Archive for the 'violences faites aux femmes' Category

Traité féministe sur la question trans

Après avoir publié en octobre 2021 l’essai  « Fractures ! Le féminisme et le mouvement LGBT en danger » (1) aux éditions Double Ponctuation !, je propose cette fois un essai sur la question trans devenue une question de société particulièrement polémique.

J’ai titré cet essai Traité féministe sur la question trans. Comment sortir des violentes polémiques sur la question trans ?

Ce n’est pas un ouvrage de sociologie mais une analyse citoyenne d’un point de vue féministe universaliste. Je pense utile de préciser que je ne suis en rien transphobe.

Je dresse dans cet essai bref mais dense, un état des lieux illustré de photos, tweets, liens sur des articles, etc. ; je cite Suzanne Moore, Julie Bindel, Robert Wintemute, kathleen Stock, JK Rowlings et bien d’autres, enfin je propose des solutions pour sortir des violentes polémiques et aider les décideurs publics à prendre les bonnes solutions pour protéger les droits des trans, mais aussi des enfants et des femmes.

J’espère que cet essai trouvera rapidement un éditeur convaincu de la nécessité d’éditer actuellement un tel ouvrage. Les éditeurs intéressés peuvent me contacter via ce blog ou sur Twitter ou Facebook ou par mail à l’adresse contact figurant sur ce blog.

En voici le propos préliminaire et le plan prévisionnel :

S’accorder sur les concepts, sexe, genre, identité de genre, orientation sexuelle.

Comprendre que les revendications homosexuelles et transidentitaires ne sont en rien liées.

Convenir ou non que les revendications trans sont une menace pour les droits des femmes.

Établir ou non que les mineurs les plus fragiles, en quête d’identité et de devenir, sont mis en danger.

Enfin, explorer des pistes pour régler les conflits de manière constructive.

Propos préliminaires

Longtemps, la question trans n’intéressa que personnes concernées et spécialistes. Puis de rares féministes s’exprimèrent pour mettre en doute des théories et pratiques de trans-activistes. Ces dernières années, la polémique a pris de l’ampleur et aujourd’hui les clivages sont si marqués qu’il n’est plus possible d’avoir de débat. Les parties en conflit s’enferment dans toujours plus d’incompréhension et de violence.

En tant que féministe, si je suis souvent interpellée par l’attitude comme l’argumentation de trans-activistes, il m’arrive aussi de ne pas approuver des réactions de féministes en butte aux militants trans. Nous ne sortirons pas de la violence sur la question trans sans en cerner et bien comprendre les raisons et dans un second temps, proposer des solutions raisonnables qui satisfassent tout le monde.Définir ou redéfinir les concepts le plus justement possible, proposer des solutions, c’est l’objet et la raison d’être de cet essai qui je l’espère contribuera à apaiser les tensions et dépasser les clivages.

Le débat qui fait rage a longtemps été sous-jacent. S’il est désormais exacerbé, ce n’est pas fortuit, les enjeux sont considérables et amplement sous-estimés. Bien que les personnes trans ne représentent que 0,02 à 0,08% de la population, les féministes craignent que les revendications trans ne mettent en danger les droits des femmes. Beaucoup d’entre elles sont convaincues que le système patriarcal a trouvé là, un moyen de maintenir la domination masculine. Dans la société civile aussi des voix s’élèvent exprimant une inquiétude devant le nombre grandissant de mineurs se déclarant trans.

Je suis féministe universaliste et j’ai une connaissance des milieux féministes et homosexuels dans lesquels j’ai milité, dès les années quatre-vingt pour le premier et quatre-vingt-dix pour le second, présidant successivement SOS homophobie puis le Centre Gay et Lesbien de Paris.Au sein même du mouvement de libération homosexuelle, les difficultés et affrontements entre militants gays, lesbiennes et trans étaient constants. Tout ne coulait pas de source, la cohabitation n’étaient pas évidente entre des groupes qui avaient des priorités et des agendas différents, parfois même antagonistes.Les lesbiennes reprochaient aux gays de ne pas s’intéresser à la lutte contre le sexisme et d’ignorer leurs revendications spécifiques, également de profiter à leur manière des avantages de la domination masculine.  Pas grand monde ne s’intéressait aux revendications des trans et leur façon de s’imposer crispait un grand nombre de militants. Il n’était pas rare que des lesbiennes comme des gays soient embarrassés par l’outrance de militants trans auxquels ils reprochaient de reproduire les stéréotypes de genre contre lesquels ils luttaient.

Rappelons que dans les premiers temps du mouvement de libération homosexuelle, les rares militants trans étaient des transsexuels – trans M pour masculin to F pour féminin – qui pour financer leur transition de genre, c’est-à-dire la prise d’hormones croisées et les opérations chirurgicales de réassignation de genre, n’avaient de solution que la prostitution.

La question du sida fut centrale au développement du mouvement de libération homosexuelle, les trans tout aussi touchés que les gays par le sida, devinrent partie intégrante du mouvement.

Il n’y avait que très peu de trans hommes – trans F to M -, en revanche, des lesbiennes se masculinisaient pour échapper à une prédation sexuelle. Si manquant de modèles elles se donnaient une apparence masculine,  elles n’étaient pas trans et ce qui les intéressait c’était de vivre librement leur homosexualité.  

Après les années 2000, le mouvement de libération homosexuelle s’est transformé jusqu’à se reconfigurer totalement, les lesbiennes féministes et politisées en sont sorties alors que les trans-activistes ont pris de plus en plus de place. Les militants ont ajouté de plus en plus de lettres au sigle LGBT, paradoxalement, le mouvement a perdu en route la moitié de sa population d’origine, les lesbiennes, il est devenu un mouvement gay et trans, quasi exclusivement. Avec l’essor des mouvements LGBTQI la culture queer s’est répandue dans la société et un nombre croissant de jeunes s’est intéressé à la question trans. Peut-être est-il plus juste de dire que ce qui les attire c’est l’idée de fluidité de genre, en particulier les jeunes femmes de plus en plus nombreuses à se réassigner trans homme -F to M -.

Les associations et ONG européennes et mondiales basées à Bruxelles telles que l’ILGA (International Lesbian and Gay association) pratiquent un lobby politique efficace. Depuis des décennies elles militent pour que soient adoptées des politiques publiques favorables aux personnes trans et dans nos démocraties, les élus politiques sont dans l’ensemble prêts à adopter les dispositions exigées des trans-activistes.

S’il est en effet nécessaire de lutter contre les discriminations et violences transphobes, sur ce point, tout le monde est d’accord, des voix s’élèvent de plus en plus nombreuses, en faveur d’une meilleure analyse des revendications afin que les dispositions prises ne portent aucun préjudice à d’autres catégories, en particulier les femmes et les mineurs. De plus en plus de personnes s’inquiètent des effets de contagion en particulier pour les mineurs et certains pays font marche arrière, comme dernièrement en Angleterre où le gouvernement britannique a bloqué la Gender Recognition Reform Bill écossaise.En particulier au Royaume-Uni, on constate que si les trans-activistes ont été très offensifs et payés de leur audace en retour, une résistance s’est organisée et la riposte est désormais soutenue et médiatisée.Une évolution subtile mais perceptible même si pour l’instant tout le monde campe sur ses positions.

Entre féministes, (je ne parle évidemment pas des « féministes queer » qui sont sur les positions des trans-activistes) et trans-activistes, le dialogue est rompu et la violence atteint des sommets : des trans-activistes menacent de tuer les TERFs (acronyme de Trans- exclusionary radical feminist) les molestent dans les manifestations. De leur côté, des féministes tombent parfois dans un essentialisme que des groupes proches de l’extrême droite ne renieraient pas.De leur côté, des féministes tombent parfois dans un essentialisme que des groupes proches de l’extrême droite ne renieraient pas.

Par conséquent, il me semble temps de s’entendre sur les concepts, de s’interroger sur les enjeux politiques et aussi financiers de la question trans et de proposer des solutions pour sortir de l’impasse. C’est mon intention en écrivant cet essai.

Christine Le Doaré

SOMMAIRE

Propos liminaires

Chapitre 1. Des concepts à revisiter

1.1   Qu’est-ce que le sexe ? 

1.2   Qu’est-ce que le genre ? 

1.3   Sexe et genre, sont-ils liés ou étrangers l’un à l’autre ? 

1.4   Qu’est-ce que l’orientation sexuelle ? 

1.5   Que sont l’identité de genre et la transidentité  ?

1.6   Orientation sexuelle et identité de genre, sont-elles liées ou étrangères l’une à l’autre ? 

Chapitre 2. Le mouvement de libération homosexuelle a changé, il s’est reconfiguré 

2.1 Pourquoi l’homosexualité et la transidentité sont-elles associées ?

2.2 Le mouvement de libération homosexuelle devient mouvement LGBTQI+ 

2.3 Antagonismes entre trans-activistes et lesbiennes.  

Chapitre 3. Trans et féministes, des antagonismes destructeurs 

3.1 Trans-activistes et droits des femmes. 

3.1.1    Tout commence avec le langage : un lexique trans qui interroge

3.1.2    Des droits des femmes menacés

 – Généralités 

– Compétitions sportives 

– Lieux réservés aux femmes pour raison de sécurité  (vestiaires, foyers, prisons)

3.1.3      Des comportements qui inquiètent 

–  Généralités

– Des méthodes : dénigrement et détournement d’objectifs, campagnes et actions militantes féministes 

 –  Des modes d’expression  : Intimidation, menace, censure

3.1.4      La riposte s’organise 

–       Généralités

–       Dans les mouvements féministe et homosexuel ou désormais LGB 

3.2 Concurrence des droits   

3.2.1 Généralités 

3.2.2 L’essentialisme revendiqué par des féministes est aussi une impasse. 

3.2.3 Des prétentions irrationnelles

Chapitre 4. Les mineurs 

4.1 Construction identitaire et réseaux sociaux

            4.4.1 Généralités

            4.4.2 Prise en charge médicale et traitements

4.4.3 Le cas de la clinique Tavistock au Royaume-Uni

4.2 Les enjeux financiers de la transidentité.

Chapitre 5. Des solutions acceptables pour tout le monde  

5.1 Généralités 

5.2 Principes de Jogjakarta et lobby politique 

5.3 Des solutions envisageables 

Des pistes pour sortir de la violence, garantir les droits des trans, protéger les mineurs et préserver les droits des femmes.

Ce document est la propriété de Christine Le Doaré, il ne peut être diffusé ou reproduit sans son autorisation écrite. Seul l’article de blog dans son intégralité peut être partagé par tout moyen électronique.

Christine Le Doaré

(1) Fractures ! Le féminisme et le mouvement LGBT en danger 

 https://www.double-ponctuation.com/produit/fractures-le-feminisme-et-le-mouvement-lgbt-en-danger/

La manif #NousToutes est passée loin d’elles, les iraniennes

#25novembre2022 Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes : trois observations et convictions fortes.

  • La Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes n’est pas superflue.  
  • Le mouvement #NousToutes a tort de rassembler des luttes antagonistes et de rejeter l’universalisme au profit du relativisme culturel.
  • Le 25 novembre 2022 aurait dû, avant tout, être un immense plaidoyer en faveur des iraniennes qui se dévoilent au péril de leur vie pour se libérer du joug politico-religieux des mollahs, et des Afghanes livrées à leur terrible sort sous régime taliban.

La Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes n’est pas superflue.  

Cette année, la manifestation #NousToutes parisienne (et ses répliques en région) a eu lieu le samedi 19 novembre. A Paris, elle aurait rassemblé environ 18 500 personnes, un chiffre équivalent à celui de l’année précédente (+ 500/2021). Je ne cite pas le chiffre mis en avant par les organisatrices, dans chaque manifestation, les organisateurs ne savent pas évaluer correctement la participation. La manifestation #NousToutes était centrée sur les dysfonctionnements de la justice et de la police et les organisatrices réclamaient une loi-cadre contre l’impunité des agresseurs et des violeurs avec notamment « l’instauration de brigades et juridictions spécialisées ».

Il faut savoir que le gouvernement n’est pas contre, il attend les conclusions d’une mission parlementaire. Les budgets alloués à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles ne cessent d’augmenter, mais à l’évidence, il faut encore plus de moyens, ce qui d’ailleurs interroge fortement sur l’ampleur du sexisme et du machisme dans nos sociétés.

Déjà, 100 féminicides en 2022, il y en a eu 122 en 2021. Les viols rapportés à la police augmentent de manière exponentielle, certes la parole se libère mais le nombre de viols commis sidère par son importance sachant en plus, qu’une petite partie est déclarée et un infime pourcentage jugé.

Personne ne peut nier que les violences sexistes et sexuelles constituent toujours un problème de société majeur. Des femmes sont menacées, agressées, violées, dans leurs relations privées comme dans l’espace public où elles sont contraintes de limiter leurs libertés ou de prendre des risques. Il est inadmissible que la moitié de l’humanité vive toujours de la sorte.  

Le mouvement #NousToutes rassemble des luttes antagonistes et rejette l’universalisme au profit du relativisme culturel, intersectionnalité et surenchère victimaire.

Faire cohabiter dans un même cortège, des femmes en soutien aux iraniennes qui se révoltent et pour s’émanciper rejettent l’obligation du port du voile, et des femmes qui, au service d’un agenda politico religieux, tentent d’imposer en occident le port du voile dans les services et la fonction publics, est une aberration politique. Et ce n’est pas la seule.

Le slogan « Qui sème l’impunité récolte la colère » est puissant pourtant, il m’interpelle.  Il laisse sûrement de marbre les agresseurs et les violeurs qui ne sont jamais nommés ni mis en accusation, comme si les violences étaient commises par des abstractions et non des hommes bien réels. Les seuls responsables nommés sont police, justice et gouvernement. Certes, les dispositifs existants doivent être renforcés et les moyens mis en œuvre augmentés mais les premiers responsables de la situation sont bien les individus qui commettent ces violences et continueront de le faire peu importe les mesures adoptées. Pourquoi invisibiliser les coupables ? Je ne peux m’empêcher de penser à une forme d’instrumentalisation politique. D’ailleurs le texte d’appel laisse peu de doutes sur la question : « Nous manifesterons pour porter la voix … des 700 femmes assassinées sous la présidence d’Emmanuel Macron … «.

La justice est malade, elle manque de moyens dans tous les domaines, pas seulement dans celui des violences faites aux femmes,  et dans ce domaine, ont été alloués des moyens et prises des mesures ces dernières années comme jamais jusqu’alors. Tout est perfectible et l’état a bien entendu sa part de responsabilité, mais la cible première de la colère des féministes doit être avant tout les coupables des violences, il ne faudrait pas l’oublier.

Aller jusqu’à raconter que les victimes ne portent pas plainte parce qu’elles savent que cela ne les mènera nulle part est faux et irresponsable. Il faut au contraire encourager toutes les femmes à porter plainte et à aller jusqu’au bout.

Problématique aussi l’organisation d’un cortège tronçonné avec en tête un groupe exclusivement composé de militant.es racisé.es (apporter son nuancier et laisser ses amis derrière), LGBTQIA, précaires (se balader avec sa feuille d’imposition) … Encore une fois division du corps social et surenchère victimaire jusqu’à plus soif. Intersectionnalité mal digérée et absence de commun et de solidarité. Là encore il suffit de se référer au texte de l’appel qui plus que qu’aux violences patriarcales s’intéresse bien plus aux discriminations racistes, classistes, validistes, psychophobes (???), LGBTQIA+ (tant qu’on y est, mettons-y tout l’alphabet), sérophobes, grossophobes, islamophobes (ça y est le mot important est lâché) … qu’aux violences patriarcales. Il faudrait aussi mettre en avant les actes « transphobes », sachant que nombre de manifestations féministes sont attaquées par des trans-activistes misogynes, c’est assez troublant.

Quand on analyse le site et l’appel à la manifestation, on voit que rien n’est laissé au hasard, plus aucun droit à l’improvisation, à l’imagination, au pas de côté, il s’agit d’un véritable embrigadement, un peu comme dans les groupes gauchistes, zadistes et autres, tout est ultra professionnalisé, on comprend bien qui est à la manœuvre et on peine à sentir une authentique culture féministe derrière tout ça. https://www.noustoutes.org/manif2022/

Cette année, le 25 novembre aurait dû être un immense plaidoyer en faveur des iraniennes qui se dévoilent au péril de leur vie pour se libérer du joug politico-religieux des mollahs, et des Afghanes livrées à leur terrible sort sous régime taliban

Les mouvements féministes mondiaux et #NousToutes en particulier ne se sont pas mobilisés de manière significative pour soutenir le mouvement de révolte en Iran. Pourtant ce sont des femmes qui sont à l’origine de cette révolte et le mouvement a démarré après la mise à mort de Mahsa Amini. Depuis, des dizaines d’autres jeunes femmes ont été assassinées par les brigades de sécurité de la République islamique d’Iran. Depuis des années les femmes iraniennes se révoltent contre les diktats du régime islamique qui les prive de liberté. Elles ont lancé les mouvements #MyStealthyFreedom #MyCameraIsMyWeapon #FreeFromHijab #LetUsTalk et bien d’autres pour affirmer leur volonté de liberté qui passe par le rejet du hijab obligatoire, se mettant en scène cheveux au vent. Elles forcent le respect et méritent un soutien et une solidarité des femmes du monde entier. Mais non, les féministes intersectionnelles sont à la traîne, gênées aux entournures, elles qui ont fait le choix d’alliances douteuses avec des femmes soumises au patriarcat fondamentaliste islamique. Comment faire pour soutenir les iraniennes et ne pas braquer les militantes affiliées aux Frères musulmans qui se prétendent féministes ? Même Nemesis groupe d’extrême-droite peut s’infiltrer dans la manifestation et abuser de provocations avec burqas et voiles, elles savent que par peur d’être accusées d’islamphobie, #NousToutes ne les expulsera pas du cortège.

Les violences sexistes et sexuelles sont imposantes partout, mais s’il y a bien un pays et des femmes qui méritaient un mouvement féministe d’ampleur ce #25novembre, c’était bien les iraniennes. Elles peuvent toujours courir. Les Afghanes abandonnées à leur terrible sort aux mains des talibans aussi.

En conclusion, les mouvements féministes mainstream ont encore fait la preuve cette année que trahir le féminisme universaliste au profit du relativisme culturel intersectionnel ne fait que nous diviser et affaiblir. Les iraniennes comme toutes les femmes qui s’affranchissent des pires patriarcats ne peuvent pas compter sur les féministes #NousToutes


Christine Le Doaré

Bien poser le débat sur la question trans

Le dossier central du numéro 51 de Franc-Tireur – que je lis assidument chaque semaine – consacré aux débats autour de la question #trans : « Genre et transidentité – un débat à fleur de peau », écrit par Pauline Delassus et Perla Msika, m’a laissée perplexe. Peut-être parce que je connais la question ayant un temps présidé des associations LGBT ou parce que féministe, j’ai été en butte aux violences de trans-activistes ?

Si l’article est parfaitement documenté, en revanche, on se demande si les autrices connaissent bien la question trans car il y a des affirmations et surtout des omissions préjudiciables à une bonne compréhension du sujet.

Il faut commencer par rappeler comme le font les autrices mais sans pour autant en tirer de conséquences intéressantes, que la question ne concerne que de 0,02 à 0,08% de la population. Et pourtant ce débat prend énormément de place, il faudrait tout de même se demander pourquoi. Cet article ne le fait pas.

  • « Le débat déchire les féministes » affirme les autrices, disons plutôt que les féministes attachées aux fondamentaux du féminisme se méfient de tout ce qui concoure à l’effacement des femmes, la domination masculine ayant parfois de bien imprévues manières de se maintenir à flots.

Les féministes qui savent que la question de l’appropriation du corps (et des vies) des femmes – qu’il s’agisse de sexualité ou reproduction – est centrale aux combats féministes universalistes, se méfient des injonctions et dérives des trans-activistes, comme elles le sont avec les revendications relatives à la GPA ou à la prostitution. Cohérence de l’analyse, tout simplement.  

  • L’opposition s’est focalisée entre d’un côté « transphobie « et de l’autre, « anti-trans ». Non, ça c’est une caricature. Oui, des trans-activistes n’ont que le mot transphobie à la bouche comme d’autres le mot « islamophobie », mais non, parmi les féministes opposées aux dérives trans, il n’y a pas que des anti-trans, bien au contraire. C’est par exemple mon cas, je n’ai rien contre les personnes trans qui opèrent une transition et vivent leur vie comme elles/ils l’entendent mais ne tentent pas d’imposer au monde entier leur conception du féminin et du masculin à coups de clichés vieux comme le monde ; ne se présentent pas dans des compétitions sportives qu’ils – devenus elles – emportent haut la main ; ne violent pas leurs codétenues en prison … Et c’est le cas de bien d’autres féministes universalistes. Il faut lire ce texte (et d’autres)  pour comprendre et situer les débats un peu plus justement  : https://christineld75.wordpress.com/2020/03/10/aucune-feministe-nest-transphobe-le-lobby-trans-activiste-est-misogyne/

Préférer citer Dora Moutot c’est plus glamour et plus vendeur : 500 000 abonnées Instagram, alors forcément ! La RS (Réseaux Sociaux) mania a encore frappé, hors de la starisation virale, pas de salut ! Pourtant, Dora Moutot et son « femellisme », ce n’est ni plus ni moins que de l’essentialisme alors qu’il y a bien d’autres arguments politiques et féministes intéressants, mais voilà, sans wagons de followers Instagram, aucun intérêt n’est-ce pas ?!

Et au passage, Marguerite Stern ne la soutient pas vraiment, elles n’arrêtent pas de se mettre sur la tronche par RS interposés. Une polarisation des débats stérile et narcissique,  sachant que le propos des stars des RS et des médias est en général limité et caricatural.

  • Sans être essentialiste, et encore moins d’extrême-droite du tout, on peut très bien considérer qu’il y a des êtres humains femmes, hommes, femmes trans et hommes trans et que dans chacune de ces catégories il y a un large spectre d’individu.es. qui tous ont le droit de vivre comme elles et ils l’entendent.

Le problème des trans en réalité, c’est que pour opérer une transition de genre ou plus prosaïquement investir le sexe opposé à celui reconnu à la naissance, ils et elles sont gênés par des incontournables de nature biologique, notamment, auxquels ils doivent se confronter. Alors certains trans-activistes y vont aux forceps, c’est beaucoup plus facile de nier aux femmes des caractéristiques et spécificités, de les relativiser et d’imposer de manière dogmatique, à l’aide d’un lexique inventé de toute pièce et de menaces s’il le faut, des « réalités » aussi imaginaires soient-elles. Remarquez qu’ils et elles ne s’attaquent guère à la virilité, à la masculinité, aux hommes.

Non seulement faisant cela ils véhiculent les pires clichés qui soient sur le genre et les différences entre les sexes, mais ils tombent dans le grotesque quand ils affirment que lutter contre les mutilations génitales féminines (excision & infibulation) est transphobe, que parler de vagin est transphobe et qu’il faut plutôt parler de trou devant ou que sais-je encore.

Mais surtout, ils s’illusionnent eux-mêmes. Une femme trans ne sera jamais tout à fait un homme, un homme trans ne sera jamais tout à fait une femme, ils seront un homme trans, une femme trans, et alors ? Il n’y aurait pas de place pour tout le monde ? Pourquoi ? Qui décide ?

Le summum du culte du genre n’est-il pas justement là ?

Jamais l’article ne pose ce débat qui est pourtant central à la question trans.

  •  Les autrices de l’article écrivent que ceux qui critiquent les positions et méthodes des trans-activistes sont « tenants d’un féminisme essentialiste », ça c’est un mensonge et un tel parti pris est tout de même problématique. Il ne s’agit d’ailleurs pas de nier ou pas le ressenti, un ressenti est un ressenti, mais d’affirmer que la biologie est une science, l’étude du vivant et qu’elle ne peut être balayée d’un revers de main par une idéologie ou un ressenti. Ce n’est pourtant pas si compliqué que cela. Le reste n’est que manipulation rhétorique.
  • La question des mineurs est plutôt bien traitée, mais le phénomène d’entrainement, (de mode) amplifié par l’effet communautariste des RS n’est jamais traité. Tout le monde sait que les adolescents traversent des doutes quant à leur identité et dans tous les domaines d’ailleurs et que des années plus tard ils les ont réglés de bien d’autres manières que celles qu’ils envisageaient à l’époque. Parmi eux certains sont aussi très fragiles et pourraient bénéficier d’une aide psychologique.
  • Et surtout, la question cruciale et centrale au débat de l’augmentation exponentielle du nombre de transitions de filles n’est pas posée. Le raccourci opéré par celles qui sont désemparées par les transformations de leurs corps à la puberté, qui rejettent les stéréotypes sexuels, qui sont heurtées par le sexisme de la société et s’identifient alors aux garçons, encouragées par les RS, forums …  à expérimenter leur véritable orientation de genre, n’y serait pour rien ? Allons donc ! Quelle fille rêvant d’autonomie, de liberté et de puissance n’a pas rêvé enfant d’être un garçon pour se retrouver contente d’être une femme libre et accomplie des décennies plus tard ? Ce fut mon cas et j’en ai croisé bien d’autres !

En réalité, les personnes trans sont une minorité dans la minorité transgenre culturellement à la mode, le problème de fond est bien celui du phénomène d’entrainement social, cette « nouvelle » complaisance médiatique (poussée par la sociologie du genre substituée fort habillement aux études féministes), médicale (c’est un énorme business financier) et parentale (générations désorientées) pour des solutions qui n’en sont pas toujours et peuvent causer des dégâts irréparables.

Ceci est vrai de la question trans comme de beaucoup d’autres.

En conclusion : Il est vrai que l’on ne peut pas tout traiter dans un seul article, mais si l’article est plutôt équilibré, on a tout de même l’impression que les autrices ont oublié que la violence vient des trans-activistes qui ont interdit aux féministes de critiquer leurs théories fumeuses et misogynes, les ont traité de TERF et attaqué physiquement et pas l’inverse ; aussi les féministes pour se défendre (comme a été contrainte de le faire J.K. Rowling pour avoir simplement dit qu’une femme trans était une femme trans) ont dû monter au créneau. C’est trop facile de renvoyer les uns et les autres dos-à-dos.  

Lire mon témoignage féministe après des années de militantisme LGBT pour mieux savoir de quoi on parle : https://www.double-ponctuation.com/produit/fractures-le-feminisme-et-le-mouvement-lgbt-en-danger/

(Il y a d’autres écrits – sachant que l’on ne peut pas tout écrire, la période étant au wokisme et son corolaire la cancel-culture, les trans-activistes sont virulents, procéduriers et les éditeurs très frileux, ils craignent d’être dénoncés et stigmatisés, ce fut un peu le cas du mien qui avec mon accord, bien obligé, a censuré des pages entières du manuscrit d’origine).

Christine Le Doaré

https://www.franc-tireur.fr/genre-et-transidentite-un-debat-a-fleur-de-peau

Nous, sans les iraniennes #MeToo 5ème anniversaire

C’est le cinquième anniversaire de #MeToo, immense vague de libération de la parole des femmes victimes de violence sexuelles. L’affaire Weinstein est celle qui aura fait déborder un vase plein à ras bord et il aura suffi d’un hashtag pour que le monde s’embrase : #MeToo.  En 24 heures à peine, des millions de publications inondèrent les réseaux sociaux. Les révélations mises à jour dans cette affaire étaient énormes, tout le milieu du cinéma et bien au-delà, était touché. Plus personne ne pouvait nier qu’il s’agissait d’un système généralisé de harcèlement, de prédation et de violences sexuelles contre les femmes, toutes les femmes. Enfin, toutes prenaient la parole et osaient le dire publiquement, elles aussi avaient subi, subissaient, des violences sexuelles.

Depuis, des reproches se sont multipliés.  Les libérations peuvent générer des excès. Des femmes vont parfois trop loin en érigeant des tribunaux populaires, en accusant et condamnant sans respect des droits de la défense et en se substituant à la justice. Néanmoins, quel soulagement ! Enfin les femmes parlaient, enfin la société prenait conscience de l’ampleur du problème, enfin, l’impunité n’était plus la règle à laquelle des générations de femmes se sont heurtées. Aujourd’hui, les plaintes pour violences sexuelles sont en hausse, preuve que les femmes ne se tairont plus mais aussi que rien n’est terminé, les effets de siècles de domination ne disparaîtront pas en quelques années. Il faut continuer de lutter contre les violences sexuelles.

En tant que féministe je salue donc l’émergence de #MeToo et célèbre son cinquième anniversaire. En revanche, en tant que féministe universaliste, solidaire des femmes du monde entier, je déplore le manque de solidarité envers les iraniennes.

Les iraniennes vivent leur révolution. Elles sont enfermées dans un infernal apartheid sexuel, considérées comme des mineures, soumises à l’autorité paternelle ou maritale, elles doivent s’effacer dans l’espace public, contraintes de porter le hijab, leurs cheveux étant considérés comme une provocation. En ce moment, elles meurent, assassinées par les mollahs parce qu’elles veulent s’affranchir d’une obligation patriarcale religieuse ; elle ne veulent plus être contraintes de porter ce symbole de soumission dont le patriarcat les affuble. Peut-il exister pires violences ?

Où sont les mobilisations mondiales #MeToo pour les soutenir ?

Les féministes américaines de #MeToo ont été noyautées un temps par des islamistes comme Linda Sarsour ; les féministes occidentales sont rongées par l’idéologie intersectionnelle. En France, république laïque, les Frères musulmans et autres islamistes, poussent les femmes musulmanes à porter le voile dans l’espace public alors que leurs mères et grands-mères le délaissaient, et à revendiquer de le porter dans les services publics et établissements scolaires.

Les féministes intersectionnelles qui sont désormais les plus audibles et médiatisées, mettent sur le même plan l’absence de liberté des femmes ici, empêchées de se voiler dans le cadre du service public, et l’absence de liberté des femmes en Iran obligées sous peine de mort, de se voiler. Ce n’est pourtant absolument pas comparable. Le voile n’est pas en occident interdit dans l’espace public, mais dans une République laïque, il est interdit dans les services publics ; dans tous les cas, aucune femme n’est ici harcelée, emprisonnée ou tuée pour son voile ou absence de voile.

On voit à quel point cette rhétorique est absurde et pourtant, c’est bien elle qui est à l’origine du peu de mobilisation féministe en faveur des femmes iraniennes. Les mouvements féministes mainstream ne soutiennent les iraniennes que du bout des lèvres alors qu’il devrait y avoir une vague de mobilisation aussi gigantesque que celle du #MeToo d’il y a cinq ans.

#MeToo c’était formidable, mais c’est la parole des femmes du monde entier qui doit se libérer et être soutenue des féministes, la solidarité féministe ne devrait pas être à géométrie variable. Je doute que les iraniennes, les afghanes, etc. aient le temps ou l’envie de souhaiter un bon anniversaire à #MeToo

Christine Le Doaré

Afghanes, ne renonçons pas !

Je suis déçue par le reportage « Mariages forcés. Etre une fille sous les talibans » de Sara Daniel paru dans l’Obs cette semaine et je trouve ses conclusions très inquiétantes. Je ressens jusqu’au plus profond de mon être les souffrance vécues par ces petites filles vendues pour un mariage précoce et forcé, si mal défendues par les conclusions de ce reportage. J’avais lu de beaux reportage de l’auteure et je m’attendais à autre chose. Ces derniers temps, j’ai pu voir ça et là des propos similaires, c’est pour cela que je m’oppose à de telles conclusions qui je l’espère, ne se propageront pas dans l’opinion publique. La compassion (tout au moins compréhension) pour/envers les bourreaux est à la mode, cette conclusion n’est pas isolée. Des ONG, notamment vont dans ce sens. Des avocats des droits humains ne prennent pas toujours fait et cause pour les victimes quand ce sont des filles ou des femmes, bien loin de là. Les pères qui vendent ces fillettes, aussi désespérés soient-ils, sont leur bourreaux, tout autant que les hommes qui les achètent et les violent à peine pubère, en font leurs esclaves sexuelles et domestiques et les mettent enceintes bien trop jeunes. Ils font partie du problème, ils sont le problème. Traditions, traduisez débrouilles patriarcales. Nous ne devons pas nous habituer au sort des filles et femmes d’Afghanistan, encore moins comprendre que le pire sort imaginable, leur soit réservé.

Comme d’autres reportages que j’ai pu lire de l’auteure, c’est bien écrit, décrit, étayé … mais des manques, biais et la conclusion laissent un gout amer. Le récit est dur forcément, il faut se rendre à l’évidence, ce peuple au bord du gouffre, souffre de manière quasiment indicible et pourtant très bien retranscrite ici.

Je le sais, c’est plus facile à des milliers de kilomètres, d’avoir un avis tranché sur la question, mais c’est un peu comme si la manière d’appréhender les filles dans ce pays et de s’en servir (dans tous les sens du verbe) avait fini par imprégner la journaliste qui comprend cette fatalité jusqu’à écrire dans sa toute dernière phrase  » Rien n’est simple au pays des mariages d’enfants, et je comprends, impuissante devant l’immense détresse de ses gens, qu’il est le dernier espoir des déshérités de Shahrak-e-Sabz. « 

Comment une journaliste occidentale peut-elle admettre que vendre des petites filles soit le seul espoir d’un peuple ? Espoir de quoi ? D’avoir atteint le fond et pourtant essayer de creuser toujours plus profond ? La situation est telle dans le pays, peut-être aura t-elle été découragée ?

Nous apprenons dans la première partie de ce reportage que les trois quarts des afghans souhaitent quitter le pays, c’est immense, plus qu’une large majorité, et dans ce cas, on se demande tout de même pourquoi ils ne se s’organisent pas en vue de se révolter, ne serait-ce que pour empêcher le terrible sort fait à leurs filles, soeurs, femmes … Cette première partie finit sur la fatalité du mariage pour les femmes, hors mariage, hétérosexuel s’entend, pas de salut, une afghane se marie ou n’existe plus. Et celles qui ne le veulent ou ne peuvent pas ? Rien, pas un mot. La compassion n’est pas pour tout le monde. Mais bon, plutôt banal pourrait-on me rétorquer. C’est la seconde partie sur les petites filles vendues et mariées, dés qu’elles ont quelques mois pour certaines, qui me heurte. Le sort de ces fillettes est horrible, il est très bien décrit dans le reportage sur ce point irréprochable. Ce qui me dérange c’est ce qui manque. Quand la reporter explique qu’une petite fille vendue reste ( le plus souvent) dans sa famille jusqu’à la puberté puis rejoindra son propriétaire, cela veut dire qu’à l’âge de 10, 11 ans des petites filles sont violées et que les parents, disons plutôt les pères qui les vendent, comme tout afghan, le sait. Ne pas le dire clairement, me glace.

Dans les contrées reculées, très pauvres, recourir « au moyen traditionnel pour s’acquitter d’une aide », c’est à dire vendre sa petite fille, redevient malgré l’interdiction des talibans (de pure forme), une pratique généralisée. Les traditions sont de tous temps et dans tous les pays les vecteurs les plus efficaces de l’oppression des femmes. S’il en fallait la preuve … La reporter ne commente pas le fait que se sont les filles qui sont vendues, uniquement les filles, pas les garçons ; leur sort n’est pas forcément plus enviable mais c’est différent et ce n’est pas leur intégrité qui est violée. Les garçons ce serait un scandale, pourquoi, parce que les filles sont des marchandises dont on dispose à sa guise. Elles sont vendues, mariées, violées pour nourrir qui au juste ? C’est qui la famille à nourrir ? Surtout le père, les frères … toutes les filles, elles, sont vendues et ont payé d’avance leur nourriture. La mère n’a pas son mot à dire.

Ce qui est bien décrit ce sont les risque encourus par ces petites filles lors des grossesses précoces : « accouchements compliqués, violences conjugales, familiales … » et bien sur toute stérilité vaut répudiation. Mais là encore, il n’est jamais fait état des violences sexuelles. Il est donc banal et dans l’ordre des choses pour une enfant d’être pénétrée par un homme adulte ? Ecrire : « Depuis elle est stérile, ce qui peut avoir des conséquences … dans cette région qui n’est jamais clémente pour les femmes ». « Clémente » ? Non, ce n’est pas le mot qui convient, cette région est tout simplement un enfer pour les femmes.

L’horreur de ce que vivent ces enfants vendues pour être mariées dès leur plus jeune âge, devrait conduire tout être humain digne de ce nom à se révolter et non à revenir ou maintenir des traditions misogynes ni contourner la loi, car cette pratique est interdite en Afghanistan. Essayer de les comprendre, l’admettre, ce n’est en aucune aider ces fillettes, c’est se coucher devant la fatalité et ce que le patriarcat produit de pire dans ce monde.

Quand je vois la photo de ce père qui tient par devant lui, sa fillette vendue et qu’il voue à être violée et re-violée et peut-être en mourir en couche, je ne ressens aucune compassion pour lui, qu’il aille vendre des ordures au Pakistan ou je ne sais où mais qu’il laisse sa fille tranquille. Et pour finir, les reporters face aux malades qui vivent un cauchemar sans nom, interviennent pour adoucir les souffrances d’un homme qui a vendu sa fille, puisque dans ce village, ils ont tous vendu leur fille, et qu’elles emmènent à l’hôpital. Un homme, pas une femme ou un enfant. Pourquoi lui plutôt qu’un autre ? On ne saura pas, de toute façon, cela ressemble à vider un océan à la petite cuillère … Mais ce n’est pas le plus dérangeant, loin de là. Le coup de grâce, c’est cette dernière phrase : « Rien n’est simple au pays des mariages d’enfants, et je comprends, impuissante devant l’immense détresse de ses gens, qu’il est le dernier espoir des déshérités de Shahrak-e-Sabz. » Impuissante, oui bien sûr, incontestablement. Mais comprendre que le mariage forcé et précoce des fillettes serait  » le dernier espoir face à la détresse des gens » ! Au secours !

Les fillettes afghanes ne liront heureusement pas ce reportage pourtant très beau par bien des aspects, mais auquel manque selon moi une analyse, perspective et conviction féministes. C’est préjudiciable, parce qu’un humanisme sans un regard féminisme universaliste, c’est-à-dire qui n’admet jamais le sort terrible fait aux filles et aux femmes, c’est quoi ? Un relativisme culturel, ni plus, ni moins. C’est l’Obs pourrait-on encore me rétorquer. Certes.

Pourtant, il faut le répéter encore et encore, jamais, nulle part, rien ne peut justifier de vendre pour la marier une petite fille. On se laisse mourir ou on se révolte. Sortir des hommes de la détresse, à ce prix-là, moi je m’en fiche. Hors de question d’accepter que leur sacrifice à elles, puisse constituer une solution ou un espoir, et il ne faudrait pas qu’une telle croyance se répande dans l’opinion publique. Comprendre, admettre que des fillettes soient sacrifiées, l’accepter, même pour la survie du plus grand nombre et disons-le clairement, des hommes, c’est renoncer à les défendre, c’est sceller leur terrible sort. Le prix est bien trop élevé, c’est celui du viol et de l’esclavage de milliers de fillettes. Le seul et dernier espoir des afghans, c’est de se révolter et de renverser ceux qui les oppriment et sinon, qu’ils meurent mais qu’ils laissent leur fillettes en paix.

Elles, méritent notre engagement, pas notre renonciation et il vaut mieux que les reporters qui couvrent ces sujets aient une boussole féministe universaliste en bon état de marche dans la tête.Les Afghans n’ont qu’à se prendre en mains et se bâtir un avenir, ils en sont parfaitement capables s’ils le veulent.

Christine Le Doaré

« Mariages forcés. Etre une fille sous les talibans » Sara Daniel L’Obs https://www.nouvelobs.com/monde/20220803.OBS61651/comme-vivre-dans-une-prison-aux-1001-regles-etre-une-fille-sous-les-talibans.html

Pour un 8 mars féministe, non à la guerre en Ukraine !

L’armée ukrainienne est composée à 17% de femmes, Iryna Tsvila a été tuée dans la bataille de Kiev
alors qu’elle tentait de freiner l’avancée des chars russes.

Bientôt le 8 mars 2022, Journée Internationale de lutte pour les droits des femmes. Dans le contexte de guerre en Ukraine, cette journée prend une tournure toute particulière.

Tout d’abord, rappelons que le 8 mars c’est toute l’année. Sur le terrain, dans les entreprises, administrations, ministères et partout, des militantes oeuvrent toute l’année pour l’émancipation des femmes et l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. Le 8 mars c’est seulement la journée pour tirer des bilans et mettre nos luttes en lumière et en perspective. Où en sommes-nous en France et partout dans le monde ? Que reste-t-il à accomplir ? Quelles sont les priorités ?

En tant que féministes, la priorité des priorités cette année, c’est selon moi, d’unir nos voix pour mettre un terme à la guerre en Ukraine que Poutine vient d’envahir. L’autocrate viriliste, mégalomaniaque et paranoïaque, est conscient que son pays est en déclin (pouvoir d’achat environ à la soixantième place mondiale), alors pour se maintenir au pouvoir, il entraîne toute sa population dans une chimérique reconquête de l’URSS et tant qu’il y est, de la grande Russie tsariste. Poutine est allé jusqu’à mettre la force dissuasive russe, c’est-à-dire nucléaire, en alerte. C’est dire sa détermination et le niveau de sa belliqueuse démence.

Beaucoup d’Ukrainiennes et Ukrainiens ont fait le choix de rester et de résister, à l’instar de leur président. Leur courage force le respect. Désormais la terreur s’abat sur eux et il est à craindre que les femmes soient victimes d’exactions et de violences sexuelles, comme c’est le cas dans toute guerre.  L’armée russe, mais aussi l’armée du Tchétchène Kadyrov, la Force Wagner milice de moins en moins secrète au service des basses œuvres du Kremlin, sont à la manoeuvre. L’armée ukrainienne est composée à dix-huit pour cent de femmes. Des femmes vont donc aussi mourir en défendant leur pays.

Heureusement, l’Europe a présenté un front uni comme jamais, de lourdes sanctions économiques pèsent sur la Russie, des armes ont été financées et livrées, une aide humanitaire et une assistance aux réfugiés ont été mis en œuvre, des médias russes ont été interdits … En compromettant la paix et la stabilité de l’Europe, Poutine a provoqué une prise de conscience des principaux pays européens : l’Union n’a pas d’autres choix que de devenir puissante sous peine d’être réduite au silence par de superpuissances mégalomaniaques. Des pays de l’est ont même demandé à rejoindre l’OTAN qui était quasi moribonde.

Même en Russie, des opposants ont réussi à faire entendre leurs voix avec une lettre ouverte de scientifiques, des manifestations dans les grandes villes, des démissions en série dans les milieux culturels et intellectuels. Les féministes ne sont pas en reste et la résistance féministe anti-guerre s’organise en Russie : plus de cinq mille activistes sont réuni.es dans une chaîne tg et ont établi un Manifeste. Ces groupes participent aux manifestations d’opposition à la guerre à Moscou, Saint-Pétersbourg, Novosibirsk et Kazan. Elles bravent un régime totalitaire, les féministes françaises doivent être à leurs côtés.  

Des soutiens, l’autocrate n’en manque pourtant pas, d’autres pays de l’Est se sont alignés comme la Biélorussie par exemple. Et même en France, à droite comme à gauche, nombreux sont ceux qui ne cillent pas devant une Russie qui vise délibérément des civils Ukrainiens, envoie sa police arrêter les opposants russes à la guerre, musèle les médias de son pays, et dont les services secrets mènent une cyberguerre à nos démocraties. Ceci devrait nous inciter à comprendre que s’attaquer aux seuls identitaires, comme le font le plus souvent les universalistes, est insuffisant, les souverainistes aussi représentent un sérieux danger.

A l’occasion du 8 mars, sont proposés désormais tout un tas d’évènements plus ou moins convaincants. A Paris, est prévue une manifestation dont nous ne savons pas grand-chose si ce n’est qu’elle a le soutien de partis et syndicats d’extrême-gauche. Une grève est également organisée. En tant que féministe universaliste je ne suis pas certaine de me retrouver dans ces mobilisations. Quel peut bien être le sens d’appeler les femmes à une grève pour :

  • « Affirmer notre solidarité avec les femmes du monde entier » ? Une solidarité ça s’exerce, pas besoin d’une grève !
  •  « L’allongement des délais pour l’IVG » alors qu’ils viennent juste d’être allongés ?
  • « Lutter contre les violences sexistes et sexuelles ; l’égalité salariale et professionnelle », sans même faire le point sur les dernières mesures adoptées, les évaluer … pour revendiquer des mesures précises ?

« Ne nous libérez pas on s’en charge », mais faire grève pour exiger d’être libérées ? J’ai du mal à suivre cette logique pétrie de contradictions. Bien entendu en tant que féministes, le 8 mars, il nous faut continuer d’agir pour l’émancipation et l’égalité en France. Tout n’est pas gagné pour les femmes en occident loin de là. Dans bien des domaines, il faut continuer de se battre : santé, travail, etc. et surtout, le harcèlement de rue, les agressions, les violences sexistes et sexuelles qui sont toujours massives.

Mais pour ce 8 mars 2022, la priorité des féministes devrait être selon de moi de soutenir les Ukrainiennes et Ukrainiens plongé.es en pleine tourmente, et surtout tenter de prévenir toute violence à l’encontre des femmes Ukrainiennes. A court terme, nous devrions aussi nous engager pour un renforcement de l’Europe qui seule pourra nous protéger de tels conflits à l’avenir.

Au plan des droits des femmes, nous devons soutenir les initiatives de solidarité internationale envers les femmes qui dans nombre de pays subissent des discriminations et des violences inacceptables, au premier chef les Afghanes que ce nouveau front Ukrainien, ne doit pas nous faire oublier. Une action d’envergure est prévue à Bruxelles pour soutenir les femmes afghanes.

Nous devons également intensifier nos efforts contre tous les intégrismes, dont l’islamisme qui dans une logique séparatiste et communautaire fait peser sur des femmes musulmanes des diktats sexistes aux conséquences dramatiques. Bien sûr le voilement, l’enfermement communautaire, les mariages forcés, et les violences exercées sur les jeunes filles dans les quartiers, comme vient de nous le rappeler le jugement par trop clément des agresseurs sexuels de Shaïna, retrouvée morte, poignardée puis brûlée vive.

Ce n’est pas le travail qui manque. Je ne suis pas de ceux qui accusent les féministes de ne pas en faire assez, comme sont si prompts à le faire ce qui ne font rien en matière de droits des femmes, mais le mouvement mainstream devra se recentrer et établir des priorités pour venir à bout des pires violences contre les femmes.

8 mars 2022 NON A LA GUERRE EN UKRAINE !

Force et courage aux féministes universalistes.

Christine Le Doaré

Photo : L’armée ukrainienne est composée à 17% de femmes, Iryna Tsvila a été tuée dans la bataille de Kiev alors qu’elle tentait de freiner l’avancée des chars russes.

Les féministes russes mobilisées :

https://jacobinmag.com/2022/02/russian-feminist-antiwar-resistance-ukraine-putin?fbclid=IwAR1wvHEJqQsh_isdhxeA0sagEH4sFlfyTLdM02GCXqbA7_ETiNQeM4dGa3I

Les féministes russes mobilisé.e.s

Féminisme-LOVE

Un petit cadeau de Sainte-Valentine pour marquer le coup. Je vous offre une formation accélérée en Féminisme-LOVE. Ce féminisme doudou, qui plaît tant, et rafle tous les suffrages. Trop de succès pour être crédible ? Mais non, mais non, allez, lancez-vous, vous le valez bien vous aussi ! Je vous offre le mode d’emploi, vous allez voir, c’est facile.

Il y a plusieurs techniques éprouvées mais le mieux encore, c’est d’écrire un livre ou une pièce et de dire sans ciller :

1. Il ne faut pas faire la guerre aux hommes, ils ne méritent pas ça. L’idée générale, c’est de faire comme si vous ne saviez pas que seules les femmes sont mariées de force, excisées, violées, prostituées, assassinées … Ne vous demandez pas de quelle guerre il peut bien s’agir, faites comme si vous saviez.

Globaliser, chercher à se venger, bafouer la présomption d’innocence, sont à l’évidence des erreurs néfastes et contreproductives, nous sommes bien d’accord la-dessus. En se concentrant tous sur les violences pour les réduire, il y a fort à parier que moins de femmes victimes désespérées tomberaient dans l’excès et useraient de ces formes de justice expéditive. Certes, mais faut savoir ce que vous voulez, alors ne le rappelez pas. Faîtes comme si, avant de sauver les femmes des tous les dangers qui pourrissent leur vie, il faut aimer très fort les hommes. Oui, je sais bien, ils le sont aimés, c’est tant mieux d’ailleurs et il n’y a aucun risque que cela change de sitôt, mais vous devez vous convaincre qu’aimer les hommes est l’enjeu actuel prioritaire de notre civilisation. Si vous n’y arrivez pas, lisez Todd ça vous aidera.

2. Ensuite, vous dites : les femmes et les hommes doivent lutter ensemble, c’est ça le féminisme universaliste.

Vous savez parfaitement que le féminisme universaliste, c’est bien autre chose : c’est notamment un féminisme de solidarité avec les femmes du monde entier et qui ne donne pas prise à aucun relativisme culturel, etc. Aucune importance, personne ne va entrer dans les détails.

Vous avez déjà entendu dire que si les hommes doivent s’impliquer, ce sont bien les femmes qui arrachent peu à peu leurs droits et libertés. Affaire de rapports de force en somme. Aussi, tant que le système patriarcal ne sera pas de l’histoire ancienne, les féministes attendent des hommes pro-féministes, qu’ils ne parlent surtout pas en leur nom ou à leur place, mais mettent en valeur leurs luttes et travaux. Eux, doivent travailler sur la virilité toxique, convaincre d’autres hommes, ne pas chercher à gagner des « bénéfices secondaires » en s’engageant. Ils devraient aussi avoir la décence de ne pas adouber des féministes qu’ils sélectionnent parce qu’elles n’égratignent pas trop la domination masculine, leur égo, … Stop, surtout, ne dites pas ça. Vous seriez immédiatement grillées. Le Féminisme-LOVE tolère assez mal les féministes avisées et lucides. Le féminisme universaliste, vous l’incarnez, puisqu’ils vous l’ont dit. Il n’y a guère de féministes universalistes derrière vous, aucune importance. Vous n’y connaissez pas grand-chose au féminisme, son histoire, ses luttes, mais vous, avez une cour, des groupies et raflez tous les prix. C’est l’essentiel.

En résumé, rien de bien compliqué. Vous vous en tenez à ces deux idées.

Bien sûr il est permis de douter que ce « féminisme universaliste » ne vienne à bout du système patriarcal, pas plus que ne le feront les néo-féminismes. Mais ne vous engagez surtout pas sur ce terrain glissant.

Vous vous dites malgré tout que ce féminisme pourrait contribuez à renforcer les néo-féminismes parce qu’il délaisse nombre de discriminations et violences qui frappent tjrs les femmes occidentales. Il se focalise sur communautarisme, voile … et l’anti-wokisme, ce mouvement sectaire qu’il faut bien sûr combattre, mais négliger tout le reste n’est-ce pas envoyer des femmes vers les néo-féminismes ?

Si vous continuez à douter, vous allez avoir du mal à passer au niveau 2. Concentrez-vous et apprenez les points 1 et 2 par cœur. Avec un peu de chance et de persévérance, et si vous occupez déjà une position plus ou moins publique ou dans les médias par exemple, vous verrez, vous n’allez pas tarder à me remercier. Mais je vous en dispense, c’est cadeau ! Ce n’est pas tous les jours la fête de SaintTrucRosesDuKenya et je tenais à marquer le coup.

#FéminismeLOVE

Christine Le Doaré

Les nouveaux habits de la GPA

Lien en bas de page sur le débat GPA. Invitées par Terres De Progres avec Sylvie Mennesson, favorable, opposée à et Christine Le Doaré, défavorable. Un débat Zoom désormais disponible sur YouTube.

Pour contourner la biologie de plus en plus de couples gays ou hétérosexuels ont recours à la génétique. Désormais la GPA (gestation pour autrui) ne se pratique plus par insémination mais avec des transferts d’embryons, après fécondation in vitro.  Il y a donc des donneuses d’ovocytes ( les ovocytes sont prélevés par ponction transvaginale) et des gestatrices qui elles, vont porter l’enfant commandité. Les donneuses d’ovocytes peuvent être la mère d’intention ou pas. Le processus de reproduction est ultra divisé, de moins en moins biologique, de plus en plus génétique.

Même si des couples hétérosexuels sont concernés par la GPA, la revendication politique est essentiellement portée par le mouvement LGBT avec quelques personnalités hétérosexuelles très médiatisées, comme le couple Mennesson.

Force est de reconnaitre que dans les pays émergents, cette pratique relève de l’exploitation la plus sordide, la solution consisterait donc pour le lobby pro-GPA à légiférer en France, pour ne pas avoir à conclure des contrats dans les pays où la pratique est montrée du doigt.

Comme il a été démontré qu’un encadrement règlementaire en France ne changerait rien au fait qu’il s’agit toujours de segmentation génétique à outrance du processus reproductif, d’une forme d’eugénisme et de marchandisation des corps des femmes, le terme de GPA éthique a été mis en avant.

Projet de société

La GPA ne devrait pas être affaire de choix individuel mais de projet de société.  

Argument philosophique

Tout d’abord, ne faut-il pas valoriser la résilience ?  Nous ne réaliserons pas tous, tout ce que peut nous offrir la vie. Avoir des enfants est une possibilité, pas une certitude, et ce ne devrait pas être une fin en soi. Il y a bien des manières de se réaliser dans la vie. On peut aussi adopter ou s’occuper d’enfants et de bien des façons, notamment en les parrainant ou adoptant.  Résilience donc et non pas désir, attente, cadeau des fées, ces mots souvent employés par les promotteurs de la GPA.

Argument féministe

Longtemps, des femmes n’ont eu d’autres choix que de se réaliser dans la maternité. Encore de nos jours, être une femme sans enfant reste suspect. Beaucoup de femmes sont élevées dans le don d’elles-mêmes et la générosité. Si on écoutait les partisans de la GPA, l’altruisme serait un caractère génétique féminin.  Exploiter la capacité reproductrice des femmes n’est que pure essentialisation, et n’a rien de féministe.

Un argument est souvent utilisé, celui de la liberté et de l’exercice de la volonté des femmes gestatrices, consentantes pour s’engager dans une GPA. Il y a en effet des femmes qui consentent à la GPA.

Mais soyons honnêtes, c’est parce qu’elles sont :

  • soit embrigadées dans de sordides usines à bébés en Inde, en Ukraine, … où  il s’agit de profiter de la misère et de la vulnérabilité des plus faibles. En Ukraine, des cliniques proposent des promotions dans le cadre du Black Friday : entre 1 200 et 1 500 euros de réduction. En  Iran, des femmes sont candidates à la GPA, elles subissent des pressions pour aider leur famille à les sortir de la pauvreté, 4,000$ pour porter un embryon neuf mois. Quand on sait à quel point leurs vies sont hypothéquées sans cela!
  • soit motivées par une rondellette somme d’argent qui tombe à point, par exemple dans les familles moyennes américaines, entre l’achat de la seconde voiture et de la piscine.

« … le moyen le meilleur et le plus économiquement rentable de gérer les femmes, aux fins de la reproduction, et d’une manière générale, était de confier cette tâche aux femmes elles-mêmes. (…) aucun empire imposé par la force ou par d’autres moyens n’a failli à cette caractéristique : faire diriger les indigènes par des membres de leur propre groupe » La Servante écarlate, Margaret Atwood.

Pourtant, il a y a même des sociologues pour expliquer que la GPA permettrait aux femmes de s’émanciper. Je rappelle à toutes fins utiles les fondamentaux principaux du féminisme : s’affranchir de l’appropriation de nos corps et de nos vies.

Dans tous les cas, l’argument de la liberté de choix pourrait-il être suffisant pour que cette pratique soit autorisée en France ? On peut toujours trouver des gens voulant vendre un organe pour survivre. Aux USA, rien n’interdit aux plus pauvres de vendre leur sang plusieurs fois par semaine. Ce sont des femmes volontaires qui au nom des traditions pratiquent l’excision sur des fillettes … La même rhétorique de la liberté de choix est utilisée en matière de prostitution, un autre domaine de la mise à disposition du corps des femmes. En réalité, les seuls droits pour lesquels les femmes n’ont jamais eu à se battre c’est bien de faire des enfants ou de se prostituer. Encore et toujours l’instrumentalisation, l’exploitation et la marchandisation des corps et vies des femmes.

Argument éthique et politique

Peut-on accepter que l’enfant devienne une marchandise, un bien de consommation comme un autre, dans une logique toute capitaliste ? Le corps humain, la capacité reproductrive des femmes, deviendraient des ressources commercialisables ? Faut-il valider la négation du biologique au profit du tout génétique et d’une division à outrance du processus de procréation ? Faut-il aussi un code du travail en la matière ? Revoir le droit des affaires ? Au salon «Men having babies» de Bruxelles, sont proposées des  «Réduction fratrie» : si un couple recourt simultanément à deux « mères porteuses », il bénéficie d’une importante réduction. Des soldes quoi ! Au moins, on ne peut pas les taxer d’hypocrisie, la marchandisation est clairement assumée.

Quand les pro-GPA parlent de GPA, ils nous sortent tout un tas d’études pour le moins discutables. Ils ne nous parlent jamais des études qui mettent en exergue les problèmes. 2016 (A.WHITTAKER, International Surrogacy as Disruptive Industry in Southeast Asia ; New Jersey, Rutgers University Press, 2019) qui révèle que dans 80 % des inséminations réalisées aux États-Unis deux embryons ou plus sont transférés car moins de 20 % des commanditaires font le choix d’une grossesse unique.  Et tant pis si les femmes encourent les risques d’une grossesse gémélaire. On nous parle aussi rarement des trop nombreux prélèvements d’ovules sur des « donneuses » qui occasionnent des dommages sur leur santé. Les questions d’une rémunération différenciée selon l’ethnie des donneuses, leurs caractéristiques physiques, le choix de la donneuse sur catalogue, le choix du sexe de l’enfant, … toutes ces discriminations sont aussi documentées mais ils n’en font pas état.

Qu’implique pour une femme au plan personnel, le fait de s’engager dans une GPA ?

Ne parlons même pas de ces pays où les femmes qui s’engagent dans une GPA sont des esclaves enfermées dans des cliniques usines de production, mais de la GPA aux Etats-Unis par exemple.

Le contrat : Le contrat aliène toute liberté d’action et de disposition de soi de la mère porteuse « toute tentative de renégociation peut être considéré comme un acte criminel ». Le contrat est privatif de liberté, il impose un comportement stricte à respecter en matière de traitement, d’accouchement, … Il impose également à la gestatrice et à son conjoint une abstinence sexuelle. Il limite les déplacements de la gestatrice, lui impose un régime alimentaire. Il prévoie également un dédommagement en cas de perte d’un ovaire ou d’hystérectomie. Il faut lire ces contrats pour comprendre vraiment de quoi il retourne.

La santé : Toute grossesse présente des risques, n’est jamais anodine. Le corps subit des changements, parfois iréversibles. LA GPA implique des traitements lourds, une préparation et comme pour toute grossesse, de récupérer. Ce n’est pas 9 mois de la vie d’une femme qui sont mis entre parenthèse, mais au minimum 13 mois, voire plus.

Ensuite, il peut y avoir des complications : comme pour tout traitement hormononal de longue durée, un risque de perte d’organe (ovaire, utérus), de dépression, d’hémorragie post-partum, de diabète gestationnel …  et bien entendu, un risque de mort également.

Et après l’accouchement, quelles seront à long terme les conséquences de l’abandon d’un enfant, ce même s’il a été conçu pour d’autres ? Peut-on être indifférente après avoir porté un enfant en soi, et pendant des mois ? La parade selon les partisans de la GPA a été trouvée depuis qu’il n’y a plus de lien génétique avec l’enfant de peur que la gestatrice ne s’attache. Il y a donc les donneuses d’ovocytes, les embryons, les porteuses dans lesquelles on implante un embryon étranger. Le corps sectionné, instrumentalisé. La biologie contournée, la génétique est toute puissante avec une division à outrance du processus de procréation. 

Et les enfants ? Les enfants qui feront des recherches sur leurs origines, devront chercher une mère génétique, une mère porteuse et ils ont aussi une mère commanditaire. Le professeur René Frydman, dans GPA ou l’abandon sur ordonnance explique que le nouveau-né séparé à la naissance de celle qui l’a porté perd tout repère, ce qui provoque une détresse psychique qui pourra s’exprimer à tout moment de sa vie au travers de divers maux : dépressions, angoisses, somatisations, envies suicidaires.

De toute façon, les  études peuvent être mises en doute à partir du moment où les femmes ont signé un contrat et reçu une somme d’argent. Ont-elles le droit de se plaindre ? Pourtant, il y a un contentieux et qui prend de l’ampleur, car il arrive que des femmes ne remettent pas l’enfant comme prévu. Bien entendu, le lobby pro-GPA n’en fait pas grande publicité.

Au plan social : quelle femme peut se permettre de mettre plus d’une année de sa vie entre parenthèse ? Déja dans le monde du travail, les femmes sont pénalisées lorsqu’elles s’arrêtent pour raison de maternité.

Que serait rééllement une GPA Ethique ?

Une forme de GPA éthique a toujours existé, entre proches, dans les familles, une sœur pour une autre, une cousine, une amie très proche, par pur altruisme, très discrètement et sans donner lieu à une quelconque rémunération ni officialisation. C’est un phénomène très marginal  et il n’y a aucun besoin de légiférer pour ces cas exceptionnels. Dans ces cas, je veux bien parler de GPA ethique. Mais sinon, ce terme n’a aucun sens. Quelle femme, par pur altruisme va mettre sa vie entre parenthèse avec les traitements et risques inhérents pour mettre un enfant au monde et pour ensuite l’abandonner à d’autres ? Si ce n’est pour l’argent. Et même si certaines s’y adonnent avec plus de détachement que d’autres. Et d’ailleurs, admettons qu’une poignée de femmes soit disposée à le faire, ça prouve quoi ? Faut-il légiférer à chaque fois que quelques personnes désirent quelque chose ?

La GPA est un vaste marché, très prospère. Chercher à le réglementer de manière éthique est illusoire. Le nombre de femmes qui consentiraient à pratiquer une GPA sans être rémunérées serait dérisoire, aucun besoin de légiférer pour ça. Adopter un cadre restrictif en France n’empêcherait en rien des personnes de contracter des GPA a l’étranger.

La GPA c’est aussi un marché de l’eugénisme. Aux USA on conçoit de « meilleurs bébés » (𝑑𝑒𝑠𝑖𝑔𝑛 𝑏𝑒𝑡𝑡𝑒𝑟 𝑏𝑎𝑏𝑖𝑒𝑠), idéalement conformes aux désirs des commanditaires. Les cliniques américaines désormais pratiquent « l’annulation de cycle » quand après des mois de traitement hormonaux lourds, l’insémination est annulée parce que le sexe de l’embryon n’est pas celui attendu par les commanditaires. Je paye ma commande et elle doit être conforme à mon désir !

Au Canada,  au Royaume-Uni, présentés comme des modèles par les partisans français de la GPA, les porteuses reçoivent bel et bien un paiement. On peut l’appeler dédommagement, c’est un paiement.

La GPA n’est pas du tout affaire de parentalité sociale, c’est une parentalité génétique où il s’agit non seulement de reproduire ses gènes grâce à une hyper division du processus procréatif mais aussi de choisir un bébé parfait sur catalogue ; la seule parentalité sociale sans aucun lien biologique, ce serait l’adoption. Pourtant, qui se bat pour que soit adoptés plus facilement les enfants qui attendent désespérement dans les structures de l’aide sociale à l’enfance ?

Parlons du langage, des termes imposés pour parler de GPA.  Un langage qui déshumanise ce dont on parle réellement. Quand on remplace volontairement les mots, femmes, mères, par donneuse de vie ou gestatrice, on déshumanise les femmes et c’est volontaire. Un peu comme pour la prostitution quand on parle de « travailleuses du sexe », comme s’il existait un droit du travail – du sexe ! C’est tout de même très cynique.

La loi française.

La GPA est Interdite en France. La cour de cassation ne statue pas sur la légalité des contrats passés sous l’égide de lois étrangères, elle ne statue que sur l’état civil des enfants parce qu’aucun enfant ne doit être sanctionné pour les errements de ses parents.

Qui pourrait s’opposer à la régularisation de ces enfants en France ? Comment accepter qu’ils soient pénalisés pour les actes de leurs parents ? Personne. Il faut donc le dire clairement, la régularisation des enfants issus de contrats passés à l’étranger est un chantage.

Les conclusions de l’arrêt d’octobre 2019 affaire Mennesson ont été étendues à tous les actes de naissance délivrés légalement dans des pays étrangers. Le juge français n’est pas le juge de la légalité du droit d’autres pays que la France et la France s’était engagée à protéger tous les enfants. Un automatisme qui permet de régulariser les effets de contrats commerciaux conclus à l’étranger, des contrats d’achat et de vente d’enfants.

Alors qu’en matière de polygamie par exemple, les mariages successifs conclus à l’étranger n’octroient aucun droit en France aux épouses suivant la première.

Si un texte était pris en France pour établir précisément que la France ne reconnaît pas les états civils établis légalement à l’étranger à la suite d’une conception dont les modalités sont illégales en France, ce chantage ne serait plus possible. Mais ce ne sera pas demain la veille, le droit européen va harmoniser le statut des parents LGBT en Europe. Quand on est parent dans un pays européen, on le sera dans tous les autres. Si un enfant est le produit d’une GPA légale dans un pays européen, tous les pays devront reconnaitre son statut. Il ne sera plus nécessaire de procéder une régularisation en France. Cette disposition sera prochainement adoptée via le Rainbow family Rights.

En conclusion

Dans quelle société voulons-nous vivre ? Doit-on au nom de la primauté du droit subjectif des individus, autoriser une pratique eugéniste ? Doit-on donner raison à ceux qui contre toute évidence, comme Élisabeth Badinter dès 2013, parlent de GPA éthique pour masquer la génétique toute puissante et eugéniste de la GPA ?  Je ne le pense pas.

Je conseille notamment la lecture de Céline Revel-Dumas sur ce sujet. Il faut aussi lire le roman de Sofi Oksanen : »Le parc à chiens » chez Stock.

Christine Le Doaré

Débat sur la GPA. Invitées par

@TerresDeProgres Sylvie Mennesson, favorable, opposée à Christine Le Doaré, défavorable. Un débat Zoom désormais disponible sur YouTube. #GPA A voir ici

Flèche vers la droite avec pointe vers le bas

A Marguerite et aux autres

J’ai posté un statut facebook qui a déclenché une intéressante discussion. A cette occasion, j’ai réalisé qu’il y avait un besoin d’échanger sur cette question.

Cela commençait comme ça : j’essaye, mais je n’arrive pas à comprendre la folie de ce monde dans lequel nous sommes désormais plongé.es. Un monde dans lequel une jeune femme comme Marguerite Stern, ex-Femen qui a lancé ces fameux collages féministes, notamment contre les féminicides, craque face à des adversaires haineux, comme si elle était seule au monde.

Elle vient d’annoncer sur Twitter, faire un séjour en hôpital psychiatrique à cause du harcèlement qu’elle subit sur les réseaux sociaux (RS) depuis deux ans, pour ses positions féministes.

Lire cette information sur Twitter m’a peinée et inquiétée, mais m’a aussi donné l’impression qu’elle se pensait réellement seule au monde et n’imaginait pas que d’autres avaient déjà défendu les mêmes idées qu’elle et continuaient de le faire.

Ces jeunes femmes partent en guerre et s’exposent sur les RS jusqu’à l’épuisement, le craquage. Elles semblent croire qu’elles partent de zéro, doivent tout inventer et que personne ne s’est battu ni ne se bat encore, quasiment chaque jour, contre tout ce qui les révolte elles aussi, depuis que le féminisme et les luttes queer-LGBTQI ont dérapé.

Le mouvement queer, si cool en apparence est en réalité, souvent sectaire voire violent, avec des trans-activistes haineux qui vous traitent de TERF, des pro-prostitution qui vous diffament, insultent, menacent, et même de mort.

Pourquoi cette solitude alors que nous sommes un certain nombre à nous être battues, exposées pendant des années, dans nos vies quotidiennes, en vrai et pas virtuellement sur les RS où l’on peut choisir d’apparaître ou pas, de sélectionner son auditoire, de bloquer ses agresseurs … et nous continuons de le faire pour certaines d’entre nous.

Nous, ne faisons pas comme si nous étions seules au monde à porter ces luttes sur nos épaules, nous avons toujours su qu’il y avait d’autres femmes, partout dans le monde, qui pensaient, écrivaient, agissaient, se battaient comme nous, et que nous deviendrions de plus en plus nombreuses,  que nos voix finiraient par porter.

Les mutations et dérives du féminisme et du mouvement LGBT vers l’intersectionnalité, le relativisme culturel ne datent pas d’hier.

La place prépondérante prise par les questions trans posent problème depuis plus d’une bonne décennie. Nos luttes contre le système prostitueur avant le vote de la loi d’abolition prostitution furent difficiles, nous fûmes constamment confrontées à une immense violence de la part du STRASS et de groupes LGBT. Nous dénonçons en tant que féministes universalistes, le patriarcat religieux et son emprise sur les corps et vies des femmes depuis longtemps ; cela passait fort bien quand il s’agissait de l’église catholique, mais avec l’islam, cela nous vaut d’être ostracisées, diffamées, insultées, accusées de racisme.

Je viens d’écrire un livre témoignage et d’analyse sur l’évolution des mouvements féministe et LGBT durant ces trente dernières années.(1) J’ai du mal à les imaginer l’ouvrir ce livre, pourtant, elles comprendraient alors qu’elles ne sont ni les premières ni les seules à affronter les mêmes adversaires, qu’elles ne sont pas plus en danger que nous l’étions et le sommes encore. Au contraire, les prises de position universalistes recommencent à avoir et de plus en plus, d’écho.  

J’ai lu le long interview de Marguerite Stern dans l’Express, mis à part ses questionnements intimes, je n’ai quasiment rien vu que nous n’ayons déjà dit ni écrit et ce, un nombre incalculable de fois. Alors que se passe-t-il avec cette génération ? Trop de personnalisation, trop d’individualisme, trop d’exposition virtuelle ? Pas assez de luttes collectives ni d’appui sur des militantes aguerries ? Le nihilisme propre à la jeunesse ?

J’ai beau savoir la spirale infernale du harcèlement, la violence de certains échanges, et pour cause, j’ai pas mal payé pour le savoir, je n’arrive tout de même pas à m’expliquer ce rapport à l’engagement militant, à la lutte, ce rapport aux adversaires comme aux allié.es que l’on préfère ignorer, snober presque ; et encore moins ce rapport aux RS que l’on ne parvient pas du tout à maîtriser.

Ces jeunes femmes, radicales, engagées contre le mouvement queer/trans-activiste, la prostitution, les intégrismes religieux, le voile … , aussi contre les woke et cancel cultures sont aux antipodes des relativistes et intersectionnelles. Qu’elles existent est formidable, un formidable espoir. Mais elles ne sont pas les seules féministes universalistes, loin de là, et ce n’est pas parce qu’elles sont jeunes que ce qu’elles disent est plus intéressant non plus ; nous leur avons ouvert la voie, et continuons d’agir à leurs côtés, aussi, les voir se débattre et souvent sombrer, est-il particulièrement choquant.

Je trouve ça triste, aussi très inquiétant. Je ne sais pas si des chercheurs travaillent sur ces questions, mais il serait peut-être temps de s’y mettre avant que trop d’entre elles ne se brûlent les ailes ?

Dans tous les cas, je lui, leur, souhaite d’en sortir indemnes, de trouver la force et les ressources de vivre leur engagement en mieux se protégeant. Parce que ce n’est pas fini, loin de là. Il faut durer, avancer, en se sachant nombreuses, en regardant derrière soi, à côté de soi et derrière soi,  le chemin accompli par soi-même et par les autres.

A la suite de ce statut, s’est engagée une discussion dont je retiens quelques idées ;  des pistes de réflexion pour un débat.

Avoir l’impression de devoir repartir de zéro est peut-être le propre de la jeunesse, et la transmission des luttes passées n’est pas toujours suffisante, la solidarité inter-générationnelle non plus. Les « historiques « ont aussi leur part de responsabilité, en tous cas la plupart de celles qui doivent leur carrière au féminisme. A distance des militantes, elles ne réalisent même pas l’élitisme qui est le leur. Elles ne se reconnaissent guère d’héritières,  si ce n’est quelques stars médiatiques. Surtout pas de prise de risque. Pourtant, aucune féministe ne fait sens seule, et des féministes qui par exemple revendiquent la réglementation de la GPA ou qui aurait affiché une étiquette politique plutôt qu’une autre,  n’auraient pas fait consensus à leur époque. Le féminisme c’est d’abord l’histoire de confrontations et de consensus collectifs. En quelque sorte, elles ont pensé partir de zéro elles aussi, malgré toutes celles qui les avaient précédées et dans le monde entier, et s’imaginent maintenant être les dernières. Dans leur tour d’ivoire, n’ont-elles pas brisé une chaine de solidarité, et favorisé une récupération et un dévoiement d’autant plus facile qu’il n’y avait plus de barrage suffisamment puissant ? 

De leur côté, les jeunes générations semblent peu s’intéresser à l’Histoire, aux témoignages et enseignements des militantes plus âgées et toujours actives. Même lorsqu’on les interpelle, notamment sur les RS en suggérant qu’elles ne sont pas vraiment si précurseuses que ça, ou en leur conseillant de lire un livre, elles ne daignent pas répondre. Pourquoi ? Sentiments d’urgence et d’immédiateté mêlés au besoin de se croire individu auto-suffisant et unique ? Incapacité à entendre les autres, toutes à leurs souffrance et à la violence des attaques subies, notamment sur les RS ? En tous cas, la volonté d’échanger et d’apprendre des autres semble bien être absente.

Les formes de lutte ont changé, moins collectives, plus individualistes et solitaires. Les médias encouragent cet isolement en choisissant des égéries, un temps mises en avant. Le risque, particulièrement en matière de féminisme qui génère souvent des oppositions violentes, c’est que l’exposition et l’isolement deviennent trop lourds à supporter. Les médias trouveront vite d’autres candidates, la médiatisation est devenue une manière idéalisée d’exister socialement. Oublier que les luttes sont collectives et ne pas s’appuyer sur d’autres est dangereux, mais l’époque ne sait plus que flatter le narcissisme et la suffisance des individu.es qui font semblant d’ignorer tout ce qu’ils doivent aux autres et finissent par se convaincre qu’ils savent et peuvent tout à eux-seuls, qu’ils et elles sont les meilleurs.

Approfondissons un peu ce phénomène.

Il y a la fabrique des égéries par les médias, universitaires, politiques et divers groupes d’influence qui exhibent sans cesse deux ou trois personnalités censées représenter à elles seules, une idéologie, une lutte, une tendance, qu’en général elles ne connaissent que partiellement. Une universaliste au carré, un peu plus de mainstream qui ne savent plus trop où elles habitent, et enfin stars montées en épingle comme des meringues aussi creuses qu’écoeurantes, des relativistes au féminisme dévoyé mais adoubé par les universitaires et médias qui ont verrouillé nos systèmes de pensée. Médias, politiques et groupes d’influence fonctionnement ainsi par pure commodité, ça leur évite de se casser la tête à chercher d’autres personnes aussi représentatives, voire plus pertinentes. Ils brandissent jusqu’à plus soif la même personne, à laquelle est confié le pilotage de multiples projets, ou encore un siège à de multiples conseils d’administration. Résultat : cette personne ne peut qu’assurer une présence superficielle, pur affichage, l’efficacité on s’en fiche un peu ; puis après un essorage en règle, il ne lui reste plus qu’à se reconvertir, heureusement, le carnet d’adresses a eu le temps de s’étoffer car le pouvoir attire le pouvoir comme le miel, les mouches.

Il y a aussi des personnes qui se dépatouillent un peu plus seules, elles ont été repérées en participant à un mouvement et tentent de rester dans la lumière, en particulier via les RS, mais finissent par craquer, n’en pouvant plus de l’isolement, du harcèlement et des violences qu’elles subissent.

En conclusion, ce que devraient savoir les jeunes féministes qui vont à l’encontre des thèses dominantes du seul féminisme actuellement accepté de la plupart des médias, c’est que l’engagement féministe n’est jamais sans conséquences, aussi, faut-il mieux être bien préparée. S’afficher féministe universaliste et vouloir s’opposer à la tendance mainstream et pire encore, relativiste, n’est pas du tout vendeur, c’est au contraire, très ingrat, usant, parfois désespérant et l’on ne peut tenir sur la longueur que dans le cadre d’un engagement collectif, en s’appuyant sur de plus aguerries que soi et sur leurs travaux.

Dans tous les cas, le débat est désormais ouvert et nous devons pouvoir discuter de tout ceci avant que des jeunes féministes radicales ne le payent bien trop cher. Le féminisme est une lutte de très longue haleine et nous avons besoin d’elles comme de nous toutes.

Christine Le Doaré

(1) https://christineld75.wordpress.com/2021/10/04/parution-essai-fractures/

Fractures! Vidéo Entretien Franc-Tireur

A l’occasion du 25 novembre, Yasmina Jaafar du nouveau magazine Franc-Tireur, a réalisé une vidéo pour le web, les réseaux sociaux de Franc-Tireur, autour de mon livre qui raconte l’évolution parallèle sur une trentaine d’années, des deux mouvements sociaux féministe et LGBT, vers le différentialisme, le relativisme culturel,  les woke et cancel cultures. Un livre témoignage et analyse pour tenter de comprendre comment ces deux mouvements en sont venus, avec violence parfois, à trahir l’universalisme. Et qui propose pour finir, des pistes pour l’avenir.

Voici la vidéo de cette interview qui je l’espère, vous donnera envie de lire « Fractures ! Le féminisme et le mouvement LGBT en danger » aux éditions Double Ponctuation.

@franctireurmag #2 paraît ce jour. À l’intérieur, une chronique du livre de @ChLeDoare #Fractures. Découvrez aussi la « Conversation #FrancTireur » menée par @LRMYasminJAAFAR. À la veille du 25.11, l’auteure témoigne de son parcours de militante féministe

La vidéo ⤵️ https://youtu.be/U57yHoxYg3U

Christine Le Doaré, militante féministe, Porte-parole des Vigilantes, et ancienne militante des droits LGBT, dresse un constat lucide sur l’évolution désastreuses des mouvements féministes. 

Son livre « Fractures » vient de paraître aux éditions DOUBLE PONCTUATION. 

Pour les avis de lecture sur le livre, les articles médias nationaux et autres supports, blogs … voir ci dessous l’article Parution Essai Fractures !

#25novembre2021 Encore un effort !

Je suis solidaire de la stratégie adoptée par d’importantes associations féministes qui cette année pour le 25 novembre, Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, proposent de former un cortège abolitionniste de la prostitution, au sein du cortège de #NousToutes et ainsi de se démarquer du reste de la manifestation.

Les associations : Osez-le-Féminisme! Solidarité Femmes 3919, Femmes Solidaires, le Mouvement du Nid, l’Amicale du Nid, le Collectif féministe contre le viol, le Centre d’informations sur le droit des femmes et des familles, aussi l’Assemblée des Femmes proposent de « marcher ensemble le samedi 20 novembre, contre toutes les violences sexistes et sexuelles » regroupées dans un cortège identifié contre « tout achat d’actes sexuels ».

Fort justement elles remarquent « qu’il est devenu difficile, voire dangereux de dénoncer le système prostitueur » et dénoncent « les intimidations, menaces ou violences commises à l’encontre de survivantes de la prostitution ou de militant.es abolitionnistes au sein même des cortèges lors des manifestations ». (1)

Cette démarche est d’autant plus légitime que les mouvements qui soutenaient le système prostitueur avant le vote de la loi d’abolition, opèrent un retour en force et plutôt que de demander l’application et le renfort de la loi, la dénigrent et tentent de parvenir à une légalisation et ce alors même que les pays réglementaristes dépassés par la violence des réseaux mafieux, songent à adopter l’abolition !

En dénonçant la violence qui depuis une bonne dizaine d’années, s’exprime dans les cortèges féministes, ces associations reconnaissent à bas mots les dérives qui mettent en danger le mouvement des femmes.

Elles se démarquent ainsi des groupes intersectionnels queer et trans-activistes, qui défendent un féminisme dit « pro-sexe » défenseur du système prostituteur. Une imposture qui vise à invalider toute notion d’oppression des femmes, toute lutte féministe collective puisque tout est affaire de genre, de choix individuel et encore mieux, de fluidité.

En faisant un effort, elles pourraient aussi se démarquer des groupes identitaires, indigénistes et anticoloniaux, adeptes du relativisme culturel, qui notamment, défendent un « féminisme musulman » en vantant les joies émancipatrices du voile.

Ce sera peut-être pour l’année prochaine, ce ne devrait pas être si difficile puisqu’en général, ce sont les mêmes groupes, logiques et influences qui sont à l’œuvre.  

Il faudra aussi qu’elles s’interrogent sur le groupuscule des Effrontées qu’elles trainent toujours derrière elles, alors que la responsable de ce groupe « intersectionnel et LGBTQI+ trans » qui diffame régulièrement les universalistes, a clairement fait le choix de se rapprocher des mouvances indigénistes, de Lallab, et autres groupes défendant les diktats religieux patriarcaux.

Il est temps pour les associations féministes de revenir aux fondamentaux du féminisme universaliste, de condamner toute les menaces et violences à l’encontre des militant.e.s universalistes et de repousser tous les excès des woke et cancel cultures américaines.

Allez, encore un petit effort, et si je peux me permettre, la lecture de mon livre « Fractures ! Le féminisme et le mouvement LGBT en danger » (2) qui vient de paraître aux éditions Double Ponctuation, pourrait aider à avancer vers une nécessaire reprise en main, avant qu’il ne soit trop tard. La proposition d’un tel cortège au sein de la manifestation est un premier pas, mais il faut aller beaucoup plus loin et plus vite. Tôt ou tard, le rapport de force devra s’inverser ou il en sera fini du féminisme. Cela s’appellera autrement et n’aura plus grand chose à voir avec le sujet.

Christine Le Doaré

Néo-féministes et universalistes, ensemble avec les Afghanes !

Néo quoi ? Néo-féministes ! Ça existe ça ? Mais oui, parce que néo, ça veut tout simplement dire nouveau ; par exemple, une école, une tendance qui se situerait dans une continuité mais de manière différente. L’expression est parfois utilisée de façon péjorative, une continuité certes, mais avec une touche de trahison. Quand on parle de néo-féminisme, on pense surtout aux « nouveaux-féminismes ». On pourrait aussi dire féminismes relativistes, intersectionnels, inclusifs, par opposition au féminisme universaliste. Je les trouve emprunts de relativisme culturel et enclins à nouer des alliances avec des groupes qui n’ont de féminisme que le nom. Trop souvent victimaires et justiciers, ils donnent dans la facilité en surfant sur l’émotion et font l’économie de l’analyse.

Néanmoins, les tendances néo-féministes telles que #NousToutes et d’autres (#payetonutérus #Balancetonporc …) ont leur utilité et nombre d’associations qui s’en revendiquent font un travail utile au quotidien, sur le Net mais aussi sur le terrain. Au sein du mouvement féministe, il est possible d’avoir des désaccords, des débats idéologiques et politiques et néanmoins de se retrouver sur des luttes qui nous occupent toutes. Aussi ne faut-il pas tout confondre. Par exemple, on peut condamner au nom de l’universalisme, des groupes ou personnalités qui se prétendent féministes mais ne sont qu’impostures : « féminismes » musulman, anticolonial, indigéniste, ou identitaire ; mais plus difficilement #NousToutes et bien d’autres groupes néo-féministes, et même quand ils sont marqués par ce fichu islamo-gauchisme, car ils le sont.  

Les féministes universalistes ont en tête un objectif : l’émancipation de toutes les femmes. Et pour y parvenir, moins nous perdons de forces vives et mieux ça vaut. Se couper de toutes les militantes néo n’est certainement pas le meilleur moyen d’atteindre l’objectif ! Aussi, et n’en déplaise aux universalistes qui bien souvent ne connaissent l’Histoire, les courants et clivages du Mouvement des femmes, que de très loin, lire dans la presse et sur les réseaux sociaux que les néo-féministes étaient aux abonnées absentes pour soutenir les femmes afghanes, était-il très malvenu.

Quelle cacophonie ! Tout d’un coup, tous animés d’une grande conscience féministe, enfin surtout pour rendre, les féministes responsables de tout  ! Les militantes féministes ne se battent pas que sur les réseaux sociaux, elles sont aussi investies au quotidien, sur le terrain, dans de nombreuses actions et auprès de nombreuses femmes. Le féminisme ne consiste pas uniquement à condamner l’obscurantisme religieux, le fondamentalisme musulman, même si à l’évidence, c’est un de ses combats prioritaires et de toujours, en tous cas pour les universalistes. En outre, au cœur du mois d’août il arrive aussi qu’elles prennent des vacances ; tout juste s’il ne leur était pas reproché que les talibans eux, s’en soient passés ! Aucun autre mouvement, syndicat, parti, association n’organisait de manifestation de soutien mais il fallait absolument taper sur les féministes. Ça interpelle sérieusement.

Et puis surtout, c’était faux. Totalement faux.

Nous pouvons les accuser de bien des maux, victimaires, sectaires, et puis le relativisme culturel, et puis ces alliances intersectionnelles dangereuses … mais pas d’accepter en silence le sort des femmes reléguées dans leur maison, effacées de l’espace public, mises en grand danger en Afghanistan :

  • #NousToutes le 15 août à 17h19 a tweeté : « Soutien aux afghanes face à l’obscurantisme et à la haine des femmes. #AfghanWomen avec un article de Yalda Hakim BBC.COM « Craignant les talibans, les jeunes femmes de Kaboul, appellent à l’aide. »
  • Une seconde pétition a déjà recueilli plus de 6000 signatures – Urgences Afghanes : « Nous, féministes et femmes de tous les genres, de toutes les divergences, de toutes les écoles, de toutes les sphères sociales et politiques, affirme-t-elle en préambule, nous décidons aujourd’hui d’enterrer la hache de guerre et la géopolitique et de faire front dans un seul objectif : la vie et la liberté pour les Afghanes, l’ouverture de nos frontières et l’accueil inconditionnel de nos sœurs et de leurs familles. »
  • Plusieurs associations, certes non mainstream pour l’instant, ont programmé des manifestations
  • Même Fatima Benomar des Effrontées, proche des groupes relativistes, indigénistes, et prompte à attaquer frontalement les féministes universalistes, s’était fendue d’un article sur son blog.

Bien sûr il y a eu cet article de Rachel Khan au titre pour le moins boueux « On tue à Kaboul et les néo-féministes se taisent » (sic – rien que ça  !), défendu par toute la tribu laïque (à laquelle j’appartiens aussi). C’est dommage parce que cela arrive à tout le monde de se planter, en revanche, ne pas le comprendre et persister, encouragée par celles et ceux qui n’ont manifestement pas plus d’éléments d’information et de connaissance pour éclairer la question, c’est assez décevant.  
Je ne suis pas convaincue que certaines postures universalistes soient utiles à l’émancipation des femmes.
Nous avons déjà fort à faire avec les « nouveaux féminismes », impostures intersectionnelles, relativistes, racialistes, indigénistes, woke.

Et puis ces listes de noms dont les comptes Twitter et Facebook ont été épluchés pour voir si elles avaient réagi ou non. Des listes qui prouvent au moins que leurs auteurs ne connaissent vraiment pas grand-chose aux mouvements féministes.  

  • Caroline De Haas, qui pourtant et comme chacun.e le sait n’est pas étrangère à #NousToutes
  • F. Floresti, C. Masiero, A. Haenel, C.Taubira … Pardon, mais là, énorme fou-rire … Les grandes penseuses et théoriciennes du féminisme que voici ! Non, ces femmes sont libres, émancipées, ont une parole féministe, mais ce ne sont pas des porte-paroles ni même des militantes féministes. Le grand public peut le croire, pas ceux qui ont dressé ces listes.
  • Rokhaya Diallo, qui n’est pas une féministe mais une indigéniste
  • … et d’autres citées non plus.

Alors certes, les néo-féministes qui ont réagi en profitent au passage pour taper sur le gouvernement et ne se privent pas d’assener, parfois en toute contradiction, leur daube islamo-gauchisme. Et, ce n’est pas non plus un mouvement de fond et d’ailleurs, qui se prononcerait contre un soutien aux femmes Afghanes ? Mais toute initiative allant en ce sens est à saluer, certainement pas ignorer. En revanche, porter des accusations infondées contre elles, à part régler des comptes et saisir une occasion de se montrer dans les médias, ne risquait pas de susciter un mouvement général de mobilisation dans l’intérêt des femmes afghanes. Pour les femmes Afghanes,  il était beaucoup plus intelligent et constructif de fédérer, au moins ne pas se perdre en affirmations erronées et faciles à contrer. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Pour parler au nom du féminisme et des féministes universalistes, il y a des préalables, comme au minimum se mettre d’accord avec d’autres sur la définition du terme néo-féminisme et avoir un minimum d’informations sur l’Histoire et les clivages au sein des mouvements féministes. On peut parfaitement être une femme émancipée et libre, sans avoir de bases théoriques féministes ni avoir milité ou peu et de très loin, dans le mouvement des femmes. On peut donner son avis, témoigner de son point de vue, mais s’improviser porte-paroles, c’est plus compliqué. Et c’est vrai pour tout le monde d’ailleurs. Enfin, si je peux me permettre – et oui, je vais le faire – de donner un conseil aux laïques, républicains, etc. dont la fibre féministe est appréciable et appréciée, plutôt que de vous immiscer dans le débat entre féministes, avez-vous songé que vous pourriez consacrer vôtre énergie à convaincre d’autres hommes à avancer eux aussi vers l’égalité réelle ?  Comme ça, nous avancerons toutes et tous plus vite.

Donc les féministes sont capables de mettre un temps leurs clivages de côté, et se mobiliser pour des femmes en grand danger, même s’il n’y a pas non plus de quoi pavoiser, c’est tout de même un minimum quand on se revendique du féminisme. ll se pourrait même que des intersectionnelles, confrontées aux menaces et violences faites aux femmes afghanes, touchent du doigt leurs contradictions, relèguent leur islamo-gauchisme au placard et comprennent tout l’intérêt du féminisme universaliste.

Mais l’urgence est bel et bien de nous concentrer toutes et tous sur les femmes afghanes et de leur venir en aide, ainsi d’ailleurs qu’à toutes les femmes qui vivent sous la charia et subissent dans bien d’autres régions du monde, des violences toutes aussi abjectes, ne les oublions pas non plus.

Christine Le Doaré

La critique du néo-féminisme est-elle tabou ?

 

 

 

 

 

 

 

Deux tribunes publiées dans le Monde la même semaine m’ont quelque peu énervée.

La première dans laquelle Camille Froidevaux-Metterie règle des comptes avec Mazarine Pingeot et Belinda Cannone,  Néoféminisme : « La morgue de Mazarine Pingeot ne nous tuera pas » et la seconde, dans laquelle Christine Bard omet d’exercer un regard critique sur les évolutions hasardeuses d’un féminisme de réaction.

Selon Camille FM, Mazarine Pingeot et Belinda Cannone développeraient un féminisme universaliste qui «refuserait de voir disparaître l’ancien monde de domination masculine». Les néo-féministes quant à elles, refuseraient de réduire le féminisme à l’égalité des droits et des chances alors que les femmes continuent de subir des violences physiques et sexuelles.

Ça commence mal. Je me demande ce que signifie féminisme universaliste pour Camille FM ? Pour rappel, le féminisme universaliste conformément au fondamentaux du féminisme, lutte contre un système patriarcal dans lequel les hommes s’approprient le corps et la vie des femmes pour la sexualité et la reproduction (transmission des gênes et du patrimoine) en les dominant, ET cette lutte est universelle puisque toutes les femmes subissent un socle commun de discriminations et de violences (ce qui ne contredit en rien le fait que des spécificités se surajoutent). 

Par quel curieux raisonnement le féminisme universaliste devient-il synonyme de simple égalité des droits ? Ça n’a aucun sens,  la simple égalité de droits n’est qu’un préalable incontournable. Ce sont bien les rapports de force et de domination sociaux culturels qui sont en jeu. L’égalité des droits relève d’une exigence républicaine et progressiste. Il n’y a même pas besoin d’être féministe pour l’exiger.

Les néo-féministes n’ont donc strictement rien inventé et il est stupide d’opposer féministes universalistes et néo-féministes sur ce point.   

 

Camille FM va plus loin : «Mais ce que les croisées de la vertu universaliste refusent surtout d’admettre, c’est le fait certain que, derrière chaque victime de violences, il y a un agresseur, un homme donc.» «Les croisées de la vertu universaliste» ?! Rien que ça ? Les féministes universalistes sont-elles désormais coupables de viser l’émancipation des femmes du monde entier et au-delà de l’humanité ?

Les féministes universalistes refuseraient de reconnaitre que derrière chaque victime il y a un homme ? C’est absurde. Aucune personne sensée, aucune féministe, aucun pro-féministe ne peut décemment nier que dans un système patriarcal, les violences sexuelles sont dans une écrasante majorité commises par des hommes. En tous cas, aucune féministe universaliste ne le fait. Nous nageons en pleine confusion des concepts.

En réalité, le problème est ailleurs : dans la manière d’agir et dans la récupération politique. Quand l’émotion l’emporte sur la raison et que l’outrance et la haine guident une lutte, et que des stratèges politiques sont en embuscade, que peut-il en sortir de constructif ? Le mouvement mainstream s’appuie sur l’émotion des féministes 3ème vague qui à bout, plongent sans analyse, recul ni perspective, dans la victimisation, le ressentiment, la vengeance. Rien de plus facile que de récupérer cette énergie et de la détourner à profit d’autres desseins. 

Camille FM veut «démolir les fondements patriarcaux de notre société», très bien, les féministes universalistes aussi, elles s’y emploient d’ailleurs depuis toujours, Camille FM je ne sais pas. Mais démolir un système c’est le remplacer par un autre. 

Justifier par ses blessures de mener des procès en place publique alors même que les désignés à la vindicte ne sont pas inquiétés par la justice (affaire Coffin/Girard), et tout en ménageant des T. Ramadan ou A. Traoré par exemple, n’est pas crédible et instaure une dangereuse violation de la présomption d’innocence. Brandir des pancartes d’appareils génitaux masculin tranchés, et sur lesquelles il est question de viol « génocide individuel », c’est surement jubilatoire, mais je doute que cela nous amène à envisager sereinement un projet de société alternatif et puis les mots ont un sens, il faudrait s’en souvenir.  Enfin, tout ceci n’est pas sans risque d’un violent retour de bâton.

 

On s’en doutait, le mot universalisme n’était pas là pour la forme et le mot intersectionnel n’allait pas tarder à apparaître. Camille FM en fait la promotion et verse dans les passions racialistes du moment, racontant que les féministes universalistes « avaient mis des décennies à se débarrasser de leur solipsisme blanc ». Quel manque de culture féministe, quel manque de militantisme féministe. Toute féministe ayant milité dans le mouvement, une maison des femmes ou ailleurs, sait les liens, les campagnes, le solide travail de fond et de solidarité internationale tissé avec les féministes du monde entier ; sait tout le travail entrepris avec les femmes des quartiers, l’accueil des femmes émigrées, migrantes, sans papier, contre l’excision … De tels raccourcis sont inadmissibles et une insulte au mouvement féministe.

 

Grâce aux intellectuelles gavées de soupe intersectionnelle Social Justice Warriors, essentialiste et différentialiste, le féminisme victimaire qui manque cruellement d’analyse et de perspective est récupéré pour d’autres agendas par les mouvements identitaires ; aujourd’hui au nom de l’antiracisme, par les mouvements racialistes et indigénistes, obsédés par la race et l’épuration à la sauce cancelculture. Un gigantesque boulgi-boulga dans lequel le projet de société féministe sera rapidement dissous. L’intersectionnalité des luttes conduit toujours à affaiblir les luttes des femmes au profit d’autres causes jugées prioritaires.

Camille FM est philosophe et professeure de sciences politiques à l’université, on comprend mieux comment sont formatées les générations d’étudiant.e.s qui désormais semblent toutes sortir du même moule. Avoir son propre mode de raisonnement et d’analyse vous voue immédiatement aux gémonies.

 

 

Christine Bard quand à elle nous rappelle à juste titre que « le féminisme d’action a toujours été critiqué » et nous explique que les divisions sont inévitables dans le mouvement féministe.

Certes mais il y a une marge considérable entre une tendance et une imposture. Le féminisme à la carte où des femmes défendent l’apartheid sexiste du voile imposé par les religieux, tournent le dos aux femmes contraintes au port du voile obligatoire, au mariage forcé, au mariage des mineurs, à la polygamie, à la loi du père et des grands frères … ce n’est pas du féminisme, c’est une grossière imposture.   Invoquer la sororité pour contraindre les féministes universalistes à accepter de tels dévoiements du féminisme est tout de même limite.

Des femmes qui se disent féministes mais s’engagent dans des idéologies différentialistes, racialistes, empreintes de relativisme culturel ne sont pas à mes yeux «engagées pour en finir avec les violences masculines et le patriarcat» et n’en déplaise à Christine Bard, ne sont pas mes soeurs. Il ne s’agit pas de bon ou de mauvais féminisme, c’est du féminisme ou ça n’en n’est pas.

 

Contrairement à Christine Bard, je ne pense pas que le féminisme d’action de la Barbe ait jamais été diabolisé, celui des Femen plutôt ; seulement ce type d’activisme qui fait plutôt consensus, porte en lui ses limites : quand on monte cent fois sur une estrade pour dénoncer l’absence des femmes à la tribune, à la cent et unième fois, ça n’intéresse plus plus grand monde. Selon moi, ce n’est pas ça le féminisme radical. Le féminisme radical ne fait pas de concession, il poursuit l’objectif d’émancipation de toutes les femmes partout dans le monde, et donc la fin de toute oppression patriarcale, communautaire et religieuse comprises. Avec la Barbe et bien d’autres, on en est loin. Comparer la Barbe des années 2000 aux suffragettes qui n’avaient ni droit de vote ni aucun droit à la moindre autonomie et un peu léger pour une historienne féministe.

 

Je suis en accord avec Christine Bard quand elle constate l’étendue des violences patriarcales et leur tolérance dans nos sociétés. Les femmes sont sans aucune contestation possible, toutes victimes de la domination masculine et de violences sexuelles, à des degrés différents, parfois à peine perceptibles (position sociale, professionnelle, éducation, … ), et cela doit prendre fin. Mais nous enfermer dans un féminisme victimaire qui maintient les femmes dans un statut de victime est une impasse.

Dans le sillage des mobilisations américaines, les dernières manifestations féministes sont certes plus massives mais les organisatrices de talent auxquelles Christine Bard fait référence font carrière dans le féminisme, elles disposent de moyens adéquates ; en revanche, elles choisissent soigneusement leurs mobilisations, on ne les entend guère condamner les pressions communautaires et religieuses auxquelles sont soumises des femmes, ni condamner certains violeurs ; on ne les entend pas plus soutenir les femmes Kurdes, Iraniennes, Pakistanaises… Elles tirent profit de l’élan des jeunes néo-féministes qui, on le comprend fort bien, n’en peuvent plus des violences sexuelles et se lèvent enfin.

Mais je regrette qu’une experte telle que Christine Bard, que je respecte pour son précieux travail, ayant l’occasion de prendre la parole dans Le Monde, ne dise rien des dangers de ce déferlement improvisé d’émotions instrumentalisé par des stratèges plus aguerries et par une extrême-gauche opportuniste. Je regrette que Christine Bard n’exprime aucune réserve sur des velléités de justice féministe spécifique et en dehors de tout principe de droit républicain.

 

Cette génération blessée qui ne supporte plus rien, qui voudrait tout condamner et tout effacer de manière expéditive sait-elle seulement que la prochaine à en faire les frais sera d’ici peu, elle-même ?

Les universitaires et autres faiseurs d’opinion peuvent-ils encore exprimer leurs doutes et critiques ou sont-ils déjà tétanisés par le terrorisme intellectuel qui, poussé par un mauvais vent venu d’outre atlantique, cherche à s’imposer chez nous ?

Il semble bien que garder un oeil critique sur les évolutions du féminisme soit devenu tabou.

Christine Le Doaré

De France-cul au festival littératures de Nantes, La Maison du dégoût, à l’honneur

Emma Becker a passé deux ans dans une Maison close en Allemagne puis a publié un livre. 

La Maison est une oeuvre littéraire, pas un essai. Un roman on aime ou pas. Ce qui est moins consensuel en revanche, c’est ce que cherche à nous dire Emma Becker sur les plateaux où elle est invitée.

Et pour être invitée, elle l’est puisque son roman a reçu le prix du roman des étudiants de France Culture-Télérama. Alors, des studios de France Culture, Emma Becker arrivera Nantes pour Atlantide, le festival annuel des littératures qui se tient au Lieu Unique.

Dans ce cadre, elle interviendra aussi dans une médiathèque de la ville. Au moment où la prostitution des étudiantes explose en France, je salue la politique de prévention de la ville de Nantes en matière de prévention de la prostitution !

Rappel : En France les maisons closes sont interdites depuis 1946 et la loi d’abolition de la prostitution a été votée le 7 avril 2016.

La loi d’abolition, pas de prohibition, dépénalise les personnes prostituées (abolition du délit de racolage) ; pénalise les clients qui par leur demande alimentent les réseaux, la traite, avec une amende et un stage avec les survivantes de la prostitution quand c’est possible ; propose un parcours de sortie de la prostitution ; encourage des actions de prévention/formation de professionnels et auprès des jeunes.

Les maisons closes dans les pays règlementaristes : En Allemagne, aux Pays Bas, en Espagne et dans tous les pays règlementaristes, les maisons closes sont prospères. Plus de cinq cent maisons closes rien qu’à Berlin. Ce juteux business est évalué en Allemagne à 17 milliards d’euros. 500 000 prostituées qui en Allemagne comme ailleurs sont essentiellement des migrantes du Nigéria venues avec des réseaux clandestins et d’Europe de l’EST. Du sexe à l’image de la pornographie, sans aucune limite. Des packages « all inclusive » avec petit déjeuner. Des établissements qui vont du bordel bas de gamme aux « palaces du sexe » étoilés, avec piscine, espaces VIP…

Le sexe au mains d’entrepreneurs ; on aurait pu penser que les Verts et les féministes dites « pro-sexe » notamment, promoteurs de la légalisation, auraient condamné ce capitalisme ultra-libéral, mais non.

La légalisation qui devrait garantir une meilleure sécurité aux prostituées, sécurise surtout proxénètes et trafiquants devenus de vaillants entrepreneurs. La dépénalisation du proxénétisme, fer de lance de l’écologie féministe des Verts ! Laver les couches à la main ou vendre des services sexuels à la chaîne, un destin pour les femmes. Feministgreenwashing hourra !

Avec la crise économique et la précarité qui touche plus durement les femmes, avec l’augmentation des réfugiées, en particulier des sans-papiers, le nombre de prostituées a explosé. Le crime organisé y a vite vu son intérêt, les bénéfices ne sont pas moindres que ceux d’autres trafics et les proxénètes sont blanchis par la législation.

A Berlin, la police sait que de peur de perdre leur place, les femmes répètent la même leçon : « Elles auraient rejoint le bordel de manière autonome, parce que c’est tellement avantageux pour elles d’y travailler ». En réalité, ce n’est pas le législateur mais bien le proxénète qui fait la loi. D’ailleurs en Allemagne, la législation de 2002 est allègrement contournée : 5 ans plus tard, seulement 1% des prostituées bénéficiaient d’un contrat de travail. La belle arnaque !

La maison close, enferme des femmes vulnérables et précaires pour que sur leur corps marchandisé soient commises les violences de l’intime. La légalisation,  c’est la bonne conscience de la société qui n’ignore pas les dommages physiques et psychologiques de la prostitution.

Dans les pays règlementaristes, des voix s’élèvent contre cette exploitation et violence faite aux femmes et des états aimeraient revenir en arrière, se demandant comment la prostitution est compatible avec l’égalité femmes-hommes. Comment grandissent des filles et des garçons qui apprennent très tôt qu’une fille peut être sexuellement mise sur le marché et qu’un garçon peut se la payer ? Comment ainsi concevoir le respect et l’égalité ?

Et Emma Becker dans tout ça : Emma Becker ne répondra à ces dernières questions. Elle a déjà dit ne pas vouloir « embellir la prostitution », ne pas avoir d’intention politique et juste vouloir « montrer les putes comme des ouvrières ».

Interviewée sur France Culture, elle a dit : 

  • « Les différences entre une pute et une femme, elles n’existent pas. » Je lui réponds : oui, le plus souvent les prostituées sont des femmes, mais les femmes ne sont pas toutes des prostituées, la société patriarcale ne le supporterait pas, la romance, le couple, la famille sont essentiels à son organisation, il lui faut juste un quota de femmes sacrifiées au mythe de l’irrépressible appétit sexuel masculin. 
  • « Les putes sont des ouvrières. » Je lui réponds : non, les ouvrières ne travaillent pas avec leur intimité, elles ont à leur disposition un code du travail, des formations, une carrière. Aucun enfant ne grandit en se rêvant prostitué.e et aucun parent ne le souhaite. Ce n’est ni une vocation, ni un métier, c’est juste la plus vieille arnaque patriarcale. Le terme « travailleur du sexe » est une imposture, un terme inventé par le lobby prostitueur.
  • « Le mot pute a été vidé de sa substance,  il n’est plus du tout employé dans son sens propre. Le terme de prostitué est passif et judéo-chrétien. » Je lui réponds : oui, il est passif car la prostitution n’est pas du sexe mais un viol tarifé. Personne n’est actif ne son propre viol et ne peut que le subir. Rien de judéo-chrétien la-dedans, au contraire, l’église n’était pas contre la prostitution qui garantissait bien hypocritement la paix des ménages. C’est plutôt une position moderne, émancipatrice et féministe de la condition des femmes. 
  • « J’aime que le mot pute claque et choque. » Je lui réponds : oui, provoquer et choquer pour finir par habituer et banaliser ; c’est une stratégie dévoyée. En fait, le mot pute ne choque personne, ce qui choque c’est l’exploitation et les violences intrinsèques de la prostitution.
  • « On fait la différence entre la prostitution le mauvais sexe et le sexe conjugal le sexe gratuit sensé être le sexe valable. » Je lui réponds : alors personne n’a de sexualité à moins d’être marié.e ou prostitué.e ? LOL. Comparer une sexualité entre époux à des rapports tarifés, consentis pour raisons économiques, est un vieil argument du lobby prostitueur ; seulement voilà, nous ne sommes plus au 19ème siècle, les femmes travaillent et sont économiquement indépendantes. Au fait, ça fonctionne aussi pour les couples de même sexe mariés ? LOL
  • « Ecrire la prostitution comme un rapport amoureux. » Je lui réponds : oui, surtout si la découverte de la sexualité ne s’est pas passée au mieux, en particulier si des violences sexuelles (attouchements, viols, inceste…) ont eu lieu dans l’enfance, alors c’est un peu la double peine. 
  • « Le concept de maison close implique certain nombre de clients par jour. Un ras le bol de l’homme du sexe et du désir qui s’installe rapidement et m’a rendue un peu malheureuse, triste.» Je lui réponds : tout de même un peu de lucidité et vérité. Emma Becker a délibérément fait le choix de cette expérience quand de nombreuses femmes y sont contraintes et n’en sortiront jamais ou tardivement, ou très abimées, voire détruites. Pour un client correct, combien d’hommes sales, pervers, violents, imposés ? Certaines femmes trafiquées sont dressées pour accepter cet esclavage. Dans tous les cas, les pénétrations à répétition, les insultes, humiliations, violences sur plusieurs années occasionnent des dégâts physiques et psychologiques irréversibles. Il suffit d’en parler avec les « Survivantes de la prostitution » auxquelles on ne déroule jamais le tapis rouge, pour s’en convaincre. Emma Becker avait les moyens d’en sortir, mais les autres ?

Rien de ce que dit Emma Becker n’est nouveau, nous avons entendu ces phrases des milliers de fois, dans la bouche de tous les acteurs du lobby proxénète avant le vote de la loi d’abolition.

D’ailleurs, sur son compte Twitter @noravanhoeck relaye abondamment les communication du STRASS obscur « syndicat des travailleurs du sexe » Un groupuscule aux pratiques douteuses, qui a violemment agressé les féministes abolitionnistes avant le vote de la loi d’abolition.

Jugez plutôt : https://sousleparapluierouge.wordpress.com/  (en anglais puis en français). Alors un roman peut-être mais aussi un engagement auprès du lobby prostitueur et notamment du STRASS qui dit préférer les indépendant.es aux maisons closes.

Conclusion :

Quoi qu’elle en dise, Emma Becker enjolive bien la prostitution et les maisons closes, en leur donnant un vernis romanesque. Elle se fait de l’argent et une notoriété sur ce qui n’aura été pour elle qu’une courte expérience. Indifférente au sort des femmes qui resteront enfermées dans la prostitution, elle est objectivement complice du système prostitueur.

Elle ne rend pas service aux jeunes qui en nombre, pour payer leurs études ou contraintes par les gangs des cités, tombent naïvement dans les filets de la violence de la prostitution. France-Culture/Télérama n’ont pas honte de lui avoir remis un prix. J’annule mon abonnement à Télérama. 

Que des supports et lieux culturels, radios publiques, évènements culturels, et même bibliothèques municipales déroulent le tapis rouge à Emma Becker, est symptomatique de l’appétence de ces milieux pour une prostitution fantasmée qui en réalité n’a rien de glamour. La prostitution n’est que la plus violente survivance de la domination masculine.

Pourtant, dans un pays abolitionniste et qui fait la promotion de l’égalité femmes-hommes, lors du festival Atlantide, au Lieu Unique à plusieurs occasions, notamment dans une rencontre intitulée cyniquement « Etre libre de corps pour être libre d’esprit » ( comme si aliéner son corps aux violences masculines était une liberté), comme dans une médiathèque, en présence d’adolescents et jeunes adultes un samedi après-midi, Emma Becker va pouvoir dérouler les arguments éculés des militants du STRASS et autres acteurs du lobby prostitueur.

Télérama, Livres à lire, France Culture, le Lieu Unique, la ville de Nantes, … se prêtent aux manoeuvres du lobby prostitueur qui malgré le vote de la loi d’abolition n’a pas désarmé, et c’est pitoyable, condamnable. 

Egalité femmes-hommes hein ? Ce n’est pas demain la veille.

Christine Le Doaré

P.S. : Emma Becker n’est en fin de compte pas venue à Nantes, semble t-il pour raison de santé

 

 

 Emission de France culture

https://twitter.com/franceculture/status/1229820371664359424?s=21

 

 

 

 Textes relatifs à la prostitution sur ce blog

Abolition, la victoire arrachée !

Rosen, il lui a poussé des ailes

Un tournant décisif pour l’abolition !

Rien ne sera plus jamais comme avant

Révélation dans l’hémicycle

Ni « liberticide », ni « morale », la loi abolitionniste de la prostitution est POLITIQUE

Au fait, que dit la loi d’abolition de la prostitution ?

Pourquoi les chéfaillons de la communauté gay sont pro-prostitution ? Décryptage

AFFAIRE DES #343 macho-salauds REVUE DE PRESSE ET DE TWEETS

Le manifeste de la honte et de notre colère !

Des papillons au ventre !

Libération sexuelle et liberté de disposer de son corps

Le double effet kiss-cool de la pénalisation du client prostitueur

Non, le Mouvement du Nid n’est pas un repaire de « cathos putophobes » !

Inverser la charge pénale et permuter le rapport de force – ou la pénalisation du client

Limpidité d’un mouvement, opacité d’un lobby

Le 13 avril, rêvons et agissons pour une humanité libre de la prostitution

La prostitution GAY, différente ou pas ? Parlons-en !

Prostitution et médias

EELV, abrogation du délit de racolage ? Oui, mais pas seulement !

Au fond, qui estime vraiment les personnes prostitué-e-s ?

Pour se libérer, Morgane Merteuil va devoir choisir

Coup de tampon règlementariste !

« Putophobe » ou STRASSphobe ?

#25novembre beau bilan, mais merci qui ?

Bilan du #25novembre 2019 par une féministe universaliste

La banderole de tête du cortège nantais

En tant que féministe universaliste, j’ai ressenti le besoin de tirer un bilan de la mobilisation du 25 novembre,  Journée Internationale contre les violences faites aux femmes.

La libéralisation de la parole qui n’est certes pas exempte de dérapages, a eu le mérite de faciliter  une prise de conscience généralisée et l’expression d’un rejet massif des violences touchant les femmes. A Paris comme un peu partout en France, les cortèges furent imposants, on ne peut que s’en féliciter. 49 000 personnes à Paris, on n’avait pas vu ça depuis la grande manifestation féministe du 6 octobre 1979 pour la pérennisation de la loi Veil. Alors merci à celles qui ont parlé  publiquement, ce qui n’est jamais sans risque, et un immense bravo à toutes les femmes et hommes également, qui ont défilé les 23 et 25 novembre contre toutes les violences patriarcales. Il est en effet absurde de viser une égalité entre les femmes et les hommes tout en tolérant d’infernales violences à l’encontre des femmes.

Les femmes sont victimes de violences conjugales certes, mais aussi de harcèlement de rue, violences sexuelles, viols, agressions ; sans oublier les violences liées aux origines, religieuses et communautaires, telles que l’excision, le mariage forcé, le voilement… d’ailleurs souvent oubliées dans les différentes manifestations, un peu comme si les violences conjugales occultaient toutes les autres violences. Les enfants sont également victimes de terribles violences sexuelles, physiques et psychologiques. D’autres catégories de la populations subissent également des violences.

Le nombre de manifestant.es était considérable, c’est un succès incontestable, en revanche, le nombre n’est pas gage que de qualité. Dans les manifestations ont été relevé des comportements, pancartes, slogans que je qualifie de pitoyables et même anti-féministes. Même si une majorité de manifestant.es ne les partage pas, leur multiplication et visibilité grandissante posent un sérieux problème.

Ce n’est pas un secret, pour faire nombre, les organisatrices se revendiquant de #NousToutespour  ont recherché des compromis avec des tendances du mouvement des femmes et des groupes  éloignés des fondamentaux du féminisme. Les conséquences ne sont pas anodines et devraient alerter bien plus qu’elles ne le font. Mais il est vrai que nous sommes à une époque où s’opposer à une certaine doxa militante expose à une stigmatisation, voire de sévères représailles, ce qui musèle pas mal de monde.

  Dans le cortège parisien ont été relevé les faits suivants : 

  • des femmes dénonçant « la pratique esclavagiste de la GPA » ont été prises à partie, leur tracts déchirés et jetés à terre.  « NousToutes » ah bon ? ;
  • des slogans hostiles à l’abolition de la prostitution ont été massivement scandés (Ils révèlent que la loi n’est toujours pas comprise : accuser les abolitionnistes de tuer les personnes prostituées alors que ce sont toujours les clients ou les réseaux criminels qui les tuent est d’une absurdité sans nom, en outre, la loi a dépénalisé les personnes prostituées mais pénalise les clients qui alimentent la demande et entretiennent le trafic d’êtres humains.) ;
  • des slogans favorables au voile islamique ont été hurlés, comme si la soumission à des diktats religieux patriarcaux pouvait préserver les femmes des violences ;
  • des slogans accablant l’Etat français de pratiquer un « racisme d’état » et une « islamophobie d’état » ont été scandés (Pourtant, nous ne sommes pas aux USA, et s’il y a bien du racisme, d’ailleurs pas à sens unique, des lois contre le racisme s’appliquent et l’éducation nationale notamment, fait de la prévention contre le racisme. Il n’y a pas non plus « d’islamophobie d’état », en revanche, la critique des religions est libre ; le racisme anti-musulman existe (peu en réalité) mais il y a des lois contre ça. Il est donc faux de parler de « racisme d’état » et « d’islamophobie d’état » car l’Etat n’organise aucun racisme,  il les combat. Il est parfaitement stupide d’alimenter les stratégies de groupes victimaires indigénistes, ségrégationnistes et/ou islamistes. En revanche, je note que l’antisémitisme, en nette augmentation, ne semble pas bouleverser grand monde.)
  • des slogans anti-Macron (bien que ce gouvernement soit tout de même le premier à instaurer un Grenelle et à adopter des mesures conséquentes qui devront être évaluées et complétées en fonction des résultats) et contre le libéralisme (mais pour quelle alternative crédible et derrière qui, on cherche encore, d’autant plus que ce n’était pas vraiment le sujet du jour ! )
  • des performances douteuses émaillaient la manifestation, comme celle d’une fameuse Marie dont la vidéo où des hommes torse nu sont fouettés, a été vue en boucle sur les réseaux sociaux. Comment mieux dévaloriser les combats féministes pour une société sans domination ?
  • etc. 
slogan pro-voile :  quel lien en réalité entre le voilement des femmes (doctrine intégriste) et des femmes mortes sous les coups de leurs conjoints ; et qui tolère quoi au juste ? confusion totale
slogan pro-voile : les hommes qui parlent de voile sont ceux qui veulent inférioriser et invisibiliser les femmes dans l’espace public, les intégristes/radicaux ; et par quel biais tordu lier le viol et le voilement des femmes ? Le viol est un crime, il est puni par la loi. Totale confusion là encore ? En se croyant super intelligent.e
pancarte apologie du relativisme culturel : racialiste, pro-voile, en défense du système prostitueur ; en résumé absolument antinomique avec les fondamentaux du féminisme mais qui prétend que les femmes blanches ne le sont pas ; comment marcher sur la tête !

 

 

 

image0

Agression des femmes s’exprimant contre la GPA

A Toulouse, des féministes abolitionnistes ont été attaquées dans le cortège, elles ont été frappées et leurs pancartes jetées au sol. Un comble tout de même que des violences soient exercées à l’encontre de femmes dans une manifestation contre les violences faites aux femmes !

Agression à Toulouse des abolitionnistes

 

 

image2

A Nantes, j’ai défilé dans un cortège important d’environ 2 000 personnes, une belle mixité femmes-hommes, des associations, syndicats, groupes politiques, mais surtout énormément de jeunes. Fait remarquable, aucun blackbloc n’a pointé son nez (en tous cas masqué). Beaucoup d’énergie, de colère et de créativité. Mais comme ailleurs, des slogans pro-voile, contre la loi d’abolition qui pourtant protège comme jamais les personnes prostituées, des slogans relativistes mensongers contre le « racisme d’état «  et  l’ « islamophobie d’état ». Et cerise sur le gâteau, le slogan du cortège LGBT qui en a « marre de cette société qui ne respecte pas les Trans, les Putes et les PD ». Ça a le mérite d’être clair, les lesbiennes n’existent même plus, on leur a substitué « les putes » pour mieux défendre le système prostitueur,  et l’ultra-minorité Trans prend la tête pour nous expliquer ce que c’est que d’être une femme !

« abolos féministes saveur facho », c’est bien connu, les abolitionnistes sont des fachos, mais les macs, les réseaux et les clients des anges qui s’autorisent le sexe tarifé ou en vivent. Le niveau zéro de l’analyse.

 

comment lutter contre les violences sans même questionner les codes du sexisme ? non, nous ne somme pas des bombes sexuelles !

 

 

En résumé, une forte mobilisation certes, mais un cortège hétéroclite, et par endroits à des années lumières de s’intéresser vraiment aux violences faites aux femmes. Alors, s’il faut se réjouir de voir tant de monde dans la rue, il est impossible de ne pas s’inquiéter de ces dangereuses dérives, de toute cette bêtise aussi. Ces travers essentialistes, relativistes, intersectionnels, racialistes, communautaristes, religieux même, qui pervertissent tous les mouvements sociaux sont épouvantables. Celles et ceux qui les favorisent et endoctrinent les jeunes en les enfermant dans une confusion indescriptible sont sans aucun scrupule, au service d’eux-mêmes et de causes qui n’ont pas grand chose à voir avec la lutte contre les violences faites aux femmes, et encore moins avec le féminisme. Comme dans toutes les manifestations désormais, il est de plus en plus difficile de participer à une manifestation féministe  sans ressentir de malaise à la vue de tant de confusion.

Le 25 novembre, le gouvernement quant à lui, présentait les mesures retenues à la fin du Grenelle. Parmi les plus significatives : la levée du secret médical ; la suspension de l’autorité parentale des pères violents ; la suppression de l’obligation alimentaire des enfants envers leur père violent ; la prise en compte du suicide forcé dans le droit pénal ; le 3919  désormais accessible 24h/24h et 7j/7 jours; l’ouverture de 26 centres de suivi pour les coupables de violences conjugales  ; le recrutement de 80 intervenants sociaux supplémentaires dans les commissariats (un total de 330 en tout) ; l’adoption d’une grille unique d’évaluation du danger dans les commissariats ; une convention entre le 3919 et le ministère du logement pour faciliter l’accueil des victimes ; la création de 1 000 nouvelles solutions d’hébergement immédiatement ; 6 millions d’euros alloués au déploiement du bracelet anti-rapprochement ; un « conseil de vie » mis en place au collège et au lycée ; une formation «obligatoire» sur l’égalité entre les filles et les garçons pour les enseignants ; un module sur les violences conjugales pour le service national universel (SNU) ; un document unique de signalement pour les enfants exposés aux violences familiales pour le personnel enseignant ;  etc.

Il me semble raisonnable d’admettre que ce n’est pas rien, et dans tous les cas, c’est infiniment plus que ce que tous les gouvernements précédents avaient mis en oeuvre. Bien entendu, de telles mesures devront être évaluées à l’aune des résultats obtenus et corrigées, complétées si besoin. Le Haut Conseil à l’Egalité s’est félicité de l’adoption de ces mesures tout en rendant un Avis «Violences conjugales : pour une culture de la protection des femmes et des enfants ». Savoir reconnaitre des avancées, rester prudent et évaluer au bout de quelques temps les résultats d’une politique est une attitude constructive. En revanche, le collectif #NousToutes – mais est-il si représentatif des manifestant.es  des 23 et 25 novembre ? –  s’est immédiatement opposé au plan de mesures annoncé et un rassemblement fustigeant le gouvernement était organisé le soir même. A mon sens,  une manoeuvre partisane dont l’objectif est bien plus de critiquer le gouvernement que de travailler de manière constructive à endiguer les violences faites aux femmes. Rien de bien étonnant lorsque l’on sait que l’organisatrice de #NousToutes la plus en vue, a aussi défilé le 10 novembre dernier contre l’ » islamophobie d’état « aux côtés d’islamistes.

C’est aussi oublier que les violences faites aux femmes ne se limitent pas, loin s’en faut, aux violences conjugales et qu’il faudrait aussi se préoccuper des autres violences, opportunément poussées sous le tapis par certain.es. Quid de l’insécurité, du harcèlement, du viol et des violences sexuelles dans l’espace public, de la violence prostitutionnelle ? Quelles sont les politiques Genre et ville qui prennent toutes ces problématiques véritablement au sérieux et agissent concrètement ? Qui fait quoi contre les violences communautaires et religieuses ? Pas grand monde, tout juste si l’on ose en parler, de peur d’être accusé.es de racisme ou d’ « islamphobie ». En tous cas pas #NousToutes ! Seules Femmes Solidaires et le réseau  des  VigilantEs l’ont fait clairement, appelant à la Manifestation avec un communiqué sans ambiguïté : féminisme universaliste,  abolitionniste et contre le relativisme culturel, le racialisme et le communautarisme. Il y avait également un cortège abolitionniste dans la manifestation parisienne, bien leur a pris de se regrouper et d’être nombreuses.

Pour conclure, si je salue une mobilisation massive, je déplore les dérives idéologiques qui entachent le mouvement des femmes comme tous les mouvements sociaux. J’ai, après des décennies de marches lugubres et stériles le 25 novembre, enfin l’impression que le gouvernement a commencé à prendre la mesure du problème et que les mesures adoptées  permettront d’avancer. Je rappelle que les violences conjugales ne sont pas les seules violences faites aux femmes et que se focaliser sur elles-seules enfonce un peu plus toutes les femmes qui subissent d’autres formes de violences, et nous laisse toutes démunies face aux violences subies dans l’espace public et bien des lieux.

En définitive un bilan positif, mais que l’organisation de #NousToutes avec ses compromis douteux et son attitude partisane, ne doit certainement pas s’attribuer, à elle seule.

Christine Le Doaré

 

Marie dans le cortège parisien NousToutes : https://youtu.be/jq-Bj_WoUK0

CP des VigilantEs : https://vigilantes2015.wordpress.com/2019/11/09/ce-qui-divise-la-gauche-divise-aussi-le-mouvement-des-femmes/

CP de Femmes Solidaires : https://femmes-solidaires.org/25-novembre-stopfeminicide-stopimpunite/

CP du HCEfh : http://haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/cp_avis_hce_violences_grenelle_2019_11_25.pdf

25/11/2018 #NousToutes OU #NousAussi ?

imagesLe 25 novembre c’est la Journée Mondiale de Lutte contre les violences faites aux femmes. Après la Women’s March de janvier 2017 et la lame de fond #MeToo, est prévue le 24 novembre 2018 à Paris, une marche #NousToutes pour ne pas laisser retomber la mobilisation. Les organisatrices de l’évènement rappèlent qu’en « Argentine, Chili, Espagne, Inde… Partout dans le monde, des voix se lèvent contre les violences. Et en France ? ». C’est vrai, la mobilisation mondiale est enfin à la hauteur des violences sexistes et sexuelles que subissent les femmes du monde entier, et ce n’est pas le moment de baisser les bras.

Alors, fortes des précédents succès mondiaux, les organisatrices, Caroline De Haas et le CNDF (Comité National des Droits des Femmes) en tête, annoncent « une déferlante féministe pour en finir avec les violences sexistes et sexuelles ». Qui peut dire : je ne suis pas d’accord avec cet objectif ? Toute féministe l’espère, tout être humain digne de ce nom aussi. Seuls de réactionnaires partisans de la domination masculine et bien entendu les prédateurs sexuels peuvent s’y opposer. Qu’ils osent le dire !

En finir avec les violences sexistes et sexuelles est fédérateur. Sous la pression, les pouvoirs publics devront agir jusqu’à ce que les violences faites aux femmes, ne soient plus que résiduelles.

Annoncer un « ras-de-marée » est toujours risqué mais tout était réuni cette année, pour que la mobilisation du 24 novembre soit très suivie. Dans ces conditions, je me demande pour quelles raisons, les organisatrices se prêtent à des alliances douteuses pour assurer son succès ?

affiche 25 novembreSur le visuel appelant à la Marche, je trouve choquante la mise en avant de femmes, symboles de « féminismes » pour le moins controversés. Contrairement à l’universalisme, le relativiste culturel adapte le « féminisme différentialiste » aux traditions et règles propres à chaque culture, ethnie, communauté, religion… Toute aussi cynique est la présence dans le groupe organisateur, de figures du « féminisme pute » (comme il aime à se nommer) qui consent que des femmes soient réduites à des commodités sexuelles.

Quelle est d’ailleurs la raison d’une affiche exposant des femmes plutôt que d’autres puisque #NousToutes est sensé représenter toutes les femmes, anonymes comprises, qui condamnent les violences sexistes et sexuelles. Concession au star-système ?  Volonté de démontrer que toutEs peuvent dépasser leurs désaccords et se rassembler. Même s’il s’agit de désaccords insurpassables ? Cette stratégie écarte délibérément des féministes qui se refusent à cautionner de tels compromis.

L’union fait la force certes, mais combien de temps et de quelle manière si les principes fondamentaux sont bafoués dés le départ ? Faut-il rappeler aux organisatrices que l’enjeu de la Women’s March aux USA était avant tout de résister à Donald Trump ? Quel sens peut bien avoir en France, une « union sacrée » avec des figures de l’indigénisme, c’est à dire des identitaires essentialistes, différentialistes et racialistes (*1) ou encore avec des figures du « féminisme putes » qui défendent le système prostitueur (*2)? Si ce n’est pas un comble d’appeler à une Marche contre les violences sexistes et sexuelles sans condamner aussi la prostitution, la plus violente exploitation sexuelle patriarcale qui soit ! Pourquoi ne pas s’allier aussi aux figures du « féminisme intégral » essentialiste et conservateur, à Eugénie Bastié par exemple, tant qu’on y est ? Tant qu’à ratisser large, pourquoi se contenter de l’extrême gauche ? Toutes les forces sont bonnes à prendre, non ? 

A quels compromis se soumettent les organisatrices pour nouer de telles alliances ? Nous l’avons vu, pas de réaffirmation de l’abolition de la prostitution ni de demande d’une meilleure application de la loi ; rien sur le harcèlement de rue,  les limitations de liberté dans l’espace public que s’imposent les femmes afin de ne pas risquer d’être agressées, violées…  ; rien non plus sur la solidarité internationale, ne serait-ce que le soutien aux iraniennes qui se dévoilent au péril de leur liberté  ; et surtout absolument rien sur toutes les violences sexistes et sexuelles inhérentes à l’emprise du communautarisme, des traditions et du religieux. Des accommodements coupables.

IMG_9689Nous vivons décidément une époque formidable, les islamo-gauchistes et faux-nez du féminisme en tous genres peuvent oublier leurs stratégies d’entrisme, désormais ce sont les mouvements sociaux qui facilitent leur inclusion. D’ailleurs, des groupuscules comme Lallab, le STRASS, le Witch bloc… ne s’y trompent pas et exigent des organisatrices une visibilité spécifique dans la Marche car elles subiraient des violences sexuelles « marquées par l’expression quotidienne du racisme, de l’islamophobie et de la négrophobie » ; car « les femmes musulmanes subiraient des discriminations légales » ; car les « travailleuses du sexe » sont l’objet d’un harcèlement policier ; et puis les Trans, et puis les grosses, et puis…  (Tribune Médiapart 30/10/2018). Une surenchère de victimisation pour le moins douteuse car il n’est pas du tout prouvé que les non-musulmanes ou les « blanches »  (Pantone numéro combien déjà ?) subissent moins de violences sexistes et sexuelles que les autres. L’art de diviser les femmes quand elles pourraient s’unir contre la domination masculine ! L’art de mentir aussi car la loi d’abolition de la prostitution a pour effet de ne plus importuner les prostituées, seulement les clients ;  car il n’y a aucune discrimination légale contre les musulmanes en France (s’il est fait référence à la burqa dans l’espace public ou le port du voile dans les administrations, il ne s’agit pas de discrimination mais de mesures de sécurité dans un cas et de neutralité de la fonction publique dans l’autre). Et pour couronner le tout, l’art du chantage. Elles/Ils ne sont pas #NousToutes mais #NousAussi comme si aussi n’était pas compris dans toutes ! Mieux se singulariser, mieux s’exclure pour mieux se mettre en avant ; une redoutable perversité quand on y pense. 

Je suis de celles que ces détestables compromis désolent. Que les organisatrices s’inspirent de la Women’s March autant qu’elles le veulent, mais qu’elles laissent les Linda Sarsour (*3) françaises au vestiaire. Lutter contre les violences faites aux femmes en légitimant des groupes animés par des idéologies indigénistes ségrégationnistes ou qui revendiquent l’exploitation et les violences sexuelles de la prostitution, groupes aux antipodes du féminisme universaliste et de l’émancipation réelle et inconditionnelle des femmes, est une impasse.  La domination masculine s’arrange du féminisme intersectionnel qui tente de faire converger des intérêts souvent antagonistes (comme émancipation des femmes et revendications communautaires ou religieuses) et l’égratigne à peine. 

Les féministes universalistes, sont misEs devant le fait accompli : le dilemme est une fois de plus de choisir entre participer à cette Marche parce que les violences contre les femmes sont accablantes et inacceptables ou attendre, organiser d’autres évènements afin de ne pas cautionner l’insupportable opportunisme des unes et la cynique récupération des autres.

Christine Le Doaré

(*1) Rokhaya Diallo et d’autres, présentes sur le visuel #NousToutes, défendent des thèses identitaires indigénistes, différentialistes, essentialistes et racialistes, décoloniales « anti-blancs », un « féminisme intersectionnel » qui favorise d’autres agendas au détriment des luttes contre le système patriarcal, Rokhaya Diallo a fondé les Indivisibles et créé les Y’Bon Awards, a signé l’appel « Pour la défense de la liberté d’expression, contre le soutien à Charlie Hebdo », a déclaré « Il n’y a pas lieu de s’apitoyer sur les journalistes de Charlie Hebdo »…

(*2) Morgan Merteuil (pseudo) présente dans le groupe organisateur et d’autres, présentes sur le visuel, défendent le système prostitueur, les clients, sachant pertinemment que ce sont toujours soit les clients soit les macs/réseaux qui mettent en danger et tuent les prostituées. 

Si Morgane Merteuil, ancienne Secrétaire générale et porte-parole du STRASS – https://sousleparapluierouge.wordpress.com/2013/03/26/anatomie-dun-lobby-pro-prostitution-etude-de-cas-le-strass-en-france/    omniprésente dans l’équipe d’organisation #NousToutes, si elle n’est plus porte-parole du STRASS,  se vante sur les réseaux sociaux d’avoir réussi à imposer « le féminisme pro-putes, pro-Trans et anti-islamophobe  » (rien que ça !) dans le mouvement féministe à l’occasion notamment de cette Marche :

@MorganeMerteuil

Reconstituer nos rangs, c’est aussi reconstituer des espaces de débats, de réflexion stratégique, et l’occasion de constater que malgré notre faiblesse, notre conception du féminisme comme anti-islamophobe, pro-putes, pro-trans, pèse désormais dans le rapport de force.

(* 3) Linda Sarsour

Porter un hijab pour lutter contre le machisme de Donald Trump ?

http://www.ikhwan.whoswho/blog/archives/10982

#8mars2018 le sabotage de la manifestation féministe Parisienne

 Dans une manifestation féministe #8mars , un cortège BDS pro-palestinien/anti-israélien menace des féministes soutenant les Iraniennes en lutte contre le port du voile obligatoire. En ce qui me concerne, cet évènement constitue un point de non-retour.

Bien sûr, comme tout mouvement social qui se construit dans une confrontation constante, le mouvement des femmes est complexe, divers et divisé. Bien sûr, depuis le début de son histoire, les valeurs fondamentales du féminisme sont dévoyées, trahies par nombre de personnes et de groupes qui pratiquent un entrisme éhonté pour tenter d’en prendre le contrôle.

Des groupuscules identitaires ont infiltré quasiment tous les partis et mouvements sociaux à gauche et pas seulement ; le mouvement féministe pas plus que le mouvement LGBT, n’ont été épargné. Pour tout observateur aguerri des mouvements sociaux, ce n’est vraiment pas un scoop. Le plus grave étant qu’aucune formation politique ou sociale de gauche ne fait le ménage dans ses rangs, bien au contraire, complaisance et lâcheté se mêlent à l’acculturation, au simplisme et même à la bêtise et laissent le champ libre à un dangereux sectarisme. A tout prix ne pas disparaître, et s’il le faut construire des alliances, même les plus improbables. Ce qui s’est passé le #8mars2018 à Paris dans une manifestation prétendue « féministe unitaire » en est une parfaite illustration.

Déjà lors de manifestations du #8mars précédentes, il avait déjà fallu supporter les batailles entre factions en guerre (Kurdes/Turques…), et des cortèges intersectionnels #8marspourtoutes défendant le système prostitueur ou le voile, etc. Les syndicats CGT, SUD, l’extrême-gauche, les libertaires, les Verts et le PC, constituaient d’année en année, le plus gros du cortège, pendant que le cortège de femmes se réduisait à portion congrue, mais nous n’avions pas encore été agressées par un bataillon pro-Palestinien – boycott Israël (BDS) pour avoir porté des pancartes féministes de soutien à nos sœurs iraniennes qui se dévoilent au prix de leur liberté, quand ici, des identitaires endoctrinées font la promotion du voile, marqueur genré politico-religieux s’il en est !

La manifestation parisienne est partie en avance sur l’horaire, alors que nous le quittions, nous avons croisé des femmes tentant de le rattraper. Un cortège désorganisé, dépareillé, faisant encore une fois la part belle aux syndicats et groupes politiques, sûrement concernés par la lutte contre le système patriarcal, mais avant tout, par la critique du gouvernement, sans oublier quelques individus masqués « antisystème », comme il s’en trouve désormais dans quasiment toute manifestation parisienne. Bien entendu, il y avait encore quelques groupes féministes, et j’ai notamment croisé des délégations OLF, Zéro Macho, Encore Féministe, la GLFF, etc. Il y avait aussi un cortège #metoo, un cortège de militantes Kurdes, de militantes d’Efrin, de femmes Iraniennes en exil, mais je n’ai noté, (à part les nôtres), aucune pancarte de soutien aux Iraniennes, aux Syriennes, aux femmes Polonaises qui luttent contre l’interdiction de l’avortement.

Comment en ce #8mars2018 passer à côté des Iraniennes en lutte contre les interdits d’un régime qui leur impose tenues et conduites directement issues de la charia islamique ? Il faut croire que les « féministes » intersectionnelles, islamo-gauchistes, françaises (comme un peu partout en occident), toutes à leur communautarisme et leur sacro-sainte  liberté du voile islamique, ne peuvent supporter la vue des Iraniennes ôtant publiquement leur voile, ceci exigerait de leur part de réfléchir à la signification réelle de ce voile !

Nous étions un petit groupe de femmes, issues notamment des « Femmes sans voile » d’Aubervilliers, de la CLEF, de Regards de Femmes, La Ligue Internationale du Droit des Femmes et des Vigilantes à avoir préparé et à porter des pancartes affichant le logo de soutien aux femmes iraniennes en lutte contre le port du voile obligatoire. Regardant passer le cortège avant de rejoindre les quelques groupes féministes en tête, certaines d’entre nous ont été apostrophées, injuriées, menacées par plusieurs individu.e.s sortant de l’imposant cortège pro-Palestinien/anti-Israélien -BDS. L’une de nous a été bousculée, sa pancarte a été cassée. Que faisait ce cortège BDS dans une manifestation féministe ? Comment admettre qu’une manifestation féministe le 8 mars, Journée internationale de lutte pour les Droits des Femmes, n’affiche pas massivement son soutien aux femmes Iraniennes qui viennent de lancer un mouvement de libération pour s’affranchir du joug patriarcal politico-religieux islamiste ? Comment cautionner que des féministes, solidaires des Iraniennes ne puissent défiler en paix dans une manifestation féministe le 8 mars, pire, y soient menacées, bousculées, agressées ?

En ce qui me concerne, après plus de 35 ans de participation aux manifestations féministes du #8mars, j’y mets un point final. Le mouvement féministe est gangréné par les identitaires de tous poils, « féminisme musulman », racialistes, islamo-gauchistes ; tous les groupes et personnalités qui tolèrent voire encouragent cette confusion aussi malsaine que dangereuse sont responsables. Un travail de clarification et de refondation doit avoir lieu. En attendant, je pense qu’il est urgent de se concentrer sur l’essentiel, à savoir la solidarité avec les femmes qui, ici et ailleurs, se battent contre les discriminations et violences contre toutes les femmes, sans aucune considération identitaire, communautariste ni religieuse. Le féminisme est par définition laïque et universaliste ou il ne l’est pas, les identitaires et leurs ami.e.s viennent d’en faire la démonstration imparable.

Christine Le Doaré

 

 

 

Linda Sarsour et le féminisme relativiste mis à mal !

LS Les féministes universalistes l’ont tout de suite suite su, il ne pouvait y avoir de féminisme communautaire, encore moins religieux. C’est par définition antinomique. Pourtant, depuis le début des années 2000 sous l’impulsion de pays musulmans œuvrant au sein des institutions internationales, des groupes « féministes musulman » et autres variantes, tentent de s’imposer. Ces groupes bénéficient de toute l’attention de médias complaisants en quête de nouveauté, qui les ont baptisés : « nouveaux féminismes ».

Linda Sarsour, l’une des organisatrices de la Women’s March, arbore le voile islamique ;  elle est l’un des symboles de ces « nouveaux féminismes ». Aussi, ne fus-je pas surprise d’apprendre hier par la presse américaine qu’un témoignage d’une ancienne collaboratrice de l’Arab american association  compromet sévèrement Mme Sarsour. D’après ce témoignage, Mme Sarsour, alors Directrice exécutive de l’AAA, aurait couvert le harceleur et agresseur sexuel de Mme Asmi Fatehlbab parce qu’il était un « bon musulman qui passait du temps à la mosquée ».

Mme Fatehlbalb, jeune New-Yorkaise musulmane de 37 ans, parle de l’association comme d’un « environnement dangereux et violent pour les femmes ». Aslu Fatehlbab termine son lourd témoignage en disant que « le harcèlement est toujours de la faute des femmes dans l’association et que Sarsour ne protège que les hommes, elle ne soutient pas les autres femmes ; la seule femme qui l’intéresse, c’est elle-même ». Une fois le contrat de travail d’Asmi Fatehlbab venu à terme, Linda Sarsour lui aurait assuré qu’elle ne retrouverait plus de travail à New York.

Il faut lire ce témoignage que nos médias français penseront peut-être à traduire New-York Post : https://nypost.com/2017/12/18/womens-march-organizer-accused-of-covering-up-sex-abuse/

Triste exemple de relativisme culturel quand une femme en responsabilité couvre un homme de la même religion/communauté qu’elle, lui permet d’agresser sexuellement une autre femme, le protège lui, et la sacrifie elle. Aucune sororité, aucune solidarité, juste une quête de pouvoir politique pour imposer une religion et une manière de vivre.

Le féminisme communautaire et/ou religieux est une forme d’aliénation patriarcale ; le « féminisme », si féminisme il y a, passe toujours au second plan. Ce type de « nouveau féminisme » est une vue de l’esprit, une imposture politique.

Les féministes universalistes en sont convaincues : aucune religion jamais, aucune communauté, aucune tradition (à de très rares exceptions près) ne défend les libertés ni droits des femmes, bien au contraire, ce sont de redoutables instruments pour maintenir les femmes sous contrôle de la domination masculine.

 

Le relativisme culturel qui imprègne la gauche, les milieux universitaires et médiatiques, n’épargne pas les mouvements féministes qu’il divise. Il est urgent de le comprendre, seul le féminisme universaliste est capable de parvenir à l’égalité femmes-hommes et de proposer un projet de société émancipateur pour les femmes et plus généralement pour l’humanité.

Christine Le Doaré

#BalanceTonPorc et maintenant ?

Je ne reviens pas sur l’affaire Harvey Weinstein, ni sur la vague des dénonciations #BalanceTonPorc viral sur les réseaux sociaux. Nous verrons avec le temps si ce raz-de marée capable d’atteindre partout dans le monde, ceux qui jusqu’alors bénéficiaient du silence, peut modifier en profondeur et de manière pérenne, la manière dont tant d’hommes appréhendent les femmes, peut reléguer au placard, le système patriarcal.

 

Quasiment toutes les femmes, (quelques hommes aussi), subissent au moins une fois dans leur vie quand ce n’est pas quasi-quotidien, une ou plusieurs formes de harcèlement à caractère sexuel. Il peut s’agir d’une remarque ou insulte vulgaire, d’une menace comme de violences sous la contrainte  (sifflements, propositions, injures, gestes, violences…) ; cela peut se produire dans l’entourage, à l’école, au lycée, à la fac, dans l’entreprise, dans la vie associative, dans la rue, dans les transports, en fait partout et tout le temps.

Les données disponibles sur les violences sexuelles sont impressionnantes, pourtant elles ne représentent qu’une infime partie des agressions ; en outre, de nombreuses formes de harcèlement ne font quasiment jamais l’objet de plainte. Qui porte plainte pour avoir été suivie, pour attouchements dans le métro ou dans la rue ? Contre qui ?

Personne ne l’ignore, tout le monde l’a intégré de manière plus ou moins consciente et jusqu’à l’affaire Weinstein, car il semble bien qu’il y aura un avant et un après, la société (mises à part les militantes féministes et pro-féministes), s’en accommodait et faisait silence.

Pourquoi ?

 

Il est banal de critiquer des systèmes d’exploitation et de domination notamment économiques,  il est à la mode de parler de colonisation et d’esclavage, en revanche, reconnaître que pendant des siècles, la moitié de l’humanité a vécu dans un système d’oppression globalisé, le système patriarcal,  n’est toujours pas à l’ordre du jour. Certaine femmes disposaient d’un peu plus de libertés et privilèges que la moyenne, mais il s’agissait bien d’un système de domination opprimant les femmes dans leur ensemble, système qui depuis peu cède du terrain et encore, pas complètement ni partout.  L’émancipation des femmes, à l’échelle de l’humanité, est d’ailleurs très récente.

Depuis leur plus jeune âge, les enfants sont élevés dans un système genré qui ne signifie pas différences mais positionnement social : même les vêtements leur rappellent qu’ils vivent dans le rose ou dans le bleu. Même les bébés y dont droit, les tenues de bébé sont agrémentées de fanfreluches pour les filles. L’hyper-sexualisation des petites filles, adolescentes puis femmes ne dérange pas grand-monde et fait les choux gras des business publicitaire et de la mode. Dès l’école primaire les enfants intègrent que « le masculin l’emporte sur le féminin », etc.

Il existe des femmes tellement imprégnées par ce conditionnement social qu’elles trouvent une gratification dans les formes les plus légères de harcèlement, ne faisant même pas la différence avec la séduction. Et pour cause : les femmes sont encore très souvent considérées comme des objets sexuels et les puissantes industries du sexe (pornographie, prostitution…) y veillent.

De nombreuses « féministes », notamment dites « pro-sexe » revendiquent d’ailleurs de jouer avec ces codes et encouragent les industries du sexe à prospérer, allant jusqu’à proposer un marché qu’elles prétendent alternatif, allant jusqu’à se faire objectivement complices du système prostitueur, en tous cas lui permettant de se développer sans limite comme par exemple en Allemagne et autres pays ayant légalisé la prostitution.

D’autres « féministes » à l’inverse revendiquent la « mode pudique » et se couvrent pour échapper aux prédateurs, cédant elles aussi aux injonctions patriarcales sexistes mais aussi religieuses.

Dans les deux cas, leurs réponses conviennent parfaitement à l’oppresseur qui garde le contrôle et tire les ficelles à sa guise. Les féministes et pro-féministes en revanche qui ont une conscience aigüe du fonctionnement du système patriarcal, ont bien compris qu’il s’agit là d’impasses.

 

Alors demain ?

Le harcèlement a profité de la « culture du viol » dans laquelle, la supériorité, la puissance et la domination masculine sont valorisées. Les harceleurs avaient un sentiment d’impunité renforcé par le fait que beaucoup de victimes sont mineures la première fois qu’elles y sont confrontées.

Et tout ceci ne va pas changer facilement, même après l’affaire Weinstein.

Des lois sont certes en préparation (définir le harcèlement de rue, allongement du délai de prescription à 30 ans, fixer un âge de consentement – pas avant l’âge de la majorité serait cohérent), mais la difficulté de porter plainte, le laxisme de la justice qui ne protège pas assez les victimes, et au contraire, organise la récidive, est un sérieux obstacle.

Tant que nous vivrons dans un système patriarcal, avec sa culture de domination/soumission, un changement radical n’est tout simplement pas possible. Vous connaissez un système d’oppression qui œuvre à sa propre destruction ?

 

Ce qu’il faut comprendre avant tout, c’est que le harcèlement n’est pas un phénomène indépendant que l’on peut combattre isolément du reste : c’est l’une des manifestations de la domination masculine. Certes l’élan #BalanceTonPorc sonne comme le rejet massif d’un mode de fonctionnement machiste toléré depuis si longtemps, mais sans un reversement du  système patriarcal, que peut-il vraiment ?

Si les femmes, les hommes, les gouvernements, si les sociétés dans son ensemble veulent sur la lancée de ce hashtag anéantir le harcèlement et les violences sexuelles, elles ne doivent pas seulement viser l’égalité formelle, pas seulement prendre quelques textes qui seront plus ou moins bien appliqués, mais remettre en question tout un système culturel et social, ses représentations, ses croyances, ses valeurs. Dès le plus jeune âge, dès la crèche, la maternelle et tout au long de la vie des personnes, l’éducation, les actions de prévention doivent éradiquer tout sentiment, toute manifestation de discrimination sexuelle, et tout privilège  attribué à l’un des sexes au détriment de l’autre ; doivent promouvoir sans relâche, la liberté et le respect de l’autre, de ses différences sans jamais les hiérarchiser.

Aucun système de domination ne devrait séparer l’humanité en deux et organiser l’exploitation, l’oppression, notamment le harcèlement sexuel,  de l’une partie par l’autre.

Christine Le Doaré

 

Article 222-22 du code pénal : les agressions sexuelles consistent en une atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte ou surprise : il s’agit de tout acte de nature sexuelle, non consenti.

 

Mise à jour dimanche 29 octobre, après le Rassemblement Paris 

Rassemblement #meetoo #BalanceTonPorc Paris République 15h. 
C’est pénible, décourageant même d’avoir souvent les bonnes intuitions.
Je me doutais qu’il n’y s’y passerait pas grand chose, pourtant j’y étais. Un tel élan mondial contre le harcèlement et les violences sexuelles çà ne se boude pas, même s’il manque une stratégie et de solides objectifs collectifs pour parvenir à changer en profondeur, le contrat social entre les sexes, pour parvenir à renverser vraiment la domination masculine.

C’était comment ?
Allez, 300 personnes au très grand maximum. Un confetti à l’échelle de Paris. Bon, 60 à Nantes, c’est toujours mieux. Encore que ?
En plus, il fallait retrancher :
– la garde révolutionnaire « Nuit debout » même si réduite à peau de chagrin, elle occupe toujours partie de la Place.
– les passants et les touristes qui regagnaient leur hôtel.
– les caméras en surnombre.

Qu’ai-je vu ?
Quelques pancartes témoignages ou slogans vraiment fort à propos mais trop rares.
Ex : ce garçon qui a probablement la chance d’avoir une maman et/ou un papa féministe.s « Éduquez vos garçons », et puis : « On ne se taira plus », ou encore : « Les victimes dénoncent à quand les jugements ? ».
D’autres pancartes auxquelles je n’ai rien compris et enfin des pancartes qui m’ont faite bondir comme par exemple : une citation de Germaine Greer mal comprise (contresens), et puis « chatte en grève » ou « Angry pussy » (comprenez chatte en colère) des EffrontéEs. Tenez-vous bien « chatte » en grève ! Pour lutter contre le harcèlement et les violences se réduire soi-même à des organes généraux/sexuels ?! 😡

Il y avait :
– quelques femmes venues pour témoigner, dans l’esprit de l’appel (très peu) quelques poignées,
– quelques couples, familles, hommes en soutien, très très peu. Il va d’ailleurs falloir arrêter de soutenir mais se retrousser les manches et agir.
– beaucoup de caméras, journalistes et autres, tout passe par l’image de nos jours comme on leur fait dire ce que l’on veut,
– les groupuscules « révolutionnaires habituels » contre toutes les oppressions « cis-(comprenez bio), white,…power…
Comment dire ? Un peu repoussoir ? Surtout quand on écrit partout dans son enclos « pas d’homme cis ici » ! Perso je commence à penser que sans un vaste mouvement d’hommes pro-féministes (mais en dehors de nos « jupes ») capable de mobiliser et convaincre les autres hommes qu’il est temps de changer le disque dur, rien ne changera jamais durablement,
-des vieilles militantes féministes (dont moi), pleines d’espoir (ça va reprendre),
– une très grosse délégation de l’Alliance des Femmes (A. Fouques survivors).
-Clémentine A qui repérerait une caméra même sur des docks londoniens en plein pic de fog
– Caroline D H qui se demandait quels trottoirs de la Place on pourrait encore élargir ?
-…

Alors pourquoi ce qui déclenche une vague gigantesque sur les réseaux sociaux, fait un flop criant quand il s’agit de se rassembler et d’agir ensemble ?
Je n’ai rien vu aujourd’hui de bien pensé, informé, articulé. Globalement cela donnait l’impression d’un pauvre bricolage. Rien à voir avec l’intelligence, l’impertinence, l’imagination, la riche créativité des mouvements des années 70…
cet élan viral à l’image de nos sociétés désormais manque t’il de fond, d’un consensus sur le fond, sur la forme et surtout sur la stratégie ?
Est-il trop individualiste, pourtant ça ne devrait pas, chaque femme est concernée. Tout ce qui est dénoncé est vrai et d’une bien plus grande ampleur encore.
En quoi le féminisme universaliste peut-il aider à construire un projet de société libéré des rapports de domination/soumission de la domination masculine ?
Il va falloir commencer par se poser les bonnes questions. Sinon, ce bel élan risque de ne pas être aussi concluant que nous pouvions être en droit de l’espérer.

#BalanceTonPorc et maintenant ?
https://christineld75.wordpress.com/…/balancetonporc-et-ma…/

Paris nord-est, le tram de l’angoisse

IMG_1642

Canal de l’Ourcq sortie Parc de la Villette vers Pantin

Ce dimanche après-midi-là, partie découvrir dans le prolongement du Parc de la Villette, le canal de l’Ourcq, direction Pantin et ses moulins restaurés,  je ne pensais pas en revenir aussi déprimée.

Oh la balade fut sympathique, berges piétonnières et jolis petits bateaux de location sur l’eau, le retour, en revanche, plus éprouvant.

Avant de prendre le tram du retour, direction Porte de Vincennes, je m’offre un petit arrêt dans la Cité des Sciences et de l’Industrie, quand soudain je tombe sur une petite famille, un père et ses enfants dont une fillette d’environ 9 ans, soigneusement voilée. Une enfant si jeune qui ne devrait avoir en tête que de s’amuser librement, dans ce musée ludique. Dépitée de constater une fois de plus, que si de plus en plus de femmes sont voilées, les fillettes n’échappent pas  non plus à cette mode politico-religieuse qui sur elles toutes, étend son voile d’invisibilité. Le voilement des fillettes est terriblement choquant, c’est un formatage idéologique qui les assigne à une obscure ségrégation sexuelle et sexiste. De plus en plus de fillettes sont ainsi marquées du sceau communautaire et religieux imposé par leur famille, c’est de la maltraitance, la République pourtant, ferme les yeux.

Attristée, je me dirige vers la station de tram Porte de la Villette où j’aperçois une autre fillette d’environ 7 ans cette fois, abandonnée sur le quai et prise en charge par la sécurité RATP. La petite fille semble être Rom ou Syrienne, oubliée sur un quai, pour quelles raisons, par quels « parents » ? Pauvre bout de chou aux grands yeux emprunts d’un insondable sérieux. La brigade RATP appelle la police qui la prendra en charge, la rame arrive, je la regarde une dernière fois.

Assise, préoccupée, j’observe attentivement les gens dans la rame, autant que les extérieurs que nous traversons sur le trajet de la Porte de la Villette jusqu’à la Porte de Vincennes. Un parcours dans Paris, même si à sa périphérie, que nos politique et décideurs publics,  ne doivent pas souvent emprunter. Avant la Porte des Lilas, des deux côtés, on aperçoit de temps à autres des HLM et des citées qui auraient bien besoin d’être rénovées, grises, sales, laidement taguées (pas franchement du street art !), affublées de balcons débarras.

Sur les trottoirs comme dans la rame, circule une population très majoritairement immigrée essentiellement d’origine africaine et maghrébine, difficile de parler de mixité sociale ; les garçons sont en bandes, les filles entre copines, il y a quelques pitbulls sans laisse ni muselière,  les tensions sont palpables. De nombreuses femmes âgées mais aussi de toutes jeunes filles-femmes sont voilées, certaines portent abaya, niqab, d’autres des vêtements traditionnels ; les personnes des deux sexes semblent se soumettre à des règles communautaires où la domination masculine règne en maître.

Abattue, j’ai envie de quitter la rame avant mon arrêt. J’ai beau ne rien ignorer de cette situation, ce dimanche de fin juillet, l’accumulation m’oppresse. Comment a-t-on pu en arriver là ? Un tel retour arrière, aussi phénoménal et à si grande échelle ? 

Le dernier centre de dé-radicalisation a fermé, à quoi servirait d’en ouvrir de nouveaux ? Dans toutes les villes et pas seulement quelques banlieues, des zones entières de territoire républicain sont plus ou moins livrées à elles-mêmes et ne ressemblent plus guère aux villes françaises que nous connaissions encore il y a peu. Bien sûr même dans ces zones, des personnes résistent, mais les lois de la République et  le « vivre ensemble » cèdent la place à des modes de vie communautaires ; la délinquance et la violence prospèrent, s’imposent aux habitants qui les subissent. S’agit-il encore de vivre en France parce que l’on a choisi de connaître et participer à la vie de ce pays ou de s’enfermer dans une attitude de rejet systématique et même de haine ? Ces enfermements communautaires sont une chance pour ceux qui ont une stratégie politico-religieuse dont ils se cachent à peine. 

Les politiques d’urbanisme, de logement social,  ont contribué à installer peu à peu cette situation.  Le clientélisme politique a dangereusement enfoncé le clou alors L’islam politique a la tâche facile et je ne vois pas comment nous pourrions maintenant en sortir, à moins d’une sérieuse prise de conscience et d’une action politique volontariste, intensivement soutenue.

Les pouvoirs publics ont-il seulement réalisé l’ampleur des dégâts ? Qui, quand, comment seraient mises en oeuvre des actions capables de redresser la barre et nous éviter les terribles écueils sur lesquels nous ne manquerons pas de nous échouer ? La lucidité, rien de plus déprimant.

Christine Le Doaré

 

IMG_1684

Le hasard faisant hélas dans ce cas, bien les choses, 48 heures après avoir posté ce texte sur mon blog, je prends le métro vers 17h20 sur la ligne 8 et je tombe pile nez à nez avec un groupe d’enfants en centre aéré. Dans le groupe d’enfants qui s’amuse, une fillette voilée. Mais bien sûr il ne s’agit une fois de plus, que d’une hallucination visuelle islamophobe ! Quand le déni confine à la collaboration, les déni-oui-oui, deviennent complices d’un système d’oppression.

Féministes ? Ma Chapelle oui !

Ils zonent et opèrent des trafics, ici revente de cigarettes, elles s’occupent des enfants

Dans le quartier du métro La Chapelle dans le 18ème arrondissement de Paris, depuis longtemps la vie est compliquée. Hormis la Halle Pajol et le jardin d’Eole plus haut, au métro Marx Dormoy, le quartier est délaissé. Je le connais bien et depuis longtemps.

Urbanisme : rénovation immobilière inexistante, palissades, grillages sous le métro aérien,… (Un jardin partagé récent, plutôt désert, samedi 20/05/ à 14:00 : une personne)…

Commerces : boui-boui en pagaille, ouvrages qui nous parlent des « devoirs de LA femme » ou de sa pudeur, vêtements d’un autre temps pour mieux l’enfermer et l’entraver… (Rue Jean-Pierre Timbaud c’est pas mal non plus)…

Propreté en berne, pissotières à ciel ouvert, odeurs nauséabondes …

Trafics en tous genres et à la vue de tous, contrebande de cigarettes proposées à tous y compris aux mineurs, produits dangereux,…

Drogues, prostitution, petits caïds et mafias font leur loi…

Harcèlement des femmes, insultes, menaces, contrôle et peur … ;

Les habitants se débrouillent comme ils peuvent avec leur environnement. Là comme ailleurs, (car cette situation n’est pas limitée à La Chapelle mais se retrouve dans nombre de quartiers de Paris, de banlieue, et dans toutes les grandes villes en France), ce sont les populations les plus vulnérables, en particulier les femmes qui trinquent le plus. Les femmes sortent pour faire les courses, gamins sur le dos, accrochés au chariot et à la poussette, les enfants, vous comprenez, c’est leur affaire ; les hommes eux, ont mieux à faire. Ils occupent l’espace public, rues, squares, cafés, par groupe, communauté, business, selon des règles connues d’eux seuls.

Les pressions communautaires sur les femmes sont criantes, dehors pour faire les courses et s’occuper des enfants, elles sont majoritairement voilées quand elles ne portent pas hidjab et abayas.

Paradoxe s’il en est, dans ce quartier de grande mixité, chacun.e semble enfermé.e dans sa communauté, religion ; les femmes et les hommes le plus souvent, sont séparés dans l’espace public. Egalité, mixité ? Où ça ?

Quand on débarque la première fois dans le quartier, on se demande un peu à quelle époque et dans quel lieu on se trouve. Il y a longtemps dans les années 70/80 il y a eu un mouvement féministe avec en projet, la liberté, l’égalité, l’émancipation pour toutes et tous. Il y a longtemps.

 

L’arrivée de migrants, majoritairement masculins, n’a fait qu’amplifier et se dégrader une situation qui préexistait depuis longtemps. Plus d’hommes massés dans l’espace public, plus de promiscuité, de trafics, et plus de harcèlement. Les témoignages de femmes qui se plaignent de regards insistants, d’insultes, de menaces, de violences et de celles qui déclarent éviter de sortir ou ne pas sortir seules tard le soir, sont légions (* 1)

Savons-nous combien de femmes sont concernées ? Non, impossible de le savoir.

 

Une association « laïque et apolitique » SOS La Chapelle (*2) s’est constituée pour dénoncer cet état de fait et demander que des mesures soient prises pour que cessent les trafics et le harcèlement à l’encontre des femmes. Les médias ont relayé leur appel et depuis l’affaire fait grand bruit ; les pouvoirs publics, la Mairie du 18ème, la Mairie de Paris, la préfecture et l’état sont bien forcés de réaliser l’ampleur des nuisances vécues par les riverains et le réel danger auquel doivent faire face les femmes du quartier. Toutes les femmes.

 

Des solutions existent et en grand nombre pour qui veut vraiment s’intéresser au problème. Je peux en citer quelques-unes :

  • Vis-à-vis des migrants : Ouvrir des centres d’accueil en quantité suffisante et étudier rapidement les dossiers, mettre les femmes et les enfants à l’abri, intégrer tous ceux qui resteront en les informant impérativement des valeurs et règles fondamentales de la République, notamment mais pas seulement en matière d’égalité femmes-hommes, en leur donnant à toutes et tous, un enseignement de base, notamment en français ;
  • Vis-à-vis de toute la population : réhabiliter le quartier (logements, équipements, squares, commerces, la station de métro…) ; réinstaller une police de proximité et des unités de protection notamment le soir, également de verbalisation en cas de trafic et de nuisances ; nettoyer l’espace public régulièrement et plusieurs fois par jour si nécessaire ; adopter des dispositifs pour sécuriser les parcours des femmes la nuit, conduire des marches exploratoires pour y parvenir (*3)…

 

Ce qui m’exaspère le plus, hormis les élus et plus généralement les autorités qui laissent les situations dégénérer pendant des années avant de faire leur travail, c’est l’attitude de déni de nombre de gens de gauche et de féministes qui laissent au Front National un boulevard pour instrumentaliser une situation effectivement, indéniablement inadmissible.

Egalité, liberté, laïcité bafouées partout. Les femmes subissent depuis des décennies un puissant retour arrière, les mouvements féministes des années 70/80 n’imaginaient certainement pas que dans nombre de territoires de la République, des femmes seraient de nouveau infantilisées, enfermées dans une communauté, une religion, réduites à leur rôle de fille, sœur, puis femme, et mère de… ; encore moins que les femmes devraient trois décennies plus tard, toujours autant redouter le harcèlement de rue, les agressions physiques, les viols dans l’espace public (ou intime d’ailleurs).

Continuer de parler d’égalité dans un tel contexte a comme un gout amer, égalité pour qui ?

 

Et pourtant, il est des féministes pour oser s’offusquer de la pétition de SOS-La Chapelle ! Il est des féministes pour douter et même critiquer, ridiculiser celles et ceux qui refusent de subir une telle situation. Une journaliste qui témoignait de son vécu quotidien dans le quartier a été contrainte de protéger ses tweets, harcelée à son tour par des féministes et des gauchistes sur Tweeter ! (*4)

Au prétexte qu’il ne faut pas stigmatiser une population, une communauté, une religion, les migrants, des féministes sont dans le déni des réalités et contestent aux femmes en danger le droit de se défendre. Comme à Cologne ! Je crois bien que les féministes des années 70/80 les auraient traitées de vendues. Vendues à une idéologie et une stratégie politiques, par clientélisme électoral. Ne parlons même pas des essentialistes et racialistes du PIR (Parti des Indigènes de la République, Houria Bouteldja) ni de leurs cautions islamo-gauchistes, c’est aussi le cas de PayetaSchnek ou de certaines Insoumises sur les réseaux sociaux, c’est le cas de Caroline de Haas qui pense que tout est question d’urbanisme et qu’élargir les trottoirs va suffire à régler le problème.

Les classes moyennes quittent le quartier, toutes les femmes ou presque qui sont amenées à y rester subissent la domination masculine la plus caricaturale qui soit, mais non, il faudrait se taire et les laisser vivre un cauchemar quotidien pour ne stigmatiser ni ne gêner personne. Une fois de plus, je suis forcée de constater que grâce à la convergence des luttes sauce intersectionnalité gauchiste, le féminisme récupéré de toute part et amplement dévoyé est en danger de mort et que la domination masculine a de beaux jours devant elle.

 

Il faut le dire haut et fort, de telles situations, les femmes n’ont pas à les payer. Tout déni, toute complaisance avec le sexisme, le machisme de la domination masculine et ses violences, et sous quelque forme que ce soit, est une trahison envers les femmes, toutes les femmes, et envers le féminisme. Beaucoup de celles qui se revendiquent aujourd’hui du féminisme, se font des illusions, elles ne font que le saborder et les femmes avec.

 

Christine Le Doaré

 

*1. http://www.leparisien.fr/paris-75018/harcelement-les-femmes-chassees-des-rues-dans-le-quartier-chapelle-pajol-18-05-2017-6961779.php

 

 

*2. https://www.facebook.com/SOS-La-Chapelle-285969888429464/

 

 

*3. http://www.ville.gouv.fr/?marches-exploratoires-de-femmes

 

*4.

Affaire J. Sauvage, du grain à moudre

6456684_fusil-chasse_300x188P.- S. : afin de tenter d’éviter toute polémique stérile ou faux débat, je précise à toutes fins utiles que j’ai signé pour la libération de Jacqueline Sauvage, que j’ai considéré sa peine bien trop forte et que mon propos n’est pas de refaire le procès, encore moins de contester les violences faites aux femmes. Mon intention est de questionner les limites d’un féminisme « victimaire » qui oublie que le corolaire de l’oppression et de l’aliénation sont la résistance et la libération. Ce n’est pas en enfermant systématiquement et indéfiniment les femmes dans l’irresponsabilité, en les réduisant à des mineures bloquées dans les années 70 et même 50 que nous allons avancer. Il s’agit d’une réflexion politique sur des perspectives politiques perdues du féminisme, non pas de nier l’oppression, ni encore moins les violences faites aux femmes bien réelles et qui doivent être combattues sans relâche. Cette affaire Jacqueline Sauvage comporte bien des zones d’ombre, nier la part de responsabilité Mme Sauvage est une impasse. J’ajoute en bas de page un troisième lien, celui d’un article d’une « féministe historique » Anne Zelinski « Jacqueline Sauvage : responsabilité, ma soeur » (je précise : je n’aime pas beaucoup Causeur, mais ça dépend des auteur-e-s), je ne suis pas en accord avec tout ce qui est écrit et je trouve le texte un peu brutal, mais il a le mérite de placer le débat au niveau politique, de rappeler le sens du combat féministe : nommer, lutter, dépasser. Ce débat devrait pouvoir avoir lieu sereinement entre féministes. Mais de nos jours, l’analyse est si pauvre et l’anathème si prompt…

Je n’ai pendant longtemps rien eu envie de dire sur « l’affaire Jacqueline Sauvage ». Pourtant, mon opinion sur cette affaire est belle et bien forgée et maintenant que Madame Sauvage est libre, je peux l’exprimer.

Tout d’abord, il me paraît utile de rappeler que les violences conjugales sont l’une des manifestations les plus hideuses du système patriarcal.  Les hommes exercent une violence brutale et perverse sur l’être le plus proche et donc vulnérable, qu’ils ont sous la main.

Jacqueline Sauvage était indéniablement victime de violences conjugales.

L’enjeu de « l’affaire Jacqueline Sauvage » était peut-être moins sa libération que la situation vécue par toutes les femmes victimes de violence conjugale. Ces odieuses violences patriarcales dignes d’un autre siècle doivent cesser, il en va des droits des femmes autant que de santé publique.

Les lâches auteurs des violences faites aux femmes sont les geôliers d’un système d’oppression, ils doivent être condamnés lourdement et être mis dans l’incapacité de sévir à nouveau. 

Mais ce n’est pas, comme l’a si bien dit Luc Frémiot *, le droit qui doit changer, mais les mentalités. Toutes les mentalités : celles des institutions et pouvoirs publics en charge de prendre et d’appliquer les lois, celles des hommes que des campagnes de prévention et une juste répression doivent remettre à leur place, mais aussi celle des femmes.

En effet, il est grand temps que les femmes s’aident un peu. Le système patriarcal ne va pas tomber tout seul, les associations féministes n’y suffiront pas, les institutions non plus, si elles n’y mettent pas un peu du leur. Depuis le temps que ces violences sont perpétrées, il serait temps que les femmes analysent leur manière d’appréhender leurs rapports aux hommes :

  • mettre à distance mirages et illusions,
  • comprendre le fonctionnement des relations humaines : la séduction, le désir, l’amour, le couple
  • être un peu moins passives en tous cas un peu plus lucides, sans pour autant se méfier de tous ni faire d’amalgames.

En outre, le féminisme victimaire qui s’engouffre sans nuances dans la défense de femmes qui sont loin d’être dénuées de responsabilités,  fait beaucoup de tort aux luttes féministes.

Jacqueline Sauvage : une femme sous l’emprise d’un violent manipulateur pervers, mais aussi une femme d’emprise qui a tout de même beaucoup dissimulé, notamment aux enquêteurs et lors du procès. Elle se marie alors que les premiers coups ont déjà été portés, elle accepte d’avoir non pas un mais quatre enfants avec cet homme qui viole ses filles dans sa propre maison. N’est-elle d’ailleurs pas complice de ces viols, elle qui a tout de même choisi de croire le mari violent qu’elle connaissait parfaitement, plutôt que ses propres filles ? Jacqueline Sauvage est à mes yeux une femme définitivement antipathique. Je ne lui nie évidemment pas le statut de victime, mais elle n’a en rien tenté de sortir de la situation ni de préserver ses filles, son fils. 

Tant de femmes, ne serait-ce que pour protéger leurs enfants, prennent le risque de partir, quitte à sauter dans l’inconnu, Jacqueline Sauvage  est restée, faisant de ce fait, aussi le choix de sacrifier ses filles.

Elle a tiré dans le dos. Elle savait parfaitement se servir d’un fusil, femme de caractère, chasseuse et rompue au tir au fusil ; elle n’était à ce moment-là pas du tout en état de légitime défense. Sidération et  SPT* ont  tout de même bon dos.

Je plains les victimes que sont aussi et surtout les enfants de Jacqueline Sauvage et leurs propres enfants.

Les juges feront mieux leur travail quand ils seront plus éclairés sur la nature des violences conjugales et leurs conséquences ; ils ne devront pourtant jamais inventer une légitime défense quand elle est inexistante au moment des faits. L’inverse reviendrait à un instituer un permis de tuer, alors que les solutions résident dans la prévention et un plan de lutte généralisé. Ce n’est pas le droit, mais bien les mentalités, le droit au respect, à la sécurité, à l’égalité, qui doivent évoluer.

La grâce présidentielle est constitutionnelle, elle s’exerce en pleine âme et conscience et n’a pas à faire l’objet ni de pressions ni de commentaires, encore moins des magistrats (séparation des pouvoirs).

La lutte contre les violences faites aux femmes est un immense chantier, les violences conjugales n’en sont qu’une partie. Le retour en force du religieux et du communautarisme les accélèrent et aggravent considérablement. La lutte sera longue, très longue mais ne sera victorieuse que lorsque tous les paramètres seront mis en perspective. Le droit désormais est satisfaisant, ce sont les mentalités qui devront changer alors que pourtant, elles régressent.

Tout ce qui met les femmes en danger doit être combattu ; la société, les institutions ont un rôle majeur à jouer, mais les parents également, les garçons comme les filles, doivent recevoir une éducation non sexiste.

Les hommes violents doivent se faire soigner ou être dénoncés, jugés et mis hors d’état de nuire, aucune complaisance ne doit être tolérée jamais ; les femmes doivent vouloir être libre de leur vie sans contrainte masculine d’aucune sorte.

Nous ne sommes plus au moyen-âge mais au vingt-et-unième siècle !

Christine Le Doaré

  • Edifiant : Jacqueline Sauvage : ses filles racontent l’enfer familial :

http://madame.lefigaro.fr/societe/jacqueline-sauvage-les-filles-racontent-lenfer-familial-310116-112185

  • *Luc Frémiot  France Inter « Ce n’est pas le droit mais les mentalités qu’il faut changer 

https://www.facebook.com/franceinter/videos/1209657315736053/?pnref=story

  • Politique féministe : Anne Zélinsky : « Jacqueline Sauvage : responsabilité, ma soeur »

http://www.causeur.fr/sauvage-hollande-feminisme-grace-victime-41959.html

8 mars, une éprouvante journée

149087_10200540470928727_1254857611_nChaque année revient le 8 mars et avec lui, la Journée Internationale de Lutte pour les Droits des Femmes.

Cette année encore, il a fallu :

  • Expliquer, à s’en casser la voix et les doigts sur le clavier, que non, ce n’est pas la fête des femmes et qu’il est indécent, par exemple, de leur offrir une rose pour l’occasion ;
  • Rabâcher jusqu’à la nausée que la journée de LA femme c’est essentialiste, que ça ne vaut guère mieux que la journée de la musique folklorique ;
  • Expliquer que le comité ONU Femmes a reconnu une mauvaise traduction et s’est engagé à mener une campagne pour corriger cette erreur ;
  • Rappeler que le 8 mars, pour les  féministes, c’est tous les jours.

N’en déplaise aux « nuls en féminisme », la journée et même désormais la semaine du 8 mars, sont consacrées à rappeler que partout dans le monde,  les femmes sont en lutte pour :

  • combattre les discriminations et innombrables violences à leur encontre,
  • en terminer avec la domination masculine,  l’aliénation patriarcale et le féminicide,
  • s’émanciper et parvenir à l’égalité.

Mais il y a pire encore, de nouveaux expertEs en féminisme s’obstinent à le détourner de ses fondamentaux. Leur mission, ils et elles l’ont acceptée, consiste à pratiquer la récupération des idées et des luttes pour mieux nous diviser et ainsi maintenir le système de domination masculine en place, juste en l’égratignant, pour la forme.

En occident, les droits et libertés des femmes, acquis de haute lutte, restent fragiles, constamment remis en question. C’est particulièrement vrai en matière de droits reproductifs, mais aussi de droits sociaux et culturels. Les violences, qu’il s’agisse des violences conjugales, des agressions et des viols ou de l’exploitation sexuelle dans la prostitution, ne régressent pas et les chiffres donnent le tournis. L’appropriation du corps des femmes est toujours un enjeu, le marché de la GPA est lucratif et les pressions s’intensifient. Les politiques de la ville, la gestion de l’espace public sont pensés pour une population masculine.

Le système patriarcal est à la manœuvre sur toute la planète, aussi, le seul féminisme à même de le renverser est-il nécessairement universaliste. La solidarité entre les femmes de tous les pays est vitale.  Dans nombre de régions du monde,  la situation des femmes est encore bien pire que dans les pays occidentaux car se surajoutent aux discriminations et violences déjà citées, toutes celles qui découlent des traditions et codes de la famille misogynes qui les infantilisent et les placent sous la coupe de l’arbitraire de leur père, frère ou mari. Elles sont en grand nombre mariées de force, souvent mineures ; sont excisées, reniées, emprisonnées pour ne pas avoir porté avec suffisamment de rigueur le voile islamique, lapidées, exécutées pour laver « l’honneur » de leur famille, etc.

 

Toutes ces injustices et persécutions constituent un volume considérable de sujets à traiter ; de quoi donner le vertige certes, mais matière à  occuper amplement journalistes, chercheurs et politiques qui souhaitent s’exprimer à l’occasion du  8 mars.

Eh bien malgré tout, de prétenduEs expertEs en féminisme s’autorisent à enfouir cette abondante matière pour nous vendre à la place leurs cafouillages, à longueur d’articles et interviews, radio, TV ou presse.

 

Ainsi, ARTE, tout de même pas la plus nulle des chaînes de TV, nous a bassinés toute la journée du 8, avec « la journée de LA femme ».

 

Ainsi, dans Libération, Cécile Daumas, nous a-t-elle expliqué que le féminisme est dans une « compétition désastreuse avec l’antiracisme ». Elle pense avoir découvert que le « féminisme serait pris en otage dans le débat sur la place de l’Islam » et prétend que « les féministes qui défendent la culture occidentale, les « féministes de la liberté des mœurs », sont moins prolixes pour évoquer la parité en politique ou en économie ».

Déjà dans un article relatif à l’affaire des viols de Cologne, elle soutenait subtilement les lyncheurs de Kamel Daoud et le tançait elle aussi, pour avoir critiqué la manière dont sont abordées les questions de sexualité et de liberté des femmes dans les pays musulmans.

Elle a touché le pompon, maintenant elle tire dessus !

Non, il n’y a aucune compétition entre féminisme et antiracisme : le féminisme est transverse à toutes les autres oppressions, de classe et de « race » notamment, car les femmes, la moitié de l’humanité, subissent toutes, d’une manière ou d’une autre, la domination masculine et peuvent être victimes de violences. Si les femmes sont toutes victimes du système patriarcal, se surajoutent pour certaines, d’autres discriminations, de classe, « race », orientation sexuelle, handicap, etc. Où est la compétition ?

Ce qui est certain et historiquement vérifié, en revanche, c’est que les hommes ont objectivement intérêt à détourner les femmes du féminisme universel et à les mobiliser pour d’autres causes.

La journaliste reproche aux féministes attachées à la « liberté des mœurs » de ne pas parler de parité en politique. La parité c’est un minimum mais ce n’est pas non plus un gage de féminisme, il ne faut pas confondre femme et féminisme, la nuance est tout de même de taille. Mais surtout, cette accusation ne repose sur rien, mais accusez donc, il en reste toujours quelque chose !

Non, le féminisme ne sera pas pris en otage, la liberté que les femmes occidentales ont chèrement arrachée et doivent défendre sans relâche, seulEs les féministes, pro-féministes et progressistes ont le droit de s’en revendiquer. Aucune féministe n’est dupe des tentatives de récupération politiques, notamment de l’extrême droite !

En revanche, il est parfaitement hors de question de renoncer à la « liberté sexuelle » et à l’égalité, pour pouvoir « débattre de la place de l’islam » en occident. Les religions ont toujours infantilisé et même asservi les femmes ; celles des opprimés aussi, opprimés qui dans d’autres contextes sont les puissants.

Les religions ne dicteront pas leur loi, pas plus l’islam qu’une autre, et le féminisme islamiste n’existe pas plus que le féminisme catholique, fumisterie !

Cécile Daumas croit aussi que l’affaire de Cologne a révélé « un schisme entre générations de militantes », c’est faux et c’est bien mal connaître les mouvements féministes : les divergences d’opinion sur cette affaire sont transverses aux générations.

A quand un article sur l’exploitation sexuelle, les viols et trafics humains, dans les camps de réfugiés ? Parce que la réalité c’est aussi ça, les femmes, partout, toujours, subissent les violences masculines, y compris à l’intérieur de leur propre groupe, aussi défavorisé et désespéré soit-il.

 

Ainsi, le Nouvel Obs a-t-il vanté le « féminisme fondamentaliste » à travers les voix de deux journalistes Eric Aeschimann et Marie Vaton qui prétendent que l’islam serait un vecteur de l’égalité hommes-femmes. Selon eux, les féministes qui critiquent les religions et la place qu’elles réservent aux femmes, l’islam surtout, car les autres religions n’ont guère droit de cité, feraient preuve d’une laïcité ringarde.

Dans quel monde vivent-ils ? Non contents de s’abstenir de critiquer les violences inouïes des formes intégristes des religions, en particulier les exactions barbares des islamistes, ils cautionnent l’oppression des femmes inhérente aux versions plus orthodoxes ?

Quelles sont donc les motivations de ceux qui inversent ainsi la réalité et les responsabilités ? Pourquoi critiquent t’ils le catholicisme lorsqu’il impose le contrôle du corps des femmes, l’interdiction de l’avortement et de la contraception, de l’homosexualité, mais approuvent les contraintes et violences sexistes faites aux femmes, au nom de l’islam ?

 

Les exemples sont légions et cet article pourrait faire 100 pages. L’idéologie islamo-gauchiste a perverti la pensée politique et universitaire, les médias rivalisent désormais de soumission envers ces théories absurdes et mortifères qui sacrifient sans vergogne les femmes, les enfants aussi.

La sociologue et écrivaine iranienne Chahla Chafiq a dit  «En désignant la liberté sexuelle comme le point crucial de la culture occidentale, l’islamisme identifie les droits des femmes et des homosexuels comme les pires fléaux d’une occidentalisation qui détruirait l’identité islamique.» Dans notre société dysfonctionnelle, ses propos rationnels sont précieux mais certains les jugent suspects, un comble !

Nous n’avons pas entendu tous ces gens soutenir les associations féministes quand le juge versaillais a relaxé le rappeur Orelsan pourtant condamné en première instance, pour provocation à la violence. En réalité, le féminisme est la dernière de leurs préoccupations, ils font semblant de s’y intéresser pour mieux le détruire et retarder l’émergence d’une société féministe, libérée des rapports de force et de domination.

 

Alors à toutes celles et ceux qui nous divisent pour nous ralentir, intersectionnels et vendeurs de soupe à la mode islamiste, brandissant à tours de bras l’accusation d’islamophobie comme une bible, j’affirme que :

  • le féminisme est et sera toujours la somme des luttes contre la domination mondiale du groupe des femmes, par le système patriarcal qui profite aux seuls hommes ;
  • la laïcité est la garantie d’atteindre plus certainement cet objectif.

Démasquer et neutraliser tous ces faux expertEs en féminisme et juges en islamophobie, devraient être une priorité pour les féministes qui veulent ne plus avoir à vivre un éternel 8 mars, parce que la domination masculine serait enfin vaincue et l’égalité, réelle et partout dans le monde.

Christine Le Doaré

 

Féministes, ne pas dénoncer, c’est cautionner !

menu_programme

Féministes, ne pas dénoncer, c’est cautionner !

Revue de presse « Salon musulman du Val D’Oise »

Préparer une revue de presse des réactions au « Salon musulman du Val d’Oise » qui prétend mettre « LA femme musulmane à l’honneur », c’est constater que les associations féministes sont totalement absentes de la mobilisation qui a débuté le 9 septembre dernier.

Ce Salon ne met pas du tout « LA femme musulmane à l’honneur », son programme est au contraire, d’une rare misogynie : à coups de prêches intégristes, il propose purement et simplement de renvoyer les femmes à leur moyen-âge, de les soumettre, elles, juste bonnes à suivre des ateliers de cuisine.

Nous sommes à des années-lumière de toute problématique d’égalité ; sans aucune ambiguïté, il s’agit d’inférioriser les femmes, de les mettre à « leur place ». Ce programme est discriminatoire, contraire aux principes constitutionnels d’égalité, en contradiction absolue avec toutes les politiques d’égalité femme-homme.

Qu’un tel évènement puisse se produire sur le territoire de la République, sans la moindre réaction des autorités publiques et politiques, est en soi un problème sérieux ; que les associations féministes demeurent mutiques est une catastrophe qui permet de comprendre à quel point la guerre contre les idéologies totalitaires et tyranniques qui visent à bâillonner et persécuter les peuples, au premier chef desquels, les femmes et les enfants, sera dure à gagner.

Ce serait un salon catholique ou laïc, nous aurions eu droit à un puissant lever de boucliers féministes mais voilà, l’influence morbide des intellectuels et politiques islamo-gauchistes, si indulgents envers le machisme religieux, est telle, que les féministes qui pensent le prosélytisme politico-religieux inoffensif tant qu’il ne concerne que les femmes musulmanes, (parce que c’est leur culture et qu’après tout ce serait leur choix), sont de plus en plus nombreuses.

Leur place, leur culture, leur choix, ben voyons ! Comme ce fut le choix des femmes de mourir en couche, de ne pouvoir ouvrir de compte en banque, de mourir en avortant…

Dénoncer le sexisme du catholicisme, c’est permis, c’est lutter contre le colonialisme, (et les féministes ne se sont jamais privées de réagir contre l’intégrisme catholique), en revanche, s’attaquer au fondamentalisme musulman, curieusement, c’est une autre paire de manche ! Il faut croire que lutter contre le machisme de l’Islam, religion des seuls opprimés dignes de ce nom, à en croire certains, reviendrait à alimenter le racisme d’extrême droite et conforter le Front National ! Alors il faudrait faire silence, laisser dire et laisser faire, sacrifier des femmes, voire toutes les femmes, et pourquoi pas le féminisme tant qu’on y est ? ! L’intersectionnalité des luttes n’exige-t-elle pas de hiérarchiser les luttes et de sacrifice les droits et libertés des femmes en attendant le grand jour ?!

Hiérarchiser ainsi les oppressions, confondre volontairement racisme et « islamophobie », lutter contre un fascisme en cautionnant un autre, est une terrible erreur politique.

Ne pas dénoncer c’est cautionner, c’est encourager les violences fondamentalistes faites aux femmes, et le justifier en pensant éviter l’arrivée du Front National au pouvoir, est juste absurde.
L’égalité, le combat contre les systèmes de domination et les violences, c’est partout et pour tout le monde !

Ce relativisme culturel qui trahit des femmes, les passent au second plan, prétend que le « féminisme musulman » est un féminisme comme un autre est odieux, c’est l’antithèse de tout féminisme politique et solidaire, cela s’apparente à de la collaboration, purement et simplement.

Depuis un moment déjà, je considère que beaucoup des femmes qui se prétendent féministes sont en réalité complices du patriarcat, en particulier celles assujetties à une certaine idéologie gauchiste qui dévoie tous les fondamentaux du féminisme.

Mais constater que les associations féministes qui échappent plus ou moins à ces dérives, n’ont pas porté cette mobilisation, que leur silence est tristement assourdissant, est une lourde déception.

Il va falloir s’y faire : à force de relativisme culturel et d’alliances douteuses, même les associations féministes les plus authentiques, sont dépassées par les enjeux actuels, refusent de s’attaquer aux pires dangers pour les femmes, aussi pour l’humanité.

Pour vivre avec bonheur dans une société diverse, il faudra bien parvenir à convaincre tous ceux qui se sont récemment tournés vers le Front National ou d’autres réponses inappropriées, que la République française laïque est : forte de ses valeurs, capable de combattre sur son sol les dérives fondamentalistes, intraitable quand il s’agit d’égalité, de droits des femmes qui toujours sont les plus fiables baromètres de l’humanité d’une société.

Christine Le Doaré

N’OUBLIEZ PAS DE SIGNER LES  PETITIONS EN FIN DE REVUE DE PRESSE !

 

REVUE DE PRESSE

L’annonce du salon : http://salon-musulman-valdoise.com/saf/?uid=programme

 

depuis la publication de cet article, deux des FEMEN ont fait le 12 au soir une intervention dans le salon, elles ont été sorties à coups de pieds et sous des menaces de mort, heureusement pour elles, la police les a évacuées.

voici un article sur cet événement ainsi qu’une vidéo de leur intervention :

Huffington post : Femen au salon de la femme musulmane de Pontoise

http://www.huffingtonpost.fr/2015/09/13/femen-salon-femme-musulmane-pontoise_n_8129122.html?utm_hp_ref=France

La vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=4C7-uwaMykM&sns=fb

 

  • L’OBS Le Plus

Le 12 septembre 2015

Par Valéry Rasplus et Nadia Geerts Sociologue – Enseignante

Salon musulman du Val d’Oise, les femmes à l’honneur ? Non, communautarisme et sexiste

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1419152-salon-musulman-du-val-d-oise-les-femmes-a-l-honneur-non-communautariste-et-sexiste.html

  • Le Figaro.fr

Le 12 septembre 2015

Par Eugénie Bastié

« Le salon de la femme musulmane à Pontoise fait polémique »

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/09/12/01016-20150912ARTFIG00002-le-salon-de-la-femme-musulmane-a-pontoise-fait-polemique.php

  • Le Huffington Post

Le 11 septembre 2015

Isabelle Kersimon

Journaliste indépendante, coauteure de « Islamophobie, la contre-enquête »

http://www.huffingtonpost.fr/isabelle-kersimon/salon-musulman-du-val-doise-il-faut-mettre-fin-au-clientelisme-religieux_b_8122618.html

 ~ Justice pour les femmes

Le 11 Septembre 2015

https://dikecourrier.wordpress.com/2015/09/11/apologie-du-viol-une-indignation-a-geometrie-variable/

Apologie du viol, une indignation à géométrie variable

https://dikecourrier.wordpress.com/2015/09/11/apologie-du-viol-une-indignation-a-geometrie-variable/

  • France Laîque

Le 11 septembre 2015

http://francelaique.fr/salon-musulman-du-val-doise-la-femme-a-lhonneur/

Salon musulman du Val-d’Oise : la femme « à l’honneur »

  • Le HUFFINGTON POST

Le 10 septembre 2015

Isabelle Kersimon

Journaliste indépendante, coauteure de « Islamophobie, la contre-enquête »

Salon musulman du Val d’Oise: racisme et misogynie à l’honneur

http://www.huffingtonpost.fr/isabelle-kersimon/racisme-et-misogynie-a-lhonneur-a-pontoise_b_8115202.html?1441881502

  • 9 septembre 2015 – Pétition à signer !

https://www.change.org/p/commune-de-pontoise-boycott-du-salon-musulman-du-val-d-oise-12-et-13-septembre-2015-%C3%A0-pontoise

Opposons nous au fondamentalisme du Salon « Musulman » du Val d’Oise (12 et 13 septembre 2015)

  • 12 septembre 2015 – Pétition à signer !

Luttez contre le prosélytisme politico-religieux contraire aux valeurs de la République et au droit

https://www.change.org/p/au-gouvernement-aux-pouvoirs-publics-et-aux-%C3%A9lus-luttez-contre-le-pros%C3%A9lytisme-politico-religieux-contraire-aux-valeurs-de-la-r%C3%A9publique-et-au-droit?recruiter=145306885&utm_source=share_petition&utm_medium=facebook&utm_campaign=share_page&utm_term=des-lg-guides-no_msg&fb_ref=Default

 

Boko Haram, enlèvements, traite et prostitution : un effarant déni

Manifestaton-bamako-lyceenneLa mobilisation internationale pour retrouver les lycéennes nigérianes enlevées par la secte terroriste islamiste Boko Haram est enfin de grande ampleur. 1*

En outre, le lien entre l’enlèvement des jeunes femmes au Nigéria et leur présence massive sur les trottoirs européens, qui fut d’abord rappelé par les associations abolitionnistes de la prostitution, est désormais incontestablement établi. 2* et 2 bis*

D’une part, de nombreuses femmes prostituées par des réseaux de traite en France sont nigérianes ; d’autre part, Boko Haram a annoncé sans détour, que les lycéennes seraient vendues comme esclaves, il est donc hélas probable que des lycéennes enlevées échoueront, elles aussi, sur nos trottoirs. 3*

C’est d’ailleurs la thèse défendue par Mathieu Guidère, Professeur d’islamologie à l’université de Toulouse. 4*

L’annonce concomitante par le gouvernement, du plan d’action contre la traite a également été l’occasion de rappeler que 22 millions de personnes dans le monde rapporte un revenu annuel de 32 milliards de dollars aux trafiquants (sources ONU). En outre, le nombre de victimes a augmenté de 18% en un an, en Europe (Sources Eurostats) et la France qui a arrêté 45 réseaux en 2013, est une plaque tournante des trafics.
Ce plan d’action comporte 23 mesures importantes en faveur des personnes prostituées, dont la délivrance d’une carte de séjour temporaire. Il sera notamment financé par les saisies faites auprès des personnes condamnées et par les amendes des clients prostitueurs.
L’engagement du gouvernement est très encourageant, mais les associations abolitionnistes le rappellent, c’est bien le client qui est au cœur du problème, sa demande génère l’exploitation par les proxénètes, des plus démuniEs et vulnérable. 5*

Pourtant, avant que le lien entre l’enlèvement des jeunes lycéennes, l’annonce de leur vente comme esclave et la lutte contre la traite ne soient publiquement discutés, nombre de personnes ont porté des accusations odieuses à l’encontre des abolitionnistes, leur reprochant une récupération honteuse de l’évènement. 6* (Liste de tweets accusateurs).
Aussi, faut-il se demander pourquoi, rappeler les réalités de l’esclavage et de l’exploitation sexuelle, déclenche autant de réactions violentes, bien entendu de la part de militants réglementaristes de la prostitution tels que les membres et soutiens du STRASS 7*, mais aussi de militants LGBT et de bien d’autres.

Que cache un tel déni des réalités ? Pourquoi s’acharner à nier que les femmes enlevées par Boko Haram et par d’autres, les lycéennes et les autres, au Nigéria et ailleurs, finissent le plus souvent dans les réseaux de prostitution quand elles ne sont pas mariées de force, c’est-à-dire violées et séquestrées, souvent par des pédocriminels car elles sont très souvent, encore des enfants ?
A mon avis, la raison en est simple. Etablir ce lien est dangereux pour les tenants de la légalisation de la prostitution, car ceci signifie que condition des femmes et prostitution, traite et prostitution sont des éléments indissociables les uns des autres.
En effet, pas de demande donc pas de clients implique pas de réseaux, pas d’enlèvements et pas de traite ni de prostitution. A l’évidence, aucun client ne s’interroge sur la vie ni le parcours, d’une prostituée ; il ne s’intéresse qu’à son besoin et remercie la société de l’autoriser à exercer une domination sexuelle par l’argent.

C’est tout de même hallucinant de constater jusqu’où va le déni de ceux qui défendent la prostitution et par voie de conséquence, la traite.
L’idée même de pénalisation du client les perturbe à un point tel qu’ils sont prêts à accepter l’enlèvement, la torture, l’esclavage, l’exploitation, le viol des femmes juste pour que perdure l’une des plus archaïques formes de domination sexuelle masculine.

On touche le fond quand des militants LGBT et autres progressistes, qui pourtant luttent pour l’égalité des droits, s’aveuglent à ce point et avec un égocentrisme effrayant, se rendent complices du système prostitueur et des industries du sexe qui doivent, à tout prix, défendre l’organisation, dans la prostitution notamment, du contrôle et de la mise à disposition des femmes et de leurs corps.

Christine Le Doaré

******************************************************************
*1 :
http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0203494212705-lyceennes-enlevees-le-president-du-nigeria-veut-prolonger-l-etat-d-urgence-670548.php

2* : http://abolition13avril.wordpress.com/2014/05/13/bringbackourgirls-emotion-et-mobilisation-a-deux-vitesses/

2bis* : http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20140513.AFP7064/des-associations-denoncent-l-exploitation-en-france-de-prostituees-nigerianes.html?xtor=RSS-25

3* http://www.rtl.be/info/magazinesdelaredaction/Controverse/1090210/-les-lyceennes-enlevees-au-nigeria-vont-finir-sur-les-trottoirs-de-belgique-

4* :
http://www.ladepeche.fr/article/2014/05/08/1877166-il-y-a-peu-de-chances-qu-on-les-retrouve.html

5* :
http://www.mouvementdunid.org/1er-plan-d-action-national-de

6* :
Sélections de quelques tweets

-Mathieu Nocent @MathieuNocent
@ChLeDoare @_Bintje Ce n’est pas en pénalisant les clients de prostituées que tu vas empêcher Boko Haram d’agir.Ton parallèle est grotesque.
13 mai 2014 20:21

-Aurélien @AureDe
Je propose que l’on échange les 200 lycéennes nigérianes contre @ChLeDoare.
#astuce #BringBackOurGirls pic.twitter.com/KZ49QRDpPW
13 mai 2014 17:19

-Morgane Merteuil @MorganeMerteuil
@ChLeDoare mais LOL. mais quelle est le rapport ? vs en avez pas marre d’instrumentaliser ces 200 meufs? @_Bintje @MathieuNocent @KrysaliaH
13 mai 2014 15:01

-PⒶTATE @_Bintje
c’est de la récupération, et c’est lamentable; maintenant allez chouiner ailleurs sur mon appartenance au « lobby prostituteur ». @ChLeDoare
13 mai 2014 14:37

-Krysalia h. @KrysaliaH
@ChLeDoare on vous demande d’étayer votre propos, vous en êtes incapable. honteuse manipulation ! @Subraf @peperehonni @Ptit_Cheminot
13 mai 2014 13:11

-Krysalia h. @KrysaliaH
@ChLeDoare ok. une série d’affirmations précises concernant ces filles. étayées par… ? @Euterpeaventure @Subraf @_Bintje @Ptit_Cheminot
13 mai 2014 12:36

-PⒶTATE @_Bintje
instrumentaliser l’enlèvement de ces enfants au Nigéria est parfaitemetn dégueulasse, et votre raisonnement ne repose sur RIEN @ChLeDoare
13 mai 2014 11:56

-PⒶTATE @_Bintje
dire « 20% des pros fr sont nigérianne DONC celles enlevées au nigeria sont ds le réseau fr  » est un raisonnement fallacieux @ChLeDoare
13 mai 2014 11:54

-PⒶTATE @_Bintje
j’en connais une qui devrait bien fermer sa gueule, une fois de plus : @ChLeDoare
13 mai 2014 00:07

-Mathieu Nocent @MathieuNocent
@ChLeDoare Quel rapport avec Boko Haram, ce groupe terroriste qui tue dans les lycées ? Christine, tu dérailles complètement. cc @_Bintje
13 mai 2014 08:18

-Christine Le Doaré @ChLeDoare
Les lycéennes nigérianes vendues comme esclaves : responsabilité des clients de la #prostitution engagée. m.facebook.com/story.php?stor… – 12 mai

-João Gabriell @NegreInverti
@ChLeDoare le rapport entre les deux sujets ? Aucun, si ce n’est votre bêtise crasse, doublée de votre indécence. Un peu de respect pitié. – 12 mai

-CERISIER rouge @CerisierRouge
@NegreInverti t’etonnes pas des gens comme ca votent !!! @paul_denton @ChLeDoare
13 mai 2014 05:30

-Christine Le Doaré @ChLeDoare
Les lycéennes nigérianes vendues comme esclaves : responsabilité des clients de la #prostitution engagée. m.facebook.com/story.php?stor… –
12 mai

-JeFreine @Jefreine
@ChLeDoare Mais vous êtes d’une bêtise crasse, en plus de faire preuve de mauvaise foi. C’est hallucinant cette récupération. Et sale. Très.

-Christine Le Doaré @ChLeDoare
Les lycéennes nigérianes vendues comme esclaves : responsabilité des clients de la #prostitution engagée. m.facebook.com/story.php?stor… –
12 mai

-PⒶTATE @_Bintje
j’en connais une qui devrait bien fermer sa gueule, une fois de plus : @ChLeDoare – 12 mai

-PⒶTATE @_Bintje
c’est immonde cette récupération de l’enlèvement des écolières @ChLeDoare
12 mai 2014 22:07

7* STRASS : « syndicat » des « travailleurs » du sexe


Entrez votre adresse mail pour suivre ce blog et être notifié par email des nouvelles publications.

Archives