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Poutine, qui sont ses complices ?

Beaucoup des forces progressistes, antiracistes, de jeunesse et féministes notamment, ne se sont pas senties concernées par l’invasion de l’Ukraine, en tous cas, elles ne se sont pas exprimées ni mobilisées massivement. Ça interroge grandement.

Avec la guerre en Ukraine et l’attitude de Poutine, nous savons désormais que les régimes autoritaires de super-puissances, les autocrates en Russie, Chine, puis en Inde, Afrique … auront bientôt tous les pouvoirs sur la planète. Les démocraties, le régime démocratique même, sont en déclin et sur la défensive. On assiste à l’impuissance des démocraties face aux virilistes qui rêvent de grandeur, d’annexions, d’éternité, de littéralement dévorer le monde.

L’ autocrate Vladimir Poutine est responsable sur tous les plans (juridique, politique …), d’une agression insensée et absolument injustifiée sur un pays souverain, au nom d’une prétendue « dénazification », quand le seul nazi dans l’histoire, c’est lui. Une folie meurtrière qui bafoue toutes les lois de la guerre. Il devra passer devant la justice internationale pour crimes de guerre.

Mais il s’en fiche, totalement, comme d’autres s’en ficheront demain, parce que l’idée même de démocratie ne pèse plus grand-chose, et ce à l’intérieur même de nos régimes démocratiques.

Les régimes démocratiques comme la France sont menacés à l’extérieur de leurs frontières par ce nouvel équilibre mondial, mais aussi à l’intérieur par tous les populistes et souverainistes, qui vont chez nous, de Mélenchon à Le Pen, en passant par Zemmour … Certains les appellent la cinquième colonne. Les souverainistes et les populistes contribuent de l’intérieur de chaque pays démocratique, (C’était flagrant sous Trump aux USA), à affaiblir nos démocraties, alors que la seule solution pour les préserver c’est une Europe forte et soudée autour de valeurs solidaires, et solide sur les questions de sécurité, face à l’islamisme comme aux super-puissance totalitaires telles que la Chine, la Russie, etc.

Zemmour et Le Pen sont des Poutinolâtres, je n’en parle même pas, c’est notoire. Les échanges de SMS entre Marine Le Pen et le Kremlin de Vladimir Poutine au moment de l’annexion de la Crimée prouvent sa collusion. En revanche, Mélenchon est plus ambiguë mais cela revient au même. Clément envers Poutine, en visite à Moscou en 2018, il ne s’est pas exprimé sur les assassinats d’opposants, journalistes …, ni sur l’annexion de la Géorgie ou de la Crimée, au contraire il a déclaré que « l’annexion de la Crimée était une bonne nouvelle ». Il s’est même dit « impressionné par l’ordre et la propreté qui régnaient grâce au régime de Poutine ! Lui qui n’a de cesse que d’agiter les foules et si indulgent devant les dégradations. Il n’a pas manqué de féliciter Poutine pour son action en Syrie. Il avait également déclaré que « le gouvernement post Maïden était putschiste et néonazi ». S’il a semblé soutenir l’Ukraine récemment c’est parce qu’il a bien senti la mobilisation de l’opinion publique en faveur des Ukrainiens. Quand il a déclaré, qu’à la place d’Emmanuel Macron, il «aurait discuté avec Mr Poutine, après j’irai voir Mr Biden, puis je leur dirai : là il faut arrêter», cela en dit long de son arrogance et incompétence. N’avait-il pas aussi déclaré que « l’Otan voulait annexer l’Ukraine » et « qu’il n’y aurait pas d’invasion de l’Ukraine par la Russie » ! Que des gens sincères puissent être tentés de voter pour un tel personnage est tout de même bien mystérieux.

Au contraire, je pense désormais qu’il faut tout faire pour combattre les influences mortifères qui nous rongent de l’intérieur. Ceux qui ne l’ont pas compris, arcboutés sur le vieux logiciel « les USA contre reste du monde » et « l’Otan grand satan » notamment, font partie du problème.

Pour construire une Europe politique et militaire capable de défendre les valeurs démocratiques, il nous faut une France qui ne doute pas de son identité ni de ses valeurs, la laïcité … tout autant qu’elle refuse de se laisser menacer par des séditieux en jaune, rouge ou brun qui rêvent de totalitarisme. Une Europe plus sociale, mieux régulée, moins bureaucrate, plus agile est la seule chance d’indépendance, de liberté et de prospérité pour notre continent.

En tant que féministe, je suis d’autant plus consciente des dangers populistes et souverainistes, que les forces à l’oeuvre derrière ces idéologies et partis-pris politiques parfois présentées comme révolutionnaires, sont passéistes, conservatrices et non sans risques pour les droits et libertés des femmes. Un monde machiste où des virilistes super-puissants, protégés par la menace de l’arme atomique, se partagent la planète comme aux pires heures de l’Histoire. Un monde d’arbitraire et de violence, terrifiant pour les plus vulnérables. Je n’en reviens pas que le mouvement féministe ne se soit pas prononcé ni mobilisé contre la guerre en Ukraine, totalement déconnecté des réalités du monde. Pas même pour le 8 mars. C’est impardonnable, inoubliable. Une faute majeure qui entachera à jamais le mouvement féministe.

Je ne pardonne pas aux attentistes, qu’un recours à une Europe plus forte ou à l’Otan, gênait aux entournures, d’être restés sur leur quant à soi, au mieux condamnant tardivement et du bout des lèvres, l’invasion de l’Ukraine. A l’évidence, pour se comporter de la sorte, il faut n’avoir rien compris au rééquilibrage des rapports de force mondiaux, ni aux plus grands dangers qui nous menacent. Beaucoup des forces progressistes, antiracistes, de jeunesse et féministes notamment, ne se sont pas senties concernées. Ça interroge.

C’est aussi avec cet éclairage que nous devrions envisager les #Présidentielle2022 malheureusement, je ne vois rien de tel dans les médias ni dans les prises de paroles des politiques, quelques rares exceptions mises à part. Bientôt nous n’aurons plus aucun avenir, aucune liberté, aucun droit du tout, si nous n’avons pas pour priorité de contenir voire éliminer les forces virilistes et totalitaires qui nous menacent.

Christine Le Doaré

Pour un 8 mars féministe, non à la guerre en Ukraine !

L’armée ukrainienne est composée à 17% de femmes, Iryna Tsvila a été tuée dans la bataille de Kiev
alors qu’elle tentait de freiner l’avancée des chars russes.

Bientôt le 8 mars 2022, Journée Internationale de lutte pour les droits des femmes. Dans le contexte de guerre en Ukraine, cette journée prend une tournure toute particulière.

Tout d’abord, rappelons que le 8 mars c’est toute l’année. Sur le terrain, dans les entreprises, administrations, ministères et partout, des militantes oeuvrent toute l’année pour l’émancipation des femmes et l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. Le 8 mars c’est seulement la journée pour tirer des bilans et mettre nos luttes en lumière et en perspective. Où en sommes-nous en France et partout dans le monde ? Que reste-t-il à accomplir ? Quelles sont les priorités ?

En tant que féministes, la priorité des priorités cette année, c’est selon moi, d’unir nos voix pour mettre un terme à la guerre en Ukraine que Poutine vient d’envahir. L’autocrate viriliste, mégalomaniaque et paranoïaque, est conscient que son pays est en déclin (pouvoir d’achat environ à la soixantième place mondiale), alors pour se maintenir au pouvoir, il entraîne toute sa population dans une chimérique reconquête de l’URSS et tant qu’il y est, de la grande Russie tsariste. Poutine est allé jusqu’à mettre la force dissuasive russe, c’est-à-dire nucléaire, en alerte. C’est dire sa détermination et le niveau de sa belliqueuse démence.

Beaucoup d’Ukrainiennes et Ukrainiens ont fait le choix de rester et de résister, à l’instar de leur président. Leur courage force le respect. Désormais la terreur s’abat sur eux et il est à craindre que les femmes soient victimes d’exactions et de violences sexuelles, comme c’est le cas dans toute guerre.  L’armée russe, mais aussi l’armée du Tchétchène Kadyrov, la Force Wagner milice de moins en moins secrète au service des basses œuvres du Kremlin, sont à la manoeuvre. L’armée ukrainienne est composée à dix-huit pour cent de femmes. Des femmes vont donc aussi mourir en défendant leur pays.

Heureusement, l’Europe a présenté un front uni comme jamais, de lourdes sanctions économiques pèsent sur la Russie, des armes ont été financées et livrées, une aide humanitaire et une assistance aux réfugiés ont été mis en œuvre, des médias russes ont été interdits … En compromettant la paix et la stabilité de l’Europe, Poutine a provoqué une prise de conscience des principaux pays européens : l’Union n’a pas d’autres choix que de devenir puissante sous peine d’être réduite au silence par de superpuissances mégalomaniaques. Des pays de l’est ont même demandé à rejoindre l’OTAN qui était quasi moribonde.

Même en Russie, des opposants ont réussi à faire entendre leurs voix avec une lettre ouverte de scientifiques, des manifestations dans les grandes villes, des démissions en série dans les milieux culturels et intellectuels. Les féministes ne sont pas en reste et la résistance féministe anti-guerre s’organise en Russie : plus de cinq mille activistes sont réuni.es dans une chaîne tg et ont établi un Manifeste. Ces groupes participent aux manifestations d’opposition à la guerre à Moscou, Saint-Pétersbourg, Novosibirsk et Kazan. Elles bravent un régime totalitaire, les féministes françaises doivent être à leurs côtés.  

Des soutiens, l’autocrate n’en manque pourtant pas, d’autres pays de l’Est se sont alignés comme la Biélorussie par exemple. Et même en France, à droite comme à gauche, nombreux sont ceux qui ne cillent pas devant une Russie qui vise délibérément des civils Ukrainiens, envoie sa police arrêter les opposants russes à la guerre, musèle les médias de son pays, et dont les services secrets mènent une cyberguerre à nos démocraties. Ceci devrait nous inciter à comprendre que s’attaquer aux seuls identitaires, comme le font le plus souvent les universalistes, est insuffisant, les souverainistes aussi représentent un sérieux danger.

A l’occasion du 8 mars, sont proposés désormais tout un tas d’évènements plus ou moins convaincants. A Paris, est prévue une manifestation dont nous ne savons pas grand-chose si ce n’est qu’elle a le soutien de partis et syndicats d’extrême-gauche. Une grève est également organisée. En tant que féministe universaliste je ne suis pas certaine de me retrouver dans ces mobilisations. Quel peut bien être le sens d’appeler les femmes à une grève pour :

  • « Affirmer notre solidarité avec les femmes du monde entier » ? Une solidarité ça s’exerce, pas besoin d’une grève !
  •  « L’allongement des délais pour l’IVG » alors qu’ils viennent juste d’être allongés ?
  • « Lutter contre les violences sexistes et sexuelles ; l’égalité salariale et professionnelle », sans même faire le point sur les dernières mesures adoptées, les évaluer … pour revendiquer des mesures précises ?

« Ne nous libérez pas on s’en charge », mais faire grève pour exiger d’être libérées ? J’ai du mal à suivre cette logique pétrie de contradictions. Bien entendu en tant que féministes, le 8 mars, il nous faut continuer d’agir pour l’émancipation et l’égalité en France. Tout n’est pas gagné pour les femmes en occident loin de là. Dans bien des domaines, il faut continuer de se battre : santé, travail, etc. et surtout, le harcèlement de rue, les agressions, les violences sexistes et sexuelles qui sont toujours massives.

Mais pour ce 8 mars 2022, la priorité des féministes devrait être selon de moi de soutenir les Ukrainiennes et Ukrainiens plongé.es en pleine tourmente, et surtout tenter de prévenir toute violence à l’encontre des femmes Ukrainiennes. A court terme, nous devrions aussi nous engager pour un renforcement de l’Europe qui seule pourra nous protéger de tels conflits à l’avenir.

Au plan des droits des femmes, nous devons soutenir les initiatives de solidarité internationale envers les femmes qui dans nombre de pays subissent des discriminations et des violences inacceptables, au premier chef les Afghanes que ce nouveau front Ukrainien, ne doit pas nous faire oublier. Une action d’envergure est prévue à Bruxelles pour soutenir les femmes afghanes.

Nous devons également intensifier nos efforts contre tous les intégrismes, dont l’islamisme qui dans une logique séparatiste et communautaire fait peser sur des femmes musulmanes des diktats sexistes aux conséquences dramatiques. Bien sûr le voilement, l’enfermement communautaire, les mariages forcés, et les violences exercées sur les jeunes filles dans les quartiers, comme vient de nous le rappeler le jugement par trop clément des agresseurs sexuels de Shaïna, retrouvée morte, poignardée puis brûlée vive.

Ce n’est pas le travail qui manque. Je ne suis pas de ceux qui accusent les féministes de ne pas en faire assez, comme sont si prompts à le faire ce qui ne font rien en matière de droits des femmes, mais le mouvement mainstream devra se recentrer et établir des priorités pour venir à bout des pires violences contre les femmes.

8 mars 2022 NON A LA GUERRE EN UKRAINE !

Force et courage aux féministes universalistes.

Christine Le Doaré

Photo : L’armée ukrainienne est composée à 17% de femmes, Iryna Tsvila a été tuée dans la bataille de Kiev alors qu’elle tentait de freiner l’avancée des chars russes.

Les féministes russes mobilisées :

https://jacobinmag.com/2022/02/russian-feminist-antiwar-resistance-ukraine-putin?fbclid=IwAR1wvHEJqQsh_isdhxeA0sagEH4sFlfyTLdM02GCXqbA7_ETiNQeM4dGa3I

Les féministes russes mobilisé.e.s

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