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Bien poser le débat sur la question trans

Le dossier central du numéro 51 de Franc-Tireur – que je lis assidument chaque semaine – consacré aux débats autour de la question #trans : « Genre et transidentité – un débat à fleur de peau », écrit par Pauline Delassus et Perla Msika, m’a laissée perplexe. Peut-être parce que je connais la question ayant un temps présidé des associations LGBT ou parce que féministe, j’ai été en butte aux violences de trans-activistes ?

Si l’article est parfaitement documenté, en revanche, on se demande si les autrices connaissent bien la question trans car il y a des affirmations et surtout des omissions préjudiciables à une bonne compréhension du sujet.

Il faut commencer par rappeler comme le font les autrices mais sans pour autant en tirer de conséquences intéressantes, que la question ne concerne que de 0,02 à 0,08% de la population. Et pourtant ce débat prend énormément de place, il faudrait tout de même se demander pourquoi. Cet article ne le fait pas.

  • « Le débat déchire les féministes » affirme les autrices, disons plutôt que les féministes attachées aux fondamentaux du féminisme se méfient de tout ce qui concoure à l’effacement des femmes, la domination masculine ayant parfois de bien imprévues manières de se maintenir à flots.

Les féministes qui savent que la question de l’appropriation du corps (et des vies) des femmes – qu’il s’agisse de sexualité ou reproduction – est centrale aux combats féministes universalistes, se méfient des injonctions et dérives des trans-activistes, comme elles le sont avec les revendications relatives à la GPA ou à la prostitution. Cohérence de l’analyse, tout simplement.  

  • L’opposition s’est focalisée entre d’un côté « transphobie « et de l’autre, « anti-trans ». Non, ça c’est une caricature. Oui, des trans-activistes n’ont que le mot transphobie à la bouche comme d’autres le mot « islamophobie », mais non, parmi les féministes opposées aux dérives trans, il n’y a pas que des anti-trans, bien au contraire. C’est par exemple mon cas, je n’ai rien contre les personnes trans qui opèrent une transition et vivent leur vie comme elles/ils l’entendent mais ne tentent pas d’imposer au monde entier leur conception du féminin et du masculin à coups de clichés vieux comme le monde ; ne se présentent pas dans des compétitions sportives qu’ils – devenus elles – emportent haut la main ; ne violent pas leurs codétenues en prison … Et c’est le cas de bien d’autres féministes universalistes. Il faut lire ce texte (et d’autres)  pour comprendre et situer les débats un peu plus justement  : https://christineld75.wordpress.com/2020/03/10/aucune-feministe-nest-transphobe-le-lobby-trans-activiste-est-misogyne/

Préférer citer Dora Moutot c’est plus glamour et plus vendeur : 500 000 abonnées Instagram, alors forcément ! La RS (Réseaux Sociaux) mania a encore frappé, hors de la starisation virale, pas de salut ! Pourtant, Dora Moutot et son « femellisme », ce n’est ni plus ni moins que de l’essentialisme alors qu’il y a bien d’autres arguments politiques et féministes intéressants, mais voilà, sans wagons de followers Instagram, aucun intérêt n’est-ce pas ?!

Et au passage, Marguerite Stern ne la soutient pas vraiment, elles n’arrêtent pas de se mettre sur la tronche par RS interposés. Une polarisation des débats stérile et narcissique,  sachant que le propos des stars des RS et des médias est en général limité et caricatural.

  • Sans être essentialiste, et encore moins d’extrême-droite du tout, on peut très bien considérer qu’il y a des êtres humains femmes, hommes, femmes trans et hommes trans et que dans chacune de ces catégories il y a un large spectre d’individu.es. qui tous ont le droit de vivre comme elles et ils l’entendent.

Le problème des trans en réalité, c’est que pour opérer une transition de genre ou plus prosaïquement investir le sexe opposé à celui reconnu à la naissance, ils et elles sont gênés par des incontournables de nature biologique, notamment, auxquels ils doivent se confronter. Alors certains trans-activistes y vont aux forceps, c’est beaucoup plus facile de nier aux femmes des caractéristiques et spécificités, de les relativiser et d’imposer de manière dogmatique, à l’aide d’un lexique inventé de toute pièce et de menaces s’il le faut, des « réalités » aussi imaginaires soient-elles. Remarquez qu’ils et elles ne s’attaquent guère à la virilité, à la masculinité, aux hommes.

Non seulement faisant cela ils véhiculent les pires clichés qui soient sur le genre et les différences entre les sexes, mais ils tombent dans le grotesque quand ils affirment que lutter contre les mutilations génitales féminines (excision & infibulation) est transphobe, que parler de vagin est transphobe et qu’il faut plutôt parler de trou devant ou que sais-je encore.

Mais surtout, ils s’illusionnent eux-mêmes. Une femme trans ne sera jamais tout à fait un homme, un homme trans ne sera jamais tout à fait une femme, ils seront un homme trans, une femme trans, et alors ? Il n’y aurait pas de place pour tout le monde ? Pourquoi ? Qui décide ?

Le summum du culte du genre n’est-il pas justement là ?

Jamais l’article ne pose ce débat qui est pourtant central à la question trans.

  •  Les autrices de l’article écrivent que ceux qui critiquent les positions et méthodes des trans-activistes sont « tenants d’un féminisme essentialiste », ça c’est un mensonge et un tel parti pris est tout de même problématique. Il ne s’agit d’ailleurs pas de nier ou pas le ressenti, un ressenti est un ressenti, mais d’affirmer que la biologie est une science, l’étude du vivant et qu’elle ne peut être balayée d’un revers de main par une idéologie ou un ressenti. Ce n’est pourtant pas si compliqué que cela. Le reste n’est que manipulation rhétorique.
  • La question des mineurs est plutôt bien traitée, mais le phénomène d’entrainement, (de mode) amplifié par l’effet communautariste des RS n’est jamais traité. Tout le monde sait que les adolescents traversent des doutes quant à leur identité et dans tous les domaines d’ailleurs et que des années plus tard ils les ont réglés de bien d’autres manières que celles qu’ils envisageaient à l’époque. Parmi eux certains sont aussi très fragiles et pourraient bénéficier d’une aide psychologique.
  • Et surtout, la question cruciale et centrale au débat de l’augmentation exponentielle du nombre de transitions de filles n’est pas posée. Le raccourci opéré par celles qui sont désemparées par les transformations de leurs corps à la puberté, qui rejettent les stéréotypes sexuels, qui sont heurtées par le sexisme de la société et s’identifient alors aux garçons, encouragées par les RS, forums …  à expérimenter leur véritable orientation de genre, n’y serait pour rien ? Allons donc ! Quelle fille rêvant d’autonomie, de liberté et de puissance n’a pas rêvé enfant d’être un garçon pour se retrouver contente d’être une femme libre et accomplie des décennies plus tard ? Ce fut mon cas et j’en ai croisé bien d’autres !

En réalité, les personnes trans sont une minorité dans la minorité transgenre culturellement à la mode, le problème de fond est bien celui du phénomène d’entrainement social, cette « nouvelle » complaisance médiatique (poussée par la sociologie du genre substituée fort habillement aux études féministes), médicale (c’est un énorme business financier) et parentale (générations désorientées) pour des solutions qui n’en sont pas toujours et peuvent causer des dégâts irréparables.

Ceci est vrai de la question trans comme de beaucoup d’autres.

En conclusion : Il est vrai que l’on ne peut pas tout traiter dans un seul article, mais si l’article est plutôt équilibré, on a tout de même l’impression que les autrices ont oublié que la violence vient des trans-activistes qui ont interdit aux féministes de critiquer leurs théories fumeuses et misogynes, les ont traité de TERF et attaqué physiquement et pas l’inverse ; aussi les féministes pour se défendre (comme a été contrainte de le faire J.K. Rowling pour avoir simplement dit qu’une femme trans était une femme trans) ont dû monter au créneau. C’est trop facile de renvoyer les uns et les autres dos-à-dos.  

Lire mon témoignage féministe après des années de militantisme LGBT pour mieux savoir de quoi on parle : https://www.double-ponctuation.com/produit/fractures-le-feminisme-et-le-mouvement-lgbt-en-danger/

(Il y a d’autres écrits – sachant que l’on ne peut pas tout écrire, la période étant au wokisme et son corolaire la cancel-culture, les trans-activistes sont virulents, procéduriers et les éditeurs très frileux, ils craignent d’être dénoncés et stigmatisés, ce fut un peu le cas du mien qui avec mon accord, bien obligé, a censuré des pages entières du manuscrit d’origine).

Christine Le Doaré

https://www.franc-tireur.fr/genre-et-transidentite-un-debat-a-fleur-de-peau

L’universalisme est inhérent au féminisme

IMG_1929Le féminisme a toujours été pluriel : qui s’intéresse au féminisme a entendu parler des clivages dans les années 70, entre la tendance essentialiste de psychanalyse et politique d’Antoinette Fouque, la tendance universaliste opposée au différentialisme le jugeant consécutif de constructions sociales, et la tendance matérialiste des féministes lutte de classes.

Plus récemment, les féministes, qu’elles soient engagées pour l’abolition de la prostitution ou contre le voile islamique des employées de crèche (affaire babyloup) et celui des mères accompagnatrices scolaires, témoignent que les oppositions actuelles sont infiniment plus violentes que celles des années 70. Les théories Queers américaines ont inspiré un féminisme dit «pro-sexe» (comme si le féminisme était contre la sexualité !), ses activistes peuvent être très virulent.e.s contre les féministes cisgenres (par opposition à transgenre) et les militantes abolitionnistes de la prostitution. Le sont tout autant les activistes relativistes des mouvements indigénistes et racialistes qui malgré des contradictions flagrantes, se prétendent féministes. 

Dès la fin des années 90, avec la montée des intégrismes religieux et l’influence grandissante au sein des institutions internationales, de pays tel que l’Iran ou l’Arabie Saoudite, émergent des groupes dits «féministes musulmans» ; généreusement financés, ils s’emploient à contester l’universel des droits des femmes et à disqualifier le féminisme universaliste. Les féministes universalistes iraniennes, saoudiennes, égyptiennes, et toutes les autres, sont empêchées ou menacées et beaucoup doivent trouver asile en occident pour résister.

En occident, ceci se traduit par un relativiste culturel dont nombre d’intellectuels et politiques de gauche se font hélas les porte-voix. Le relativisme culturel renvoie les femmes à des spécificités communautaires, traditionnelles et religieuses. Ce qui est valable pour les femmes occidentales, ne le serait pas pour celles qui chez nous, ont des origines étrangères. Mettre en avant l’origine, la culture, la religion, pour en faire des instruments de soumission à l’oppression patriarcale, il fallait y penser, les islamo-gauchistes ne s’en sont pas privés et tant pis si le communautarisme pénalise les femmes : le musulman opprimé, la musulmane c’est moins sûr, s’étant substitué au prolétaire, dans l’imaginaire révolutionnaire.

S’il est entendu que le mouvement féministe a toujours été fluctuant, il devient de plus en plus difficile de s’y retrouver, c’est pourquoi il est important de revenir souvent aux fondamentaux :

le groupe des femmes est globalement, toujours en situation d’infériorité par rapport au groupe des hommes :

  • contraception, avortement, le groupe des femmes est essentiellement confronté à ces problématiques, 
  • les carrières, travaux, oeuvres, du groupe des femmes sont globalement moins valorisées et rémunérés que ceux des hommes,
  • les violences sexuelles et les violences conjugales frappent de manière écrasante  le groupe des femmes,

Quelles que soient leur origine, couleur de peau, religion ou absence de religion, classe sociale, ou orientation sexuelle, les femmes subissent toutes et dans le monde entier,  les effets du système patriarcal. Ils sont à peine perceptibles pour certaines, mais dans le pire des cas, des femmes sont privées de toute liberté. Le système patriarcal ne sera plus une menace le jour où nous serons toutes libres. Le féminisme exige une solidarité entre les femmes du monde entier. C’est un mouvement social, universel, d’émancipation, pour une égalité réelle entre les femmes et les hommes. Osé, ne trouvez-vous pas ? Croyez-le ou pas, cette vue est amplement contestée de nos jours.

L’universalisme c’est la vocation universelle d’une idée, d’un projet, etc.

En France, l’universalisme républicain est une doctrine qui pose l’égalité en droit entre tous les citoyens et citoyennes, comme constitutionnelle de la République. Les Droits Humains sont constitués d’un corpus de droits et libertés dont peuvent se prévaloir tous les êtres humains. Par définition, ils s’opposent à tout relativisme. Et c’est bien ainsi, que dans le monde entier, le féminisme aussi a été pensé et pratiqué. L’universalisme est inhérent au féminisme.

Nul besoin d’inventer de «nouveaux féminismes» comme le font au 21ème siècle, les médias friands de sensationnalisme : les violences obstétricales ou le harcèlement de rue seraient de nouvelles préoccupations pour les féministes ? Comme si nous ne les avions pas toujours combattues !

Nul besoin d’accoler des adjectifs au féminisme tels que :

  • «féminisme musulman« représenté par : l’association «Femmes dans la mosquée» alors qu’il n’existe pas plus de féminisme musulman que catholique ou juif,  ou par l’association Lallab dont le credo est de rejeter «le féminisme blanc» et d’imposer l’acceptation du voile islamique. L’islam politique veut imposer le voile, c’est un marqueur de sa progression, et la mode dite «pudique» l’aide à y parvenir en le dépolitisant de son caractère religieux. Lallab cautionne les injonctions à la pudeur prescrites aux seules femmes et ce faisant, est un relais efficace du système patriarcal.
  • « afro-féminisme » comme si la couleur de peau avait la moindre incidence sur l’oppression vécue, en tant que femme, dans une société patriarcale,
  • « féminisme inclusif » comme si le féminisme excluait des personnes engagées pour l’élimination du système patriarcal et pour l’égalité femmes-hommes ; comme s’il était incapable de prendre en compte des discriminations et violences spécifiques. Il suffit d’entrer dans une maison des femmes pour voir le nombre de groupes et de thématiques qui y interagissent. En revanche, comme tout mouvement social, le féminisme n’échappe pas aux tensions et dissensions internes. Le féminisme dit inclusif est souvent prétexte à la victimisation, aussi à plus ou moins de complaisance envers des comportements sexistes considérés comme acceptables parce que l’appartenance au groupe communautaire est prépondérante à l’appartenance au groupe des femmes. Ceci ne signifie pas pour autant que le mouvement féministe est exempt de reproches ; il doit se soumettre à la critique, mais il y a des manières constructives de le faire.
  • « féminisme dé-colonial, «féminisme intersectionnel» : certes, les oppressions se surajoutent et à l’évidence, être femme, noire et pauvre par exemple, est sûrement plus difficile que d’être blanche et aisée socialement. Mais une femme blanche, même aisée, est toujours susceptible de subir discriminations et violences de genre.  Le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme, tout autant que la pauvreté et les discriminations en général, doivent êtres combattus, mais aucun repli identitaire ne peut affranchir les femmes de la domination masculine qui traverse toutes les communautés, toutes les religions, toutes les cultures et toutes les classes sociales. La domination masculine n’a jamais eu besoin de l’occident ni des colonisateurs pour exister. Le plus souvent, l’intersectionnalité dilue les revendications féministes dans des agendas politiques, et invariablement, elles passent au second plan. Empiler les oppressions, les hiérarchiser en atomisant les femmes et en rendant les femmes blanches responsables de l’oppression des personnes racisées est un renversement des responsabilités qui incombent en réalité, aux systèmes patriarcaux et capitalistes. L’intersectionnalité, dé-construction de la solidarité universelle féministe, ne peut renverser la domination masculine, elle l’entretient.

Accoler des caractéristiques au féminisme n’ajoute rien, au contraire, cela divise. Le différentialisme sépare les femmes les unes des autres. Comment pourrait-il en être autrement : traditions et religions sont empreintes de sexisme, elles ont toujours servi le système patriarcal avec le plus grand zèle. Assigner des femmes à des spécificités plutôt que les rassembler dans une lutte commune, retarde l’émancipation collective du groupe des femmes. 

Le relativiste culturel avec toutes ses variantes, n’est pas seulement une récupération, un dévoiement du féminisme, c’est un contre-féminisme, une forme particulièrement perverse de résistance du système patriarcal.

S’il n’y a jamais eu une seule version du féminisme en effet, certains féminismes ne sont que des impostures,  jamais le féminisme ne s’adapte pas aux règles posées par l’oppresseur, il les renverse.

Le féminisme universaliste est pourtant de plus en plus isolé, régulièrement censuré et pour ainsi dire banni des milieux universitaires et médiatiques qui préfèrent promouvoir le relativisme et ses égéries. Le féminisme universitaire influence intellectuels et médias et exerce une emprise y compris sur le mouvement des femmes. Les relativistes et indigénistes en lutte contre un fantasmagorique « racisme d’état » ont réussi à imprégner tous les mouvements sociaux, et les mouvements antiraciste, féministe et LGBT n’ont pas été épargnés. Il est temps de passer à l’offensive et de réhabiliter le féminisme universaliste, qui seul peut venir à bout du système patriarcal universel. Nous nous y employons nombreuses et déterminées,  et nous y parviendrons.

Christine Le Doaré

et en Vidéo – intervention lors de la Rencontre féministe universaliste pour le 8 mars, le 2 mars 2019 au Château de Nantes : https://www.facebook.com/clr.paysdelaloire.7/videos/pcb.208884030068090/208882783401548/?type=3&theater

 

 

25/11/2018 #NousToutes OU #NousAussi ?

imagesLe 25 novembre c’est la Journée Mondiale de Lutte contre les violences faites aux femmes. Après la Women’s March de janvier 2017 et la lame de fond #MeToo, est prévue le 24 novembre 2018 à Paris, une marche #NousToutes pour ne pas laisser retomber la mobilisation. Les organisatrices de l’évènement rappèlent qu’en « Argentine, Chili, Espagne, Inde… Partout dans le monde, des voix se lèvent contre les violences. Et en France ? ». C’est vrai, la mobilisation mondiale est enfin à la hauteur des violences sexistes et sexuelles que subissent les femmes du monde entier, et ce n’est pas le moment de baisser les bras.

Alors, fortes des précédents succès mondiaux, les organisatrices, Caroline De Haas et le CNDF (Comité National des Droits des Femmes) en tête, annoncent « une déferlante féministe pour en finir avec les violences sexistes et sexuelles ». Qui peut dire : je ne suis pas d’accord avec cet objectif ? Toute féministe l’espère, tout être humain digne de ce nom aussi. Seuls de réactionnaires partisans de la domination masculine et bien entendu les prédateurs sexuels peuvent s’y opposer. Qu’ils osent le dire !

En finir avec les violences sexistes et sexuelles est fédérateur. Sous la pression, les pouvoirs publics devront agir jusqu’à ce que les violences faites aux femmes, ne soient plus que résiduelles.

Annoncer un « ras-de-marée » est toujours risqué mais tout était réuni cette année, pour que la mobilisation du 24 novembre soit très suivie. Dans ces conditions, je me demande pour quelles raisons, les organisatrices se prêtent à des alliances douteuses pour assurer son succès ?

affiche 25 novembreSur le visuel appelant à la Marche, je trouve choquante la mise en avant de femmes, symboles de « féminismes » pour le moins controversés. Contrairement à l’universalisme, le relativiste culturel adapte le « féminisme différentialiste » aux traditions et règles propres à chaque culture, ethnie, communauté, religion… Toute aussi cynique est la présence dans le groupe organisateur, de figures du « féminisme pute » (comme il aime à se nommer) qui consent que des femmes soient réduites à des commodités sexuelles.

Quelle est d’ailleurs la raison d’une affiche exposant des femmes plutôt que d’autres puisque #NousToutes est sensé représenter toutes les femmes, anonymes comprises, qui condamnent les violences sexistes et sexuelles. Concession au star-système ?  Volonté de démontrer que toutEs peuvent dépasser leurs désaccords et se rassembler. Même s’il s’agit de désaccords insurpassables ? Cette stratégie écarte délibérément des féministes qui se refusent à cautionner de tels compromis.

L’union fait la force certes, mais combien de temps et de quelle manière si les principes fondamentaux sont bafoués dés le départ ? Faut-il rappeler aux organisatrices que l’enjeu de la Women’s March aux USA était avant tout de résister à Donald Trump ? Quel sens peut bien avoir en France, une « union sacrée » avec des figures de l’indigénisme, c’est à dire des identitaires essentialistes, différentialistes et racialistes (*1) ou encore avec des figures du « féminisme putes » qui défendent le système prostitueur (*2)? Si ce n’est pas un comble d’appeler à une Marche contre les violences sexistes et sexuelles sans condamner aussi la prostitution, la plus violente exploitation sexuelle patriarcale qui soit ! Pourquoi ne pas s’allier aussi aux figures du « féminisme intégral » essentialiste et conservateur, à Eugénie Bastié par exemple, tant qu’on y est ? Tant qu’à ratisser large, pourquoi se contenter de l’extrême gauche ? Toutes les forces sont bonnes à prendre, non ? 

A quels compromis se soumettent les organisatrices pour nouer de telles alliances ? Nous l’avons vu, pas de réaffirmation de l’abolition de la prostitution ni de demande d’une meilleure application de la loi ; rien sur le harcèlement de rue,  les limitations de liberté dans l’espace public que s’imposent les femmes afin de ne pas risquer d’être agressées, violées…  ; rien non plus sur la solidarité internationale, ne serait-ce que le soutien aux iraniennes qui se dévoilent au péril de leur liberté  ; et surtout absolument rien sur toutes les violences sexistes et sexuelles inhérentes à l’emprise du communautarisme, des traditions et du religieux. Des accommodements coupables.

IMG_9689Nous vivons décidément une époque formidable, les islamo-gauchistes et faux-nez du féminisme en tous genres peuvent oublier leurs stratégies d’entrisme, désormais ce sont les mouvements sociaux qui facilitent leur inclusion. D’ailleurs, des groupuscules comme Lallab, le STRASS, le Witch bloc… ne s’y trompent pas et exigent des organisatrices une visibilité spécifique dans la Marche car elles subiraient des violences sexuelles « marquées par l’expression quotidienne du racisme, de l’islamophobie et de la négrophobie » ; car « les femmes musulmanes subiraient des discriminations légales » ; car les « travailleuses du sexe » sont l’objet d’un harcèlement policier ; et puis les Trans, et puis les grosses, et puis…  (Tribune Médiapart 30/10/2018). Une surenchère de victimisation pour le moins douteuse car il n’est pas du tout prouvé que les non-musulmanes ou les « blanches »  (Pantone numéro combien déjà ?) subissent moins de violences sexistes et sexuelles que les autres. L’art de diviser les femmes quand elles pourraient s’unir contre la domination masculine ! L’art de mentir aussi car la loi d’abolition de la prostitution a pour effet de ne plus importuner les prostituées, seulement les clients ;  car il n’y a aucune discrimination légale contre les musulmanes en France (s’il est fait référence à la burqa dans l’espace public ou le port du voile dans les administrations, il ne s’agit pas de discrimination mais de mesures de sécurité dans un cas et de neutralité de la fonction publique dans l’autre). Et pour couronner le tout, l’art du chantage. Elles/Ils ne sont pas #NousToutes mais #NousAussi comme si aussi n’était pas compris dans toutes ! Mieux se singulariser, mieux s’exclure pour mieux se mettre en avant ; une redoutable perversité quand on y pense. 

Je suis de celles que ces détestables compromis désolent. Que les organisatrices s’inspirent de la Women’s March autant qu’elles le veulent, mais qu’elles laissent les Linda Sarsour (*3) françaises au vestiaire. Lutter contre les violences faites aux femmes en légitimant des groupes animés par des idéologies indigénistes ségrégationnistes ou qui revendiquent l’exploitation et les violences sexuelles de la prostitution, groupes aux antipodes du féminisme universaliste et de l’émancipation réelle et inconditionnelle des femmes, est une impasse.  La domination masculine s’arrange du féminisme intersectionnel qui tente de faire converger des intérêts souvent antagonistes (comme émancipation des femmes et revendications communautaires ou religieuses) et l’égratigne à peine. 

Les féministes universalistes, sont misEs devant le fait accompli : le dilemme est une fois de plus de choisir entre participer à cette Marche parce que les violences contre les femmes sont accablantes et inacceptables ou attendre, organiser d’autres évènements afin de ne pas cautionner l’insupportable opportunisme des unes et la cynique récupération des autres.

Christine Le Doaré

(*1) Rokhaya Diallo et d’autres, présentes sur le visuel #NousToutes, défendent des thèses identitaires indigénistes, différentialistes, essentialistes et racialistes, décoloniales « anti-blancs », un « féminisme intersectionnel » qui favorise d’autres agendas au détriment des luttes contre le système patriarcal, Rokhaya Diallo a fondé les Indivisibles et créé les Y’Bon Awards, a signé l’appel « Pour la défense de la liberté d’expression, contre le soutien à Charlie Hebdo », a déclaré « Il n’y a pas lieu de s’apitoyer sur les journalistes de Charlie Hebdo »…

(*2) Morgan Merteuil (pseudo) présente dans le groupe organisateur et d’autres, présentes sur le visuel, défendent le système prostitueur, les clients, sachant pertinemment que ce sont toujours soit les clients soit les macs/réseaux qui mettent en danger et tuent les prostituées. 

Si Morgane Merteuil, ancienne Secrétaire générale et porte-parole du STRASS – https://sousleparapluierouge.wordpress.com/2013/03/26/anatomie-dun-lobby-pro-prostitution-etude-de-cas-le-strass-en-france/    omniprésente dans l’équipe d’organisation #NousToutes, si elle n’est plus porte-parole du STRASS,  se vante sur les réseaux sociaux d’avoir réussi à imposer « le féminisme pro-putes, pro-Trans et anti-islamophobe  » (rien que ça !) dans le mouvement féministe à l’occasion notamment de cette Marche :

@MorganeMerteuil

Reconstituer nos rangs, c’est aussi reconstituer des espaces de débats, de réflexion stratégique, et l’occasion de constater que malgré notre faiblesse, notre conception du féminisme comme anti-islamophobe, pro-putes, pro-trans, pèse désormais dans le rapport de force.

(* 3) Linda Sarsour

Porter un hijab pour lutter contre le machisme de Donald Trump ?

http://www.ikhwan.whoswho/blog/archives/10982

Islamo-gauchistes, prenez-nous pour des cruches !

fanatiques_cabuLes masques tombent  et ça fait peur.

Il a longtemps été mal vu de qualifier d’islamo-gauchiste cette gauche qui se pique de vouloir libérer l’humanité en hiérarchisant les discriminations, en substituant l’islamophobie à la lutte contre le racisme, en rejetant toute critique de l’islamisme. Elle se prétend féministe, mais justifie l’oppression des femmes par le relativisme culturel.

A peine 3 mois après les attentats qui ont ensanglanté  la France,  les islamo-gauchistes multiplient les provocations et abîment la mémoire et les luttes de la gauche et du mouvement des femmes.

Les islamo-gauchistes sont des politiques qui à gauche sont complaisants avec des militants de l’islam politique et n’hésitent pas à nouer de dangereuses alliances. Ils estiment que les musulmans sont le nouveau prolétariat et donc un électorat à séduire. Les islamo-gauchistes, aussi intersectionnels et anticolonialistes attribuent donc une place à part à la religion et aux coutumes des populations musulmanes, victimes de l’état colonial français peu importe leur statut social. Et tant pis si cette religion opprime les femmes et méprise les personnes homosexuelles.

Un grand nombre de personnalités en vue dans les milieux politiques, universitaires, aussi dans les médias, comme Edwy Plenel, Tariq Ramadan, Rokhaya Diallo, Pierre Tévanian, Christine Delphy, Houria Bouteldja, Eric Fassin, Clémentine Autain, Gaiss Jasser et tant d’autres, aussi au NPA, au MRAP, au PCF, chez les Verts, dans certains groupes LGBT, au STRASS, etc., tiennent des propos et développent des stratégies qui relèvent de l’islamo-gauchisme.

Certains ont participé au  «meeting contre l’islamophobie et le climat de guerre sécuritaire » aux côtés du Parti des Indigènes de la République (PIR),  de l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF), d’Oumma.com, des Indivisibles, etc.

Le PIR crée en 2005 se définissait à ses débuts comme un mouvement antiraciste, c’était de bonne augure ; seulement voilà, au lieu de se consacrer à la lutte contre le racisme, il s’est enfermé dans une haine de l’occident, un anti-colonialisme revanchard, défendant l’islamisme, parlant de « philosémitisme d’état » et allant jusqu’à soutenir sans réserve, le Hezbollah et le Hamas. La réactionnaire UOIF est  farouchement opposée à l’avortement et au mariage pour tous.

Remarquez bien que ça n’a pas gêné les Jeunes communistes, le NPA, la Fondation Copernic, le PCF et tant d’autres, de figurer dans la liste des signataires de l’Appel au meeting ; certains comme EELV ont longuement tergiversé, finissant par retirer leur signature.

imagesOn est en droit de se demander où est passé le bon sens politique de cette gauche et de ces « féministes » bernées par les sirènes intersectionnelles, essentialistes et différentialistes.

Athées, mais assumant un paternalisme condescendant en associant aux femmes musulmanes des  pratiques religieuses sexistes et aliénantes ! En revanche, il est de bon ton de s’attaquer aux religions des « dominants » en oubliant opportunément que la communauté religieuse la plus persécutée aujourd’hui dans le monde, ce sont les chrétiens ! Hurlant pour les droits des Palestiniens, ignorant ceux des Syriens.

La colonisation a fait des ravages, mais toutes les sociétés patriarcales humaines ont une histoire conquérante d’invasions successives, de domination, d’exploitation et de violences. Beaucoup ont pratiqué l’esclavage, et les musulmans en premier. Mahomet a autorisé tout homme musulman à coucher avec ses esclaves, sans avoir à subvenir aux besoins des enfants nés de ces rapports (le plus souvent des viols).

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Comment expliquer l’aveuglement des LGBT islamo-gauchistes qui feignent d’ignorer l’homophobie des Stella Magliani-Belkacem et Félix Boggio Ewanjé-Epée coordinateurs du « Nous sommes les Indigènes de la République » et qui revendiquent  « Dénoncer la tentative de faire de l’homosexualité une identité universelle qui serait partagée par tous les peuples et toutes les populations » et qui ont accusé Fadela Amara d’avoir appelé à l’émergence « d’un mouvement gay dans les quartiers » ?!

Houria Boutelja du PIR parle « d’homosexualité imposée » et « d’impérialisme gay » et n’hésite pas à affirmer que « le mode de vie homosexuel n’existe pas dans les quartiers populaires». Pour Youssef Al-Qaradawi de l’UOIF,  l’homosexualité est une « une dépravation de la virilité et un crime contre les droits de la féminité ». Il pense aussi que tuer les homosexuels n’est « qu’un moyen pour épurer la société islamique de ces êtres nocifs qui ne conduisent qu’à la perte de l’humanité ».

quenelles manifpourtousphoto prise lors de la dernière Manifpourtous Paris (collusion des totalitarismes religieux).

Cette manière de revisiter jusqu’à la nausée les responsabilités de l’état colonial français, de favoriser des replis communautaristes et religieux, de fragiliser la laïcité, n’aident en rien à régler les problèmes.

Que la politique des banlieues soit un échec est une évidence, en revanche, vouloir nous faire croire qu’il y aurait aujourd’hui en France, des discriminations organisées par une République d’ordre colonial et raciste est un grotesque mensonge. Idéaliser les pays d’origine aussi.

Les islamo-gauchistes font la promotion du terme  »islamophobie » pour interdire toute critique de l’islam politique (salafistes, frères musulmans). Pourtant, c’est un droit fondamental dans une démocratie, de rejeter et critiquer toute doctrine, tout dogme religieux ou politique.

D’un côté le PIR et autres islamo-gauchistes, de l’autre le  Bloc identitaire d’extrême droite, morbide tenaille identitaire.

ob_2db35e_10351821-10152640238464074-23160325570 Photo prise lors des manifestations pro-Palestine de l’été 2014 à Paris Place de la République

Le pire encore en tant que féministe, c’est d’être confrontée  à des militants qui se disent de gauche et féministes et qui en guise de féminisme cautionnent un féminisme complaisant envers les injonctions sexistes de l’islam politique. Nombre de « féministes » intersectionnelles que je qualifierais d’islamo-gauchistes vantent les bienfaits du voile, hijab ou niqab alors que des femmes sont harcelées et emprisonnées pour ne pas le porter ailleurs, en Iran, au Qatar, en Arabie Saoudite …

Le féminisme ne s’accommode jamais à la sauce de l’oppresseur ! Il n’a jamais cautionné le mariage des adolescents, le mariage forcé, le port du voile, hijab ou niqab,  les certificats de virginité, … qui ne s’imposent qu’aux femmes dans le but de les contrôler et de les réserver à un « propriétaire ». Ces islamo-gauchistes valorisent les collectifs 8marspourtoutes, les groupes de femmes voilées, comme celui des mamans de Christine Delphy mais ignorent le Collectif des Femmes sans voile d’Aubervilliers qui résiste aux injonctions du Conseil du Culte musulman : « Le voile est une prescription qui recommande au Prophète de « dire à ses femmes, à ses filles et aux femmes des croyants » (Coran 33-59), de l’arborer pour la réserve qu’il leur impose ». Lecture littéraliste et patriarcale s’il en est. Si les femmes d’origine maghrébine du collectif d’Aubervilliers contestent le voile, ce n’est certainement pas par racisme, mais parce qu’il marque une inégalités entre les femmes et les hommes, dans l’espace public. Selon elles, il est un instrument de domination et de restriction de liberté : « Exigé dans les pays les plus conservateurs, il est toujours le premier acte d’autorité des djihadistes dans les villages conquis (Irak, Syrie, Mali, Nigeria…), que les femmes soient musulmanes ou non. Il est devenu leur étendard de par le monde. Il s’accompagne de la suppression de toute liberté pour les femmes. »

Le féminisme vise à l’anéantissement du système patriarcal pour émanciper les femmes et par là-même toute l’Humanité, pas à son aménagement pour satisfaire un pouvoir politico-religieux. Le mouvement de libération des femmes est universel et laïque, il noue des solidarités entre les femmes du monde entier qui subissent les discriminations et violences identiques de la domination masculine.

islamo-gauchistes

Le concept de « féminisme blanc » est une imposture d’autant plus révoltante que l’intersectionnalité des luttes à la sauce islamo-gauchiste ne sert qu’à noyer les revendications, droits et libertés des femmes dans d’autres agendas politiques.

A l’évidence, renvoyer la laïcité et les religions à la sphère strictement privée est la meilleure garantie pour les femmes de parvenir à l’égalité. Pourtant les islamo-gauchistes nous expliqueront bientôt que la religion des « opprimé-e-s » est progressiste, que la prostitution c’est très bien pour certaines femmes mais que d’ autres doivent être voilées, et que le féminisme « occidental » est plus dangereux pour les femmes racisées que les violences de la domination masculine !

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Christine Le Doaré


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