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Fractures! Vidéo Entretien Franc-Tireur

A l’occasion du 25 novembre, Yasmina Jaafar du nouveau magazine Franc-Tireur, a réalisé une vidéo pour le web, les réseaux sociaux de Franc-Tireur, autour de mon livre qui raconte l’évolution parallèle sur une trentaine d’années, des deux mouvements sociaux féministe et LGBT, vers le différentialisme, le relativisme culturel,  les woke et cancel cultures. Un livre témoignage et analyse pour tenter de comprendre comment ces deux mouvements en sont venus, avec violence parfois, à trahir l’universalisme. Et qui propose pour finir, des pistes pour l’avenir.

Voici la vidéo de cette interview qui je l’espère, vous donnera envie de lire « Fractures ! Le féminisme et le mouvement LGBT en danger » aux éditions Double Ponctuation.

@franctireurmag #2 paraît ce jour. À l’intérieur, une chronique du livre de @ChLeDoare #Fractures. Découvrez aussi la « Conversation #FrancTireur » menée par @LRMYasminJAAFAR. À la veille du 25.11, l’auteure témoigne de son parcours de militante féministe

La vidéo ⤵️ https://youtu.be/U57yHoxYg3U

Christine Le Doaré, militante féministe, Porte-parole des Vigilantes, et ancienne militante des droits LGBT, dresse un constat lucide sur l’évolution désastreuses des mouvements féministes. 

Son livre « Fractures » vient de paraître aux éditions DOUBLE PONCTUATION. 

Pour les avis de lecture sur le livre, les articles médias nationaux et autres supports, blogs … voir ci dessous l’article Parution Essai Fractures !

#25novembre2021 Solidarité avec les filles et les femmes d’Afghanistan  — Les VigilantEs

Pour le #25novembre2021 les VigilantEs se joignent à une action inter-associative européenne, en faveur des femmes afghanes : un appel – à lire ci-dessous – avec un rassemblement organisé devant le Parlement Européen, le 25 novembre à 12h00. une conférence de presse qui se tiendra à Bruxelles le 24 novembre 2021 à 11h00 L’ APPEL […]

#25novembre2021 Solidarité avec les filles et les femmes d’Afghanistan  — Les VigilantEs

#25novembre2021 Encore un effort !

Je suis solidaire de la stratégie adoptée par d’importantes associations féministes qui cette année pour le 25 novembre, Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, proposent de former un cortège abolitionniste de la prostitution, au sein du cortège de #NousToutes et ainsi de se démarquer du reste de la manifestation.

Les associations : Osez-le-Féminisme! Solidarité Femmes 3919, Femmes Solidaires, le Mouvement du Nid, l’Amicale du Nid, le Collectif féministe contre le viol, le Centre d’informations sur le droit des femmes et des familles, aussi l’Assemblée des Femmes proposent de « marcher ensemble le samedi 20 novembre, contre toutes les violences sexistes et sexuelles » regroupées dans un cortège identifié contre « tout achat d’actes sexuels ».

Fort justement elles remarquent « qu’il est devenu difficile, voire dangereux de dénoncer le système prostitueur » et dénoncent « les intimidations, menaces ou violences commises à l’encontre de survivantes de la prostitution ou de militant.es abolitionnistes au sein même des cortèges lors des manifestations ». (1)

Cette démarche est d’autant plus légitime que les mouvements qui soutenaient le système prostitueur avant le vote de la loi d’abolition, opèrent un retour en force et plutôt que de demander l’application et le renfort de la loi, la dénigrent et tentent de parvenir à une légalisation et ce alors même que les pays réglementaristes dépassés par la violence des réseaux mafieux, songent à adopter l’abolition !

En dénonçant la violence qui depuis une bonne dizaine d’années, s’exprime dans les cortèges féministes, ces associations reconnaissent à bas mots les dérives qui mettent en danger le mouvement des femmes.

Elles se démarquent ainsi des groupes intersectionnels queer et trans-activistes, qui défendent un féminisme dit « pro-sexe » défenseur du système prostituteur. Une imposture qui vise à invalider toute notion d’oppression des femmes, toute lutte féministe collective puisque tout est affaire de genre, de choix individuel et encore mieux, de fluidité.

En faisant un effort, elles pourraient aussi se démarquer des groupes identitaires, indigénistes et anticoloniaux, adeptes du relativisme culturel, qui notamment, défendent un « féminisme musulman » en vantant les joies émancipatrices du voile.

Ce sera peut-être pour l’année prochaine, ce ne devrait pas être si difficile puisqu’en général, ce sont les mêmes groupes, logiques et influences qui sont à l’œuvre.  

Il faudra aussi qu’elles s’interrogent sur le groupuscule des Effrontées qu’elles trainent toujours derrière elles, alors que la responsable de ce groupe « intersectionnel et LGBTQI+ trans » qui diffame régulièrement les universalistes, a clairement fait le choix de se rapprocher des mouvances indigénistes, de Lallab, et autres groupes défendant les diktats religieux patriarcaux.

Il est temps pour les associations féministes de revenir aux fondamentaux du féminisme universaliste, de condamner toute les menaces et violences à l’encontre des militant.e.s universalistes et de repousser tous les excès des woke et cancel cultures américaines.

Allez, encore un petit effort, et si je peux me permettre, la lecture de mon livre « Fractures ! Le féminisme et le mouvement LGBT en danger » (2) qui vient de paraître aux éditions Double Ponctuation, pourrait aider à avancer vers une nécessaire reprise en main, avant qu’il ne soit trop tard. La proposition d’un tel cortège au sein de la manifestation est un premier pas, mais il faut aller beaucoup plus loin et plus vite. Tôt ou tard, le rapport de force devra s’inverser ou il en sera fini du féminisme. Cela s’appellera autrement et n’aura plus grand chose à voir avec le sujet.

Christine Le Doaré

Retrait de la campagne pro-hijab du Conseil de l’Europe ! — Les VigilantEs

Le Conseil de l’Europe est une organisation intergouvernementale qu’il ne faut pas confondre avec le Conseil de l’Union européenne ni avec le Conseil européen de l’Union Européenne. Son objectif principal est de promouvoir les droits de l’Homme, nous dirons Droits Humains, et pour ce faire, il s’est doté de la Convention européenne des droits de l’Homme […]

Retrait de la campagne pro-hijab du Conseil de l’Europe ! — Les VigilantEs

Les femmes, Zemmour et Pétain — Les VigilantEs

L’échange du 25 octobre 2021 entre Zemmour et une habitante de Seine Saint-Denis organisé et diffusé par CNews nous a laissé perplexes, et quelque peu nauséeuses. Passons sur le rôle joué par CNews dans cette affaire. Il lui a demandé d’enlever son voile, pour enlever sa cravate ; obéissant à son injonction,  elle a enlevé son […]

Les femmes, Zemmour et Pétain — Les VigilantEs

Parution Essai FRACTURES ! 

Fractures ! 

Le féminisme et le mouvement LGBT en danger 

Christine Le Doaré 

Aux éditions Double Ponctuation 

Fractures ! est paru en librairie le 21 octobre 2021 

J’ai longuement milité dans le mouvement féministe comme dans le mouvement LGBT. 

J’ai peu à peu vu ces mouvements se déchirer de l’intérieur et s’agresser mutuellement. J’ai donc écrit cet essai, pour tenter de comprendre pourquoi et comment nous en sommes arrivés là, à ce niveau d’incompréhension et d’agressivité, et pour tenter de revenir aux fondamentaux.

C’est un témoignage vécu de l’intérieur, également une analyse sur plus de trente ans d’évolution parallèle, de ces deux grands mouvements sociaux, les mouvement féministe et LGBT. Ils furent un temps alliés, aujourd’hui, ils sont souvent antagonistes. Comment pourrait-il en être autrement, alors qu’il y a tant de confusion et de conflits à l’intérieur de chacun de ces deux mouvements ?

Il est vital de comprendre comment nous sommes passés de l’universalisme au relativisme culturel ; de l’intérêt général inclusif des minorités à l’intérêt de catégories spécifiques de population, de plus en plus victimaires et excluantes ; de l’existentialisme à l’essentialisme ; de la libération et de l’égalité des droits à la dictature des minorités ; enfin, de savoir pourquoi ces deux mouvements traversés par les woke et cancel cultures y sont à ce point perméables. 

Même si, bien conseillée par mon éditeur, je me suis beaucoup censurée, je n’ai pas totalement omis la petite histoire, et relate aussi de bien fâcheuses violences.

Ce livre étant écrit dans l’idée d’avancer vers l’avenir de manière plus constructive et sereine, il se termine sur un espoir d’apaisement et de retour au bon sens. 

Christine Le Doaré 

Présentation de l’essai par l’éditeur Double Ponctuation :

https://www.double-ponctuation.com/produit/fractures-le-feminisme-et-le-mouvement-lgbt-en-danger/

Avis de lecture

  • Liliane kandel, féministe du Mouvement de libération des femmes, est sociologue, essayiste, elle est l’auteure en particulier, de Féminismes et nazisme (Odile Jacob, 2004) :

https://www.double-ponctuation.com/wp-content/uploads/2021/10/Avis-de-lecture-de-Liliane-Kandel.pdf

  • Annie Sugier, féministe du Mouvement de libération des femmes, est physicienne, elle est la présidente de la Ligue du Droit International des Femmes : 

https://www.double-ponctuation.com/wp-content/uploads/2021/10/Avis-de-lecture-de-Annie-Sugier.pdf

  • Françoise Morvan, féministe du Mouvement de libération des femmes, a été présidente de la CLEF coordination française pour le Lobby Européen des Femmes, membre du Haut Conseil à l’Egalité, et de la CNCDH, elle est Vice-présidence de L’AFAP (association franco africaine des femmes parisiennes) et Secrétaire Générale de Femmes Santé Climat :

https://www.double-ponctuation.com/wp-content/uploads/2021/10/Avis-de-lecture-de-Françoise-Morvan-1.pdf

Articles médias – quotidiens nationaux …

  • Dans Marianne :

https://www.marianne.net/agora/entretiens-et-debats/christine-le-doare-le-mouvement-lgbt-sest-radicalise-influence-par-lextreme-gauche?fbclid=IwAR00v6QDJQkro9AfcTTHXM77u9hZ-RV-dMPrkS9xx9gfXCVBH5hPYu0fqZE

  • Dans Franc-Tireur :

Dans Charlie-Hebdo :

Pour Franc-Tireur Vidéo

Autres médias, blogs …

  • Le podcast de l’émission Femmes Libres sur « Fractures ! Le féminisme et le mouvement LGBT en danger » …

A écouter ici à 11’35´´

  • Sur Les Ruminants.com Fractures. Le féminisme et le mouvement LGBT en danger : note de lecture et réflexions (par Ana Minski)

« Nous n’aurions jamais dû perdre de vue que les forces réactionnaires se nourrissent de nos faiblesses, de nos fractures internes et de nos dissensions. Elles n’attendent que de nous renvoyer dans l’ombre. Pour les générations futures, il est de notre responsabilité de nous ressaisir et de ne pas oublier pour quelles raisons et pour quels objectifs ces deux mouvements ont vu le jour. » (p. 145)

https://lesruminants.com/2021/11/18/fractures-de-christine-le-doare/?fbclid=IwAR2HySuin9XG6DGd9mdyipxEWgUzLeI1oR4aOpt_Ps7RwS1OCCtJ40F5oPA

  • Une belle recension par Yvan Le Breton (sur son mur facebook)

Petite note de lecture : »Fractures ! Le féminisme et le mouvement LGBT en danger », Christine Le Doaré, Editions Double ponctuation. Je me suis toujours intéressé au féminisme, mais avec un embarras croissant au fil des années, particulièrement depuis les années 2000, avec un moment de « fracture » en 2015, année marquée par le feu des atroces attentats islamistes. J’ai découvert ensuite, ébahi, des textes incompréhensibles, des convergences de luttes improbables, et des compagnonnages invraisemblables. Le haut degré des contradictions de ces attelages me sautait aux yeux, et mon esprit ne parvenait pas à comprendre comment le féminisme pouvait être « islamique », ou comment le mouvement LGBTQI + pouvait soutenir des forces islamistes (islamistes qui les élimineraient une fois au pouvoir, comme en Iran !). J’en ai même écrit quelque chose sur ma page FB, ce qui m’a valu de lire une vive réplique d’un partisan « I » (pour « Irrécupérable »), à laquelle j’ai répondu trop longuement sans doute puisque je n’ai jamais reçu de réponse…

J’avais du mal à comprendre, et voilà que, cet automne, Christine Le Doaré publie un livre remarquable intitulé « Fractures ! ». Elle traite du féminisme universaliste et de son histoire compliquée et de plus en plus conflictuelle avec le mouvement LGBTQI+.

L’auteure (ou autrice) est particulièrement qualifiée pour dresser le bilan de cette histoire : militante de la cause féministe et des droits LGBT, présidente de SOS homophobie et du Centre LGBT Paris Ille-de-France, elle a aussi siégé à ILGA-Europe* ; elle défend un féminisme universaliste et laïque (sans adjectif), et est enfin cofondatrice du réseau Les VigilantEs !

Le livre commence par des éléments autobiographiques liés à un engagement politique clairement à gauche, parmi les féministes et les lesbiennes. Le féminisme des années 70-80 connaissait déjà des courants divers, dont un très minoritaire, le Front des lesbiennes radicales qui adoptait un slogan clivant : « Hétéro-féministes, kapos du patriarcat » ! Mais il semble que la cohérence d’ensemble et même une certaine joie féministe dominaient.

Christine Le Doaré voit dans le mouvement queer venu des USA, une force de dissensus croissant : en effet, la théorie queer vise l’abolition des genres féminin et masculin, jusqu’à disqualifier la biologie, ce qui suppose de renoncer aux luttes féministes puisque… les genres doivent être abolis.

De ce même mouvement queer est né le « féminisme pro-sexe », qui valide l’existence de la prostitution. Christine Le Doaré fait remarquer que la prostitution ne peut en aucun cas représenter une libération des femmes puisqu’elle est soumission économique et morale au patriarcat. A partir des années 2000, le relativisme culturel prend une nouvelle force. Il cantonne les femmes à leur identité (origine, communauté, culture, religion). L’autrice souligne une faiblesse de ce point de vue : ce qui bel et bon pour les femmes occidentales ne saurait l’être pour les autres, qui doivent donc accepter l’oppression patriarcale propre à leur culture. Il y a, selon moi, une sorte de mépris – inconsciemment néocolonial ? – dans cette vision des choses.

La montée en puissance de l’islamisme a fait naître un militantisme au titre quasiment oxymorique : le « féminisme islamique », lequel maintient une tradition qui fait des femmes d’éternelles mineures face aux hommes. La rhétorique islamiste victimaire se déploie contre la discrimination des femmes musulmanes depuis la loi de 2004 (contre le port du voile à l’école). On pourrait faire remarquer qu’il y a aussi une rhétorique d’inversion des faits : des femmes qui se signalent ostensiblement comme autres, et parfois exigeant pour elles des lois particulières ne font que se discriminer elles-mêmes, se montrer parfois séparatistes et hostiles aux lois de la République.

Pour Christine Le Doaré, ces différents courants suscitent des abîmes d’incompréhension, creusent des contradictions difficilement surmontables. Et surtout, déplore l’auteure, la capacité au dialogue s’effondre, se caricature, ne reste que les slogans, la dénonciation des adversaires vite devenus ennemis, souvent les injures et parfois les violences physiques ! Les positions féministes universalistes et lesbiennes se voient fragilisées dans une étrange guerre qui divise des personnes, hommes et femmes et autres, qui auraient pourtant tout à gagner à se respecter et à préparer un monde meilleur. L’autrice analyse plus avant deux points de frictions majeures : la prostitution et la GPA, rejetant l’argument rebattu de la liberté des femmes qui pourraient s’y livrer. Pas de liberté des femmes là où s’appliquent la marchandisation du corps féminin et la soumission des femmes aux injonctions patriarcales !

Le féminisme universaliste défendu par Christine Le Doaré me paraît la voie royale vers l’émancipation des femmes, mais aussi des hommes, au service d’une société plus humaine, au service d’une République plus égalitaire et laïque. Pour favoriser ce grand-œuvre, Christine Le Doaré propose de s’écarter des excès et des radicalités violentes apportées par le progressisme woke made USA. Elle invite à un retour au dialogue rationnel, à un dépassement des émotions primaires et des querelles épidermiques. Seule l’argumentation doit conduire les débats ; la juste colère doit déboucher sur la réflexion ; l’actualité des protestations des femmes ne doit pas faire oublier la forte et belle histoire du féminisme, laquelle comporte de quoi éviter les excès et les fureurs. Elle préconise une laïcité assumée, proclamée, enseignée précisément, annoncée à tous comme condition d’une vie politique commune. Enfin, elle propose une modification de la Constitution pour y inscrire la liberté d’orientation sexuelle.

« Fractures » est un livre qui cherche à réparer, reconstruire, à retisser des liens et une cohérence sociale ; il ouvre un avenir pour l’émancipation des femmes et des hommes, pour l’humanité entière.

Un livre à lire !

* ILLGA-Europe : International Lesbian and Gay Association-Europe

Camp de redressement pour compagnons Verts en dé-construction

Je déconstruis, tu déconstruis, il déconstruit … très bien. Mais, il est déconstruit ?

Sandrine Rousseau a mentionné son « compagnon déconstruit », provoquant une levée de boucliers. Mais de quoi est-il exactement question ? Fallait-il nécessairement pousser des cris d’orfraie ? Est-ce utile ou inutile de déconstruire ? Et de se déconstruire ? C’est pareil ? Pourquoi les féministes parlent-elles depuis toujours de dé-construction du système patriarcat et de la domination masculine ? Auraient-elles tort ? S’offusquer bruyamment de ce « compagnon déconstruit » était-ce légitime ou pas ?

Rappelons tout d’abord que le concept philosophique de dé-construction n’est pas récent ; il n’est pas propre à la woke culture, ni au néo-féminisme.

Dans les années 50, le philosophe Heidegger utilise ce concept qui signifie pour lui, démonter une tradition aux fins de reconstruire pour l’avenir. Très schématiquement, c’est un chemin, une méthode. Derrida en France, s’est réapproprié la pratique pour découvrir les différentes significations d’un texte en tenant compte de son auteur et de son langage.

Les intellectuels aiment parfois compliquer la pensée. Je dirais bien que sous des termes abstraits et complexes, il y a une logique plutôt simple et accessible à tous et que l’on peut pratiquer la déconstruction sans ne rien connaître à la philosophie ; il s’agit simplement de procéder à une analyse critique. Il suffit de comprendre que des idées développées par des personnes exerçant une influence, un pouvoir, et qui se sont imposées comme des vérités, ne sont pas pour autant incontestables. Voyez, c’est facile.

La théorie de la déconstruction a fait fureur, aux Etats-Unis notamment où Judith Butler et bien d’autres s’en sont revendiqués. En France, on pense à Hélène Cixous.

La théorie de la dé-construction poussée à son paroxysme, est devenue aux Etats-Unis un outil politique, prétexte à ne considérer que ce qui est répréhensible dans l’Histoire de l’Amérique, notamment les discriminations raciales, pour tout mettre à bas. Déconstruire la civilisation et la culture américaines, et sans le moindre procès, demander aux jugés privilégiés de faire acte de contrition. Tenter par des méthodes expéditives et haineuses d’imposer un système à l’extrême opposé, de ce que l’on veut effacer. Il ne s’agit plus d’émancipation mais de punition arbitraire et qui génère les violences de la cancel culture.

Le problème ici, c’est l’excès et le dévoiement de la méthode, utilisée dans une pure logique de règlement de compte.

Il est certes important de comprendre d’où émanent des concepts et des valeurs qui ont pu profiter à telle ou telle catégorie de la population, mais si cela s’effectue dans une logique politique de vengeance et pour instaurer en miroir inversé, un système tout aussi discriminant, les bénéfices de l’analyse critique de la dé-construction sont perdus.

C’est pourtant ce que font depuis déjà quelques temps les militants indigénistes, dé-coloniaux, et des néo-féministes, intersectionnelles et autres.

C’est une vision du monde plutôt confortable : des personnes sont assignées à une identité de victime innocente à vie ; tout leur est dû, juste de par leur origine, couleur de peau, orientation sexuelle, genre/sexe. C’est beaucoup trop simpliste pour être honnête.  

Revenons à Sandrine Rousseau, à son compagnon déconstruit et au féminisme.

Le féminisme de Sandrine Rousseau est à l’opposé du mien, je suis universaliste, elle est communautariste ; proche des racialistes, indigénistes et autres « nouveaux féminismes » relativistes. Elle surfe sur des tendances éco-féministes, à deux doigts d’un ésotérisme new age « notre mère la terre «. Elle est aussi favorable à la GPA, essentialisme oblige, comme à la réassignation de genre pour les enfants. Bref, elle est woke à fond et marche dans toutes les demandes des minorités nécessairement persécutées. On lui a dit qu’il fallait, alors …

Quand Sandrine Rousseau nous dit que son compagnon est déconstruit, ce qu’elle nous dit, c’est qu’il a réfléchi à sa place d’homme dans une société patriarcale, aux privilèges dont il bénéficie, sans nécessairement le vouloir, par le simple fait d’être né homme. Comme par exemple pouvoir sortir seul, n’importe où et à n’importe quelle heure, sans risquer pour son intégrité physique et sexuelle ; ou encore ne pas avoir à forcer la voix ni le ton pour finir ses phrases dans une réunion professionnelle ou autre ; ou encore coucher, avec une femme, sans avoir à se soucier d’être enceinte ; ou s’assurer que pour un travail identique, avec expérience et diplôme similaires, il ne gagne pas un moindre salaire ; ou … Vous m’avez comprise.

C’est plutôt bien, non ? Pro-féministe, il a déconstruit le système de la domination masculine pour participer pleinement à la construction d’une société plus égalitaire.

Si tous les hommes en faisaient autant, nous avancerions sans doute plus vite, inutile donc de s’effaroucher devant l’idée qu’un homme puisse avoir déconstruit un système d’oppression.

Un homme qui rejette le système patriarcal et donc pour ce faire, le déconstruit, je n’ai rien contre ; en revanche, un homme déconstruit, je ne vois pas bien de quoi il peut vraiment s’agir. Il n’est pas déconstruit lui, il a déconstruit le système d’oppression qui attend de lui qu’il se conforme aux rôles socialement et culturellement impartis aux hommes, et qu’il se comporte d’une manière stéréotypée avec les femmes.

L’idée d’un « homme déconstruit » renvoie quant à elle, aux notions de correction et rééducation woke et de la cancel culture. Un petit séjour en camp de redressement, et hop, un homme tout reconstruit.

J’espère qu’il est plus réussi qu’un Denis Baupin ?

Trêve de plaisanterie ! Personnellement, je suis favorable à la déconstruction chez les Verts. Il y a du boulot pour quelques années : des islamo-gauchistes défenseurs du voilement des femmes, indulgents envers l’islam politique qui pourtant promeut un apartheid sexiste et persécute les personnes homosexuelles, aux racialistes qui avancent que des femmes noires ne devraient pas dénoncer leur violeur quand il est noir, en passant par d’ardents défenseurs du système prostitueur et de la GPA ! Quand ils auront déconstruit tout ça, on en reparlera.

En attendant, je ne compte pas trop sur eux pour une dé-construction émancipatrice du système patriarcal. M’est avis que le féminisme universaliste ne va pouvoir compter que sur lui pour déconstruire le système patriarcal, dans l’intérêt de toutes les femmes comme celui de l’humanité.

Christine Le Doaré

Afghanistan, féministes universalistes mobilisées contre la barbarie intégriste — Les VigilantEs

Soutien à la manifestation appelée par des associations féministes, samedi 28 août à 14h00 à Paris. Depuis l’annonce du retrait des forces étrangères, puis les pourparlers de Doha au Qatar, le monde entier savait que la situation allait dégénérer en Afghanistan, sans pour autant s’affoler. Même si tout le monde a été pris de court […]

Afghanistan, féministes universalistes mobilisées contre la barbarie intégriste — Les VigilantEs

Néo-féministes et universalistes, ensemble avec les Afghanes !

Néo quoi ? Néo-féministes ! Ça existe ça ? Mais oui, parce que néo, ça veut tout simplement dire nouveau ; par exemple, une école, une tendance qui se situerait dans une continuité mais de manière différente. L’expression est parfois utilisée de façon péjorative, une continuité certes, mais avec une touche de trahison. Quand on parle de néo-féminisme, on pense surtout aux « nouveaux-féminismes ». On pourrait aussi dire féminismes relativistes, intersectionnels, inclusifs, par opposition au féminisme universaliste. Je les trouve emprunts de relativisme culturel et enclins à nouer des alliances avec des groupes qui n’ont de féminisme que le nom. Trop souvent victimaires et justiciers, ils donnent dans la facilité en surfant sur l’émotion et font l’économie de l’analyse.

Néanmoins, les tendances néo-féministes telles que #NousToutes et d’autres (#payetonutérus #Balancetonporc …) ont leur utilité et nombre d’associations qui s’en revendiquent font un travail utile au quotidien, sur le Net mais aussi sur le terrain. Au sein du mouvement féministe, il est possible d’avoir des désaccords, des débats idéologiques et politiques et néanmoins de se retrouver sur des luttes qui nous occupent toutes. Aussi ne faut-il pas tout confondre. Par exemple, on peut condamner au nom de l’universalisme, des groupes ou personnalités qui se prétendent féministes mais ne sont qu’impostures : « féminismes » musulman, anticolonial, indigéniste, ou identitaire ; mais plus difficilement #NousToutes et bien d’autres groupes néo-féministes, et même quand ils sont marqués par ce fichu islamo-gauchisme, car ils le sont.  

Les féministes universalistes ont en tête un objectif : l’émancipation de toutes les femmes. Et pour y parvenir, moins nous perdons de forces vives et mieux ça vaut. Se couper de toutes les militantes néo n’est certainement pas le meilleur moyen d’atteindre l’objectif ! Aussi, et n’en déplaise aux universalistes qui bien souvent ne connaissent l’Histoire, les courants et clivages du Mouvement des femmes, que de très loin, lire dans la presse et sur les réseaux sociaux que les néo-féministes étaient aux abonnées absentes pour soutenir les femmes afghanes, était-il très malvenu.

Quelle cacophonie ! Tout d’un coup, tous animés d’une grande conscience féministe, enfin surtout pour rendre, les féministes responsables de tout  ! Les militantes féministes ne se battent pas que sur les réseaux sociaux, elles sont aussi investies au quotidien, sur le terrain, dans de nombreuses actions et auprès de nombreuses femmes. Le féminisme ne consiste pas uniquement à condamner l’obscurantisme religieux, le fondamentalisme musulman, même si à l’évidence, c’est un de ses combats prioritaires et de toujours, en tous cas pour les universalistes. En outre, au cœur du mois d’août il arrive aussi qu’elles prennent des vacances ; tout juste s’il ne leur était pas reproché que les talibans eux, s’en soient passés ! Aucun autre mouvement, syndicat, parti, association n’organisait de manifestation de soutien mais il fallait absolument taper sur les féministes. Ça interpelle sérieusement.

Et puis surtout, c’était faux. Totalement faux.

Nous pouvons les accuser de bien des maux, victimaires, sectaires, et puis le relativisme culturel, et puis ces alliances intersectionnelles dangereuses … mais pas d’accepter en silence le sort des femmes reléguées dans leur maison, effacées de l’espace public, mises en grand danger en Afghanistan :

  • #NousToutes le 15 août à 17h19 a tweeté : « Soutien aux afghanes face à l’obscurantisme et à la haine des femmes. #AfghanWomen avec un article de Yalda Hakim BBC.COM « Craignant les talibans, les jeunes femmes de Kaboul, appellent à l’aide. »
  • Une seconde pétition a déjà recueilli plus de 6000 signatures – Urgences Afghanes : « Nous, féministes et femmes de tous les genres, de toutes les divergences, de toutes les écoles, de toutes les sphères sociales et politiques, affirme-t-elle en préambule, nous décidons aujourd’hui d’enterrer la hache de guerre et la géopolitique et de faire front dans un seul objectif : la vie et la liberté pour les Afghanes, l’ouverture de nos frontières et l’accueil inconditionnel de nos sœurs et de leurs familles. »
  • Plusieurs associations, certes non mainstream pour l’instant, ont programmé des manifestations
  • Même Fatima Benomar des Effrontées, proche des groupes relativistes, indigénistes, et prompte à attaquer frontalement les féministes universalistes, s’était fendue d’un article sur son blog.

Bien sûr il y a eu cet article de Rachel Khan au titre pour le moins boueux « On tue à Kaboul et les néo-féministes se taisent » (sic – rien que ça  !), défendu par toute la tribu laïque (à laquelle j’appartiens aussi). C’est dommage parce que cela arrive à tout le monde de se planter, en revanche, ne pas le comprendre et persister, encouragée par celles et ceux qui n’ont manifestement pas plus d’éléments d’information et de connaissance pour éclairer la question, c’est assez décevant.  
Je ne suis pas convaincue que certaines postures universalistes soient utiles à l’émancipation des femmes.
Nous avons déjà fort à faire avec les « nouveaux féminismes », impostures intersectionnelles, relativistes, racialistes, indigénistes, woke.

Et puis ces listes de noms dont les comptes Twitter et Facebook ont été épluchés pour voir si elles avaient réagi ou non. Des listes qui prouvent au moins que leurs auteurs ne connaissent vraiment pas grand-chose aux mouvements féministes.  

  • Caroline De Haas, qui pourtant et comme chacun.e le sait n’est pas étrangère à #NousToutes
  • F. Floresti, C. Masiero, A. Haenel, C.Taubira … Pardon, mais là, énorme fou-rire … Les grandes penseuses et théoriciennes du féminisme que voici ! Non, ces femmes sont libres, émancipées, ont une parole féministe, mais ce ne sont pas des porte-paroles ni même des militantes féministes. Le grand public peut le croire, pas ceux qui ont dressé ces listes.
  • Rokhaya Diallo, qui n’est pas une féministe mais une indigéniste
  • … et d’autres citées non plus.

Alors certes, les néo-féministes qui ont réagi en profitent au passage pour taper sur le gouvernement et ne se privent pas d’assener, parfois en toute contradiction, leur daube islamo-gauchisme. Et, ce n’est pas non plus un mouvement de fond et d’ailleurs, qui se prononcerait contre un soutien aux femmes Afghanes ? Mais toute initiative allant en ce sens est à saluer, certainement pas ignorer. En revanche, porter des accusations infondées contre elles, à part régler des comptes et saisir une occasion de se montrer dans les médias, ne risquait pas de susciter un mouvement général de mobilisation dans l’intérêt des femmes afghanes. Pour les femmes Afghanes,  il était beaucoup plus intelligent et constructif de fédérer, au moins ne pas se perdre en affirmations erronées et faciles à contrer. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Pour parler au nom du féminisme et des féministes universalistes, il y a des préalables, comme au minimum se mettre d’accord avec d’autres sur la définition du terme néo-féminisme et avoir un minimum d’informations sur l’Histoire et les clivages au sein des mouvements féministes. On peut parfaitement être une femme émancipée et libre, sans avoir de bases théoriques féministes ni avoir milité ou peu et de très loin, dans le mouvement des femmes. On peut donner son avis, témoigner de son point de vue, mais s’improviser porte-paroles, c’est plus compliqué. Et c’est vrai pour tout le monde d’ailleurs. Enfin, si je peux me permettre – et oui, je vais le faire – de donner un conseil aux laïques, républicains, etc. dont la fibre féministe est appréciable et appréciée, plutôt que de vous immiscer dans le débat entre féministes, avez-vous songé que vous pourriez consacrer vôtre énergie à convaincre d’autres hommes à avancer eux aussi vers l’égalité réelle ?  Comme ça, nous avancerons toutes et tous plus vite.

Donc les féministes sont capables de mettre un temps leurs clivages de côté, et se mobiliser pour des femmes en grand danger, même s’il n’y a pas non plus de quoi pavoiser, c’est tout de même un minimum quand on se revendique du féminisme. ll se pourrait même que des intersectionnelles, confrontées aux menaces et violences faites aux femmes afghanes, touchent du doigt leurs contradictions, relèguent leur islamo-gauchisme au placard et comprennent tout l’intérêt du féminisme universaliste.

Mais l’urgence est bel et bien de nous concentrer toutes et tous sur les femmes afghanes et de leur venir en aide, ainsi d’ailleurs qu’à toutes les femmes qui vivent sous la charia et subissent dans bien d’autres régions du monde, des violences toutes aussi abjectes, ne les oublions pas non plus.

Christine Le Doaré

Longue vie au féminisme people !

J’ai parfois l’impression que les militantes féministes universalistes sont prises dans une sorte de tenaille identitaire secondaire. Entre d’un côté, les relativistes intersectionnelles qui dévoient outrageusement le féminisme, et ça c’est insoutenable ; et de l’autre, des égéries parachutées, sans avoir jusqu’alors fait grand-chose pour les droits des femmes. Rien ne semble avoir été écrit, dit ou fait en matière de féminisme avant elles ; le féminisme leur est tout naturel, il leur est venu comme ça, elles seules l’incarnent. Elles glissent sur une vague, poussées par l’air du temps, homologuées par les personnalités politiques, intellectuelles et journalistiques qu’il faut. Féminisme agréé people, alors quoi ?

Un féminisme people qualifié d’universaliste, et qui fort justement s’oppose le plus souvent aux thèses intersectionnelles (assignations identitaires, relativisme culturel, …), sans toutefois trop égratigner ce savant statuquo qu’il est de bon goût d’afficher en matière de relations hommes-femmes. Point trop n’en faut.

S’opposer au relativisme culturel, aux assignations identitaires, aux woke et cancel cultures sont bien désormais des combats féministes universalistes, mais le féminisme est aussi une lutte d’émancipation personnelle et collective. Lutte, émancipation, personnelle, collective, tous les mots sont importants. Les relations de domination et de pouvoir, si elles sont brutales dans les affaires d’emprise, de violences sexuelles et de violences conjugales, sont aussi le plus souvent, bien plus subtiles. Remettre en question les codes sociaux de genre impartis à chaque sexe, les rôles sociaux et sexuels (stéréotypes, sexualité, contrainte culturelle à l’hétérosexualité… ), est plus complexe et autrement plus difficile à réaliser.

Ce féminisme people, prête parfois à sourire, à agacer un peu aussi lorsque nos égéries et leurs mentors assènent à l’envie que les féministes sont défaillantes, sont absentes, inaudibles. Forcément, on ne voit qu’elles, elles occupent l’espace médiatique et politique. Et pourtant, le féminisme people va dans le bon sens, il est le signe que nous avançons ; enfin, le féminisme universaliste devient glamour et fait frissonner aussi bien dans les lieux branchés que dans ceux du pouvoir politique. Aussi doit-on favorablement saluer la génération spontanée d’égéries féministes universalistes qui seules parviennent à s’exprimer avec un vibrant soutien médiatique face aux relativistes intersectionnelles. Les militantes qui savent de quoi elles parlent en matière de féminisme sont ostracisées alors c’est elles ou pire.

Sans grande illusion faisons-leur une confiance toute relative mais nous, droit devant, gardons le cap.

Christine Le Doaré

Marches des Fiertés, marches de la ségrégation ?

Le mouvement de libération homosexuelle a toujours été marqué à gauche voire à l’extrême gauche, mais depuis une bonne quinzaine d’années au moins, la récupération politique s’est accélérée, si bien qu’on y parle aujourd’hui moins d’homosexualité que de bien autres choses et les marches annuelles reflètent tristement cette dérive.

Le mouvement et ses marches sont phagocytés par des militants qui au nom de l’intersectionnalité mobilisent contre le capitalisme, le colonialisme, le racisme, et surtout le gouvernement, dans une confusion et une outrance propres à l’extrême-gauche.  

L’affiche de la marche de Clermont-Ferrand ne représente en rien les préoccupations des gays, lesbiennes et trans locaux. Elle se veut inclusive, en réalité, elle ne fait qu’imiter les orientations intersectionnelles des queers américains biberonnés au relativisme culturel du multiculturalisme.  Pourquoi la présence sur cette affiche d’une femme voilée, d’une prostituée sous son parapluie rouge (symbole du STRASS) … ? Comme si les tenants d’un islam rigoriste allaient prendre fait et cause pour des personnes homosexuelles ? Dans une logique d’entrisme politique oui, mais pour mieux les berner ensuite.

A Lyon lors de la marche du 11/06 de cette année,  l’instrumentalisation politique de la marche a atteint des sommets. Une marche segmentée en catégories fermées avec un cortège « Queer racisé-e-s » en tête ! Une dizaine d’autres catégories à suivre, et à la fin le cortège mixte. Attention, pas de mélange autorisé ! A quel taux de mélanine est-on autorisé à marcher en tête et à laisser son, sa ou ses amis en queue ? Une marche de la ségrégation en sorte. Les pires racistes en ont rêvé, les marches des fiertés l’ont fait !

Que dire du slogan de la marche : « Violences fascistes, violences d’état : reprenons la rue, exigeons nos droits ! » sinon qu’il n’a plus rien à voir avec une marche revendicative pour les droits et libertés des personnes LGBT ? Faire référence à une pseudo « homophobie d’état » et à la loi « contre le séparatisme » (sic !) qui « viserait de manière violente les communautés racisées et musulmanes ». Une Marche des fiertés critique une loi prise pour lutter contre l’islam politique et le communautarisme qui compromettent sérieusement les droits et libertés des femmes et des personnes homosexuelles ! C’est le monde à l’envers. C’est la Marche des Fiertés ou du Parti des Indigènes de la République ? Entre importation US, récupération politicienne à la sauce NPA et fantasmes savamment distillés alors qu’en réalité, il n’y a en France aucune homophobie d’état. L’état n’organise pas l’homophobie, la lesbophobie ni la transphobie, ne les favorise pas, il les combat avec des lois, des campagnes de prévention, … En France il y a des homophobes, ça oui, et comme partout, mais aucune homophobie d’état. En revanche, l’homophobie d’état, on la trouve dans beaucoup d’autres pays sur la planète, mais ça, c’est tabou, il ne faut surtout pas en parler. Ben oui, la dictature, c’est seulement en France !

A Paris et dans le 93, FLAG (l’association des policiers gays et lesbiennes) ne devrait pas défiler.  Pourtant les LGBT exercent tous les métiers, policiers aussi et c’est tant mieux. Déjà menacés lors de précédentes marches par des LGBT radicaux, la contre-marche organisée par des éléments très radicaux,  les inquiète. Je vois beaucoup de gens s’émouvoir à juste titre, de cette éviction, mais en 2014 déjà, l’association FLAG était frappée d’interdiction de défiler par Act-up, le StRASS et des TPDG (« trans-pd-gouines » comme ils se nomment) radicaux sans que grand monde ne réagisse à l’époque.  Même si cette année, l’appel de la marche Parisienne est plus sobre, elle est à l’image du mouvement, imprégnée des dérives woke actuelles, pourtant, ça ne suffit plus aux plus radicaux qui lancent leur contre-marche ; rien que de penser à ce que l’on va y trouver, je me sens mal.  

Peut-on encore parler de Marches des Fiertés (1) ? Ne s’agit-il pas plutôt de marches de l’extrême-gauche woke, ivre de cancel culture ? Vous me direz que ce n’est pas nouveau, c’est vrai, ça fait un bail que ça dure, je le sais bien car avec d’autres, j’alerte en vain puisque ça s’aggrave d’année en année.

Malgré le nombre de lettres qui ne fait qu’augmenter, LGBTQI … en réalité, ne sont plus guère visibles et actifs dans le mouvement que les gays et les trans, les lesbiennes les plus politisées ayant été découragées par l’engagement du mouvement pour l’instrumentalisation du corps des femmes dans la prostitution ou la GPA, et par les attaques de féministes par des trans activistes radicaux. Et puis nombre de personnes LGBT ont quitté le mouvement ou ne le rejoignent pas car défendre les droits des personnes LGBT, lutter contre les discriminations et violences à notre encontre, n’implique en rien de donner tête baissée dans l’indigénisme, l’anti-colonialisme, le racialisme, de cautionner le relativisme culturel ni de défendre les injonctions religieuses sexistes telles que le voile. En outre, nous libérer de siècles d’oppression à raison de notre orientation sexuelle ne nous autorise pas à nous croire géniaux et supérieurs au point de chercher à imposer aux autres un examen de conscience, encore moins à censurer tout ce qui ne nous plait pas.

Pourquoi les personnes homosexuelles se laissent-elles ainsi récupérer, marcher sur les pieds, écrabouiller par toute cette violente daube politique ? Toutes ces outrances alimentent la haine des extrêmes à notre égard et nous mettent en danger, il serait temps de le réaliser, de repousser les manipulateurs et de reprendre notre liberté.  

Plutôt que d’endosser les revendications de l’extrême-gauche, nous devrions marcher pour les droits et libertés des LGBT discriminés et agressés, menacés chez nous comme Mila, et partout dans le monde, que ce soit en Hongrie, en Afrique, en Iran et dans tant d’autres régions du monde, car personne ne le fera à notre place.

Christine Le Doaré

  • Marche des Fiertés : peut-être un temps opportun, il s’agissait de sortir de décennies de honte et de silence, moins de nos jours. Il n’y a aucune fierté à être gay ou lesbienne, c’est une orientation sexuelle. Dont acte. Respect et liberté, un point c’est tout.

Nous sommes Mila ! — Les VigilantEs

La banderole de la Marche des Fiertés 2021 et celle de la prochaine Marche contre les violences faites aux femmes devraient avoir pour slogan : Soutien à Mila, « la peur doit changer de camp » ! Jeudi 3 juin devait avoir lieu à Paris, le procès des harceleurs de Mila. L’audience de renvoi se tiendra les […]

Nous sommes Mila ! — Les VigilantEs

Manifeste pour la laïcité : Machiavel dépassé

Si vous voulez prendre une magistrale leçon de manipulation politique, lisez le Manifeste pour la laïcité que Christine Delphy a signé et hébergé sur son blog. Au premier abord, on se frotte les yeux : comment, les signataires, indigénistes et leurs soutiens politiques des plus acharnés, auraient donc viré de bord et prendraient la défense de la laïcité ? On finit par comprendre le but de la manœuvre :  faire semblant de promouvoir ce que l’on a toujours décrié pour mieux discréditer la politique de sauvegarde et de renfort de la laïcité initiée par le gouvernement.

Traduisons-les.

La première partie du texte est tellement convaincante que pour un peu on le signerait, ce Manifeste. La laïcité est formidable, elle nous protège toutes et tous. La loi de 1905 est encensée comme jamais. Et celles et ceux qui n’ont de cesse de l’affubler d’adjectifs pour la vider de son sens vont même jusqu’à prétendre qu’il ne faut surtout pas l’adjectiver et que vive la laïcité, juste la laïcité, toute la laïcité, et « un point c’est tout » !

Malgré tout, quand on connait les premiers signataires, toujours les mêmes, on se dit que quelque chose ne colle pas.

On continue de lire et bingo ! La laïcité voyez-vous, va bien. Il ne faut surtout pas s’en occuper. Le problème est ailleurs, c’est l’islamophobie. Pas l’islam politique, ni même le terrorisme islamiste, mais l’ostracisme pratiqué à l’encontre des musulmans, le « racisme anti-musulman ». Pratiqué par qui ? Comment ? On ne le saura pas. Toute réalité de la progression en France de l’islam politique (salafisme, frères musulmans), son entrisme agressif, est passé sous silence. Il n’est fait aucune référence aux innombrables attentats terroristes perpétrés sur notre sol, ils sont purement et simplement effacés. Il n’est fait référence qu’à l’islam et aux musulmans comme si le séparatisme, la radicalisation et la mise en danger des valeurs républicaines par un islam radical n’étaient que fiction.

Et l’on comprend que la première partie n’a servi qu’à amener la petite rhétorique à laquelle nous sommes tristement habitués. La laïcité leur convient quand elle est assaillie de toutes parts, affaiblie par des accommodements incessants, fragilisée, bafouée. Il ne faudrait surtout pas tenter de la rescaper, encore moins de la conforter.

L’objectif de ce Manifeste n’est évidemment pas de défendre la laïcité mais de salir les actions entreprises par le gouvernement pour préserver les principes républicains. Le manifeste ne défend pas la laïcité, il s’attaque à la loi « confortant le respect des principes de la République et de lutte contre le séparatisme » qui entend lutter contre les assauts de religieux radicaux, et notamment contre l’islam politique. Il s’oppose à la loi.

Et pas d’état d’âme si pour discréditer la loi, il faut faire un amalgame avec l’extrême-droite et prétendre que tout ça, c’est du pareil au même.  Au passage, ils n’oublient pas de servir la soupe à l’Observatoire de la laïcité de Bianco, témoin sourd et aveugle d’une laïcité harcelée de toutes parts, dans les établissements scolaires, administrations, services publics, les associations, syndicats, partis politiques …

Ils vont même jusqu’à prétendre que la loi de renforcement des principes républicains est de nature » autoritaire et viriliste ». Quand il y a danger, des mesures doivent être prises et cela relève bien de la responsabilité du gouvernement. Ce n’était pas parce que les précédents l’avaient oublié, qu’il fallait continuer. Quant au virilisme, par quelle invraisemblance, une loi qui notamment protège les femmes des traditions sexistes communautaires, pourrait-elle être viriliste ? Les certificats de virginité, et plus exactement l’injonction de virginité faite aux femmes, ne l’est pas elle, viriliste ?

Des intellectuels capables d’énoncer des principes pour mieux les torpiller, c’est tout de même très troublant. Nos islamo-gauchistes ne nous déçoivent jamais, quand ils semblent défendre des principes républicains, mieux vaut se méfier, la supercherie n’est jamais bien loin. A part eux-mêmes, qui trompent-ils encore ?

Christine Le Doaré

Le manifeste en question : https://christinedelphy.wordpress.com/2021/05/08/manifeste-pour-la-laicite/

Quand Le Monde me fait marrer pour la journée de visibilité lesbienne

C’est la journée de la visibilité lesbienne, des politiques sont mobilisés (1) et c’est bien, mais je n’aurais jamais pensé que cela me ferait rire.

« La « joie » et le « soulagement » des féministes qui se « découvrent » lesbiennes ». En lisant ce titre d’un article du Monde (2), publié pour l’occasion, j’ai explosé de rire. En lisant l’article, j’ai pensé que notre époque était absolument délirante. Pourquoi ?

Je suis lesbienne, ni fière ni heureuse de l’être, je le suis, et pour rien au monde ne voudrais changer. C’est une évidence pour moi comme pour mon entourage et je crois bien que ça a toujours été comme ça à partir du moment où je l’ai compris, j’avais alors une vingtaine d’années. Le truc c’est que ça ne date pas de la semaine dernière puisque j’ai eu vingt ans quelques années avant que ne soit dépénalisée l’homosexualité en 1981 ! Quand je lis les réactions des femmes interviewées dans l’article, je m’étonne, c’est tout juste si elles ne me donnent pas l’impression de sortir de la clandestinité !  Mais enfin, nous sommes en 2021, grâce aux luttes des militant.es du mouvement de libération homosexuelle, il y a quarante ans nous pouvions déjà vivre notre homosexualité au grand jour et pourtant, on ne peut pas dire qu’à l’époque, on croulait sous les modèles ! D’ailleurs, on s’en fichait des modèles, on voulait réinventer le monde. A l’époque il n’était pas question de fierté identitaire mais de lutte contre les discriminations et les violences, de droits et de libertés. Ces histoires de fierté identitaire, dans tous les domaines, sont décidément bien ridicules.  

« La joie et le soulagement des féministes qui se découvrent lesbiennes «.  C’est tout de même sidérant ! Les féministes hétérosexuelles ou bisexuelles, vous avez compris ce qu’il vous reste à faire, suicidez-vous ou faites un effort, devenez lesbienne  ! Je peux à peine écrire tellement je rigole …

D’ailleurs, des féministes dans les années 70/80 nous ont déjà fait ce coup-là. Une sorte de phénomène de mode qui a traversé un temps le mouvement, il fallait avoir eu son expérience lesbienne et si ça fonctionnait, c’était tout bénéfice : autrement plus facile de vivre son engagement féministe sans être impliquée dans une relation de couple avec un homme et devoir affronter quelques contradictions dans le secret de l’intimité. D’où le fameux slogan, le privé est politique. Affichée et repérable si l’on peut dire, je me souviens bien de cette époque où il me fallait plus souvent qu’à mon tour, décliner de charmantes propositions. Mais pas toujours hein ! Le truc c’est que quelques années plus tard, j’en ai recroisé en couple hétérosexuel. Pour elles, c’était une agréable récréation,  mais moins facile, surtout à l’époque, pour élever des enfants, alors … Dans tous les cas, si l’orientation sexuelle peut en effet être plus fluide qu’on ne le pense, tout le monde ne change pas d’orientation sexuelle comme de chemise. D’autres sont devenues lesbiennes, parce qu’il peut aussi suffire d’aimer, une fois, et d’oser se révéler à soi-même et aux autres. Moralité, selon moi, éviter les généralités, se décrisper et voir comment les choses évoluent.

Revenons à notre actualité. Des décennies déjà qu’à longueur de productions culturelles en tous genres : films, séries TV, littérature, peinture, théâtre, danse, télé-réalité, reportages … nous avons accès à des histoires d’amour et représentations homosexuelles, lesbiennes comprises. Alors, je bloque quand je lis qu’il n’y aurait pas de représentations ni de modèles lesbiens. On rigole là ! En outre, depuis au moins trente ans, des gays et des lesbiennes font leur coming out ; en lisant l’article on se demande un peu à quoi ça a servi ! Et d’ailleurs, est-ce si utile d’avoir des modèles ? Et l’imagination, et être soi, simplement soi-même, non ? Et d’ailleurs, qui peut croire que les hétérosexuels disposent de représentations et modèles hétérosexuels si formidables et que les reproduire est la garantie du bonheur ? Tout le monde doit inventer et réinventer son chemin.

Alors c’est vrai, la contrainte à l’hétérosexualité n’est pas une vue de l’esprit et nos cultures patriarcales sont habiles à conditionner et contingenter nos imaginaires amoureux, tout est prévu, des histoires pour enfant jusqu’à l’organisation de la société pour promouvoir l’hétérosexualité et en particulier la mise à disposition des femmes, de leur corps et de leur vie, dans la sexualité et la reproduction. Et puis, c’est plus gratifiant socialement de se conformer aux schémas hétérosexuels, confort, sécurité, reconnaissance, tout est plus simple, surtout pour les femmes. Une moindre prise de risque en sorte. C’est également vrai, les lesbiennes sont beaucoup moins représentées et valorisées que les gays, mais aussi beaucoup moins affichées ; ce n’est guère surprenant, on imagine mal comment pourrait être vendeur d’être femme et lesbienne dans une société qui par bien des aspects reste patriarcale. Mais personne ne peut nier l’évolution considérable de ces cinquante dernières années, et bon sang un peu de détermination et de courage ne ferait pas de mal, depuis le temps que l’homosexualité existe, c’est bon, en 2021, en France, on ne va pas distribuer des médailles non plus ! Je ne nie pas la lesbophobie, mais en être encore à parler de révélation et de modèle ne va pas aider à banaliser l’affaire.

En outre,  les gays et les lesbiennes ne sont parfois pas moins conformistes, le mariage pour tous et l’homoparentalité après tout, qu’apportent-ils de si différent de la norme ?  Ce qui m’étonne encore le plus c’est la croyance que le lesbianisme serait une sorte de sésame pour le bonheur. N’est-ce pas la qualité d’une relation entre deux personnes qui fait son intérêt ? Être lesbienne n’est pas un passe porte bonheur, vivre une relation avec une autre femme non plus. Il y a des lesbiennes formidables, mais d’autres sont imbuvables, stupides, vulgaires, violentes, manipulatrices, … mais si ! Il n’y a pas tant que ça de génie en fait, il faut toujours une belle alchimie et intelligence pour une histoire d’amour réussie et aucune femme ne change d’orientation sexuelle pour régler des problèmes de couple hétérosexuel, seulement parce qu’elle est attirée par une autre femme, en tombe amoureuse … Elle peut aussi n’aimer que cette femme-là et ne pas devenir lesbienne pour autant, tout est possible, tout existe. Quant au besoin de déconstruire les rapports sexuels et de séduction, il reste entier dans les relations lesbiennes aussi.  

Je voudrais bien savoir en quoi une féministe hétérosexuelle, serait moins investie et efficace dans son engagement féministe pour lutter contre les discriminations et les violences sexistes ? C’est certain, la domination masculine imprègne la société et il est impossible que des féministes hétérosexuelles n’aient pas à gérer ses effets, même subtils, dans leur vie intime, mais quand elles confrontent des contradictions, des hommes avancent vers l’égalité. Et je serais bien plus encline à faire confiance à une féministe hétérosexuelle qu’à une lesbienne qui se compromet dans des impasses intersectionnelles avec des groupes qui prônent le relativisme culturel, le racialisme ou défendent le sytème prostitueur ou encore des trans activistes qui pourtant menacent les droits des femmes.

L’identité assenée comme un mantra, érigée en dogme, avec des slogans brandis pour se rassurer, peine à convaincre, à me convaincre. Pour cette journée de la visibilité lesbienne, je dirais qu’être féministe et lesbienne, c’est peut-être bien une chance, mais surtout, c’est l’envie et le besoin d’être soi, de s’assumer pour être bien avec soi et les autres. Ce n’est surtout pas une quête identitaire et c’est pourtant politique.

Christine Le Doaré

(2) L’article du Monde

La « joie » et le « soulagement » des féministes qui se « découvrent » lesbiennes

Cécile Bouanchaud

« Solange, Edith et Noémie étaient en couple avec des hommes il y a encore quelques mois. Leur prise de distance vis-à-vis de l’hétérosexualité est survenue en même temps que leur cheminement féministe.

Au milieu du cortège du 8-Mars, sa silhouette élancée la distingue. Laure brandit un écriteau parsemé de paillettes : « Pénis partout, jouissance nulle part ». L’an dernier, à la manifestation pour les droits des femmes, la professeure des écoles de 36 ans n’avait pas de pancarte. L’année écoulée a fini d’alimenter une misandrie longtemps tue. Au point de renoncer aux hommes ? « Je suis en plein questionnement », reconnaît Laure, évoquant « le lesbianisme comme une réponse politique au modèle pesant de l’hétérosexualité ».

Autour d’elle, de nombreuses femmes se tiennent la main, s’enlacent et s’embrassent. Dans la foule, des centaines de slogans font écho au sien : « Délivrez-nous du mâle », « Engagez-vous dans le Gouinistan », « Ras les boobs de ce monde de couilles », « Nos désirs font désordre », « Visibilité lesbienne ». « De plus en plus de jeunes femmes assument leur lesbianisme, c’est très frappant », constate en marge du rassemblement Alice Coffin, militante lesbienne, élue écologiste au Conseil de Paris. En attestent les manifestantes qui viennent la remercier pour son essai Le Génie lesbien (Grasset, 2020), lequel a suscité la controverse en septembre.

L’année 2020 a constitué une charnière pour la représentation des personnes lesbiennes dans la sphère publique. D’Adèle Haenel quittant les Césars pour dénoncer le couronnement de Roman Polanski, soutenue dans une tribune au vitriol par Virginie Despentes, au coming out de la chanteuse Angèle, elles ont marqué l’actualité et parfois fait basculer les esprits. « Faire son coming out, pour une personnalité, c’est crier “je suis lesbienne” pour que d’autres, moins connues, puissent assumer leur identité dans la rue, leur famille, leur sphère professionnelle », écrit Alice Coffin dans son livre, confiant être « passée à côté de dix ans de sa vie » faute de représentations lesbiennes auxquelles s’identifier.

« Des signes »

Mais s’assumer lesbienne procède bien souvent d’un long cheminement. Surtout lorsque l’on grandit dans un milieu où l’hétérosexualité est la norme. « En Haute-Savoie, d’où je viens, il n’y avait aucune représentation de couple LGBT », se souvient Noémie Gmür, 30 ans. « Le lesbianisme est un impensé, ça n’existe pas, c’est rendu invisible », renchérit Edith*, 30 ans, militante au sein de l’association Osez le féminisme, qui publie lundi 26 avril – journée de la visibilité lesbienne – Naissance lesbiennes, un recueil de témoignages sur le sujet.

Toutes deux se souviennent d’une adolescence où les autres jeunes filles étaient évoquées autour d’elles comme des rivales plutôt que comme de potentielles amantes. « Dès le plus jeune âge, l’attention que les hommes portaient sur nous définissait notre valeur. Plus on avait de regards, plus on était valorisées », ajoute Edith, décrivant « un système qui conduit automatiquement à l’hétérosexualité ». Sans compter les moqueries, voire la stigmatisation, à un âge où l’on cherche avant tout à s’intégrer.

Leur vie a pourtant été jalonnée de « signaux » venant souligner une attirance ineffable ou la possibilité d’une autre intimité. Avec le recul, elles repensent aujourd’hui à cette amitié fusionnelle ou à ces baisers fugaces en soirée. « C’était diffus, il y avait des signes, mais je ne les percevais pas », se souvient Solange, 35 ans, mère d’une petite fille. Longtemps, elles ont étouffé ces présages. « Répondre au modèle hétérosexuel comprend des avantages dont il est difficile de se départir, notamment un certain confort matériel », résume Juliet Drouar, militant non binaire, qui a créé en 2018 le festival Sortir de l’hétérosexualité.

Quand survient le déclic ? Pour Edith, « il n’y a pas eu d’avant-après ». « Je ne découvrais pas mon désir pour les femmes », précise la juriste, qui est « sortie de l’hétérocaptivité » quelques mois après s’être engagée chez Osez le féminisme. Personne non binaire, assigné femme à la naissance et dont le genre ne correspond pas à son identité, Max* a, pour sa part, quitté son compagnon deux mois après avoir rejoint le collectif Collages féminicides Paris. Celui qui se genre avec les pronoms « il » ou « iel » évoque aujourd’hui « le décalage fou » qui s’était créé avec son amoureux de l’époque, avec qui il vivait depuis deux ans.

A l’inverse, « une connexion évidente », « un lien invisible », « une sororité puissante » lient les militantes. « J’ai rencontré des personnes qui m’ont ouvert un espace pour me sentir libre, me définir comme je le souhaite, en sortant des dynamiques hétéronormées », se réjouit Solange, militante au sein de Nous toutes.

« Un vécu partagé » guide aussi bien souvent cette évolution : en 2018, 99 % des personnes condamnées pour violences sexuelles étaient des hommes, selon les derniers chiffres communiqués par le secrétariat d’Etat chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes. « Connaître ces chiffres oblige à se repositionner dans notre rapport aux hommes, pointe Solange. Nos problèmes ne sont pas des problématiques individuelles, mais le résultat de constructions sociales et de rapports de domination. »

En plaçant au cœur de ses revendications la question de l’intime et des violences faites aux femmes, le mouvement féministe actuel – dont #metoo est l’une des émanations – a redonné de la vigueur au lesbianisme politique. « Les forces se combinent et permettent à de nombreuses femmes de s’assumer lesbiennes », s’enthousiasme Alice Coffin, qui évoque une plus grande visibilité du militantisme lesbien, notamment à travers le collectif Oui oui oui, lequel milite pour la PMA pour toutes, ou encore la Conférence européenne lesbienne.

« Il y a tout à inventer »

« A un moment, on se sent prête », résume Noémie Gmür. C’est une rencontre qui lui a ouvert le champ des possibles. « J’ai senti que j’allais tomber amoureuse, je ne voulais pas passer à côté de cette histoire », confie celle qui a lancé le podcast « Entre eux deux », « pour interroger nos relations intimes ».

« Joie », « libération », « soulagement », sont autant de termes employés pour décrire leur coming out. « Je n’ai pas abandonné les hommes dans le sacrifice et la tristesse, c’est un choix joyeux », insiste Max, qui se définit comme « gouine ». « Je me suis dit “j’arrête de persister dans des relations qui ne me rendent pas heureux”. »

En s’assumant lesbiennes, ces féministes se disent plus en phase avec leur identité profonde. Meilleure communication, rééquilibrage du travail domestique et de la charge émotionnelle – ce soin apporté au couple et au bien-être de l’autre : entre femmes, un sentiment d’évidence leur est apparu. « Avec une femme ou une personne non binaire, il y a une connexion extrêmement forte, jamais je n’aurai pu avoir ce niveau de compréhension et d’empathie avec un homme cisgenre », estime Max.

« Une question de déconstruction »

Devenir lesbienne a bien souvent provoqué chez les féministes une redéfinition de leurs rapports intimes, de la séduction aux relations sexuelles. « C’est une révolution, il y a tout à inventer, on n’a pas de modèle, alors tous les horizons sont possibles », se réjouit Max. Si les militants et les militantes reconnaissent qu’« on ne crée pas un désir sur une conviction militante », la sexualité est à leurs yeux une construction sociale : « Ce qui a été construit peut-être déconstruit », lance malicieusement Juliet Drouar.

« Chez les hétéros, il y a cette idée qu’un couple qui fonctionne, c’est un couple qui fait l’amour », regrette le militant, qui a depuis appris à « respecter sa temporalité ». Edith, elle, se sent libérée de l’injonction à la performance sexuelle qu’elle ressentait en relation hétérosexuelle, « où tout est tourné vers le plaisir masculin ». « Je ressentais une pression de performer, d’être sexy, d’être séduisante, tout cela a volé en éclats avec le lesbianisme et avec le féminisme », commente la jeune femme, qui dit ne plus se sentir « objectivée ».

Mais, pour les militantes interviewées, il ne s’agit pas de jeter l’opprobre sur les féministes hétérosexuelles. Et franchir le Rubicon ne règle pas tout. « Le fait d’être lesbienne ne solutionne pas les relations intimes, il s’agit avant tout d’une question de déconstruction », abonde Noémie, 29 ans, qui confie avoir vécu une relation dysfonctionnelle avec une femme. « L’hétéronormativité est partout, c’est une dynamique qui touche les hétérosexuels, mais aussi les personnes LGBT », souligne la journaliste Camille Regache dans un des épisodes de son podcast.

« Etre une féministe bien déconstruite, ce n’est pas forcément devenir lesbienne, mais c’est avoir conscience que la femme est une construction sexiste », renchérit Juliet Drouar. Sortir de l’hétérosexualité, c’est aussi s’exposer à la lesbophobie et à la difficulté de fonder une famille, alors que la loi de bioéthique n’a toujours pas été adoptée en France. Pas de quoi arrêter la réalisatrice Olympe de G. qui, « fatiguée par vingt ans de relations hétérosexuelles », a, quant à elle, commencé, en mars dernier, « une grève de l’hétérosexualité », rappelant que le projet fondateur du lesbianisme … « 

https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/04/25/la-joie-et-le-soulagement-des-feministes-qui-se-decouvrent-lesbiennes_6077968_3224.html?fbclid=IwAR3LJ_3GWSEbGwdU80Ke7ADInCBaF-O9kRh2cu6_UPoG2xf4bwUkla8k13g

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L’UNEF n’est pas fondée à organiser des réunions en non-mixité raciale, ni à les comparer aux réunions féministes

C’est décidément l’époque des grandes confusions.

Le mouvement « Nous Toutes » et d’autres groupes féministes soutiennent Mélanie Luce, la présidente de l’UNEF en difficulté depuis qu’elle a défendu les réunions tenues en non-mixité raciale « réunions interdites aux blancs » dans son syndicat.

Pour justifier ces réunions « interdites aux blancs », l’UNEF et ses soutiens les mettent sur le même plan que les réunions féministes non-mixtes (c’est-à-dire tenues entre femmes).

Pourtant la comparaison ne tient pas et ce pour plusieurs raisons.

Le Mouvement des femmes comme son nom l’indique est un mouvement, ce n’est pas une association ni un syndicat, personne ne paye de cotisation au mouvement des femmes.

L’UNEF en revanche est un syndicat. Pour pouvoir organiser des réunions publiques interdites aux blancs, il faudrait que soit inscrit dans ses statuts, notamment dans son objet, la défense d’une catégorie « raciale » ou « racisée » de la population.

L’UNEF ne défend pas les intérêts des étudiants « non-blancs » mais des étudiants, de tous les étudiants hommes comme femmes et ce quelle que soit leur couleur de peau ou origine.  

D’ailleurs rien que le terme « non-blanc » pose problème. L’UNEF a-t-il conçu un nuancier pour savoir qui entre ou n’entre pas précisément dans la définition de « non-blanc » ?

En outre, rappelons que le Mouvement des femmes a démarré avec des groupes de paroles où les femmes échangeaient sur leur vécu. Il était souvent question d’intime et de sexualité, certaines réunions consistaient à découvrir son corps, alors à l’évidence la non-mixité s’imposait pour créer des espaces où la parole comme la pratique pouvaient s’exprimer librement sans le regard ni le jugement des hommes.

Il était question d’émancipation de la moitié de l’humanité.

Si le racisme, comme d’autres formes de rejets et discriminations sont bien de tristes réalités, les races n’existent pas, il n’y en a qu’une seule, la race humaine.

En revanche, les sexes existent bel et bien et si le sexisme est bien l’affaire de toutes et tous, des espaces sécurisés entre femmes sont à l’évidence indispensables dans un certain nombre de situations.

Les Maisons des femmes sont souvent non-mixtes, même s’il leur arrive d’organiser des évènements publics ouverts à tous. Ce qui au regard du droit ne pose pas de problème puisque ce qui pourrait être considéré par certains comme une discrimination, est autorisé par l’article 225-3 alinéa 4 du code pénal : exemption à discrimination fondée sur le sexe lorsque la discrimination est justifiée par la protection des victimes de violences à caractère sexuel, la promotion de l’égalité des sexes ; en revanche, rien de tel pour les discriminations liées au racisme.

Par conséquent, l’UNEF à aucun titre n’est fondée à organiser des réunions, à fortiori publiques, en non-mixité raciale et encore moins à les comparer aux réunions en non-mixité sexuelle ou de genre. Pour autant je ne vois guère de raisons ni motifs juridiques pour demander sa dissolution.

En revanche, il serait tout de même temps que les groupes qui se revendiquent du féminisme, plutôt que de plonger tête baissée dans les pièges de l’intersectionnalité, s’intéressent à l’histoire et aux fondamentaux du féminisme.

Christine Le Doaré

8 Mars 2021 : Elles luttent et avancent — Les VigilantEs

8 Mars 2021 : Place aux femmes luttant pour l’émancipation et l’égalité ! Depuis des années, le 8 mars est l’occasion pour les VigilantEs de rappeler les valeurs fondatrices du féminisme, et son inscription dans l’universalité des droits. Alors qu’un certain « féminisme » cherche à enfermer les femmes dans leur culture d’origine, leur religion, voire même leur « race », […]

8 Mars 2021 : Elles luttent et avancent — Les VigilantEs

Voilement des fillettes ou l’amendement atomisé

L’amendement des députés Aurore Bergé et Jean-Baptiste Moreau qui portait sur l’interdiction du voile pour les fillettes a été jugé irrecevable par la commission spéciale d’examen de la loi visant à « conforter le respect des principes républicains ».

Pour faire bref, ce projet de loi ne serait pas le « bon véhicule législatif ». Je trouve au contraire qu’une loi sur le renforcement des principes républicains était bien indiquée pour lutter contre cette violence réservée au sexe féminin.

En effet, si notre république laïque promeut l’égalité femmes-hommes, ce ne doit pas être une vue de l’esprit, elle doit empêcher autant que faire se peut, que ne soit bafoué ce principe d’égalité. Et à fortiori lorsqu’il s’agit d’enfants si facile à influencer. Il ne peut être toléré que l’endoctrinement religieux précoce de petites filles leur impose de consentir à la soumission de leur genre. Endoctriner des petites filles de manière sexiste et sectaire en leur faisant revêtir un accessoire qui signe leur soumission au divin comme au masculin,  contrevient au principe républicain fondamental d’égalité. Le voile signifie pour les filles : je suis une femme, je suis impure et en faute s’il m’arrive quelque chose alors que je ne le portais pas, et pour les garçons, une fille qui n’est pas voilée n’est pas une fille correcte.

Le voile est lourd au plan symbolique mais aussi physiquement, c’est un tissu encombrant, ce n’est pas un petit bijou ou accessoire. Il réduit la fillette comme la femme qui le porte à n’être qu’une tentation sexuelle ; elle porte seule la responsabilité de devoir se dérober aux prédateurs éventuels. C’est très lourd pour une petite fille ! Faut-il rappeler que les garçons eux, sont libres de s’habiller et se comporter comme ils l’entendent ? Voir, en particulier l’été, des fillettes et des femmes recouvertes de tissus souvent lourds et sombres, quand les garçons et les hommes se baladent jambes et tête à l’air, est intolérable. Comment accepter qu’une fillette ne soit réduite à un corps entravé par des interdits archaïques, déjà réduite à n’être que possession future et soumise à une condition inférieure ? Priver des petites filles de leur enfance en les sexualisant (imaginer qu’elles risquent en montrant leurs cheveux de susciter des convoitises sexuelles est en soi un scandale), en les entravant dans leurs mouvements, en mettant en danger leur santé (fixation de vitamine D nécessaire à la croissance limitée par l’absence d’exposition au soleil) est de la maltraitance.  

Si ce n’est pas le bon véhicule législatif, que font donc dans ce projet de loi les mesures relatives aux droits et libertés des femmes telles que la lutte contre la polygamie, contre les certificats de virginité, contre les mariages forcés ou contre la discrimination sexiste à l’héritage ? Le voilement aussi est une marque d’inégalité femmes-hommes et le voilement des fillettes de la maltraitance caractérisée. Pour défendre le voilement des femmes, beaucoup mettent en avant la liberté individuelle. Il y a déjà débat parce que déterminer la part de conditionnement à une culture, religion, tradition communautaires et de réel consentement est loin d’être aussi simple qu’il n’y paraît. Mais quand il s’agit d’une enfant, un consentement éclairé est parfaitement illusoire, en réalité seule s’exprime la volonté de ses parents et de sa communauté. Il ne s’agit que d’emprise religieuse et familiale.

Si ce n’est pas le bon véhicule législatif alors que veut atteindre ce projet de loi ? Ne s’agit-il pas d’éviter que les fondamentalistes n’imposent leurs règles et déstabilisent la société en isolant des communautés des valeurs républicaines qui nous rassemblent ? A priori j’ai cru comprendre que si. Dans ce cas, empêcher un formatage des enfants est une priorité, car une fois que les fillettes auront appris qu’elles ne sont pas des citoyennes libres mais doivent rester à la place qui leur a été assignée, il sera trop tard pour revenir en arrière.

Faut-il encore le rappeler, le voile est importé d’Afghanistan et c’est avant tout le meilleur marqueur social de progression de l’islamisme. Au Maroc, en 2012 le Centre pour l’Égalité des femmes a mené campagne contre le voilement des petites filles jugé comme étant « une forme majeure de violence envers les enfants. »

Pourtant il y a en France, comme un peu partout en Europe,  de plus en plus de fillettes voilées. Alors, quel sera le bon véhicule législatif pour l’interdire et combien de temps va-t-il encore falloir attendre ?

Christine Le Doaré

Remballe ton féminationalisme !

Remballe ton féminationalisme !

Retour sur le débat sur France culture « Projet de loi principes républicains et droits des femmes »

Le jour de la présentation du projet de loi du gouvernement sur le respect des principes républicains au Parlement, Emmanuel Laurentin proposait dans Le temps du débat sur France culture, un débat intitulé « Le Projet de loi sur les principes républicains fait-il avancer les droits des femmes ? ». Ghada Hatem obstétricienne et présidente de la Maison des Femmes de Saint-Denis, Kaoutar Harchi sociologue et moi-même juriste et militante féministe porte-parole des VigilantEs, étions invitées à débattre. L’émission était bien préparée et le temps de parole fut globalement bien réparti, pour une fois, les conditions du débat furent bonnes. Le panel choisi devait garantir un équilibre : une intervenante globalement favorable à la loi, une autre franchement opposée et la troisième devait se situer entre les deux. Je vous laisse écouter le podcast si vous avez manqué le direct et en juger par vous-même mais en ce qui me concerne, j’ai tout de même eu nettement le sentiment que nous étions deux contre une.

Ce qui m’a étonnée d’emblée c’est que les deux intervenantes autant que le journaliste ont éludé les motivations qui prévalent au projet de loi, comme si le danger islamiste auquel nous étions confrontés n’existait pas. Parler d’un projet de loi en esquivant le contexte dans lequel il s’inscrit est tout de même troublant.

Quand j’entends et lis la sociologue Kaoutar Harchi, je l’associe à la mouvance relativiste, indigéniste et anticolonialiste.  Ghada Hatem quant à elle se présente comme universaliste mais se réfugie le plus souvent derrière son expérience du quotidien. J’ai trouvé un peu court le fait de se contenter de présenter un témoignage alors qu’il est question d’un projet de société, et quelque peu cynique de conclure en affirmant que cette loi ne sert à rien sans avoir apporter le moindre argument féministe et politique.

Si j’ai apprécié le calme contenu du débat, tenu mon cap et pu développer quelques arguments, j’ai tout de même trouvé pénible d’intervenir face à une relativiste qui construit artificiellement un discours à coups de contrevérités enrobant le tout dans un verbiage aussi prétentieux que creux. Et surtout, je regrette de n’avoir pas eu le temps de mieux contrer l’arnaque sémantique présentée par Kaoutar Harchi sous le terme de « féminationalisme ».

Jamais à court de manipulation, les relativistes cherchent désormais à décrédibiliser les féministes universalistes qui travaillent sur les droits des femmes, avec des institutions républicaines.  Ce terme de « féminationalisme » signifie que l’état ne peut être à l’initiative d’aucune bonne mesure en matière de droits et de libertés des femmes, d’égalité femmes-hommes. C’est logique puisque l’état selon ces relativistes est pourri, xénophobe et génère des discriminations. Après le « racisme d’état », nous voici avec un « sexisme d’état » !  On aurait dû la voir venir celle-ci !

Ce terme de « féminationalisme » est une énorme arnaque sémantique, c’est surtout la manifestation d’une haine insensée envers nos institutions républicaines et l’état français. Il y a du racisme, de l’antisémitisme, de l’homophobie, du sexisme en France, des racistes, des xénophobes, des homophobes, des sexistes … mais l’état condamne ces haines, il prend des lois pour les punir, adopte des dispositifs de prévention et d’éducation pour les combattre. Il peut faire plus et mieux mais il n’est pas à l’origine de ces haines. Les femmes qui vivent dans les pays où la religion fait loi souffrent d’une oppression sans nom, mais c’est en France que nous serions en but à un sexisme d’état, mais bien sûr !

A l’évidence ce sont bien les féministes qui imposent un rapport de force et entraînent notre démocratie vers l’égalité femmes-hommes, mais quand nos institutions sont réceptives et prennent en charge – pas toujours au mieux ni suffisamment certes – la lutte contre les discriminations et violences sexistes, quelle perversion tout de même d’oser parler de « féminationalisme » pour discréditer ces avancées ! Et dans quel but ? Faciliter les coups de boutoir des intégrismes et au premier chef de l’islam politique ? L’association décomplexée entre un certain marxisme et l’islamisme n’a pas fini de me stupéfier. Pourquoi donc vouloir protéger l’islam politique ? Décidément, féminisme relativiste, indigénisme et distorsion rhétorique sont des pléonasmes. Je l’affirme une fois de plus, vivre dans une République laïque protège les femmes des pires injonctions religieuses et politiques patriarcales. La laïcité est un principe juridique mais aussi d’organisation sociale émancipateur, pour les droits des femmes comme pour tous.

Kaoutar Harchi prétend aussi que tous les féminismes sont universalistes. Bien essayé, mais non. Empiler les discriminations comme le fait l’intersectionnalité, pour reléguer les revendications féministes aux calendes grecques ou les dénaturer, voire les saboter, ne leur donne pas du tout une portée universaliste. Le prétendre c’est relativiser l’universalisme. L’agenda de Kaoutar Harchi est prioritairement de déstabiliser l’état français, le féminisme n’est pour elle qu’un cheval de Troie et Ghada Hatem n’a pas une seule fois tenté de la contrer. Malaise.

Les intervenantes ont aussi insisté sur le fait que certains des articles de cette future loi existent déjà pour partie, certes, mais ils sont manifestement inopérants pour lutter contre des délits de fait, il est donc nécessaire de les préciser et compléter.

Les « féministes » relativistes qui sans vergogne sacrifient les droits et libertés, l’émancipation des femmes sur l’hôtel de l’intersectionnalité des luttes et condamnent les femmes les plus vulnérables à subir les traditions et religions d’un communautarisme qui les exclut des avancées bénéfiques aux femmes qui ont la chance de vivre dans une république laïque, sont des cyniques qui abandonnent nombre de femmes aux violences de leur communauté. Que de telles féministes séduisent une bonne partie de la gauche et pas seulement, ainsi que les médias qui se pensent progressistes, est l’une des pires absurdités de notre époque. C’est peut-être aussi la meilleure forme de résistance du patriarcat.  

Je le redis, selon moi, cette loi répond à un besoin urgent, celui de contrer les fondamentalismes religieux et les séparatismes qu’ils produisent en renforçant les principes républicains et la laïcité. Il aura fallu l’assassinat de Samuel Paty pour qu’enfin un gouvernement s’attèle à l’immense tache de freiner la progression des intégrismes religieux et notamment de l’islam politique qui fracture la cohésion nationale. Nous ne pouvons pas laisser se renforcer l’emprise des mouvements fondamentalistes déjà très prégnante. La communauté nationale, la citoyenneté républicaine prévalent sur le communautarisme et l’identitarisme.

Désormais défendre la laïcité ne suffit plus, le terrorisme islamiste nous décime et il faut s’attaquer à l’idéologie politique qui le nourrit. Le problème n’est jamais celui de la laïcité, les principes républicains ne tuent personne mais les intégrismes et en particulier l’islamisme si. Rien dans le projet de loi ne vise les musulmans, mais le fondamentalisme, l’islam politique et radical, le salafisme et les Frères musulmans qui les menacent tout autant que nous. Les laïques militent pour une République unie par des valeurs de progrès et d’émancipation, les laïcistes ou laïcards n’existent pas. Les dangereux « laïcards » sont en réalité ceux qui sont l’objet de menaces permanentes.

La loi pose des interdits, protège les plus vulnérables, elle traduit le rejet par une société, d’actes et comportements répréhensibles. Dans une société égalitaire qui prône l’égalité Femmes-hommes, les pratiques sexistes qui constituent des discriminations et des violences doivent être condamnées par la loi. Le mariage forcé, l’exigence de virginité, l’excision, la captation sexiste d’héritage, la polygamie sont toutes des pratiques sexistes qui ne visent et pénalisent que les femmes et leur valeur sur le marché du mariage communautaires. Ce sont bien des violences faites aux femmes, à ce titre ils doivent donc être frappés d’interdit, devenir des délits. Si les textes existants sont contournés et ne suffisent pas, ils doivent être précisés. S’opposer à ce projet de loi c’est favoriser l’islamisme et tous les intégrismes. Ce qui ne signifie pas qu’il ne faut pas chercher à le corriger, perfectionner, enrichir.  Il n’est pas parfait.

Christine Le Doaré

Pour aller plus loin.

La loi comporte un volet répressif

Renforcer notre législation répressive, en créant de nouveaux délits dans le code pénal.

L’article 25 lutte contre la haine en ligne, il créée un délit de mise en danger de la vie d’autrui par diffusion d’informations relatives à la vie privée, familiale ou professionnelle d’une personne permettant de l’identifier ou de la localiser. Délit puni de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amendes.

L’article 4 crée un délit quand des pressions, menaces, intimidations sont exercées sur des agents de l’Etat ou des élus. Il aurait pu sauver Samuel Paty s’il avait existé. Délit puni de 5 ans d’emprisonnement.

Renforcer notre appareil juridique avec la création d’un pôle de magistrats spécifique dédié à la lutte contre la haine en ligne.

D’autres dispositions visent contrôler les lieux de culte et neutraliser les extrémistes. Il s’agit de s’assurer de la transparence de l’exercice des cultes en modifiant le financement des associations cultuelles et d’éviter toute prise de contrôle d’une mosquée par des extrémistes.

Concrètement, il s’agit de :

  • modifier la loi de 1905 en encourageant  les associations cultuelles musulmanes (loi 1901) à adopter le statut « loi 1905 ».
  • modifier la loi de 1905 de séparation des églises et de l’état sur le volet des financements : les dons étrangers dépassant 10 000 euros seront soumis à un régime déclaratif de ressources. Les comptes annuels devront être certifiés par un commissaire aux comptes.
  • élargir le droit d’opposition de Tracfin (suivi des flux financiers indésirables) pour savoir qui finance qui et quoi sur le territoire de la République.
  • interdire par un juge, la parution dans les lieux de cultes de personne condamnées pour acte de terrorisme ou provocation à la discrimination, haine ou violence, article 45.
  • porter à 7 ans de prison la peine pour provocation à la haine ou à la violence, commises dans un lieu de culte

La Loi comporte un volet éducatif

Concrètement, il s’agit :

  • d’interdire des écoles associatives clandestines
  • d’interdire l’instruction à domicile pour les enfants de plus de 3 ans (sauf cas particuliers à lister – demande du Conseil d’état ) article 18.
  • de renforcer l’encadrement des écoles hors contrat avec fermeture en cas de dérives, article 20.
  • d’attribuer aux enfants un identifiant national destiné aux autorités académiques qui devront s’assurer qu’aucun enfant ne soit privé de droit d’instruction, article 20.

Il a été observé dans des quartiers que des petites filles manquent à l’appel.

La loi renforce le contrôle du respect des valeurs de la République par les collectivités et associations.

Concrètement il s’agit de :

  • D’interdire aux auteurs de délits relatifs à la provocation et à l’apologie d’actes terroristes d’exercer des fonctions au contact du public. La neutralité religieuse des agents de service public doit être obligatoire (SNCF, aéroports, bus …). Terminé de refuser de parler ou serrer la main des femmes. (Sanction par le préfet)
  • De renforcer les pouvoirs des préfets : En matière de financement d’associations qui prétendent avoir un objet culturel alors que ce sont des associations cultuelles notamment, les préfets pourront s’opposer au versement de subventions publiques aux associations qui ne respectent pas les valeurs de la République (mixité, laïcité … ). L’article 6 oblige les associations à signer un contrat d’engagement républicain. L’article 8 modifie les conditions de dissolution des associations en fonction des agissements de certains de leurs membres.

L’article 24 renforcera le contrôle sur les fédérations sportives.

  • Les objectifs de mixité sociale dans les logements sociaux et l’hébergement d’urgence pourront être modifiés par ordonnance.  art. 27 et 28)
  • Renforcer l’égalité des droits des femmes : Pour lutter contre la discrimination à l’héritage, la polygamie et le mariage forcé, la nouvelle loi renforce le droit des familles et la protection des femmes.

-L’article 13 renforce la réserve héréditaire sur les biens situés en France quand la succession relève d’une loi étrangère.

-L’article 16 punit d’un an d’emprisonnement l’établissement d’un certificat médical de virginité : cette question ne doit plus relever de la responsabilité individuelle des médecins qui peuvent d’ailleurs subir une pression des familles ; c’est une question de droits des femmes, d’émancipation, d’égalité F-H. La loi protège les personnes les plus vulnérables de l’obscurantisme. Si une jeune femme doit fournir un certificat de virginité avant le mariage, dans quelle situation risque-t-elle de se trouver après le mariage ? Les gynécologues pourront d’autant plus facilement refuser de délivrer un tel certificat si la loi l’interdit. En outre, rien ne les empêche de faire un signalement pour protéger leur patiente et vérifier qu’il n’y a pas contrainte, menace et mariage forcé. Tout le reste n’est que concession à l’oppression des femmes.

-L’article 17 contraint les officiers d’état civil à saisir la justice en cas de doute sur le consentement des futurs mariés.

  • La polygamie sera un obstacle à la délivrance d’un titre de séjour et à la pension de réversion. Depuis les lois Pasqua 1993 et l’article 147 du code civil, elle est interdite en France. Mais contournée par des mariages à l’étranger. Il s’agit de lutter contre la polygamie de fait.

Espérons que par le jeu de la navette parlementaire et des amendements nous irons plus loin et que seront adoptés des articles relatifs au voilement des fillettes, véritable maltraitance : perte d’innocence par une sexualisation prématurée, endoctrinement.

Une telle loi aurait dû être prise bien plus tôt, mais aucun gouvernement n’a eu jusqu’alors ce courage politique.

Dans l’intérêt de tous. Nous ne sommes plus en capacité de résister efficacement à l’influence du religieux, au fondamentalisme conquérant, ni au relativisme culturel de trop d’intellectuels et politiques qui constamment montent au créneau pour justifier que des musulmans mais d’autres aussi, ne soient pas éligibles aux droits humains universels, au prétexte que leur culture serait différente, alors que l’humanité et les droits humains sont indivisibles.

Il n’y a pas en France de racisme d’état, pathétique tentative d’hystériser le débat et de l’aligner sur des problématiques propres à d’autres pays, en particulier les USA. La laïcité est attaquée en France et globalement partout. A l’ONU nombre de représentants ne dissimulent pas leurs convictions religieuses, en particulier en matière de droits des femmes. Pourtant la laïcité est un préalable aux droits humains, il est évident que la séparation des cultes et de l’état favorise les libertés notamment celles des femmes et des minorités sexuelles.

Dans le monde, des militantes féministes qui vivent sous la menace des autorités religieuses s’inquiètent de l’influence des fondamentalistes dans les instances internationales et du soutien qu’ils reçoivent des intellectuels, universitaires et médias dans les pays occidentaux. Le relativisme culturel peut avoir pour elles de très graves conséquences. Ceux qui veulent substituer aux droits universels des droits culturels spécifiques pour une mosaïque de micro-identités affaiblissent et menacent les droits humains universels.

Dans l’intérêt des femmes. Renforcer et sécuriser les principes républicains dans notre république laïque, ne peut que profiter aux droits des femmes. L’influence des traditions et religions n’est pas étrangère à l’oppression des femmes. C’est pourquoi la laïcité est un projet émancipateur. Les féministes universalistes et laïques savent que la laïcité est un préalable à l’émancipation des femmes. A l’évidence, les femmes sont plus autonomes et libres dans les pays où la loi les protège et c’est le cas en France, plutôt que dans ceux où les religions patriarcales sont la source du droit.

Christine Le Doaré

Le podcast de l’émission :

Cette journée du 9 décembre est à la fois la journée de la Laïcité (115ème anniversaire de la loi du 1905) – et vous avez entendu sur notre antenne et sur notre site des programmes spéciaux consacrés à ce principe – et celle que le gouvernement a choisi pour présenter au Conseil des ministres son projet de loi sur les principes républicains. Cinquante-sept articles, cinq parties : un des grands projets législatifs de ce quinquennat qui devrait venir devant le Parlement en février. En l’annonçant lors de son discours des Mureaux le 2 octobre, le président de la République avait dit qu’un de ses objectifs, alors que ce projet voulait alors combattre ce qu’il qualifiait de « séparatisme », était de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes.

INTERVENANTS

https://www.franceculture.fr/emissions/le-temps-du-debat/le-temps-du-debat-emission-du-mercredi-09-decembre-2020?fbclid=IwAR2H5yZfHJetsCMfAlPf0dWuEIgTjAHwhBoNX9vSNTfSkZKgSOLCQxlSAiA

Tribune collective féministe universaliste 25 novembre — Les VigilantEs

Pour le 25 novembre 2020, Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, une Tribune collective, initiée par les VigilantEs, enrichie et signée par des féministes universalistes Françaises, Belges et Québécoises : « L’éradication des violences faites aux femmes reste un enjeu démocratique majeur ». La Tribune est parue simultanément dans les trois pays. France […]

Tribune collective féministe universaliste 25 novembre — Les VigilantEs

Alice Coffin, la soutenir ou pas ?

Soutenir ou ne pas soutenir Alice Coffin, une fois de plus le débat est mal posé. Comment en arrive t’on à autant d’absurdité et de violence ? 

Je m’oppose aux idées et analyses défendues par Alice Coffin, à sa manière de faire de la politique et de défendre la cause féministe et des lesbiennes, mais je condamne tout autant la manière dont ses propos ont été déformés et plus encore le déferlement d’attaques incroyablement violentes sur sa personne. Combattre les idées, pas les personnes.

J’ai vu passer des commentaires ignobles sur les réseaux sociaux. Certains en profitent pour faire preuve d’une lesbophobie épouvantable. Elle l’aurait bien cherché, quel beau prétexte pour se lâcher. Les commentaires sur l’apparence physique cachent mal ce besoin d’imposer des normes de féminité et masculinité qui ne sont jamais que des constructions sociales. En réalité il y a autant de façons d’être femme ou homme que d’individu.es. Ces attaques sont minables, inadmissibles.

Je condamne aussi le procédé qui consiste à sortir une phrase de son contexte. Alice Coffin n’a jamais écrit qu’il fallait « éliminer les hommes » contrairement à ce qu’a prétendu David Abiker de Radio Classique. Article qui a déclenché les hostilités. Dans son livre elle écrit : «  Il ne suffit pas de nous entraider, il nous faut à notre tour les éliminer. Les éliminer de nos images, de nos esprits, de nos représentations. Je ne lis plus les livres des hommes, je ne regarde plus leurs films, je n’écoute plus leurs musiques. » 

Pour ma part, je pense que c’est stupide de mettre tous les hommes dans le même sac, que c’est sectaire et que ça ne résoudra rien, mais après tout, c’est son droit de privilégier les créations produites par des femmes. Indéniablement, des siècles durant, les femmes n’ont pas été valorisées au plan culturel, que ce soit dans les manuels scolaires, les lieux culturels, ou encore les médias. Alors moi aussi, je lis plus de femmes que d’hommes, je suis inspirée par nombre de musiciennes et m’intéresse aux femmes artistes, mais je ne me vois pas faire abstraction de leurs homologues masculins qui peuvent également m’enchanter et me captiver.

Selon moi, les propos d’Alice Coffin soulèvent au moins deux problèmes majeurs. 

Le premier : beaucoup de femmes ont intériorisé le sexisme, et il ne suffit pas d’être de sexe féminin pour remettre en question la domination masculine. Il arrive souvent que des oeuvres soient « androgynes » et surtout, la sensibilité, l’ouverture d’esprit, le talent, le génie n’appartiennent pas à un sexe plus qu’à un autre, mais à des individu.es. Je ne crois pas que c’est en reproduisant à notre tour les schémas d’effacement et d’exclusion que allons résoudre les problèmes de domination, d’autant plus que la situation des femmes artistes a tout de même évolué au cours de ces dernières décennies. 

Le second : Alice Coffin ne nous fait pas part de ses choix sur le ton de la confidence, il s’agit d’un manifeste. En tant que porte-parole de l’association des journalistes LGBT, en tant qu’élue EELV, et que militante lesbienne, elle entend représenter et entraîner des lesbiennes et des féministes sur cette voie.  Avec un opportunisme certain, elle embarque sur l’armada metoo, cancelculture et woke culture qui place l’identité au coeur des revendications politiques. Le sens du timing et du marketing ne lui font pas défaut. Après l’affaire Christophe Girard, la parution du « Génie lesbien », ne doit rien au hasard. Il ne faut pas oublier qu’Alice Coffin a bénéficié en 2018 de la bourse Fullbright pour étudier aux USA le traitement des questions LGBT dans les médias.

Donner à une orientation sexuelle des qualités et prérogatives particulières, prôner un apartheid sexuel culturel pour rétablir l’égalité ne sont que des éléments d’une stratégie de pouvoir. Multiculturalisme, indigénisme, communautarisme, intersectionnalité, politiques de l’identité et velléités de dictature des minorités, néo-féminisme et lesbianisme qui volontairement s’affichent misandres et guerriers : c’est une stratégie globale, celle de la haine du mâle blanc, celle de la cancelculture. Ce radicalisme n’a rien d’improvisé. Il y a des raisons objectives à l’émergence de cette mouvance, au premier chef le système patriarcal met un temps fou à battre en retrait, mais à l’évidence, pensées et stratégies primaires et binaires ne sont que des impasses qui nous feront aussi perdre du temps sur le chemin de l’égalité femme-homme et de l’émancipation féministe. 

Penser que l’on va pouvoir venir à bout de la domination masculine, du sexisme ou de l’hétéronormalité avec des idées et stratégies toutes aussi sectaires est selon moi totalement contreproductif. Ce monde là ne m’intéresse pas non plus. 

Christine Le Doaré

Alice Coffin n’est pas une VigilantE :

https://vigilantes2015.wordpress.com/2020/07/27/alice-coffin-nest-pas-une-vigilante/

Il est important de bien recentrer le débat sur ce qui est important : l’identitarisme, les alliances entre indigénistes et néo-féministes, LGBT …, tout un mouvement avec ses stratégies guerrières, tout est calculé rien n’est improvisé … 

Voile islamique, la banalisation du sexisme n’a pas sa place à l’Assemblée Nationale — Les VigilantEs

Le départ des député.es Philippe Dumont, Marianne Dubois, Frédéric Reiss et Christine Lang de l’audition de Maryam Pougetoux à l’Assemblée Nationale n’est pas tant affaire de laïcité que de sexisme et donc de féminisme.  Rappelons tout d’abord que le voile islamique n’est pas interdit en France, si ce n’est aux femmes dans l’exercice d’une mission […]

Voile islamique, la banalisation du sexisme n’a pas sa place à l’Assemblée Nationale — Les VigilantEs

La critique du néo-féminisme est-elle tabou ?

 

 

 

 

 

 

 

Deux tribunes publiées dans le Monde la même semaine m’ont quelque peu énervée.

La première dans laquelle Camille Froidevaux-Metterie règle des comptes avec Mazarine Pingeot et Belinda Cannone,  Néoféminisme : « La morgue de Mazarine Pingeot ne nous tuera pas » et la seconde, dans laquelle Christine Bard omet d’exercer un regard critique sur les évolutions hasardeuses d’un féminisme de réaction.

Selon Camille FM, Mazarine Pingeot et Belinda Cannone développeraient un féminisme universaliste qui «refuserait de voir disparaître l’ancien monde de domination masculine». Les néo-féministes quant à elles, refuseraient de réduire le féminisme à l’égalité des droits et des chances alors que les femmes continuent de subir des violences physiques et sexuelles.

Ça commence mal. Je me demande ce que signifie féminisme universaliste pour Camille FM ? Pour rappel, le féminisme universaliste conformément au fondamentaux du féminisme, lutte contre un système patriarcal dans lequel les hommes s’approprient le corps et la vie des femmes pour la sexualité et la reproduction (transmission des gênes et du patrimoine) en les dominant, ET cette lutte est universelle puisque toutes les femmes subissent un socle commun de discriminations et de violences (ce qui ne contredit en rien le fait que des spécificités se surajoutent). 

Par quel curieux raisonnement le féminisme universaliste devient-il synonyme de simple égalité des droits ? Ça n’a aucun sens,  la simple égalité de droits n’est qu’un préalable incontournable. Ce sont bien les rapports de force et de domination sociaux culturels qui sont en jeu. L’égalité des droits relève d’une exigence républicaine et progressiste. Il n’y a même pas besoin d’être féministe pour l’exiger.

Les néo-féministes n’ont donc strictement rien inventé et il est stupide d’opposer féministes universalistes et néo-féministes sur ce point.   

 

Camille FM va plus loin : «Mais ce que les croisées de la vertu universaliste refusent surtout d’admettre, c’est le fait certain que, derrière chaque victime de violences, il y a un agresseur, un homme donc.» «Les croisées de la vertu universaliste» ?! Rien que ça ? Les féministes universalistes sont-elles désormais coupables de viser l’émancipation des femmes du monde entier et au-delà de l’humanité ?

Les féministes universalistes refuseraient de reconnaitre que derrière chaque victime il y a un homme ? C’est absurde. Aucune personne sensée, aucune féministe, aucun pro-féministe ne peut décemment nier que dans un système patriarcal, les violences sexuelles sont dans une écrasante majorité commises par des hommes. En tous cas, aucune féministe universaliste ne le fait. Nous nageons en pleine confusion des concepts.

En réalité, le problème est ailleurs : dans la manière d’agir et dans la récupération politique. Quand l’émotion l’emporte sur la raison et que l’outrance et la haine guident une lutte, et que des stratèges politiques sont en embuscade, que peut-il en sortir de constructif ? Le mouvement mainstream s’appuie sur l’émotion des féministes 3ème vague qui à bout, plongent sans analyse, recul ni perspective, dans la victimisation, le ressentiment, la vengeance. Rien de plus facile que de récupérer cette énergie et de la détourner à profit d’autres desseins. 

Camille FM veut «démolir les fondements patriarcaux de notre société», très bien, les féministes universalistes aussi, elles s’y emploient d’ailleurs depuis toujours, Camille FM je ne sais pas. Mais démolir un système c’est le remplacer par un autre. 

Justifier par ses blessures de mener des procès en place publique alors même que les désignés à la vindicte ne sont pas inquiétés par la justice (affaire Coffin/Girard), et tout en ménageant des T. Ramadan ou A. Traoré par exemple, n’est pas crédible et instaure une dangereuse violation de la présomption d’innocence. Brandir des pancartes d’appareils génitaux masculin tranchés, et sur lesquelles il est question de viol « génocide individuel », c’est surement jubilatoire, mais je doute que cela nous amène à envisager sereinement un projet de société alternatif et puis les mots ont un sens, il faudrait s’en souvenir.  Enfin, tout ceci n’est pas sans risque d’un violent retour de bâton.

 

On s’en doutait, le mot universalisme n’était pas là pour la forme et le mot intersectionnel n’allait pas tarder à apparaître. Camille FM en fait la promotion et verse dans les passions racialistes du moment, racontant que les féministes universalistes « avaient mis des décennies à se débarrasser de leur solipsisme blanc ». Quel manque de culture féministe, quel manque de militantisme féministe. Toute féministe ayant milité dans le mouvement, une maison des femmes ou ailleurs, sait les liens, les campagnes, le solide travail de fond et de solidarité internationale tissé avec les féministes du monde entier ; sait tout le travail entrepris avec les femmes des quartiers, l’accueil des femmes émigrées, migrantes, sans papier, contre l’excision … De tels raccourcis sont inadmissibles et une insulte au mouvement féministe.

 

Grâce aux intellectuelles gavées de soupe intersectionnelle Social Justice Warriors, essentialiste et différentialiste, le féminisme victimaire qui manque cruellement d’analyse et de perspective est récupéré pour d’autres agendas par les mouvements identitaires ; aujourd’hui au nom de l’antiracisme, par les mouvements racialistes et indigénistes, obsédés par la race et l’épuration à la sauce cancelculture. Un gigantesque boulgi-boulga dans lequel le projet de société féministe sera rapidement dissous. L’intersectionnalité des luttes conduit toujours à affaiblir les luttes des femmes au profit d’autres causes jugées prioritaires.

Camille FM est philosophe et professeure de sciences politiques à l’université, on comprend mieux comment sont formatées les générations d’étudiant.e.s qui désormais semblent toutes sortir du même moule. Avoir son propre mode de raisonnement et d’analyse vous voue immédiatement aux gémonies.

 

 

Christine Bard quand à elle nous rappelle à juste titre que « le féminisme d’action a toujours été critiqué » et nous explique que les divisions sont inévitables dans le mouvement féministe.

Certes mais il y a une marge considérable entre une tendance et une imposture. Le féminisme à la carte où des femmes défendent l’apartheid sexiste du voile imposé par les religieux, tournent le dos aux femmes contraintes au port du voile obligatoire, au mariage forcé, au mariage des mineurs, à la polygamie, à la loi du père et des grands frères … ce n’est pas du féminisme, c’est une grossière imposture.   Invoquer la sororité pour contraindre les féministes universalistes à accepter de tels dévoiements du féminisme est tout de même limite.

Des femmes qui se disent féministes mais s’engagent dans des idéologies différentialistes, racialistes, empreintes de relativisme culturel ne sont pas à mes yeux «engagées pour en finir avec les violences masculines et le patriarcat» et n’en déplaise à Christine Bard, ne sont pas mes soeurs. Il ne s’agit pas de bon ou de mauvais féminisme, c’est du féminisme ou ça n’en n’est pas.

 

Contrairement à Christine Bard, je ne pense pas que le féminisme d’action de la Barbe ait jamais été diabolisé, celui des Femen plutôt ; seulement ce type d’activisme qui fait plutôt consensus, porte en lui ses limites : quand on monte cent fois sur une estrade pour dénoncer l’absence des femmes à la tribune, à la cent et unième fois, ça n’intéresse plus plus grand monde. Selon moi, ce n’est pas ça le féminisme radical. Le féminisme radical ne fait pas de concession, il poursuit l’objectif d’émancipation de toutes les femmes partout dans le monde, et donc la fin de toute oppression patriarcale, communautaire et religieuse comprises. Avec la Barbe et bien d’autres, on en est loin. Comparer la Barbe des années 2000 aux suffragettes qui n’avaient ni droit de vote ni aucun droit à la moindre autonomie et un peu léger pour une historienne féministe.

 

Je suis en accord avec Christine Bard quand elle constate l’étendue des violences patriarcales et leur tolérance dans nos sociétés. Les femmes sont sans aucune contestation possible, toutes victimes de la domination masculine et de violences sexuelles, à des degrés différents, parfois à peine perceptibles (position sociale, professionnelle, éducation, … ), et cela doit prendre fin. Mais nous enfermer dans un féminisme victimaire qui maintient les femmes dans un statut de victime est une impasse.

Dans le sillage des mobilisations américaines, les dernières manifestations féministes sont certes plus massives mais les organisatrices de talent auxquelles Christine Bard fait référence font carrière dans le féminisme, elles disposent de moyens adéquates ; en revanche, elles choisissent soigneusement leurs mobilisations, on ne les entend guère condamner les pressions communautaires et religieuses auxquelles sont soumises des femmes, ni condamner certains violeurs ; on ne les entend pas plus soutenir les femmes Kurdes, Iraniennes, Pakistanaises… Elles tirent profit de l’élan des jeunes néo-féministes qui, on le comprend fort bien, n’en peuvent plus des violences sexuelles et se lèvent enfin.

Mais je regrette qu’une experte telle que Christine Bard, que je respecte pour son précieux travail, ayant l’occasion de prendre la parole dans Le Monde, ne dise rien des dangers de ce déferlement improvisé d’émotions instrumentalisé par des stratèges plus aguerries et par une extrême-gauche opportuniste. Je regrette que Christine Bard n’exprime aucune réserve sur des velléités de justice féministe spécifique et en dehors de tout principe de droit républicain.

 

Cette génération blessée qui ne supporte plus rien, qui voudrait tout condamner et tout effacer de manière expéditive sait-elle seulement que la prochaine à en faire les frais sera d’ici peu, elle-même ?

Les universitaires et autres faiseurs d’opinion peuvent-ils encore exprimer leurs doutes et critiques ou sont-ils déjà tétanisés par le terrorisme intellectuel qui, poussé par un mauvais vent venu d’outre atlantique, cherche à s’imposer chez nous ?

Il semble bien que garder un oeil critique sur les évolutions du féminisme soit devenu tabou.

Christine Le Doaré

Alice Coffin n’est pas une VigilantE — Les VigilantEs

Alice Coffin coche toutes les cases que les VigilantEs combattent : multiculturalisme à l’anglo-saxonne, communautarisme, essentialisme, intersectionnalité, indigénisme et racialisme. – Case modèle contestataire US et théories controversées de certaines universités américaines : En 2017 : elle obtient une bourse Fulbright, pour lui permettre de s’imprégner des théories américaines en vogue notamment celles concernant les questions LGBT […]

via Alice Coffin n’est pas une VigilantE — Les VigilantEs

Rififi à Paris, Alice Coffin, EELV et féminisme

Alice Coffin si vous ne la connaissiez pas, moi oui. Je militais dans le mouvement LGBT à une époque où avec Alix Béranger sa compagne de l’époque, elles s’intéressaient plus particulièrement aux problématiques liées au sida. Il y a une douzaine d’années de cela. 

Pour celles et ceux qui sont un peu perdu.es dans les étiquettes, je dirais pour la situer, ni lesbienne radicale ni lesbienne féministe, plutôt militante LGBT tendance queer ; recentrée sur les questions propres aux lesbiennes et vent debout pour la PMA ;  pas féministe radicale ni universaliste, mais plutôt néo-féministe tendance queer, relativisme culturel et intersectionnalité.

J’ajouterais bien verte en diable. Je ne parle pas d’écologie mais de ces mouvances et stratégies politiques radicales que les Verts ont intégré depuis quelques décennies : féminisme intersectionnel (où l’agenda féministe se couche devant d’autres agendas révolutionnaires prioritaires), soutien indéfectible à la Palestine et tant pis si le Hamas et autres groupes terroristes en bénéficient, soutien aux communautarismes et séparatismes politico-religieux, abolition des frontières, soutien aux mouvements indigénistes et racialistes, soutien des trans activistes haineux envers les féministes, …

La liste est longue, en fait, je me demande parfois s’il reste des écologistes chez les Verts, je n’en suis pas certaine du tout, en revanche, toutes ces mouvances aussi extrêmes que marginales se retrouvent chez eux et progressent dans la société grâce à eux.

Un exemple parmi tant d’autres : les féministes abolitionnistes de la prostitution n’ont pas oublié les exploits du STRASS issu du mouvement LGBT qui jetait du faux sang sur les militantes féministes, les calomniait, les menaçait de toutes les manières possibles avant le vote de la loi d’abolition de la prostitution. Thierry Schaffauser fondateur du STRASS menait campagne chez les Verts qui se sont derrière lui, alignés sur la défense du système prostitueur.

L’amateurisme et l’immaturité politique des Verts donnent des ailes aux activistes de l’extrême qui trouvent chez EELV un moyen de percer et une fois fait, d’imposer leurs idées et manières de faire. L’entrisme fonctionne un peu partout en politique, mais chez les Verts c’est un jeu d’enfants.

Ce qui m’étonne c’est l’attitude du PS quand il s’allie à EELV faisant comme s’il s’agissait de mettre en avant des préoccupations liées à l’écologie, la défense de la nature, la protection de la planète, la sauvegarde du climat … Je rigole, vert, vert de rage. Comme si le PS ignorait à qui il a réellement à faire !

Alice Coffin, en plein Conseil de Paris crie « la honte, la honte, la honte » lors de l’hommage rendu à Christophe Girard, l’adjoint à la culture d’Anne Hidalgo qui a démissionné pour avoir eu des liens d’amitié avec Gabriel Matzneff visé par une enquête pour viols sur mineures ?

Avec Alix Béranger et Raphaëlle Rémy-Leleu, également élue écologiste à Paris et ancienne militante d’Osez-le-féminisme, Alice Coffin organise un mini rassemblement de vingt personnes devant l’hôtel de ville, avec des pancartes amalgamant Paris à un « pédoland » ?

J’ai presque envie de dire, banal, insignifiant pour des activistes radicaux EELV ;  ils peuvent faire beaucoup plus spectaculaire et embarrassant. Les amalgames, les caricatures, les condamnations à l’emporte-pièces, les tribunaux populaires, ils savent faire.

A la décharge d’Alice Coffin, il y a une différence entre l’activisme et la fonction d’élue, par manque de métier, cette subtilité lui aura probablement échappé. Les politiques plus aguerris sont plus ronds, plus roublards aussi.

A sa décharge toujours, il est vrai que le milieu politique PS gay parisien est bien spécifique. Un petit entre soi élitiste, fait de coteries et cooptations, et qui n’est pas exempt de misogynie. De là à tomber dans l’insulte et le mépris homophobe associant homosexualité et pédocriminalité :  « pédoland », il y a un monde.

En outre, Alice Coffin connaissait Christophe Girard et a fait campagne sur la même liste, de là à conclure qu’elle aurait pu y penser avant ? Non, quand on connait les Verts, on sait que tous les moyens d’arriver à ses fins sont bons et que les coups de couteau dans le dos ne les dérangent pas spécialement. Quant à l’indignation pour les affaires de viol, elle peut être à géométrie variable : pas de quartier pour Polanski, mais Ramadan, Traoré, … ça se discute.

Que sur les réseaux sociaux, Alice Coffin soit remise à sa place sur le fond de ses propos et sur sa manière de réagir, ne me dérange pas. Ses propos sont caricaturaux, on ne peut pas amalgamer comme elle le fait tous les hommes, c’est un système que l’on combat, le sytème patriarcal, pas tous les individus de sexe masculin qui ne sont pas tous auteurs de violences conjugales ni des violeurs.

Son interview donnée à la chaine TV russe est consternante. Sa manière d’exiger la démission de Christophe Girard, est excessive. Malgré tout, je me demande bien, pourquoi il a ainsi pris les devants en démissionnant après une mini manifestation de vingt activistes. Très étonnant, y aurait-il autre chose ? Pour l’instant Christophe Girard n’est pas inquiété par la justice. Alors qu’il était secrétaire général de la Maison Yves Saint-Laurent, Christophe Girard a financé pour l’écrivain, deux ans de séjours à l’hôtel où ce dernier violait sa victime. C’est glauque, pour autant, ces tribunaux populaires qui condamnent et coupent des têtes avant que des procès en bonne et due forme puissent se tenir, sont insupportables.

En revanche, quand sur les réseaux sociaux, les internautes s’attaquent à son physique, critiquant sa manière de s’habiller ou de se coiffer, il s’agit clairement de lesbophobie. Elle se donne l’apparence qu’elle veut, les coupes courtes ne sont pas réservées aux hommes et ces clichés sexistes sont d’un autre temps.

Anne Hidalgo est en colère et va saisir la justice ? Mais enfin, les faits d’arme des Verts sont notoires, notamment à Paris ! Dans le 20ème arrondissement, l’adjointe verte de la Maire PS à l’époque, avait organisé au nom de la Mairie pour le 8 mars 2015, un évènement à la gloire du relativisme culturel, avec Rockaya Diallo et d’autres défendant le port du voile et autres spécificités politico-religieuses pour les femmes musulmanes, sans qu’aucune contradiction ne puisse être apportée. Cette affaire qui avait fait grand bruit, est encore dans toutes les mémoires féministes parisiennes, et ce n’est qu’un exemple.

Anne Hidalgo ne peut ignorer la véritable nature des Verts, et si quelques EELV sont  rompus à un fonctionnement politique plus policé, combien d’activistes brut de décoffrage et aux stratégies de cracheurs de feu compte ce mouvement ? Une  réaction quelque peu étrange, Anne Hidalgo ne peut écarter des élues et le groupe écolo à la Mairie de Paris n’exclura pas ses militantes, il lui faudrait sinon se délester de la plupart de ses militant.es de base, or il y a bien longtemps que les écologistes, à Paris en tous cas, ont quitté EELV justement à cause de ces extrémistes.

EELV fera t’elle un jour son autocritique, se séparera t’elle de ces militants gauchistes qui n’ont pas grand chose à voir avec l’écologie ? J’en doute.  A cause de l’amateurisme des Verts et de l’arrogance du PS qui décidément se refuse à apprendre de ses erreurs, la gauche à Paris est donc en guerre ouverte. Ça promet pour la suite, une ville qui souffre et qui n’avait vraiment pas besoin de ça.

Christine Le Doaré

Et en complément l’article des VigilantEs féministes universalistes et laïques :

Alice Coffin n’est pas une VigilantE : 

https://christineld75.wordpress.com/2020/07/28/alice-coffin-nest-pas-une-vigilante-les-vigilantes/

 

Aucune féministe n’est transphobe, le lobby trans activiste est misogyne

 

 

 

 

 

La question trans a récemment créé une polémique dans les médias lorsque des activistes ont profité des collages contre les féminicides pour leur subtiliser leurs slogans.

Une tribune collective proposée par Pauline Arrighi a d’abord été publiée sur le Huffpost ; des pressions ont été exercées sur la rédaction, en conséquence de quoi, la tribune a été retirée. Marianne l’a reprise. En réponse, la tribune « Le débat sur la place des femmes trans n’a pas lieu d’être », est parue dans Libération. En lisant ces tribunes, j’ai relevé pas mal de confusion et contrevérités.

Au départ, c’est plutôt simple. Une personne grandit en ne s’identifiant pas à son sexe biologique de naissance et agit afin d’être socialement reconnue comme appartenant au genre opposé.

 

Quand on lutte pour une cause, on commence par élaborer et imposer un vocabulaire, et c’est ce qu’ont fait les trans activistes. Peu à peu la notion de sexe (biologique) a été remplacée par celle de genre (construction sociale).

Au début, on parlait de transsexuel, c’est-à-dire, une personne passée d’un sexe à l’autre, après avoir subi une chirurgie de réassignation de genre. L’expression « réassignation de genre » est imposée par les militants parce qu’elle suggère qu’un genre serait non pas constaté, mais assigné à la naissance, sous-entendu de manière arbitraire. Puis il a été question de transgenre, par opposition aux notions de sexe biologique et de sexualité. Transgenre c’est-à-dire transgressant le genre socialement construit; il n’est donc plus nécessaire qu’une personne transgenre soit opérée. Les trans activistes parlent aussi de trans identité. On comprend bien l’intérêt de cette évolution  sémantique, il est plus aisé de penser la question trans, et surtout de la banaliser, quand on considère qu’une personne change simplement de genre social et non biologique ou plus simplement encore,  d’identité.

 

Longtemps, ne furent visibles que les trans M (male) to F (femelle), plus hauts en couleur et transgressifs aussi, étant souvent contraints de se prostituer pour vivre et pour payer les opérations de réassignation de genre. Elles étaient souvent des caricatures de femmes, cumulant les pires clichés imaginables de féminité patriarcale. Les trans de nos jours,  ne ressemblent plus beaucoup à leurs ainés. De nos jours, après un diagnostique et une évaluation psychologique que les militants s’acharnent à vouloir supprimer, des protocoles de réassignation de genre, avec traitement hormonal et chirurgie de réattribution sexuelle, ou pas, sont aisément disponibles. Les chirurgies génitales sont remboursées intégralement par la Sécurité Sociale. En, 2016, on comptabilise 165 actes de chirurgie en France. Dans nombre de pays essaiment les cliniques spécialisées. La réassignation de genre est devenue un business très lucratif et les enfants sont aussi encouragés à y avoir recours, après qu’ait été bloquée leur puberté, ce qui n’est pas sans conséquence sur leur développement et ce qui le plus souvent les rend stériles. Avec l’émergence du mouvement LGBT, les trans F (femelle) to M (male) sont devenues plus visibles. Ils pratiquent plus rarement une chirurgie de réassignation, la phalloplastie n’ayant pas l’équivalent fonctionnel ni esthétique, de la vaginoplastie ; et d’autres veulent un pénis en plastique mais gardent leur vagin et leurs ovaires. Avec l’émergence de groupes néo-féministes, des jeunes femmes désireuses de s’affranchir du sexisme prennent un raccourci. La pression sociale est forte sur les femmes et lutter pour une société féministe peut sembler fastidieux, alors passer pour un homme peut être plus attractif, transgressif et sexy. D’autres s’affichent gender fluid. Le monde de l’identité à la carte.

 

Il faut le rappeler, des trans femmes ou hommes se fondent dans la société pour vivre leur vie comme elles/ils le souhaitaient. Il est important de les protéger contre les préjugés, discriminations et violences.Les trans activistes en revanche, ne sont jamais satisfaits tant qu’ils n’ont pas imposé leur vision du monde et leur agenda. La tâche leur est aisée, il est vrai que l’époque est à la dictature des minorités.

 

S’il est important de déconstruire les rôles sociaux de genre, il ne peut pour autant être fait abstraction de la biologie. Les féministes s’emploient à challenger le genre social, mais elles n’ont jamais nié les différences biologiques, elles expliquent que ces différences ne justifient ni une hiérarchie ni une domination. Il est vain de nier que les expériences sociales et personnelles vécues par les hommes et des femmes sont dissemblables. Indépendamment des rôles et des conditionnements sociaux de genre, une femme et un homme, de part leur biologie, leur physiologie, leur physique, sont confrontés à des réalités bien différentes. Une femme a des règles, elle a moins de force physique, elle est plus vulnérable dans l’espace privé comme public, elle a la capacité d’enfanter…C’est justement parce que les femmes ont ces caractéristiques physiques et biologiques qu’elles ont été opprimées. Le système patriarcal a toujours eu pour objet principal l’appropriation du corps des femmes pour la reproduction et la sexualité. Un exploitation et une oppression des femmes bien réelle qui n’a strictement rien à voir avec un quelconque ressenti, ni avec l’idéologie.

 

Les trans activistes eux, confondent tout à dessein et plus c’est gros, plus ça passe.

Si seul compte le genre social, dans ce cas, pourquoi avoir recours à des opérations de réattribution de la zone génitale ? Pourquoi vouloir imposer que ne soit plus utilisé le mot « vagin » qui les offenserait mais plutôt l’expression « trou devant », si le sexe importe si peu ? Dans le Wyoming, des trans activistes se battent contre un projet de loi de criminalisation des mutilations génitales féminines (excision/infibulation) au prétexte que « female genital mutilation” is transgender-exclusionary language, as not all people with vaginas are women, and not all women have vaginas » ( Les FGM relèvent du langage trans-exclusion, toutes les personnes avec un vagin ne sont pas des femmes, toutes les femmes n’ont pas un vagin). *1. Moi, j’ai vomi. Et ce n’est qu’un exemple de l’argumentaire politique trans, les trans activistes n’ayant de cesse que de substituer leur agenda et revendications à ceux des femmes.  Je note que les débats portent essentiellement sur les trans M to F, et ce n’est pas un hasard. Si on écoute le lobby trans, il suffirait de se sentir et se déclarer femme, pour l’être. Le monde du réel devrait laisser place à celui du ressenti et de l’auto-affirmation. Ainsi, tout homme transgenre, se déclarant femme, même non opéré et donc porteur d’un appareil génital masculin (ce qui est le cas de 75 % des trans M to F en France), peut-il désormais avoir accès à tous les lieux jusqu’ici réservés aux femmes pour des raisons de sécurité : toilettes, vestiaires, foyers, prisons, etc. Ce qui fait qu’entre autres problèmes, dans des prisons de femmes sont commis des viols. Le problème est encore plus flagrant en matière de compétition sportive où leur physique et musculature avantagent outrageusement les trans M to F face aux femmes cis-genre.

 

Le plus étrange pour moi, est qu’il suffit que les trans activistes assènent leur idéologie faite de bric et de broc,  d’affirmations aussi fantaisistes qu’insensées, pour que tout le monde adhère. Beaucoup d’universitaires, de journalistes sont conquis, il n’est donc pas surprenant de lire sous la plume de Lauren Provost dans le HuffPost pour justifier le retrait de la tribune de Pauline Arrighi : » Les propos transphobes à l’intérieur vont à l’encontre des valeurs prônées par le HuffPost depuis sa création. Les femmes trans sont des femmes. Nous vous présentons nos plus sincères excuses pour la publication de ce texte.».  A plat ventre. Nombre de politiques et membres du corps médical, ont aussi été convaincus. De toute façon, ceux qui doutent et l’expriment subissent de très sévères représailles. Des universitaires et journalistes sont ostracisé.es, interdit.es d’intervenir dans des colloques, doivent être escorté.es et éviter les coups ; des scientifiques sont révoqué.es.

Il n’y a pas grand monde pour résister au chantage et à la violence des trans activistes, sauf des féministes, en particulier les féministes radicales, mais pas seulement, toutes les féministes opposées à la marchandisation du corps des femmes. Si les féministes résistent, c’est parce qu’il n’est pas question que les droits des femmes soient sacrifiés sur l’hôtel de la bien-pensance. Résister c’est faire les frais de virulentes accusations de transphobie, c’est être qualifiées de sales cisgenre (personne à l’aise avec le sexe attribué à la naissance), de TERF (Trans Exclusionary Radical Feminist), c’est manifester sous les cris de  « Mort aux TERF ! » (Die Terfs ! ou  Kill terfs !). Des  badges et des t-shirts sont même imprimés avec ces slogans !

 

La violence des trans activistes dépasse l’entendement, c’est une violence misogyne déployée par une minorité qui pourtant a acquis des droits grâce aux mouvements féministe et LGBT. C’est une violence misogyne équivalente à celle des masculinistes. L’objectif est de réduire les féministes au silence, également les trans revenues de leur transition,  et le mouvement LGBT, qui ne compte plus désormais aucune lesbienne féministe, leur sert de véhicule. L’acronyme LGBT est désormais une imposture, en réalité il faudrait parler de mouvement GBT et même GT. Vous ne m’empêcherez pas d’y voir une forme particulièrement insidieuse de résistance du système patriarcal. Aussi, les affirmations que « la transphobie n’a pas sa place dans le féminisme » relèvent au mieux de la naïveté, de l’inversion des responsabilités, voire d’un agressif militantisme anti-féministe. De nos jours, tant de gens qui se prétendent féministes, l’accommodent à leur sauce pour mieux le dévoyer et l’affaiblir. Les faits eux sont têtus : à l’évidence, les trans M to F sont des trans femmes, pas des femmes, les trans F to M sont des trans hommes, pas des hommes. Et alors ? C’est quoi le problème exactement ? Il n’y aurait pas de place pour des femmes, des hommes, des femmes trans, des hommes trans ? Et pourquoi donc ? Au nom de quel conformisme ?

Dans tous les cas, si notre société veut plus de visibilité et de droits pour les trans, cela ne se fera pas au détriment des droits des femmes. Un point c’est tout.

Christine Le Doaré

*1.

https://www.womenarehuman.com/trans-activists-protest-bi-partisan-bill-to-protect-girls-from-barbaric-practice-of-female-genital-mutilation/

 

 

 

 


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