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Barbecue de barbaque, c’est du saignant

Sandrine Rousseau d’EELV trouve toujours le moyen de faire parler d’elle sur les réseaux sociaux. Elle se plaint d’un shitstorm sur Twitter mais ne fait rien pour en sortir, au contraire. Son sectarisme est tel, elle s’enfonce toujours plus loin dans l’excès et la caricature. Son indigeste coup du barbecue et de la « barbaque genrée » a copieusement occupé Twitter en cette fin d’été.

Il va pourtant falloir trancher dans le vif du sujet. Qui n’a jamais assisté à des barbecues où monsieur en short s’affairait consciencieusement, instruments en mains, devant son barbecue pendant que madame en cuisine préparait la marinade ou les légumes … ? Qui n’a pas remarqué au restaurant d’entreprise, qu’il y avait toujours plus d’hommes que de femmes devant le stand de steaks et autres pièces de boucherie que devant les salades ? …

Sandrine Rousseau me fait autant marrer avec son écologie sectaire et ses velléités de rééducation de la population que toutes celles et ceux qui bouclier levé, s’arrangeront toujours pour ne pas voir les femmes et les hommes investis des rôles sociaux qui leur ont été culturellement impartis. A l’évidence, il faut du temps pour s’affranchir vraiment d’une ancestrale culture hétéropatriarcale ; il suffit de regarder les enfants d’aujourd’hui jouer dans une cour d’école pour s’en convaincre. Non, nous ne sommes pas encore tirés d’affaires, l’égalité juridique doit s’accompagner d’un profond changement des mentalités.

Autrement dit, ce n’est pas parce qu’il faut dénoncer les tentations totalitaires de rééducation de la population qu’il ne faut pas reconnaître et réduire les stéréotypes dans une société imprégnée de sexisme et même de misogynie. Ce n’est ni en cachant la poussière sous le tapis ni en culpabilisant les hommes (comme les femmes d’ailleurs) que l’on avancera. Le déni comme l’outrance ne servent à rien.

Mais laissons un peu barbaque et barbecue de côté, pour nous intéresser au marketing sexué qui pénalise lourdement les femmes, ce qui ne semble pas émouvoir grand-monde, même pas Sandrine Rousseau et pourtant.

J’ai lu un article intéressant à ce sujet dans ELLE (qui l’eut cru !) « C’est quoi la Pinkflation » de Patrick Williams. Mis à part le fait que ceci n’a rien à voir avec l’inflation car il en est ainsi depuis longtemps, les prix sont en effet bien plus élevés pour les femmes que pour les hommes, pour un produit ou service identique. Une coupe sur cheveux courts et même très courts, coûte sans raison aucune jusqu’à 20 euros de plus aux femmes qu’aux hommes. Un paquet de rasoirs bic, de couleur rose et donc destiné aux femmes coûte cinquante centimes de plus que les oranges destinés aux hommes. Et ainsi de suite …

Pour résumer les marques prennent les femmes pour des andouilles, (histoire de rester dans la barbaque), il serait temps que ça cesse.

Christine Le Doaré

L’UNEF n’est pas fondée à organiser des réunions en non-mixité raciale, ni à les comparer aux réunions féministes

C’est décidément l’époque des grandes confusions.

Le mouvement « Nous Toutes » et d’autres groupes féministes soutiennent Mélanie Luce, la présidente de l’UNEF en difficulté depuis qu’elle a défendu les réunions tenues en non-mixité raciale « réunions interdites aux blancs » dans son syndicat.

Pour justifier ces réunions « interdites aux blancs », l’UNEF et ses soutiens les mettent sur le même plan que les réunions féministes non-mixtes (c’est-à-dire tenues entre femmes).

Pourtant la comparaison ne tient pas et ce pour plusieurs raisons.

Le Mouvement des femmes comme son nom l’indique est un mouvement, ce n’est pas une association ni un syndicat, personne ne paye de cotisation au mouvement des femmes.

L’UNEF en revanche est un syndicat. Pour pouvoir organiser des réunions publiques interdites aux blancs, il faudrait que soit inscrit dans ses statuts, notamment dans son objet, la défense d’une catégorie « raciale » ou « racisée » de la population.

L’UNEF ne défend pas les intérêts des étudiants « non-blancs » mais des étudiants, de tous les étudiants hommes comme femmes et ce quelle que soit leur couleur de peau ou origine.  

D’ailleurs rien que le terme « non-blanc » pose problème. L’UNEF a-t-il conçu un nuancier pour savoir qui entre ou n’entre pas précisément dans la définition de « non-blanc » ?

En outre, rappelons que le Mouvement des femmes a démarré avec des groupes de paroles où les femmes échangeaient sur leur vécu. Il était souvent question d’intime et de sexualité, certaines réunions consistaient à découvrir son corps, alors à l’évidence la non-mixité s’imposait pour créer des espaces où la parole comme la pratique pouvaient s’exprimer librement sans le regard ni le jugement des hommes.

Il était question d’émancipation de la moitié de l’humanité.

Si le racisme, comme d’autres formes de rejets et discriminations sont bien de tristes réalités, les races n’existent pas, il n’y en a qu’une seule, la race humaine.

En revanche, les sexes existent bel et bien et si le sexisme est bien l’affaire de toutes et tous, des espaces sécurisés entre femmes sont à l’évidence indispensables dans un certain nombre de situations.

Les Maisons des femmes sont souvent non-mixtes, même s’il leur arrive d’organiser des évènements publics ouverts à tous. Ce qui au regard du droit ne pose pas de problème puisque ce qui pourrait être considéré par certains comme une discrimination, est autorisé par l’article 225-3 alinéa 4 du code pénal : exemption à discrimination fondée sur le sexe lorsque la discrimination est justifiée par la protection des victimes de violences à caractère sexuel, la promotion de l’égalité des sexes ; en revanche, rien de tel pour les discriminations liées au racisme.

Par conséquent, l’UNEF à aucun titre n’est fondée à organiser des réunions, à fortiori publiques, en non-mixité raciale et encore moins à les comparer aux réunions en non-mixité sexuelle ou de genre. Pour autant je ne vois guère de raisons ni motifs juridiques pour demander sa dissolution.

En revanche, il serait tout de même temps que les groupes qui se revendiquent du féminisme, plutôt que de plonger tête baissée dans les pièges de l’intersectionnalité, s’intéressent à l’histoire et aux fondamentaux du féminisme.

Christine Le Doaré

Alice Coffin, la soutenir ou pas ?

Soutenir ou ne pas soutenir Alice Coffin, une fois de plus le débat est mal posé. Comment en arrive t’on à autant d’absurdité et de violence ? 

Je m’oppose aux idées et analyses défendues par Alice Coffin, à sa manière de faire de la politique et de défendre la cause féministe et des lesbiennes, mais je condamne tout autant la manière dont ses propos ont été déformés et plus encore le déferlement d’attaques incroyablement violentes sur sa personne. Combattre les idées, pas les personnes.

J’ai vu passer des commentaires ignobles sur les réseaux sociaux. Certains en profitent pour faire preuve d’une lesbophobie épouvantable. Elle l’aurait bien cherché, quel beau prétexte pour se lâcher. Les commentaires sur l’apparence physique cachent mal ce besoin d’imposer des normes de féminité et masculinité qui ne sont jamais que des constructions sociales. En réalité il y a autant de façons d’être femme ou homme que d’individu.es. Ces attaques sont minables, inadmissibles.

Je condamne aussi le procédé qui consiste à sortir une phrase de son contexte. Alice Coffin n’a jamais écrit qu’il fallait « éliminer les hommes » contrairement à ce qu’a prétendu David Abiker de Radio Classique. Article qui a déclenché les hostilités. Dans son livre elle écrit : «  Il ne suffit pas de nous entraider, il nous faut à notre tour les éliminer. Les éliminer de nos images, de nos esprits, de nos représentations. Je ne lis plus les livres des hommes, je ne regarde plus leurs films, je n’écoute plus leurs musiques. » 

Pour ma part, je pense que c’est stupide de mettre tous les hommes dans le même sac, que c’est sectaire et que ça ne résoudra rien, mais après tout, c’est son droit de privilégier les créations produites par des femmes. Indéniablement, des siècles durant, les femmes n’ont pas été valorisées au plan culturel, que ce soit dans les manuels scolaires, les lieux culturels, ou encore les médias. Alors moi aussi, je lis plus de femmes que d’hommes, je suis inspirée par nombre de musiciennes et m’intéresse aux femmes artistes, mais je ne me vois pas faire abstraction de leurs homologues masculins qui peuvent également m’enchanter et me captiver.

Selon moi, les propos d’Alice Coffin soulèvent au moins deux problèmes majeurs. 

Le premier : beaucoup de femmes ont intériorisé le sexisme, et il ne suffit pas d’être de sexe féminin pour remettre en question la domination masculine. Il arrive souvent que des oeuvres soient « androgynes » et surtout, la sensibilité, l’ouverture d’esprit, le talent, le génie n’appartiennent pas à un sexe plus qu’à un autre, mais à des individu.es. Je ne crois pas que c’est en reproduisant à notre tour les schémas d’effacement et d’exclusion que allons résoudre les problèmes de domination, d’autant plus que la situation des femmes artistes a tout de même évolué au cours de ces dernières décennies. 

Le second : Alice Coffin ne nous fait pas part de ses choix sur le ton de la confidence, il s’agit d’un manifeste. En tant que porte-parole de l’association des journalistes LGBT, en tant qu’élue EELV, et que militante lesbienne, elle entend représenter et entraîner des lesbiennes et des féministes sur cette voie.  Avec un opportunisme certain, elle embarque sur l’armada metoo, cancelculture et woke culture qui place l’identité au coeur des revendications politiques. Le sens du timing et du marketing ne lui font pas défaut. Après l’affaire Christophe Girard, la parution du « Génie lesbien », ne doit rien au hasard. Il ne faut pas oublier qu’Alice Coffin a bénéficié en 2018 de la bourse Fullbright pour étudier aux USA le traitement des questions LGBT dans les médias.

Donner à une orientation sexuelle des qualités et prérogatives particulières, prôner un apartheid sexuel culturel pour rétablir l’égalité ne sont que des éléments d’une stratégie de pouvoir. Multiculturalisme, indigénisme, communautarisme, intersectionnalité, politiques de l’identité et velléités de dictature des minorités, néo-féminisme et lesbianisme qui volontairement s’affichent misandres et guerriers : c’est une stratégie globale, celle de la haine du mâle blanc, celle de la cancelculture. Ce radicalisme n’a rien d’improvisé. Il y a des raisons objectives à l’émergence de cette mouvance, au premier chef le système patriarcal met un temps fou à battre en retrait, mais à l’évidence, pensées et stratégies primaires et binaires ne sont que des impasses qui nous feront aussi perdre du temps sur le chemin de l’égalité femme-homme et de l’émancipation féministe. 

Penser que l’on va pouvoir venir à bout de la domination masculine, du sexisme ou de l’hétéronormalité avec des idées et stratégies toutes aussi sectaires est selon moi totalement contreproductif. Ce monde là ne m’intéresse pas non plus. 

Christine Le Doaré

Alice Coffin n’est pas une VigilantE :

https://vigilantes2015.wordpress.com/2020/07/27/alice-coffin-nest-pas-une-vigilante/

Il est important de bien recentrer le débat sur ce qui est important : l’identitarisme, les alliances entre indigénistes et néo-féministes, LGBT …, tout un mouvement avec ses stratégies guerrières, tout est calculé rien n’est improvisé … 

#25novembre beau bilan, mais merci qui ?

Bilan du #25novembre 2019 par une féministe universaliste

La banderole de tête du cortège nantais

En tant que féministe universaliste, j’ai ressenti le besoin de tirer un bilan de la mobilisation du 25 novembre,  Journée Internationale contre les violences faites aux femmes.

La libéralisation de la parole qui n’est certes pas exempte de dérapages, a eu le mérite de faciliter  une prise de conscience généralisée et l’expression d’un rejet massif des violences touchant les femmes. A Paris comme un peu partout en France, les cortèges furent imposants, on ne peut que s’en féliciter. 49 000 personnes à Paris, on n’avait pas vu ça depuis la grande manifestation féministe du 6 octobre 1979 pour la pérennisation de la loi Veil. Alors merci à celles qui ont parlé  publiquement, ce qui n’est jamais sans risque, et un immense bravo à toutes les femmes et hommes également, qui ont défilé les 23 et 25 novembre contre toutes les violences patriarcales. Il est en effet absurde de viser une égalité entre les femmes et les hommes tout en tolérant d’infernales violences à l’encontre des femmes.

Les femmes sont victimes de violences conjugales certes, mais aussi de harcèlement de rue, violences sexuelles, viols, agressions ; sans oublier les violences liées aux origines, religieuses et communautaires, telles que l’excision, le mariage forcé, le voilement… d’ailleurs souvent oubliées dans les différentes manifestations, un peu comme si les violences conjugales occultaient toutes les autres violences. Les enfants sont également victimes de terribles violences sexuelles, physiques et psychologiques. D’autres catégories de la populations subissent également des violences.

Le nombre de manifestant.es était considérable, c’est un succès incontestable, en revanche, le nombre n’est pas gage que de qualité. Dans les manifestations ont été relevé des comportements, pancartes, slogans que je qualifie de pitoyables et même anti-féministes. Même si une majorité de manifestant.es ne les partage pas, leur multiplication et visibilité grandissante posent un sérieux problème.

Ce n’est pas un secret, pour faire nombre, les organisatrices se revendiquant de #NousToutespour  ont recherché des compromis avec des tendances du mouvement des femmes et des groupes  éloignés des fondamentaux du féminisme. Les conséquences ne sont pas anodines et devraient alerter bien plus qu’elles ne le font. Mais il est vrai que nous sommes à une époque où s’opposer à une certaine doxa militante expose à une stigmatisation, voire de sévères représailles, ce qui musèle pas mal de monde.

  Dans le cortège parisien ont été relevé les faits suivants : 

  • des femmes dénonçant « la pratique esclavagiste de la GPA » ont été prises à partie, leur tracts déchirés et jetés à terre.  « NousToutes » ah bon ? ;
  • des slogans hostiles à l’abolition de la prostitution ont été massivement scandés (Ils révèlent que la loi n’est toujours pas comprise : accuser les abolitionnistes de tuer les personnes prostituées alors que ce sont toujours les clients ou les réseaux criminels qui les tuent est d’une absurdité sans nom, en outre, la loi a dépénalisé les personnes prostituées mais pénalise les clients qui alimentent la demande et entretiennent le trafic d’êtres humains.) ;
  • des slogans favorables au voile islamique ont été hurlés, comme si la soumission à des diktats religieux patriarcaux pouvait préserver les femmes des violences ;
  • des slogans accablant l’Etat français de pratiquer un « racisme d’état » et une « islamophobie d’état » ont été scandés (Pourtant, nous ne sommes pas aux USA, et s’il y a bien du racisme, d’ailleurs pas à sens unique, des lois contre le racisme s’appliquent et l’éducation nationale notamment, fait de la prévention contre le racisme. Il n’y a pas non plus « d’islamophobie d’état », en revanche, la critique des religions est libre ; le racisme anti-musulman existe (peu en réalité) mais il y a des lois contre ça. Il est donc faux de parler de « racisme d’état » et « d’islamophobie d’état » car l’Etat n’organise aucun racisme,  il les combat. Il est parfaitement stupide d’alimenter les stratégies de groupes victimaires indigénistes, ségrégationnistes et/ou islamistes. En revanche, je note que l’antisémitisme, en nette augmentation, ne semble pas bouleverser grand monde.)
  • des slogans anti-Macron (bien que ce gouvernement soit tout de même le premier à instaurer un Grenelle et à adopter des mesures conséquentes qui devront être évaluées et complétées en fonction des résultats) et contre le libéralisme (mais pour quelle alternative crédible et derrière qui, on cherche encore, d’autant plus que ce n’était pas vraiment le sujet du jour ! )
  • des performances douteuses émaillaient la manifestation, comme celle d’une fameuse Marie dont la vidéo où des hommes torse nu sont fouettés, a été vue en boucle sur les réseaux sociaux. Comment mieux dévaloriser les combats féministes pour une société sans domination ?
  • etc. 
slogan pro-voile :  quel lien en réalité entre le voilement des femmes (doctrine intégriste) et des femmes mortes sous les coups de leurs conjoints ; et qui tolère quoi au juste ? confusion totale
slogan pro-voile : les hommes qui parlent de voile sont ceux qui veulent inférioriser et invisibiliser les femmes dans l’espace public, les intégristes/radicaux ; et par quel biais tordu lier le viol et le voilement des femmes ? Le viol est un crime, il est puni par la loi. Totale confusion là encore ? En se croyant super intelligent.e
pancarte apologie du relativisme culturel : racialiste, pro-voile, en défense du système prostitueur ; en résumé absolument antinomique avec les fondamentaux du féminisme mais qui prétend que les femmes blanches ne le sont pas ; comment marcher sur la tête !

 

 

 

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Agression des femmes s’exprimant contre la GPA

A Toulouse, des féministes abolitionnistes ont été attaquées dans le cortège, elles ont été frappées et leurs pancartes jetées au sol. Un comble tout de même que des violences soient exercées à l’encontre de femmes dans une manifestation contre les violences faites aux femmes !

Agression à Toulouse des abolitionnistes

 

 

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A Nantes, j’ai défilé dans un cortège important d’environ 2 000 personnes, une belle mixité femmes-hommes, des associations, syndicats, groupes politiques, mais surtout énormément de jeunes. Fait remarquable, aucun blackbloc n’a pointé son nez (en tous cas masqué). Beaucoup d’énergie, de colère et de créativité. Mais comme ailleurs, des slogans pro-voile, contre la loi d’abolition qui pourtant protège comme jamais les personnes prostituées, des slogans relativistes mensongers contre le « racisme d’état «  et  l’ « islamophobie d’état ». Et cerise sur le gâteau, le slogan du cortège LGBT qui en a « marre de cette société qui ne respecte pas les Trans, les Putes et les PD ». Ça a le mérite d’être clair, les lesbiennes n’existent même plus, on leur a substitué « les putes » pour mieux défendre le système prostitueur,  et l’ultra-minorité Trans prend la tête pour nous expliquer ce que c’est que d’être une femme !

« abolos féministes saveur facho », c’est bien connu, les abolitionnistes sont des fachos, mais les macs, les réseaux et les clients des anges qui s’autorisent le sexe tarifé ou en vivent. Le niveau zéro de l’analyse.

 

comment lutter contre les violences sans même questionner les codes du sexisme ? non, nous ne somme pas des bombes sexuelles !

 

 

En résumé, une forte mobilisation certes, mais un cortège hétéroclite, et par endroits à des années lumières de s’intéresser vraiment aux violences faites aux femmes. Alors, s’il faut se réjouir de voir tant de monde dans la rue, il est impossible de ne pas s’inquiéter de ces dangereuses dérives, de toute cette bêtise aussi. Ces travers essentialistes, relativistes, intersectionnels, racialistes, communautaristes, religieux même, qui pervertissent tous les mouvements sociaux sont épouvantables. Celles et ceux qui les favorisent et endoctrinent les jeunes en les enfermant dans une confusion indescriptible sont sans aucun scrupule, au service d’eux-mêmes et de causes qui n’ont pas grand chose à voir avec la lutte contre les violences faites aux femmes, et encore moins avec le féminisme. Comme dans toutes les manifestations désormais, il est de plus en plus difficile de participer à une manifestation féministe  sans ressentir de malaise à la vue de tant de confusion.

Le 25 novembre, le gouvernement quant à lui, présentait les mesures retenues à la fin du Grenelle. Parmi les plus significatives : la levée du secret médical ; la suspension de l’autorité parentale des pères violents ; la suppression de l’obligation alimentaire des enfants envers leur père violent ; la prise en compte du suicide forcé dans le droit pénal ; le 3919  désormais accessible 24h/24h et 7j/7 jours; l’ouverture de 26 centres de suivi pour les coupables de violences conjugales  ; le recrutement de 80 intervenants sociaux supplémentaires dans les commissariats (un total de 330 en tout) ; l’adoption d’une grille unique d’évaluation du danger dans les commissariats ; une convention entre le 3919 et le ministère du logement pour faciliter l’accueil des victimes ; la création de 1 000 nouvelles solutions d’hébergement immédiatement ; 6 millions d’euros alloués au déploiement du bracelet anti-rapprochement ; un « conseil de vie » mis en place au collège et au lycée ; une formation «obligatoire» sur l’égalité entre les filles et les garçons pour les enseignants ; un module sur les violences conjugales pour le service national universel (SNU) ; un document unique de signalement pour les enfants exposés aux violences familiales pour le personnel enseignant ;  etc.

Il me semble raisonnable d’admettre que ce n’est pas rien, et dans tous les cas, c’est infiniment plus que ce que tous les gouvernements précédents avaient mis en oeuvre. Bien entendu, de telles mesures devront être évaluées à l’aune des résultats obtenus et corrigées, complétées si besoin. Le Haut Conseil à l’Egalité s’est félicité de l’adoption de ces mesures tout en rendant un Avis «Violences conjugales : pour une culture de la protection des femmes et des enfants ». Savoir reconnaitre des avancées, rester prudent et évaluer au bout de quelques temps les résultats d’une politique est une attitude constructive. En revanche, le collectif #NousToutes – mais est-il si représentatif des manifestant.es  des 23 et 25 novembre ? –  s’est immédiatement opposé au plan de mesures annoncé et un rassemblement fustigeant le gouvernement était organisé le soir même. A mon sens,  une manoeuvre partisane dont l’objectif est bien plus de critiquer le gouvernement que de travailler de manière constructive à endiguer les violences faites aux femmes. Rien de bien étonnant lorsque l’on sait que l’organisatrice de #NousToutes la plus en vue, a aussi défilé le 10 novembre dernier contre l’ » islamophobie d’état « aux côtés d’islamistes.

C’est aussi oublier que les violences faites aux femmes ne se limitent pas, loin s’en faut, aux violences conjugales et qu’il faudrait aussi se préoccuper des autres violences, opportunément poussées sous le tapis par certain.es. Quid de l’insécurité, du harcèlement, du viol et des violences sexuelles dans l’espace public, de la violence prostitutionnelle ? Quelles sont les politiques Genre et ville qui prennent toutes ces problématiques véritablement au sérieux et agissent concrètement ? Qui fait quoi contre les violences communautaires et religieuses ? Pas grand monde, tout juste si l’on ose en parler, de peur d’être accusé.es de racisme ou d’ « islamphobie ». En tous cas pas #NousToutes ! Seules Femmes Solidaires et le réseau  des  VigilantEs l’ont fait clairement, appelant à la Manifestation avec un communiqué sans ambiguïté : féminisme universaliste,  abolitionniste et contre le relativisme culturel, le racialisme et le communautarisme. Il y avait également un cortège abolitionniste dans la manifestation parisienne, bien leur a pris de se regrouper et d’être nombreuses.

Pour conclure, si je salue une mobilisation massive, je déplore les dérives idéologiques qui entachent le mouvement des femmes comme tous les mouvements sociaux. J’ai, après des décennies de marches lugubres et stériles le 25 novembre, enfin l’impression que le gouvernement a commencé à prendre la mesure du problème et que les mesures adoptées  permettront d’avancer. Je rappelle que les violences conjugales ne sont pas les seules violences faites aux femmes et que se focaliser sur elles-seules enfonce un peu plus toutes les femmes qui subissent d’autres formes de violences, et nous laisse toutes démunies face aux violences subies dans l’espace public et bien des lieux.

En définitive un bilan positif, mais que l’organisation de #NousToutes avec ses compromis douteux et son attitude partisane, ne doit certainement pas s’attribuer, à elle seule.

Christine Le Doaré

 

Marie dans le cortège parisien NousToutes : https://youtu.be/jq-Bj_WoUK0

CP des VigilantEs : https://vigilantes2015.wordpress.com/2019/11/09/ce-qui-divise-la-gauche-divise-aussi-le-mouvement-des-femmes/

CP de Femmes Solidaires : https://femmes-solidaires.org/25-novembre-stopfeminicide-stopimpunite/

CP du HCEfh : http://haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/cp_avis_hce_violences_grenelle_2019_11_25.pdf

Paris nord-est, le tram de l’angoisse

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Canal de l’Ourcq sortie Parc de la Villette vers Pantin

Ce dimanche après-midi-là, partie découvrir dans le prolongement du Parc de la Villette, le canal de l’Ourcq, direction Pantin et ses moulins restaurés,  je ne pensais pas en revenir aussi déprimée.

Oh la balade fut sympathique, berges piétonnières et jolis petits bateaux de location sur l’eau, le retour, en revanche, plus éprouvant.

Avant de prendre le tram du retour, direction Porte de Vincennes, je m’offre un petit arrêt dans la Cité des Sciences et de l’Industrie, quand soudain je tombe sur une petite famille, un père et ses enfants dont une fillette d’environ 9 ans, soigneusement voilée. Une enfant si jeune qui ne devrait avoir en tête que de s’amuser librement, dans ce musée ludique. Dépitée de constater une fois de plus, que si de plus en plus de femmes sont voilées, les fillettes n’échappent pas  non plus à cette mode politico-religieuse qui sur elles toutes, étend son voile d’invisibilité. Le voilement des fillettes est terriblement choquant, c’est un formatage idéologique qui les assigne à une obscure ségrégation sexuelle et sexiste. De plus en plus de fillettes sont ainsi marquées du sceau communautaire et religieux imposé par leur famille, c’est de la maltraitance, la République pourtant, ferme les yeux.

Attristée, je me dirige vers la station de tram Porte de la Villette où j’aperçois une autre fillette d’environ 7 ans cette fois, abandonnée sur le quai et prise en charge par la sécurité RATP. La petite fille semble être Rom ou Syrienne, oubliée sur un quai, pour quelles raisons, par quels « parents » ? Pauvre bout de chou aux grands yeux emprunts d’un insondable sérieux. La brigade RATP appelle la police qui la prendra en charge, la rame arrive, je la regarde une dernière fois.

Assise, préoccupée, j’observe attentivement les gens dans la rame, autant que les extérieurs que nous traversons sur le trajet de la Porte de la Villette jusqu’à la Porte de Vincennes. Un parcours dans Paris, même si à sa périphérie, que nos politique et décideurs publics,  ne doivent pas souvent emprunter. Avant la Porte des Lilas, des deux côtés, on aperçoit de temps à autres des HLM et des citées qui auraient bien besoin d’être rénovées, grises, sales, laidement taguées (pas franchement du street art !), affublées de balcons débarras.

Sur les trottoirs comme dans la rame, circule une population très majoritairement immigrée essentiellement d’origine africaine et maghrébine, difficile de parler de mixité sociale ; les garçons sont en bandes, les filles entre copines, il y a quelques pitbulls sans laisse ni muselière,  les tensions sont palpables. De nombreuses femmes âgées mais aussi de toutes jeunes filles-femmes sont voilées, certaines portent abaya, niqab, d’autres des vêtements traditionnels ; les personnes des deux sexes semblent se soumettre à des règles communautaires où la domination masculine règne en maître.

Abattue, j’ai envie de quitter la rame avant mon arrêt. J’ai beau ne rien ignorer de cette situation, ce dimanche de fin juillet, l’accumulation m’oppresse. Comment a-t-on pu en arriver là ? Un tel retour arrière, aussi phénoménal et à si grande échelle ? 

Le dernier centre de dé-radicalisation a fermé, à quoi servirait d’en ouvrir de nouveaux ? Dans toutes les villes et pas seulement quelques banlieues, des zones entières de territoire républicain sont plus ou moins livrées à elles-mêmes et ne ressemblent plus guère aux villes françaises que nous connaissions encore il y a peu. Bien sûr même dans ces zones, des personnes résistent, mais les lois de la République et  le « vivre ensemble » cèdent la place à des modes de vie communautaires ; la délinquance et la violence prospèrent, s’imposent aux habitants qui les subissent. S’agit-il encore de vivre en France parce que l’on a choisi de connaître et participer à la vie de ce pays ou de s’enfermer dans une attitude de rejet systématique et même de haine ? Ces enfermements communautaires sont une chance pour ceux qui ont une stratégie politico-religieuse dont ils se cachent à peine. 

Les politiques d’urbanisme, de logement social,  ont contribué à installer peu à peu cette situation.  Le clientélisme politique a dangereusement enfoncé le clou alors L’islam politique a la tâche facile et je ne vois pas comment nous pourrions maintenant en sortir, à moins d’une sérieuse prise de conscience et d’une action politique volontariste, intensivement soutenue.

Les pouvoirs publics ont-il seulement réalisé l’ampleur des dégâts ? Qui, quand, comment seraient mises en oeuvre des actions capables de redresser la barre et nous éviter les terribles écueils sur lesquels nous ne manquerons pas de nous échouer ? La lucidité, rien de plus déprimant.

Christine Le Doaré

 

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Le hasard faisant hélas dans ce cas, bien les choses, 48 heures après avoir posté ce texte sur mon blog, je prends le métro vers 17h20 sur la ligne 8 et je tombe pile nez à nez avec un groupe d’enfants en centre aéré. Dans le groupe d’enfants qui s’amuse, une fillette voilée. Mais bien sûr il ne s’agit une fois de plus, que d’une hallucination visuelle islamophobe ! Quand le déni confine à la collaboration, les déni-oui-oui, deviennent complices d’un système d’oppression.

Solidarité féministe et sportive internationale #JOParis2024 !

Solidarité féministe et sportive internationale !

#JOParis2024 #LetWomenGoToStadium #StopApartheidSexuel

Au « Marathon de la honte « de Téhéran où les femmes ont couru à part sur un parcours réduit et dans un stade fermé *1, a répondu un silence assourdissant de la part des ONG de défense des Droits Humains, comme des organisations et fédérations sportives et même des associations féministes.

Seules, la Ligue du Droit International des femmes et la Coordination Française pour le Lobby Européen des Femmes ont organisé en riposte à Paris, un évènement en solidarité avec les femmes Iraniennes et Saoudiennes, contre l’apartheid sexuel.

Darya Safai formidable résistante iranienne, aujourd’hui réfugiée politique, qui avait déployé une banderole pendant les JO de RIO en 2016, en était l’ambassadrice.

#LetWomenGoToStadium  #StopApartheidSexuel

Pour ces deux fédérations féministes, « Les règles éthiques du sport et des JO sont fondées sur des valeurs universelles, et Paris qui défend sa candidature pour les JO 2024 oublie ces valeurs. »

Les VigilantES  www.vigilantes2015.wordpress.com et quelques autres, appelaient aussi à soutenir l’évènement.

Lorsqu’il s’agit des droits et libertés des femmes, le relativisme culturel paralyse celles et  ceux qui pourtant sont prompts à agir en matière de Droits Humains,  et même désormais nombre d’organisations qui se revendiquent du féminisme.

Le manque de solidarité internationale envers les femmes vivant dans les pays islamiques qui imposent des règles de vie moyenâgeuses aux femmes, est criant. Evidement, les  groupes « féministes islamiques » comme LALLAB et les tous les autres se taisent :  il est bien trop risqué pour elles de parler de solidarité internationale, mieux vaut discréditer et attaquer à l’unisson avec le parti des Indigènes de la République dont elles sont le plus souvent une émanation, le seul « racisme d’état » de l’état français et des pays occidentaux !

Mais les groupes féministes mainstream ne se bousculent pas non plus pour répondre présentes quand il le faudrait.  Peu à peu, la rhétorique des identitaires racialistes et essentialistes gagne les milieux politiques et féministes de gauche et pas seulement. L’entrisme de l’islam politique est redoutablement efficace et les islamo-gauchistes qui détiennent les postes universitaires,  médiatiques et politiques clés, lui facilite le travail en ouvrant peu à peu toutes les portes de nos institutions locales comme nationales.

La ségrégation, les discriminations et violences sexistes vécues par les femmes saoudiennes, iraniennes et toutes les autres, finit par devenir leur problème ; s’en préoccuper et vouloir exercer une solidarité féministe universelle est désormais suspect, accusé de comportement colonialiste et raciste !

Cette rhétorique monstrueusement stupide devrait être facilement battue en brèche par tous les groupes et individu-e-s qui se revendiquent du féminisme, hélas, il semble bien que le relativisme culturel ait fini par anéantir leurs neurones affectés à l’intelligence. Alors, mille fois merci aux rares individu-e-s et associations encore capables de discernement et de solidarité envers les femmes opprimées du monde entier.

#JOParis2024 c’est aussi l’obligation morale, humaine, féministe et politique d’agir pour la libération des femmes, de toutes les femmes. Non à l’apartheid sexuel, oui à l’universel et à l’égalité par le sport !

Christine Le Doaré

*1 www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/pour-le-premier-marathon-de-teheran-les-femmes-ont-du-courir-a-part_1896870.html

Politiques, intellectuels, médias, reprenez-vous vite !

pour postIl est temps de prendre conscience de la situation

Nous aurions pu récupérer un peu dans la torpeur de l’été, oublier les averses printanières, nos inquiétudes quant à l’avenir politique du pays ; guérir nos récentes blessures de guerre et espérer des fous d’Allah, une trêve.

Nous n’aurons eu aucun répit. Des attentats islamistes nous ont frappés, une fois de plus : en France, l’indescriptible massacre du 14 juillet à Nice, puis le père Hamel égorgé dans son église de Saint-Etienne du Rouvray ; en Allemagne aussi, et toujours en Syrie, etc.

 

Après la tuerie de Nice, alors que le décompte invraisemblable de tués et de blessés tombait comme autant de mares de sang noyant la ville sous l’horreur, les réseaux sociaux mais aussi des médias et des politiques ont rivalisé des poncifs habituels : « c’est l’œuvre d’un fou », « il n’est même pas religieux », « pas d’amalgame », qui ont résonné comme autant de coups supplémentaires portés aux victimes.

L’enquête progressant, il fut rapidement établi que ni l’attentat de Nice, ni plus tard l’assassinat de Saint Etienne du Rouvray, n’étaient l’œuvre de malades mentaux délirants. Les hommes qui ont commis ces horreurs ne sont ni déséquilibrés ni solitaires.

Dans tous les cas, si quelqu’un peut me dire ce qu’est un terroriste islamiste équilibré, je suis preneuse ! Vouloir édifier au vingt-et-unième siècle, un grand califat et asservir la planète toute entière pour y parvenir, c’est sensé vous croyez ?

Les hommes qui s’engagent dans le djihad et commettent ces attentats islamistes, ne sont pas plus déséquilibrés ni solitaires que bien d’autres. Ils sont souvent délinquants, peuvent être alcooliques ou toxicos, instables et parfois violents ils ont pris l’habitude de transgresser les lois ; ils ne viennent pas de milieux nécessiteux ; ils ont des appuis, des réseaux ; ils ont méthodiquement planifié leurs actes, en prenant leur temps et avec un sang-froid hors du commun.

Ils ne sont pas forcément très religieux, ils se sont radicalisés plus ou moins vite, mais tous se sont tournés vers Daech, fascinés par sa propagande, pour venger leurs frustrations petites ou grandes et vomir leur haine des valeurs occidentales.

Ils sont attirés par l’organisation paramilitaire de Daech, son dessein sectaire d’une nation islamique mondiale : terrasser des mécréants et la civilisation occidentale pour instaurer un grand califat islamique, c’est sans nuance et cette implacable et virile toute puissance est à même de les galvaniser suffisamment pour passer à l’acte sans arrière-pensée.

Ils obéissent aux derniers commandements de Daech qui recommande de ne plus rejoindre le califat mais de frapper sur place. Nul besoin de se former en Syrie, ni même de se procurer des armes lourdes, n’importe quel objet, véhicule, peut devenir une arme par destination et tuer.

 

Apprendre que le terroriste de Nice a commis des violences conjugales n’a rien de bien étonnant ; en revanche, tous les hommes violents ne deviennent pas terroristes, il ne resterait plus grand monde sur terre ! Les coupables de violences conjugales et plus généralement violences de genre, sont de tous les milieux sociaux, de toutes les religions ou athées, et de toutes les obédiences politiques.

Si les violences conjugales n’expliquent pas à elles seules le ralliement à Daech, (nous ne lutterons évidemment pas contre l’islam radical en luttant seulement contre les violences conjugales), il est malgré tout légitime de s’interroger sur le lien entre machisme, masculinisme et terrorisme car seules des sociétés patriarcales peuvent inventer et développer des systèmes totalitaires aussi mortifères.

 

Comment avons-nous pu jusqu’ici, supporter en silence, autant d’aberration ?

Le religieux prend infiniment trop de place dans nos sociétés livrées au capitalisme sauvage et mondialisé. Sans régulation et une meilleure répartition des richesses, les plus démunis et fragilisés peuvent se tourner vers ce qui les réconforte à bon compte ; les intégristes ne se privent alors pas de les recruter.

Il faut toutefois relativiser cette influence en matière de terrorisme islamiste : la plupart des djihadistes sont issus de familles relativement aisées. Certains se sont radicalisés après un long parcours d’endoctrinement religieux et d’entraînement en Syrie ou ailleurs, mais dans les cas de radicalisation dite « rapide », il semble plutôt que ces hommes brièvement exposés à la propagande djihadiste (via Internet, des relations, un imam aux prêches douteux…) compensent des frustrations d’ordre privé, telles par exemple, des difficultés de couple, en se vengeant, en se projetant héros de la nation islamique.

Il est intéressant de noter qu’à l’occasion des attentats, les religions se confortent mutuellement (en tous cas le catholicisme et l’islam) : assoir leur emprise et tacler la laïcité, ne leur déplait pas.

Les récents propos du pape sont révélateurs : avec aveuglement, il a mis sur le même plan les violences islamiques et catholiques, comparant les massacres terroristes commis par Daech avec les violences et crimes commis individuellement par des catholiques. Oui, les violences machistes du système patriarcal tuent chaque jour mais on ne peut pas comparer un système politique visant à l’instauration d’une dictature politico-religieuse avec des crimes individuels. Le nazisme pourrait-il être réduit à des crimes machistes individuels ?

 

L’envahissement du religieux, l’influence des réseaux intégristes catholiques  pro-vie et anti-mariage pour tous et les concessions constantes à « l’islam de France », sont insupportables. Ils répondent aussi à un besoin de reprise en mains d’hommes et même de femmes, perturbés par la perte d’un  mode de vie et de rapports de genre traditionnels. Pour beaucoup d’hommes, c’est un moyen de réaffirmer la domination masculine.

Trop de politiques, intellectuels et médias semblent avoir perdu tout esprit critique, ils se sont retranchés pour certains derrière une confortable et aveugle complaisance, pendant que d’autres à l’inverse, instrumentalisent les problèmes à des fins politiciennes. Pourtant, le progrès et l’égalité valent bien d’être défendus et sans compromis aucun.

En ce qui concerne l’islamisation de notre société par les Frères musulmans et les salafistes, islamisation qui prépare le terrain du terrorisme, combien de décideurs et faiseurs d’opinion luttent avec bon sens, mesure et efficacité, contre :

  • Une urbanisation génératrice de ghettos, des politiques sociales inopérantes, l’absence d’intégration des populations migrantes (notamment l’isolement des femmes arrivées dans le cadre du regroupement familial), l’échec scolaire, … ;
  • Le voilement progressif des femmes et des fillettes de plus en plus jeunes, symbole visuel de l’asservissement des femmes et étendard politique ; les créneaux non mixtes dans les piscines ; les médecins interdits d’ausculter et de soigner des musulmanes dans les hôpitaux, … ;
  • les salafistes qui ont fini par régler la vie de certains quartiers : l’économie salafiste ou frèriste parallèle avec ces boutiques et sites Internet qui vendent des accoutrements exportés d’Iran, abayas ou hijabs pour cacher les corps des femmes et des fillettes (bâches informes pour les pauvres rue Jean-Pierre Timbaud à Paris ou boutiques de luxe pour les riches saoudiennes) ; les vastes territoires zones de non-droit livrés aux trafics et à la violence où la charia a déjà remplacé la loi de la République et où des élèves contestent effrontément l’enseignement des classes d’histoire, de biologie, … ;
  • le communautarisme, le relativisme culturel, le complotisme, l’obscurantisme, l’antisémitisme décomplexé, l’antiracisme tombé aux mains d’idéologues racistes anti-blancs, … ;
  • l’islamisation via Internet et les réseaux sociaux et via des imams qui complaisamment évitent de traiter du sujet ou pire, à l’instar de celui de Brest ou de la mosquée du Mirail à Toulouse, Mamadou Daffé, prêchent l’impensable en toute impunité ;
  • le caillassage des médecins, pompiers et forces de l’ordre ; la haine de la France, des valeurs républicaines, de l’occident, le verrouillage des institutions internationales qui ont fini par vider de leur substance les Droits Humains ;
  • etc.

Au contraire, le recrutement universitaire est verrouillé afin que l’enseignement se fasse le relai d’une pensée gauchiste radicale, culpabilisant l’occident colonisateur et impérialiste et disculpant  de toute responsabilité, l’autre partie de la planète ; la plupart des médias suivent et les politiques n’ont pas le courage de contredire.

Sinon, expliquez-moi pour quelles raisons tant de politiques, intellectuels et médias feignent d’ignorer ce qui s’est produit en Algérie dans les années 90, quand les islamistes ont commencé à s’attaquer insidieusement aux femmes, aux laïques, à la société civile, puis les ont harcelés, assassinés, au nom d’Allah et du Coran, avant de verrouiller la société toute entière ?

Les 220 000 morts algériens dont de nombreuses femmes jugées insoumises, pas assez bonnes musulmanes, toutes et tous sacrifiés sur l’autel du terrorisme islamiste du GIA, ancêtre de Daech, qui en parle à part quelques intellectuels algériens stigmatisés et à peine soutenus chez nous ?

A l’extrême droite, l’islamisation est instrumentalisée pour promouvoir une France nationaliste et raciste.

La droite s’illustre par une surenchère électoraliste de mesures inutiles ; après avoir supprimé des forces de police et désorganisé le renseignement, c’est véritablement indigne.

A gauche, il est de bon ton de réduire l’étendue de l’islamisation et même le terrorisme islamiste au seul désespoir social et à confier aux représentants de l’islam le soin de régler les problèmes, c’est une inexcusable erreur de jugement : l’islam politique doit être combattu sur tous les plans et par l’état au premier chef.

La gauche radicale quant à elle, cautionne le relativisme culturel et même le racisme essentialiste révoltant d’une Houria Bouteldja, meneuse du Parti des Indigènes de la République (PIR), et contribue en cela à détruire sans alternative crédible, le peu de confiance qu’il nous reste, dans nos valeurs républicaines. Elle n’a plus que le mot « islamophobie » à la bouche, et je ne serais pas surprise que pour se justifier, elle en arrive un jour à défendre aussi les dérives du catholicisme : soutenir la lutte contre l’avortement, revendiquer l’homophobie, en tant que vils héritages coloniaux et impérialistes ! Ah j’oubliais, ça ne risque pas d’arriver, car seule l’islam est la religion des opprimés, ce qui l’autoriserait même à persécuter les femmes et les minorités sexuelles… !

Les démocraties occidentales ne sont pas irréprochables, loin s’en faut, mais la gauche radicale aide du mieux qu’elle peut les islamistes à les culpabiliser et condamner. Pourtant, opposer schématiquement occident et « indigènes » ne mène nulle part : hors du monde occidental, des personnes pauvres, fragiles, des femmes, des enfants, des étrangers, des minorités sont exploitées et victimes des violences les plus abjectes.

*Judith Butler : « Il est extrêmement important de considérer le Hamas et le Hezbollah (groupes terroristes s’il en est) comme des mouvements sociaux progressistes, qui se situent à gauche et font partie d’une gauche mondiale ».

 

Quelles solutions ?

Le plus urgent est de comprendre comment s’adapte le terrorisme islamiste et d’apporter les bonnes réponses politiques.

Nous le savions déjà mais le dernier numéro de Dabiq, la revue de Daech, nous le confirme, l’Etat Islamique ne nous haït pas à cause de la situation dans nos banlieues, ni de notre politique extérieure, mais parce que « nous sommes des mécréants qui refusons l’unicité d’Allah », parce que nous sommes laïcs et que « nos sociétés libérales autorisent ce qu’Allah interdit ».Tant que nous ne nous soumettrons pas à l’autorité de l’islam, Daech nous combattra. Daech et les islamistes nous haïssent donc pour ce que nous sommes : laïcité, mode de vie, mixité, égalité Femme/Homme, etc.

Il s’agit de se venger, de nous humilier et de nous terrifier ; de nous imposer par tous les moyens (que les djihadistes rejoignent la Syrie ou improvisent sur place), un grand califat islamique.

Par conséquent, il nous faut cesser de trouver des excuses aux assassins, sortir de la complaisance et du déni et combattre l’islamisation, la radicalisation et le terrorisme sur tous les plans, avec une détermination sans faille, pour tenter de rattraper le temps perdu :

  • Au plan international : plus de contrats avec les pays fondamentalistes islamistes, wahhabites ou frères musulmans, seulement avec les pays arabes qui s’en démarquent. Le Qatar et l’Arabie Saoudite nous achètent pour infiltrer l’Europe de l’idéologie islamiste. Les droits humains sont universels et aucun relativisme culturel ne peut les conditionner ni les entraver. Les droits des femmes sont toujours les premiers menacés et attaqués, puis la route est tracée pour installer un régime totalitaire.
  • Au plan national : l’Observatoire de la laïcité doit prendre toute sa place et son président enfin profiter de la retraite ; les lieux de culte soupçonnés d’intégrisme, dont les mosquées, doivent être surveillés ; les activités douteuses des membres de l’UOIF (Union des organisations islamiques de France) doivent être interdites : il doit être impossible de présenter, sur le territoire de la République, le  Djihad comme une forme de résistance, le relativiser et inciter les jeunes à se radicaliser. L’association IESH (Institut européen des Sciences Humaines) des Frères musulmans est installée en France et en Europe de manière tentaculaire. Son influence est inouïe sur les jeunes français endoctrinés par un islam fondamentaliste, avec la bénédiction de l’état français qui ne prélève aucun impôt sur les dons encaissés par l’association. Ce n’est pas tolérable.
  • Economique : mieux réguler le capitalisme et ses effets sur les populations, mieux répartir les richesses et les investissements…, c’est une urgence ;
  • Urbanisme : peu à peu détruire les cités-ghettos sociaux et ethniques ; réformer de fond en comble et avec des moyens à la hauteur des enjeux, l’accueil et la réinsertion des démunis et des sans-abris nationaux ainsi que des populations migrantes et réfugiées.
  • Education, formation : déconstruire par le biais des programmes scolaires toutes les fausses croyances et contrer toute contestation de l’enseignement scientifique, cultiver l’esprit critique et d’analyse ;
  • Lutter contre toutes les discriminations, plus que jamais contre le sexisme, l’homophobie/la lesbophobie, l’antisémitisme et le racisme (à ne pas confondre avec la critique salutaire des religions), dès l’école primaire ;
  • Intégration : pas d’accueil (regroupement familial, migrants, réfugiés) sans parcours d’intégration avec transmission des valeurs républicaines et notamment d’égalité Femmes/ Hommes…)… ;
  • Internet / Réseaux sociaux : empêcher toute propagande djihadiste et islamiste via les réseaux sociaux et Internet.
  • Police, justice : développer une véritable coordination européenne et internationale ; coordonner en France forces de l’ordre, sécurité et le renseignement ; instituer un renseignement de proximité ; revoir la formation des juges sur l’évaluation des risques ; modifier les contraintes du contrôle judiciaire ; réintroduire une police de proximité ; lutter contre les trafics et la délinquance ; exercer une surveillance dans les prisons, prodiguer un enseignement à tout prisonnier, les employer à des travaux d’intérêt général… ;
  • etc.

 

Par respect pour tous les morts du terrorisme, pour empêcher plus de morts innocentes ; pour défendre notre civilisation, notre République laïque une et indivisible et ses valeurs, (car aussi perfectibles soient-elles, il n’existe toujours pas sur terre d’alternative plus probante), il faut nous mobiliser pour combattre le terrorisme islamiste et plus globalement, la tentation obscurantiste du conservatisme religieux.

Dans les réponses apportées jusqu’ici par le gouvernement et tous les politiques républicains, il manque systématiquement, la lutte pleine et entière contre tous les intégrismes, contre l’islam politique, l’islamisation de l’Europe par le salafisme et les frères musulmans.

Nous ne sommes plus au XIème siècle, aucune religion ne doit être en mesure d’imposer ses diktats, de museler ses opposants, et encore moins de susciter une ferveur prosélyte capable de conduire des êtres humains à en tuer d’autres pour assoir la volonté de puissance et de domination d’une caste politico-religieuse.

Si l’état ne peut et ne doit pas mettre un policier derrière chaque citoyen, les gouvernements et les politiques, les intellectuel-le-s et les médias, les militant-e-s, les responsables religieux, doivent le dire et le redire et sans relâche, et très fort, les imams au premier chef :   non le califat ne s’implantera jamais, oui c’est un mythe ; non il n’y aura pas de revanche ni encore moins de paradis, ni de vierges ; oui vous serez condamnés, rejetés et haïs par votre religion et par vos proches, par l’humanité toute entière.

Qui le dit vraiment, haut et fort, et de cette manière ? Seulement une poignée et toujours les mêmes. Alors j’attends.

Christine Le Doaré

Abolition, la victoire arrachée !

prison-code-barreEnfin, après tant d’années de luttes acharnées, l’abolition de la prostitution va pouvoir faire ses preuves en France. C’est une victoire pour les féministes et pour tous les progressistes qui aspirent à la défaite de tous les esclavages.

L’abolition et non la prohibition, pour dépénaliser les personnes prostituées, les sortir de l’isolement et de la stigmatisation et leur donner les moyens si elles le souhaitent, de quitter cet esclavage sexuel d’un autre temps, à la croisée des oppressions de sexe, classe et origine.

Les clients quant à eux, consommateurs qui ne se préoccupent guère d’un système d’exploitation et de violence qu’ils alimentent par leur demande, vont être informés et pénalisés s’ils s’obstinent.

Il était temps que le législateur français soit cohérent avec le projet d’émancipation des femmes et d’égalité femmes-hommes qu’il prétend porter et cesse de cautionner ces hommes qui, par l’argent, contraignent des femmes ou des hommes d’ailleurs, à leur délivrer des services sexuels.

 

Ce ne sera pas simple, les associations et services sociaux auront besoin de moyens matériels et financiers conséquents pour mener à bien une politique abolitionniste efficace ;  pour faire évoluer les mentalités, il faudra promouvoir résolument les valeurs de consentement et de respect, propres à la liberté sexuelle.

 

Si la bataille a été âpre et longue, ce n’est pas fortuit.

Les bénéficiaires du système prostitueur : proxénètes en tous genres, entourage ou puissants réseaux mafieux, sans oublier l’opulente industrie du sexe ni les nombreux acteurs du lobby prostituteur et leurs soutiens politiques et médiatiques, ne vont pas considérer d’un bon œil, la perte d’une confortable manne financière pour les uns, d’un combat idéologique contre les femmes, pour les autres.

Pour constituer un rempart contre les violences de ce système et conduire une politique abolitionniste digne de ce nom, il faudra faire preuve d’une indéfectible volonté politique et soutenir en le finançant correctement, un tissu associatif féministe et abolitionniste compétent.

 

Les personnes les plus vulnérables subissent durement les lois des marchés financiers et sont des proies faciles pour le système prostitueur. Les féministes abolitionnistes et leurs allié-e-s associatifs et politiques sont souvent menacé-e-s, ici en France et partout où l’abolition de la prostitution est en question.

Les remparts sont bien fragiles, nos parlementaires ont enfin eu le courage politique de les renforcer.

Les attaques les plus violentes viennent bien comme on doit s’y attendre, des industries du sexe, de  groupes réactionnaires et masculinistes mais aussi,  beaucoup plus perfidement, de groupes de gauche qui se prétendent alternatifs et même « féministes » !

Il faut passer un certain temps dans les milieux militants pour appréhender correctement ces  alliances délétères entre des groupes et idéologies qui à priori n’ont pas grand-chose en commun tels que par exemple les féministes dites « pro-sexe », les défenseurs de la réglementation de la prostitution et les islamo-gauchistes.

Nombreuses sont les féministes diffamées, menacées, attaquées, les unes après les autres, dans le but de les isoler et discréditer.

En général, il s’agit de féministes qui résistent à la récupération « 3ème génération » et au dévoiement des  fondamentaux du féminisme au profit d’un féminisme queer dit « pro-sexe ».

Le féminisme « 3ème génération » fleurit dans certains milieux influents, universitaires, médiatiques, LGBT où il est de bon ton de ne plus parler d’études féministes mais d’études de genre, où les problématiques Trans., touchant pourtant un public ultra minoritaire, prennent le pas sur et au détriment de la lutte contre le sexisme, pour l’égalité et en faveur d’une société féministe, où les questions d’appropriation des corps – et vies – des femmes telles que la reproduction et la sexualité, sont présentées de manière à servir les besoins masculins  (prostitution / GPA – gestation pour autrui, etc.).

 

Actuellement, l’éditorialiste féministe bien connue Meghan Murphy fait l’objet d’une violente campagne de dénigrement orchestrée par les lobbys de l’industrie du sexe, destinée à la faire taire et pire, à lui faire perdre son emploi. *1.

Le Conseil d’administration et l’ancienne présidente porte-parole d’Osez-le-féminisme subissent une calomnieuse campagne de diffamation. Le communiqué de presse écrit par un groupe de militantes démissionnaires de l’antenne OLF Lyon est une attaque personnelle à charge et sans aucun élément tangible et vérifiable.

Il faut dire qu’à Lyon, la Gay Pride a depuis longtemps associé à la défense des droits des personnes LGBT, les revendications de libre prostitution et de GPA (Gestation pour Autrui) !

Les méthodes d’entrisme des lobbys pro-prostitution, STRASS (« Syndicat » des « travailleurs » du sexe) entre autres, formés aux pratiques des milieux politiques de l’ultra-gauche et de « l’islamo-gauchisme » étant particulièrement virulentes, il ne leur a pas fallu longtemps pour infiltrer et tenter de déstabiliser une association féministe bien connue pour ses positions abolitionnistes de la prostitution.

Que les responsables locales et nationales élues, sa présidente en tête, ne se laissent pas déborder et défendent les principes fondateurs d’une plate-forme constitutive votée, ADN de l’association, est tout à fait légitime.  La tentative de récupération ayant échoué, ne reste plus qu’à tenter de déstabiliser un CA et une présidente qui tiennent le cap et mettre en danger l’association.

Il est toujours possible de trouver des défauts aux militant-e-s qui prennent des responsabilités, ce n’est pas tâche facile et personne n’est irréprochable ; nombre de responsables associatifs sont ambitieux et motivé-e-s par des carrières politiques, à OLF comme ailleurs, mais le ton de la lettre et surtout l’absence d’arguments de fond et politiques, ne laissent que peu de doutes sur l’objet de la manœuvre.

On touche le fond quand des journalistes, longtemps complaisants à l’égard des lobbys prostitueurs, relayent l’info-poubelle ; tiens au hasard : Quentin Girard de Libération qui emballe le moulin en twittant une image du CP avec l’accroche : « Tiens, une partie d’OLF s’est rendue compte que l’organisation était trop affiliée au PS et se barre » ! 2.*

Que des Fondatrices d’OLF aient été, soient encore, au PS ou sympathisantes est un fait, mais d’autres sont proches d’autres formations, et de là à dire qu’OLF n’est « que la chapelle féministe du PS », il y a une sacrée marge, d’autant plus que l’association n’a tout de même pas rechigné à interpeller le gouvernement sur un bon nombre de sujets relatifs aux droits des femmes.

Depuis ce premier CP, des journalistes avisés ont repris l’affaire en mains, et tentent de faire passer OLF pour des représentantes d’un féminisme blanc et bourgeois qui mépriserait les femmes racisées. Voir l’article surréaliste de Madame Figaro 3.* soudainement promue spécialiste en féminisme et qui nous explique le mouvement des femmes et ses divisions internes !

 

Trouver en Madame Figaro un relais des théories des « féministes » dites « pro-sexe »,  « féministes » islamo-gauchistes et « féministes » islamistes, peut être saisissant, mais à bien y réfléchir, relayer la parole de ceux qui s’emploient à toute force à diviser les mouvements féministes, à séparer les femmes et à les enfermer dans des spécificités culturelles et religieuses propres aux systèmes de domination à l’œuvre dans leur pays où communauté d’origine, est plutôt malin.  Diviser pour mieux régner, ne peut qu’arranger le système patriarcal.

Alors même qu’elles sont les seules en réalité, à dénoncer et combattre les violences inouïes  des mariages forcés, de la relégation, des crimes d’honneur, de la lapidation, de l’infanticide des petites filles, de l’excision, de la prostitution, des violences domestiques et sexuelles, des féminicides, etc., les féministes ne trouvent jamais grâce aux yeux des mystificateurs.

Soit elles sont accusées de parler à la place des femmes « racisées », elles sont alors condescendantes, et les femmes racisées qui prennent la parole  sont-elles,  « vendues  à l’ennemi de race » (voir l’article du PIR Parti Des Indigènes de la République, sur Sophia Aram 4.*), soit elles sont accusées de colonialistes qui passent sous silence l’oppression des femmes racisées.

Les « féministes intersectionnelles », « féministes » dites « pro-sexe » et féministes islamistes » communautaristes, voire intégristes, et leurs complaisant-e-s allié-e-s. se mettent quant à elles/eux, au service du genre et de leurs frères opprimés, au détriment des droits et libertés des femmes du monde entier, allant jusqu’à cautionner leur aliénation au nom de la culture et de la religion, alors qu’elles/ils vomissent les religions dès lors qu’il ne s’agit plus de l’Islam.

Quand, au Maghreb et ailleurs, les femmes se libèrent du joug de l’oppression religieuse machiste, elles/ils les ignorent avec un manifeste mépris sexiste. 5*

Leur politique d’entrisme et de sabotage, à Lyon comme ailleurs,  gangrène qui s’étend partout où une solide formation politique, la solidarité et le courage de s’opposer font défaut, est redoutable.

 

Ce ne sont que quelques récents exemples parmi tant d’autres, d’une guerre qui ne dit pas son nom mais blesse gravement des militant-e-s, divise profondément la société et dans le cas de la prostitution, laisse depuis trop longtemps sans recours, des personnes prostituées brisées par la violence des milieux prostitueurs.

Aujourd’hui, c’est bien une heureuse victoire, mais la bataille fut, est et restera rude.

 

A l’issue de ce vote historique, nous, féministes et progressistes abolitionnistes,  n’allons pas bouder notre plaisir. Nous avons toutes les raisons de nous réjouir aux côtés des personnes prostituées qui vont enfin sortir de ce paradoxe insensé : être stigmatisées et détruites par ceux-là même qui revendiquent et/ou profitent sexuellement et/ou financièrement, de leur activité.

Nous pouvons saluer le travail formidable des associations regroupées au sein du Collectif abolition2012 et le soutien de député-e-s engagé-e-s pour la dignité et la liberté des êtres humains.

Mais ne nous faisons pas d’illusion, instituer une véritable alternative au système d’exploitation sexuelle et de domination  le plus violent qui soit, et repousser les lobbys des industries du sexe, ne se fera pas sans peine.

 

Un bon début, abolition !

Christine Le Doaré

 

*1https://ressourcesprostitution.wordpress.com/2015/06/09/la-guerre-de-lindustrie-du-sexe-contre-les-feministes/

 

 

*2 Quentin Girard ‏@quentingirard 4 juin

Tiens, une partie d’@osezlefeminisme s’est rendue compte que l’organisation était trop affiliée au PS et se barre.

 

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3.* http://madame.lefigaro.fr/societe/le-feminisme-exclut-il-les-minorites-090615-96897

4.* http://indigenes-republique.fr/politiser-la-trahison-le-cas-sophia-aram-2/

5* « Toutes en minijupe contre la campagne sois un homme et voile tes femmes «

«Rescapées de l’enfer islamistes, elles se délivrent de leur burqa », ils ne connaissent pas !

https://ldlltunisia.wordpress.com/2015/05/23/toutes-en-mini-jupe-la-contre-campagne-de-sois-un-homme-et-voile-tes-femmes

http://www.ouvalalgerie.com/monde/367-Rassemblement-en-mini-jupe-%C3%A0-Tunis-en-solidarit%C3%A9-avec-les-femmes-alg%C3%A9riennes.html

http://madame.lefigaro.fr/societe/fuyant-daech-elles-renouent-avec-la-liberte-en-retirant-leurs-burqa-080615-96891

Une affiche dont elles ne sont pas FièrEs

 

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Le groupe lesbien FièrEs quitte l’Inter-LGBT, organisateur de la Marche des Fiertés LFBT annuelle. Dans son communiqué, FièrEs incrimine le « sexisme » de l’Inter-LGBT, mais le fait déclencheur de ce départ est l’affiche de la Marche des Fiertés 2015.(*1.)

Je ne sais pas s’il faut rire ou pleurer de ce différend. Connaissant particulièrement bien le milieu militant LGBT, ayant pris connaissance des arguments des unes et des autres, je les renvoie exactement dos-à-dos.

L’affiche d’abord : quand j’ai vu cette affiche qui représente une Marianne noire ou disons, « racisée », avec le slogan : « Marche des Fiertés LGBT, nos luttes vous émancipent », j’ai pensé : l’Inter-LGBT ne sait plus quoi inventer.

L’association, qui n’a jamais travaillé sérieusement sur la lesbophobie, ni encore moins sur le sexisme, investirait subitement le champ de l’antiracisme ?

Je suis perplexe à plus d’un titre :

–        L’intention ne colle pas avec les pratiques ni travaux de l’Inter-LGBT, on pense inévitablement à de la récupération à bon compte ;

–        La nécessaire lutte contre les discriminations et violences exercées à l’encontre des personnes LGBT ne suffit-elle plus pour interpeler le grand public et mobiliser les LGBT en vue de la Marche des fiertés annuelle ?

–        Les luttes LGBT auraient pu, notamment, contribuer à l’émancipation des femmes, mais hélas, depuis que les gays ont abandonné toute déconstruction du système patriarcal et revendiquent la GPA comme la réglementation de la prostitution, ce n’est plus d’actualité.

Par conséquent, quand l’Inter-LGBT prétend contribuer à l’émancipation d’autres minorités, on est en droit d’émettre quelques doutes.

L’Inter-LGBT nous a habituéEs à ces maladresses. En 2011 déjà, l’affiche qui montrait un coq républicain avec un boa en plumes autour du cou, avait défrayé la chronique.

Cette fois, la fédération aura maladroitement voulu coller à la mode identitaire en vogue.

Cette posture lui aura valu l’effet inversement recherché.

Les curieux motifs de FièrEs ensuite : si FièrEs évoque d’autres sujets de discorde, cette affiche est donc la provocation de trop.

Pourtant, une association lesbienne et « féministe » a bien d’autres raisons de quitter l’Inter-LGBT: le mouvement LGBT est apathique sur les questions d’égalité femmes/hommes, de lutte contre le sexisme, de visibilité lesbienne. En matière d’appropriation et d’exploitation des corps et vies des femmes – prostitution ou Gestation pour autrui (GPA)…-, il  ne se distingue en rien d’hétérosexuels sexistes qui défendent les mêmes privilèges.

Je me demande même si  obtenir l’égalité avec les hommes hétérosexuels dans le mariage et la reproduction,  quitte à écraser sur son passage, les droits et libertés des femmes, n’est pas devenu son seul objectif. Il semble bien en fin de comptes, que le système patriarcal ait trouvé un allié de poids.

Terriblement dommageable quand on sait les discriminations et violences toujours exercées à l’encontre de gays ou de lesbiennes.

Les positions antiféministes de l’Inter-LGBT sur la GPA et la prostitution ont motivé l’an dernier la sortie de la Coordination Lesbienne en France (CLF). Ces positions n’ont jamais   gêné FièrEs qui n’a pas manifesté la moindre solidarité à l’encontre de la CLF, ni d’aucune autre militante lesbienne stigmatisée pour son féminisme, par le mouvement LGBT. Bien au contraire, à les entendre, les féministes « ringardes » allaient être avantageusement remplacées par de jeunes et pertinentes lesbiennes « féministes » queers !

Les gays ont adoré, aujourd’hui ils grimacent ! Voilà, l’égo de FièrEs qui pensait être accueillie à bras ouverts a été mis à rude épreuve,  elles n’ont pas été « écoutées », pire, elles ont été « méprisées ».

FièrEs découvre donc le sexisme de l’Inter-LGBT pourtant souvent décrié, mais ne dit rien des revendications qui posent problème aux féministes ; en revanche elle déclare : « La représentation d’une personne noire, associée à ces symboles républicains, légitime selon nous l’assimilationnisme ou l’intégration forcée que subissent les racisé.e.s, appelé-e-s à rejeter leur culture quand elle n’est pas française et à se fondre dans la République, ses valeurs et sa culture, qui continuent de les discriminer. »

L’influence de théories antirépublicaines d’une certaine gauche identitaire : Ah le concept d’intersectionnalité des luttes mal digéré et mâtiné du discours des identitaires du PIR (Parti des Indigènes de la République) et autres islamo-gauchistes !

Loin de moi l’idée de minimiser le racisme et ses ravages, et plus exactement les racismes, la xénophobie, l’antisémitisme et toutes les formes de rejet qui découlent invariablement de la peur de l’autre, perçu comme différent, pas plus bien sûr que l’implacable nécessité d’en venir à bout,

mais, par quelle vérité :

– une femme noire ne pourrait-elle pas être associée à des symboles républicains ? Qui décide de cette exclusion et à quel titre ? Une femme noire ne doit-t-elle symboliser que le racisme / l’antiracisme ?

– une femme noire serait d’abord noire, puis femme, puis lesbienne ? Qui décide de cette hiérarchie ?

– une femme métisse, est-elle assignée à la « race » noire  ou peut-elle choisir l’autre moitié, voire  s’en moquer ?

– une femme qui a l’apparence d’une femme « non-racisée » mais qui ne l’est pas, va-t-elle devoir présenter son arbre généalogique et certificat de naissance avant de pouvoir  rejoindre les luttes antiracistes ?

– toute femme « racisée » est-elle toujours plus légitime à parler du racisme qu’une femme qui ne l’est pas mais, conscientisée, est engagée pour l’égalité ?

Ces assignations autoritaires basées exclusivement sur la « race » visible / supposée, d’une personne, ont des relents de racisme ; les races n’existent pas, les personnes racistes oui.

Les personnes « racisées » seraient intégrées de force et obligées de se fondre dans la République ?

Les personnes « racisées » sont, dans une grande majorité, françaises depuis des générations. La plupart d’entre elles ont su garder des traditions et religions, ce qui les intéressait et aussi trouver leur compte dans un autre mode de vie.

Croire qu’elles sont toutes attachées à leur culture d’origine, sans distance ni réserve est aussi naïf que de croire que la culture française est intégralement et uniformément adoptée par tous les français-e-s non « racisé-e-s » !

D’ailleurs de quel droit, retire-t-on aux personnes « racisées » le choix de la France et l’adhésion à ses valeurs ? De quel droit les assigne-t-on automatiquement à des cultures et traditions, religions, régimes politiques d’origine… ?

Bien sûr, des personnes « racisées », même si elles ne feraient jamais le choix de retourner dans leur pays d’origine, ont de bonnes raisons de se plaindre de la République, en particulier celles qui vivent dans des zones défavorisées, avec un avenir douteux, mais c’est aussi le cas de nombre de personnes « non racisées ».

Cette sanctuarisation des traditions, des religions, que l’on plaque sur l’étranger-e est d’une condescendance indécente. C’est un peu comme s’il fallait que les descendants des auvergnats ou des bretons continuent de vivre de nos jours avec sabots aux pieds et passent tous leurs dimanches à l’église, puis s’enfilent des litres de calva !

Surtout, comment une association « féministe » telle que FièrEs, fait-elle pour occulter le fait que nombre de traditions, coutumes, religions, sont sources de discriminations et de violences envers les femmes ? Les sacraliser revient le plus souvent à cautionner les traitements sexistes et moyenâgeux qu’elles réservent aux femmes.

Ça me fait penser à ces militantes noires qui bien que féministes, occultaient les violences domestiques et sexuelles, les viols, juste parce qu’ils étaient commis par des hommes noirs ; à ces militantes islamistes qui se disent féministes mais portent la burqa ou le niqab et de la sorte, condamnent celles qui tentent de s’affranchir de cette servitude sexiste en les désignant comme moins parfaites qu’elles, moins soumises aux dictats des hommes et aux règles religieuses qu’ils inventent à leur gré.

Les personnes racisées ont aussi le droit d’être laïques, athées, il faut cesser de les associer systématiquement à une culture, une religion.

L’intersectionnalité des luttes a toujours été utilisée par une certaine gauche libertarienne et ses « féministes » pour impliquer les femmes dans des luttes de libération puis les renvoyer chez elles, une fois la révolution finie ou les revendications obtenues.

Il n’aura échappé à personne que la gauche libertarienne pro-prostitution ne se demande jamais pourquoi les prostituées sont presque toujours des  femmes, pauvres, racisées ! Etonnant comme alors, l’intersectionnalité des luttes ne leur parle plus du tout !

Enfin, selon quelles croyances des personnes « racisées » seraient-elles, contrairement aux autres, irréprochables de xénophobie, racisme, antisémitisme envers des « races », ethnies ou « communautés » autres que les leurs ?

L’Histoire regorge de personnes et groupes qui indépendamment de leur propres origines, se sont engagées contre l’esclavage, le colonialisme et le racisme,  alors que d’autres indifféremment de leur race ou origine, ont défendu d’odieux privilèges.

Comment les champions de l’idéologie identitaire se débrouillent-ils avec le fait que les premiers esclavagistes étaient arabes, mais qu’Olympes de Gouges, femme si je ne m’abuse non « racisée », a tant fait pour la libération des esclaves ?

En conclusion : L’antiracisme perd tout quand il se confond avec le communautarisme, les divisions identitaires, l’exclusion, la haine de la République.

Tous les systèmes économiques et sociaux au monde maintiennent, avec plus ou moins de violence, une organisation basée sur la domination et certaines catégories de population cumulent des oppressions de classe, de sexe et de « race » ou d’origine.

Exercer des solidarités pour mieux contrôler et limiter le pouvoir des états et des systèmes économiques est vital.

La République le permet, alors que d’autres régimes bafouent toute volonté publique et collective d’organisation et de défense des droits et libertés.

La République, qui bien entendu, déçoit plus souvent qu’à son tour,  est néanmoins une démocratie qui institue des règles débattues, votées et connues de tous afin d’organiser le vivre ensemble. C’est l’inverse d’une société morcelée dans une multitude de micro-intérêts égocentriques ou concentrée aux mains d’un régime autocrate.

Elle préserve les citoyens de l’arbitraire des régimes totalitaires et garantit aux personnes des droits et des libertés, individuels et collectifs.

Elle est amplement perfectible mais n’empêche pour autant personne de vivre selon ses goûts, habitudes, traditions ou religions, seulement voilà, elle ne consacre pas tous les particularismes, seulement les règles communes à toutes et tous. Il ne s’agit pas de se fondre dans la République, mais d’adhérer à un projet commun de vivre ensemble sans lequel rien ne peut se construire.

Soyons sérieux, les « Indigènes de la République » (PIR) et autres identitaires qui prétendent combattre le racisme à coups de procès d’intention, d’accusations, d’exclusions, ne valent pas mieux que le front National.

Ce sont les deux faces d’une même haine qui mène à l’impasse, les uns survalorisent la nation française et lui volent son identité, les autres veulent son fractionnement « indigène ».  Dans les deux cas, j’ai la certitude que ni les uns ni les autres ne s’intéressent réellement aux droits et libertés des femmes ni des LGBT.

N’est-il pas terriblement affligeant de voir un groupe lesbien qui se dit féministe adopter à son tour une rhétorique identitaire, par définition hostile aux droits et libertés des femmes, pour contrer le sexisme de l’Inter-LGBT ?!

Si nous n’y prenons pas garde, les dérives – mais on peut aussi écrire délires – identitaires, finiront par nous perdre.

Christine Le Doaré

 

*1 : affiche Marche des Fiertés 2015 :

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Sur l’affaire de l’affiche arborant un coq républicain (et pas seulement) https://christineld75.wordpress.com/2011/04/25/les-ayatollahs-de-linterieur/

Sur les dérives identitaires et/ou  islamo-gauchistes de certains groupes « féministes » et/ ou LGBT

https://christineld75.wordpress.com/2015/03/19/islamo-gauchistes-prenez-nous-pour-des-cruches/

https://christineld75.wordpress.com/2015/01/12/je-suis-feministe-je-suis-charlie/

https://christineld75.wordpress.com/2014/12/17/avec-le-feminisme-abolir-la-haine/

Sur le sexisme du mouvement LGBT

https://christineld75.wordpress.com/2015/02/14/coup-de-gueule-contre-mes-anciens-compagnons-de-route/

https://christineld75.wordpress.com/2014/06/30/qui-voudrait-dun-populisme-identitaire-homosexuel/

https://christineld75.wordpress.com/2014/06/09/feminisme-et-mouvement-lgbt-le-divorce-est-il-prononce/

https://christineld75.wordpress.com/2013/07/18/combien-de-temps-le-mouvement-lgbt-va-t-il-pouvoir-se-cacher-derriere-son-petit-doigt/

https://christineld75.wordpress.com/2012/11/21/masculiniste-et-gay-cest-possible/

https://christineld75.wordpress.com/2012/06/01/les-quatre-lettres-du-sigle-lgbt/

https://christineld75.wordpress.com/2011/11/28/quelle-mixite/

Sur ce « féministe » queer dit « pro-sexe » :

Un 8 mars laïque et universaliste, partout dans le monde, même dans le 20ème ! https://christineld75.wordpress.com/2015/03/02/mon-genre-ton-genre-mais-quel-genre-2/

https://christineld75.wordpress.com/2014/11/03/mon-genre-ton-genre-mais-quel-genre/

https://christineld75.wordpress.com/2014/04/02/des-dechainees-aux-genoux-du-patriarcat-2/

https://christineld75.wordpress.com/2014/03/09/un-etrange-8-mars-2014/

https://christineld75.wordpress.com/2014/03/04/encore-un-8-mars-et-des-questions-qui-fachent/

https://christineld75.wordpress.com/2013/11/22/8marspourtoutes-ou-loubli-dun-enorme-detail-de-lhistoire-feministe/

Un 8 mars laïque et universaliste, partout dans le monde, même dans le 20ème !

67791378Tribune collective :

Un 8 mars laïque et universaliste, partout dans le monde, même dans le 20ème !

La récupération de mouvements sociaux par des forces conservatrices ou obscurantistes est une constante. En matière de féminisme, elle est parfois spectaculaire. Ce qui vient de se produire en mairie du 20eme arrondissement de Paris en est un exemple.

GARDEZ-MOI DE MES AMI-ES, MES ENNEMI-ES JE M’EN CHARGE

La maire, Frédérique Calandra, avait confié à son adjointe en charge de l’égalité Femmes/Hommes la programmation d’événements autour du 8 mars, Journée Internationale des Femmes.

Bien mal lui en a pris !

Cette élue EELV n’a pas hésité à flirter avec des idéologies éloignées de l’émancipation des femmes dont le relativisme culturel et le « féminisme dit- pro-sexe ».

Oubliant qu’elle représentait la mairie, l’élue EELV a choisi de transformer la semaine du 8 mars en semaine de promotion exclusive de thèses et personnalités particulièrement polémiques, pour la plupart engagées depuis longtemps aux côtés des Indigènes de la République (PIR), du site Les mots sont importants et dans la lutte contre la loi 2004 sur le port des signes religieux à l’école :

– Christine Delphy et Sylvie Tissot, sociologues, sont toutes deux initiatrices du premier Manifeste (2005) des Indigènes de la République ; elles sont en outre signataires du manifeste de soutien aux Y’a bon Awards décernés (pour « racisme ») à Caroline Fourest en 2012.

– Rokhaya Diallo est animatrice des Indivisibles, groupe à l’origine de ce prix.

– Ndella Paye est porte-parole d’un collectif de mères voilées militant pour l’abrogation de la circulaire Chatel.

BONJOUR LE 8 MARS !

Quelques semaines après les assassinats des journalistes de Charlie Hebdo, on peut s’étonner qu’une élue choisisse d’offrir un plateau totalement monochrome à des personnes qui ont signé un texte « contre le soutien à Charlie Hebdo » après le premier attentat de 2011.

Partout dans le monde, la Journée Internationale pour le Droit des Femmes est un moment privilégié où les féministes échangent sur leurs revendications, pratiques et stratégies d’émancipation. Militantes, chercheuses, politiques impliqué-es contre les violences sexistes et pour l’égalité entre les sexes, sont invité-es à faire le point et lancer de nouveaux programmes pour battre en brèche la domination masculine et le patriarcat.

C’est l’occasion d’une solidarité internationale avec les femmes qui se battent contre l’oppression des religions d’état ou des groupes fondamentalistes.

Aussi, détourner le 8 mars pour promouvoir des personnalités controversées parce qu’elles ne trouvent rien à redire ni aux pressions de l’arbitraire religieux imposées aux femmes, ni aux violences du système prostitutionnel, est pour le moins manipulatoire.

MÊME PAS PEUR !

Nous saluons l’annulation de cette programmation, acte lucide et courageux de la Maire du 20e arrondissement de Paris.

Nous connaissons la propension de certains groupes à confisquer la parole des féministes et des partisanes de la laïcité; et leur aptitude à se victimiser à la moindre occasion.

Nous savons la violence avec laquelle Caroline Fourest fut interdite de parole lors d’un débat sur le danger du Front National à la fête de l’Humanité.

Nous avons déjà supporté insultes et intimidations proférées par les ami-es de Rokhaya Diallo, issu-es d’un pseudo « syndicat de travailleurs du sexe » pro-système prostitutionnel.

Face à cette nouvelle tentative de récupération et de dévoiement de la Journée Internationale de lutte pour les droits des femmes, nous, féministes universalistes, laïques, engagées pour l’égalité femmes/hommes, contre le racisme et l’antisémitisme, nous apportons tout notre soutien à Frédérique Calandra, maire du 20eme arrondissement de Paris.

La mise au point de la Maire du 20ème Frédérique Calandra :

https://www.facebook.com/frederique.calandra/posts/10153165530037948?fref=nf&pnref=story#

 

Arlette Zilberg, Christine Le Doaré

Les premières signataires, issues du Mouvement des Femmes :

Annie Sugier, Djemila Benhabib, Michèle Loup, Françoise Morvan, Monique Dental, Nadia Benmissi, Bernice Dubois, Marie-Josèphe Bonnet, Jacqueline Feldman, Martine Cerf, Marieme Helie Lucas, Laure Caille, Isabelle Steyer, Nadine Bouteilly, Ana Pak, Agnès Setton, Josiane Doan, Anaïs Decans, Irène Corradin, Mair Verthuy, Sporenda, Catherine Kintzler, Geneviève Duché, Nelly Trumel, Patricia Duthion, Brigitte Boucheron, Christelle Raspolini,  Bernadette Doleux, Evelyne Rochedereux,  Mélusine Vertelune, Yael Mellul, Agnès Perrin-Doucey, Françoise Courtiade, Martine LLanes, Françoise Armengaud, Malika El Idrissi, Josée Contreras, Catherine Moreau, Samira Banna, Sophie Boiszeau, Agnès Bellego, Caroline Merlin, Christelle Di Pietro, Françoise Roux, Claude Strano, Nicole Savey, Soad Baba Aissa, Maïté Albagly, Hypathie, Françoise Brié, Claudy Bouyon, Nicole Crépeau, Carine Delahaie, Marie-Noëlle Gérolami, Jamileh Nedaï, Sabine Salmon, Gisèle Noublanche, Marie-Josée Salmon,

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Un second  CP rédigé cette fois par des féministes « historiques » qui remettent les pendules à l’heure !

COMMUNIQUE DE PRESSE

SOUTIEN FEMINISTE À FREDERIQUE CALANDRA, MAIRE DU 20E ARRONDISSEMENT

Nous soutenons la décision prise par Mme Frédérique Calandra, maire du 20e arrondissement de Paris, d’annuler les débats prévus pour le 8 mars.

Ces débats avaient en effet été organisés de manière à ne laisser la parole qu’à une seule vision politique, un féminisme controversé qui partage les idées du Parti des Indigènes de la République. Cette vision disqualifie les valeurs de la citoyenneté démocratique et le féminisme universaliste au prétexte qu’ils seraient portés par des « blancs occidentaux ». Il dévalorise du même coup les luttes féministes pour l’accès aux droits humains, à l’égalité et à la liberté, qui se développent dans d’autres pays (hors Occident)

Une telle position enferme les individus dans des assignations identitaires et va à l’encontre de l’idéal d’autonomie qui fonde le féminisme.

Des débats de cette nature ne seraient propices ni à la réflexion critique ni à la création d’une intelligence collective des questions brûlantes qui se posent à tous, femmes et hommes, français ou non, « blancs » ou non.

Suite aux attentats des 7, 8 et 9 janvier, il n’était pas concevable pour une institution publique, de donner la parole sans débat contradictoire, et donc de soutenir des positions politiques dont les représentantes sont au mieux restées silencieuses face à l’assassinat des journalistes et dessinateurs de Charlie Hebdo, des policiers et des juifs, au pire ont pris la parole pour relativiser ces crimes.

Nous avons toutes participé au Mouvement de libération des femmes, certaines depuis le début des années 70. Ensemble, nous saluons aujourd’hui, en mars 2015, le courage de Frédérique Calandra, une élue qui a fait preuve de cohérence par rapport aux valeurs qui nous sont communes: liberté, égalité, solidarité, laïcité. Et nous espérons que beaucoup d’autres mairies témoigneront de la même détermination dans leur défense.

Premières signataires :

Catherine Deudon, photographe auteur de Un mouvement à soi : Images du mouvement des femmes, 1970-2001, 2002, Syllepse ;

Liliane Kandel, co-auteur des chroniques du « Sexisme ordinaire » (à l’initiative de Simone de Beauvoir), les Temps modernes, 1973-1983 ;

Christine Le Doaré, présidente de Sos-Homophobie de 1998 à 2002 et du Centre LGBT Paris-IdF de 2005 à 2012 ;

Claudie Lessellier, responsable du Rajfire (Collectif féministe d’action et de solidarité avec les femmes migrantes et exilées) et co-présidente de la Maison des femmes de Paris ;

Françoise Picq, auteur de Libération des femmes, quarante ans de mouvement, 2011, Dialogues ;

Nadja Ringart, co-auteur de Mouvement de Libération des Femmes : Textes premiers, 2009, Stock ;

Annie Sugier, Présidente de la Ligue internationale du Droit des Femmes, (fondée par Simone de Beauvoir ), et Vice-Présidente de la Coordination Française du Lobby Européen des Femmes (CLEF) ;

Ioana Wieder-Atherton, co-fondatrice en 1982 avec Carole Roussopoulos et Delphine Seyrig du Centre audio-visuel Simone de Beauvoir ;

Arlette Zilberg, présidente de la Commission Féminisme des Verts puis EELV (2004-2009); maire-adjointe du 20ème ardt de Paris (2001-2008)

Paris, le 2 mars 2015

Avec le féminisme, abolir la haine

10614252_545421628892178_5332025508118457889_n (1)Partout la haine, protéiforme, pesante, grandissante, menaçante.

Les aversions, phobies, violences envers les personnes, qu’elles soient de nature sexiste, raciste, xénophobe, antisémite, homophobe ou lesbophobe, handiphobe, etc., se démultiplient et se banalisent.

Ces idéologies de rejet et de haine sont florissantes, en viendrons-nous jamais à bout, vont-elles augmenter jusqu’à compromettre toute possibilité de bien vivre ensemble ?

 

Au 21ème siècle, munis comme nous le sommes d’un formidable arsenal juridique et de politiques de lutte contre les discriminations, exposés à nombre de productions intellectuelles et culturelles, ces sentiments de détestation de l’autre, fondés sur une hiérarchisation des différences humaines, devraient avoir disparu.

C’est loin d’être le cas, il suffit de consulter les Rapports sur la question et notamment celui de la CNCDH, pour s’en convaincre.

 

La lutte contre les discriminations, en particulier contre le racisme,  ne date pourtant pas d’hier.

Grace aux luttes politiques pour l’égalité de droit entre les hommes, dans la plupart des pays occidentaux, les états s’engagent dès les années 50, dans des politiques contre les discriminations.*1

N’est-il pas étonnant que la discrimination liée au sexe, relative donc à une moitié de l’humanité et transverse à toutes les autres, (car il y a des femmes de toutes les origines, de toutes les religions, des femmes handicapées, âgées, etc.) soit considérée depuis toujours, comme relevant de la lutte contre les discriminations subies par des minorités visibles ?

Les discriminations liées au sexe, les actes violents, haineux,  de nature misogyne, restent paradoxalement les plus fréquents, toutes proportions gardées, et sont pourtant les moins bien réprimés.

Depuis les lois de février 2003 et mars 2004, deux nouvelles circonstances aggravantes ont été ajoutées aux articles 132-76 et 132-77 du code pénal, elles aggravent les peines encourues aussi bien dans le cas de violences que de discriminations.

La première porte sur les crimes et délits commis à raison de racisme, xénophobie ou antisémitisme, la seconde à raison de l’orientation sexuelle de la victime.

Exemple d’aggravation : Les violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner, passent de 15 ans à 20 ans de réclusion ; les menaces de mort passent à 5 ans d’emprisonnement et 75.000 € d’amende au lieu de 3 ans  et 45.000 €.

C’est très bien. Mais pour quelles raisons, le sexisme, n’est-il pas lui aussi, une circonstance aggravante ?

 

Les féministes ont le plus grand mal à se faire entendre et à être traitées avec toute la considération nécessaire pour faire valoir les droits des femmes.

Le sexisme demeure incontestablement le parent pauvre de la lutte contre les discriminations et les violences, aux plans judiciaire, de la prévention et de l’éducation.

La loi d’abolition de la prostitution votée par l’Assemblée Nationale en décembre 2013, n’est toujours pas inscrite à l’ordre du jour du Sénat, elle concerne très majoritairement des femmes vulnérables.

 

Les groupes minoritaires discriminés ont toujours avancé en ordre dispersé, chacun avec ses moyens, et sont parvenus plus ou moins rapidement à établir un rapport de force et imposer aux institutions, une législation spécifique et adaptée.

Ce qui fait d’ailleurs du dispositif anti-discrimination un patchwork très morcelé, peu lisible et peu accessible aux victimes.

 

La loi du 9 juillet 2010 «relative aux violences faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein des couples et aux incidences de ces dernières sur les enfants», est incomplète, mal connue et mal appliquée.

En vain, les féministes réclament depuis des années, une loi globale ou loi cadre pour lutter efficacement contre l’ensemble des discriminations et des violences faites aux femmes, psychologiques comme physiques, en matière de droit du travail, droit de la sécurité sociale, comme de droit civil et de droit pénal.

Elles réclament également la reconnaissance légale du féminicide, c’est-à-dire la prise en compte spécifique des milliers de crimes commis chaque jour, à l’encontre des femmes, massivement et de manière universelle sur toute la planète, juste parce qu’elles sont nées de sexe féminin : violences machistes telles que l’infanticide, le crime d’honneur, le crime conjugal ou familial, etc.

Reconnaitre le machisme comme étant une idéologie de haine tout aussi destructrice que le racisme, l’antisémitisme ou l’homophobie et la lesbophobie, est un préalable nécessaire.

C’est bien ce qui semble embarrasser la France alors que dans plusieurs pays d’Amérique Latine, en Espagne et aussi en Italie, tuer une femme à raison de son sexe, est devenu une circonstance aggravante, celle qui manque à l’article 132 de notre code pénal.

Avoir ratifié pendant l’été 2014, la Convention d’Istanbul qui impose une perspective de genre à la législation contre les violences, ne sert à rien sans transposition en droit français.

 

Les lois sont importantes, elles marquent la désapprobation sociale et facilitent l’accompagnement civique et pédagogique, les mesures de prévention et d’éducation, qui leur donnent tout leur sens.

Malgré tout, même le meilleur arsenal juridique du monde, aussi cohérent et complet soit-il, peut s’avérer être insuffisant pour faire reculer la haine et évoluer les mentalités.

C’est bien ce qui se produit en matière de racisme, tout est disponible, pourtant le bilan n’est guère satisfaisant.

Indéniablement, un contexte de crise économique ravive les tensions sociales, et le capitalisme libéral n’est guère propice au développement d’une société humaniste, de respect et d’entraide, mais tout de même, le racisme, la xénophobie comme l’antisémitisme atteignent des niveaux très préoccupants.

Les lois, il faudrait aussi prendre le temps de les expliciter et appliquer correctement, sinon, elles s’empilent et ne servent que lorsque l’infraction est commise, il est alors bien tard.

A l’évidence, quand les digues s’écroulent les unes après les autres, il est urgent de prendre le temps de comprendre pourquoi le rejet et la haine de l’autre ne cèdent pas de terrain, au contraire s’intensifient.

 

Tout se passe comme si les gens craignaient d’être gênés, contraints, envahis par les autres, voire en avaient peur.

Devoir faire une place aux étrangers, à tous ceux qui sont perçus comme si différents, avoir à prendre en compte leurs spécificités, tout ceci est de plus en plus vécu comme une agression, alors les gens s’enferment dans un repli individualiste ou identitaire / communautaire, qui peut aller jusqu’au rejet et à la violence.

Ce qui semble nouveau, c’est que cela touche un peu tout le monde et dans tous les sens, pour tout un tas de motivations croisées et parfois qui se surajoutent, de genre, ethnique, religieuse, culturelle, de handicap, d’orientation sexuelle, etc.

Je caricature un peu et généralise à dessin, mais il semble bien que plus personne ne soit à l’abri et dans nos sociétés individualistes mais aussi communautaristes, on pourrait dresser une liste interminable des détestations humaines : les landais détestent les basques qui détestent les asiatiques qui détestent les africains qui détestent les juifs qui détestent les arabes qui détestent les handicapés qui détestent les homos qui détestent les vieux qui détestent les jeunes, etc.

Les femmes étant détestées des hommes machistes qui ont fait de leurs différences, une supériorité, la domination masculine.

 

Ce contexte de repli et de rejet tous azimuts est insupportable.

Il serait temps de promouvoir des stratégies gagnantes, afin de vivre dans une meilleure compréhension et entente humaine avant de foncer droit vers la catastrophe.

Pour commencer, il faudrait enfin que la lutte contre le système patriarcal soit relayée de manière conséquente par les institutions et l’ensemble de la société.

Même si leur expertise est incontournable, ce n’est pas l’affaire des seules féministes.

La première oppression, aussi la plus fréquente et étendue, est déterminante, on peut même dire qu’elle conditionne toutes les autres.

Bien sûr chaque discrimination est le spécifique produit d’une histoire, mais elles relèvent toute d’un rapport de pouvoir sur l’autre et tant que la domination masculine et les violences machistes n’auront pas diminué de manière significative, voire disparu, les discriminations et violences sociales de toutes natures, homophobes, racistes, etc. continueront de se produire.

Il n’est pas rare de trouver des hommes machistes ou des femmes soumises au système patriarcal, également racistes, homophobes, etc., en revanche, il est rare que des personnes féministes ou pro-féministes soient homophobes, racistes, etc.

 

Probablement faudrait-il aussi parler autrement du racisme. Le peu de succès jusqu’ici, de la lutte contre le racisme, pourtant la plus ancienne et complète sur le plan juridique, nous encourage à le penser.

Il est indéniablement plus motivant d’être encouragé-e à l’ouverture, à l’échange et au dialogue que d’être culpabilisé-e, assailli-e de rancœurs, suspicions et accusations, même si parfois, elles sont légitimes.

Il est illusoire et vain de croire que les générations futures vont porter jusqu’à la nuit des temps des responsabilités qui ne sont que de très loin, les leurs.

Alors rappeler les luttes de pouvoir et les responsabilités des pays et surtout de leurs dirigeants dans l’histoire de l’humanité, en vue d’éclairer les générations futures est indispensable, mais il y a certainement des façons de le faire plus utiles que d’autres.

 

Il est indéniable que le point commun de toutes les discriminations et idéologies de haine, est la hiérarchisation de la différence.

Une différence, quelle qu’elle soit, n’est pas un prétexte à supériorité ou infériorité, c’est juste une donnée.

On ne peut la hiérarchiser que de manière arbitraire et s’y employer témoigne d’un besoin de domination et de soumission de l’autre.

En d’autres termes, une différence de force musculaire, de couleur, de façon de se mouvoir, est une donnée et seulement une donnée, en déduire une hiérarchie en vue d’établir une relation de pouvoir est la clé du problème.

 

Le jour où les êtres humains accepteront que la différence ne légitime aucun pouvoir, toutes les discriminations tomberont.

Je suis donc persuadée que le jour où les différences entre les femmes et les hommes seront envisagées de manière factuelle et ne légitimeront plus aucune relation de pouvoir et de domination de genre, discrimination première et universelle, toutes les autres discriminations tomberont pour les mêmes raisons.

Par conséquent, si nous voulons combattre efficacement la haine de l’autre et vivre ensemble harmonieusement, hâtons-nous de favoriser une société d’égalité entre les femmes et les hommes et féministe.

Le féminisme est un projet de société, probablement le seul capable d’abolir la haine et d’harmoniser les relations humaines.

Christine Le Doaré

 

*1 Sur le plan répressif, on peut notamment rappeler les lois sur la liberté de la presse qui répriment la diffamation raciste depuis 1881.

La loi de 1972 sur la lutte contre le racisme, punit le délit de provocation à la haine ou à la violence, à raison notamment de l’ethnie, l’origine, la race ou la religion.

La loi Gayssot de 1990 réprime tout acte raciste, antisémite ou xénophobe, également le négationnisme relatif aux crimes nazis.

La lutte contre l’homophobie est plus récente, l’homosexualité n’a été dépénalisée qu’en 1982.

Les injures liées à l’orientation sexuelle ont été ajoutées aux injures et incitations à la violence punissables des Lois sur la presse depuis une loi de 2001, et figurent donc à la liste des critères de l’article 225-1 et suivants du code pénal, également du code du travail.

La répression des  injures à raison du sexe, non sans mal, ont été alignées sur les injures à caractère homophobe.

En matière de sexisme, l’article 225-1 du Code pénal inclus donc bien le sexe et la grossesse dans la liste des critères qui constituent une discrimination ; également depuis la loi de 2006 l’égalité salariale entre les femmes et les hommes et depuis 2014, le harcèlement sexuel (à l’article 225-2).

Mon genre, ton genre, mais quel genre ?

sans-titreEn France, tout le monde ou presque se jette à corps perdu dans la polémique sur le genre, mais personne, jamais, ne parle tout à fait, de la même chose.

Je le réalise une fois de plus ce matin en écoutant sur France Inter, François Ozon présenter son dernier film dont le personnage principal est un travesti. Avec Augustin Trapenard, il parle donc de genre et de féminité.

Ozon dit s’intéresser aux femmes car elles restent un mystère, aussi, parce qu’il ne fait pas un cinéma d’action et « qu’on attend des hommes, plus de l’action ».

« On » c’est qui ? L’action aux hommes et la sensibilité aux femmes ?

Ozon pense questionner le genre, oui, mais de quelle façon quand il nous ressert les clichés habituels d’hommes qui, et ce quelle que soit leur orientation sexuelle, pensent le genre d’un point de vue masculin.

Dans « Jeune et jolie », déjà, il met en scène une très jeune femme qui se prostitue comme on irait le dimanche après-midi, faire un tour en forêt, sans que jamais, elle ne nous dise pourquoi.

Pourtant, la question de la prostitution des jeunes est un sujet de société particulièrement inquiétant qui relève plutôt de la protection de l’enfance en danger et de la situation des femmes, que d’une romance éthérée et non problématisée.
Mais revenons au genre.

La manifpourtous dénonce une diabolique « théorie du genre » instrumentalisée dans le seul but de maintenir les privilèges de genre, c’est-à-dire la domination masculine sur les femmes.

Ses partisans ont bien compris que le seul danger en réalité est l’égalité femmes-hommes ; eux, tiennent à maintenir des familles traditionnelles avec une répartition des rôles bien établie qui implique des femmes soumises.

Pour la France réactionnaire, résister à la « théorie du genre », en réalité, c’est se battre contre le féminisme et ses combats pour l’égalité et pour un autre projet de société.

Les théories queers, les gays, les trans. et plus généralement le mouvement LGBT parlent en réalité bien moins d’égalité entre les femmes et les hommes que de confusion des genres.

Théoriquement, c’est intéressant d’abolir les genres, explorer le champ des possibles et tacler les frontières entre les sexes biologiques et les constructions sociales des genres féminin et masculin.

Mais n’est-ce pas un peu comme vouloir devenir champion cycliste avant même d’avoir retiré les petites roues du tricycle ?

Depuis le temps que les théories Queer existent, ne faut-il pas se demander à qui cela sert en réalité quand personne dans ces mouvements, ne travaille sérieusement sur la domination masculine ?

Confrontées à la réalité sociale de nos sociétés hyper-genrées qui entretiennent volontairement les stéréotypes sexistes pour inférioriser et asservir les femmes, ces théories ne servent en réalité, pas à grand-chose.

D’ailleurs, les gays qui n’ont que le mot genre à la bouche, le dissocient parfaitement des luttes féministes et rendent bien trop souvent, mauvais service aux femmes, avec leurs représentations hyper sexistes et hyper sexualisées des femmes.

Leurs icones, égéries, marraines préférées sont toujours des femmes dignes des couvertures de Playboy.

Une vraie femme, à leurs yeux, est souvent une femme-clichée, mode, sexe et glamour, affublée de talons hauts, maquillée et à moitié nue, sinon, c’est une lesbienne et les lesbiennes, ils s’en moquent assez.

En réalité, ils n’ont pas commencé le moindre travail de déconstruction des stéréotypes sexistes, ce qui les intéresse, c’est de ne pas être eux, limités à leur sexe ni genre, et pouvoir s’approprier quand ils le souhaitent, et sous leur contrôle, les caractéristiques dites « féminines ».

En revanche, savoir ce que les femmes – féministes – pensent de la « féminité » comme construction et contrainte sociales, ne les intéresse pas le moins du monde.

Respecter les différences entre les sexes, ne pas en déduire de supériorité ni infériorité, ne pas les hiérarchiser et donc déconstruire les genres sociaux et leurs assignations, rien de tout ceci n’a véritablement été exploré.

Dans le domaine des Etudes de genre, sont volontiers niés :

  • Les effets de la domination masculine à l’œuvre dans les sphères universitaires, intellectuelles et médiatiques. Comment croire dans ce cas, que les droits et libertés des femmes ne soient pas lésés ?

Quels sont les liens entre les Etudes de genre et les représentations Queer hyper-sexualisées des femmes, valorisant les rapports de domination/soumission, la prostitution et autres fantasmes masculins, à la plus grande satisfaction des très vaillantes et lucratives industries du sexe ?

  • Les combats féministes contre des discriminations et violences spécifiques, pour l’égalité et pour la promotion d’autres valeurs de vie en société.

Si les féministes ont longtemps été solidaires des LGBT et le sont encore, le plus souvent, l’inverse n’est pas vrai, ces derniers ne s’investissent pas ou très peu pour les droits des femmes et n’hésitent même plus à les mettre en péril, en particulier dans les domaines qui relèvent de l’appropriation de leurs corps (GPA/prostitution…).

A l’extrême, des trans-activistes, dans les pays anglo-saxons, mais également chez nous, s’autorisent à interdire violemment à des féministes de prendre la parole et même à organiser des conférences non-mixtes.

Alors parler de genre, du genre, quel genre, ton genre, mon genre ?

Il est urgent de revenir aux fondamentaux et de définir des priorités utiles.
En tant que féministe, parler du genre, reste et restera, tant que la situation des femmes ne se sera pas améliorée, à peu près partout sur cette planète (éducation, salaires, santé, violences, violences conjugales, viols, féminicides, etc.), parler de l’abolition de la domination masculine, un point c’est tout.

Christine Le Doaré

19 femmes pour 40 hommes de quoi s’agit-il ?

téléchargementUn indice ? N’oubliez pas, nous sommes en France, pays des Droits de l’Homme et non des Droits Humains. Trouvé ? Oui, c’est bien la CNCDH (Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme).

Elle a rendu le vendredi 23 mai dernier, un avis sur la loi d’abolition de la prostitution. Cet avis est plutôt difficile à traduire en termes de politique à appliquer en matière de prostitution.

Souvenons-nous, l’Assemblée Nationale, cohérente avec la position abolitionniste de la France, vient de voter en faveur de la pénalisation des clients prostituteurs ; de leur côté, inquiètes des résultats déplorables dans les pays qui ont légalisé la prostitution, les instances Européennes ont pris de fermes recommandations abolitionnistes (Résolution du Parlement européen du 26 février 2014 sur l’exploitation sexuelle et la prostitution et leurs conséquences sur l’égalité entre les hommes et les femmes, qui reconnaît que la prostitution est contraire aux principes régissant les droits de l’homme et contraire aux principes de la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne *1 ; Résolution de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe du 8 avril 2014 relative à la prostitution, à la traite et à l’esclavage moderne en Europe *2).

Le contexte Français et européen rappelé, on ne peut que s’étonner de l’avis de la CNCDH qui réussit tout de même l’exploit de se référer à plusieurs textes européens, sans mentionner ces récentes et notables résolutions abolitionnistes.

Plus globalement, cette décision donne l’impression que la Commission a peiné à conclure, préférant en fin de compte, rester dans un entre deux inefficient.
D’un côté, elle reconnaît l’intérêt d’une politique abolitionniste, mais de l’autre, elle craint, sans pour autant apporter d’arguments convaincants, que la pénalisation des clients n’entraîne des effets négatifs.
Plus étrange encore, elle déconseille la pénalisation des clients, mais le regrette en remarquant que c’est dommage de se priver de l’effet pédagogique d’une telle mesure.
Comment dire ?
Cela aurait été trop cohérent d’aller jusqu’au bout de l’analyse et reconnaître que toute demande des clients de la prostitution nourrit la traite, puis d’y mettre un terme ?
Les clients consomment des « produits », de plus en plus jeunes, de plus en plus vulnérables, sans se préoccuper de leur vie, sans savoir si les prostituées ne sont pas captives, menacées, brutalisées.
Eduquer à une sexualité libre et désirante, à l’égalité, au respect de l’autre et surtout à refuser l’exploitation sexuelle d’un être humain par un autre, ne sont-ce pas des orientations et préconisations que l’on attendrait de la part d’une commission sensée défendre les Droits Humains ?

Dans son rapport, la CNCDH se dit préoccupée par le risque de clandestinité et d’éloignement de la prostitution dans des lieux reculés. Mais à quoi fait-telle exactement allusion ?
Ignore-t-elle que la prostitution a déjà lieu sur des aires d’autoroutes désertes, sur des routes isolées, des abords de bois, de parcs et dans divers lieux que l’on peut qualifier de « reculés » ?
Ne sait-elle pas que les prostituées assassinées le sont autant dans un appartement, une ruelle, un parc ou un bois ; que le risque permanent provient soit des proxénètes qu’ils appartiennent ou non à des réseaux, soit des clients eux-mêmes ?
La situation d’isolement avec le client, dans n’importe quel lieu que ce soit, en plein centre-ville, dans une chambre d’hôtel, une voiture, un parc, un quai, une villa ou un hôtel de luxe rend toute personne prostituée vulnérable.
L’activité, l’acte prostitutionnel, voilà le danger.
La CNCDH n’a-t-elle pas pris le temps d’interviewer les procureurs des pays abolitionnistes ?
Dommage, parce qu’ils expliquent que la prostitution résiduelle continue de se produire dans les centres villes et que cet argument ressassé en boucle par les défenseurs du lobby prostitueur ne repose sur aucune réalité.
En revanche, dans les pays abolitionnistes, les programmes d’accompagnement de sortie de la prostitution autant que les mesures de prévention, tout comme la pénalisation des clients sont bien parvenus à drastiquement réduire cette forme archaïque et sexiste d’exploitation et à protéger efficacement les personnes prostituées qui choisissent malgré tout de se prostituer car elles ne sont plus pénalisées.

Dans quelles contradictions s’est enfermée la CNCDH pour à la fois reconnaître qu’il faut continuer de pénaliser la prostitution de personnes « vulnérables *3 », tout en affirmant que pénaliser les clients, risquerait de pousser les personnes prostituées dans « des lieux encore plus reculés » ?
Il faut savoir ! Les personnes prostituées vulnérables ne risqueraient rien à être poussées dans des « lieux reculés » ?
Si les clients de prostituées vulnérables peuvent et doivent être pénalisés, sans que la Commission ne s’inquiète du risque de clandestinité les concernant, alors à fortiori, ce risque n’est pas plus réel pour des prostituées moins vulnérables.
En réalité, les risques encourus par les personnes prostituées, tout le monde les connait, ils consistent à subir toutes sortes de violences : la violence sexuelle intrinsèque à la prostitution, les violences relatives à leur état de santé, qu’il s’agisse de contracter une IST autant que de développer des addictions à toutes sortes de substances pour tenir et une mauvaise prise en charge générale, enfin les violences physiques et psychologiques, qu’elles émanent des clients ou des proxénètes.

Je vois au moins deux raisons à cet avis particulièrement confus et qui une fois de plus s’intéresse au faible pourcentage de prostituées réellement « libres » au dépend de toutes celles qui subissent, captives ou non de réseaux mafieux.
La première raison est que le lobby prostitueur n’a pas ménagé ses efforts et mobilisé des soutiens de poids.
Mise à part son amitié avec Dominique Strauss Kahn, que connaît Monsieur Badinter des réalités de la prostitution ? M. Lilian Mathieu, chantre de la légalisation de la prostitution, est-il le seul sociologue en France ?
Les associations gays de lutte contre le sida ne voient la question de la prostitution que par le prisme hygiéniste de la seule lutte contre le sida, sans jamais considérer les personnes dans leur globalité ni s’intéresser aux droits des femmes ou à l’égalité femmes-hommes.
Le STRASS n’est pas un syndicat représentatif mais un groupuscule qui verrait d’un bon œil la légalisation du proxénétisme à l’Allemande se développer chez nous ; je suis curieuse de savoir si le nombre de femmes prostituées membres du STRASS fait un ou deux chiffres, la CNCDH le leur a-t-elle demandé ?
Il ne semble pas que les « survivantes » de la prostitution qui pourtant, savent de quoi elles parlent et peuvent s’exprimer sans subir de pression depuis qu’elles ont quitté le milieu prostitutionnel, aient été auditionnées.
La seconde raison est que cette décision n’a pas été adoptée à l’unanimité, loin s’en faut, mais plutôt de très peu : 4 abstentions, 16 voix contre, 20 voix pour.
Heureusement cet avis n’est que consultatif et passera vite aux oubliettes de l’Histoire.

A l’évidence, cet avis rendu par une écrasante majorité d’hommes, à contre-courant de toutes les mises en garde contre le dangereux développement du business criminel de la prostitution, ménage les clients prostitueurs et plus généralement les vieilles prérogatives sexistes d’une prétendue sexualité masculine irrépressible.
La domination masculine et ses industries du sexe sont toujours à la manœuvre quand il s’agit de se raconter des histoires à bon compte sur le dos des femmes.
Tout de même, je suis étonnée que les hommes ne soient pas plus nombreux à se lever contre la prostitution qui les caricature tant et les rabaisse au niveau d’opportunistes prédateurs.

Les violences sexuelles sanctuarisées par les valeurs libérales et patriarcales d’une commission dont le rôle est pourtant de défendre les Droits Humains et donc aussi les droits des femmes.
Le corps des femmes n’est pas une marchandise, un produit, ni même un service à disposition des hommes, alors vivement une société paritaire et féministe, car ce que nous impose cette société machiste et libérale, nous ne le supporterons plus longtemps.

Dissolution de cette Commission des Droits de l’homme et place à une commission des Droits Humains paritaire, humaniste et féministe !

Christine Le Doaré

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*1 Résolution du Parlement européen du 26 février 2014 sur l’exploitation sexuelle et la prostitution et leurs conséquences sur l’égalité entre les hommes et les femmes, qui reconnaît que la prostitution est contraire aux principes régissant les droits de l’homme et contraire aux principes de la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne : http://www.europarl.europa.eu/news/fr/news-room/content/20140221IPR36644/html/Sanctionner-les-clients-et-non-les-prostitu%C3%A9es

*2 Résolution de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe du 8 avril 2014 relative à la prostitution, à la traite et à l’esclavage moderne en Europe http://assembly.coe.int/nw/xml/News/News-View-FR.asp?newsid=4964&lang=1&cat=8

*3 prostituées vulnérables : femmes enceintes, etc.

Les violeurs de Nirbhaya condamnés à mort : solution de facilité !

3477202_3_cc0e_un-rassemblement-d-etudiantes-contre-le-viol-a_9c85684797097afaaae067e386f1f606A New Delhi, les 4 violeurs de Nirbhaya condamnés à mort , la solution patriarcale par excellence !

La sanction est tombée ce vendredi 13 septembre 2013 : les 4 violeurs de l’étudiante de New Delhi sont condamnés à mort. L’un des agresseurs, mineur à l’époque des faits échappe à la peine de mort, et le chauffeur s’est depuis, suicidé en prison.

Les faits sont d’une violence inouïe, la jeune femme et son compagnon avaient été séquestrés dans un bus, la jeune étudiante y a subi un viol collectif commis par chacun des six agresseurs, mais également avec une barre de fer. Nirbhaya et son compagnon avaient ensuite été laissés pour mort sur le bord de la route, la jeune femme est décédée à l’hôpital, et son compagnon est depuis handicapé.

Les avocats de la défense avaient annoncé en début de semaine, leur intention d’interjeter appel, le tribunal ayant déclaré les violeurs coupables de viol et de meurtre « de sang froid ». A l’évidence, la sanction est hautement symbolique, elle a été saluée avec joie par la famille et la population rassemblée devant le tribunal, dans l’attente du verdict. On s’en souvient, de nombreuses manifestations avaient été organisées pour dénoncer l’incompétence des pouvoirs publics en matière de protection des personnes et en particulier des femmes, par une population excédée.
Ces manifestations avaient pris une ampleur historique, les groupes féministes se mobilisant fortement et l’indignation de la population étant à son comble.

Sous toute cette pression, les opposants au gouvernement n’étant pas en reste, le gouvernement avait agit rapidement, travaillant parallèlement au procès, à un projet de loi pour durcir les sanctions et prévenir les violences sexuelles. Les aspects culturels des violences de genre avaient bien été reconnus et les besoins éducatifs nécessaire à l’évolution des mentalités mesurés. A l’issue de cet état des lieux et des recommandations qui en ont découlé, une loi a été votée pour aggraver la peine en cas de viol et la porter à 20 ans au minimum et pouvant aller jusqu’à perpétuité. En outre, en cas de récidive ou de décès de la victime, la peine de mort, qui n’est pas abrogée en Inde, mais qui fait l’objet d’un moratoire, peut être prononcée.

Le plus étrange malgré tout, est qu’après les manifestations et le durcissement de la loi, les plaintes pour viol ont augmenté, mais il est toujours difficile de savoir si cette augmentation est due à une plus grande médiatisation et sévérité de la peine, ce qui aide les victimes à se sentir légitimes et à dénoncer leurs agresseurs ou s’il y a un plus grand nombre de viols commis.

Le verdict prononcé ce jour, semble satisfaire une grande partie de la population, dégoutée par la violence déchainée à l’occasion de ces viols et galvanisée par les partisans de la peine de mort, mais le mouvement pour son abolition est aussi mobilisé et ne va pas rester sans réaction. En outre, rien ne dit aujourd’hui que le second jugement confirmera le premier.

Dans tous les cas, et à l’évidence, la peine de mort ne peut pas être la solution.
Tout d’abord parce que la barbarie en réponse à la barbarie, l’humanité peut faire mieux.
Ensuite, parce que condamner à mort des violeurs et des tueurs, même des tortionnaires coupables d’actes d’une sauvagerie inouïe, ne fera jamais évoluer la société, ni les mentalités, durablement et en profondeur.
En Inde, comme sur toute la planète, chaque jour, des hommes violent et tuent des femmes. Au moins 6 états ont déjà reconnu le crime de fémicide.
Alors bien sûr, il nous arrive à toutes et à certains, parfois, de haïr les violeurs et tueurs de femmes, d’avoir des envies de meurtre à leur encontre, mais de là à penser sérieusement que la peine de mort pourrait être une solution, il y a un gouffre que peu d’entre nous franchiront et c’est tant mieux. Evitons d’ajouter de la violence à la violence.

Non, la solution consiste plutôt à admettre, puis déconstruire, pour mieux la combattre et la dépasser, la domination masculine et son cortège de violences sexistes, les violences sexuelles et les autres aussi. Le patriarcat est destructeur, il en a fait la démonstration. Une société sexiste n’a pas grand-chose de bien civilisé ni juste à offrir à ses membres.
Pour se revendiquer des sociétés humaines, les états devront tôt ou tard, adopter une grille de lecture féministe de la vie collective et mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour que prévention, éducation et répression soient enfin, non pas de simples concepts et arguments électoraux, mais bien des programmes prioritaires destinés à transformer tous les aspects de la vie sociale et culturelle, avec des valeurs d’égalité et de respect.

Bien entendu, les sanctions pénales doivent être proportionnelles et à la hauteur du crime insoutenable et indéfendable qu’est le viol – et à fortiori tout acte de barbarie, allant souvent jusqu’au meurtre, contre les femmes -.
Bien entendu, la fin de peine, la liberté conditionnelle, bref, toute sortie de prison après des violences sexuelles doit être encadrée, organisée afin d’exclure toute possibilité de récidive. C’est même à cette seule condition qu’un prédateur sexuel devrait être relâché, on en est tellement loin !
Tout ça demande beaucoup de moyens et donc de conviction politique.
Il ne s’agit pas de bricoler des solutions pour avoir la paix sociale, mais bien de changer une société, d’abolir une domination systémique, tout un système de pensée et de vie en commun.

Mais, se contenter de condamner à mort les violeurs, c’est la solution de facilité, c’est s’intéresser aux conséquences sans remédier aux causes.
Bien entendu, des sanctions individuelles doivent prononcées à l’encontre des hommes coupables, mais c’est bien toute la société patriarcale qui est malade de ses violences sexuelles.
Les industries du sexe, de plus en plus influentes, invitent à tout va, à consommer sans scrupules leurs violences pornographiques et la prostitution, elles banalisent la culture du viol et de toutes les violences sexuelles.
En face, la peur des lois répressives, un rapport de force porté en permanence par les luttes féministes, sont bien insuffisants pour nous éviter le pire et surtout nous permettre d’avancer vers une société de progrès et de lumière à laquelle nous aspirons toutes et tous.

Le viol est un crime commis par certains hommes, beaucoup trop d’hommes, parce que notre culture patriarcale ne le condamne que contrainte et forcée par une exigence d’ordre public, ni par conviction ni motivée par un projet de société féministe d’égalité et de respect.

Christine Le Doaré

Combien de temps le mouvement LGBT va-t-il pouvoir se cacher derrière son petit doigt ?

220px-Palco_BolognaPride08Les LGBT vont-ils s’adapter au système ou le changer ?
Mixité, diversité, comment se rejoindre un jour ?

Depuis que l’homosexualité est devenue une question de société, nombre de gays se sont désintéressés des questions d’égalité réelle entre les femmes et les hommes et du féminisme. Il semble qu’ils en ont déjà fini d’interroger leur propre misogynie ? Le mouvement n’a t’il de LGBT que son sigle ?

En matière de discriminations et de violences, d’égalité des droits (mariage et adoption), on peut considérer qu’il y a bien une transversalité de luttes.
Mais déjà, en matière de GPA c’est moins évident, comme à chaque fois qu’il est question de l’appropriation du corps (des vies en réalité), des femmes. Toutes les autres revendications ne se recoupent pas et les problématiques spécifiques des lesbiennes, en général, n’intéressent pas les gays.

La question des inégalités femmes-hommes est centrale. Combien de gays admettent bénéficier de privilèges du fait de leur appartenance au groupe des hommes ? Comment faire prendre conscience à un gay que ne pas combattre un système revient à le conforter ? Peut-il se désolidariser du groupe des hommes dont il cherche tant à se faire accepter ? C’est pourtant bien sa seule chance objective de vivre un jour dans une société égalitaire, libre de sexisme et donc d’homophobie.

Ce manque de motivation à challenger la domination masculine est aussi encouragé par l’attitude de beaucoup de lesbiennes qui par identification, tentent de s’affranchir des contraintes sociales et culturelles liées à leur genre. Qu’elles en soient conscientes ou pas, dans tous les cas, penser se libérer seules, alors que d’autres femmes continuent de subir la domination masculine, est illusoire.

J’en ai rencontré, notamment engagées aux côtés des gays dans la lutte contre le sida, qui niaient leur double oppression de femmes et de lesbiennes. Elles en connaissaient un rayon en matière de prévention-sexualité gay, mais se satisfaisaient du manque de réciprocité et certaines ignoraient même l’essentiel de la prévention lesbienne ! Comment faire comprendre à une lesbienne que sans solidarité avec le groupe des femmes, tant que l’égalité réelle ne sera pas achevée, que le féminisme n’aura pas changé et réinventé la société. elle n’aura jamais que l’illusion de sa propre libération ? Vivre sous domination sous domination masculine l’entravera et la menacera toujours.

Les Trans. quant à eux, se sont à juste titre, plaints du manque d’intérêt et de solidarité des gays à leur égard, mais elles-eux non plus, ne se sont pas intéressés à la déconstruction du système patriarcal ; il est rare de croiser un ou une trans féministe.

Au début, n’étaient visibles que les transsexuelles hommes devenus femmes (M to F). Au contraire d’être féministes, la plupart adoptaient même les codes sociaux d’une représentation féminine parfaitement sexiste. Incompréhension des lesbiennes, forcément.

Puis ont émergé les transsexuels femmes devenues hommes (F to M), un peu plus conscientes du sexisme et des enjeux de l’égalité femmes-hommes, ayant été des femmes et souvent rejetées car ne se pliant pas aux stéréotypes de genre. Toutefois, une fois installées dans leur sexe de réassignation, la plupart des personnes trans. se fondent dans la masse pour une nouvelle vie et participent moins aux luttes féministes et LGBT.

Puis les personnes transgenres qui questionnent le genre mais ne veulent pas nécessairement s’engager dans les opérations de réassignation de genre, sont devenues visibles, aidées par le mouvement Queer qui, pensait-on, ouvrait une brèche vers plus d’imagination et de libertés.

Dommage, toutes ces différentes façons d’être trans n’ont pas non plus vraiment réussi à se comprendre entre elles. Elles s’accordent sans conteste sur la nécessité d’obtention de papiers d’identité conformes à son genre, en revanche, elles se déchirent, notamment sur la question de l’accompagnement médical et psychologique du parcours de réassignation de genre.

Pire encore, les revendications trans. sont maintenant instrumentalisées par les politiques : assimiler opportunément les questions de genres aux archi minoritaires droits des trans pour mieux freiner les droits des femmes et surtout ne pas avancer trop vite en matière d’égalité Femmes-Hommes, beaucoup de politiciens européens sont déjà rompus à l’exercice.

Les Trans-actvistes, en particulier dans les pays anglo-saxons, sont de plus en plus hostiles à l’égard des féministes. (Attaques conférence radfem pays anglo-saxons).

Peu à peu, le mouvement LGBT, plus à l’aise avec les questions trans. que féministes et lesbiennes, puisqu’elles ne les remettent pas vraiment en question, ont inscrit et priorisé les revendications Trans. à leur agenda.

Quant aux bi(s), elles et ils considèrent n’être que la dernière roue du carrosse, ce qui n’est pas faux, mais il faut bien reconnaître qu’il est assez difficile d’articuler des revendications bi, notamment en matière d’égalité réelle femmes-hommes ou d’égalité des droits LGBT. Quand on discrimine ou agresse une personne, c’est à cause de son orientation sexuelle réelle ou supposée et c’est la relation homosexuelle de la personne bisexuelle qui pose alors problème. La question de l’acceptation de la bisexualité est une intéressante question culturelle mais elle est difficile à traduire en termes politiques.

L’interprétation en France des théories Queer, a aussi joué un rôle. Les théories Queer permettent d’appréhender les questions de genre pour mieux déconstruire les normes et proposer des alternatives. Mais chez nous, elles ont souvent été utilisées pour diluer les luttes et masquer les véritables enjeux de pouvoir.

Ainsi, quand un homme blanc Queer décrète être une « lesbienne noire », parce que c’est ainsi qu’il lui plaît de se définir, c’est intéressant sur le plan théorique, mais seule la lesbienne noire subit vraiment une triple domination sociale et culturelle (femme, lesbienne et racisée) ; ce type de posture n’a aucun d’effet sur la vie quotidienne de l’immense majorité des gens et encore moins ne remet en question l’oppression des femmes.

C’est théoriquement excitant mais socialement inopérant, ça ne change strictement rien aux rapports sociaux de classe.

Les hommes (gays ou pas) qui adorent les Slutwalks et autres manifestations ou représentations « pro-sexe », les qualifient de « seul féminisme valable » ; ils ont raison, elles ne remettent nullement en question la domination masculine, bien au contraire, elles assignent les femmes à de nouveaux rôles tout aussi normés que les précédents mais imposés cette fois, par les performantes et omniprésentes, industries du sexe.

C’est un peu comme si le système patriarcal s’adaptait et engendrait de nouvelles générations d’adeptes au sein même des mouvements qui théoriquement pourraient le mettre en échec.

En effet, les groupuscules radicaux qui prospèrent à la marge du mouvement LGBT se prétendent subversifs mais en réalité, s’avèrent être de redoutables alliés du système patriarcal.

Ayant parfaitement intégré les codes de l’oppresseur, ils répandent des thèses néolibérales « post-féministes » et vont jusqu’à confisquer violemment la parole des féministes.

Complices des industries du sexe, pornographie et prostitution notamment, dont ils prétendent se réapproprier les scénarios, ils glorifient sans ciller la marchandisation et l’aliénation des êtres humains.

Rien n’est plus facile que d’instrumentaliser la libération sexuelle des femmes et « la liberté de disposer de son corps » est passée par la moulinette du libéralisme : à l’évidence, que des femmes s’affirment libérées par le porno ou la prostitution ne va rien changer à l’ordre établi, ni déstabiliser la domination masculine, bien au contraire !

L’influence de ceux que l’on appelle à tort « pro-sexe », « trans-activistes » en tête, s’est même révélée être l’une des menaces les plus virulentes à l’encontre de féministes ou de groupes féministes (Annulation conférence Rad-Fem, harcèlement de militantes, etc.).

Curieusement, ce sont les associations de santé communautaires, financées pour la lutte contre le sida, qui s’en font les meilleurs relais dans le mouvement LGBT.

Face à une telle adversité, nombre de lesbiennes politiques n’approchent pas ou ne font que traverser le mouvement mixte LGBT. Rares sont les militantes lesbiennes féministes qui travaillent dans le mouvement mixte, y occupent une position de « leadeuse », portent les revendications communes tout en s’affichant féministes et en challengeant le sexisme. A quelques exceptions près, elles sont vite isolées, harcelées, discréditées voire menacées et s’épuisent sans obtenir beaucoup de résultats.

Néanmoins, je comprends bien que des lesbiennes soient convaincues que dans une société mixte, il n’y a pas d’autre alternative que la mixité, ce fut mon cas pendant de longues années.

Je pensais que s’exclure dans la non-mixité, n’était pas efficace pour combattre la domination masculine. Aujourd’hui, je n’affirmerais plus rien de tel. L’effort à produire pour surnager et assurer un minimum de visibilité lesbienne et féministe au sein du mouvement LGBT est démesuré. Pour que cet investissement soit viable et productif, il faudrait conjuguer deux facteurs, le premier : plus de lesbiennes féministes investies en même temps et le deuxième: plus de gays concernés par l’abolition du patriarcat. Autant dire une belle utopie !

Dans tous les cas, je pense maintenant que la bonne stratégie consiste à leur demander de s’informer, de se former (les outils théoriques, les expériences et les expertes sont disponibles), de travailler et de faire leurs preuves, nous verrons ensuite.

En conclusion, je dirai que le mouvement LGBT a probablement eu tort de se focaliser exclusivement sur l’égalité des droits, étape certes indispensable, mais impuissante à changer la société en profondeur. Ce sont les LGBT qui vont s’adapter au système et pas l’inverse !

Admettons-le, le mouvement LGBT n’a de mixte que son sigle. Il se défend bien en matière d’égalité des droits, mais fait l’économie de l’essentiel : la lutte contre la domination masculine. Il ne suffit pas de dire : le sexisme engendre l’homophobie ou encore, le mépris du féminin est l’un des ressorts des LGBTphobies, voire même l’homophobie et la lesbophobie sont des manifestations de peur face à des alternatives qui ne sont pas prévues et sont vécues comme des menaces du système, encore faut-il en tirer les conséquences et s’engager dans la lutte contre les systèmes d’oppression, y compris à l’intérieur du mouvement.

Le mouvement LGBT qui a fortement contribué à l’évolution des mœurs en France, aurait les moyens de devenir un véritable mouvement de libération et d’émancipation. Il peut jouer un rôle majeur dans la lutte pour l’égalité Femmes/hommes, encore faudrait-il qu’il le veuille et s’en donne les moyens. Pour l’instant, il n’a même pas commencé, à l’inverse, il s’y oppose souvent.

Ses choix seront déterminants pour l’avenir et il ne pourra pas longtemps continuer de se cacher derrière son petit doigt.

Quelle mixité ?

La présidence de SOS homophobie puis du Centre LGBT Paris IdF, une participation au Bureau exécutif de l’ILGA-Europe, m’ont forgé une solide connaissance de la mixité dans les mouvements LGBT.

Lesbienne féministe, j’ai pourtant longtemps choisi de militer au sein du mouvement mixte LGBT.

On ne peut pas, selon moi, parler honnêtement de mixité, sans poser ce postulat de base : nous vivons toutes et tous dans une société patriarcale. Elle s’est construite et organisée dans un système de domination masculine et si nous constatons des évolutions positives, les changements sont très lents et ce n’est pas demain la veille que nous parviendrons à une égalité réelle entre les femmes et les hommes.

Même si on adopte une grille de lecture queer, ambition théorique de gommer le genre, il est impossible de ne pas tenir compte du fait que l’écrasante majorité de la  population est toujours sous influence. Le sytème patriarcal vise à s’approprier le corps des femmes pour contrôler la sexualité et la reproduction.
Le sexisme est un outil du système patriarcal ; il engendre l’homophobie, la lesbophobie et la transphobie.  Le mépris du féminin est l’un des ressorts des LGBTphobies. La sexualité prétendument «féminine » des homosexuels (tante, tarlouze, pédale…) et la sexualité immature des lesbiennes qui sans organe sexuel masculin ne peuvent que s’adonner à des caresses puériles, est dévalorisée et ridiculisée. L’homophobie et la lesbophobie sont des manifestations de peur et donc de rejet d’alternatives qui ne sont pas prévues et qui sont vécues comme des menaces du système.

La question est, pourquoi ne sommes nous pas parvenus à une véritable mixité LGBT et avons même plutôt régressé ?

A mon avis la réponse se trouve dans la motivation ou l’absence de motivation des gays. Pour une bonne part des revendications, il y a bien transversalité objective des luttes, en particulier pour la lutte contre les discriminations et les violences, et pour l’égalité des droits (mariage et adoption). Mais déjà, en matière de GPA c’est moins évident, nos objections portent sur la question de l’appropriation du corps des femmes. Mais tout le reste ne se recoupe pas et les problématiques spécifiques des lesbiennes n’intéressent pas les gays. La question des inégalités femmes-hommes est cruciale. Combien de gays admettent bénéficier de privilèges ? Même discriminés en tant que gays, ils bénéficient malgré tout en tant qu’hommes, des avantages de leur groupe et disposent de plus de ressources et de pouvoir. Comment faire prendre conscience à un gay qu’il contribue à reproduire un système s’il ne le combat pas ? Quel pourrait bien être son intérêt à se désolidariser du groupe des hommes dont il a déjà tant de mal à être accepté ; groupe qu’il souhaite tant convaincre et séduire, s’il ne comprend pas que c’est sa seule chance de vivre un jour dans une société égalitaire, libre de sexisme et donc d’homophobie ?

Il faut bien le dire, nombre de lesbiennes sont aussi complices du système. Certaines opèrent un raccourci opportuniste, se désolidarisent du groupe des femmes pour s’identifier à celui des hommes. J’en ai tellement rencontré, en particulier engagées à 100% aux côtés des gays dans la lutte contre le sida, qui niaient leur double oppression de femmes et de lesbiennes et ne s’intéressaient pas aux spécificités des revendications lesbiennes et féministes. Elles pensaient obligatoire de tout savoir en matière de prévention-sexualité gay, mais pensez-vous que la réciproque existe ? Pas du tout, la plupart du temps, elles ignorent même l’essentiel, les concernant elles ! Comment faire comprendre à une lesbienne qu’elle aura beau jouer les « tomboys», sans solidarité avec le groupe des femmes, tant que l’égalité réelle ne sera pas achevée, elle n’aura jamais que l’illusion de sa propre libération. L’aliénation des autres femmes l’entravera ou la menacera toujours.

A la marge du mouvement LGBT, prospèrent des groupuscules radicaux qui se croient subversifs mais en réalité, s’avèrent être de redoutables alliés du système patriarcal. Ils ont parfaitement intégré les fonctionnements de l’oppresseur : confisquant, parfois violemment la parole des féministes, ils répandent des thèses néolibérales « post-féministes ». Complices des industries du sexe, pornographie et prostitution notamment, dont ils prétendent se réapproprier les scénarios, ils vantent la marchandisation et l’aliénation des êtres humains. Rien n’est plus facile que d’instrumentaliser la libération sexuelle des femmes, que des femmes s’affirment libérées par le porno ou la prostitution ne va rien changer à l’ordre établi ! L’influence de ceux que l’on appelle à tort « pro-sexe », « trans-activistes » en tête, s’est même révélée être l’une des menaces les plus virulentes à l’encontre de féministes ou de groupes féministes (Annulation conférence Rad-Fem, harcèlement de militantes, etc.). Les associations de santé communautaires, financées pour la lutte contre le sida, sont leur relais dans le mouvement LGBT.

Face à ces obstacles, gays sexistes et parfois même masculinistes, lesbiennes non féministes, pro-sexe, etc. nombre de lesbiennes politiques n’approchent pas ou ne font que traverser le mouvement mixte LGBT. En revanche, elles sont nombreuses dans des groupes féministes et dans les groupes lesbiens non mixtes. Rares sont les militantes lesbiennes féministes qui travaillent dans le mouvement mixte, y occupent une position de « leadeuse », portent les revendications communes tout en s’affichant féministes et en challengeant le sexisme. Les féministes dérangent, en revanche, les post-féministes, sont de sympathiques compensations narcissiques pour les gays, ils adorent, un peu comme les copines hétéros qu’ils exhibent comme des faire-valoir. En général isolées, le risque est pour elles, harcelées, attaquées, discréditées, de s’épuiser dans une trop grande adversité au regard du peu de résultats probants obtenus.

Néanmoins, je comprends qu’il est possible de penser que dans une société mixte, il n’y a pas d’autre alternative que la mixité, ce fut mon cas pendant de longues années. Selon moi, s’exclure dans la non-mixité, n’était pas efficace pour combattre la domination masculine. Aujourd’hui, je n’affirmerais plus rien de tel. L’effort à produire pour surnager et assurer un minimum de visibilité lesbienne et féministe au sein du mouvement LGBT est vraiment démesuré. Pour qu’il en soit autrement, il faudrait conjuguer deux facteurs, le premier : plus de lesbiennes féministes investies en même temps et le deuxième: plus de gays concernés par l’abolition du patriarcat. En réalité, je crois qu’il leur appartient de s’informer et de se former (les outils théoriques, les expériences et les expertes sont disponibles) pus de travailler efficacement en ce sens. Nous verrons ensuite.

Le mouvement LGBT qui a fortement contribué à l’évolution des mœurs en France a les moyens de devenir un véritable mouvement de libération et d’émancipation. Il peut jouer un rôle majeur dans la lutte pour l’égalité Femmes/hommes, encore faudrait-il qu’il le veuille et s’en donne les moyens. Pour l’instant, il n’a même pas commencé.

Christine Le Doaré


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