Posts Tagged 'Iran'

La manif #NousToutes est passée loin d’elles, les iraniennes

#25novembre2022 Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes : trois observations et convictions fortes.

  • La Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes n’est pas superflue.  
  • Le mouvement #NousToutes a tort de rassembler des luttes antagonistes et de rejeter l’universalisme au profit du relativisme culturel.
  • Le 25 novembre 2022 aurait dû, avant tout, être un immense plaidoyer en faveur des iraniennes qui se dévoilent au péril de leur vie pour se libérer du joug politico-religieux des mollahs, et des Afghanes livrées à leur terrible sort sous régime taliban.

La Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes n’est pas superflue.  

Cette année, la manifestation #NousToutes parisienne (et ses répliques en région) a eu lieu le samedi 19 novembre. A Paris, elle aurait rassemblé environ 18 500 personnes, un chiffre équivalent à celui de l’année précédente (+ 500/2021). Je ne cite pas le chiffre mis en avant par les organisatrices, dans chaque manifestation, les organisateurs ne savent pas évaluer correctement la participation. La manifestation #NousToutes était centrée sur les dysfonctionnements de la justice et de la police et les organisatrices réclamaient une loi-cadre contre l’impunité des agresseurs et des violeurs avec notamment « l’instauration de brigades et juridictions spécialisées ».

Il faut savoir que le gouvernement n’est pas contre, il attend les conclusions d’une mission parlementaire. Les budgets alloués à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles ne cessent d’augmenter, mais à l’évidence, il faut encore plus de moyens, ce qui d’ailleurs interroge fortement sur l’ampleur du sexisme et du machisme dans nos sociétés.

Déjà, 100 féminicides en 2022, il y en a eu 122 en 2021. Les viols rapportés à la police augmentent de manière exponentielle, certes la parole se libère mais le nombre de viols commis sidère par son importance sachant en plus, qu’une petite partie est déclarée et un infime pourcentage jugé.

Personne ne peut nier que les violences sexistes et sexuelles constituent toujours un problème de société majeur. Des femmes sont menacées, agressées, violées, dans leurs relations privées comme dans l’espace public où elles sont contraintes de limiter leurs libertés ou de prendre des risques. Il est inadmissible que la moitié de l’humanité vive toujours de la sorte.  

Le mouvement #NousToutes rassemble des luttes antagonistes et rejette l’universalisme au profit du relativisme culturel, intersectionnalité et surenchère victimaire.

Faire cohabiter dans un même cortège, des femmes en soutien aux iraniennes qui se révoltent et pour s’émanciper rejettent l’obligation du port du voile, et des femmes qui, au service d’un agenda politico religieux, tentent d’imposer en occident le port du voile dans les services et la fonction publics, est une aberration politique. Et ce n’est pas la seule.

Le slogan « Qui sème l’impunité récolte la colère » est puissant pourtant, il m’interpelle.  Il laisse sûrement de marbre les agresseurs et les violeurs qui ne sont jamais nommés ni mis en accusation, comme si les violences étaient commises par des abstractions et non des hommes bien réels. Les seuls responsables nommés sont police, justice et gouvernement. Certes, les dispositifs existants doivent être renforcés et les moyens mis en œuvre augmentés mais les premiers responsables de la situation sont bien les individus qui commettent ces violences et continueront de le faire peu importe les mesures adoptées. Pourquoi invisibiliser les coupables ? Je ne peux m’empêcher de penser à une forme d’instrumentalisation politique. D’ailleurs le texte d’appel laisse peu de doutes sur la question : « Nous manifesterons pour porter la voix … des 700 femmes assassinées sous la présidence d’Emmanuel Macron … «.

La justice est malade, elle manque de moyens dans tous les domaines, pas seulement dans celui des violences faites aux femmes,  et dans ce domaine, ont été alloués des moyens et prises des mesures ces dernières années comme jamais jusqu’alors. Tout est perfectible et l’état a bien entendu sa part de responsabilité, mais la cible première de la colère des féministes doit être avant tout les coupables des violences, il ne faudrait pas l’oublier.

Aller jusqu’à raconter que les victimes ne portent pas plainte parce qu’elles savent que cela ne les mènera nulle part est faux et irresponsable. Il faut au contraire encourager toutes les femmes à porter plainte et à aller jusqu’au bout.

Problématique aussi l’organisation d’un cortège tronçonné avec en tête un groupe exclusivement composé de militant.es racisé.es (apporter son nuancier et laisser ses amis derrière), LGBTQIA, précaires (se balader avec sa feuille d’imposition) … Encore une fois division du corps social et surenchère victimaire jusqu’à plus soif. Intersectionnalité mal digérée et absence de commun et de solidarité. Là encore il suffit de se référer au texte de l’appel qui plus que qu’aux violences patriarcales s’intéresse bien plus aux discriminations racistes, classistes, validistes, psychophobes (???), LGBTQIA+ (tant qu’on y est, mettons-y tout l’alphabet), sérophobes, grossophobes, islamophobes (ça y est le mot important est lâché) … qu’aux violences patriarcales. Il faudrait aussi mettre en avant les actes « transphobes », sachant que nombre de manifestations féministes sont attaquées par des trans-activistes misogynes, c’est assez troublant.

Quand on analyse le site et l’appel à la manifestation, on voit que rien n’est laissé au hasard, plus aucun droit à l’improvisation, à l’imagination, au pas de côté, il s’agit d’un véritable embrigadement, un peu comme dans les groupes gauchistes, zadistes et autres, tout est ultra professionnalisé, on comprend bien qui est à la manœuvre et on peine à sentir une authentique culture féministe derrière tout ça. https://www.noustoutes.org/manif2022/

Cette année, le 25 novembre aurait dû être un immense plaidoyer en faveur des iraniennes qui se dévoilent au péril de leur vie pour se libérer du joug politico-religieux des mollahs, et des Afghanes livrées à leur terrible sort sous régime taliban

Les mouvements féministes mondiaux et #NousToutes en particulier ne se sont pas mobilisés de manière significative pour soutenir le mouvement de révolte en Iran. Pourtant ce sont des femmes qui sont à l’origine de cette révolte et le mouvement a démarré après la mise à mort de Mahsa Amini. Depuis, des dizaines d’autres jeunes femmes ont été assassinées par les brigades de sécurité de la République islamique d’Iran. Depuis des années les femmes iraniennes se révoltent contre les diktats du régime islamique qui les prive de liberté. Elles ont lancé les mouvements #MyStealthyFreedom #MyCameraIsMyWeapon #FreeFromHijab #LetUsTalk et bien d’autres pour affirmer leur volonté de liberté qui passe par le rejet du hijab obligatoire, se mettant en scène cheveux au vent. Elles forcent le respect et méritent un soutien et une solidarité des femmes du monde entier. Mais non, les féministes intersectionnelles sont à la traîne, gênées aux entournures, elles qui ont fait le choix d’alliances douteuses avec des femmes soumises au patriarcat fondamentaliste islamique. Comment faire pour soutenir les iraniennes et ne pas braquer les militantes affiliées aux Frères musulmans qui se prétendent féministes ? Même Nemesis groupe d’extrême-droite peut s’infiltrer dans la manifestation et abuser de provocations avec burqas et voiles, elles savent que par peur d’être accusées d’islamphobie, #NousToutes ne les expulsera pas du cortège.

Les violences sexistes et sexuelles sont imposantes partout, mais s’il y a bien un pays et des femmes qui méritaient un mouvement féministe d’ampleur ce #25novembre, c’était bien les iraniennes. Elles peuvent toujours courir. Les Afghanes abandonnées à leur terrible sort aux mains des talibans aussi.

En conclusion, les mouvements féministes mainstream ont encore fait la preuve cette année que trahir le féminisme universaliste au profit du relativisme culturel intersectionnel ne fait que nous diviser et affaiblir. Les iraniennes comme toutes les femmes qui s’affranchissent des pires patriarcats ne peuvent pas compter sur les féministes #NousToutes


Christine Le Doaré

#8mars2018 le sabotage de la manifestation féministe Parisienne

 Dans une manifestation féministe #8mars , un cortège BDS pro-palestinien/anti-israélien menace des féministes soutenant les Iraniennes en lutte contre le port du voile obligatoire. En ce qui me concerne, cet évènement constitue un point de non-retour.

Bien sûr, comme tout mouvement social qui se construit dans une confrontation constante, le mouvement des femmes est complexe, divers et divisé. Bien sûr, depuis le début de son histoire, les valeurs fondamentales du féminisme sont dévoyées, trahies par nombre de personnes et de groupes qui pratiquent un entrisme éhonté pour tenter d’en prendre le contrôle.

Des groupuscules identitaires ont infiltré quasiment tous les partis et mouvements sociaux à gauche et pas seulement ; le mouvement féministe pas plus que le mouvement LGBT, n’ont été épargné. Pour tout observateur aguerri des mouvements sociaux, ce n’est vraiment pas un scoop. Le plus grave étant qu’aucune formation politique ou sociale de gauche ne fait le ménage dans ses rangs, bien au contraire, complaisance et lâcheté se mêlent à l’acculturation, au simplisme et même à la bêtise et laissent le champ libre à un dangereux sectarisme. A tout prix ne pas disparaître, et s’il le faut construire des alliances, même les plus improbables. Ce qui s’est passé le #8mars2018 à Paris dans une manifestation prétendue « féministe unitaire » en est une parfaite illustration.

Déjà lors de manifestations du #8mars précédentes, il avait déjà fallu supporter les batailles entre factions en guerre (Kurdes/Turques…), et des cortèges intersectionnels #8marspourtoutes défendant le système prostitueur ou le voile, etc. Les syndicats CGT, SUD, l’extrême-gauche, les libertaires, les Verts et le PC, constituaient d’année en année, le plus gros du cortège, pendant que le cortège de femmes se réduisait à portion congrue, mais nous n’avions pas encore été agressées par un bataillon pro-Palestinien – boycott Israël (BDS) pour avoir porté des pancartes féministes de soutien à nos sœurs iraniennes qui se dévoilent au prix de leur liberté, quand ici, des identitaires endoctrinées font la promotion du voile, marqueur genré politico-religieux s’il en est !

La manifestation parisienne est partie en avance sur l’horaire, alors que nous le quittions, nous avons croisé des femmes tentant de le rattraper. Un cortège désorganisé, dépareillé, faisant encore une fois la part belle aux syndicats et groupes politiques, sûrement concernés par la lutte contre le système patriarcal, mais avant tout, par la critique du gouvernement, sans oublier quelques individus masqués « antisystème », comme il s’en trouve désormais dans quasiment toute manifestation parisienne. Bien entendu, il y avait encore quelques groupes féministes, et j’ai notamment croisé des délégations OLF, Zéro Macho, Encore Féministe, la GLFF, etc. Il y avait aussi un cortège #metoo, un cortège de militantes Kurdes, de militantes d’Efrin, de femmes Iraniennes en exil, mais je n’ai noté, (à part les nôtres), aucune pancarte de soutien aux Iraniennes, aux Syriennes, aux femmes Polonaises qui luttent contre l’interdiction de l’avortement.

Comment en ce #8mars2018 passer à côté des Iraniennes en lutte contre les interdits d’un régime qui leur impose tenues et conduites directement issues de la charia islamique ? Il faut croire que les « féministes » intersectionnelles, islamo-gauchistes, françaises (comme un peu partout en occident), toutes à leur communautarisme et leur sacro-sainte  liberté du voile islamique, ne peuvent supporter la vue des Iraniennes ôtant publiquement leur voile, ceci exigerait de leur part de réfléchir à la signification réelle de ce voile !

Nous étions un petit groupe de femmes, issues notamment des « Femmes sans voile » d’Aubervilliers, de la CLEF, de Regards de Femmes, La Ligue Internationale du Droit des Femmes et des Vigilantes à avoir préparé et à porter des pancartes affichant le logo de soutien aux femmes iraniennes en lutte contre le port du voile obligatoire. Regardant passer le cortège avant de rejoindre les quelques groupes féministes en tête, certaines d’entre nous ont été apostrophées, injuriées, menacées par plusieurs individu.e.s sortant de l’imposant cortège pro-Palestinien/anti-Israélien -BDS. L’une de nous a été bousculée, sa pancarte a été cassée. Que faisait ce cortège BDS dans une manifestation féministe ? Comment admettre qu’une manifestation féministe le 8 mars, Journée internationale de lutte pour les Droits des Femmes, n’affiche pas massivement son soutien aux femmes Iraniennes qui viennent de lancer un mouvement de libération pour s’affranchir du joug patriarcal politico-religieux islamiste ? Comment cautionner que des féministes, solidaires des Iraniennes ne puissent défiler en paix dans une manifestation féministe le 8 mars, pire, y soient menacées, bousculées, agressées ?

En ce qui me concerne, après plus de 35 ans de participation aux manifestations féministes du #8mars, j’y mets un point final. Le mouvement féministe est gangréné par les identitaires de tous poils, « féminisme musulman », racialistes, islamo-gauchistes ; tous les groupes et personnalités qui tolèrent voire encouragent cette confusion aussi malsaine que dangereuse sont responsables. Un travail de clarification et de refondation doit avoir lieu. En attendant, je pense qu’il est urgent de se concentrer sur l’essentiel, à savoir la solidarité avec les femmes qui, ici et ailleurs, se battent contre les discriminations et violences contre toutes les femmes, sans aucune considération identitaire, communautariste ni religieuse. Le féminisme est par définition laïque et universaliste ou il ne l’est pas, les identitaires et leurs ami.e.s viennent d’en faire la démonstration imparable.

Christine Le Doaré

 

 

 

Solidarité féministe et sportive internationale #JOParis2024 !

Solidarité féministe et sportive internationale !

#JOParis2024 #LetWomenGoToStadium #StopApartheidSexuel

Au « Marathon de la honte « de Téhéran où les femmes ont couru à part sur un parcours réduit et dans un stade fermé *1, a répondu un silence assourdissant de la part des ONG de défense des Droits Humains, comme des organisations et fédérations sportives et même des associations féministes.

Seules, la Ligue du Droit International des femmes et la Coordination Française pour le Lobby Européen des Femmes ont organisé en riposte à Paris, un évènement en solidarité avec les femmes Iraniennes et Saoudiennes, contre l’apartheid sexuel.

Darya Safai formidable résistante iranienne, aujourd’hui réfugiée politique, qui avait déployé une banderole pendant les JO de RIO en 2016, en était l’ambassadrice.

#LetWomenGoToStadium  #StopApartheidSexuel

Pour ces deux fédérations féministes, « Les règles éthiques du sport et des JO sont fondées sur des valeurs universelles, et Paris qui défend sa candidature pour les JO 2024 oublie ces valeurs. »

Les VigilantES  www.vigilantes2015.wordpress.com et quelques autres, appelaient aussi à soutenir l’évènement.

Lorsqu’il s’agit des droits et libertés des femmes, le relativisme culturel paralyse celles et  ceux qui pourtant sont prompts à agir en matière de Droits Humains,  et même désormais nombre d’organisations qui se revendiquent du féminisme.

Le manque de solidarité internationale envers les femmes vivant dans les pays islamiques qui imposent des règles de vie moyenâgeuses aux femmes, est criant. Evidement, les  groupes « féministes islamiques » comme LALLAB et les tous les autres se taisent :  il est bien trop risqué pour elles de parler de solidarité internationale, mieux vaut discréditer et attaquer à l’unisson avec le parti des Indigènes de la République dont elles sont le plus souvent une émanation, le seul « racisme d’état » de l’état français et des pays occidentaux !

Mais les groupes féministes mainstream ne se bousculent pas non plus pour répondre présentes quand il le faudrait.  Peu à peu, la rhétorique des identitaires racialistes et essentialistes gagne les milieux politiques et féministes de gauche et pas seulement. L’entrisme de l’islam politique est redoutablement efficace et les islamo-gauchistes qui détiennent les postes universitaires,  médiatiques et politiques clés, lui facilite le travail en ouvrant peu à peu toutes les portes de nos institutions locales comme nationales.

La ségrégation, les discriminations et violences sexistes vécues par les femmes saoudiennes, iraniennes et toutes les autres, finit par devenir leur problème ; s’en préoccuper et vouloir exercer une solidarité féministe universelle est désormais suspect, accusé de comportement colonialiste et raciste !

Cette rhétorique monstrueusement stupide devrait être facilement battue en brèche par tous les groupes et individu-e-s qui se revendiquent du féminisme, hélas, il semble bien que le relativisme culturel ait fini par anéantir leurs neurones affectés à l’intelligence. Alors, mille fois merci aux rares individu-e-s et associations encore capables de discernement et de solidarité envers les femmes opprimées du monde entier.

#JOParis2024 c’est aussi l’obligation morale, humaine, féministe et politique d’agir pour la libération des femmes, de toutes les femmes. Non à l’apartheid sexuel, oui à l’universel et à l’égalité par le sport !

Christine Le Doaré

*1 www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/pour-le-premier-marathon-de-teheran-les-femmes-ont-du-courir-a-part_1896870.html


Entrez votre adresse mail pour suivre ce blog et être notifié par email des nouvelles publications.

Archives