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La manif #NousToutes est passée loin d’elles, les iraniennes

#25novembre2022 Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes : trois observations et convictions fortes.

  • La Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes n’est pas superflue.  
  • Le mouvement #NousToutes a tort de rassembler des luttes antagonistes et de rejeter l’universalisme au profit du relativisme culturel.
  • Le 25 novembre 2022 aurait dû, avant tout, être un immense plaidoyer en faveur des iraniennes qui se dévoilent au péril de leur vie pour se libérer du joug politico-religieux des mollahs, et des Afghanes livrées à leur terrible sort sous régime taliban.

La Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes n’est pas superflue.  

Cette année, la manifestation #NousToutes parisienne (et ses répliques en région) a eu lieu le samedi 19 novembre. A Paris, elle aurait rassemblé environ 18 500 personnes, un chiffre équivalent à celui de l’année précédente (+ 500/2021). Je ne cite pas le chiffre mis en avant par les organisatrices, dans chaque manifestation, les organisateurs ne savent pas évaluer correctement la participation. La manifestation #NousToutes était centrée sur les dysfonctionnements de la justice et de la police et les organisatrices réclamaient une loi-cadre contre l’impunité des agresseurs et des violeurs avec notamment « l’instauration de brigades et juridictions spécialisées ».

Il faut savoir que le gouvernement n’est pas contre, il attend les conclusions d’une mission parlementaire. Les budgets alloués à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles ne cessent d’augmenter, mais à l’évidence, il faut encore plus de moyens, ce qui d’ailleurs interroge fortement sur l’ampleur du sexisme et du machisme dans nos sociétés.

Déjà, 100 féminicides en 2022, il y en a eu 122 en 2021. Les viols rapportés à la police augmentent de manière exponentielle, certes la parole se libère mais le nombre de viols commis sidère par son importance sachant en plus, qu’une petite partie est déclarée et un infime pourcentage jugé.

Personne ne peut nier que les violences sexistes et sexuelles constituent toujours un problème de société majeur. Des femmes sont menacées, agressées, violées, dans leurs relations privées comme dans l’espace public où elles sont contraintes de limiter leurs libertés ou de prendre des risques. Il est inadmissible que la moitié de l’humanité vive toujours de la sorte.  

Le mouvement #NousToutes rassemble des luttes antagonistes et rejette l’universalisme au profit du relativisme culturel, intersectionnalité et surenchère victimaire.

Faire cohabiter dans un même cortège, des femmes en soutien aux iraniennes qui se révoltent et pour s’émanciper rejettent l’obligation du port du voile, et des femmes qui, au service d’un agenda politico religieux, tentent d’imposer en occident le port du voile dans les services et la fonction publics, est une aberration politique. Et ce n’est pas la seule.

Le slogan « Qui sème l’impunité récolte la colère » est puissant pourtant, il m’interpelle.  Il laisse sûrement de marbre les agresseurs et les violeurs qui ne sont jamais nommés ni mis en accusation, comme si les violences étaient commises par des abstractions et non des hommes bien réels. Les seuls responsables nommés sont police, justice et gouvernement. Certes, les dispositifs existants doivent être renforcés et les moyens mis en œuvre augmentés mais les premiers responsables de la situation sont bien les individus qui commettent ces violences et continueront de le faire peu importe les mesures adoptées. Pourquoi invisibiliser les coupables ? Je ne peux m’empêcher de penser à une forme d’instrumentalisation politique. D’ailleurs le texte d’appel laisse peu de doutes sur la question : « Nous manifesterons pour porter la voix … des 700 femmes assassinées sous la présidence d’Emmanuel Macron … «.

La justice est malade, elle manque de moyens dans tous les domaines, pas seulement dans celui des violences faites aux femmes,  et dans ce domaine, ont été alloués des moyens et prises des mesures ces dernières années comme jamais jusqu’alors. Tout est perfectible et l’état a bien entendu sa part de responsabilité, mais la cible première de la colère des féministes doit être avant tout les coupables des violences, il ne faudrait pas l’oublier.

Aller jusqu’à raconter que les victimes ne portent pas plainte parce qu’elles savent que cela ne les mènera nulle part est faux et irresponsable. Il faut au contraire encourager toutes les femmes à porter plainte et à aller jusqu’au bout.

Problématique aussi l’organisation d’un cortège tronçonné avec en tête un groupe exclusivement composé de militant.es racisé.es (apporter son nuancier et laisser ses amis derrière), LGBTQIA, précaires (se balader avec sa feuille d’imposition) … Encore une fois division du corps social et surenchère victimaire jusqu’à plus soif. Intersectionnalité mal digérée et absence de commun et de solidarité. Là encore il suffit de se référer au texte de l’appel qui plus que qu’aux violences patriarcales s’intéresse bien plus aux discriminations racistes, classistes, validistes, psychophobes (???), LGBTQIA+ (tant qu’on y est, mettons-y tout l’alphabet), sérophobes, grossophobes, islamophobes (ça y est le mot important est lâché) … qu’aux violences patriarcales. Il faudrait aussi mettre en avant les actes « transphobes », sachant que nombre de manifestations féministes sont attaquées par des trans-activistes misogynes, c’est assez troublant.

Quand on analyse le site et l’appel à la manifestation, on voit que rien n’est laissé au hasard, plus aucun droit à l’improvisation, à l’imagination, au pas de côté, il s’agit d’un véritable embrigadement, un peu comme dans les groupes gauchistes, zadistes et autres, tout est ultra professionnalisé, on comprend bien qui est à la manœuvre et on peine à sentir une authentique culture féministe derrière tout ça. https://www.noustoutes.org/manif2022/

Cette année, le 25 novembre aurait dû être un immense plaidoyer en faveur des iraniennes qui se dévoilent au péril de leur vie pour se libérer du joug politico-religieux des mollahs, et des Afghanes livrées à leur terrible sort sous régime taliban

Les mouvements féministes mondiaux et #NousToutes en particulier ne se sont pas mobilisés de manière significative pour soutenir le mouvement de révolte en Iran. Pourtant ce sont des femmes qui sont à l’origine de cette révolte et le mouvement a démarré après la mise à mort de Mahsa Amini. Depuis, des dizaines d’autres jeunes femmes ont été assassinées par les brigades de sécurité de la République islamique d’Iran. Depuis des années les femmes iraniennes se révoltent contre les diktats du régime islamique qui les prive de liberté. Elles ont lancé les mouvements #MyStealthyFreedom #MyCameraIsMyWeapon #FreeFromHijab #LetUsTalk et bien d’autres pour affirmer leur volonté de liberté qui passe par le rejet du hijab obligatoire, se mettant en scène cheveux au vent. Elles forcent le respect et méritent un soutien et une solidarité des femmes du monde entier. Mais non, les féministes intersectionnelles sont à la traîne, gênées aux entournures, elles qui ont fait le choix d’alliances douteuses avec des femmes soumises au patriarcat fondamentaliste islamique. Comment faire pour soutenir les iraniennes et ne pas braquer les militantes affiliées aux Frères musulmans qui se prétendent féministes ? Même Nemesis groupe d’extrême-droite peut s’infiltrer dans la manifestation et abuser de provocations avec burqas et voiles, elles savent que par peur d’être accusées d’islamphobie, #NousToutes ne les expulsera pas du cortège.

Les violences sexistes et sexuelles sont imposantes partout, mais s’il y a bien un pays et des femmes qui méritaient un mouvement féministe d’ampleur ce #25novembre, c’était bien les iraniennes. Elles peuvent toujours courir. Les Afghanes abandonnées à leur terrible sort aux mains des talibans aussi.

En conclusion, les mouvements féministes mainstream ont encore fait la preuve cette année que trahir le féminisme universaliste au profit du relativisme culturel intersectionnel ne fait que nous diviser et affaiblir. Les iraniennes comme toutes les femmes qui s’affranchissent des pires patriarcats ne peuvent pas compter sur les féministes #NousToutes


Christine Le Doaré

Nous, sans les iraniennes #MeToo 5ème anniversaire

C’est le cinquième anniversaire de #MeToo, immense vague de libération de la parole des femmes victimes de violence sexuelles. L’affaire Weinstein est celle qui aura fait déborder un vase plein à ras bord et il aura suffi d’un hashtag pour que le monde s’embrase : #MeToo.  En 24 heures à peine, des millions de publications inondèrent les réseaux sociaux. Les révélations mises à jour dans cette affaire étaient énormes, tout le milieu du cinéma et bien au-delà, était touché. Plus personne ne pouvait nier qu’il s’agissait d’un système généralisé de harcèlement, de prédation et de violences sexuelles contre les femmes, toutes les femmes. Enfin, toutes prenaient la parole et osaient le dire publiquement, elles aussi avaient subi, subissaient, des violences sexuelles.

Depuis, des reproches se sont multipliés.  Les libérations peuvent générer des excès. Des femmes vont parfois trop loin en érigeant des tribunaux populaires, en accusant et condamnant sans respect des droits de la défense et en se substituant à la justice. Néanmoins, quel soulagement ! Enfin les femmes parlaient, enfin la société prenait conscience de l’ampleur du problème, enfin, l’impunité n’était plus la règle à laquelle des générations de femmes se sont heurtées. Aujourd’hui, les plaintes pour violences sexuelles sont en hausse, preuve que les femmes ne se tairont plus mais aussi que rien n’est terminé, les effets de siècles de domination ne disparaîtront pas en quelques années. Il faut continuer de lutter contre les violences sexuelles.

En tant que féministe je salue donc l’émergence de #MeToo et célèbre son cinquième anniversaire. En revanche, en tant que féministe universaliste, solidaire des femmes du monde entier, je déplore le manque de solidarité envers les iraniennes.

Les iraniennes vivent leur révolution. Elles sont enfermées dans un infernal apartheid sexuel, considérées comme des mineures, soumises à l’autorité paternelle ou maritale, elles doivent s’effacer dans l’espace public, contraintes de porter le hijab, leurs cheveux étant considérés comme une provocation. En ce moment, elles meurent, assassinées par les mollahs parce qu’elles veulent s’affranchir d’une obligation patriarcale religieuse ; elle ne veulent plus être contraintes de porter ce symbole de soumission dont le patriarcat les affuble. Peut-il exister pires violences ?

Où sont les mobilisations mondiales #MeToo pour les soutenir ?

Les féministes américaines de #MeToo ont été noyautées un temps par des islamistes comme Linda Sarsour ; les féministes occidentales sont rongées par l’idéologie intersectionnelle. En France, république laïque, les Frères musulmans et autres islamistes, poussent les femmes musulmanes à porter le voile dans l’espace public alors que leurs mères et grands-mères le délaissaient, et à revendiquer de le porter dans les services publics et établissements scolaires.

Les féministes intersectionnelles qui sont désormais les plus audibles et médiatisées, mettent sur le même plan l’absence de liberté des femmes ici, empêchées de se voiler dans le cadre du service public, et l’absence de liberté des femmes en Iran obligées sous peine de mort, de se voiler. Ce n’est pourtant absolument pas comparable. Le voile n’est pas en occident interdit dans l’espace public, mais dans une République laïque, il est interdit dans les services publics ; dans tous les cas, aucune femme n’est ici harcelée, emprisonnée ou tuée pour son voile ou absence de voile.

On voit à quel point cette rhétorique est absurde et pourtant, c’est bien elle qui est à l’origine du peu de mobilisation féministe en faveur des femmes iraniennes. Les mouvements féministes mainstream ne soutiennent les iraniennes que du bout des lèvres alors qu’il devrait y avoir une vague de mobilisation aussi gigantesque que celle du #MeToo d’il y a cinq ans.

#MeToo c’était formidable, mais c’est la parole des femmes du monde entier qui doit se libérer et être soutenue des féministes, la solidarité féministe ne devrait pas être à géométrie variable. Je doute que les iraniennes, les afghanes, etc. aient le temps ou l’envie de souhaiter un bon anniversaire à #MeToo

Christine Le Doaré

#25novembre2021 Encore un effort !

Je suis solidaire de la stratégie adoptée par d’importantes associations féministes qui cette année pour le 25 novembre, Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, proposent de former un cortège abolitionniste de la prostitution, au sein du cortège de #NousToutes et ainsi de se démarquer du reste de la manifestation.

Les associations : Osez-le-Féminisme! Solidarité Femmes 3919, Femmes Solidaires, le Mouvement du Nid, l’Amicale du Nid, le Collectif féministe contre le viol, le Centre d’informations sur le droit des femmes et des familles, aussi l’Assemblée des Femmes proposent de « marcher ensemble le samedi 20 novembre, contre toutes les violences sexistes et sexuelles » regroupées dans un cortège identifié contre « tout achat d’actes sexuels ».

Fort justement elles remarquent « qu’il est devenu difficile, voire dangereux de dénoncer le système prostitueur » et dénoncent « les intimidations, menaces ou violences commises à l’encontre de survivantes de la prostitution ou de militant.es abolitionnistes au sein même des cortèges lors des manifestations ». (1)

Cette démarche est d’autant plus légitime que les mouvements qui soutenaient le système prostitueur avant le vote de la loi d’abolition, opèrent un retour en force et plutôt que de demander l’application et le renfort de la loi, la dénigrent et tentent de parvenir à une légalisation et ce alors même que les pays réglementaristes dépassés par la violence des réseaux mafieux, songent à adopter l’abolition !

En dénonçant la violence qui depuis une bonne dizaine d’années, s’exprime dans les cortèges féministes, ces associations reconnaissent à bas mots les dérives qui mettent en danger le mouvement des femmes.

Elles se démarquent ainsi des groupes intersectionnels queer et trans-activistes, qui défendent un féminisme dit « pro-sexe » défenseur du système prostituteur. Une imposture qui vise à invalider toute notion d’oppression des femmes, toute lutte féministe collective puisque tout est affaire de genre, de choix individuel et encore mieux, de fluidité.

En faisant un effort, elles pourraient aussi se démarquer des groupes identitaires, indigénistes et anticoloniaux, adeptes du relativisme culturel, qui notamment, défendent un « féminisme musulman » en vantant les joies émancipatrices du voile.

Ce sera peut-être pour l’année prochaine, ce ne devrait pas être si difficile puisqu’en général, ce sont les mêmes groupes, logiques et influences qui sont à l’œuvre.  

Il faudra aussi qu’elles s’interrogent sur le groupuscule des Effrontées qu’elles trainent toujours derrière elles, alors que la responsable de ce groupe « intersectionnel et LGBTQI+ trans » qui diffame régulièrement les universalistes, a clairement fait le choix de se rapprocher des mouvances indigénistes, de Lallab, et autres groupes défendant les diktats religieux patriarcaux.

Il est temps pour les associations féministes de revenir aux fondamentaux du féminisme universaliste, de condamner toute les menaces et violences à l’encontre des militant.e.s universalistes et de repousser tous les excès des woke et cancel cultures américaines.

Allez, encore un petit effort, et si je peux me permettre, la lecture de mon livre « Fractures ! Le féminisme et le mouvement LGBT en danger » (2) qui vient de paraître aux éditions Double Ponctuation, pourrait aider à avancer vers une nécessaire reprise en main, avant qu’il ne soit trop tard. La proposition d’un tel cortège au sein de la manifestation est un premier pas, mais il faut aller beaucoup plus loin et plus vite. Tôt ou tard, le rapport de force devra s’inverser ou il en sera fini du féminisme. Cela s’appellera autrement et n’aura plus grand chose à voir avec le sujet.

Christine Le Doaré

Remballe ton féminationalisme !

Remballe ton féminationalisme !

Retour sur le débat sur France culture « Projet de loi principes républicains et droits des femmes »

Le jour de la présentation du projet de loi du gouvernement sur le respect des principes républicains au Parlement, Emmanuel Laurentin proposait dans Le temps du débat sur France culture, un débat intitulé « Le Projet de loi sur les principes républicains fait-il avancer les droits des femmes ? ». Ghada Hatem obstétricienne et présidente de la Maison des Femmes de Saint-Denis, Kaoutar Harchi sociologue et moi-même juriste et militante féministe porte-parole des VigilantEs, étions invitées à débattre. L’émission était bien préparée et le temps de parole fut globalement bien réparti, pour une fois, les conditions du débat furent bonnes. Le panel choisi devait garantir un équilibre : une intervenante globalement favorable à la loi, une autre franchement opposée et la troisième devait se situer entre les deux. Je vous laisse écouter le podcast si vous avez manqué le direct et en juger par vous-même mais en ce qui me concerne, j’ai tout de même eu nettement le sentiment que nous étions deux contre une.

Ce qui m’a étonnée d’emblée c’est que les deux intervenantes autant que le journaliste ont éludé les motivations qui prévalent au projet de loi, comme si le danger islamiste auquel nous étions confrontés n’existait pas. Parler d’un projet de loi en esquivant le contexte dans lequel il s’inscrit est tout de même troublant.

Quand j’entends et lis la sociologue Kaoutar Harchi, je l’associe à la mouvance relativiste, indigéniste et anticolonialiste.  Ghada Hatem quant à elle se présente comme universaliste mais se réfugie le plus souvent derrière son expérience du quotidien. J’ai trouvé un peu court le fait de se contenter de présenter un témoignage alors qu’il est question d’un projet de société, et quelque peu cynique de conclure en affirmant que cette loi ne sert à rien sans avoir apporter le moindre argument féministe et politique.

Si j’ai apprécié le calme contenu du débat, tenu mon cap et pu développer quelques arguments, j’ai tout de même trouvé pénible d’intervenir face à une relativiste qui construit artificiellement un discours à coups de contrevérités enrobant le tout dans un verbiage aussi prétentieux que creux. Et surtout, je regrette de n’avoir pas eu le temps de mieux contrer l’arnaque sémantique présentée par Kaoutar Harchi sous le terme de « féminationalisme ».

Jamais à court de manipulation, les relativistes cherchent désormais à décrédibiliser les féministes universalistes qui travaillent sur les droits des femmes, avec des institutions républicaines.  Ce terme de « féminationalisme » signifie que l’état ne peut être à l’initiative d’aucune bonne mesure en matière de droits et de libertés des femmes, d’égalité femmes-hommes. C’est logique puisque l’état selon ces relativistes est pourri, xénophobe et génère des discriminations. Après le « racisme d’état », nous voici avec un « sexisme d’état » !  On aurait dû la voir venir celle-ci !

Ce terme de « féminationalisme » est une énorme arnaque sémantique, c’est surtout la manifestation d’une haine insensée envers nos institutions républicaines et l’état français. Il y a du racisme, de l’antisémitisme, de l’homophobie, du sexisme en France, des racistes, des xénophobes, des homophobes, des sexistes … mais l’état condamne ces haines, il prend des lois pour les punir, adopte des dispositifs de prévention et d’éducation pour les combattre. Il peut faire plus et mieux mais il n’est pas à l’origine de ces haines. Les femmes qui vivent dans les pays où la religion fait loi souffrent d’une oppression sans nom, mais c’est en France que nous serions en but à un sexisme d’état, mais bien sûr !

A l’évidence ce sont bien les féministes qui imposent un rapport de force et entraînent notre démocratie vers l’égalité femmes-hommes, mais quand nos institutions sont réceptives et prennent en charge – pas toujours au mieux ni suffisamment certes – la lutte contre les discriminations et violences sexistes, quelle perversion tout de même d’oser parler de « féminationalisme » pour discréditer ces avancées ! Et dans quel but ? Faciliter les coups de boutoir des intégrismes et au premier chef de l’islam politique ? L’association décomplexée entre un certain marxisme et l’islamisme n’a pas fini de me stupéfier. Pourquoi donc vouloir protéger l’islam politique ? Décidément, féminisme relativiste, indigénisme et distorsion rhétorique sont des pléonasmes. Je l’affirme une fois de plus, vivre dans une République laïque protège les femmes des pires injonctions religieuses et politiques patriarcales. La laïcité est un principe juridique mais aussi d’organisation sociale émancipateur, pour les droits des femmes comme pour tous.

Kaoutar Harchi prétend aussi que tous les féminismes sont universalistes. Bien essayé, mais non. Empiler les discriminations comme le fait l’intersectionnalité, pour reléguer les revendications féministes aux calendes grecques ou les dénaturer, voire les saboter, ne leur donne pas du tout une portée universaliste. Le prétendre c’est relativiser l’universalisme. L’agenda de Kaoutar Harchi est prioritairement de déstabiliser l’état français, le féminisme n’est pour elle qu’un cheval de Troie et Ghada Hatem n’a pas une seule fois tenté de la contrer. Malaise.

Les intervenantes ont aussi insisté sur le fait que certains des articles de cette future loi existent déjà pour partie, certes, mais ils sont manifestement inopérants pour lutter contre des délits de fait, il est donc nécessaire de les préciser et compléter.

Les « féministes » relativistes qui sans vergogne sacrifient les droits et libertés, l’émancipation des femmes sur l’hôtel de l’intersectionnalité des luttes et condamnent les femmes les plus vulnérables à subir les traditions et religions d’un communautarisme qui les exclut des avancées bénéfiques aux femmes qui ont la chance de vivre dans une république laïque, sont des cyniques qui abandonnent nombre de femmes aux violences de leur communauté. Que de telles féministes séduisent une bonne partie de la gauche et pas seulement, ainsi que les médias qui se pensent progressistes, est l’une des pires absurdités de notre époque. C’est peut-être aussi la meilleure forme de résistance du patriarcat.  

Je le redis, selon moi, cette loi répond à un besoin urgent, celui de contrer les fondamentalismes religieux et les séparatismes qu’ils produisent en renforçant les principes républicains et la laïcité. Il aura fallu l’assassinat de Samuel Paty pour qu’enfin un gouvernement s’attèle à l’immense tache de freiner la progression des intégrismes religieux et notamment de l’islam politique qui fracture la cohésion nationale. Nous ne pouvons pas laisser se renforcer l’emprise des mouvements fondamentalistes déjà très prégnante. La communauté nationale, la citoyenneté républicaine prévalent sur le communautarisme et l’identitarisme.

Désormais défendre la laïcité ne suffit plus, le terrorisme islamiste nous décime et il faut s’attaquer à l’idéologie politique qui le nourrit. Le problème n’est jamais celui de la laïcité, les principes républicains ne tuent personne mais les intégrismes et en particulier l’islamisme si. Rien dans le projet de loi ne vise les musulmans, mais le fondamentalisme, l’islam politique et radical, le salafisme et les Frères musulmans qui les menacent tout autant que nous. Les laïques militent pour une République unie par des valeurs de progrès et d’émancipation, les laïcistes ou laïcards n’existent pas. Les dangereux « laïcards » sont en réalité ceux qui sont l’objet de menaces permanentes.

La loi pose des interdits, protège les plus vulnérables, elle traduit le rejet par une société, d’actes et comportements répréhensibles. Dans une société égalitaire qui prône l’égalité Femmes-hommes, les pratiques sexistes qui constituent des discriminations et des violences doivent être condamnées par la loi. Le mariage forcé, l’exigence de virginité, l’excision, la captation sexiste d’héritage, la polygamie sont toutes des pratiques sexistes qui ne visent et pénalisent que les femmes et leur valeur sur le marché du mariage communautaires. Ce sont bien des violences faites aux femmes, à ce titre ils doivent donc être frappés d’interdit, devenir des délits. Si les textes existants sont contournés et ne suffisent pas, ils doivent être précisés. S’opposer à ce projet de loi c’est favoriser l’islamisme et tous les intégrismes. Ce qui ne signifie pas qu’il ne faut pas chercher à le corriger, perfectionner, enrichir.  Il n’est pas parfait.

Christine Le Doaré

Pour aller plus loin.

La loi comporte un volet répressif

Renforcer notre législation répressive, en créant de nouveaux délits dans le code pénal.

L’article 25 lutte contre la haine en ligne, il créée un délit de mise en danger de la vie d’autrui par diffusion d’informations relatives à la vie privée, familiale ou professionnelle d’une personne permettant de l’identifier ou de la localiser. Délit puni de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amendes.

L’article 4 crée un délit quand des pressions, menaces, intimidations sont exercées sur des agents de l’Etat ou des élus. Il aurait pu sauver Samuel Paty s’il avait existé. Délit puni de 5 ans d’emprisonnement.

Renforcer notre appareil juridique avec la création d’un pôle de magistrats spécifique dédié à la lutte contre la haine en ligne.

D’autres dispositions visent contrôler les lieux de culte et neutraliser les extrémistes. Il s’agit de s’assurer de la transparence de l’exercice des cultes en modifiant le financement des associations cultuelles et d’éviter toute prise de contrôle d’une mosquée par des extrémistes.

Concrètement, il s’agit de :

  • modifier la loi de 1905 en encourageant  les associations cultuelles musulmanes (loi 1901) à adopter le statut « loi 1905 ».
  • modifier la loi de 1905 de séparation des églises et de l’état sur le volet des financements : les dons étrangers dépassant 10 000 euros seront soumis à un régime déclaratif de ressources. Les comptes annuels devront être certifiés par un commissaire aux comptes.
  • élargir le droit d’opposition de Tracfin (suivi des flux financiers indésirables) pour savoir qui finance qui et quoi sur le territoire de la République.
  • interdire par un juge, la parution dans les lieux de cultes de personne condamnées pour acte de terrorisme ou provocation à la discrimination, haine ou violence, article 45.
  • porter à 7 ans de prison la peine pour provocation à la haine ou à la violence, commises dans un lieu de culte

La Loi comporte un volet éducatif

Concrètement, il s’agit :

  • d’interdire des écoles associatives clandestines
  • d’interdire l’instruction à domicile pour les enfants de plus de 3 ans (sauf cas particuliers à lister – demande du Conseil d’état ) article 18.
  • de renforcer l’encadrement des écoles hors contrat avec fermeture en cas de dérives, article 20.
  • d’attribuer aux enfants un identifiant national destiné aux autorités académiques qui devront s’assurer qu’aucun enfant ne soit privé de droit d’instruction, article 20.

Il a été observé dans des quartiers que des petites filles manquent à l’appel.

La loi renforce le contrôle du respect des valeurs de la République par les collectivités et associations.

Concrètement il s’agit de :

  • D’interdire aux auteurs de délits relatifs à la provocation et à l’apologie d’actes terroristes d’exercer des fonctions au contact du public. La neutralité religieuse des agents de service public doit être obligatoire (SNCF, aéroports, bus …). Terminé de refuser de parler ou serrer la main des femmes. (Sanction par le préfet)
  • De renforcer les pouvoirs des préfets : En matière de financement d’associations qui prétendent avoir un objet culturel alors que ce sont des associations cultuelles notamment, les préfets pourront s’opposer au versement de subventions publiques aux associations qui ne respectent pas les valeurs de la République (mixité, laïcité … ). L’article 6 oblige les associations à signer un contrat d’engagement républicain. L’article 8 modifie les conditions de dissolution des associations en fonction des agissements de certains de leurs membres.

L’article 24 renforcera le contrôle sur les fédérations sportives.

  • Les objectifs de mixité sociale dans les logements sociaux et l’hébergement d’urgence pourront être modifiés par ordonnance.  art. 27 et 28)
  • Renforcer l’égalité des droits des femmes : Pour lutter contre la discrimination à l’héritage, la polygamie et le mariage forcé, la nouvelle loi renforce le droit des familles et la protection des femmes.

-L’article 13 renforce la réserve héréditaire sur les biens situés en France quand la succession relève d’une loi étrangère.

-L’article 16 punit d’un an d’emprisonnement l’établissement d’un certificat médical de virginité : cette question ne doit plus relever de la responsabilité individuelle des médecins qui peuvent d’ailleurs subir une pression des familles ; c’est une question de droits des femmes, d’émancipation, d’égalité F-H. La loi protège les personnes les plus vulnérables de l’obscurantisme. Si une jeune femme doit fournir un certificat de virginité avant le mariage, dans quelle situation risque-t-elle de se trouver après le mariage ? Les gynécologues pourront d’autant plus facilement refuser de délivrer un tel certificat si la loi l’interdit. En outre, rien ne les empêche de faire un signalement pour protéger leur patiente et vérifier qu’il n’y a pas contrainte, menace et mariage forcé. Tout le reste n’est que concession à l’oppression des femmes.

-L’article 17 contraint les officiers d’état civil à saisir la justice en cas de doute sur le consentement des futurs mariés.

  • La polygamie sera un obstacle à la délivrance d’un titre de séjour et à la pension de réversion. Depuis les lois Pasqua 1993 et l’article 147 du code civil, elle est interdite en France. Mais contournée par des mariages à l’étranger. Il s’agit de lutter contre la polygamie de fait.

Espérons que par le jeu de la navette parlementaire et des amendements nous irons plus loin et que seront adoptés des articles relatifs au voilement des fillettes, véritable maltraitance : perte d’innocence par une sexualisation prématurée, endoctrinement.

Une telle loi aurait dû être prise bien plus tôt, mais aucun gouvernement n’a eu jusqu’alors ce courage politique.

Dans l’intérêt de tous. Nous ne sommes plus en capacité de résister efficacement à l’influence du religieux, au fondamentalisme conquérant, ni au relativisme culturel de trop d’intellectuels et politiques qui constamment montent au créneau pour justifier que des musulmans mais d’autres aussi, ne soient pas éligibles aux droits humains universels, au prétexte que leur culture serait différente, alors que l’humanité et les droits humains sont indivisibles.

Il n’y a pas en France de racisme d’état, pathétique tentative d’hystériser le débat et de l’aligner sur des problématiques propres à d’autres pays, en particulier les USA. La laïcité est attaquée en France et globalement partout. A l’ONU nombre de représentants ne dissimulent pas leurs convictions religieuses, en particulier en matière de droits des femmes. Pourtant la laïcité est un préalable aux droits humains, il est évident que la séparation des cultes et de l’état favorise les libertés notamment celles des femmes et des minorités sexuelles.

Dans le monde, des militantes féministes qui vivent sous la menace des autorités religieuses s’inquiètent de l’influence des fondamentalistes dans les instances internationales et du soutien qu’ils reçoivent des intellectuels, universitaires et médias dans les pays occidentaux. Le relativisme culturel peut avoir pour elles de très graves conséquences. Ceux qui veulent substituer aux droits universels des droits culturels spécifiques pour une mosaïque de micro-identités affaiblissent et menacent les droits humains universels.

Dans l’intérêt des femmes. Renforcer et sécuriser les principes républicains dans notre république laïque, ne peut que profiter aux droits des femmes. L’influence des traditions et religions n’est pas étrangère à l’oppression des femmes. C’est pourquoi la laïcité est un projet émancipateur. Les féministes universalistes et laïques savent que la laïcité est un préalable à l’émancipation des femmes. A l’évidence, les femmes sont plus autonomes et libres dans les pays où la loi les protège et c’est le cas en France, plutôt que dans ceux où les religions patriarcales sont la source du droit.

Christine Le Doaré

Le podcast de l’émission :

Cette journée du 9 décembre est à la fois la journée de la Laïcité (115ème anniversaire de la loi du 1905) – et vous avez entendu sur notre antenne et sur notre site des programmes spéciaux consacrés à ce principe – et celle que le gouvernement a choisi pour présenter au Conseil des ministres son projet de loi sur les principes républicains. Cinquante-sept articles, cinq parties : un des grands projets législatifs de ce quinquennat qui devrait venir devant le Parlement en février. En l’annonçant lors de son discours des Mureaux le 2 octobre, le président de la République avait dit qu’un de ses objectifs, alors que ce projet voulait alors combattre ce qu’il qualifiait de « séparatisme », était de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes.

INTERVENANTS

https://www.franceculture.fr/emissions/le-temps-du-debat/le-temps-du-debat-emission-du-mercredi-09-decembre-2020?fbclid=IwAR2H5yZfHJetsCMfAlPf0dWuEIgTjAHwhBoNX9vSNTfSkZKgSOLCQxlSAiA

La critique du néo-féminisme est-elle tabou ?

 

 

 

 

 

 

 

Deux tribunes publiées dans le Monde la même semaine m’ont quelque peu énervée.

La première dans laquelle Camille Froidevaux-Metterie règle des comptes avec Mazarine Pingeot et Belinda Cannone,  Néoféminisme : « La morgue de Mazarine Pingeot ne nous tuera pas » et la seconde, dans laquelle Christine Bard omet d’exercer un regard critique sur les évolutions hasardeuses d’un féminisme de réaction.

Selon Camille FM, Mazarine Pingeot et Belinda Cannone développeraient un féminisme universaliste qui «refuserait de voir disparaître l’ancien monde de domination masculine». Les néo-féministes quant à elles, refuseraient de réduire le féminisme à l’égalité des droits et des chances alors que les femmes continuent de subir des violences physiques et sexuelles.

Ça commence mal. Je me demande ce que signifie féminisme universaliste pour Camille FM ? Pour rappel, le féminisme universaliste conformément au fondamentaux du féminisme, lutte contre un système patriarcal dans lequel les hommes s’approprient le corps et la vie des femmes pour la sexualité et la reproduction (transmission des gênes et du patrimoine) en les dominant, ET cette lutte est universelle puisque toutes les femmes subissent un socle commun de discriminations et de violences (ce qui ne contredit en rien le fait que des spécificités se surajoutent). 

Par quel curieux raisonnement le féminisme universaliste devient-il synonyme de simple égalité des droits ? Ça n’a aucun sens,  la simple égalité de droits n’est qu’un préalable incontournable. Ce sont bien les rapports de force et de domination sociaux culturels qui sont en jeu. L’égalité des droits relève d’une exigence républicaine et progressiste. Il n’y a même pas besoin d’être féministe pour l’exiger.

Les néo-féministes n’ont donc strictement rien inventé et il est stupide d’opposer féministes universalistes et néo-féministes sur ce point.   

 

Camille FM va plus loin : «Mais ce que les croisées de la vertu universaliste refusent surtout d’admettre, c’est le fait certain que, derrière chaque victime de violences, il y a un agresseur, un homme donc.» «Les croisées de la vertu universaliste» ?! Rien que ça ? Les féministes universalistes sont-elles désormais coupables de viser l’émancipation des femmes du monde entier et au-delà de l’humanité ?

Les féministes universalistes refuseraient de reconnaitre que derrière chaque victime il y a un homme ? C’est absurde. Aucune personne sensée, aucune féministe, aucun pro-féministe ne peut décemment nier que dans un système patriarcal, les violences sexuelles sont dans une écrasante majorité commises par des hommes. En tous cas, aucune féministe universaliste ne le fait. Nous nageons en pleine confusion des concepts.

En réalité, le problème est ailleurs : dans la manière d’agir et dans la récupération politique. Quand l’émotion l’emporte sur la raison et que l’outrance et la haine guident une lutte, et que des stratèges politiques sont en embuscade, que peut-il en sortir de constructif ? Le mouvement mainstream s’appuie sur l’émotion des féministes 3ème vague qui à bout, plongent sans analyse, recul ni perspective, dans la victimisation, le ressentiment, la vengeance. Rien de plus facile que de récupérer cette énergie et de la détourner à profit d’autres desseins. 

Camille FM veut «démolir les fondements patriarcaux de notre société», très bien, les féministes universalistes aussi, elles s’y emploient d’ailleurs depuis toujours, Camille FM je ne sais pas. Mais démolir un système c’est le remplacer par un autre. 

Justifier par ses blessures de mener des procès en place publique alors même que les désignés à la vindicte ne sont pas inquiétés par la justice (affaire Coffin/Girard), et tout en ménageant des T. Ramadan ou A. Traoré par exemple, n’est pas crédible et instaure une dangereuse violation de la présomption d’innocence. Brandir des pancartes d’appareils génitaux masculin tranchés, et sur lesquelles il est question de viol « génocide individuel », c’est surement jubilatoire, mais je doute que cela nous amène à envisager sereinement un projet de société alternatif et puis les mots ont un sens, il faudrait s’en souvenir.  Enfin, tout ceci n’est pas sans risque d’un violent retour de bâton.

 

On s’en doutait, le mot universalisme n’était pas là pour la forme et le mot intersectionnel n’allait pas tarder à apparaître. Camille FM en fait la promotion et verse dans les passions racialistes du moment, racontant que les féministes universalistes « avaient mis des décennies à se débarrasser de leur solipsisme blanc ». Quel manque de culture féministe, quel manque de militantisme féministe. Toute féministe ayant milité dans le mouvement, une maison des femmes ou ailleurs, sait les liens, les campagnes, le solide travail de fond et de solidarité internationale tissé avec les féministes du monde entier ; sait tout le travail entrepris avec les femmes des quartiers, l’accueil des femmes émigrées, migrantes, sans papier, contre l’excision … De tels raccourcis sont inadmissibles et une insulte au mouvement féministe.

 

Grâce aux intellectuelles gavées de soupe intersectionnelle Social Justice Warriors, essentialiste et différentialiste, le féminisme victimaire qui manque cruellement d’analyse et de perspective est récupéré pour d’autres agendas par les mouvements identitaires ; aujourd’hui au nom de l’antiracisme, par les mouvements racialistes et indigénistes, obsédés par la race et l’épuration à la sauce cancelculture. Un gigantesque boulgi-boulga dans lequel le projet de société féministe sera rapidement dissous. L’intersectionnalité des luttes conduit toujours à affaiblir les luttes des femmes au profit d’autres causes jugées prioritaires.

Camille FM est philosophe et professeure de sciences politiques à l’université, on comprend mieux comment sont formatées les générations d’étudiant.e.s qui désormais semblent toutes sortir du même moule. Avoir son propre mode de raisonnement et d’analyse vous voue immédiatement aux gémonies.

 

 

Christine Bard quand à elle nous rappelle à juste titre que « le féminisme d’action a toujours été critiqué » et nous explique que les divisions sont inévitables dans le mouvement féministe.

Certes mais il y a une marge considérable entre une tendance et une imposture. Le féminisme à la carte où des femmes défendent l’apartheid sexiste du voile imposé par les religieux, tournent le dos aux femmes contraintes au port du voile obligatoire, au mariage forcé, au mariage des mineurs, à la polygamie, à la loi du père et des grands frères … ce n’est pas du féminisme, c’est une grossière imposture.   Invoquer la sororité pour contraindre les féministes universalistes à accepter de tels dévoiements du féminisme est tout de même limite.

Des femmes qui se disent féministes mais s’engagent dans des idéologies différentialistes, racialistes, empreintes de relativisme culturel ne sont pas à mes yeux «engagées pour en finir avec les violences masculines et le patriarcat» et n’en déplaise à Christine Bard, ne sont pas mes soeurs. Il ne s’agit pas de bon ou de mauvais féminisme, c’est du féminisme ou ça n’en n’est pas.

 

Contrairement à Christine Bard, je ne pense pas que le féminisme d’action de la Barbe ait jamais été diabolisé, celui des Femen plutôt ; seulement ce type d’activisme qui fait plutôt consensus, porte en lui ses limites : quand on monte cent fois sur une estrade pour dénoncer l’absence des femmes à la tribune, à la cent et unième fois, ça n’intéresse plus plus grand monde. Selon moi, ce n’est pas ça le féminisme radical. Le féminisme radical ne fait pas de concession, il poursuit l’objectif d’émancipation de toutes les femmes partout dans le monde, et donc la fin de toute oppression patriarcale, communautaire et religieuse comprises. Avec la Barbe et bien d’autres, on en est loin. Comparer la Barbe des années 2000 aux suffragettes qui n’avaient ni droit de vote ni aucun droit à la moindre autonomie et un peu léger pour une historienne féministe.

 

Je suis en accord avec Christine Bard quand elle constate l’étendue des violences patriarcales et leur tolérance dans nos sociétés. Les femmes sont sans aucune contestation possible, toutes victimes de la domination masculine et de violences sexuelles, à des degrés différents, parfois à peine perceptibles (position sociale, professionnelle, éducation, … ), et cela doit prendre fin. Mais nous enfermer dans un féminisme victimaire qui maintient les femmes dans un statut de victime est une impasse.

Dans le sillage des mobilisations américaines, les dernières manifestations féministes sont certes plus massives mais les organisatrices de talent auxquelles Christine Bard fait référence font carrière dans le féminisme, elles disposent de moyens adéquates ; en revanche, elles choisissent soigneusement leurs mobilisations, on ne les entend guère condamner les pressions communautaires et religieuses auxquelles sont soumises des femmes, ni condamner certains violeurs ; on ne les entend pas plus soutenir les femmes Kurdes, Iraniennes, Pakistanaises… Elles tirent profit de l’élan des jeunes néo-féministes qui, on le comprend fort bien, n’en peuvent plus des violences sexuelles et se lèvent enfin.

Mais je regrette qu’une experte telle que Christine Bard, que je respecte pour son précieux travail, ayant l’occasion de prendre la parole dans Le Monde, ne dise rien des dangers de ce déferlement improvisé d’émotions instrumentalisé par des stratèges plus aguerries et par une extrême-gauche opportuniste. Je regrette que Christine Bard n’exprime aucune réserve sur des velléités de justice féministe spécifique et en dehors de tout principe de droit républicain.

 

Cette génération blessée qui ne supporte plus rien, qui voudrait tout condamner et tout effacer de manière expéditive sait-elle seulement que la prochaine à en faire les frais sera d’ici peu, elle-même ?

Les universitaires et autres faiseurs d’opinion peuvent-ils encore exprimer leurs doutes et critiques ou sont-ils déjà tétanisés par le terrorisme intellectuel qui, poussé par un mauvais vent venu d’outre atlantique, cherche à s’imposer chez nous ?

Il semble bien que garder un oeil critique sur les évolutions du féminisme soit devenu tabou.

Christine Le Doaré

L’universalisme est inhérent au féminisme

IMG_1929Le féminisme a toujours été pluriel : qui s’intéresse au féminisme a entendu parler des clivages dans les années 70, entre la tendance essentialiste de psychanalyse et politique d’Antoinette Fouque, la tendance universaliste opposée au différentialisme le jugeant consécutif de constructions sociales, et la tendance matérialiste des féministes lutte de classes.

Plus récemment, les féministes, qu’elles soient engagées pour l’abolition de la prostitution ou contre le voile islamique des employées de crèche (affaire babyloup) et celui des mères accompagnatrices scolaires, témoignent que les oppositions actuelles sont infiniment plus violentes que celles des années 70. Les théories Queers américaines ont inspiré un féminisme dit «pro-sexe» (comme si le féminisme était contre la sexualité !), ses activistes peuvent être très virulent.e.s contre les féministes cisgenres (par opposition à transgenre) et les militantes abolitionnistes de la prostitution. Le sont tout autant les activistes relativistes des mouvements indigénistes et racialistes qui malgré des contradictions flagrantes, se prétendent féministes. 

Dès la fin des années 90, avec la montée des intégrismes religieux et l’influence grandissante au sein des institutions internationales, de pays tel que l’Iran ou l’Arabie Saoudite, émergent des groupes dits «féministes musulmans» ; généreusement financés, ils s’emploient à contester l’universel des droits des femmes et à disqualifier le féminisme universaliste. Les féministes universalistes iraniennes, saoudiennes, égyptiennes, et toutes les autres, sont empêchées ou menacées et beaucoup doivent trouver asile en occident pour résister.

En occident, ceci se traduit par un relativiste culturel dont nombre d’intellectuels et politiques de gauche se font hélas les porte-voix. Le relativisme culturel renvoie les femmes à des spécificités communautaires, traditionnelles et religieuses. Ce qui est valable pour les femmes occidentales, ne le serait pas pour celles qui chez nous, ont des origines étrangères. Mettre en avant l’origine, la culture, la religion, pour en faire des instruments de soumission à l’oppression patriarcale, il fallait y penser, les islamo-gauchistes ne s’en sont pas privés et tant pis si le communautarisme pénalise les femmes : le musulman opprimé, la musulmane c’est moins sûr, s’étant substitué au prolétaire, dans l’imaginaire révolutionnaire.

S’il est entendu que le mouvement féministe a toujours été fluctuant, il devient de plus en plus difficile de s’y retrouver, c’est pourquoi il est important de revenir souvent aux fondamentaux :

le groupe des femmes est globalement, toujours en situation d’infériorité par rapport au groupe des hommes :

  • contraception, avortement, le groupe des femmes est essentiellement confronté à ces problématiques, 
  • les carrières, travaux, oeuvres, du groupe des femmes sont globalement moins valorisées et rémunérés que ceux des hommes,
  • les violences sexuelles et les violences conjugales frappent de manière écrasante  le groupe des femmes,

Quelles que soient leur origine, couleur de peau, religion ou absence de religion, classe sociale, ou orientation sexuelle, les femmes subissent toutes et dans le monde entier,  les effets du système patriarcal. Ils sont à peine perceptibles pour certaines, mais dans le pire des cas, des femmes sont privées de toute liberté. Le système patriarcal ne sera plus une menace le jour où nous serons toutes libres. Le féminisme exige une solidarité entre les femmes du monde entier. C’est un mouvement social, universel, d’émancipation, pour une égalité réelle entre les femmes et les hommes. Osé, ne trouvez-vous pas ? Croyez-le ou pas, cette vue est amplement contestée de nos jours.

L’universalisme c’est la vocation universelle d’une idée, d’un projet, etc.

En France, l’universalisme républicain est une doctrine qui pose l’égalité en droit entre tous les citoyens et citoyennes, comme constitutionnelle de la République. Les Droits Humains sont constitués d’un corpus de droits et libertés dont peuvent se prévaloir tous les êtres humains. Par définition, ils s’opposent à tout relativisme. Et c’est bien ainsi, que dans le monde entier, le féminisme aussi a été pensé et pratiqué. L’universalisme est inhérent au féminisme.

Nul besoin d’inventer de «nouveaux féminismes» comme le font au 21ème siècle, les médias friands de sensationnalisme : les violences obstétricales ou le harcèlement de rue seraient de nouvelles préoccupations pour les féministes ? Comme si nous ne les avions pas toujours combattues !

Nul besoin d’accoler des adjectifs au féminisme tels que :

  • «féminisme musulman« représenté par : l’association «Femmes dans la mosquée» alors qu’il n’existe pas plus de féminisme musulman que catholique ou juif,  ou par l’association Lallab dont le credo est de rejeter «le féminisme blanc» et d’imposer l’acceptation du voile islamique. L’islam politique veut imposer le voile, c’est un marqueur de sa progression, et la mode dite «pudique» l’aide à y parvenir en le dépolitisant de son caractère religieux. Lallab cautionne les injonctions à la pudeur prescrites aux seules femmes et ce faisant, est un relais efficace du système patriarcal.
  • « afro-féminisme » comme si la couleur de peau avait la moindre incidence sur l’oppression vécue, en tant que femme, dans une société patriarcale,
  • « féminisme inclusif » comme si le féminisme excluait des personnes engagées pour l’élimination du système patriarcal et pour l’égalité femmes-hommes ; comme s’il était incapable de prendre en compte des discriminations et violences spécifiques. Il suffit d’entrer dans une maison des femmes pour voir le nombre de groupes et de thématiques qui y interagissent. En revanche, comme tout mouvement social, le féminisme n’échappe pas aux tensions et dissensions internes. Le féminisme dit inclusif est souvent prétexte à la victimisation, aussi à plus ou moins de complaisance envers des comportements sexistes considérés comme acceptables parce que l’appartenance au groupe communautaire est prépondérante à l’appartenance au groupe des femmes. Ceci ne signifie pas pour autant que le mouvement féministe est exempt de reproches ; il doit se soumettre à la critique, mais il y a des manières constructives de le faire.
  • « féminisme dé-colonial, «féminisme intersectionnel» : certes, les oppressions se surajoutent et à l’évidence, être femme, noire et pauvre par exemple, est sûrement plus difficile que d’être blanche et aisée socialement. Mais une femme blanche, même aisée, est toujours susceptible de subir discriminations et violences de genre.  Le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme, tout autant que la pauvreté et les discriminations en général, doivent êtres combattus, mais aucun repli identitaire ne peut affranchir les femmes de la domination masculine qui traverse toutes les communautés, toutes les religions, toutes les cultures et toutes les classes sociales. La domination masculine n’a jamais eu besoin de l’occident ni des colonisateurs pour exister. Le plus souvent, l’intersectionnalité dilue les revendications féministes dans des agendas politiques, et invariablement, elles passent au second plan. Empiler les oppressions, les hiérarchiser en atomisant les femmes et en rendant les femmes blanches responsables de l’oppression des personnes racisées est un renversement des responsabilités qui incombent en réalité, aux systèmes patriarcaux et capitalistes. L’intersectionnalité, dé-construction de la solidarité universelle féministe, ne peut renverser la domination masculine, elle l’entretient.

Accoler des caractéristiques au féminisme n’ajoute rien, au contraire, cela divise. Le différentialisme sépare les femmes les unes des autres. Comment pourrait-il en être autrement : traditions et religions sont empreintes de sexisme, elles ont toujours servi le système patriarcal avec le plus grand zèle. Assigner des femmes à des spécificités plutôt que les rassembler dans une lutte commune, retarde l’émancipation collective du groupe des femmes. 

Le relativiste culturel avec toutes ses variantes, n’est pas seulement une récupération, un dévoiement du féminisme, c’est un contre-féminisme, une forme particulièrement perverse de résistance du système patriarcal.

S’il n’y a jamais eu une seule version du féminisme en effet, certains féminismes ne sont que des impostures,  jamais le féminisme ne s’adapte pas aux règles posées par l’oppresseur, il les renverse.

Le féminisme universaliste est pourtant de plus en plus isolé, régulièrement censuré et pour ainsi dire banni des milieux universitaires et médiatiques qui préfèrent promouvoir le relativisme et ses égéries. Le féminisme universitaire influence intellectuels et médias et exerce une emprise y compris sur le mouvement des femmes. Les relativistes et indigénistes en lutte contre un fantasmagorique « racisme d’état » ont réussi à imprégner tous les mouvements sociaux, et les mouvements antiraciste, féministe et LGBT n’ont pas été épargnés. Il est temps de passer à l’offensive et de réhabiliter le féminisme universaliste, qui seul peut venir à bout du système patriarcal universel. Nous nous y employons nombreuses et déterminées,  et nous y parviendrons.

Christine Le Doaré

et en Vidéo – intervention lors de la Rencontre féministe universaliste pour le 8 mars, le 2 mars 2019 au Château de Nantes : https://www.facebook.com/clr.paysdelaloire.7/videos/pcb.208884030068090/208882783401548/?type=3&theater

 

 

Féministes contre les extrémismes religieux

CWdpoOSWwAEx-mgLes extrémismes/intégrismes religieux profitent toujours des périodes troublées pour revenir à la charge. Même au « pays des Lumières » rien n’est définitivement acquis, les extrêmes tentent de s’imposer par la censure ou par la mobilisation politique (comme dans le cas du mariage pour tous, par exemple).

Mondialisation, crises économiques et conflits en tous genres, ont poussé des populations à se réfugier en orient, dans des organisations (Frères musulmans…) et des régimes politico-religieux islamistes ; alors qu’en occident, les courants religieux réactionnaires ont mobilisé contre le mariage ouvert aux couples de même sexe, et sont toujours vent debout contre l’avortement.

Dans le mouvement féministe et plus généralement les mouvements progressistes, il est ordinaire de lutter contre les catholiques intégristes obsédés par la hiérarchie des  genres, par la sexualité des femmes, et par l’homosexualité. Beaucoup de combats féministes ont consisté à s’opposer aux restrictions de liberté imposées aux femmes par des dogmes religieux emprunts de misogynie, et à s’affranchir des rôles traditionnellement impartis aux genres féminin et masculin.

En revanche, lutter contre l’influence de l’islam politique est moins consensuel. Les musulmans bénéficient pour une partie de la gauche, du statut jadis reconnu à la classe ouvrière opprimée. Par voie de conséquence, critiquer ce qui, d’une manière ou d’une autre,  relève de l’islam est tabou. Une partie du mouvement antiraciste a  substitué à la lutte contre le racisme, la lutte contre l’ »islamophobie ». Il ne s’agit plus tant de combattre les discriminations et violences à raison de  l’origine ou de la couleur de peau, que d’empêcher toute critique d’une religion, même quand elle vise à contrôler et à inférioriser les femmes. Les règles, coutumes et traditions communautaires à caractère religieux qui enferment les femmes sont peu contestées par peur d’être jugé «islamophobe».

 

Le contexte étant posé, comment lutter contre les intégrismes religieux ? Selon moi,  il est important de commencer par se mettre d’accord sur ce qu’est et ce que n’est pas le féminisme :

Il n’y a pas un seul féminisme, des clivages sont apparus dès le début, puis dans les années 70 entre des tendances luttes de classe et psychanalyse et politique ; puis apparurent les théories queer post-modernes américaines qui visent à abolir le genre et ce faisant disqualifient les luttes féministes, etc.

– Il devrait être possible de se mettre d’accord sur ce qu’est à minima, le féminisme  :

  • reconnaitre que la moitié de l’humanité en tant que groupe/classe des femmes, est toujours dans une situation d’infériorité/inégalité par rapport au groupe des hommes,
  • œuvrer pour une autonomie et maitrise totale par les femmes, de leur corps (intégrité physique, mentale, sexuelle, sexualité, reproduction…), et de leur vie (éducation, couple, famille, santé, emploi…),
  • viser l’égalité réelle en solidarité avec les femmes du monde entier qui subissent toutes, quelle que soit leur origine ou couleur de peau, culture ou religion, des discriminations et violences inhérentes au système patriarcal.

Le féminisme universaliste est un combat universel contre la domination masculine.

– Il devrait être tout aussi facile de se mettre d’accord sur ce que ne peut pas être le féminisme. Il ne suffit pas de se prétendre féministe pour l’être, les impostures hélas ne manquent pas.

Depuis les années 2000 a émergé un « féminisme » relativiste qui a pour caractéristique de réduire des femmes à une identité (régionale, culturelle, religieuse…). Ce féminisme qui consiste à aménager l’oppression est une adaptation aux exigences traditionnelles, communautaires, religieuses. Il n’est pas apparu spontanément mais concomitamment  à l’influence grandissante au sein même des institutions internationales, de pays au régime politique islamique, tel que par exemple l’Arabie Saoudite (qui a rejoint récemment la Commission des Droits de la Femme à l’ONU!). Ces pays financent dans le monde entier, des groupes dits « féministes » qui en réalité, remettent en question des fondamentaux du féminisme.

Ces pays se sont attaqués, à l’ONU notamment, au caractère universel des Droits des femmes, en imposant la nécessité de prendre en compte des spécificités régionales. Ce relativisme culturel a engendré des « féminismes » identitaires, tel le « féminisme islamique » et ses variantes : « dé-colonial »… (En France : c’est notamment l’association « Femmes dans la mosquée » de Hanane Karimi …),  c’est un « féminisme » communautaire, racialiste et donc par nature essentialiste et différentialiste.

Nous constatons que ces « féminismes » séparent les femmes les unes des autres au profit d’autres luttes que celles contre le patriarcat. Comment pourrait-il en être autrement alors que les  traditions et religions ont toujours été l’instrument le plus  répressif du système patriarcal. Renvoyer des femmes à leur religion, leurs traditions, leur communauté, leur culture pour les isoler des autres femmes, retarde notre émancipation collective. 

Il n’existe pas plus de « féminisme » islamique que chrétien ou juif, c’est une imposture car il n’y a pas d’aménagement possible de l’oppression : le féminisme ne s’adapte pas aux règles posées par l’oppresseur, il les renverse, les dépasse pour l’émancipation de toutes et tous.

 

Une fois le féminisme défini, comment résister à sa récupération et à son dévoiement ? :

– Se méfier de certains concepts, comme »islamophobie», »intersectionnalité» ou « inclusif » très prisés par les défenseurs du relativisme culturel. Certes, les oppressions se surajoutent :  à l’évidence, être femme, noire, et pauvre par exemple, est autrement plus difficile à vivre que d’être blanc et aisé. Le racisme et la xénophobie, l’antisémitisme, comme le sexisme et l’homophobie/la lesbophobie, tous les préjugés et rejets de l’autre doivent combattus, mais renvoyer des femmes à leur groupe d’origine ne peut constituer une solution. Comment un repli identitaire pourrait-il les/nous affranchir de la domination masculine qui traverse toutes les origines comme toutes les classes sociales ? L’ »intersectionnalité » comme les « féminisme décolonial », « féminisme inclusif »,  le plus souvent noient les revendications des femmes dans les agendas masculins. Comment pourrait-il en être autrement là aussi : le machisme n’a jamais eu besoin de l’occident ni des colonisateurs pour exister.

– Refuser la banalisation du « féminisme » relativiste, islamique ou autre, s’opposer à la « mode pudique », au « Hidjab day » de Sciences Po et aux groupes tels que Lallab (*) par exemple.

L’islam politique veut imposer le voile, la mode dite «pudique » l’aide à y parvenir en  dépolitisant son caractère religieux : prétendre que des femmes s’affichent couvertes dans l’espace public pour des raisons esthétiques, comme s’il s’agissait de n’importe quel autre accessoire, est perfide. Le voile est l’étendard de l’islamisme, il affiche visiblement et via les femmes, sa progression, mais s’il est banalisé en étant dépolitisé par la mode, il devient alors facile de le généraliser. En revanche, les féministes universalistes ont  plus de mal à le combattre pour ce qu’il est vraiment, même si, paradoxe stupéfiant quand on y songe,  de nombreuses musulmanes dans le monde, se battent contre ce même voile.

Le crédo de l’association « féministe islamique » Lallab est de rejeter le « féminisme blanc » pour imposer des spécificités communautaires et religieuses, en particulier l’acceptation du voile islamique. Lallab cautionne et développe en les intégrant, des règles de conduite, des obligations prescrites seulement aux femmes ; se faisant, l’association s’adapte à l’oppresseur et devient un porte-parole comme un autre, du système patriarcal. Lallab cautionne un apartheid genré et contribue à pérenniser un système d’oppression, c’est donc une indéniable récupération du féminisme. Pourtant, ce groupe accusé de détourner des subventions publiques en recrutant des services civiques, a été défendu par nombre d’associations féministes aveuglées par une idéologie islamo-gauchiste qui peu à peu a convaincu à l’extrême gauche et plus largement.

– Réveiller le mouvement féministe qui se laisse séduire par ces « nouveaux féminismes » promus massivement dans les médias et milieux universitaires. Combien d’émissions de radio et articles de presse ces dernières années sur ce qui nous est vendu comme « nouveau féminisme » ? On ne les compte plus.

 

Dénoncer l’imposture sans complaisance, résister pied à pied à la récupération ne suffisent pas, le féminisme universaliste doit aussi construire des alliances :

  • Avec les groupes féministes laïques tels que par exemple le groupe « Femmes sans voile d’Aubervilliers » en France et d’autres ailleurs, relayer leurs actions, en organiser en commun.
  • Avec les intellectuel.le.s  et militant.e.s qui résistent dans le monde arabe, au Maghreb, en Egypte, également en Iran, etc. Relayer leur parole et les soutenir.
  • Avec les mouvements laïques qu’il faut éclairer sur la domination masculine ; quelques exceptions mises à part, ils ont souvent tendance à  s’afficher féministe uniquement quand il s’agit de contrer les religions.

 

Christine Le Doaré

(*) Lallab : voir l’article d’Ikhwan infos  (les deux fondatrices sont d’anciennes étudiantes de Pascal Boniface …).    http://www.ikhwan.whoswho/blog/archives/11198

 

Oui Anne Hidalgo, le racialisme est un racisme

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Comment qualifier un festival qui discrimine fonction de la couleur de peau, de l’origine ou de l’ethnie  ?  De ségrégationniste ? En tous cas ça y ressemble, même si pour contourner l’interdit, un atelier du festival « Nyansapo » organisé par le collectif « afro-féministe » Mwasi, serait « ouvert à tous » pour environ 20% de la programmation.  Un coup d’oeil sur la pigmentation de sa peau et pour peu qu’elle soit un peu trop blanche, on se sent tout de suite  encouragé.e.s à participer !  En réalité, il s’agit d’une récidive (Camp d’été décolonial de l’an dernier) et les organisatrices sont connues pour appartenir à la nébuleuse « féminisme différentialiste » par opposition au féminisme universaliste :  (féminisme islamique, afro-féminisme, Parti des Indigènes de la République…) ;  il suffit de lire les tweets de Sihame Assbague, Widad.K qui parle des « larmes blanches d’Anne Hidalgo » (*1.) et des autres, toutes plus ou moins proches du PIR (Parti des Indigènes de la République) pour comprendre les objectifs de ce festival et plus généralement de cette tendance.

Cette mouvance de l’entre soi se revendique de l’intersectionnalité des luttes, concept intéressant s’il ne servait surtout à détourner les femmes des luttes féministes au profit d’autres agendas politiques.
Cette mouvance passe plus de temps à accuser le seul colonialisme européen qu’à lutter contre les périls immédiats de l’islam politique et autres régimes totalitaires ;  plus de temps à critiquer un « féminisme blanc » que d’exprimer préoccupation et solidarité envers les femmes qui subissent les diktats de la charia ici et ailleurs ou les féminicides en Amérique du sud ou encore les reculs en matière d’avortement comme en Pologne, ….
Cette mouvance divise le mouvement féministe, oublie ses fondamentaux : lutter pour que cesse l’appropriation du corps et des vies des femmes dans la sexualité et la reproduction et lutter pour parvenir à l’émancipation des femmes et de tous par la suppression des rapports de domination genrés et autres, qu’ils viennent d’une culture, d’une autorité supérieure culturelle ou religieuse ou de l’entourage (fils, frère, père, mari, communauté). (*2)
Ce féminisme se dilue dans le système patriarcal car non seulement, il prend en compte des spécificités communautaires, et donc s’adapte à l’oppresseur, mais en plus il se trompe d’adversaire, assimilant globalement les femmes qualifiées de « blanches » à l’oppresseur. Il se complet dans une haine raciste de l’autre, « la blanche » qui ne peut plus être la soeur, la complice, la camarade de lutte, mais l’ennemie de race ! Au 21ème siècle, c’est une bien étrange manière de lutter contre le racisme, on ne s’attendait certainement pas à ce qu’une telle déviance se développe au sein des mouvements feministes !
Alertée par la LICRA, soutenue par SOS Racisme, Anne Hidalgo souhaite interdire un tel festival,  on ne peut que l’en féliciter même si plutôt que de l’interdire, il faudrait peut-être et surtout commencer par empêcher qu’il puisse se tenir dans des locaux appartenant à la Ville de Paris ou à une quelconque institution financée par les pouvoirs publics.
Dans Libération, un article sur le sujet fait référence à Christine Delphy qui en mai 2006, rappelait « l’importance de ce mode d’organisation dans le mouvement féministe des années 70 » et expliquait : «La pratique de la non-mixité est tout simplement la conséquence de la théorie de l’autoémancipation. » (*3)
Certes, mais ce que la sociologue féministe (jadis matérialiste, défendant désormais des thèses différentialistes, essentialistes, racialistes), oublie de dire, c’est que  racisme et  sexisme ne sont pas assimilables.
Que des journalistes confondent et établissent un parallèle qui n’a pas lieu d’être entre les luttes féministes et l’anti-racisme, peut être compréhensible, mais de la part de Christine Delphy, c’est impardonnable.
Cette universitaire le sait parfaitement la non-mixité basée sur une prétendue race n’est en rien comparable avec la non-mixité du mouvement féministe :
–  les luttes féministes concernent la moitié de l’humanité alors que les couleurs de peau, les origines, les religions et croyances sont aussi diverses qu’innombrables,
–  les luttes féministes sont universelles et non fondées sur l’origine, l’éthnie, la « race » ou la couleur de peau car les femmes sont sur toute la planète  discriminées et agressées par un socle commun de discriminations et de violences sexistes et sexuelles ;  pour autant, personne ne nie que des violences spécifiques touchent certaines femmes fonction du pays dans lequel elles vivent ou de leur communauté d’origine et/ou religieuse.
D’ailleurs, il existe nombre de passerelles, groupes et évènements mondiaux organisant un travail en commun et des solidarités. Mais la mouvance ségrégationniste dont nous parlons s’acharne à effacer ces liens qui l’incommodent car les feministes qui vivent dans le monde musulman s’organisent le plus souvent contre les interdits religieux tels que le voile et autres vêtements islamiques, l’excision, le marriage forcé, … sujets dont elles ne souhaitent pas parler par crainte de stigmatiser leurs communautés.
Une fois de plus le relativisme culturel fait la démonstration de sa condescendance, l’émancipation ne serait pas souhaitable pour toutes les femmes, tout dépendrait de ce que leur couleur de peau, origine, culture ou religion, en fait de ce que leur communauté, décide pour elles ;  communautarisme versus universalisme.
Je parie que défendre ce festival va beaucoup motiver  l’anti-racisme dévoyé, les féministes qui surfent sur l’ambiguïté intersectionnelle, les islamos-gauchistes *(4), les catho-alter mondialistes… qui occupent le devant de la scène universitaire et médiatique ;  en revanche, les féministes universalistes, les laïques et  tous les progressistes qui  ont soupé jusqu’à l’indigestion de ce gloubi-boulga mortifère sont satisfaits de voir enfin des responsables politiques prendre leurs responsabilités.
Christine Le Doaré
( *1.)  :

Widad.K a retweeté Anne Hidalgo

Je suis sure qu’elle a attendu le ramadan exprès pour qu’on ne puisse pas boire ses white tears

Widad.K ajouté,

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 (*2)

Irréductiblement féministe : Combien y a t’il de féminismes ? :

https://christineld75.wordpress.com/2016/10/07/combien-y-a-t-il-de-feminismes/

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 (*3) Christine Delphy, sociologue  préside une association de mamans (mamans pas mères) musulmanes qui veulent porter le voile pendant les sorties scolaires,  il leur serait impossible de le retirer, même très ponctuellement et même dans l’intérêt des enfants.
Irréductiblement feminist : Christine Delphy, la supercherie :
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(*4) Irréductiblement feminist : Islamo-gauchistes prenez-nous pour des cruches :

Féministes ? Ma Chapelle oui !

Ils zonent et opèrent des trafics, ici revente de cigarettes, elles s’occupent des enfants

Dans le quartier du métro La Chapelle dans le 18ème arrondissement de Paris, depuis longtemps la vie est compliquée. Hormis la Halle Pajol et le jardin d’Eole plus haut, au métro Marx Dormoy, le quartier est délaissé. Je le connais bien et depuis longtemps.

Urbanisme : rénovation immobilière inexistante, palissades, grillages sous le métro aérien,… (Un jardin partagé récent, plutôt désert, samedi 20/05/ à 14:00 : une personne)…

Commerces : boui-boui en pagaille, ouvrages qui nous parlent des « devoirs de LA femme » ou de sa pudeur, vêtements d’un autre temps pour mieux l’enfermer et l’entraver… (Rue Jean-Pierre Timbaud c’est pas mal non plus)…

Propreté en berne, pissotières à ciel ouvert, odeurs nauséabondes …

Trafics en tous genres et à la vue de tous, contrebande de cigarettes proposées à tous y compris aux mineurs, produits dangereux,…

Drogues, prostitution, petits caïds et mafias font leur loi…

Harcèlement des femmes, insultes, menaces, contrôle et peur … ;

Les habitants se débrouillent comme ils peuvent avec leur environnement. Là comme ailleurs, (car cette situation n’est pas limitée à La Chapelle mais se retrouve dans nombre de quartiers de Paris, de banlieue, et dans toutes les grandes villes en France), ce sont les populations les plus vulnérables, en particulier les femmes qui trinquent le plus. Les femmes sortent pour faire les courses, gamins sur le dos, accrochés au chariot et à la poussette, les enfants, vous comprenez, c’est leur affaire ; les hommes eux, ont mieux à faire. Ils occupent l’espace public, rues, squares, cafés, par groupe, communauté, business, selon des règles connues d’eux seuls.

Les pressions communautaires sur les femmes sont criantes, dehors pour faire les courses et s’occuper des enfants, elles sont majoritairement voilées quand elles ne portent pas hidjab et abayas.

Paradoxe s’il en est, dans ce quartier de grande mixité, chacun.e semble enfermé.e dans sa communauté, religion ; les femmes et les hommes le plus souvent, sont séparés dans l’espace public. Egalité, mixité ? Où ça ?

Quand on débarque la première fois dans le quartier, on se demande un peu à quelle époque et dans quel lieu on se trouve. Il y a longtemps dans les années 70/80 il y a eu un mouvement féministe avec en projet, la liberté, l’égalité, l’émancipation pour toutes et tous. Il y a longtemps.

 

L’arrivée de migrants, majoritairement masculins, n’a fait qu’amplifier et se dégrader une situation qui préexistait depuis longtemps. Plus d’hommes massés dans l’espace public, plus de promiscuité, de trafics, et plus de harcèlement. Les témoignages de femmes qui se plaignent de regards insistants, d’insultes, de menaces, de violences et de celles qui déclarent éviter de sortir ou ne pas sortir seules tard le soir, sont légions (* 1)

Savons-nous combien de femmes sont concernées ? Non, impossible de le savoir.

 

Une association « laïque et apolitique » SOS La Chapelle (*2) s’est constituée pour dénoncer cet état de fait et demander que des mesures soient prises pour que cessent les trafics et le harcèlement à l’encontre des femmes. Les médias ont relayé leur appel et depuis l’affaire fait grand bruit ; les pouvoirs publics, la Mairie du 18ème, la Mairie de Paris, la préfecture et l’état sont bien forcés de réaliser l’ampleur des nuisances vécues par les riverains et le réel danger auquel doivent faire face les femmes du quartier. Toutes les femmes.

 

Des solutions existent et en grand nombre pour qui veut vraiment s’intéresser au problème. Je peux en citer quelques-unes :

  • Vis-à-vis des migrants : Ouvrir des centres d’accueil en quantité suffisante et étudier rapidement les dossiers, mettre les femmes et les enfants à l’abri, intégrer tous ceux qui resteront en les informant impérativement des valeurs et règles fondamentales de la République, notamment mais pas seulement en matière d’égalité femmes-hommes, en leur donnant à toutes et tous, un enseignement de base, notamment en français ;
  • Vis-à-vis de toute la population : réhabiliter le quartier (logements, équipements, squares, commerces, la station de métro…) ; réinstaller une police de proximité et des unités de protection notamment le soir, également de verbalisation en cas de trafic et de nuisances ; nettoyer l’espace public régulièrement et plusieurs fois par jour si nécessaire ; adopter des dispositifs pour sécuriser les parcours des femmes la nuit, conduire des marches exploratoires pour y parvenir (*3)…

 

Ce qui m’exaspère le plus, hormis les élus et plus généralement les autorités qui laissent les situations dégénérer pendant des années avant de faire leur travail, c’est l’attitude de déni de nombre de gens de gauche et de féministes qui laissent au Front National un boulevard pour instrumentaliser une situation effectivement, indéniablement inadmissible.

Egalité, liberté, laïcité bafouées partout. Les femmes subissent depuis des décennies un puissant retour arrière, les mouvements féministes des années 70/80 n’imaginaient certainement pas que dans nombre de territoires de la République, des femmes seraient de nouveau infantilisées, enfermées dans une communauté, une religion, réduites à leur rôle de fille, sœur, puis femme, et mère de… ; encore moins que les femmes devraient trois décennies plus tard, toujours autant redouter le harcèlement de rue, les agressions physiques, les viols dans l’espace public (ou intime d’ailleurs).

Continuer de parler d’égalité dans un tel contexte a comme un gout amer, égalité pour qui ?

 

Et pourtant, il est des féministes pour oser s’offusquer de la pétition de SOS-La Chapelle ! Il est des féministes pour douter et même critiquer, ridiculiser celles et ceux qui refusent de subir une telle situation. Une journaliste qui témoignait de son vécu quotidien dans le quartier a été contrainte de protéger ses tweets, harcelée à son tour par des féministes et des gauchistes sur Tweeter ! (*4)

Au prétexte qu’il ne faut pas stigmatiser une population, une communauté, une religion, les migrants, des féministes sont dans le déni des réalités et contestent aux femmes en danger le droit de se défendre. Comme à Cologne ! Je crois bien que les féministes des années 70/80 les auraient traitées de vendues. Vendues à une idéologie et une stratégie politiques, par clientélisme électoral. Ne parlons même pas des essentialistes et racialistes du PIR (Parti des Indigènes de la République, Houria Bouteldja) ni de leurs cautions islamo-gauchistes, c’est aussi le cas de PayetaSchnek ou de certaines Insoumises sur les réseaux sociaux, c’est le cas de Caroline de Haas qui pense que tout est question d’urbanisme et qu’élargir les trottoirs va suffire à régler le problème.

Les classes moyennes quittent le quartier, toutes les femmes ou presque qui sont amenées à y rester subissent la domination masculine la plus caricaturale qui soit, mais non, il faudrait se taire et les laisser vivre un cauchemar quotidien pour ne stigmatiser ni ne gêner personne. Une fois de plus, je suis forcée de constater que grâce à la convergence des luttes sauce intersectionnalité gauchiste, le féminisme récupéré de toute part et amplement dévoyé est en danger de mort et que la domination masculine a de beaux jours devant elle.

 

Il faut le dire haut et fort, de telles situations, les femmes n’ont pas à les payer. Tout déni, toute complaisance avec le sexisme, le machisme de la domination masculine et ses violences, et sous quelque forme que ce soit, est une trahison envers les femmes, toutes les femmes, et envers le féminisme. Beaucoup de celles qui se revendiquent aujourd’hui du féminisme, se font des illusions, elles ne font que le saborder et les femmes avec.

 

Christine Le Doaré

 

*1. http://www.leparisien.fr/paris-75018/harcelement-les-femmes-chassees-des-rues-dans-le-quartier-chapelle-pajol-18-05-2017-6961779.php

 

 

*2. https://www.facebook.com/SOS-La-Chapelle-285969888429464/

 

 

*3. http://www.ville.gouv.fr/?marches-exploratoires-de-femmes

 

*4.

Les émeutes du point de vue d’une féministe « blanche » et donc raciste !

img_9421Les émeutes du point de vue d’une Féministe « blanche » et donc raciste !

Émeutes des banlieues – Théo –

À tous/toutes les chacals islamo-gauchistes, chasseurs de tweet de « féministe blanche » et donc raciste. Ben tiens !

Un tweet ne permet pas de développer et peut donner matière à interprétation.
La mauvaise foi de ceux qui récupèrent la lutte contre le racisme au profit de la défense de l’islam politique, enfermant des personnes selon leur origine dans une religion version moyen-âge, les idiotEs utiles de l’islam politique ou islamo-gauchistes, infatués de certitudes, n’hésitent jamais à détourner et manipuler. Leur but est simple : salir, discréditer et continuer de pourrir le débat.
Qu’ils soient journalistes, universitaires, militants politiques ou associatifs, plus ou moins proches des Indigènes de la République du PIR et des thèses essentialistes et racialistes, ils sont à l’affût de la moindre occasion de lâcher leur meute de suiveurs acculturés sur tout ce qui peut nourrir leur haine pendant quelques heures.
Des féministes qui se disent intersectionnelles ne sont pas en reste, démontrant ainsi à quel point les femmes sont en réalité le dernier de leurs soucis, elles n’hésitent jamais à jeter en pâture même des militantes féministes, à la vindicte des roquets identitaires, « leurs groupes », « leurs familles », « leurs frères », « leurs alliés » réels ou imaginaires.
Solidarité féministe ? Pardon ? Faut pas rêver ! De toute façon, t’es pas féministe, t’es même pas une femme, puisque t’es blanche ! T’es juste du blanc.
Il est où le racisme ?

Le tweet en question (voir ci-dessous) signifiait – peut-être maladroitement – ceci :
– Les femmes sont victimes des discriminations et violences masculines et sociétales les plus sordides (viols/ mariage forcé/ excision … ), si pour lutter contre ces crimes les plus hideux elles faisaient l’erreur de tout mettre à feu et à sang, ce que l’on pourrait parfaitement justifier, la planète serait en guerre civile depuis longtemps.
Ce n’est pourtant pas le cas, pourquoi ?
– La communauté chinoise a été, est toujours, dans certaines villes, durement touchée par des violences racistes allant jusqu’au meurtre. Elle ne s’est pas commise dans des dégradations publiques. Il n’y a eu aucune émeute ni récupération ni instrumentalisation. Pourquoi ?
– Quand Ilan ou d’autres juifs sont assassinés, il n’y a pas d’émeute, pourquoi ?

Je dénonce le viol et/ou les violences commises par des policiers sur Théo et sur d’autres, mais je ne fais pas d’amalgame avec la police en général ou un prétendu état raciste et tortionnaire. La police doit être respectée et pour cela être respectable.

Mon tweet ne faisait allusion à aucune origine, « race » précisément, je ne parlais pas de noir ni d’arabe, Théo aurait aussi bien pu être blanc, il y a aussi des blancs qui vivent en banlieue et dans les cités.
Je ne parlais même pas des casseurs, des voyous, gangs et dealers mais de ceux qui visent la chienlit, le no système pour contrôler, s’installer et se développer.
Ce tweet parle de récupération, manipulation, instrumentalisation, il vise ceux qui organisent et attisent la haine, et ceux qui les cautionnent par leur clientélisme politique (ou syndrome du bisounours neuneu de type catho de gauche ayant tant à se faire pardonner, etc.).

Le FN est le seul à condamner certaines dérives, une partie de la gauche ayant démissionné quand une autre, ne contribue pas à attiser ce genre d’émeutes.
C’est tellement facile d’interpréter quelques mots dans le sens qui arrange, d’accuser les autres de racisme sans cause réelle ni sérieuse, juste parce que toutes les féministes blanches, tous les démocrates le sont forcément dans notre France coloniale et coupable des pires exactions, les pires pays totalitaires à côté, faisant quasiment figure de paradis !

Organiser la confusion idéologique c’est donner du pouvoir aux caïds machistes des banlieues, c’est aider l’islam politique à tirer ses marrons du feu de la révolte, c’est installer au pouvoir le FN sur un trône doré, ce n’est en rien aider les banlieues et leurs populations à s’émanciper. 

Tweet :
Heureux que femmes, homos, juifs, asiatiques, etc. ne pillent ni ne brûlent la France à chaque fois que leur groupe est visé ! D’ailleurs…

Christine Le Doaré

Une affiche dont elles ne sont pas FièrEs

 

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Le groupe lesbien FièrEs quitte l’Inter-LGBT, organisateur de la Marche des Fiertés LFBT annuelle. Dans son communiqué, FièrEs incrimine le « sexisme » de l’Inter-LGBT, mais le fait déclencheur de ce départ est l’affiche de la Marche des Fiertés 2015.(*1.)

Je ne sais pas s’il faut rire ou pleurer de ce différend. Connaissant particulièrement bien le milieu militant LGBT, ayant pris connaissance des arguments des unes et des autres, je les renvoie exactement dos-à-dos.

L’affiche d’abord : quand j’ai vu cette affiche qui représente une Marianne noire ou disons, « racisée », avec le slogan : « Marche des Fiertés LGBT, nos luttes vous émancipent », j’ai pensé : l’Inter-LGBT ne sait plus quoi inventer.

L’association, qui n’a jamais travaillé sérieusement sur la lesbophobie, ni encore moins sur le sexisme, investirait subitement le champ de l’antiracisme ?

Je suis perplexe à plus d’un titre :

–        L’intention ne colle pas avec les pratiques ni travaux de l’Inter-LGBT, on pense inévitablement à de la récupération à bon compte ;

–        La nécessaire lutte contre les discriminations et violences exercées à l’encontre des personnes LGBT ne suffit-elle plus pour interpeler le grand public et mobiliser les LGBT en vue de la Marche des fiertés annuelle ?

–        Les luttes LGBT auraient pu, notamment, contribuer à l’émancipation des femmes, mais hélas, depuis que les gays ont abandonné toute déconstruction du système patriarcal et revendiquent la GPA comme la réglementation de la prostitution, ce n’est plus d’actualité.

Par conséquent, quand l’Inter-LGBT prétend contribuer à l’émancipation d’autres minorités, on est en droit d’émettre quelques doutes.

L’Inter-LGBT nous a habituéEs à ces maladresses. En 2011 déjà, l’affiche qui montrait un coq républicain avec un boa en plumes autour du cou, avait défrayé la chronique.

Cette fois, la fédération aura maladroitement voulu coller à la mode identitaire en vogue.

Cette posture lui aura valu l’effet inversement recherché.

Les curieux motifs de FièrEs ensuite : si FièrEs évoque d’autres sujets de discorde, cette affiche est donc la provocation de trop.

Pourtant, une association lesbienne et « féministe » a bien d’autres raisons de quitter l’Inter-LGBT: le mouvement LGBT est apathique sur les questions d’égalité femmes/hommes, de lutte contre le sexisme, de visibilité lesbienne. En matière d’appropriation et d’exploitation des corps et vies des femmes – prostitution ou Gestation pour autrui (GPA)…-, il  ne se distingue en rien d’hétérosexuels sexistes qui défendent les mêmes privilèges.

Je me demande même si  obtenir l’égalité avec les hommes hétérosexuels dans le mariage et la reproduction,  quitte à écraser sur son passage, les droits et libertés des femmes, n’est pas devenu son seul objectif. Il semble bien en fin de comptes, que le système patriarcal ait trouvé un allié de poids.

Terriblement dommageable quand on sait les discriminations et violences toujours exercées à l’encontre de gays ou de lesbiennes.

Les positions antiféministes de l’Inter-LGBT sur la GPA et la prostitution ont motivé l’an dernier la sortie de la Coordination Lesbienne en France (CLF). Ces positions n’ont jamais   gêné FièrEs qui n’a pas manifesté la moindre solidarité à l’encontre de la CLF, ni d’aucune autre militante lesbienne stigmatisée pour son féminisme, par le mouvement LGBT. Bien au contraire, à les entendre, les féministes « ringardes » allaient être avantageusement remplacées par de jeunes et pertinentes lesbiennes « féministes » queers !

Les gays ont adoré, aujourd’hui ils grimacent ! Voilà, l’égo de FièrEs qui pensait être accueillie à bras ouverts a été mis à rude épreuve,  elles n’ont pas été « écoutées », pire, elles ont été « méprisées ».

FièrEs découvre donc le sexisme de l’Inter-LGBT pourtant souvent décrié, mais ne dit rien des revendications qui posent problème aux féministes ; en revanche elle déclare : « La représentation d’une personne noire, associée à ces symboles républicains, légitime selon nous l’assimilationnisme ou l’intégration forcée que subissent les racisé.e.s, appelé-e-s à rejeter leur culture quand elle n’est pas française et à se fondre dans la République, ses valeurs et sa culture, qui continuent de les discriminer. »

L’influence de théories antirépublicaines d’une certaine gauche identitaire : Ah le concept d’intersectionnalité des luttes mal digéré et mâtiné du discours des identitaires du PIR (Parti des Indigènes de la République) et autres islamo-gauchistes !

Loin de moi l’idée de minimiser le racisme et ses ravages, et plus exactement les racismes, la xénophobie, l’antisémitisme et toutes les formes de rejet qui découlent invariablement de la peur de l’autre, perçu comme différent, pas plus bien sûr que l’implacable nécessité d’en venir à bout,

mais, par quelle vérité :

– une femme noire ne pourrait-elle pas être associée à des symboles républicains ? Qui décide de cette exclusion et à quel titre ? Une femme noire ne doit-t-elle symboliser que le racisme / l’antiracisme ?

– une femme noire serait d’abord noire, puis femme, puis lesbienne ? Qui décide de cette hiérarchie ?

– une femme métisse, est-elle assignée à la « race » noire  ou peut-elle choisir l’autre moitié, voire  s’en moquer ?

– une femme qui a l’apparence d’une femme « non-racisée » mais qui ne l’est pas, va-t-elle devoir présenter son arbre généalogique et certificat de naissance avant de pouvoir  rejoindre les luttes antiracistes ?

– toute femme « racisée » est-elle toujours plus légitime à parler du racisme qu’une femme qui ne l’est pas mais, conscientisée, est engagée pour l’égalité ?

Ces assignations autoritaires basées exclusivement sur la « race » visible / supposée, d’une personne, ont des relents de racisme ; les races n’existent pas, les personnes racistes oui.

Les personnes « racisées » seraient intégrées de force et obligées de se fondre dans la République ?

Les personnes « racisées » sont, dans une grande majorité, françaises depuis des générations. La plupart d’entre elles ont su garder des traditions et religions, ce qui les intéressait et aussi trouver leur compte dans un autre mode de vie.

Croire qu’elles sont toutes attachées à leur culture d’origine, sans distance ni réserve est aussi naïf que de croire que la culture française est intégralement et uniformément adoptée par tous les français-e-s non « racisé-e-s » !

D’ailleurs de quel droit, retire-t-on aux personnes « racisées » le choix de la France et l’adhésion à ses valeurs ? De quel droit les assigne-t-on automatiquement à des cultures et traditions, religions, régimes politiques d’origine… ?

Bien sûr, des personnes « racisées », même si elles ne feraient jamais le choix de retourner dans leur pays d’origine, ont de bonnes raisons de se plaindre de la République, en particulier celles qui vivent dans des zones défavorisées, avec un avenir douteux, mais c’est aussi le cas de nombre de personnes « non racisées ».

Cette sanctuarisation des traditions, des religions, que l’on plaque sur l’étranger-e est d’une condescendance indécente. C’est un peu comme s’il fallait que les descendants des auvergnats ou des bretons continuent de vivre de nos jours avec sabots aux pieds et passent tous leurs dimanches à l’église, puis s’enfilent des litres de calva !

Surtout, comment une association « féministe » telle que FièrEs, fait-elle pour occulter le fait que nombre de traditions, coutumes, religions, sont sources de discriminations et de violences envers les femmes ? Les sacraliser revient le plus souvent à cautionner les traitements sexistes et moyenâgeux qu’elles réservent aux femmes.

Ça me fait penser à ces militantes noires qui bien que féministes, occultaient les violences domestiques et sexuelles, les viols, juste parce qu’ils étaient commis par des hommes noirs ; à ces militantes islamistes qui se disent féministes mais portent la burqa ou le niqab et de la sorte, condamnent celles qui tentent de s’affranchir de cette servitude sexiste en les désignant comme moins parfaites qu’elles, moins soumises aux dictats des hommes et aux règles religieuses qu’ils inventent à leur gré.

Les personnes racisées ont aussi le droit d’être laïques, athées, il faut cesser de les associer systématiquement à une culture, une religion.

L’intersectionnalité des luttes a toujours été utilisée par une certaine gauche libertarienne et ses « féministes » pour impliquer les femmes dans des luttes de libération puis les renvoyer chez elles, une fois la révolution finie ou les revendications obtenues.

Il n’aura échappé à personne que la gauche libertarienne pro-prostitution ne se demande jamais pourquoi les prostituées sont presque toujours des  femmes, pauvres, racisées ! Etonnant comme alors, l’intersectionnalité des luttes ne leur parle plus du tout !

Enfin, selon quelles croyances des personnes « racisées » seraient-elles, contrairement aux autres, irréprochables de xénophobie, racisme, antisémitisme envers des « races », ethnies ou « communautés » autres que les leurs ?

L’Histoire regorge de personnes et groupes qui indépendamment de leur propres origines, se sont engagées contre l’esclavage, le colonialisme et le racisme,  alors que d’autres indifféremment de leur race ou origine, ont défendu d’odieux privilèges.

Comment les champions de l’idéologie identitaire se débrouillent-ils avec le fait que les premiers esclavagistes étaient arabes, mais qu’Olympes de Gouges, femme si je ne m’abuse non « racisée », a tant fait pour la libération des esclaves ?

En conclusion : L’antiracisme perd tout quand il se confond avec le communautarisme, les divisions identitaires, l’exclusion, la haine de la République.

Tous les systèmes économiques et sociaux au monde maintiennent, avec plus ou moins de violence, une organisation basée sur la domination et certaines catégories de population cumulent des oppressions de classe, de sexe et de « race » ou d’origine.

Exercer des solidarités pour mieux contrôler et limiter le pouvoir des états et des systèmes économiques est vital.

La République le permet, alors que d’autres régimes bafouent toute volonté publique et collective d’organisation et de défense des droits et libertés.

La République, qui bien entendu, déçoit plus souvent qu’à son tour,  est néanmoins une démocratie qui institue des règles débattues, votées et connues de tous afin d’organiser le vivre ensemble. C’est l’inverse d’une société morcelée dans une multitude de micro-intérêts égocentriques ou concentrée aux mains d’un régime autocrate.

Elle préserve les citoyens de l’arbitraire des régimes totalitaires et garantit aux personnes des droits et des libertés, individuels et collectifs.

Elle est amplement perfectible mais n’empêche pour autant personne de vivre selon ses goûts, habitudes, traditions ou religions, seulement voilà, elle ne consacre pas tous les particularismes, seulement les règles communes à toutes et tous. Il ne s’agit pas de se fondre dans la République, mais d’adhérer à un projet commun de vivre ensemble sans lequel rien ne peut se construire.

Soyons sérieux, les « Indigènes de la République » (PIR) et autres identitaires qui prétendent combattre le racisme à coups de procès d’intention, d’accusations, d’exclusions, ne valent pas mieux que le front National.

Ce sont les deux faces d’une même haine qui mène à l’impasse, les uns survalorisent la nation française et lui volent son identité, les autres veulent son fractionnement « indigène ».  Dans les deux cas, j’ai la certitude que ni les uns ni les autres ne s’intéressent réellement aux droits et libertés des femmes ni des LGBT.

N’est-il pas terriblement affligeant de voir un groupe lesbien qui se dit féministe adopter à son tour une rhétorique identitaire, par définition hostile aux droits et libertés des femmes, pour contrer le sexisme de l’Inter-LGBT ?!

Si nous n’y prenons pas garde, les dérives – mais on peut aussi écrire délires – identitaires, finiront par nous perdre.

Christine Le Doaré

 

*1 : affiche Marche des Fiertés 2015 :

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Sur l’affaire de l’affiche arborant un coq républicain (et pas seulement) https://christineld75.wordpress.com/2011/04/25/les-ayatollahs-de-linterieur/

Sur les dérives identitaires et/ou  islamo-gauchistes de certains groupes « féministes » et/ ou LGBT

https://christineld75.wordpress.com/2015/03/19/islamo-gauchistes-prenez-nous-pour-des-cruches/

https://christineld75.wordpress.com/2015/01/12/je-suis-feministe-je-suis-charlie/

https://christineld75.wordpress.com/2014/12/17/avec-le-feminisme-abolir-la-haine/

Sur le sexisme du mouvement LGBT

https://christineld75.wordpress.com/2015/02/14/coup-de-gueule-contre-mes-anciens-compagnons-de-route/

https://christineld75.wordpress.com/2014/06/30/qui-voudrait-dun-populisme-identitaire-homosexuel/

https://christineld75.wordpress.com/2014/06/09/feminisme-et-mouvement-lgbt-le-divorce-est-il-prononce/

https://christineld75.wordpress.com/2013/07/18/combien-de-temps-le-mouvement-lgbt-va-t-il-pouvoir-se-cacher-derriere-son-petit-doigt/

https://christineld75.wordpress.com/2012/11/21/masculiniste-et-gay-cest-possible/

https://christineld75.wordpress.com/2012/06/01/les-quatre-lettres-du-sigle-lgbt/

https://christineld75.wordpress.com/2011/11/28/quelle-mixite/

Sur ce « féministe » queer dit « pro-sexe » :

Un 8 mars laïque et universaliste, partout dans le monde, même dans le 20ème ! https://christineld75.wordpress.com/2015/03/02/mon-genre-ton-genre-mais-quel-genre-2/

https://christineld75.wordpress.com/2014/11/03/mon-genre-ton-genre-mais-quel-genre/

https://christineld75.wordpress.com/2014/04/02/des-dechainees-aux-genoux-du-patriarcat-2/

https://christineld75.wordpress.com/2014/03/09/un-etrange-8-mars-2014/

https://christineld75.wordpress.com/2014/03/04/encore-un-8-mars-et-des-questions-qui-fachent/

https://christineld75.wordpress.com/2013/11/22/8marspourtoutes-ou-loubli-dun-enorme-detail-de-lhistoire-feministe/

Des «Déchaînées » aux genoux du patriarcat !

pancakes-158510Des «Déchaînées » aux genoux du patriarcat !
Ou pourquoi, à peine connues, les théories « féministes « post-modernes sont vouées aux poubelles de l’Histoire.

« Islam et prostitution : les féministes, le voile et le string » de ValérieCG ou Crêpe Georgette. Vous ne rêvez pas, dans un même titre, s’enchaînent les mots : Islam, prostitution, féministes et voile. String c’est juste pour faire style.

Surprenant ? Pas vraiment, depuis quelque temps déjà, une mouvance constituée de : bloggeuses influentes (notamment « Les Déchaînées »*1.), aussi la nébuleuse « 8marspourtoutes » *2., de Morgane Merteuil et d’autres du STRASS *3 et aussi d’Act-Up Paris, de quelques militants du NPA, aussi des Verts et de quelques universitaires amplement médiatisés, a pour ambition de parvenir à décrédibiliser puis diviser le mouvement féministe, en récupérant certaines luttes de femmes.

Les théoriciens et théoriciennes du « féminisme » post-moderne dit improprement « pro-sexe », nullement effrayéEs par les amalgames improbables, récupèrent des luttes de femmes que la société rejette et /ou que leurs « choix » isolent.
Ces femmes, à priori, tout les oppose : les unes revendiquent de se voiler « librement », les autres de se prostituer « librement ».
On ne peut imaginer plus grand écart entre les motivations et revendications d’un tel rassemblement, mais le mot « librement » a indéniablement un fort pouvoir d’attraction sur les libertariens !

D’un côté, nous avons des femmes voilées qui semblent ignorer que des générations de femmes se sont battues pour s’en affranchir, que des femmes sont, en France, sommées de le porter par les hommes de leur entourage, que d’autres femmes dans le monde sont harcelées, lapidées et assassinées quand elles ne le portent pas.
En tous cas, elles s’acharnent à défendre en France, ce morceau de tissu qu’aucun texte religieux n’impose, mais infligé aux seules femmes par des hommes qui encore et toujours exigent de les contrôler et entravent leur liberté.
Paradoxalement, ces femmes s’entêtent à leur donner raison et se déclarent « libres », certaines le sont sûrement, mais combien sont instrumentalisées par le « féminisme islamique », des islamo-gauchistes et intellectuels si bienveillants à leur encontre ?

De l’autre, des prostituéEs qui semblent ignorer qu’en guise de liberté, elles participent à l’organisation patriarcale d’une distribution des rôles agencée pour garantir aux hommes une mise à disposition des corps des femmes.
Réduites à une convenance sexuelle, elles n’expriment aucune solidarité envers les femmes forcées dans la prostitution, comme si elles ignoraient que les clients ne s’inquiètent jamais de la situation des femmes et filles qu’ils payent, que leur demande nourrit une traite criminelle et un sordide trafic d’êtres humains.
Une liberté d’entreprise incompatible avec la défense des droits humains et à fortiori des droits des femmes.

Rien de bien moderne, subversif ni féministe dans ces revendications, si ce n’est que le mot « librement » justifie tout, y compris de renforcer le contrôle et les violences contre les femmes puisqu’elles semblent y consentir.
En réalité dans un cas comme dans l’autre, des femmes souffrent du regard de la société, de violences et de discriminations mais plutôt que de lutter contre les raisons de leurs problèmes à savoir, l’arbitraire de l’interprétation masculine des religions et les violences sexuelles de la domination masculine, elles tentent d’aménager leur oppression plutôt que de l’abolir.
Erreur fatale, l’oppression ne s’aménage pas, elle s’abolit.

Le mouvement féministe est loin d’être parfait et ne se préoccupe probablement pas assez des multiples discriminations de sexe, classe, race-racisation-, il est compréhensible que des femmes se pensent laissées pour compte ; en revanche, ce qui est scandaleux c’est l’instrumentalisation éhontée de frustrations légitimes par des intellectuels et des activistes que l’honnêteté intellectuelle n’étouffe pas.
Le relativisme culturel est pourtant de plus en plus contesté, à commencer par les femmes concernées dans les pays arabes ; les femmes du monde entier sont solidaires face à des violences et discriminations qui les concernent toutes, c’est ça le féminisme et le relativisme culturel les divise.
Le soutien direct ou indirect de plus en plus flagrant aux industries du sexe, que les femmes dès qu’elles sortent de la prostitution, dénoncent en grand nombre, est de plus en plus difficile à cacher.
Nous vivons dans un monde formidable : les systèmes d’oppression, les industries n’ont même plus besoin d’assurer leur maintien et défense eux-mêmes, des personnes et groupes se présentant comme subversifs le font bien mieux à leur place !

Ce sont les mêmes qui nous rabattent les oreilles de l’intersectionnalité des luttes, concept utile pour exiger des femmes qu’elles attendent le grand soir pour revendiquer des droits spécifiques ; dommage, l’Histoire et même la plus récente nous prouve qu’elles sont alors très vite muselées et renvoyées à leur oppression.

Aucun des arguments avancés dans le texte « Islam et prostitution… », au paroxysme de cette posture aberrante ultra-libérale et islamo-gauchiste et qui revient à promouvoir un racisme de l’occident pas plus intelligent que ne l’est aucun racisme, ne résiste bien longtemps à une lecture un tant soit peu critique et surtout féministe.

« La lutte contre le voile, outil fédérateur d’un féminisme en mal de visibilité » !
Il faut le lire pour le croire ! La lutte contre les discriminations, l’éducation à l’égalité, la lutte contre les violences (le viol, les violences conjugales, etc.) sont des sujets fédérateurs parmi bien d’autres et depuis toujours, pour les militantes féministes.
En outre, la question du voile est un vrai sujet de société sur lequel les féministes aussi ont leur mot à dire car religions, interprétation masculine des religions et oppression des femmes ont toujours été fortement liés !

« Civiliser les femmes musulmanes : « mission oppression », au nom du féminisme » !
Entre culture du complot et fantasme de persécution de type « Indigènes de la République » ! Comment croire une seule seconde que le mouvement féministe penserait à « civiliser les musulmanes » ?
Les femmes du monde entier ont toujours cherché à s’affranchir du poids des religions, de toutes les religions et de ce qu’elles imposent aux femmes.
Quelle pathétique névrose que de masquer les voix des féministes du monde musulman qui résistent pour mettre en avant les « féministes islamistes », instruments des pouvoirs intégristes !

« 2013, le féminisme anti-putes s’offre les feux de la rampe » !
Référence à la loi d’abolition de la prostitution qui comporte la pénalisation du client prostitueur. Comme si depuis toujours le mouvement féministe n’était pas abolitionniste de la prostitution, plutôt que complaisant à l’égard des hommes qui abusent du pouvoir de l’argent pour contraindre des femmes à une sexualité non désirée ?
Mais c’est quoi au juste le féminisme sinon l’émancipation des femmes pour l’égalité femmes-hommes, une société qui se libère des dominations, exploitations et violences et abolit les privilèges patriarcaux à commencer par les plus anciens et à l’origine même du patriarcat : l’appropriation du corps des femmes pour la sexualité et la reproduction dans le mariage comme dans la prostitution ?!

Tout est à l’avenant, les fondamentaux d’un féminisme universel et laïc sont bafoués dans un jargon complotiste, des arguments absurdes, une grossière manipulation idéologique.
Qui donc peut être dupe ? Cette mouvance, démasquée depuis un certain temps déjà, ne poursuit en réalité pas d’autres buts que la perpétuation du patriarcat, alors je me demande bien pourquoi ces « féministes » de pacotille continuent de faire semblant ? Croient-elles vraiment pouvoir ainsi souiller les luttes féministes et tromper celles et ceux qui les suivent, encore longtemps ?
Pourquoi ne disent-elles pas clairement qu’elles sont du côté de l’oppresseur, des dictats religieux, du contrôle des femmes ? Pourquoi ne rejoignent-elles et ils pas les masculinistes, les islamistes, enfin qui elles et ils veulent, mais cessent d’usurper le nom de féminisme ?

Quelle terrible imposture, les seulEs véritables « putophobes » et « islamophobes » ce sont eux, tout juste bons à attiser la haine et à diviser.

Christine Le Doaré

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*1 Les Déchaînées : Valérie CG et Crêpe Georgette + Daria Marx + Gaëlle-Marie Zimmerman et A Contrario : http://www.crepegeorgette.com/2014/03/17/creation-de-lassociation-les-de-chainees/

l’article objet de ce post : « Islam, prostitution, … » : http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache%3Ahttp%3A%2F%2Fwww.dechainees.fr%2F2014%2F02%2F27%2Fislam-prostitution-feminisme-voile-string%2F

*2
https://christineld75.wordpress.com/2014/03/09/un-etrange-8-mars-2014/
https://christineld75.wordpress.com/2014/03/04/encore-un-8-mars-et-des-questions-qui-fachent/

*3 STRASS : Syndicat des travailleurs du sexe

Encore un 8 mars et des questions qui fâchent

1800340_10152224068699743_987557899_nQu’il semble loin le jour où les femmes n’auront plus besoin d’une journée internationale, non pas pour leur offrir une rose comme le font toujours certains, mais pour rappeler qu’elles subissent d’insoutenables discriminations et violences, que l’égalité est loin d’être achevée.

Quand sera-t-il enfin possible de se passer de cette journée ? C’est la question qui fâche. Ce n’est pas la seule, une journée internationale pour revendiquer des droits et des libertés, oui mais lesquels et avec qui ?

D’année en année, nous nous retrouvons dans des manifestations, pas très nombreusEs et depuis quelques années, nous sommes confrontéEs à des incidents parfois violents avec des groupuscules post-modernes qui se qualifient de »pro-sexe », ce qui a pour effet de dissuader de plus en plus de féministes de participer.

Pourtant, encore et toujours nous nous devons de porter les mêmes revendications, jamais ou partiellement satisfaites : des centres d’IVG dans tous les hôpitaux, la PMA pour toutes les femmes, une loi-cadre contre les violences faites aux femmes, la revalorisation des métiers et des salaires dans les professions féminisées, le droit d’asile pour les femmes persécutées pour sexisme et/ou lesbophobie, etc.
Nous sommes souvent déçuEs, dernièrement par François Hollande qui a refusé de faire une place à Olympe de Gouges au Panthéon ; républicaine trahie par le sexisme des institutions dont elle défendait les valeurs.

Dans un contexte social pour le moins crispé, entre crise économique tenace et délires paranoïaques d’une « manifpourtous » surchauffée, le gouvernement Hollande ne s’illustre hélas pas, par une détermination sans faille à appliquer une politique de gauche ; il ne tient même pas toutes ses promesses de campagne. La réforme sur les retraites est particulièrement préjudiciable aux femmes, en allongeant les cotisations à 43 ans, elle augmente le nombre de femmes partant avec des pensions minorées.

La droite nous rebat les oreilles avec la question du genre, mise à toutes les sauces ; pourtant la question du genre est simple, comme l’a écrit Isabelle Alonso : « Le sexe c’est une fille, un garçon. Le genre c’est une princesse, un héros. ».
Surtout, il me semble que le plus urgent en matière de sexe (biologique) et genre (construction sociale) est de se recentrer sur les stéréotypes à déconstruire pour parvenir à l’égalité femmes-hommes et abolir les privilèges patriarcaux.
Les études de genre peuvent aussi être instrumentalisées et des théories post-modernes pour le moins confuses composent avec la domination masculine et divisent le mouvement féministe.
C’est ce que dit très bien la spécialiste féministe en Sciences Politiques Sheila Jeffreys dans Unpacking Queer Politics : « I am no fan of the word ‘gender’, and would prefer to abolish it in favour of expressions which refer directly to the political foundation of male domination. Thus I prefer to describe masculinity as ‘male-dominant behaviour’ and femininity as ‘female-subordinate behavior’. No multiplicity of genders can emerge from this perspective. »

Malgré tout, grâce au ministère des Droits des Femmes et à sa ministre Najat Vallaud-Belkacem qui ne sont pas restés les bras croisés, des revendications féministes ont été satisfaites depuis le dernier 8 mars.
Je retiens notamment la suppression du concept d’état de détresse, de la loi sur l’IVG ; les ABCD de l’Egalité ; le renforcement de la loi sur le recouvrement des pensions alimentaires impayées ; la ratification de la convention d’Istanbul contre les violences faites aux femmes par la France, et surtout le vote par l’Assemblée Nationale de l’abolition de la prostitution : abrogation du délit de racolage mais pénalisation des clients. Des féministes et pro-féministes abolitionnistes, les associations du Collectif Abolition 2012 *1 s’étaient fortement mobiliséEs malgré de virulentes attaques du lobby prostitueur et des médias complaisants envers le système prostitueur, indifférents à la précarité et/ou vulnérabilité des personnes prostituées, préférant offrir d’interminables tribunes pleurnicheuses aux clients.
Avec le vote, à une très large majorité, d’une résolution abolitionniste au Parlement Européen, le 26 février 2014 (Pénalisation des clients et soutien aux victimes), c’est une véritable lame de fond, une prise de conscience générale que la servitude sexuelle prostitutionnelle n’a plus lieu d’être car c’est une violation des Droits Humains qui entrave toute émancipation des femme en tant que groupe et tout projet d’Egalité femme-hommes. Voir le Rapport Honeyball *2.
Il faut maintenant que la France concrétise cette avancée avec le vote de la loi par le Sénat.

Des progrès indéniables mais une liste de revendications toujours en souffrance ; je ne parlerai que de la nécessité de lutter efficacement contre le viol et les violences sexuelles. Environ 75.000 femmes seraient victimes de viol chaque année, c’est considérable, pourtant seulement 11 000 d’entre eux sont déclarés. Désormais les effets d’un viol, telle l’amnésie post-traumatique, sont mieux connus : ils empêchent longtemps les femmes de parler. Le délai de prescription est de 10 ans pour les viols et de 3 ans pour les agressions sexuelles, il est temps de le modifier.

Il nous faut rester mobiliséEs et défiler encore ce 8 mars. L’idéal serait que face à une droite et extrême droite agressives, toujours prêtes à s’attaquer aux droits des femmes et des LGBT, également une gauche qu’il faut rappeler à l’ordre, nous nous retrouvions toutes et tous sur des revendications féministes unitaires et universalistes.
Mais ce n’est pas le cas et il me semble dangereux d’ignorer les risques que font courir au mouvement féministe, les groupuscules de la nébuleuse « Pro-sexe » post-moderne qui se sont dernièrement illustrés par des actes de violence à l’encontre de féministes et pro-féministes dans différents cortèges comme à Toulouse contre Zéromacho. Il s’agit notamment du Collectif « 8marspourtoutes» *3 (émanation du STRASS *4, d’Act-Up, et de groupuscules de TPDG (Trans-activistes…) extrêmes, etc.).
Voir le texte *5 « 8marspourtoutes » ou l’oubli d’un énorme détail de l’histoire.

La plaie de cette idéologie post-moderne, néo-libérale, si mal nommée « Pro-sexe », portée par certains groupes et même partis politiques avec la bénédiction d’intellectuels qui pour certains, en vivent, c’est surtout le relativisme culturel qui l’imprègne.
Mettre en avant et sur-médiatiser quelques femmes prostituées, présentées comme « libres et heureuses » ou encore quelques femmes voilées « de leur plein gré », auxquelles on donne les moyens de s’exprimer au nom de toutes les autres, c’est aussi condamner ces dernières, étrangères, émigrées, racisées, fragilisées, à devoir suivre les mêmes voies pour s’émanciper.
Des femmes seraient prédisposées à se soumettre parce que la culture et les traditions de leur pays d’origine pensent que c’est bon pour elles ?
Ce qui révulserait n’importe quelle femme serait salutaire pour des femmes douées d’une aptitude secrète à subir pour survivre, des actes sexuels non désirés ?

Encourager des porte-paroles tant qu’elles ne prennent pas conscience de leur oppression, ne cherchent pas à sortir de leur condition et encore moins à dénoncer ce que sont vraiment leurs vies, ne serait-ce pas tout bonnement du paternalisme ?

Des femmes voilées pour marquer leur soumission à Dieu et/ou aux hommes mais, le voile a-t-il vraiment à voir avec l’identité arabe et la religion musulmane ou sert-il les intégristes et leur obscurantisme ?
Qui a intérêt à vilipender la laïcité, à inciter au relativisme culturel qui pèse surtout sur les femmes ?

Qui a intérêt à ce que le proxénétisme soit perçu comme une industrie comme une autre et les prostituéEs considérées comme des produits à choisir dans la rue ou sur Internet ?
Qui a intérêt à gommer la réalité des violences du système prostiteur ? Comme l’a rappelé Rachel Moran, militante féministe abolitionniste, survivante de la prostitution, récemment sur Twitter : « 1 prostituée assassinée sous le modèle Nordique, 127 sous la législation hollandaise, le tribut de la mort parle pour lui-même ! ».

Comment croire que la prostitution comme le relativisme culturel ne sont pas des valeurs de domination et d’exploitation chères aux systèmes patriarcal et libéral ?

Le mouvement féministe ne peut ignorer le désastre du post-modernisme individualiste et néo-libéral sous peine de se perdre et de renoncer à ses valeurs fondatrices.
Le Mouvement féministe et les milieux universitaires de recherche sur le genre, sont infiltrés et récupérés par des post-modernes queers « pro-sexe » réglementaristes de la prostitution. Sous couvert de défense des libertés et choix individuels, ils décident de ce qui est « féministe « ou pas et vantent les vertus de la libération sexuelle par la prostitution et la pornographie, le SM, des pratiques sexuelles performatrices et extrêmes, empreintes de violences contre les femmes.
Pendant qu’ils s’emploient à détourner les militantEs des luttes prioritaires, les femmes continuent d’être confrontées aux violences infinies du patriarcat.

Comme le dit si bien Sheila Jeffreys dans La théorie « queer » et la violence contre les femmes : « Le libéralisme et ses aspects les plus à la mode dans le postmodernisme et la théorie queer sont parvenus à occulter la présence d’un oppresseur. Toutes les pratiques violentes sont perçues comme des choix faits par des utilisateurs consentants, voire comme politiquement progressistes et transgressives. »
C’est ce que dit aussi Gail Dines: “Feminism as a movement never was about individual « choice » but about changing the economic, social and political structures that oppress women.

Ces mouvances font aussi de l’entrisme dans les partis, associations, syndicats et différents groupes de populations défavorisées et rejetées par la société.
Mais peu à peu, des voix comme celles du Collectif pour les Droits des Femmes de Toulouse « Sont-ils nos alliés ? » *7 et de l’AVFT « Un bal masqué bien orchestré » *8 s’élèvent enfin contre cette idéologie et ceux qui la défendent pour dénoncer des interventions et prises de parole violentes dans des réunions, conférence, des attaques dans des manifestations.
La dernière en date, de l’association ZEROMACHO par le STRASS et GRISELIS, à Toulouse, n’est pas passée inaperçue, pourtant peu nombreuses furent les réactions dans les associations féministes, ce qui autorise sur Twitter la porte-parole du STRASS à justifier une telle action car « ZEROMACHO n’avait rien à faire dans cette manifestation pour l’IVG » !.
Il est temps de réagir parce qu’au point où ils en sont, il ne faudra pas être surpris s’ils tentent d’exclure les féministes de leurs propres manifestations !
Il faut remettre en lumière l’universalisme d’un féminisme laïc et abolitionniste de la prostitution, un féminisme au service de l’émancipation des femmes.

Cette année, pour le 8 mars, un collectif localisé dans le 93 propose une contre-manifestation, dans un amalgame que l’on peut qualifier de populiste il entend « prendre la défense des femmes ouvrières et prolétaires exploitées et sans papiers dans les quartiers, aussi des femmes qui portent un voile, aussi des LGBT… », car « les féministes institutionnelles et bourgeoises nient les réalités sociales… ».
Pourtant, chaque année je vais à la manifestation du 8 mars, le cortège regroupe des femmes de toutes conditions sociales, opinions et engagements politiques, des associations lesbiennes et soutiens LGBT. Ces revendications ne sont pas oubliées et les femmes ont toutes des intérêts en commun même si bien sûr, les oppressions de classe et le racisme traversent leurs mouvements comme l’ensemble de la société, mais les discriminations et violences spécifiques qui touchent la moitié de la population du globe constituent bien un socle commun de luttes féministes.
Alors, pourquoi diviser le mouvement, à qui cela peut-il servir, sûrement pas aux femmes !

Si ce sont bien les pouvoirs publics que nous responsabilisons pour les retards et blocages relatifs aux droits des femmes, ne négligeons pas les dégâts occasionnés par la nébuleuse post-moderne aux méthodes douteuses, à moins de vouloir les laisser réquisitionner nos luttes et nous dire en quoi consiste l’émancipation des femmes.
Dans tous les cas, je doute que leurs théories directement influencées par les industries patriarcales et libérales du sexe ne nous mènent jamais à une société de progrès et de libération ni pour les femmes, ni pour les hommes.

La manifestation féministe unitaire appelée par le CNDF et de nombreuses associations signataires partira le samedi 8 mars à 14H30 de Bastille

Christine Le Doaré

*1 Collectif Abolition 2012 :
http://www.abolition2012.fr/

*2 Rapport Honeyball :
http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-%2F%2FEP%2F%2FTEXT+REPORT+A7-2014-0071+0+DOC+XML+V0%2F%2FFR

*3 Collectif « 8marspourtoutes »

*4 STRASS : Syndicat des travailleurs du sexe

*5 « 8marspourtoutes » ou l’oubli d’un énorme détail de l’histoire :
https://christineld75.wordpress.com/2013/11/22/8marspourtoutes-ou-loubli-dun-enorme-detail-de-lhistoire-feministe/

*7 Toulouse : Sont-Ils nos alliés ?
http://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2014/02/21/sont-ils-nos-allies/
« Des groupuscules réglementaristes s’invitent et parasitent nos réunions, profitent de nos rassemblements et de nos manifestations pour détourner nos mots d’ordre et promouvoir l’ordre libéral et la marchandisation du corps des femmes….Ces groupes interviennent de manière violente, parfois masquée, dans nos manifestations, arrachant les banderoles et proférant des slogans sans lien avec la lutte menée …Ces pseudo-révolutionnaires ne sont en fait que les laquais de l’économie de marché où tout se vend, tout s’achète, y compris le corps des êtres humains….Ces groupes réglementaristes sont misogynes, ils n’ont rien à faire dans nos réunions et nos rassemblements, sinon nous diviser. »

*8 L’AVFT : Un bal masqué bien orchestré
http://www.avft.org/article.php?id_article=739
« LA CROISADE DES REGLEMENTARISTES
…En effet, les promoteurs d’une « prostitution choisie » ont tactiquement trouvé un nouveau cheval de bataille pour diffuser leur idéologie. Le STRASS ne se présente plus uniquement comme un « syndicat » militant pour les droits de celles et ceux qui « font le choix se prostituer », pour reprendre leur terminologie. Le groupe de pression intègre désormais n’importe quelles mobilisations à caractère social, contestataire ou féministe. En d’autres termes, cela s’appelle de l’entrisme. Dans cette même mouvance, le Strass soutient pêle-mêle, les salariées de Lejaby, les femmes sans papiers, les assistantes maternelles, les femmes en lutte en Grèce etc. Un grand gloubiboulga destiné à nous enfumer. Ce fourre-tout à un nom : « le féminisme non-excluant ».
Et voici donc le Syndicat du Travail Sexuel embarqué dans une croisade pour le droit à l’avortement en Europe ! La manipulation idéologique est grossière et fonctionne, alors qu’elle procède d’un pur sophisme. On la comprend encore mieux lorsqu’on lit ce slogan sur un des panneaux du rassemblement place d’Italie : « mon vagin, mon choix, ta gueule ». Faire comme si la liberté d’acheter des femmes à des fins sexuelles était le même combat que la liberté d’avorter. Faire comme si aliéner son corps était la même chose que de réclamer la liberté d’en jouir…. Le groupe de pression cherche désormais à paraître plus présentable à force de faire de l’entrisme aux côtés des militant-es féministes dont certaines n’y voient que du feu ou bien épousent ses thèses. Il en tire un bénéfice et une couverture médiatique non négligeable. … »

*6 « La postmodernité proxénète » par Sylviane Dahan publié dans Action féministe 26 -N Traduit du castillan par Martin Dufresne et l’auteure, Sylviane Dahan
https://www.facebook.com/notes/martin-dufresne/la-postmodernit%C3%A9-prox%C3%A9n%C3%A8te/10153922640475595


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