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Mois des FIERTES LGBTQI, pas de quoi être fiers !

LGBTQI…. Prides,  Marches des Fiertés LGBTQI… Fiertés de quoi ?

Ces Marches des Fiertés devenues Marches de la ségrégation identitaire

Quand on parle de fierté d’être lesbienne, gay, bi, trans, queer, intersexué, … on parle de quoi exactement ? Quelles raisons peut-on avoir d’être fier aujourd’hui d’une orientation sexuelle, d’une identité de genre … ? Plus j’y réfléchis et plus je pense que le mouvement de libération homosexuelle n’a guère été inspiré le jour où pour imiter les anglo-saxons il a baptisé sa manifestation revendicative et festive annelle, Marche des Fiertés LGBTQI…

Selon moi la formule a vécu et fédère de moins en moins les personnes les plus concernées. Au siècle dernier, il nous a fallu batailler dur pour émerger de l’illégalité et de la censure, aussi de nos propres hontes et silences, jusqu’à enfin obtenir des droits et une reconnaissance sociale qui reste à consolider. Ce fut long et âpre de faire évoluer les mentalités, d’imposer le respect, d’atteindre l’acceptation, et le plus difficile peut-être, de s’assumer pleinement. De ça, nous pouvons être fiers, nous qui avons vécu le plus dur et combattu vaillamment quand tant d’entre nous se cachaient.  

Mais ça commence à dater, alors aujourd’hui, fiers de quoi ? Depuis qu’il parle de « fiertés » à tout va, le mouvement LGBTQI… n’a fait que se perdre, jusqu’à devenir un fourre-tout identitaire qui héberge des idéologies dangereuses et pratique dans ses cortèges une ségrégation identitaire. Ce fut une dégradation progressive, certains poussant le bouchon de plus en plus loin, au point de prétendre qu’être gay, queer, trans, gender fluid, était une sorte de supériorité, d’apothéose. De là à penser que l’hétérosexualité est dédaignable, il n’y avait qu’un pas qu’ils ont franchi en toute imbécilité.

A quel moment, dans les Marches, au prétexte d’être gays …  des groupes ont-ils commencé à exhiber des pratiques sexuelles fétichistes, sado-maso, … à la vue des passants (Comme par exemple se pisser dans des bottes en cuir, revêtus de masques à faire peur) ? A-t-on jamais vu des hétérosexuels organiser des Marches pour exhiber des pratiques sexuelles ? Non, entre adultes consentants dans des clubs ou réseaux fermés, oui, pas dans la rue au milieu d’un défilé où se trouvent les enfants de couples de même sexe et d’autres parmi les spectateurs. Les organisateurs des Marches ne comprennent pas la différence entre revendiquer la liberté d’orientation sexuelle et avoir des pratiques sexuelles qui ne regardent que soi ? Dommage, afficher de la sorte ce qui relève de la stricte vie privée d’une partie des gays, ne pouvait qu’entrainer amalgames et rejets et servir nos ennemis.

Et ce n’était que le début, depuis, c’est l’escalade.

Heureusement, cela ne nous a pas trop pénalisés, même si nous devons probablement à ces exhibitions, un certain retour à l’ordre moral. Avec l’aide d’autres acteurs politico-sociaux, nous avons arraché des textes pénalisant les discriminations et violences à notre encontre, gagné le droit d’accéder aux statuts maritaux, … Franchie la ligne d’arrivée de l’égalité, dans une surenchère de toute puissance, certains se sont crûs autorisés à imposer d’autres agendas militants. Sous l’impulsion du mouvement queer puis des courants de la woke culture américaine, ce qui relevait de la prévention et de la lutte contre les discriminations et les violences à raison de l’orientation sexuelle a fini par quasiment disparaître au profit de mobilisations qui n’avaient que peu de lien avec l’orientation sexuelle.

  • Des émanations groupusculaires d’Act-Up ont transformé le mouvement en force de frappe du lobby de réglementation de la prostitution. La prostitution des femmes, tout de même une écrasante majorité des personnes prostituées, ils s’en fichent, ne leur parlez pas de dissociation, d’exploitation, de viol tarifé, ils n’y connaissent rien et font semblant de croire que la prostitution gay n’est pas aussi affaire d’exploitation de jeunes vulnérables.  
  • Des militants islamo-gauchistes ont noué des passerelles avec les groupes indigénistes et racialistes qui pourtant méprisent les LGBT ; on a alors vu des gays défiler fièrement affublés de burqas arc-en-ciel, crachant au visage de toutes les femmes qui tentent de s’affranchir des diktats religieux patriarcaux. De plus en plus, les cortèges sont organisés de manière à imposer une ségrégation identitaire. Le mouvement LGBT allié des ennemis de l’universalisme et de la laïcité, ce n’est même plus un paradoxe mais de la démence.
  • Des militants trans après avoir trusté toutes les instances du mouvement ont fini par imposer une vision du genre expurgée de toute évidence biologique. En braves petits dictateurs, ils ont édicté de multiples interdictions : ne pas mentionner les termes relatifs aux organes génitaux féminins, ce serait transphobe ; ouvrir aux femmes-trans, hommes non opérés, tous les lieux réservés aux seules femmes, et tant pis si elles sont mises en danger. Les féministes qui refusent une misogynie qui vise à les invisibiliser sont traitées de TERF, violemment dénigrées et même agressées physiquement.
  • La GPA reste quasiment la seule revendication gay. Pour contourner la biologie et le risque d’attachement de la mère, appelée porteuse telle une vulgaire machine, le recours à la génétique aboutit à un processus de reproduction ultra divisé : il ne se pratique plus par insémination mais avec des transferts d’embryons, après fécondation in vitro.  Division des tâches : des donneuses d’ovocytes et des gestatrices qui vont porter l’enfant commandité. Un marché très lucratif de l’eugénisme où l’on conçoit comme aux USA des 𝑑𝑒𝑠𝑖𝑔𝑛 𝑏𝑒𝑡𝑡𝑒𝑟 𝑏𝑎𝑏𝑖𝑒𝑠, idéalement conformes aux désirs des commanditaires qui peuvent exiger l’annulation de cycle quand, après des mois de traitement hormonaux lourds, l’insémination est annulée parce que le sexe de l’embryon n’est pas celui attendu par les commanditaires.

Tout ceci a mené à la désertion de bien des gays et de toutes les lesbiennes féministes politiques, et il ne reste plus dans ce mouvement que des lesbiennes queers fières d’être à la traîne des gays et des trans misogynes.

Comme les Marches des Fiertés attirent beaucoup de jeunes derrière les chars qui crachent une assourdissante musique techno, elles font office de seconde Techno Parade de l’année. C’est déjà ça. Mais beaucoup de gays et de lesbiennes les boudent en toute connaissance de cause, considérant que les orientations affichées non seulement ne nous conviennent pas, mais provoquent une dangereuse animosité à notre égard. C’est un comble, mais le mouvement LGBT est désormais l’un des principaux relais des excès du wokisme et de la cancel culture américaines.

Je suis féministe, universaliste, il ne me viendrait plus à l’idée de défiler dans l’une de ces Marche des Fiertés dans lesquelles j’ai pourtant longtemps mené association et fédération d’importance.  La seule raison qui m’inciterait à défiler à nouveau serait que nous soyons menacés par des forces réactionnaires qui prendraient le pouvoir.

Alors, ce qui me dérange c’est le soutien unanime et global affiché par les acteurs politiques progressistes, sans aucun discernement, sans se poser la moindre question politique, comme s’il s’agissait toujours du même rassemblement revendicatif et festif des débuts. Non, le mouvement comme les Marches des Fiertés ont changé, et tout n’est pas à cautionner ni applaudir, certainement pas des cortèges faisant l’apologie de la ségrégation identitaire. Il serait temps de s’en rendre compte. Critiquer avec justesse et mettre des limites n’est pas condamner, c’est au contraire constructif, mais ça demande un peu de lucidité et de courage.  

Christine Le Doaré

Sur le sujet lire :

  • Ma tribune sur la Pride des banlieues : « Le mouvement LGBT est débordé par un identitarisme radical » publiée dans Marianne le 03/06/2022 

https://www.marianne.net/agora/tribunes-libres/pride-des-banlieues-le-mouvement-lgbt-est-deborde-par-un-identitarisme-radical

  • Et pour aller plus loin, le livre « Fractures ! Le Féminisme et le Mouvement LGBT en danger » paru aux éditions Contrefaçon :

Marches des Fiertés, marches de la ségrégation ?

Le mouvement de libération homosexuelle a toujours été marqué à gauche voire à l’extrême gauche, mais depuis une bonne quinzaine d’années au moins, la récupération politique s’est accélérée, si bien qu’on y parle aujourd’hui moins d’homosexualité que de bien autres choses et les marches annuelles reflètent tristement cette dérive.

Le mouvement et ses marches sont phagocytés par des militants qui au nom de l’intersectionnalité mobilisent contre le capitalisme, le colonialisme, le racisme, et surtout le gouvernement, dans une confusion et une outrance propres à l’extrême-gauche.  

L’affiche de la marche de Clermont-Ferrand ne représente en rien les préoccupations des gays, lesbiennes et trans locaux. Elle se veut inclusive, en réalité, elle ne fait qu’imiter les orientations intersectionnelles des queers américains biberonnés au relativisme culturel du multiculturalisme.  Pourquoi la présence sur cette affiche d’une femme voilée, d’une prostituée sous son parapluie rouge (symbole du STRASS) … ? Comme si les tenants d’un islam rigoriste allaient prendre fait et cause pour des personnes homosexuelles ? Dans une logique d’entrisme politique oui, mais pour mieux les berner ensuite.

A Lyon lors de la marche du 11/06 de cette année,  l’instrumentalisation politique de la marche a atteint des sommets. Une marche segmentée en catégories fermées avec un cortège « Queer racisé-e-s » en tête ! Une dizaine d’autres catégories à suivre, et à la fin le cortège mixte. Attention, pas de mélange autorisé ! A quel taux de mélanine est-on autorisé à marcher en tête et à laisser son, sa ou ses amis en queue ? Une marche de la ségrégation en sorte. Les pires racistes en ont rêvé, les marches des fiertés l’ont fait !

Que dire du slogan de la marche : « Violences fascistes, violences d’état : reprenons la rue, exigeons nos droits ! » sinon qu’il n’a plus rien à voir avec une marche revendicative pour les droits et libertés des personnes LGBT ? Faire référence à une pseudo « homophobie d’état » et à la loi « contre le séparatisme » (sic !) qui « viserait de manière violente les communautés racisées et musulmanes ». Une Marche des fiertés critique une loi prise pour lutter contre l’islam politique et le communautarisme qui compromettent sérieusement les droits et libertés des femmes et des personnes homosexuelles ! C’est le monde à l’envers. C’est la Marche des Fiertés ou du Parti des Indigènes de la République ? Entre importation US, récupération politicienne à la sauce NPA et fantasmes savamment distillés alors qu’en réalité, il n’y a en France aucune homophobie d’état. L’état n’organise pas l’homophobie, la lesbophobie ni la transphobie, ne les favorise pas, il les combat avec des lois, des campagnes de prévention, … En France il y a des homophobes, ça oui, et comme partout, mais aucune homophobie d’état. En revanche, l’homophobie d’état, on la trouve dans beaucoup d’autres pays sur la planète, mais ça, c’est tabou, il ne faut surtout pas en parler. Ben oui, la dictature, c’est seulement en France !

A Paris et dans le 93, FLAG (l’association des policiers gays et lesbiennes) ne devrait pas défiler.  Pourtant les LGBT exercent tous les métiers, policiers aussi et c’est tant mieux. Déjà menacés lors de précédentes marches par des LGBT radicaux, la contre-marche organisée par des éléments très radicaux,  les inquiète. Je vois beaucoup de gens s’émouvoir à juste titre, de cette éviction, mais en 2014 déjà, l’association FLAG était frappée d’interdiction de défiler par Act-up, le StRASS et des TPDG (« trans-pd-gouines » comme ils se nomment) radicaux sans que grand monde ne réagisse à l’époque.  Même si cette année, l’appel de la marche Parisienne est plus sobre, elle est à l’image du mouvement, imprégnée des dérives woke actuelles, pourtant, ça ne suffit plus aux plus radicaux qui lancent leur contre-marche ; rien que de penser à ce que l’on va y trouver, je me sens mal.  

Peut-on encore parler de Marches des Fiertés (1) ? Ne s’agit-il pas plutôt de marches de l’extrême-gauche woke, ivre de cancel culture ? Vous me direz que ce n’est pas nouveau, c’est vrai, ça fait un bail que ça dure, je le sais bien car avec d’autres, j’alerte en vain puisque ça s’aggrave d’année en année.

Malgré le nombre de lettres qui ne fait qu’augmenter, LGBTQI … en réalité, ne sont plus guère visibles et actifs dans le mouvement que les gays et les trans, les lesbiennes les plus politisées ayant été découragées par l’engagement du mouvement pour l’instrumentalisation du corps des femmes dans la prostitution ou la GPA, et par les attaques de féministes par des trans activistes radicaux. Et puis nombre de personnes LGBT ont quitté le mouvement ou ne le rejoignent pas car défendre les droits des personnes LGBT, lutter contre les discriminations et violences à notre encontre, n’implique en rien de donner tête baissée dans l’indigénisme, l’anti-colonialisme, le racialisme, de cautionner le relativisme culturel ni de défendre les injonctions religieuses sexistes telles que le voile. En outre, nous libérer de siècles d’oppression à raison de notre orientation sexuelle ne nous autorise pas à nous croire géniaux et supérieurs au point de chercher à imposer aux autres un examen de conscience, encore moins à censurer tout ce qui ne nous plait pas.

Pourquoi les personnes homosexuelles se laissent-elles ainsi récupérer, marcher sur les pieds, écrabouiller par toute cette violente daube politique ? Toutes ces outrances alimentent la haine des extrêmes à notre égard et nous mettent en danger, il serait temps de le réaliser, de repousser les manipulateurs et de reprendre notre liberté.  

Plutôt que d’endosser les revendications de l’extrême-gauche, nous devrions marcher pour les droits et libertés des LGBT discriminés et agressés, menacés chez nous comme Mila, et partout dans le monde, que ce soit en Hongrie, en Afrique, en Iran et dans tant d’autres régions du monde, car personne ne le fera à notre place.

Christine Le Doaré

  • Marche des Fiertés : peut-être un temps opportun, il s’agissait de sortir de décennies de honte et de silence, moins de nos jours. Il n’y a aucune fierté à être gay ou lesbienne, c’est une orientation sexuelle. Dont acte. Respect et liberté, un point c’est tout.

Pourrait-on débattre de la GPA ? Oui. Et du patriarcat ?

IMG_3006photo Manifpourtous octobre 2014

topicLa grande confusion LGBT

Pourrait-on parler de la GPA ? Oui, on pourrait ; mais pourrait-on également parler du patriarcat et de la domination masculine ? C’est moins sûr.

D’ailleurs, y a déjà eu nombre de débats sur la GPA et toute personne souhaitant s’informer sur la question dispose de nombreux matériaux (débats et nombreux écrits, thèses et anti-thèses).

En ce qui me concerne, en 2011, j’écrivais déjà ce texte, de l’intérieur du mouvement LGBT, à l’époque présidente du Centre LGBT Paris :

https://christineld75.wordpress.com/2011/05/30/asymetrie-reproductive-et-gestation-pour-autrui-gpa/

Depuis, je n’ai pas changé de position, je l’ai affirmée, confortée par nombre de faits et de témoignages, de plus en plus interloquée par les arguments cyniques et parfois fantaisistes présentés par les pro-GPA.

Pour le fond du débat je renvoie donc au texte ci-dessus.

Mon intention dans ce nouveau texte est seulement de montrer à quel point le débat est dévoyé par des arguments spécieux et fallacieux.

Les partisans de la GPA en appellent désormais à l’origine des temps, prétendent que la GPA a toujours existé et que la Vierge Marie symbolise la première « mère porteuse » de l’histoire.

S’il faut en passer par la fin des temps pour avoir un débat, c’est tout de même un peu compliqué, d’autant plus qu’à cette époque-là, la vie des femmes n’était pas très reluisante, libre arbitre et libre choix n’étaient pas des concepts très en vogue.

A l’époque, la peine de mort et l’esclavage étaient aussi ordinaires, faudrait-il les réhabiliter ?

En appeler à la bible pour défendre des revendications que l’on assimile d’ailleurs à tort, à une égalité de droits entre hétérosexuels et homosexuels, ( la GPA est interdite pour tout le monde), est pour le moins, déconcertant.

La légendaire générosité féminine remise au gout du jour ? « Plus près de toi mon dieu » ?

C’est touchant, mais comme déconstruction du genre et promotion de l’égalité femme-homme, il y a mieux.

Et puis surtout, un peu de bon sens, s’il vous plait !

Marie, mise enceinte sans y avoir consenti (en soi, c’est tout de même glauque), a élevé et vécu avec « son fils ».

Comme mère porteuse, on fait mieux !

Pour rappel une mère porteuse, ou gestatrice, remet l’enfant à la naissance, à ses bénéficiaires.

Autre argument contestable : les français seraient majoritairement en faveur de la GPA.

Oui, c’est aussi le cas pour la peine de mort ; ils sont aussi de plus en plus nombreux à plébisciter le FN, etc.

Si les françaisEs, dans leur majorité, étaient féministes, ça se saurait !

Allons-donc, si de tous temps la GPA a existé, c’est bien parce que nous sommes dans une société patriarcale et que les « Livres saints » sont un des moyens de l’imposer en opprimant les femmes.

En outre, les quelques GPA familiales, amicales, phénomènes ultra-marginaux, ne sont pas en cause ; en revanche, la généralisation de la GPA, marchandisation de l’humain et exploitation de la capacité de reproduction des femmes, est impensable.

La GPA est un artifice qui permet de ne pas s’embarrasser d’une relation et d’acheter sur le marché, comme n’importe quel autre produit prêt à l’emploi, un enfant porté à terme par une inconnue.

Le problème malgré tout c’est que les femmes ne sont pas des unités de production.

Etre favorable à la GPA c’est, comme pour la prostitution,  cautionner la conjonction parfaite des oppressions de genre, de classe, et de « race », d’un libéralisme décomplexé.

Les féministes ne peuvent pas oublier une des raisons d’être majeures du système patriarcal : s’approprier les corps et vies des femmes, afin de contrôler la reproduction.

Ce sont les femmes qui enfantent, par conséquent, contrôler leur sexualité et la reproduction, est indispensable pour s’assurer une descendance à laquelle transmettre ses gênes et son patrimoine.

Le pire encore, c’est qu’à force de parler d’égalité des droits pour la GPA et de tenter de passer en force, les gays compromettent l’extension de la PMA, aux lesbiennes et aux femmes célibataires. Aveuglés par la poursuite de leurs objectifs, ils sont parvenus à associer ce qui pourtant ne se compare en rien.

En outre, la PMA, que l’on y soit favorable ou pas, relève bien de l’égalité de droits puisque les femmes hétérosexuelles en couple peuvent, elles, y avoir recours. Le gouvernement, semble t’il,  attend l’avis du comité national d’éthique.

Les lesbiennes des collectifs mixtes consentent à être instrumentalisées, c’est dommage.

Tout ceci est préjudiciable au mouvement LGBT qui en est tout de même rendu, à amalgamer à la Manifpourtous,  le gouvernement, qui a bien voté le Mariagepourtous et votera probablement la PMA !

Je ne soutiens pas spécialement ce gouvernement qui n’honore pas ses promesses politiques, de là à cautionner des mensonges éhontés.

Dans tous les cas, se proclamer solidaires des lesbiennes pour mieux placer la GPA, n’est pas digne.

Ne pas être solidaires des femmes sur la question de la GPA et plus généralement ne pas se positionner contre la marchandisation de l’humain (Ceci est également vrai pour la question de prostitution portée aux revendications de Marches des Fiertés l’an dernier), c’est se compromettre dans des alliances malsaines et trahir des alliées objectives historiques.

Si ce n’est pas le comble de la mauvaise foi politique pour un mouvement de libération, de conforter le système patriarcal jusqu’à  envisager l’exploitation d’un groupe social encore plus opprimé que le sien !

Contester, c’est risquer être la cible d’amalgames ignobles, des gays n’hésitant plus à insulter les féministes qui s’opposent à la GPA et à la prostitution, en les accusant de soutenir la Manifpourtous !

C’est tout de même invraisemblable, en 2014, au nom de la famille, de l’enfant et de la normalisation sociale, de devoir faire face ainsi à un double front machiste et conservateur :

– le front des pro-GPA qui promeuvent l’exploitation de la fonction reproductrice des femmes,

–  celui des réactionnaires familialistes lesbophobes et homophobes de la Manifpourtous.

Le rassemblement hétéroclite de la Manifpourtous, communiant dans le rejet de l’autre, défile derrière des mots d’ordre absurdes, violemment sexistes, mais aussi, derrière une banderole sur laquelle on peut lire « l’Humain n’est pas une marchandise ».

Pourtant, il ne faut pas prendre ce slogan au pied de la lettre, ces arriérés ne sont en réalité, en rien, opposés à la prostitution ni au trafic d’êtres humains.

Féministes, progressistes, réaffirmons que l’émancipation des femmes passe par la maîtrise de leurs corps et de leurs vies et en aucun cas par une quelconque marchandisation ni de leurs sexualités, ni de leurs fonctions reproductrices.
IMG_3007photo prise lors de la Manifpourtous octobre 2014

Christine Le Doaré

Qui voudrait d’un populisme communautaire homosexuel ?

photo arcenciel[1]

Les personnes homosexuelles ont longtemps eu le choix entre vivre cachées ou risquer le rejet, les discriminations et les violences.

Cette situation s’est améliorée ; dans nombre de pays, la législation réprime depuis des décennies l’homophobie et la lesbophobie, et instaure peu à peu une égalité des droits, partielle ou totale.

Même dans les pays plus progressistes que d’autres où l’homosexualité reste condamnée, tout n’est pas parfait loin de là et dans tous les cas, l’évolution des mentalités reste le véritable challenge. Cependant, c’est indéniable autant qu’irréversible, les gays et les lesbiennes ont redressé la tête et sont désormais des citoyenNEs comme les autres, souvent impliqués dans la vie sociale et politique de leur pays.

Pour gagner cette acceptation, il a fallu passer par des étapes d’affirmation de soi, aussi, parler de « fierté homosexuelle » a eu son utilité. Le risque serait de prendre cette fierté au premier degré car en réalité il n’y a pas plus de fierté à être homosexuelLE, qu’hétérosexuelLE !

La seule fierté pour tout le monde, consiste à être soi et à l’assumer, à respecter les autres et à accepter les différences sans les hiérarchiser.

Vous en conviendrez, la minorité homosexuelle doit être respectée et dispose, comme tout un chacun, de droits, mais n’a pas tous les droits.

Aussi, basculer dans l’arrogance, s’autoriser à écraser d’autres mouvements sociaux qui ne sont pas d’accord avec certaines de ses revendications ou à injurier les politiques qui ne cèdent pas immédiatement à ses attentes, ne pourrait-être que dommageable.

Pourtant, de plus en plus souvent, des positions, propositions, attitudes, défendues par des associations et collectifs, comme par des personnalités représentatives, fleurent bon la démagogie et je me demande si nous n’assistons pas à l’émergence d’un populisme communautaire, dont je pense, personne n’a besoin.

Comme dans tout groupe, toute minorité, il y a toujours eu des extrêmes dont les pratiques sont loin de faire l’unanimité. Mais ce n’est pas à ces extrêmes que je fais ici référence.

Le populisme est une manipulation politique qui consiste à flatter de manière manichéenne et démagogique une population, à encourager ou répondre à des revendications populaires immédiates.

J’ai examiné attentivement les messages véhiculés dans différents médias, en particulier sur les revendications de PMA et de GPA, provenant de gays et de lesbiennes représentatifs et je m’interroge.

 

–          Les réactions à l’annonce de la condamnation par la CEDH de la France, dans l’affaire des enfants nés à l’étranger « par contrats de mères porteuses » ou GPA.

Sur le plan juridique, cette décision est abusive puisque la circulaire Taubira organisait déjà l’inscription dans l’état civil, des enfants nés au moins d’un parent français (droit de la filiation).

Mais surtout, qui peut m’expliquer en quoi, « faire tomber une digue contre le marché international des mères porteuses », comme l’explique la Cour, c’est lutter contre des discriminations à raison de l’orientation sexuelle ?

Est-ce seulement progressiste de favoriser le marché libéral et lucratif de la gestation pour autrui, juste pour que des hommes en couple hétérosexuel ou homosexuel puissent être pères ?

Quel est ce monde dans lequel une Cour de Justice nous enjoint à reconnaître la fabrication d’enfants occidentaux par des femmes pauvres dans des usines reproductrices du tiers monde ou par des femmes américaines ou anglaises dont on rémunère la fonction reproductrice pour les maintenir en dehors du marché du travail, payer les études des enfants ou adjoindre une piscine à la maison familiale ?

Quand la Cour prétend que la France devrait reconnaitre la filiation du parent biologique, bien entendu elle parle du père biologique, mais elle se moque totalement de l’instrumentalisation du corps et de la vie des femmes, elle fait comme si les femmes étaient de simples machines biologiques à enfanter, exactement comme l’industrie produit des marchandises.

Que sait-elle des souhaits de l’enfant ? Qui nous dit, qu’adulte, l’enfant ne souhaitera pas prendre la nationalité de la femme qui l’a mis au monde ? http://nypost.com/2014/06/16/children-of-surrogacy-campaign-to-outlaw-the-practice/

Comment la France va-t-elle pouvoir maintenir une courageuse position éthique et progressiste contre l’économie de marché de la reproduction  alors qu’elle sera contrainte de régulariser automatiquement et à la chaîne, sur son sol, les enfants produits pour des parents qui contournent sciemment sa législation et exercent un odieux chantage ?

Qui peut croire que tout ceci se fait dans l’intérêt de l’enfant ?

L’enfant produit, l’enfant à tout prix, l’enfant sur étagère pour nourrir les fantasmes d’occidentaux alors que la planète se meurt d’une surpopulation galopante et que d’autres enfants par millions sont abandonnés, exploités, etc., et pourraient être adoptés.

Des lesbiennes se désolidarisent de leur classe de sexe pour faire preuve d’un zèle étourdissant dans la perpétuation et même l’invention de nouveaux privilèges masculins.

Cautions féminines, elles vont souvent un peu plus loin que les hommes, afin d’être reconnues.

C’est particulièrement vrai en matière de prostitution et de GPA, deux domaines d’appropriation du corps et des vies des femmes, indispensables au système patriarcal.

Par exemple, Caroline Mécary, avocate et coprésidente de la Fondation Copernic, propose « de disjoindre parentalité et conjugalité et d’organiser juste après le sevrage de l’enfant, une résidence alternée », afin de faciliter à l’avance, la future séparation des conjoints !

Sans le lobby tenace d’associations et de personnes gays et lesbiennes sur la question, la Cour aurait-elle pris cette décision qui bafoue le respect de la personne humaine et les droits des femmes ?

Rien n’est moins sûr.

Ces gays et lesbiennes qui défendent la toute puissance en matière de parentalité, au mépris le plus absolu des droits des femmes, ne font-il pas preuve de populisme communautaire ?

 

–          D’inquiétantes affiches du Collectif Oui-Oui-Oui ! (Oui à la PMA) et du Collectif « Fières », pour la Marche des Fiertés

« PS lesbophobe ! », « Hollande, lesbophobe ! ».

10487582_10152551664479743_8091891247544845155_n[1]La PMA ouverte à toutes les femmes, pourquoi pas ? Après tout, il s’agit d’un don de sperme et pour faire simple on va dire que le sperme se produit rapidement et facilement.

Que le Parti socialiste et plus exactement, le gouvernement Hollande ait une fâcheuse tendance à la reculade et n’honore pas ses promesses de campagne, est un fait ; qu’il soit nécessaire de le rappeler pour faire valoir ses droits, est une conséquence.

Néanmoins, ce collectif oublie que la revendication de la PMA ne concerne pas que les lesbiennes, mais aussi les femmes seules, donc l’accusation de « lesbophobe » n’a guère de sens.

Ensuite, user du suffixe « phobe » n’a en général qu’une finalité : discréditer ses contradicteurs et ce, dans la plus grande malhonnêteté intellectuelle qui soit (sérophobe, putophobe, etc.).

Dans tous les cas, est-ce vraiment indispensable d’injurier en bloc tout le Parti socialiste en le traitant de « lesbophobe » parce que cette mesure n’est pas encore adoptée ?

L’ouverture du mariage aux couples de même sexe date à peine d’un an, a été votée dans des conditions extrêmement difficiles et que personne n’avait imaginées, aussi parce que le PS l’a défendue ; alors prétendre qu’il est lesbophobe est proprement absurde.

Je note que cette avancée (adoptée fin avril 2013) n’a d’ailleurs pas été fêtée par une Marche des Fiertés 2014 à la mémoire un peu courte.

Comment se faire des alliéEs ? C’est simple : cracher dans la soupe, faire pipi par terre, insulter…, tout faire pour acculer ses interlocuteurs à se crisper sur la réputation qui leur est faite.

C’est tout de même affligeant de voir ainsi des gays et des lesbiennes ne pas faire la différence entre des réactions de frustration et des revendications articulées dans un dialogue politique avec l’institution qui peut au Parlement, faciliter l’adoption des droits attendus.

Dans un autre genre, l’affiche produite pour la Marche des Fiertés par le Collectif de jeunes lesbiennes « Fières » : « IVG / PMA Même combat ! », me laisse perplexe. L’interruption volontaire de grossesse, à l’origine de tant d’accidents et de décès de femmes en France avant l’adoption de la loi Veil, mise sur le même plan que la PMA ? Vraiment ? Cette affirmation est aussi mensongère que ridicule.

10502189_816126135078491_6231021827386890894_n[1].jpg Fières

Même l’Inter-LGBT n’hésite plus à flatter ses extrêmes et avec une franche démagogie produit une affiche : « Nos corps, nos droits, ta gueule ! ». Ensuite, ne nous restera plus que les coups, c’est tout de même troublant !

photo[1]

Mais je m’interroge, ces comportements, ces slogans, sont-ils aussi spontanés et sincères qu’il y paraît car après tout, c’est beaucoup plus facile, de se faire remarquer et d’entraîner des partisans, en flattant la propension des gens aux amalgames faciles et à l’outrance, qu’en travaillant sur des dossiers et en entretenant un dialogue politique.

S’agit-il vraiment d’une erreur d’appréciation politique de la situation, sachant que le PS n’est évidemment pas lesbophobe, plutôt peu enclin à combattre les réactionnaires, et que le combat pour la PMA et celui pour l’IVG n’ont strictement rien en commun ?

Non, ces affiches mensongères ne sont pas produites par hasard mais délibérément et pour susciter à bon compte des adhésions.

Ces affiches contre-productives, car mensongères et outrancières, semblent bien elles aussi relever d’un certain populisme communautaire, et ce n’est pas très glorieux.

En Conclusion

Lutter contre les discriminations et les violences à raison de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre, lutter pour obtenir l’égalité des droits ne peuvent en aucun cas se mener en bafouant les droits des femmes (contrôle patriarcal de la sexualité et de la reproduction dont relèvent la prostitution et la GPA) ; si en plus, les gays et les lesbiennes devaient verser dans le populisme communautaire, ce serait tout bonnement inacceptable, au même titre que l’est toute forme de populisme politique.

Quand les féministes aidaient le mouvement homosexuel à émerger en protégeant les gays dans cortèges revendicatifs des années 70/80, elles étaient loin d’imaginer qu’ils feraient aux 20ème et 21ème siècles, des choix qui attestent de leur attachement indéfectible à la classe dominante masculine.

Ils ont oublié en route, quelque part, qu’ils sont aussi responsables de l’oppression des femmes.

Le mot « genre » n’a pas la même signification pour les LGBT qui luttent pour la reconnaissance des personnes transsexuelles (identité de genre veut alors dire Trans. Transgenre et TransexuelLE) et les féministes qui luttent pour l’égalité entre les genres masculins et féminins.

Pour se rejoindre, il faudrait déconstruire les rouages de la domination masculine dans les politiques LGBT, mais l’époque où les gays comprenaient l’imbrication du sexisme et de l’homophobie semble révolue.

Même SOS homophobie a oublié cette année la lesbophobie dans son communiqué de presse, titrant : « La lutte contre l’homophobie, transphobie deux ans après l’élection de François Hollande ». Bien la peine que le mot ait fait son entrée au dictionnaire cette année !

Les féministes qui ont toujours été solidaires des LGBT, sont désormais confrontées à des revendications trop souvent antagonistes de leur part (Prostitution/GPA).

Les lignes de fracture se creusent rapidement et la tendance au populisme communautaire  récemment observée, n’arrange rien.

Tout ceci est inquiétant, d’autant plus que le contexte politique général est désastreux, que rapidement et sûrement, l’extrême droite assoit son emprise sur un pays de plus en plus déboussolé.

Mais c’est heureux, personne, pas moi, ni vous je pense, n’avons besoin d’un quelconque populisme communautaire !

Christine Le Doaré

 

Fêter l’égalité citoyenne, se mobiliser pour l’égalité réelle !

4d0b6d1f8296150ad74f4af9df82f3c723 avril 2013, c’est fait ! Quelle histoire ! Des années de luttes associatives pour l’égalité des droits et si près du but, alors que tout semblait acquis, une violente vague d’homophobie que personne n’avait imaginée aussi tenace.

Personnellement, ce n’est pas tant l’égalité matrimoniale que je veux fêter, car l’institution du mariage m’importe peu, mais cette étape enfin franchie vers l’égalité des droits et une acceptation citoyenne formelle, des personnes homosexuelles. L’égalité des droits et des devoirs républicains supposait, dans des conditions identiques, l’ouverture au mariage, au divorce et à l’adoption pour les couples de même sexe.

Une injustice est réparée. Pour autant, je doute que cette loi change fondamentalement nos valeurs et notre culture profondément patriarcale. Le fait d’ouvrir le mariage aux couples de même sexe aura peut-être des conséquences positives sur l’institution et l’ensemble de la société mais rien n’est moins sûr. L’institution est conservatrice, contraignante et de moins en moins prisée. Les français vont s’habituer à voir des couples de même sexe se marier et n’en parleront plus guère dans quelques années. Ce qui serait intéressant, c’est que des gays ou des lesbiennes en se passant la bague au doigt, éprouvent et désarment le sexisme, l’homophobie, la lesbophobie et la transphobie, qui gangrènent profondément notre société.

En effet, une bonne partie de l’opinion publique française, par ignorance ou par peur des différences a toujours beaucoup de mal à considérer l’homosexualité comme aussi simple et ordinaire que l’hétérosexualité. Si la réaction, orchestrée par une UMP méprisant les institutions républicaines, complice des exactions de l’extrême droite, a pu atteindre une telle ampleur, c’est bien parce que pour tant de gens, une personne homosexuelle ne vaut pas tout à fait une personne hétérosexuelle et d’ailleurs, il y a fort à parier, que marié-e-s ou pas, beaucoup de gays et de lesbiennes, dans leur famille, sur leur lieu de travail ou dans l’espace public, continueront de subir des discriminations, du rejet et parfois des violences.

J’ai milité des années pour l’égalité des droits car je juge inadmissible que des citoyens soient différentiés sur la seule base de leur orientation sexuelle et j’exige une acceptation et reconnaissance pleine et entière de l’homosexualité, néanmoins j’ai toujours été consciente que mon engagement féministe était plus déterminant pour parvenir à une société d’égalité réelle entre les personnes.
Tant que notre société ne se sera pas libérée de la domination masculine qui engendre le sexisme et l’homophobie, tant que le système patriarcal n’aura pas été vaincu, rien ne changera vraiment, en profondeur.

C’est tellement vrai qu’à la « Une » des journaux aujourd’hui, on ne parlait que de mariage GAY, ni par exemple, de mariage ouvert aux couples de même sexe, ni de mariage des gays et des lesbiennes ; et quasiment toutes les photos ou dessins publiés représentaient des couples d’hommes. Parce que malgré tout, dans une société phallocrate ce qui compte surtout c’est ce que vivent les hommes. Comme toujours, l’invisibilisation des lesbiennes est pour ainsi dire totale. Le mouvement LGBT en est bien responsable, lui qui peine tant à mettre la lutte contre le sexisme au cœur de la lutte contre les LGBTphobies.
Le mouvement homosexuel a bénéficié de la solidarité des féministes, à l’avenir, les lesbiennes et plus globalement les femmes, pourront-elles compter sur lui pour abolir le système patriarcal ? L’avenir nous le dira.

Ce 23 avril 2013, une étape est franchie, arrachée à une triste adversité grâce à un gouvernement déterminé, alors sachons l’apprécier et la fêter comme il se doit. N’oublions pas aussi de remercier les pionniers et les pionnières qui à l’époque se battaient dans une société ouvertement et fièrement homophobe. Enfin, admettons que ce n’est qu’une étape, d’autres luttes pour une égalité réelle et décisive, restent à gagner.

Christine Le Doaré

Avec ou sans récupération politique, le 23 avril, c’est « mariagepourtous » !

-Mardi 23 avril, pour les personnes LGBT et tous les progresssistes, ce sera un jour à marquer d’une pierre blanche ! Ce jour-là les institutions du mariage et du divorce seront aussi ouvertes aux couples homosexuels et lesbiens. Il aura fallu des décennies de luttes au mouvement LGBT pour parvenir à ce résultat, cette dernière année n’étant que la partie immergée d’un combat de longue haleine et d’un espoir soutenu, porté par un grand nombre de militant-e-s depuis les années 90. Pourtant, et c’est bien le plus choquant de l’histoire, personne ne s’attendait à ce que l’ouverture du mariage aux couples de même sexe serait aussi laborieux à obtenir, en France, en 2013.

Dans l’hémicycle, la gauche s’est montrée à la hauteur, portant haut et fort le projet de loi ; le gouvernement aura tout de même quelque peu tardé à dénoncer officiellement, les violences homophobes. En revanche, à droite, rien ne nous aura été épargné, ni l’ignorance, la mauvaise foi, l’irresponsabilité, ni la haine de l’extrême droite avec ses groupuscules fascisants du GUD et de CIVITAS prêts à tout pour jouer du bâton. Tous ces débordements, toute cette violence aura été le fait d’extrémistes comme l’intégriste catholique Christine Boutin et d’obscures personnalités en quête d’éclairage médiatique comme Frigide Barjot. Ils auront su mobiliser dans leur sillage des opposants, pour l’essentiel issus des milieux catholiques, les autres religions n’étant pas en reste, et de la droite bien pensante.

L’instantanéité de l’information et sa multiplication exponentielle par les réseaux sociaux auront considérablement amplifié ce phénomène d’opposition à une mesure que plus de 80% de l’opinion publique, soutient pourtant. En effet, la majorité représentative nationale tout comme l’opinion publique ont toujours et très majoritairement en faveur du projet de loi. Bien sûr il y a des homophobes en France et les nombreuses associations LGBT n’ont pas fini de lutter contre les LGBTphobies, discriminations et violences ; ni de déployer un travail pédagogique de fond et à long terme pour faire évoluer les mentalités. Les pouvoir publics auront certainement pris conscience de l’importance de les soutenir plus encore et de prendre en charge une partie de cette lourde charge.
A l’évidence, dans un tel contexte, les opposants mobilisent toujours plus et surtout de façon plus visible et spectaculaire que ceux qui attendent une mesure légitime et soutenue par une immense majorité.
Aussi, organiser des contre-rassemblements et manifestations de personnes favorables au projet était-il périlleux car si les gens se mobilisent plus facilement contre les mesures qu’ils jugent injustes, ils sont moins enclins à le faire pour une nouvelle disposition. En outre, sur ce sujet précis, la plupart des personnes concernées et leurs soutiens, ne pensaient pas que l’opposition se radicaliserait autant.
Avant le vote des deux assemblées parlementaires, il était judicieux de mobiliser et rassembler les personnes favorables au projet de loi. Si ce n’était pas indispensable à son adoption, il était utile de rappeler l’attachement des personnes LGBT et des citoyen-ne-s de notre pays à ce projet et surtout de dénoncer l’homophobie nauséabonde qui se manifestait à l’occasion.

En revanche, une fois la loi acquise, c’est-à-dire votée par les deux assemblées et n’étant plus qu’une formalité pour la seconde lecture à l’Assemblée Nationale, prendre le risque de rassemblements d’une ampleur prévisible bien inférieure à la mobilisation des opposants fortement radicalisés, c’est prendre le risque de ne rien démontrer de bien convaincant mais c’est aussi donner l’occasion de nouvelles violences aux extrémistes qui n’attendent que ça pour s’illustrer dans des actes inqualifiables.

Ceci relève d’une stratégie politique et associative. Vaut-il mieux attendre mardi et le vote solennel qui sera, que l’on soit ou non favorable au mariage en général, l’occasion d’une immense fête pour l’égalité des droits ou vaut-il mieux mobiliser à nouveau contre les opposants qui de toute façon ont perdu, avec tous les risques prévisibles ? Personnellement mon choix est fait, mais je comprends bien que d’autres puissent avoir un avis différent.

En tous cas et cela ne me surprend pas, ce n’est pas le choix qu’a fait Act-Up et quelques groupuscules qui en début de semaine, appelaient à un nouveau rassemblement dimanche. A ce moment précis du processus, c’est-à-dire à deux jours du vote solennel, je ne comprends vraiment pas à quoi ce rassemblement peut servir. Manifestation contre manifestation, surtout quand le nombre n’est pas en faveur de ceux qui pourtant ont toute légitimité à revendiquer, on a bien vu où ça menait.
En outre, selon moi, c’est le rôle des fédérations représentatives et qui ont mené à bien la lutte pour l’adoption de ce projet de loi, de proposer puis conduire une stratégie gagnante.
Il est très difficile de ne pas remarquer que ces fédérations, sachant qu’elles avaient la loi pour elles, n’étaient pas à l’origine, partie prenante de cette initiative mais ont fini par s’y rallier, probablement pour ne pas être en reste ni être accusées, bien à tort d’ailleurs, de faiblesse ; elles qui pourtant, ont effectué tout le travail de fond.

Dans les milieux politiques et associatifs, il y a toujours des groupes et/ou des personnes qui avec opportunisme, savent récupérer sur le fil, les fruits d’un travail. Dans le cas d’Act-Up, n’est-ce pas là l’occasion rêvée de se refaire une crédibilité LGBT alors que l’association, en perte de vitesse, n’est pas franchement représentative du Mouvement LGBT ? Difficile d’évaluer son bilan en matière de lutte contre le sida, les contaminations au VIH-Sida étant toujours aussi problématiques dans les populations gays et trans, mais elle n’en n’est pas la seule responsable ; en revanche, elle s’est beaucoup transformée ces dernières années, adoptant des pratiques qui ont été dernièrement dénoncées dans le texte publié à l’étranger : http://sousleparapluierouge.wordpress.com/2013/03/26/anatomie-dun-lobby-pro-prostitution-etude-de-cas-le-strass-en-france/.

Pour beaucoup de féministes, et pas seulement, elle passe pour un modèle de misogynie. La lutte contre l’homophobie doit passer par la lutte contre le sexisme, mais Act-Up préfère se concentrer et s’illustrer dans des actions communes avec le STRASS.
Samedi dernier encore, ses militants jetaient du faux sang partout sur le trottoir devant la Machine du Moulin rouge où avait lieu la convention « Abolition citoyenne de la prostitution » du 13 avril, pour tenter d’impressionner les femmes prostituées qui courageusement avaient pris la décision de venir témoigner, ces femmes qu’ils prétendent représenter mais musèlent constamment dés qu’elles ne défendent pas leurs thèses néolibérales et patriarcales sur la prostitution. 11 membres du STRASS et d’Act-Up, leur co-présidente salariée en tête, tentaient d’impressionner les 500 participant-e-s venus s’engager pour un projet qu’Act-Up comme le STRASS s’acharnent à dénaturer et discréditer violemment.
Ils rabâchent sans cesse et malgré toutes les évidences, les mêmes mensonges, à savoir que le projet abolitionniste c’est la prohibition de la prostitution, alors que c’est justement l’inverse : les abolitionnistes veulent eux-aussi, l’abrogation du délit de racolage, mais également des alternatives sociales et économiques à la prostitution, des mesures d’éducation et de pénalisation du client prostitueur afin de les conscientiser à l’égalité femme-homme, au respect de la personne humaine et à une sexualité libre et hors des lois du marché, et enfin, des mesures de lutte sans merci contre la traite et les réseaux qui inondent nos trottoirs.
Tout le projet est exposé avec transparence sur ce blog : http://abolition13avril.wordpress.com/2013/04/17/systeme-prostitueur-apres-labolition-citoyenne-labolition-legislative/
Et puis, la liberté dont ils nous parlent, qu’elle est-elle ? La liberté d’exploiter, d’aliéner, de briser des femmes au nom d’une prétendue « créance » patriarcale à la sexualité ? Et toute cette souffrance pour enrichir qui ?

Les thèses patriarcales et néolibérales d’Act-Up sont préjudiciables aux femmes. Alors si nous sommes habitué-e-s à la récupération politique de ceux qui sont habiles à ramasser les lauriers que d’autres ont semés et pouvons dans certains cas et notamment quand l’intérêt collectif l’exige, faire preuve d’indulgence, vis-à vis de tels soutiens de l’exploitation des femmes, pour moi, c’est non et ce sera toujours non, d’autant plus si ça ne présente aucun intérêt stratégique.

Bien entendu, l’important n’est pas là. Ce qui compte c’est que le mardi 23 avril et même si beaucoup reste à faire, toutes les générations de militant-e-s qui ont œuvré à cet objectif, toutes les lesbiennes et les gays de ce pays, s’approcheront un peu plus de l’égalité des droits en France.

Christine Le Doaré


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