, de conforter le système patriarcal jusqu’à  envisager l’exploitation d’un groupe social encore plus opprimé que le sien !

Contester, c’est risquer être la cible d’amalgames ignobles, des gays n’hésitant plus à insulter les féministes qui s’opposent à la GPA et à la prostitution, en les accusant de soutenir la Manifpourtous !

C’est tout de même invraisemblable, en 2014, au nom de la famille, de l’enfant et de la normalisation sociale, de devoir faire face ainsi à un double front machiste et conservateur :

– le front des pro-GPA qui promeuvent l’exploitation de la fonction reproductrice des femmes,

–  celui des réactionnaires familialistes lesbophobes et homophobes de la Manifpourtous.

Le rassemblement hétéroclite de la Manifpourtous, communiant dans le rejet de l’autre, défile derrière des mots d’ordre absurdes, violemment sexistes, mais aussi, derrière une banderole sur laquelle on peut lire « l’Humain n’est pas une marchandise ».

Pourtant, il ne faut pas prendre ce slogan au pied de la lettre, ces arriérés ne sont en réalité, en rien, opposés à la prostitution ni au trafic d’êtres humains.

Féministes, progressistes, réaffirmons que l’émancipation des femmes passe par la maîtrise de leurs corps et de leurs vies et en aucun cas par une quelconque marchandisation ni de leurs sexualités, ni de leurs fonctions reproductrices.
IMG_3007photo prise lors de la Manifpourtous octobre 2014

Christine Le Doaré

Qui voudrait d’un populisme communautaire homosexuel ?

photo arcenciel[1]

Les personnes homosexuelles ont longtemps eu le choix entre vivre cachées ou risquer le rejet, les discriminations et les violences.

Cette situation s’est améliorée ; dans nombre de pays, la législation réprime depuis des décennies l’homophobie et la lesbophobie, et instaure peu à peu une égalité des droits, partielle ou totale.

Même dans les pays plus progressistes que d’autres où l’homosexualité reste condamnée, tout n’est pas parfait loin de là et dans tous les cas, l’évolution des mentalités reste le véritable challenge. Cependant, c’est indéniable autant qu’irréversible, les gays et les lesbiennes ont redressé la tête et sont désormais des citoyenNEs comme les autres, souvent impliqués dans la vie sociale et politique de leur pays.

Pour gagner cette acceptation, il a fallu passer par des étapes d’affirmation de soi, aussi, parler de « fierté homosexuelle » a eu son utilité. Le risque serait de prendre cette fierté au premier degré car en réalité il n’y a pas plus de fierté à être homosexuelLE, qu’hétérosexuelLE !

La seule fierté pour tout le monde, consiste à être soi et à l’assumer, à respecter les autres et à accepter les différences sans les hiérarchiser.

Vous en conviendrez, la minorité homosexuelle doit être respectée et dispose, comme tout un chacun, de droits, mais n’a pas tous les droits.

Aussi, basculer dans l’arrogance, s’autoriser à écraser d’autres mouvements sociaux qui ne sont pas d’accord avec certaines de ses revendications ou à injurier les politiques qui ne cèdent pas immédiatement à ses attentes, ne pourrait-être que dommageable.

Pourtant, de plus en plus souvent, des positions, propositions, attitudes, défendues par des associations et collectifs, comme par des personnalités représentatives, fleurent bon la démagogie et je me demande si nous n’assistons pas à l’émergence d’un populisme communautaire, dont je pense, personne n’a besoin.

Comme dans tout groupe, toute minorité, il y a toujours eu des extrêmes dont les pratiques sont loin de faire l’unanimité. Mais ce n’est pas à ces extrêmes que je fais ici référence.

Le populisme est une manipulation politique qui consiste à flatter de manière manichéenne et démagogique une population, à encourager ou répondre à des revendications populaires immédiates.

J’ai examiné attentivement les messages véhiculés dans différents médias, en particulier sur les revendications de PMA et de GPA, provenant de gays et de lesbiennes représentatifs et je m’interroge.

 

–          Les réactions à l’annonce de la condamnation par la CEDH de la France, dans l’affaire des enfants nés à l’étranger « par contrats de mères porteuses » ou GPA.

Sur le plan juridique, cette décision est abusive puisque la circulaire Taubira organisait déjà l’inscription dans l’état civil, des enfants nés au moins d’un parent français (droit de la filiation).

Mais surtout, qui peut m’expliquer en quoi, « faire tomber une digue contre le marché international des mères porteuses », comme l’explique la Cour, c’est lutter contre des discriminations à raison de l’orientation sexuelle ?

Est-ce seulement progressiste de favoriser le marché libéral et lucratif de la gestation pour autrui, juste pour que des hommes en couple hétérosexuel ou homosexuel puissent être pères ?

Quel est ce monde dans lequel une Cour de Justice nous enjoint à reconnaître la fabrication d’enfants occidentaux par des femmes pauvres dans des usines reproductrices du tiers monde ou par des femmes américaines ou anglaises dont on rémunère la fonction reproductrice pour les maintenir en dehors du marché du travail, payer les études des enfants ou adjoindre une piscine à la maison familiale ?

Quand la Cour prétend que la France devrait reconnaitre la filiation du parent biologique, bien entendu elle parle du père biologique, mais elle se moque totalement de l’instrumentalisation du corps et de la vie des femmes, elle fait comme si les femmes étaient de simples machines biologiques à enfanter, exactement comme l’industrie produit des marchandises.

Que sait-elle des souhaits de l’enfant ? Qui nous dit, qu’adulte, l’enfant ne souhaitera pas prendre la nationalité de la femme qui l’a mis au monde ? http://nypost.com/2014/06/16/children-of-surrogacy-campaign-to-outlaw-the-practice/

Comment la France va-t-elle pouvoir maintenir une courageuse position éthique et progressiste contre l’économie de marché de la reproduction  alors qu’elle sera contrainte de régulariser automatiquement et à la chaîne, sur son sol, les enfants produits pour des parents qui contournent sciemment sa législation et exercent un odieux chantage ?

Qui peut croire que tout ceci se fait dans l’intérêt de l’enfant ?

L’enfant produit, l’enfant à tout prix, l’enfant sur étagère pour nourrir les fantasmes d’occidentaux alors que la planète se meurt d’une surpopulation galopante et que d’autres enfants par millions sont abandonnés, exploités, etc., et pourraient être adoptés.

Des lesbiennes se désolidarisent de leur classe de sexe pour faire preuve d’un zèle étourdissant dans la perpétuation et même l’invention de nouveaux privilèges masculins.

Cautions féminines, elles vont souvent un peu plus loin que les hommes, afin d’être reconnues.

C’est particulièrement vrai en matière de prostitution et de GPA, deux domaines d’appropriation du corps et des vies des femmes, indispensables au système patriarcal.

Par exemple, Caroline Mécary, avocate et coprésidente de la Fondation Copernic, propose « de disjoindre parentalité et conjugalité et d’organiser juste après le sevrage de l’enfant, une résidence alternée », afin de faciliter à l’avance, la future séparation des conjoints !

Sans le lobby tenace d’associations et de personnes gays et lesbiennes sur la question, la Cour aurait-elle pris cette décision qui bafoue le respect de la personne humaine et les droits des femmes ?

Rien n’est moins sûr.

Ces gays et lesbiennes qui défendent la toute puissance en matière de parentalité, au mépris le plus absolu des droits des femmes, ne font-il pas preuve de populisme communautaire ?

 

–          D’inquiétantes affiches du Collectif Oui-Oui-Oui ! (Oui à la PMA) et du Collectif « Fières », pour la Marche des Fiertés

« PS lesbophobe ! », « Hollande, lesbophobe ! ».

10487582_10152551664479743_8091891247544845155_n[1]La PMA ouverte à toutes les femmes, pourquoi pas ? Après tout, il s’agit d’un don de sperme et pour faire simple on va dire que le sperme se produit rapidement et facilement.

Que le Parti socialiste et plus exactement, le gouvernement Hollande ait une fâcheuse tendance à la reculade et n’honore pas ses promesses de campagne, est un fait ; qu’il soit nécessaire de le rappeler pour faire valoir ses droits, est une conséquence.

Néanmoins, ce collectif oublie que la revendication de la PMA ne concerne pas que les lesbiennes, mais aussi les femmes seules, donc l’accusation de « lesbophobe » n’a guère de sens.

Ensuite, user du suffixe « phobe » n’a en général qu’une finalité : discréditer ses contradicteurs et ce, dans la plus grande malhonnêteté intellectuelle qui soit (sérophobe, putophobe, etc.).

Dans tous les cas, est-ce vraiment indispensable d’injurier en bloc tout le Parti socialiste en le traitant de « lesbophobe » parce que cette mesure n’est pas encore adoptée ?

L’ouverture du mariage aux couples de même sexe date à peine d’un an, a été votée dans des conditions extrêmement difficiles et que personne n’avait imaginées, aussi parce que le PS l’a défendue ; alors prétendre qu’il est lesbophobe est proprement absurde.

Je note que cette avancée (adoptée fin avril 2013) n’a d’ailleurs pas été fêtée par une Marche des Fiertés 2014 à la mémoire un peu courte.

Comment se faire des alliéEs ? C’est simple : cracher dans la soupe, faire pipi par terre, insulter…, tout faire pour acculer ses interlocuteurs à se crisper sur la réputation qui leur est faite.

C’est tout de même affligeant de voir ainsi des gays et des lesbiennes ne pas faire la différence entre des réactions de frustration et des revendications articulées dans un dialogue politique avec l’institution qui peut au Parlement, faciliter l’adoption des droits attendus.

Dans un autre genre, l’affiche produite pour la Marche des Fiertés par le Collectif de jeunes lesbiennes « Fières » : « IVG / PMA Même combat ! », me laisse perplexe. L’interruption volontaire de grossesse, à l’origine de tant d’accidents et de décès de femmes en France avant l’adoption de la loi Veil, mise sur le même plan que la PMA ? Vraiment ? Cette affirmation est aussi mensongère que ridicule.

10502189_816126135078491_6231021827386890894_n[1].jpg Fières

Même l’Inter-LGBT n’hésite plus à flatter ses extrêmes et avec une franche démagogie produit une affiche : « Nos corps, nos droits, ta gueule ! ». Ensuite, ne nous restera plus que les coups, c’est tout de même troublant !

photo[1]

Mais je m’interroge, ces comportements, ces slogans, sont-ils aussi spontanés et sincères qu’il y paraît car après tout, c’est beaucoup plus facile, de se faire remarquer et d’entraîner des partisans, en flattant la propension des gens aux amalgames faciles et à l’outrance, qu’en travaillant sur des dossiers et en entretenant un dialogue politique.

S’agit-il vraiment d’une erreur d’appréciation politique de la situation, sachant que le PS n’est évidemment pas lesbophobe, plutôt peu enclin à combattre les réactionnaires, et que le combat pour la PMA et celui pour l’IVG n’ont strictement rien en commun ?

Non, ces affiches mensongères ne sont pas produites par hasard mais délibérément et pour susciter à bon compte des adhésions.

Ces affiches contre-productives, car mensongères et outrancières, semblent bien elles aussi relever d’un certain populisme communautaire, et ce n’est pas très glorieux.

En Conclusion

Lutter contre les discriminations et les violences à raison de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre, lutter pour obtenir l’égalité des droits ne peuvent en aucun cas se mener en bafouant les droits des femmes (contrôle patriarcal de la sexualité et de la reproduction dont relèvent la prostitution et la GPA) ; si en plus, les gays et les lesbiennes devaient verser dans le populisme communautaire, ce serait tout bonnement inacceptable, au même titre que l’est toute forme de populisme politique.

Quand les féministes aidaient le mouvement homosexuel à émerger en protégeant les gays dans cortèges revendicatifs des années 70/80, elles étaient loin d’imaginer qu’ils feraient aux 20ème et 21ème siècles, des choix qui attestent de leur attachement indéfectible à la classe dominante masculine.

Ils ont oublié en route, quelque part, qu’ils sont aussi responsables de l’oppression des femmes.

Le mot « genre » n’a pas la même signification pour les LGBT qui luttent pour la reconnaissance des personnes transsexuelles (identité de genre veut alors dire Trans. Transgenre et TransexuelLE) et les féministes qui luttent pour l’égalité entre les genres masculins et féminins.

Pour se rejoindre, il faudrait déconstruire les rouages de la domination masculine dans les politiques LGBT, mais l’époque où les gays comprenaient l’imbrication du sexisme et de l’homophobie semble révolue.

Même SOS homophobie a oublié cette année la lesbophobie dans son communiqué de presse, titrant : « La lutte contre l’homophobie, transphobie deux ans après l’élection de François Hollande ». Bien la peine que le mot ait fait son entrée au dictionnaire cette année !

Les féministes qui ont toujours été solidaires des LGBT, sont désormais confrontées à des revendications trop souvent antagonistes de leur part (Prostitution/GPA).

Les lignes de fracture se creusent rapidement et la tendance au populisme communautaire  récemment observée, n’arrange rien.

Tout ceci est inquiétant, d’autant plus que le contexte politique général est désastreux, que rapidement et sûrement, l’extrême droite assoit son emprise sur un pays de plus en plus déboussolé.

Mais c’est heureux, personne, pas moi, ni vous je pense, n’avons besoin d’un quelconque populisme communautaire !

Christine Le Doaré

 

Féminisme et mouvement LGBT, le divorce est-il prononcé ?

163506_3026252351461_1229066125_nEn France, depuis 2010, le contexte politique s’est considérablement durci, et c’est dans une extrême tension qu’a été adopté le mariage pour tous.

A cette occasion, l’homophobie et la lesbophobie se sont déchaînés et les LGBT ont bien besoin de la solidarité des mouvements sociaux, en particulier du mouvement des femmes qui de toujours, a été son meilleur allié.

Pourtant, au fil du temps, le mouvement LGBT, s’acharne à creuser un fossé toujours plus profond entre lui et le mouvement féministe. Il refuse de travailler sur la domination masculine, l’organisation sexiste de la société, la place des femmes et des lesbiennes qui subissent une double discrimination. Il brille par son manque de solidarité, absent des luttes féministes, mobilisations, manifestations. A l’inverse, toujours sous la coupe des associations de lutte contre le sida et de leur vision hygiéniste de la société (pas de « travailleuses » contaminées par une IST, des clients préservés et peu importe le sexisme des violences sexuelles, physiques et mentales de la prostitution), il choisit de s’allier aux divers lobbies pro-sexe qui sont sous l’influence des industries du sexe, en particulier au lobby pro-prostitution.

En revendiquant la légalisation de la prostitution et de la GPA (Gestation pour autrui), il contribue de manière égocentrique et sexiste à enfermer les femmes dans leur double assignation patriarcale, de « pute » ou reproductrice. Les féministes refuseront toujours l’appropriation du corps et des vies des femmes dans la sexualité (prostitution, viol…) et dans la reproduction (GPA, mise en danger de l’avortement et de la contraception…) parce que c’est justement la raison d’être d’un système patriarcal qu’elles combattent. Est-ce le rôle du mouvement LGBT de s’associer au système patriarcal et libéral, contre les femmes ? Pourquoi de telles logiques d’alliances ? Pourquoi choisit-il d’attaquer et diffamer les féministes qui contestent de telles dérives ? Accepterait-il qu’un autre mouvement social redéfinisse pour lui, ce que doivent être les droits et libertés LGBT ?

En juin, en France, c’est le mois des Gay Prides. Gay Pride et non Lesbian and Gay pride comme on les a un temps appelées, si on en croit tant la communication militante que médiatique. A Paris, ce sera la Marche des Fiertés, un nom créé pour n’oublier personne, en réalité, un cache-misère. Je me souviens des moqueries quand en 2011 ou était-ce 2012, j’avais été la seule à réagir dans une réunion de l’Inter-LGBT, à l’idée que la Marraine de la Marche soit une actrice porno mainstream ; comme si l’image des femmes n’est pas dégradée dans la pornographie, comme s’il fallait associer revendication LGBT et industries du sexe, comme si personne d’autre n’était disponible pour nous représenter ! Cette année, la chanteuse choisie comme Marraine est une habituée des Unes des magazines masculins les plus sexistes – je vous laisse juger (2 photos) *1  ; la leçon n’a toujours pas été retenue, la culture dominante sexiste est toujours prisée par le mouvement LGBT.

Dans ces conditions, on se demande quelle peut bien y être la place des lesbiennes, plutôt des lesbiennes féministes car ce mouvement s’y entend pour recruter des groupies à son image qui ne vont pas troubler l’image caricaturale qu’ils ont encore trop souvent des femmes. L’entre soi masculin et l’invisibilité des lesbiennes dans le mouvement LGBT est à l’image de la place des femmes dans la société française. Les lesbiennes et associations lesbiennes ou LGBT, un tant soit peu féministes, politisées et suffisamment expérimentées pour remettre en question la domination masculine au sein du mouvement LGBT, ont échoué à le faire évoluer. Il faut dire que les militants Verts « la Commission LGBT des Verts » et socialistes « homosexualité et socialisme » en particulier, associées à Act-Up et au STRASS, se sont particulièrement désolidarisés des luttes lesbiennes et féministes et au contraire, se sont arc-boutés sur des positions clivantes en matière de prostitution et de GPA.

Il paraît que le « nouveau féminisme lesbien » remplacera avantageusement la Coordination Lesbienne en France (CLF) et les militantes aguerries ; on aimerait bien, mais à voir le choix de la Marraine 2014 à Paris, malgré tout, on en doute ! Si le mot lesbophobie est désormais entré dans le dictionnaire, ce n’est sûrement pas grâce au mouvement LGBT, plutôt aux associations telle la CLF qui d’ailleurs, vient de le quitter en tirant un bilan sans appel. – CP de la CLF *2

En ce qui me concerne, après 12 ans de présidence d’associations LGBT, SOS homophobie d’abord, puis le Centre LGBT Paris, j’avais déjà tiré un sévère bilan en 2012 – 3 articles bilan *3  Bilan évacué d’un revers de manche par des militants suffisants qui auraient mieux fait de s’y intéresser car depuis, la situation n’a fait qu’empirer, dans le mouvement LGBT mais aussi à sa périphérie avec des groupes Queers-trans-féministes issus du STRASS, Act-Up et de groupes extrêmes TPDG (TransPDGouines), tel que 8marspourtoutes – articles sur 8marspourtoutes *4

Au sein même du mouvement LGBT les démissions des personnes et associations lesbiennes féministes sont considérables, la CLF, (La dernière rencontre de la CLF en mai 2014 a tout de même réuni le CEL (Marseille), les caram’elles (Nice), les Voies d’Elles (Grenoble), ELEA (Avignon), Bagdam Espace lesbien (Toulouse), Lesbianisme et solidarité (Clermont Ferrand), La Lune (Strasbourg), de FiEres (Paris), de Cibel (Paris), Les Lesbiennes Dépassent les Frontières (Paris), de CQFD Fierté Lesbienne (Montreuil), la coordination de la CLF (Paris)…), mais désormais, des voix s’élèvent aussi à l’extérieur du mouvement, partout dans le mouvement féministe mais aussi dans l’ensemble du mouvement social pour contester les orientations qui sont prises. Osez-Le-Féminisme 69 est diffamée par la LGP Lyon qui plutôt que de se remettre en question sur un amalgame de revendications qui n’ont rien à voir avec les droits LGBT, préfère se ridiculiser en répondant qu’OLF rejoindrait la Manifpourtous ! Mais quelle honte !

Quand je pense que j’ai milité 15 ans pour ce mouvement ! OLF 69 soutenue, par tout OLF mais surtout par une liste impressionnante d’associations et formations telles qu’ATTAC, la Mutuelle des Etudiants, l’UNEF, la Marche Mondiale des Femmes, le CNDF, la CLF, … rappelle que prostitution et GPA sont des violences intolérables faites aux femmes. « Nous tenons à dénoncer clairement la confusion induite par ce mot d’ordre, entre les luttes contre les LGBTphobies, celles pour les droits reproductifs et sexuels des femmes ET la défense de deux des pires produits des systèmes patriarcal et capitaliste : la Gestation Pour Autrui (GPA) et la prostitution. » – le CP d’OLF 69 et les signataires *5

– Le Parti communiste s’oppose également au mot d’ordre de la LGP Lyon, il sera présent mais refuse de partager le mot d’ordre, trouvant dangereux « l’amalgame entre les luttes contre les homophobies et la GPA et la prostitution, qui entrent dans le système marchand capitaliste. Autoriser la GPA revient à l’égaliser la marchandisation du corps des femmes, surtout des plus pauvres. » Ajoutant : « le PCF est en effet pour l’abolition de la prostitution, qui est une violation des droits humains. Nous refusons de parler de prostitution choisie, quand il est clair qu’elle est majoritairement subie, au sein de réseaux mafieux contre lesquels nous devons lutter activement. » – CP du PCF *6

CertainEs sont surpris que l’on en arrive là, pas moi, tout ceci était annoncé et même dénoncé et depuis 2010 au moins. La fracture est seulement plus nette, les militants LGBT sont de moins en moins challengés sur leur sexisme et de plus en plus crispés sur des revendications égocentriques, un peu comme si subir des discriminations et les violences justifiait l’exploitation de personnes encore moins bien placées que soi dans la hiérarchie sociale. Même l’engagement du mouvement LGBT derrière la revendication de la PMA (Procréation médicalement assistée) n’est pas transparent. Les lesbiennes engagées pour la PMA elles-mêmes ne réagissent pas quand les médias titrent à l’occasion de la parution du manifeste « Avec les 343 fraudeuses » : « PMA pour TOUS ». Allons-donc, la PMA ce n’est pas pour tous, mais pour toutes ! Derrière, la PMA, c’est d’autonomie reproductrice des femmes et des couples lesbiens dont il s’agit. Gageons qu’une bonne partie de ce mouvement rêve, à l’instar de la LGP Lyon, d’un paquet cadeau PMA-GPA pour tous, mais n’ose pas encore le dire, pas encore ! La PMA et la GPA n’ont pourtant rien de commun, une simple technique dans un cas, une année de la vie d’une femme et les risques d’exploitation, dans l’autre – Analyse : Asymétrie reproductrice et gestation pour autrui * 7

A l’évidence, les véritables enjeux liés à l’autonomie reproductrice des femmes n’ont pas du tout été compris ou certains se fichent pas mal de la PMA, instrumentalisée juste pour obtenir ensuite la GPA. En outre, même si j’ai signé ce manifeste, je déplore cette course égocentrique occidentale à reproduire ses gènes, alors que la planète étouffe, surpeuplée, que des millions d’enfants pourraient être adoptés (orphelins de guerre, enfants des rues …) mais désespèrent dans l’indifférence totale de tous, même des LGBT qui trouvent préférable d’exploiter des femmes en payant des GPA. Je trouve facile et limite malhonnête intellectuellement d’utiliser le concept des « 343 salopes » à tour de bras, alors qu’il ne s’agit pas de vie ou de mort, contrairement au manifeste original.

Veiller aux équilibres sur la planète, être solidaire de la moitié de l’humanité plongée dans un féminicide sans fin, des millions d’enfants livrés à eux-mêmes, exploités, embrigadés ou croupissant dans des institutions, etc. n’est pas interdit. Pourquoi ne pas lutter pour une évolution européenne et mondiale des droits de l’adoption et s’occuper des enfants déjà néEs ? Le narcissisme couplé au manque d’analyse politique est tel, que les gens imaginent indispensable de se reproduire et pour cela de recourir à n’importe quelle solution pourvu qu’il y ait un résultat rapide et conforme à leurs caprices. L’égalité n’est pas une fin en soi, encore moins quand elle consiste en une égalité d’adhésion au conformisme !

Ne parlons pas des dérives sectaires violentes, portées par des groupes de TPDG noyautés par le STRASS et Act-up, par 8marspourtoutes, qui attaquent physiquement les féministes qui osent s’exprimer, comme lors du ZAP de Marseille pendant la Lesbopride l’an dernier, avec pour objectif de les museler ou encore lors de l’attaque de Zéromacho à Toulouse, dans une manifestation pour la liberté de l’avortement ! Les mêmes qui prévoient en juin d’attaquer les policiers et policières LGBT de l’association FLAG dans les Prides : à Toulouse, « Riposte radicale » soutenus par Act-Up c’est certain, tant qu’à faire plutôt que de s’attaquer à des policiers ripoux, autant zapper ceux qui ont le courage de lutter dans leur institution et de défiler à visage découvert ! – photo de Riposte Radicale *8

Quelle tristesse tout de même de voir une minorité en prise avec des discriminations et des violences ne rien trouver de mieux à faire que de sacrifier sur son chemin les droits des femmes, moitié de l’humanité victime de la domination masculine et du libéralisme, systèmes d’oppression à l’origine de toutes les discriminations à l’encontre de toutes les minorités. Je me demande tout de même quel électrochoc sera assez fort pour réveiller un mouvement par trop noyauté par des extrêmes et leur idéologie douteuse, négligeant ses liens avec le mouvement féministe et au-delà avec le mouvement social.

Quand on constate que même des militantes « historiques », personnalités, lieux, censés représenter des idées et engagements lesbiens et ou féministes et ou radicaux, pour protéger leurs intérêts, gloire intellectuelle et ou universitaire, ou chiffre d’affaire, sont atones devant toutes ces dérives, voire joignent leurs voix à la confusion politique actuelle et contribuent ainsi au dévoiement du sens même du mot féminisme, de ses fondamentaux, de ses luttes et de son histoire, comment s’étonner que le mouvement LGBT lui-même ne se sente pas tenu à plus de solidarité et de cohérence ?!

Mais où sont donc passées la conscience politique féministe et la solidarité des militants des luttes de libération des années 70/80 ? À quand une prise de conscience salutaire ? Si une minorité n’est plus solidaire des grands mouvements sociaux, à qui fera t-elle appel au moindre retour de bâton ? Gay Prides 2014, marcher parce que les ignobles opposants au mariage sont désormais décomplexés et qu’il faut les remettre à leur place ; ne pas marcher parce que ce mouvement n’est solidaire que de lui-même et des industries du sexe patriarcales sur le dos des femmes ?

Je ne dis pas merci, ni au mouvement LGBT inconséquent, encore moins à ses détestables extrêmes, pour me/nous poser un tel dilemme !

Christine Le Doaré

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*1 : 2 photos de la marraine de la Marche des Fiertés 2014 à Paris 1455985_10152499850094743_3019453888523529746_n (1) 10444757_10152499849929743_5314020272186561870_n (1)

*2 CP de la CLF : http://www.coordinationlesbienne.org/spip.php?article309

*3 3 articles bilan

– Combien de temps le mouvement LGBT va-t-il pouvoir se cacher derrière son petit doigt : https://christineld75.wordpress.com/2013/07/18/combien-de-temps-le-mouvement-lgbt-va-t-il-pouvoir-se-cacher-derriere-son-petit-doigt/

– Les 4 lettres du sigle LGBT : https://christineld75.wordpress.com/2012/06/01/les-quatre-lettres-du-sigle-lgbt/

– Quelle mixité ? : https://christineld75.wordpress.com/2011/11/28/quelle-mixite/

*4 4 articles 8marspourtoutes :

– 8marspourtoutes ou l’oubli d’un énorme détail de l’histoire féministe : https://christineld75.wordpress.com/2013/11/22/8marspourtoutes-ou-loubli-dun-enorme-detail-de-lhistoire-feministe/

– Un étrange 8 mars : https://christineld75.wordpress.com/2014/03/09/un-etrange-8-mars-2014/

– Encore un 8 mars et des questions qui fâchent : https://christineld75.wordpress.com/2014/03/04/encore-un-8-mars-et-des-questions-qui-fachent/

– Des déchaînées aux genoux du patriarcat : https://christineld75.wordpress.com/2014/04/02/des-dechainees-aux-genoux-du-patriarcat-2/

*5 CP du PCF : http://www.lyonmag.com/article/65326/le-parti-communiste-s-oppose-au-mot-d-ordre-de-la-marche-des-fiertes

*6 CP d’OLF 69 : http://osezlefeminisme69.wordpress.com/2014/06/03/desolidarisation-de-la-marche-des-fiertes-de-lyon-du-14-juin-2014/

*7 Analyse PMA – GPA : Asymétrie reproductrice et gestation pour autrui : https://christineld75.wordpress.com/2011/05/30/asymetrie-reproductive-et-gestation-pour-autrui-gpa/

*8 : photo de « Riposte Radicale » 10371710_10152502571534743_6333835371701202936_n

GPA, depuis quand l’Etat Français cède t-il au chantage par voie de circulaire ?

3263163Le discours d’introduction prononcé par Mme Taubira à l’occasion de la loi sur l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, est à classer parmi les plus inspirés des discours politiques de notre époque contemporaine.

Christiane Taubira a fait un sans faute et tous ceux qui hurlaient à l’erreur de casting il y a quelques mois de cela, en sont restés époustouflés, oubliant de s’excuser au passage. Mais, il faut bien le dire, la circulaire Taubira sur la GPA* gâche quelque peu le tableau.

S’il y a un sujet qui divise les personnes et associations LGBT, c’est bien celui de la GPA. L’inter-LGBT, fédération représentative, a d’ailleurs renoncé à prendre position en 2012 et à l’inscrire à son corpus revendicatif.

Précisons tout d’abord que la circulaire Taubira ne légalise pas la GPA en France ; elle prend des mesures pour régulariser à postériori, la situation des enfants nés à l’étranger d’une mère porteuse, quand la ou les personnes qui se déclarent parent-e-s, sont françaises. Précisément, elle demande aux tribunaux de ne plus refuser de certificats de nationalité française pour les enfants nés de mères porteuses à l’étranger. Il est donc faux de dire que cette circulaire réglemente désormais la GPA sur le territoire français ; cependant, elle l’encourage à l’étranger en accordant systématiquement aux enfants, la nationalité française.

En effet, cette circulaire, qui tombe au plus mauvais moment, ouvre une brèche. Prendre une telle circulaire en plein débat sur l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, comme s’il n’y avait pas assez de confusion, de lesbophobie et d’homophobie, comme s’il fallait donner encore plus de grain à moudre aux opposants, relève au mieux d’une maladresse de communication au pire d’une provocation inutile. Surtout, cette circulaire prise à la va-vite et sans débats parlementaires, n’est pas si anodine qu’il y paraît à première vue et constitue à l’évidence un encouragement à engager des GPA à l’étranger, sachant que la situation des enfants sera ensuite facilement régularisée en France. Sans compter qu’elle a des effets certains sur le droit de la famille et de la nationalité. Il est toujours plus rassurant de savoir ces domaines de compétence entre les mains du Parlement. Le gouvernement a beau tempêter qu’il est opposé à la légalisation de la GPA sur notre territoire, l’encourager à l’étranger est tout de même paradoxal et même incohérent.

Bien entendu les enfants nés de GPA n’y sont pour rien et ne peuvent rester dans une situation juridique incertaine ni en matière de situation familiale, ni de nationalité. Néanmoins, on est en droit de se demander s’ils ne préféreraient pas choisir à l’âge adulte, la nationalité de leur mère porteuse, russe, indienne, américaine ou toute autre, ou encore bénéficier d’une double nationalité ? Mais surtout, la pratique des mères porteuses ou quelque soit le nom qu’on leur donne, est interdite en France et les parents qui initient une GPA savent pertinemment ce qu’ils risquent, (et ce quelle que soit leur orientation sexuelle et qu’ils soient célibataires ou en couple). Ils bafouent sciemment la loi française ; ils se rendent à l’étranger pour commander un enfant à leur convenance.

Dans certains pays, des entreprises proposent un choix sur catalogue, un peu comme dans un supermarché ; dans d’autres pays, des femmes sont forcées, conduites par leur mari dans des maisons de reproduction ou séquestrées par des réseaux criminels ; mais dans tous les cas, ces femmes sont réduites à la fonction biologique de reproductrice et le plus souvent exploitées pour satisfaire le besoin de se reproduire de riches occidentaux.

Une fois l’enfant né et la transaction opérée, le ou les parents déclarés sont confrontés à deux problèmes, l’enfant doit être reconnu comme étant le leur et il doit adopter leur nationalité. Depuis quelques années déjà, des parents, après avoir violé la loi Française, font pression sur le gouvernement pour régulariser la situation de leurs enfants ; il s’agit ni plus ni moins d’un odieux chantage. Bien entendu, tout le monde prend fait et cause pour ces enfants pris en otage et qui ne peuvent subir les conséquences des choix des adultes. Mais désormais, la voie est toute tracée, tous les candidats potentiels à la GPA vont s’engouffrer dans la brèche. Peu importe que cette pratique soit interdite chez nous, puisqu’il sera possible de régulariser à postériori.

En prenant cette circulaire, l’état Français encourage de facto le développement de la pratique de la GPA à l’étranger, il a confortablement déplacé le problème en dehors de ses frontières. S’il était vraiment contre la pratique, il aurait pu prendre une loi d’extraterritorialité comme pour le tourisme sexuel et continuer de régulariser par des décisions judiciaires la situation de quelques enfants.

La délivrance de papiers d’identité français aux enfants nés à l’étranger d’une GPA, est une question complexe qui n’aurait jamais dû être réglée par voie de circulaire. La situation des enfants mérite que l’on s’intéresse à la question, mais cet ordre donné aux tribunaux revient à développer le marché de la GPA à l’étranger en le nourrissant d’une demande française. On peut considérer que c’est une façon de se débarrasser du problème à bon compte, mais aussi de mettre les français devant le fait accompli d’une prochaine légalisation. Car en réalité, à gauche comme à droite, certains politiques veulent légaliser la GPA. C’est notamment le cas d’Alain Milon à l’UMP et de Michèle André au PS. Il est tout à fait possible de dresser un parallèle avec la question de la prostitution.

Un marché luxueux et confortable, réservé aux riches, voire très riches se développe dans des pays tels que la Belgique ou les USA par exemple. En parallèle, l’immense marché alimenté par la misère s’étend dans les pays émergents.

Dans tous les cas, il s’agit d’instrumentalisation du corps des femmes, et ce qu’il y ait ou non marchandisation. Le système patriarcal vise à s’approprier  à des fins sexuelles et reproductives les corps des femmes. La GPA comme la prostitution sont des moyens d’organiser cette appropriation et d’empêcher une totale libération des femmes.

L’ouverture du mariage, aux couples de même sexe, c’est oui ; l’accès à la PMA pour les femmes seules ou en couple, c’est oui ; mais la GPA, c’est non, car les femmes ne sont pas des ventres ni à prendre, ni à louer, ni à vendre. La régularisation des enfants nés d’une GPA, est à étudier, non pas par considération pour ces parents de « l’enfant à tout prix », ces parents capricieux, produits d’une société de consommation à l’individualisme exacerbé, mais par respect des droits de l’enfant.  La quarantaine d’enfants concernés à eux seuls méritent que l’on s’intéresse à la question, mais cet ordre donné aux tribunaux revient qu’on le veuille ou non à développer le marché mondial de la GPA en validant en droit Français les effets juridiques d’une GPA pourtant interdite chez nous.

Il devrait pourtant y avoir des limites éthiques au pragmatisme politique !

Christine Le Doaré

*GPA : Gestation pour autrui / mères porteuses

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Elisabeth Badinter et Irène Théry cautions intellectuelles du système patriarcal ?

feminist picture 3Elisabeth Badinter et Irène Théry défendent avec constance la réglementation de la gestation pour autrui (GPA) et Elisabeth Badinter, également la réglementation de la prostitution. Au nom du libre choix, afin de canaliser les trafics et affirment-elles, parce qu’il ne s’agit pas de marchandisation du corps humain.

Le discours est séduisant, les deux intellectuelles bénéficient d’un crédit d’opinion plutôt favorable à gauche et auprès des féministes.

La question du libre choix rapportée au corps humain est complexe, en réalité, personne ne dispose d’une totale liberté de choix. Suis-je libre de me promener nue dans la rue, de vendre partie de mes organes ou morceaux de corps sur le marché ? Bien sur que non, ni moi ni personne ! L’intégrité du corps humain est heureusement garantie par les textes fondamentaux, afin de défendre, pour des motifs d’ordre sociaux, économiques et psychiques, les plus vulnérables, qui ne peuvent organiser seuls l’aliénation de leurs corps, en tous cas pas pour l’imposer au reste de la société.
Un projet de société ne se construit pas sur une demande minoritaire. Le libre choix des précaires et des fragiles, on voit tout de suite où ça pourrait nous mener ; pourtant, de nos jours plus que jamais, dans un immense délitement du collectif, les grands bourgeois comme l’institution universitaire ne sont guère préoccupés par de tels risques, au contraire, ils les encouragent, s’en font les complices ; ils expérimentent.

Un peu partout dans le monde, les trafics criminels du sexe et de la GPA sont puissants, les réseaux de plus en plus structurés et audacieux. Réglementer une activité aux prises avec le trafic peut sembler être une bonne idée, mais c’est en réalité une démission. La seule garantie efficace de contrôle consiste à lutter contre l’activité génératrice de trafics, en se donnant des moyens d’ampleur, à tous les niveaux, national, européen comme international.
Il faut endiguer mondialement les marchés criminels du sexe comme celui des « mères porteuses », plutôt que de réglementer chez nous et de laisser ces marchés proliférer ailleurs. Tous les pays qui ont réglementé la prostitution par exemple, en font l’expérience aujourd’hui, il leur est impossible sur le terrain de différentier les prostitutions libre et contrainte. L’une nourrit l’autre et l’argent conforte le système. Réglementer en France le marché de la GPA, n’empêchera en rien les trafics à l’étranger, à fortiori si cette réglementation est chez nous un minimum contraignante.

Selon mesdames Théry et Badinter, il ne s’agirait pas de marchandisation des corps. Pourtant, la prostitution, du point de vue de la personne prostituée, a pour unique finalité l’argent qu’elle reçoit pour survivre. Elle ne vend pas sa force de travail intellectuelle ni physique, mais bien son intimité, aux pris de lourds dommages psychologiques et physiques.
Admettons que pour la GPA, il en soit différent et que l’acte soit totalement gratuit, (ce qui ne sera jamais le cas, ne serait-ce que parce que les soins, traitements éventuels et qualité de vie nécessaires à la grossesse génèrent des frais qu’il faudra prendre en charge), nous avons peut-être évacué la question de la marchandisation du corps, mais pas celle de l’appropriation du corps des femmes.
L’éternel féminin, l’altruisme « héréditaire » qui consiste à donner lourdement de soi, doit-il être encouragé dans une perspective d’égalité entre les femmes et les hommes ? La question de l’égocentrisme de la domination masculine, celle du besoin consumériste de tout posséder, envers et contre tout, celle de la médecine commerciale et de ses lobbies, ont-elles été soigneusement pesées ?

En somme, que préconisent d’autre nos intellectuelles que la sempiternelle mise à disposition du corps des femmes ? En tous cas, le système patriarcal peut les remercier : la GPA c’est la garantie de transmission des gênes et du capital financier pour tous, la prostitution c’est pour beaucoup d’hommes, consommer du sexe sans se fatiguer à nouer des relations égalitaires.

Christine Le Doaré

https://christineld75.wordpress.com/2011/05/30/asymetrie-reproductive-et-gestation-pour-autrui-gpa/

https://christineld75.wordpress.com/2012/12/18/au-fond-qui-estime-vraiment-les-personnes-prostitue-e-s/

Correctif : Précision, sur la seule question de la prostitution, Irène Thery n’a toutefois pas pris position en faveur de la réglementation

ASYMETRIE REPRODUCTIVE ET GESTATION POUR AUTRUI (GPA)

ASYMETRIE REPRODUCTIVE ET GESTATION POUR AUTRUI (GPA)

Orientation sexuelle et désir d’enfant

Si plutôt que d’homoparentalité, nous parlions de parentalité. En effet, si l’orientation sexuelle des parents est homosexuelle, la parentalité elle ne l’est pas car le lien qui unit les parents à leur enfant est un lien d’amour universel.

Le désir d’enfant, on l’a ou pas, il n’est en rien lié à son orientation sexuelle.

Des couples hétérosexuels mettent des enfants au monde sans nécessairement se poser beaucoup de questions, c’est une des normes de réussite sociale les plus valorisées.  De même, des couples homosexuels ne conçoivent pas leur vie sans enfants.

Le désir d’enfant peut être passager ou pérenne, relever du fantasme ou forger un authentique projet de vie. Les motivations sont aussi diverses que pour les personnes hétérosexuelles : envie de s’accomplir en éduquant et en transmettant des valeurs, besoin impérieux de se reproduire et laisser une trace de soi sur terre ou encore perméabilité à la pression sociale, etc.

Tout dépend de son histoire personnelle et familiale, de sa vie et de ses rencontres et chacun est libre de ses choix de vie.

Dans tous les cas, la plupart des lesbiennes et des gays qui mettent des enfants au monde, y tiennent énormément et sont prêts à surmonter tous les obstacles.

En outre, il est désormais démontré que leurs enfants sont aussi heureux que les autres, aussi, en douter  relève clairement de la lesbophobie et de l’homophobie.

Désir d’enfant et procréation homosexuelle

Simple constat : en  matière de procréation, il n’y a pas de symétrie entre les hommes et les femmes et pour l’instant, les hommes ne portent pas les enfants.

Cette asymétrie signifie que la conception est plus facile pour les lesbiennes puisqu’il suffit aux femmes d’un rapport sexuel ou un don de sperme, alors que les gays ne peuvent concevoir entre eux,  sans l’implication déterminante d’une femme. Rappelons néanmoins que la PMA (Aide médicale à la procréation : insémination…) n’est toujours pas ouvertes aux femmes seules ni aux couples de lesbiennes en France, alors qu’elle l’est dans plusieurs pays européens. Les députés avaient ces derniers jours l’occasion d’y remédier alors qu’un amendement du groupe SRC, adopté par le Sénat, venait en seconde lecture à l’Assemblée Nationale, ils l’ont rejeté et ont sans grande surprise,  maintenu cette discrimination.

Des lesbiennes vivent d’ailleurs mal cette asymétrie, culpabilisent et opèrent un raccourci en parallélisant l’AMP ou PMA (Aide médicale à la Procréation) et la GPA (Gestation pour Autrui ou « Mères porteuses »), alors qu’il ne s’agit en rien de moyens comparables.

Les gays sont généralement parents parce qu’ils ont eu des enfants d’une relation hétérosexuelle ou parce qu’ils se sont engagés dans un projet de coparentalité avec une femme ou avec un couple de lesbiennes ou bien encore,  parce qu’ils ont adopté.

Ceci laisse tout de même un certain nombre de possibilités, mais,  les projets de coparentalité ne sont pas toujours si simples à  mettre en place et il arrive parfois qu’ils se passent mal. Le plus souvent, ce sont de bien belles histoires qui placent l’enfant au cœur de plusieurs parents ou couples de parents qui tous, veillent sur lui.

L’adoption est une forme de parentalité  particulièrement généreuse et désintéressée qui consiste à transmettre de l’amour,  de l’attention et de la réparation plutôt qu’un patrimoine génétique. Toutefois, les possibilités d’adopter sont trop rares et en France, l’adoption n’est toujours pas ouverte aux couples de même sexe.

Il serait d’ailleurs temps que la question de l’adoption devienne un véritable sujet de société et que les nécessaires évolutions en France mais aussi au plan international, soient défendues avec autant de conviction que la GPA (Gestation Pour Autrui).

Procréation homosexuelle et GPA (Gestation Pour Autrui)

Les modes d’accès à la parentalité mentionnés ci-dessus ne suffisent pas aux couples ou célibataires gays. Certains ont recours à la Gestation Pour Autrui à l’étranger, beaucoup veulent à toute force, son encadrement chez nous. Bien sûr, des couples hétérosexuels sont aussi concernés, mais cette revendication est surtout portée par les gays.

Comment peut-on définir la GPA ? Dans tous les cas, elle n’est en rien assimilable à une quelconque technique médicale de procréation. Selon les uns ce serait un don, dans ce cas seule devrait compter la volonté de la donatrice désintéressée, ni rémunérée ni indemnisée, et l’on conçoit alors mal la nécessité d’un rigoureux cadre réglementaire.  Selon les autres, ce serait un service (payant, gratuit ou indemnisé), voire  un acte de vente (définition juridique d’une vente : accord sur le prix et sur la chose).

Dans tous les cas, don, service ou vente, l’acte consiste à  mettre à disposition le corps d’une femme et sa capacité d’enfantement, afin que ce corps  produise un bébé dans le seul but de le remettre à celui qui a passé commande.

Que l’on soit ou non favorable à la GPA, force est d’admettre que cette pratique relève de la mise à disposition du corps des femmes. C’est précisément pour cette raison que des personnes pourtant insoupçonnables d’homophobie y sont opposées alors qu’elles sont très franchement favorables à l’homoparentalité.

Les personnes et associations favorables à la GPA s’accordent généralement pour reconnaître que sa pratique dans les pays émergeants ne leur convient pas car il s’agit alors d’exploitation de la misère.

Si elles mettent en avant cet argument économique, en revanche, celui de l’appropriation du corps des femmes et de leur faculté d’enfantement, n’est guère abordé.

Elles font la promotion d’un encadrement le plus souvent drastique, (n’est pas admise à la GPA qui veut !), et surtout elles ventent  la  relative gratuité d’un tel acte sur le territoire français.

Toutefois, la notion de dédommagement peut aussi être questionnée car une femme  en difficulté sociale  pourrait être séduite par le confort et l’attention dont elle bénéficierait alors.

Les candidates seraient sélectionnées fonction de critères qui divergent selon les tendances politiques, mais à la condition unanime, de faire preuve d’un altruisme à toute épreuve. L’enfant à naître ferait l’objet d’un contrat de remise  à son « parent social – propriétaire ». Certains appellent la femme qui va le porter et accoucher mère porteuse, d’autres gestatrice. Certains lui accordent une place dans l’avenir de l’enfant, d’autres non. Sur ce plan la confusion règne, en revanche, tous s’accordent à dire qu’elle n’est pas la mère de l’enfant qu’elle mettra au monde. Aussi, doit-elle renoncer à tout droit,  mais aussi à tout lien d’affection le concernant, sa seule motivation devant être la beauté du geste d’abandon en vue du don, service ou de la vente.

GPA (Gestation pour Autrui) et féminisme

Mis à part des cas très particuliers au sein d’une famille (don entre sœurs) ou entre proches, quelle pourrait être la motivation d’une femme qui décide de consacrer une année de sa vie, (préparation préalable, grossesse,  récupération / réparation) à une GPA ?

A moins de penser que la carrière professionnelle des femmes est secondaire ou que ne sont concernées que des femmes au foyer, ce qui relèverait tout de même d’un sexisme primaire,  quel pourrait bien être l’intérêt d’une femme à compliquer ainsi sa vie professionnelle en mettant  au monde des enfants pour les autres,  alors que notre société n’a toujours pas trouvé les bonnes réponses pour permettre aux femmes et aux hommes d’élever leurs enfants tout en travaillant ? Je n’ai d’ailleurs pas relevé de réponses satisfaisantes en matière de droits sociaux dans les argumentaires pro-GPA.

La grossesse n’est évidemment pas une maladie, ni l’accouchement nécessairement difficile et douloureux, néanmoins, pourquoi des femmes pendraient-elles ce  risque qui ne peut jamais être écarté d’emblée ? Par goût exorbitant du don ? Il est vrai que nombre de femmes n’envisagent toujours pas de s’épanouir et de se réaliser autrement que par la maternité, il faut bien dire que longtemps, ce fut leur seule fierté.  Sauf que justement,  il ne s’agit pas ici de maternité ni de parentalité, seulement de production d’enfant, ce qui réduit les femmes à une faculté biologique, amputée du projet et du plaisir de parentalité.

Dans notre société patriarcale, les femmes sont encore élevées dans le don d’elles-mêmes, l’effacement et la générosité ; il n’est vraiment pas féministe ni même progressiste de l’encourager et d’exploiter ce conditionnement du genre féminin.

Il est tout de même curieux que les mêmes qui se méfient, à juste titre, du féminisme essentialiste, quand ça les arrange, portent soudainement aux nues des prétendues qualités féminines !

Les pro-GPA nous disent aussi souvent qu’il faut écouter les femmes qui l’ont pratiquée, que chacun est libre de faire ce qu’il veut de son corps.

Cette rhétorique de la liberté (libre choix) est d’ailleurs la même en matière de prostitution, autre domaine de la mise à disposition du corps des femmes. De quel choix s’agit-il vraiment ? Rappelons une fois encore que le seul droit pour lequel les femmes n’ont  jamais eu à se battre est bien celui de faire des enfants !

Nul besoin d’avoir un diplôme en féminisme pour savoir que l’objectif premier du  patriarcat est de sécuriser l’appropriation et le contrôle du corps des femmes, en matière de sexualité comme de reproduction.

En outre, l’argument de la liberté sans égalité réelle n’est jamais un argument politique très convaincant. Les féministes font aujourd’hui le constat que la libération sexuelle des années 70, si elle a certes aussi profité aux femmes, sans égalité réelle, les a surtout mises à  la disposition permanente des hommes.

Pour que le patriarcat ou toute forme d’oppression se maintienne, il lui faut des relais et conditionner les opprimés, sinon, le système ne pourrait pas fonctionner. Les femmes conditionnées font partie des rouages, ce sont elles qui éduquent leurs filles et leurs fils pour reproduire les conditions de l’oppression.

Trouver des femmes prêtes à s’engager dans une GPA, tout comme l’on peut trouver des femmes qui trouvent génial d’offrir à Noël un mini fer à repasser à leur petite fille et un fusil à leur petit garçon, ne signifie rien d’autre.

Enfin, une société ne peut avoir comme projet d’organiser toutes les libertés individuelles : je veux repeindre Paris en bleu, je veux vendre une partie de mes organes pour arrondir mes fins de mois, je veux tuer mon voisin parce qu’il est bruyant, etc. merci de me mettre tout ça en forme !

En admettant que la GPA soit réglementée en France, il est raisonnable de penser qu’elle ne concernerait qu’un nombre infime de femmes disposées, étant donné la nature de l’implication, à la pratiquer.

Dans ces conditions, ce débat doit-il déchirer les personnes et associations LGBT, féministes, comme il le fait actuellement ?

Si l’argument qui consiste à dire que l’encadrement de la GPA en France est motivé par la nécessité d’éviter qu’elle ne se pratique à l’étranger dans des conditions épouvantables, est sincère, pourquoi dans ce cas ne pas plutôt se mobiliser pour tenter de la réglementer, voire de  l’interdire, à l’échelon international ?

GPA (Gestation pour autrui) et parent social

La société est en mouvement, les luttes féministes et LGBT permettent d’interroger  les déséquilibres dans les rapports sociaux de sexe et la hiérarchie en matière d’orientation sexuelle et d’identité de genre. Elles aboutissent à l’invention de  nouveaux liens et façons de vivre, notamment en matière de parentalité.

La parentalité sociale n’est pas qu’un concept intéressant, c’est aussi une réalité qui jusqu’ici n’avait pas de nom mais existait bel et bien. Le parent c’est en effet celui qui élève l’enfant, lui transmet une éducation et des valeurs, lui apporte une sécurité affective et sociale, ce que tous les parents biologiques n’accomplissent pas toujours.

Pour autant, faut-il tout envisager et autoriser ? Certes dans certains pays on choisit déjà sur catalogue les caractéristiques génétiques de son futur enfant et presque son bébé sur étagère, mais ne serait-il pas extraordinairement paradoxal que la GPA, présentée comme une solution moderne et progressiste, ne soit en réalité qu’un réactionnaire instrument patriarcal de mise à disposition du corps des femmes (cas particuliers au sein d’une famille, don entre sœurs, ou entre proches, mis à part) ?

Prétendre que la GPA est l’alpha et l’oméga de la parentalité sociale, qu’elle tord le cou à la bonne vieille parentalité biologique, n’est pas très honnête. La GPA n’est en rien affaire de parentalité sociale mais bien de parentalité biologique puisque tout l’enjeu de cette forme de parentalité consiste bien à reproduire ses gênes (Une GPA n’est que rarement conçue sans les gamètes du père).

D’ailleurs, l’adoption n’est-elle pas la seule véritable parentalité sociale sans lien biologique ?

La liberté sans égalité réelle n’est pas la liberté de tous et encore moins de toutes.  Dans une société libre et égale, dans une société féministe, la GPA pourrait peut-être s’envisager, je ne sais pas. Dans notre société patriarcale,  j’émets de sérieuses réserves et avant d’éventuellement les lever, j’attends d’être convaincue par des arguments étayés, précis, progressistes et féministes.  Tout le reste serait hors sujet.

Christine Le Doaré


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