Posts Tagged 'violences sexuelles'

Afghanes, ne renonçons pas !

Je suis déçue par le reportage « Mariages forcés. Etre une fille sous les talibans » de Sara Daniel paru dans l’Obs cette semaine et je trouve ses conclusions très inquiétantes. Je ressens jusqu’au plus profond de mon être les souffrance vécues par ces petites filles vendues pour un mariage précoce et forcé, si mal défendues par les conclusions de ce reportage. J’avais lu de beaux reportage de l’auteure et je m’attendais à autre chose. Ces derniers temps, j’ai pu voir ça et là des propos similaires, c’est pour cela que je m’oppose à de telles conclusions qui je l’espère, ne se propageront pas dans l’opinion publique. La compassion (tout au moins compréhension) pour/envers les bourreaux est à la mode, cette conclusion n’est pas isolée. Des ONG, notamment vont dans ce sens. Des avocats des droits humains ne prennent pas toujours fait et cause pour les victimes quand ce sont des filles ou des femmes, bien loin de là. Les pères qui vendent ces fillettes, aussi désespérés soient-ils, sont leur bourreaux, tout autant que les hommes qui les achètent et les violent à peine pubère, en font leurs esclaves sexuelles et domestiques et les mettent enceintes bien trop jeunes. Ils font partie du problème, ils sont le problème. Traditions, traduisez débrouilles patriarcales. Nous ne devons pas nous habituer au sort des filles et femmes d’Afghanistan, encore moins comprendre que le pire sort imaginable, leur soit réservé.

Comme d’autres reportages que j’ai pu lire de l’auteure, c’est bien écrit, décrit, étayé … mais des manques, biais et la conclusion laissent un gout amer. Le récit est dur forcément, il faut se rendre à l’évidence, ce peuple au bord du gouffre, souffre de manière quasiment indicible et pourtant très bien retranscrite ici.

Je le sais, c’est plus facile à des milliers de kilomètres, d’avoir un avis tranché sur la question, mais c’est un peu comme si la manière d’appréhender les filles dans ce pays et de s’en servir (dans tous les sens du verbe) avait fini par imprégner la journaliste qui comprend cette fatalité jusqu’à écrire dans sa toute dernière phrase  » Rien n’est simple au pays des mariages d’enfants, et je comprends, impuissante devant l’immense détresse de ses gens, qu’il est le dernier espoir des déshérités de Shahrak-e-Sabz. « 

Comment une journaliste occidentale peut-elle admettre que vendre des petites filles soit le seul espoir d’un peuple ? Espoir de quoi ? D’avoir atteint le fond et pourtant essayer de creuser toujours plus profond ? La situation est telle dans le pays, peut-être aura t-elle été découragée ?

Nous apprenons dans la première partie de ce reportage que les trois quarts des afghans souhaitent quitter le pays, c’est immense, plus qu’une large majorité, et dans ce cas, on se demande tout de même pourquoi ils ne se s’organisent pas en vue de se révolter, ne serait-ce que pour empêcher le terrible sort fait à leurs filles, soeurs, femmes … Cette première partie finit sur la fatalité du mariage pour les femmes, hors mariage, hétérosexuel s’entend, pas de salut, une afghane se marie ou n’existe plus. Et celles qui ne le veulent ou ne peuvent pas ? Rien, pas un mot. La compassion n’est pas pour tout le monde. Mais bon, plutôt banal pourrait-on me rétorquer. C’est la seconde partie sur les petites filles vendues et mariées, dés qu’elles ont quelques mois pour certaines, qui me heurte. Le sort de ces fillettes est horrible, il est très bien décrit dans le reportage sur ce point irréprochable. Ce qui me dérange c’est ce qui manque. Quand la reporter explique qu’une petite fille vendue reste ( le plus souvent) dans sa famille jusqu’à la puberté puis rejoindra son propriétaire, cela veut dire qu’à l’âge de 10, 11 ans des petites filles sont violées et que les parents, disons plutôt les pères qui les vendent, comme tout afghan, le sait. Ne pas le dire clairement, me glace.

Dans les contrées reculées, très pauvres, recourir « au moyen traditionnel pour s’acquitter d’une aide », c’est à dire vendre sa petite fille, redevient malgré l’interdiction des talibans (de pure forme), une pratique généralisée. Les traditions sont de tous temps et dans tous les pays les vecteurs les plus efficaces de l’oppression des femmes. S’il en fallait la preuve … La reporter ne commente pas le fait que se sont les filles qui sont vendues, uniquement les filles, pas les garçons ; leur sort n’est pas forcément plus enviable mais c’est différent et ce n’est pas leur intégrité qui est violée. Les garçons ce serait un scandale, pourquoi, parce que les filles sont des marchandises dont on dispose à sa guise. Elles sont vendues, mariées, violées pour nourrir qui au juste ? C’est qui la famille à nourrir ? Surtout le père, les frères … toutes les filles, elles, sont vendues et ont payé d’avance leur nourriture. La mère n’a pas son mot à dire.

Ce qui est bien décrit ce sont les risque encourus par ces petites filles lors des grossesses précoces : « accouchements compliqués, violences conjugales, familiales … » et bien sur toute stérilité vaut répudiation. Mais là encore, il n’est jamais fait état des violences sexuelles. Il est donc banal et dans l’ordre des choses pour une enfant d’être pénétrée par un homme adulte ? Ecrire : « Depuis elle est stérile, ce qui peut avoir des conséquences … dans cette région qui n’est jamais clémente pour les femmes ». « Clémente » ? Non, ce n’est pas le mot qui convient, cette région est tout simplement un enfer pour les femmes.

L’horreur de ce que vivent ces enfants vendues pour être mariées dès leur plus jeune âge, devrait conduire tout être humain digne de ce nom à se révolter et non à revenir ou maintenir des traditions misogynes ni contourner la loi, car cette pratique est interdite en Afghanistan. Essayer de les comprendre, l’admettre, ce n’est en aucune aider ces fillettes, c’est se coucher devant la fatalité et ce que le patriarcat produit de pire dans ce monde.

Quand je vois la photo de ce père qui tient par devant lui, sa fillette vendue et qu’il voue à être violée et re-violée et peut-être en mourir en couche, je ne ressens aucune compassion pour lui, qu’il aille vendre des ordures au Pakistan ou je ne sais où mais qu’il laisse sa fille tranquille. Et pour finir, les reporters face aux malades qui vivent un cauchemar sans nom, interviennent pour adoucir les souffrances d’un homme qui a vendu sa fille, puisque dans ce village, ils ont tous vendu leur fille, et qu’elles emmènent à l’hôpital. Un homme, pas une femme ou un enfant. Pourquoi lui plutôt qu’un autre ? On ne saura pas, de toute façon, cela ressemble à vider un océan à la petite cuillère … Mais ce n’est pas le plus dérangeant, loin de là. Le coup de grâce, c’est cette dernière phrase : « Rien n’est simple au pays des mariages d’enfants, et je comprends, impuissante devant l’immense détresse de ses gens, qu’il est le dernier espoir des déshérités de Shahrak-e-Sabz. » Impuissante, oui bien sûr, incontestablement. Mais comprendre que le mariage forcé et précoce des fillettes serait  » le dernier espoir face à la détresse des gens » ! Au secours !

Les fillettes afghanes ne liront heureusement pas ce reportage pourtant très beau par bien des aspects, mais auquel manque selon moi une analyse, perspective et conviction féministes. C’est préjudiciable, parce qu’un humanisme sans un regard féminisme universaliste, c’est-à-dire qui n’admet jamais le sort terrible fait aux filles et aux femmes, c’est quoi ? Un relativisme culturel, ni plus, ni moins. C’est l’Obs pourrait-on encore me rétorquer. Certes.

Pourtant, il faut le répéter encore et encore, jamais, nulle part, rien ne peut justifier de vendre pour la marier une petite fille. On se laisse mourir ou on se révolte. Sortir des hommes de la détresse, à ce prix-là, moi je m’en fiche. Hors de question d’accepter que leur sacrifice à elles, puisse constituer une solution ou un espoir, et il ne faudrait pas qu’une telle croyance se répande dans l’opinion publique. Comprendre, admettre que des fillettes soient sacrifiées, l’accepter, même pour la survie du plus grand nombre et disons-le clairement, des hommes, c’est renoncer à les défendre, c’est sceller leur terrible sort. Le prix est bien trop élevé, c’est celui du viol et de l’esclavage de milliers de fillettes. Le seul et dernier espoir des afghans, c’est de se révolter et de renverser ceux qui les oppriment et sinon, qu’ils meurent mais qu’ils laissent leur fillettes en paix.

Elles, méritent notre engagement, pas notre renonciation et il vaut mieux que les reporters qui couvrent ces sujets aient une boussole féministe universaliste en bon état de marche dans la tête.Les Afghans n’ont qu’à se prendre en mains et se bâtir un avenir, ils en sont parfaitement capables s’ils le veulent.

Christine Le Doaré

« Mariages forcés. Etre une fille sous les talibans » Sara Daniel L’Obs https://www.nouvelobs.com/monde/20220803.OBS61651/comme-vivre-dans-une-prison-aux-1001-regles-etre-une-fille-sous-les-talibans.html

La critique du néo-féminisme est-elle tabou ?

 

 

 

 

 

 

 

Deux tribunes publiées dans le Monde la même semaine m’ont quelque peu énervée.

La première dans laquelle Camille Froidevaux-Metterie règle des comptes avec Mazarine Pingeot et Belinda Cannone,  Néoféminisme : « La morgue de Mazarine Pingeot ne nous tuera pas » et la seconde, dans laquelle Christine Bard omet d’exercer un regard critique sur les évolutions hasardeuses d’un féminisme de réaction.

Selon Camille FM, Mazarine Pingeot et Belinda Cannone développeraient un féminisme universaliste qui «refuserait de voir disparaître l’ancien monde de domination masculine». Les néo-féministes quant à elles, refuseraient de réduire le féminisme à l’égalité des droits et des chances alors que les femmes continuent de subir des violences physiques et sexuelles.

Ça commence mal. Je me demande ce que signifie féminisme universaliste pour Camille FM ? Pour rappel, le féminisme universaliste conformément au fondamentaux du féminisme, lutte contre un système patriarcal dans lequel les hommes s’approprient le corps et la vie des femmes pour la sexualité et la reproduction (transmission des gênes et du patrimoine) en les dominant, ET cette lutte est universelle puisque toutes les femmes subissent un socle commun de discriminations et de violences (ce qui ne contredit en rien le fait que des spécificités se surajoutent). 

Par quel curieux raisonnement le féminisme universaliste devient-il synonyme de simple égalité des droits ? Ça n’a aucun sens,  la simple égalité de droits n’est qu’un préalable incontournable. Ce sont bien les rapports de force et de domination sociaux culturels qui sont en jeu. L’égalité des droits relève d’une exigence républicaine et progressiste. Il n’y a même pas besoin d’être féministe pour l’exiger.

Les néo-féministes n’ont donc strictement rien inventé et il est stupide d’opposer féministes universalistes et néo-féministes sur ce point.   

 

Camille FM va plus loin : «Mais ce que les croisées de la vertu universaliste refusent surtout d’admettre, c’est le fait certain que, derrière chaque victime de violences, il y a un agresseur, un homme donc.» «Les croisées de la vertu universaliste» ?! Rien que ça ? Les féministes universalistes sont-elles désormais coupables de viser l’émancipation des femmes du monde entier et au-delà de l’humanité ?

Les féministes universalistes refuseraient de reconnaitre que derrière chaque victime il y a un homme ? C’est absurde. Aucune personne sensée, aucune féministe, aucun pro-féministe ne peut décemment nier que dans un système patriarcal, les violences sexuelles sont dans une écrasante majorité commises par des hommes. En tous cas, aucune féministe universaliste ne le fait. Nous nageons en pleine confusion des concepts.

En réalité, le problème est ailleurs : dans la manière d’agir et dans la récupération politique. Quand l’émotion l’emporte sur la raison et que l’outrance et la haine guident une lutte, et que des stratèges politiques sont en embuscade, que peut-il en sortir de constructif ? Le mouvement mainstream s’appuie sur l’émotion des féministes 3ème vague qui à bout, plongent sans analyse, recul ni perspective, dans la victimisation, le ressentiment, la vengeance. Rien de plus facile que de récupérer cette énergie et de la détourner à profit d’autres desseins. 

Camille FM veut «démolir les fondements patriarcaux de notre société», très bien, les féministes universalistes aussi, elles s’y emploient d’ailleurs depuis toujours, Camille FM je ne sais pas. Mais démolir un système c’est le remplacer par un autre. 

Justifier par ses blessures de mener des procès en place publique alors même que les désignés à la vindicte ne sont pas inquiétés par la justice (affaire Coffin/Girard), et tout en ménageant des T. Ramadan ou A. Traoré par exemple, n’est pas crédible et instaure une dangereuse violation de la présomption d’innocence. Brandir des pancartes d’appareils génitaux masculin tranchés, et sur lesquelles il est question de viol « génocide individuel », c’est surement jubilatoire, mais je doute que cela nous amène à envisager sereinement un projet de société alternatif et puis les mots ont un sens, il faudrait s’en souvenir.  Enfin, tout ceci n’est pas sans risque d’un violent retour de bâton.

 

On s’en doutait, le mot universalisme n’était pas là pour la forme et le mot intersectionnel n’allait pas tarder à apparaître. Camille FM en fait la promotion et verse dans les passions racialistes du moment, racontant que les féministes universalistes « avaient mis des décennies à se débarrasser de leur solipsisme blanc ». Quel manque de culture féministe, quel manque de militantisme féministe. Toute féministe ayant milité dans le mouvement, une maison des femmes ou ailleurs, sait les liens, les campagnes, le solide travail de fond et de solidarité internationale tissé avec les féministes du monde entier ; sait tout le travail entrepris avec les femmes des quartiers, l’accueil des femmes émigrées, migrantes, sans papier, contre l’excision … De tels raccourcis sont inadmissibles et une insulte au mouvement féministe.

 

Grâce aux intellectuelles gavées de soupe intersectionnelle Social Justice Warriors, essentialiste et différentialiste, le féminisme victimaire qui manque cruellement d’analyse et de perspective est récupéré pour d’autres agendas par les mouvements identitaires ; aujourd’hui au nom de l’antiracisme, par les mouvements racialistes et indigénistes, obsédés par la race et l’épuration à la sauce cancelculture. Un gigantesque boulgi-boulga dans lequel le projet de société féministe sera rapidement dissous. L’intersectionnalité des luttes conduit toujours à affaiblir les luttes des femmes au profit d’autres causes jugées prioritaires.

Camille FM est philosophe et professeure de sciences politiques à l’université, on comprend mieux comment sont formatées les générations d’étudiant.e.s qui désormais semblent toutes sortir du même moule. Avoir son propre mode de raisonnement et d’analyse vous voue immédiatement aux gémonies.

 

 

Christine Bard quand à elle nous rappelle à juste titre que « le féminisme d’action a toujours été critiqué » et nous explique que les divisions sont inévitables dans le mouvement féministe.

Certes mais il y a une marge considérable entre une tendance et une imposture. Le féminisme à la carte où des femmes défendent l’apartheid sexiste du voile imposé par les religieux, tournent le dos aux femmes contraintes au port du voile obligatoire, au mariage forcé, au mariage des mineurs, à la polygamie, à la loi du père et des grands frères … ce n’est pas du féminisme, c’est une grossière imposture.   Invoquer la sororité pour contraindre les féministes universalistes à accepter de tels dévoiements du féminisme est tout de même limite.

Des femmes qui se disent féministes mais s’engagent dans des idéologies différentialistes, racialistes, empreintes de relativisme culturel ne sont pas à mes yeux «engagées pour en finir avec les violences masculines et le patriarcat» et n’en déplaise à Christine Bard, ne sont pas mes soeurs. Il ne s’agit pas de bon ou de mauvais féminisme, c’est du féminisme ou ça n’en n’est pas.

 

Contrairement à Christine Bard, je ne pense pas que le féminisme d’action de la Barbe ait jamais été diabolisé, celui des Femen plutôt ; seulement ce type d’activisme qui fait plutôt consensus, porte en lui ses limites : quand on monte cent fois sur une estrade pour dénoncer l’absence des femmes à la tribune, à la cent et unième fois, ça n’intéresse plus plus grand monde. Selon moi, ce n’est pas ça le féminisme radical. Le féminisme radical ne fait pas de concession, il poursuit l’objectif d’émancipation de toutes les femmes partout dans le monde, et donc la fin de toute oppression patriarcale, communautaire et religieuse comprises. Avec la Barbe et bien d’autres, on en est loin. Comparer la Barbe des années 2000 aux suffragettes qui n’avaient ni droit de vote ni aucun droit à la moindre autonomie et un peu léger pour une historienne féministe.

 

Je suis en accord avec Christine Bard quand elle constate l’étendue des violences patriarcales et leur tolérance dans nos sociétés. Les femmes sont sans aucune contestation possible, toutes victimes de la domination masculine et de violences sexuelles, à des degrés différents, parfois à peine perceptibles (position sociale, professionnelle, éducation, … ), et cela doit prendre fin. Mais nous enfermer dans un féminisme victimaire qui maintient les femmes dans un statut de victime est une impasse.

Dans le sillage des mobilisations américaines, les dernières manifestations féministes sont certes plus massives mais les organisatrices de talent auxquelles Christine Bard fait référence font carrière dans le féminisme, elles disposent de moyens adéquates ; en revanche, elles choisissent soigneusement leurs mobilisations, on ne les entend guère condamner les pressions communautaires et religieuses auxquelles sont soumises des femmes, ni condamner certains violeurs ; on ne les entend pas plus soutenir les femmes Kurdes, Iraniennes, Pakistanaises… Elles tirent profit de l’élan des jeunes néo-féministes qui, on le comprend fort bien, n’en peuvent plus des violences sexuelles et se lèvent enfin.

Mais je regrette qu’une experte telle que Christine Bard, que je respecte pour son précieux travail, ayant l’occasion de prendre la parole dans Le Monde, ne dise rien des dangers de ce déferlement improvisé d’émotions instrumentalisé par des stratèges plus aguerries et par une extrême-gauche opportuniste. Je regrette que Christine Bard n’exprime aucune réserve sur des velléités de justice féministe spécifique et en dehors de tout principe de droit républicain.

 

Cette génération blessée qui ne supporte plus rien, qui voudrait tout condamner et tout effacer de manière expéditive sait-elle seulement que la prochaine à en faire les frais sera d’ici peu, elle-même ?

Les universitaires et autres faiseurs d’opinion peuvent-ils encore exprimer leurs doutes et critiques ou sont-ils déjà tétanisés par le terrorisme intellectuel qui, poussé par un mauvais vent venu d’outre atlantique, cherche à s’imposer chez nous ?

Il semble bien que garder un oeil critique sur les évolutions du féminisme soit devenu tabou.

Christine Le Doaré

25/11/2018 #NousToutes OU #NousAussi ?

imagesLe 25 novembre c’est la Journée Mondiale de Lutte contre les violences faites aux femmes. Après la Women’s March de janvier 2017 et la lame de fond #MeToo, est prévue le 24 novembre 2018 à Paris, une marche #NousToutes pour ne pas laisser retomber la mobilisation. Les organisatrices de l’évènement rappèlent qu’en « Argentine, Chili, Espagne, Inde… Partout dans le monde, des voix se lèvent contre les violences. Et en France ? ». C’est vrai, la mobilisation mondiale est enfin à la hauteur des violences sexistes et sexuelles que subissent les femmes du monde entier, et ce n’est pas le moment de baisser les bras.

Alors, fortes des précédents succès mondiaux, les organisatrices, Caroline De Haas et le CNDF (Comité National des Droits des Femmes) en tête, annoncent « une déferlante féministe pour en finir avec les violences sexistes et sexuelles ». Qui peut dire : je ne suis pas d’accord avec cet objectif ? Toute féministe l’espère, tout être humain digne de ce nom aussi. Seuls de réactionnaires partisans de la domination masculine et bien entendu les prédateurs sexuels peuvent s’y opposer. Qu’ils osent le dire !

En finir avec les violences sexistes et sexuelles est fédérateur. Sous la pression, les pouvoirs publics devront agir jusqu’à ce que les violences faites aux femmes, ne soient plus que résiduelles.

Annoncer un « ras-de-marée » est toujours risqué mais tout était réuni cette année, pour que la mobilisation du 24 novembre soit très suivie. Dans ces conditions, je me demande pour quelles raisons, les organisatrices se prêtent à des alliances douteuses pour assurer son succès ?

affiche 25 novembreSur le visuel appelant à la Marche, je trouve choquante la mise en avant de femmes, symboles de « féminismes » pour le moins controversés. Contrairement à l’universalisme, le relativiste culturel adapte le « féminisme différentialiste » aux traditions et règles propres à chaque culture, ethnie, communauté, religion… Toute aussi cynique est la présence dans le groupe organisateur, de figures du « féminisme pute » (comme il aime à se nommer) qui consent que des femmes soient réduites à des commodités sexuelles.

Quelle est d’ailleurs la raison d’une affiche exposant des femmes plutôt que d’autres puisque #NousToutes est sensé représenter toutes les femmes, anonymes comprises, qui condamnent les violences sexistes et sexuelles. Concession au star-système ?  Volonté de démontrer que toutEs peuvent dépasser leurs désaccords et se rassembler. Même s’il s’agit de désaccords insurpassables ? Cette stratégie écarte délibérément des féministes qui se refusent à cautionner de tels compromis.

L’union fait la force certes, mais combien de temps et de quelle manière si les principes fondamentaux sont bafoués dés le départ ? Faut-il rappeler aux organisatrices que l’enjeu de la Women’s March aux USA était avant tout de résister à Donald Trump ? Quel sens peut bien avoir en France, une « union sacrée » avec des figures de l’indigénisme, c’est à dire des identitaires essentialistes, différentialistes et racialistes (*1) ou encore avec des figures du « féminisme putes » qui défendent le système prostitueur (*2)? Si ce n’est pas un comble d’appeler à une Marche contre les violences sexistes et sexuelles sans condamner aussi la prostitution, la plus violente exploitation sexuelle patriarcale qui soit ! Pourquoi ne pas s’allier aussi aux figures du « féminisme intégral » essentialiste et conservateur, à Eugénie Bastié par exemple, tant qu’on y est ? Tant qu’à ratisser large, pourquoi se contenter de l’extrême gauche ? Toutes les forces sont bonnes à prendre, non ? 

A quels compromis se soumettent les organisatrices pour nouer de telles alliances ? Nous l’avons vu, pas de réaffirmation de l’abolition de la prostitution ni de demande d’une meilleure application de la loi ; rien sur le harcèlement de rue,  les limitations de liberté dans l’espace public que s’imposent les femmes afin de ne pas risquer d’être agressées, violées…  ; rien non plus sur la solidarité internationale, ne serait-ce que le soutien aux iraniennes qui se dévoilent au péril de leur liberté  ; et surtout absolument rien sur toutes les violences sexistes et sexuelles inhérentes à l’emprise du communautarisme, des traditions et du religieux. Des accommodements coupables.

IMG_9689Nous vivons décidément une époque formidable, les islamo-gauchistes et faux-nez du féminisme en tous genres peuvent oublier leurs stratégies d’entrisme, désormais ce sont les mouvements sociaux qui facilitent leur inclusion. D’ailleurs, des groupuscules comme Lallab, le STRASS, le Witch bloc… ne s’y trompent pas et exigent des organisatrices une visibilité spécifique dans la Marche car elles subiraient des violences sexuelles « marquées par l’expression quotidienne du racisme, de l’islamophobie et de la négrophobie » ; car « les femmes musulmanes subiraient des discriminations légales » ; car les « travailleuses du sexe » sont l’objet d’un harcèlement policier ; et puis les Trans, et puis les grosses, et puis…  (Tribune Médiapart 30/10/2018). Une surenchère de victimisation pour le moins douteuse car il n’est pas du tout prouvé que les non-musulmanes ou les « blanches »  (Pantone numéro combien déjà ?) subissent moins de violences sexistes et sexuelles que les autres. L’art de diviser les femmes quand elles pourraient s’unir contre la domination masculine ! L’art de mentir aussi car la loi d’abolition de la prostitution a pour effet de ne plus importuner les prostituées, seulement les clients ;  car il n’y a aucune discrimination légale contre les musulmanes en France (s’il est fait référence à la burqa dans l’espace public ou le port du voile dans les administrations, il ne s’agit pas de discrimination mais de mesures de sécurité dans un cas et de neutralité de la fonction publique dans l’autre). Et pour couronner le tout, l’art du chantage. Elles/Ils ne sont pas #NousToutes mais #NousAussi comme si aussi n’était pas compris dans toutes ! Mieux se singulariser, mieux s’exclure pour mieux se mettre en avant ; une redoutable perversité quand on y pense. 

Je suis de celles que ces détestables compromis désolent. Que les organisatrices s’inspirent de la Women’s March autant qu’elles le veulent, mais qu’elles laissent les Linda Sarsour (*3) françaises au vestiaire. Lutter contre les violences faites aux femmes en légitimant des groupes animés par des idéologies indigénistes ségrégationnistes ou qui revendiquent l’exploitation et les violences sexuelles de la prostitution, groupes aux antipodes du féminisme universaliste et de l’émancipation réelle et inconditionnelle des femmes, est une impasse.  La domination masculine s’arrange du féminisme intersectionnel qui tente de faire converger des intérêts souvent antagonistes (comme émancipation des femmes et revendications communautaires ou religieuses) et l’égratigne à peine. 

Les féministes universalistes, sont misEs devant le fait accompli : le dilemme est une fois de plus de choisir entre participer à cette Marche parce que les violences contre les femmes sont accablantes et inacceptables ou attendre, organiser d’autres évènements afin de ne pas cautionner l’insupportable opportunisme des unes et la cynique récupération des autres.

Christine Le Doaré

(*1) Rokhaya Diallo et d’autres, présentes sur le visuel #NousToutes, défendent des thèses identitaires indigénistes, différentialistes, essentialistes et racialistes, décoloniales « anti-blancs », un « féminisme intersectionnel » qui favorise d’autres agendas au détriment des luttes contre le système patriarcal, Rokhaya Diallo a fondé les Indivisibles et créé les Y’Bon Awards, a signé l’appel « Pour la défense de la liberté d’expression, contre le soutien à Charlie Hebdo », a déclaré « Il n’y a pas lieu de s’apitoyer sur les journalistes de Charlie Hebdo »…

(*2) Morgan Merteuil (pseudo) présente dans le groupe organisateur et d’autres, présentes sur le visuel, défendent le système prostitueur, les clients, sachant pertinemment que ce sont toujours soit les clients soit les macs/réseaux qui mettent en danger et tuent les prostituées. 

Si Morgane Merteuil, ancienne Secrétaire générale et porte-parole du STRASS – https://sousleparapluierouge.wordpress.com/2013/03/26/anatomie-dun-lobby-pro-prostitution-etude-de-cas-le-strass-en-france/    omniprésente dans l’équipe d’organisation #NousToutes, si elle n’est plus porte-parole du STRASS,  se vante sur les réseaux sociaux d’avoir réussi à imposer « le féminisme pro-putes, pro-Trans et anti-islamophobe  » (rien que ça !) dans le mouvement féministe à l’occasion notamment de cette Marche :

@MorganeMerteuil

Reconstituer nos rangs, c’est aussi reconstituer des espaces de débats, de réflexion stratégique, et l’occasion de constater que malgré notre faiblesse, notre conception du féminisme comme anti-islamophobe, pro-putes, pro-trans, pèse désormais dans le rapport de force.

(* 3) Linda Sarsour

Porter un hijab pour lutter contre le machisme de Donald Trump ?

http://www.ikhwan.whoswho/blog/archives/10982

#BalanceTonPorc et maintenant ?

Je ne reviens pas sur l’affaire Harvey Weinstein, ni sur la vague des dénonciations #BalanceTonPorc viral sur les réseaux sociaux. Nous verrons avec le temps si ce raz-de marée capable d’atteindre partout dans le monde, ceux qui jusqu’alors bénéficiaient du silence, peut modifier en profondeur et de manière pérenne, la manière dont tant d’hommes appréhendent les femmes, peut reléguer au placard, le système patriarcal.

 

Quasiment toutes les femmes, (quelques hommes aussi), subissent au moins une fois dans leur vie quand ce n’est pas quasi-quotidien, une ou plusieurs formes de harcèlement à caractère sexuel. Il peut s’agir d’une remarque ou insulte vulgaire, d’une menace comme de violences sous la contrainte  (sifflements, propositions, injures, gestes, violences…) ; cela peut se produire dans l’entourage, à l’école, au lycée, à la fac, dans l’entreprise, dans la vie associative, dans la rue, dans les transports, en fait partout et tout le temps.

Les données disponibles sur les violences sexuelles sont impressionnantes, pourtant elles ne représentent qu’une infime partie des agressions ; en outre, de nombreuses formes de harcèlement ne font quasiment jamais l’objet de plainte. Qui porte plainte pour avoir été suivie, pour attouchements dans le métro ou dans la rue ? Contre qui ?

Personne ne l’ignore, tout le monde l’a intégré de manière plus ou moins consciente et jusqu’à l’affaire Weinstein, car il semble bien qu’il y aura un avant et un après, la société (mises à part les militantes féministes et pro-féministes), s’en accommodait et faisait silence.

Pourquoi ?

 

Il est banal de critiquer des systèmes d’exploitation et de domination notamment économiques,  il est à la mode de parler de colonisation et d’esclavage, en revanche, reconnaître que pendant des siècles, la moitié de l’humanité a vécu dans un système d’oppression globalisé, le système patriarcal,  n’est toujours pas à l’ordre du jour. Certaine femmes disposaient d’un peu plus de libertés et privilèges que la moyenne, mais il s’agissait bien d’un système de domination opprimant les femmes dans leur ensemble, système qui depuis peu cède du terrain et encore, pas complètement ni partout.  L’émancipation des femmes, à l’échelle de l’humanité, est d’ailleurs très récente.

Depuis leur plus jeune âge, les enfants sont élevés dans un système genré qui ne signifie pas différences mais positionnement social : même les vêtements leur rappellent qu’ils vivent dans le rose ou dans le bleu. Même les bébés y dont droit, les tenues de bébé sont agrémentées de fanfreluches pour les filles. L’hyper-sexualisation des petites filles, adolescentes puis femmes ne dérange pas grand-monde et fait les choux gras des business publicitaire et de la mode. Dès l’école primaire les enfants intègrent que « le masculin l’emporte sur le féminin », etc.

Il existe des femmes tellement imprégnées par ce conditionnement social qu’elles trouvent une gratification dans les formes les plus légères de harcèlement, ne faisant même pas la différence avec la séduction. Et pour cause : les femmes sont encore très souvent considérées comme des objets sexuels et les puissantes industries du sexe (pornographie, prostitution…) y veillent.

De nombreuses « féministes », notamment dites « pro-sexe » revendiquent d’ailleurs de jouer avec ces codes et encouragent les industries du sexe à prospérer, allant jusqu’à proposer un marché qu’elles prétendent alternatif, allant jusqu’à se faire objectivement complices du système prostitueur, en tous cas lui permettant de se développer sans limite comme par exemple en Allemagne et autres pays ayant légalisé la prostitution.

D’autres « féministes » à l’inverse revendiquent la « mode pudique » et se couvrent pour échapper aux prédateurs, cédant elles aussi aux injonctions patriarcales sexistes mais aussi religieuses.

Dans les deux cas, leurs réponses conviennent parfaitement à l’oppresseur qui garde le contrôle et tire les ficelles à sa guise. Les féministes et pro-féministes en revanche qui ont une conscience aigüe du fonctionnement du système patriarcal, ont bien compris qu’il s’agit là d’impasses.

 

Alors demain ?

Le harcèlement a profité de la « culture du viol » dans laquelle, la supériorité, la puissance et la domination masculine sont valorisées. Les harceleurs avaient un sentiment d’impunité renforcé par le fait que beaucoup de victimes sont mineures la première fois qu’elles y sont confrontées.

Et tout ceci ne va pas changer facilement, même après l’affaire Weinstein.

Des lois sont certes en préparation (définir le harcèlement de rue, allongement du délai de prescription à 30 ans, fixer un âge de consentement – pas avant l’âge de la majorité serait cohérent), mais la difficulté de porter plainte, le laxisme de la justice qui ne protège pas assez les victimes, et au contraire, organise la récidive, est un sérieux obstacle.

Tant que nous vivrons dans un système patriarcal, avec sa culture de domination/soumission, un changement radical n’est tout simplement pas possible. Vous connaissez un système d’oppression qui œuvre à sa propre destruction ?

 

Ce qu’il faut comprendre avant tout, c’est que le harcèlement n’est pas un phénomène indépendant que l’on peut combattre isolément du reste : c’est l’une des manifestations de la domination masculine. Certes l’élan #BalanceTonPorc sonne comme le rejet massif d’un mode de fonctionnement machiste toléré depuis si longtemps, mais sans un reversement du  système patriarcal, que peut-il vraiment ?

Si les femmes, les hommes, les gouvernements, si les sociétés dans son ensemble veulent sur la lancée de ce hashtag anéantir le harcèlement et les violences sexuelles, elles ne doivent pas seulement viser l’égalité formelle, pas seulement prendre quelques textes qui seront plus ou moins bien appliqués, mais remettre en question tout un système culturel et social, ses représentations, ses croyances, ses valeurs. Dès le plus jeune âge, dès la crèche, la maternelle et tout au long de la vie des personnes, l’éducation, les actions de prévention doivent éradiquer tout sentiment, toute manifestation de discrimination sexuelle, et tout privilège  attribué à l’un des sexes au détriment de l’autre ; doivent promouvoir sans relâche, la liberté et le respect de l’autre, de ses différences sans jamais les hiérarchiser.

Aucun système de domination ne devrait séparer l’humanité en deux et organiser l’exploitation, l’oppression, notamment le harcèlement sexuel,  de l’une partie par l’autre.

Christine Le Doaré

 

Article 222-22 du code pénal : les agressions sexuelles consistent en une atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte ou surprise : il s’agit de tout acte de nature sexuelle, non consenti.

 

Mise à jour dimanche 29 octobre, après le Rassemblement Paris 

Rassemblement #meetoo #BalanceTonPorc Paris République 15h. 
C’est pénible, décourageant même d’avoir souvent les bonnes intuitions.
Je me doutais qu’il n’y s’y passerait pas grand chose, pourtant j’y étais. Un tel élan mondial contre le harcèlement et les violences sexuelles çà ne se boude pas, même s’il manque une stratégie et de solides objectifs collectifs pour parvenir à changer en profondeur, le contrat social entre les sexes, pour parvenir à renverser vraiment la domination masculine.

C’était comment ?
Allez, 300 personnes au très grand maximum. Un confetti à l’échelle de Paris. Bon, 60 à Nantes, c’est toujours mieux. Encore que ?
En plus, il fallait retrancher :
– la garde révolutionnaire « Nuit debout » même si réduite à peau de chagrin, elle occupe toujours partie de la Place.
– les passants et les touristes qui regagnaient leur hôtel.
– les caméras en surnombre.

Qu’ai-je vu ?
Quelques pancartes témoignages ou slogans vraiment fort à propos mais trop rares.
Ex : ce garçon qui a probablement la chance d’avoir une maman et/ou un papa féministe.s « Éduquez vos garçons », et puis : « On ne se taira plus », ou encore : « Les victimes dénoncent à quand les jugements ? ».
D’autres pancartes auxquelles je n’ai rien compris et enfin des pancartes qui m’ont faite bondir comme par exemple : une citation de Germaine Greer mal comprise (contresens), et puis « chatte en grève » ou « Angry pussy » (comprenez chatte en colère) des EffrontéEs. Tenez-vous bien « chatte » en grève ! Pour lutter contre le harcèlement et les violences se réduire soi-même à des organes généraux/sexuels ?! 😡

Il y avait :
– quelques femmes venues pour témoigner, dans l’esprit de l’appel (très peu) quelques poignées,
– quelques couples, familles, hommes en soutien, très très peu. Il va d’ailleurs falloir arrêter de soutenir mais se retrousser les manches et agir.
– beaucoup de caméras, journalistes et autres, tout passe par l’image de nos jours comme on leur fait dire ce que l’on veut,
– les groupuscules « révolutionnaires habituels » contre toutes les oppressions « cis-(comprenez bio), white,…power…
Comment dire ? Un peu repoussoir ? Surtout quand on écrit partout dans son enclos « pas d’homme cis ici » ! Perso je commence à penser que sans un vaste mouvement d’hommes pro-féministes (mais en dehors de nos « jupes ») capable de mobiliser et convaincre les autres hommes qu’il est temps de changer le disque dur, rien ne changera jamais durablement,
-des vieilles militantes féministes (dont moi), pleines d’espoir (ça va reprendre),
– une très grosse délégation de l’Alliance des Femmes (A. Fouques survivors).
-Clémentine A qui repérerait une caméra même sur des docks londoniens en plein pic de fog
– Caroline D H qui se demandait quels trottoirs de la Place on pourrait encore élargir ?
-…

Alors pourquoi ce qui déclenche une vague gigantesque sur les réseaux sociaux, fait un flop criant quand il s’agit de se rassembler et d’agir ensemble ?
Je n’ai rien vu aujourd’hui de bien pensé, informé, articulé. Globalement cela donnait l’impression d’un pauvre bricolage. Rien à voir avec l’intelligence, l’impertinence, l’imagination, la riche créativité des mouvements des années 70…
cet élan viral à l’image de nos sociétés désormais manque t’il de fond, d’un consensus sur le fond, sur la forme et surtout sur la stratégie ?
Est-il trop individualiste, pourtant ça ne devrait pas, chaque femme est concernée. Tout ce qui est dénoncé est vrai et d’une bien plus grande ampleur encore.
En quoi le féminisme universaliste peut-il aider à construire un projet de société libéré des rapports de domination/soumission de la domination masculine ?
Il va falloir commencer par se poser les bonnes questions. Sinon, ce bel élan risque de ne pas être aussi concluant que nous pouvions être en droit de l’espérer.

#BalanceTonPorc et maintenant ?
https://christineld75.wordpress.com/…/balancetonporc-et-ma…/

Le viol politique de femmes en occident : une sale guerre de civilisation

31535457-il-est-temps-de-mettre-fin--la-violence-des-mots-sur-une-horloge-comme-protestation-de-guerre-ou--laEn Europe, des violences sexuelles, des viols ont été commis par des groupes d’hommes, dans différentes villes et de manière coordonnée. Pire encore, ces violences sexuelles font débat, certain-e-s ne les condamnent pas ou du bout des lèvres et tardivement, du seul fait de l’origine et de la religion des agresseurs.

Des siècles d’injustices, de discriminations et de violences de genre. Des années de luttes féministes pour quelques progrès et puis en un seul weekend, des centaines, des milliers peut-être, de femmes violées dans plusieurs grandes villes européennes.

De nombreux viols sont perpétrés chaque jour dans les pays occidentaux, crime commis dans l’intimité ou dans la rue, par un ou plusieurs coupables ; mais le viol perpétré par des groupes d’hommes à l’occasion de rassemblements publics ou « Taharrush gamea », destiné à terroriser les femmes et les renvoyer à la sphère privée, était jusqu’ici inédit en Europe. Le « Taharrush gamea » qui se pratique dans des pays de culture musulmane, consiste à harceler, attaquer, violer des femmes en grand nombre, dans les lieux publics afin de réaffirmer la suprématie masculine, l’autorité religieuse et politique.

Ces hommes d’origine étrangère,  plusieurs d’entre eux d’Afrique du nord,  beaucoup en situation irrégulière, quelques réfugiés demandeurs d’asile également, savent pertinemment que les pays occidentaux font la promotion de l’égalité femmes/hommes et que les femmes y sont libres de circuler à leur guise, libres ou accompagnées et dans les tenues qui leur plaisent. Pourtant ils se sont organisés pour commettre leurs forfaits sans aucune considération pour les valeurs du pays dans lequel ils vivent ou veulent vivre. Ils ont détruit les femmes qu’ils ont violées alors même qu’elles ont favorisé et financé leur accueil puisqu’elles qu’elles contribuent à égalité avec les hommes, à la vie politique, sociale, culturelle et économique de leur pays.

Rejoindre un pays, s’y intégrer, c’est aussi vouloir en découvrir les modes de vie et les valeurs, c’est aussi apprendre de ses habitant-e-s. Ce qui s’est passé dans toutes ces villes européennes est terriblement choquant, inadmissible, impardonnable. La condamnation de ces crimes lâches et barbares aurait dû être immédiate et unanime. Pourtant, la peur d’affronter la réalité a pris le dessus, les femmes passent après, toujours sacrifiées, le plus important étant d’éviter toute stigmatisation. La gauche et c’est un comble, la plupart des associations féministes, ont attendu bien trop longtemps pour dénoncer prudemment et avec toutes les précautions de langage possibles, ces crimes odieux. Auraient-elles seulement réagi si la tribune collective « Silence on viole » publiée par une poignée de militantes féministe, fortement relayée sur les réseaux sociaux, ne les avait pas sorties de leur torpeur ?

« Silence on viole » : http://yaelmellul.livehost.fr/2016/01/11/silence-on-viole/

Que voici une bien inquiétante conception du féminisme ! Se soucier d’abord des risques d’amalgame même s’ils sont bien réels,  plutôt que d’exiger des mesures préventives et répressives à la hauteur de tels crimes et se solidariser avec les femmes agressées et violées, n’est pas digne d’associations féministes. Les ONG œuvrant dans le domaine des Droits Humains ne se sont pas plus bousculées pour condamner ces crimes. Comme si nos sociétés n’étaient pas capables de comprendre que tous les hommes étrangers et comme dans cette affaire, supposés de culture musulmane,  ne se rendent pas coupables de tels forfaits, comme si elles ne savaient pas faire la part des choses et remettre à leur place les extrêmes racistes !

Depuis que je suis née ou presque j’entends jusqu’à la nausée, parler des violences faites aux femmes. Elles perdurent, empirent même, atteignant avec ces derniers évènements, un rare niveau de barbarie. Les féministes universalistes ont bien raison de condamner le relativisme culturel et de considérer que les femmes du monde entier subissent, indépendamment de leur culture, les mêmes violences de genre. Avec les intégrismes religieux, et notamment la propagation du salafisme qui légitime la domination masculine, les violences machistes contre les femmes s’amplifient, se mondialisent.

Le temps n’est plus aux atermoiements, au contraire, il est urgent d’agir pour en terminer avec toutes les violences masculines, qu’elles soient perpétrées par un proche ou un étranger. L’humanité toute entière aurait dû se lever depuis longtemps pour y mettre un terme. Le système éducatif, la justice, la police, le législateur, les gouvernements n’agissent pas efficacement face à de telles violences de genre.

Si elle ne soulève guère de protestation, la guerre contre les femmes est une guerre tout aussi sordide que d’autres. Pourtant, abolir les violences de genre pourrait bien être la clé pour gagner toutes les autres guerres et donner à l’humanité une chance de vivre en paix, de s’épanouir dans le respect des différences. Cette triste affaire qui peine à être résolue et dont les conclusions sont contradictoires, me donne à penser que nous  n’en prenons toujours pas le chemin.

Christine Le Doaré

 

Tribune collective « Silence, on viole »

RE-BLOG

imagesEn réaction aux séries de violences sexuelles et viols de femmes par des groupes d’hommes en majorité « demandeurs d’asile ou en situation irrégulière », simultanément dans différents pays européens, cette tribune collective féministe que chacun-e peut signer, postée sur Femme et libre : http://yaelmellul.livehost.fr/2016/01/11/silence-on-viole/Silence, on viole.

Silence, on viole.

Cologne, Stuttgart, Berlin, Düsseldorf, Francfort, Munich, Vienne, Salzbourg , Zurich, Helsinki…

Depuis quelques semaines des associations et personnalités de gauche, féministes, antiracistes, se sont engagées contre l’état d’urgence et la déchéance de nationalité pour les terroristes binationaux. (http://www.nousnecederonspas.org/sortir-de-letat-durgence)
Ce sont des engagements légitimes, que nous ne partageons pas forcément, mais que nous respectons infiniment.

En revanche, au vu des comptes-rendus journalistiques et policiers de plus en plus détaillés sur le tsunami d’agressions sexuelles dont ont été victimes des centaines de femmes en Europe le soir de la Saint-Sylvestre, nous attendons encore des engagements et des condamnations aussi fermes et unanimes de la part de ces mêmes associations et personnalités, féministes, de gauche, anti racistes.
Plusieurs centaines de femmes ont été agressées sexuellement pendant la nuit de la Saint-Sylvestre en Allemagne.
Ces agressions sexuelles de masse pourraient avoir été organisées, a indiqué le ministre allemand de la Justice, Heiko Maas, sur la chaîne télévisée ZDF mercredi. « Le tout semble avoir été coordonné », a-t-il dit.
Les récits des victimes sont terrifiants.
Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier à Cologne, des agressions sexuelles de masse ont eu lieu parmi la foule rassemblée devant la gare centrale et sur le parvis de la cathédrale pour admirer les feux d’artifices. Selon les premiers témoignages, environ un millier d’hommes, qui « d’après leur apparence physique seraient originaires des pays arabes ou d’Afrique du Nord », ont attaqué en groupe des dizaines de femmes. Ils en ont profité pour toucher leurs poitrines et leurs parties génitales ou leur voler leurs smartphones, portefeuilles et autres objets de valeur, comme le rapporte le quotidien Süddeustche Zeitung.
Le nombre de plaintes liées aux violences sexuelles de Cologne a grimpé à plus de 500. Ce bilan n’a cessé d’augmenter jour après jour. Les suspects sont principalement des «demandeurs d’asile» ou des «immigrés en situation illégale», a indiqué samedi la police locale. Sur ce total de plaintes, environ 40% ont été déposées pour des agressions sexuelles, a également dit la police. Jusqu’à présent, on n’évoquait que 170 plaintes déposées.

«Les personnes sur lesquelles enquête la police criminelle sont originaires en grande partie de pays d’Afrique du Nord. En grande partie, il s’agit de demandeurs d’asile et de personnes qui se trouvent en Allemagne illégalement», explique la police de Cologne. Elle précise néanmoins que «les enquêtes pour savoir si et dans quelle mesure ces personnes ont un lien avec les délits commis dans la nuit du Jour de l’An se poursuivent».

De son côté, la police fédérale a identifié 32 suspects, dont 22 demandeurs d’asile a indiqué vendredi soir le ministère allemand de l’Intérieur, actualisant de précédents chiffres. La police de Cologne, dont une centaine d’enquêteurs est mobilisée pour exploiter notamment 350 heures de vidéo. Un porte-parole de la police locale a indiqué alors que, «dans certains cas, la trace des téléphones portables dérobés le soir du Nouvel An conduisait vers des centres d’accueil de demandeurs d’asile ou à leur proximité immédiate».

Des enquêteurs y voient la main de la mafia marocaine.

En réponse à ces évènements, Mme Henriette Reker, la maire de Cologne, exhorte les habitantes de Cologne à « s’adapter à ces genres de comportement », afin de faciliter l’intégration des migrants.
Autres conseils de l’élue: se tenir à une distance de la longueur d’un bras de tout personne, ne jamais se promener seules, et de demander l’aide des passants en cas de besoin. Tout ça fait partie d’un « code de conduite » qu’elles devront désormais adopter.

Alors que Cologne avait été la première à être touchée par ce déchaînement de violences sexistes et sexuelles, suivie par Hambourg (où 50 plaintes ont été enregistrées pour agressions sexuelles) et Stuttgart, les médias allemands évoquent à l’heure actuelle d’autres villes notamment Berlin, Düsseldorf, Francfort, Munich, mais aussi Vienne et Salzbourg en Autriche et Zurich en Suisse.
Un niveau inhabituel de harcèlement sexuel à Helsinki la nuit du Nouvel An a également été constaté. Trois cas d’agressions sexuelles ont été rapportés, dont deux ont donné lieu à des plaintes, dans la plus grande gare d’Helsinki, où s’étaient rassemblés quelque 1.000 demandeurs d’asile, pour la plupart irakiens, selon un communiqué de la police. Les suspects, trois demandeurs d’asile, ont été placés en détention. (Note 1)

Alors que nous savons désormais que les femmes réfugiées sont massivement victimes de viols et de violences sexuelles dans l’indifférence la plus totale (Note 2), alors que lorsque nous le dénonçons, certaines ONG nous répondent que ce n’est pas « le problème » (Note 3) nous posons la question: par quel miracle ces violeurs sont-ils devenus non seulement aux yeux de la société mais aussi des associations progressistes des intouchables ?

Depuis une semaine, alors que nous dénonçons ces violences, on nous demande à gauche de nous taire, ou de « rester prudentes » afin de ne pas « faire le jeu ». Même réaction que les pouvoirs publics : déni et minimisation. Par ce fait ces victimes comme toutes les victimes du monde entier se voient à nouveau dire qu’elles ne sont pas les bonnes victimes, que leurs agresseurs ont des circonstances atténuantes, qu’elles doivent prendre sur elles. Que n’aurait-on pas entendu si ces femmes avaient été violées par des groupes de skin-heads !
Ce « deux poids deux mesures » dans les dénonciations est proprement insupportable et parfaitement indigne. Notre vocation en tant que féministes et progressistes est d’être aux côtés de toutes les femmes victimes de violence masculine, d’où qu’elle vienne, même des hommes que nous sommes censés défendre.

Oui nous savons que ces agressions sont « récupérées ». Mais les femmes réfugiées comme européennes n’ont pas à subir des viols dans notre indifférence parce que nous avons peur de passer pour racistes auprès de gens qui le sont déjà. La peste brune prospère dans nos silences… Ce qui fait le jeu de l’extrême-droite c’est le déni et le mensonge, ce qui soulève l’indignation et la méfiance des peuples c’est le refus de dire la vérité, c’est de faire taire les victimes et de minimiser l’horreur qu’elles ont subie, voilà ce qui fait le jeu des extrêmes… En nous taisant ou en relativisant nous donnons à l’extrême droite la possibilité de faire croire à son mensonge qu’elle serait la seule à se préoccuper de la sécurité et de l’intégrité des femmes.

Enfin, à propos de ces interminables procès d’intentions qui nous ont été faits ces derniers jours nous répondons que ce qui s’est passé à Cologne et ailleurs, c’est que encore et toujours les victimes se voient dire qu’elles ne sont pas les victimes et que leurs agresseurs ne sont pas les coupables, on nous dit encore et toujours que si on écoute et on laisse parler les femmes, on va faire le « jeu » d’un nouvel agenda : quand nous dénonçons Cantat, nous ferions le jeu de la droite, quand nous dénonçons Tron, nous ferions le jeu de la gauche, quand nous dénonçons DSK, nous ferions le jeu des antisémites, quand nous dénonçons les violences d’hommes racisés, nous ferions le jeu de l’extrême-droite…

Ce qui est certain c’est que les femmes sont éternellement les pions de ce jeu des hommes, ce qui est sûr c’est que cette nuit-là à Cologne et ailleurs des femmes ont été violentées, meurtries et saccagées et que la seule chose qui puisse émouvoir ou compter, c’est le « jeu » des uns et des autres.

Ce qui s’est passé à Cologne et ailleurs c’est que encore et toujours des victimes ont été mal traitées, silenciées et enjointes de se taire parce que les intérêts des uns sont prioritaires sur ceux des autres.

Une chose reste certaine depuis plus de 5 000 ans : la domination masculine se porte bien et les violences des hommes resteront impunies.

Alors, si même les forces de gauche ne les dénoncent pas, qui sera au côté de ces femmes ?

 

Premières signataires :

Lise Bouvet
Christelle Di Pietro
Solveig Halloin
Diké Justice
Christine Le Doaré
Martine Martiney
Yael Mellul
Catherine Moreau
Francine Sporenda
Ana-Luana Stoicea-Deram

Militantes Féministes.

Et

Arlette Zilberg – Laurent Bouvet – Florence Humbert – Monica Art – Catherine Grenier – Geneviève Brûlé – Virgil Brill – Monica Plaza – Fréderic Fredj – Ziad Goudjil – Denis Maillard – Didier Lesaffre – Agnès Menetrier – Denis Sénamaud – Renée Fregosi – Françoise Courtiade – Marie Jauffret – Marie-Christine Rigal – Magali Co-Vergnet – Marie Rivet – Lilas Goldo – Pascale Zussy – Juan 23 – Muriel Cohen – Noushka Tsuko – Annie Duprat – Laurence Delarbre – Antonin Congy – Anouk Charbonnier – Gregoria Gutiernez – Marie-Jo Bonnet – Cathie Lenybellet – Michelle Soulat – Christophe Lozzi – Bernadette Doleux – Juliette Doroy – Karine Patte – Laurence Gelormini – Françoise Roux –  Nadine Masson-Boukhobza –  Frédérique Grumbach – Anna Bobillo-Aubert – Fred Le Querrec – Dominique Mercier – Cassan-Fayard – Christine Raynaud – Sandra Martial – Yann Patin de Saulcourt – Teugels Jéssica –  Jean Paul Brenelin – Marie Jo Bonnet – Audrey Harel – Lydie Van den Bussche – A. de Liedekerke – Sophie Albert-Hamecher – Celine Morana – Jean Paul Brenelin – Céline Charpot – Isabelle Gayrard Auzet – Naqdimon Weil – Frédérique Le Querrec – Simon-Pierre Badoc – Karim Bey SMAIL – Sylvie Sieber Hochar – Didier Savard – Jacques Riguidel – Serge Vannerom – Anne-Sophie Chazaud – Micheline Carrier – Frank Limido – Fabienne Courvoisier – Riguidel Jacques – Aliaa Fanidi – Marion Reiler – Gilles Parise – Anouk Charbonnier – Danielle Fiaschi –  Myriam Lepron – Aline Tailamé – Cecile Piessal – Marie-Laure Benoit  – Micheline Carrier – Élaine Audet – Adeline Cerutti – Lavarec – Claude Grunspan – Sarah d’Epagnier – Hypathia – Mass – Sandra Daulon – Christine Gamita – Caroline Catino – Violaine SABOT – Armingaud Corinne – Christian Gaudray – Nicole Aubard – Fabienne Warin- Daniel Lattanzio – Leriche Corinne – Remy Cecile – Brigitte Maillard – Thierry Duvernoy – Annick Proriol – Lorraine Lefebvre – Déborah Hendrickx-Sarda – Szuchendler Nicolas – Jeegers Bea – Jeanne Jorette – Serge PAULOU – Lydie Van den Bussche – Marie Cheul – Odile Steller Chaumeton – Cathie Monacelli Gamond – Coralie Abadie – Leuwers Reine – Chassin Nicole – Lucie Bourassa – Valérie Catanzaro – Kantjas Marie Helene – Philippe-Emmanuel Toussaint – Patrice Kappel – Arlette Chobli – Siegler Véronique – Francine Lejeune – Tracy Allard –

 

Vous pouvez signer ce texte en laissant un commentaire ci dessous.

 

 

Note 1
http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/01/07/la-police-de-cologne-reconnait-avoir-ete-depassee-lors-des-agressions-du-nouvel-an_4843553_3214.html
http://www.7sur7.be/7s7/fr/1505/Monde/article/detail/2576251/2016/01/06/Le-recit-terrifiant-d-une-victime-de-Cologne.dhtml
http://www.letemps.ch/suisse/2016/01/07/agressions-sexuelles-zurich-nuit-31-decembre
http://www.lepoint.fr/monde/suisse-des-agressions-sexuelles-aussi-a-zurich-la-nuit-du-31-decembre-07-01-2016-2007899_24.php
http://mobile.lesoir.be/1087899/article/actualite/monde/2016-01-07/niveau-inhabituel-harcelement-sexuel-helsinki-nuit-du-nouvel-an
http://www.leparisien.fr/faits-divers/violences-du-nouvel-an-a-cologne-le-nombre-des-plaintes-grimpe-a-379-09-01-2016-5435831.php#xtref=https%3A%2F%2Fwww.google.fr%2F
http://mobile.francetvinfo.fr/monde/europe/violences-a-cologne/agressions-du-nouvel-an-a-cologne-la-police-enregistre-desormais-plus-de-500-plaintes_1262161.html#xtref=http://m.facebook.com
http://mobile.lemonde.fr/europe/article/2016/01/10/les-violences-de-cologne-ont-ete-probablement-planifiees-selon-le-ministre-de-la-justiceallemand_4844650_3214.html?xtref=http://m.facebook.com

http://www.lejdd.fr/International/Europe/Violences-contre-des-femmes-a-Cologne-ce-qui-s-est-vraiment-passe-767815

Note 2
http://www.europeanyoungfeminists.eu/2015/12/15/women-refugees-why-we-need-to-understand-human-rights-from-a-womens-rights-perspective/
http://www.nytimes.com/2016/01/03/world/europe/on-perilous-migrant-trail-women-often-become-prey-to-sexual-abuse.html
http://www.buzzfeed.com/jinamoore/un-refugees-agency-admits-sexual-abuse-risks-after-buzzfeed#.qfjgZQ2Gg
http://www.gatestoneinstitute.org/6527/migrants-rape-germany
http://tempsreel.nouvelobs.com/l-obs-du-soir/20151216.OBS1522/dans-la-jungle-de-calais-la-peur-des-femmes-migrantes.html

Note 3
http://www.slate.fr/story/108779/femmes-refugiees-viol

Rosen, il lui a poussé des ailes

Rosen, entrée Assemblée Nationale, vote de la loi d'abolition, 3 décembre 2013

Rosen, entrée Assemblée Nationale, vote de la loi d’abolition, 3 décembre 2013

La prostitution, pendant très longtemps, on en a peu parlé, pas plus qu’on ne parlait de la condition des femmes.

Une pratique ancestrale, une tradition presque, organisée pour que les mariages durent, pour déniaiser les garçons, pour distraire les marins solitaires, et que sais-je encore, certains ont même longtemps prétendu que c’était le seul moyen d’éviter les viols.

L’important, c’était que les hommes profitent de leur supériorité économique et sociale pour soumettre à leur bon vouloir, des femmes, affectées à cette fonction.

Les prostituées en revanche, à part quelques poètes, pas grand monde ne s’est intéressé à leur sort, des femmes ou des personnes vulnérables, sans grands moyens, alors, c’est tout juste si la société ne leur faisait pas une faveur !

Dans la plus grande hypocrisie, la société toute entière, s’arrangeait pour les cacher et les humilier, considérant pourtant normal de perpétuer cet esclavage sexuel genré.

La société patriarcale tente encore de préserver ce privilège masculin qu’elle présente toujours comme un besoin sexuel, hygiénique, inhérent à la virilité et à la sexualité masculine.

Ces clichés sexistes ont pourtant fait long feu et grâce au combat des féministes et des abolitionnistes, on parle enfin de la prostitution comme d’une violence sexuelle faite aux femmes, aussi aux enfants et à quelques hommes plus vulnérables.

Aucune société moderne, progressiste, qui vise l’égalité entre les femmes et les hommes ne peut tolérer l’existence de servitudes de genre et surtout pas la violence physique et psychologique de l’exploitation sexuelle.

Même si une minorité de prostituées se revendique libre, la prostitution s’exerce le plus souvent dans un contexte de maltraitance et dans tous les cas, nourrit la traite des êtres humains.

S’il n’y a pas de demande, il n’y a pas d’offre et donc pas de trafic.

Les clients qui consomment ce qu’ils considèrent être un produit/service, comme un autre, ne se préoccupent ni des origines, âges, conditions dans lesquelles les femmes se prostituent et sont souvent complices des pires exactions (enlèvements, séquestrations, sévices,…).

Il est amplement temps qu’ils le comprennent et considèrent les femmes pour ce qu’elles sont, à savoir leurs égales ; on n’achète pas ses pairs, on n’achète pas l’intimité d’autres humains.

La loi d’abolition de la prostitution votée à une large majorité à l’Assemblée Nationale, le 4 décembre 2013  – 1* Rien ne sera plus comme avant -, propose notamment d’organiser la sortie de la prostitution des personnes qui le souhaitent, de dépénaliser les personnes prostituées mais en revanche de pénaliser les clients prostitueurs, en les condamnant à une amende.

Enfin une loi qui va dans le bon sens, seulement voilà, neuf mois plus tard,  elle n’a toujours pas été votée au Sénat.

Pour les abolitionnistes, c’est beaucoup trop long, parce qu’il y a urgence, chaque jour, des personnes basculent dans une prostitution qui peut les broyer très vite, des étrangères échouent en nombre sur nos trottoirs, parkings d’autoroutes, etc., et trop souvent y laissent la vie.

Alors, prise d’un élan incompressible, Rosen s’est élancée pour avaler les 743 kilomètres qui séparent Saintes de Paris.

Saintes est la dernière ville où Rosen s’est prostituée, dans un salon de massage qu’elle a ouvert après son mariage ; Paris est la première, elle commence comme hôtesse dans un bar à champagne en 1988.

Rosen explique avec ses mots à elle, qu’une jeunesse destructrice avec un père alcoolique, des mauvaises rencontres, des viols, notamment commis par un ami de son père, etc., l’ont conduite à se prostituer.

Au départ, elle pensait contrôler, mais l’argent facile, le « succès » : « c’est une drogue, puis une mort lente » dit Rosen.

Un temps menant une double vie, ayant peur de « manquer » et droguée à l’excitation de ce que lui apporte cette prostitution « choisie », elle officie dans son salon de massage, pourtant mariée à un médecin, mère de six enfants et sportive accomplie.

Puis, c’est la prise de conscience et suivront dix longues années d’un travail sur soi, de recherches, de rencontres associatives, avec le Mouvement du Nid notamment, pour en sortir et devenir une militante abolitionniste qui avec Laurence Noël, créent une branche française des « survivantes de la prostitution ».

Elle sait comment elle en est arrivé là, mais ne supporte pas que ce soit toujours possible aujourd’hui, en 2014, en France.

Elle condamne la société de ne pas protéger les femmes contre cette violence.

Avec une loi d’abolition, elle ne se serait probablement pas prostituée ou en serait sortie plus rapidement et facilement.

A raison, elle reproche à la société sa coupable passivité.  –2* Voir le blog consacré à la Marche de Rosen –  

Moi aussi, comme tant de féministes et d’abolitionnistes, j’attends impatiemment l’adoption définitive de la loi d’abolition.

Présidente du Centre LGBT Paris depuis déjà quelques années, en 2009/2010, j’ai soudainement été violement attaquée par le STRASS et Act-Up Paris,  pour avoir osé dire que féministe, engagée pour les droits LGBT depuis des années, je soutenais également l’abolition de la prostitution.

Je devrais les en remercier, car sidérée par la violence d’un lobby prostitueur que j’ai depuis appris à mieux connaitre, j’ai approfondi la question et compris à quel point, ce qui n’était alors qu’une intuition, était en réalité une urgence.

La prostitution n’est-elle pas l’expression la plus extrême et barbare de la domination masculine ?

Tant que toutes les femmes ne seront pas libérées de cette servitude, aucune femme ne sera vraiment libre. L’abolition n’est pas négociable.

Pour autant, je n’aurais jamais eu le courage de m’engager ainsi dans une Marche de plus de 700 kilomètres.

C’est facile à dire, à écrire, Rosen marche, elle marche pour l’abolition, oui mais elle marche chaque jour, entre 20 et 25 km, elle rencontre des gens, explique, dialogue, fait signer une pétition en faveur de la pénalisation des clients, parfois elle est reçue par des éluEs (comme Catherine Coutelle, députée de la 2e circonscription de la Vienne et Présidente de la délégation aux Droits des Femmes et à l’Egalité des chances entre les hommes et les femmes),  elle est interviewée par des médias, etc..

Alors, il faut imaginer ce que c’est vraiment, pas après pas, jour après jour, les intempéries (soleil de plomb ou pluie battante), les pieds blessés, les jambes lourdes, les incidents de parcours (une roue crevée de la caravane de Luc, le vaillant retraité militant qui l’accompagne et assure une logistique minimale), les aléas familiaux (un fils hospitalisé) et pourtant, chaque jour, il faut repartir.

Alors Rosen, avec ses 58 ans a beau ne plus avoir les jambes d’une marathonienne, elle a l’énergie de ses convictions et les ailes de l’espoir lui ont poussé et la propulsent vers Paris.

Il est intéressant de noter une fois de plus, que si les médias régionaux, sur son passage, s’intéressent à l’évènement (journaux, TV), en revanche, au plan national, la couverture reste modeste, (Un bon article dans Libération  notamment), alors que des médias japonais, américains, vietnamiens…eux, couvrent l’évènement !

Chez nous, les médias restent frileux et préfèrent donner la parole aux clients qui pleurent une fin anticipée de leurs privilèges d’un autre temps.

Un tel courage force l’admiration, parce que ce n’est pas tout de le dire, il faut le faire !

Je l’accompagne en pensées, je sais que nous sommes nombreuses et nombreux (associations, collectifs et individu-e-s en France comme à l’étranger) à attendre son arrivée à Paris où nous pourrons la remercier comme il se doit pour ce geste valeureux qui fera date dans l’histoire du féminisme.

Qu’on se le dise, la loi d’abolition, Rosen et nous abolitionnistes et féministes, nous la voulons au plus vite, ici en France, aussi pour les femmes du monde entier.

Christine Le Doaré

 

1* Rien ne sera plus comme avant

https://christineld75.wordpress.com/2013/12/05/rien-ne-sera-plus-jamais-comme-avant/

 

2* Voir le blog consacré à la Marche de Rosen.  

https://marchepourlabolition.wordpress.com/

 

 

STRASS, Morgane Merteuil : inversions et manipulations

marche-tete-04-900x599Morgane Merteuil, STRASS, réglementaristes de la prostitution et inversion rhétorique au service de la manipulation.

Savez-vous que les personnes qui ne consomment pas assez de biens matériels sont responsables des ratées du système capitaliste ? Egalement, que les victimes du racisme sont responsables de l’inquiétude des occidentaux menacés par une société métissée et plurielle ?
Je vous sens crispéEs là, non mais c’est quoi ce discours néolibéral et raciste ? Inversion sémantique au service de la manipulation idéologique ? Oui, sans aucun doute !
Pourtant, quand Morgane Merteuil, porte-parole du STRASS*1. écrit que les clients et plus généralement les bénéficiaires du système prostitueur rendent service aux femmes en leur permettant de se prostituer quand les féministes abolitionnistes, elles, les mettent en danger, le procédé est rigoureusement le même mais peu y trouvent à redire.
Pourquoi sur le sujet de la prostitution tant de progressistes ont-ils l’esprit critique en berne, quand sur d’autres sujets, ils sont prompts à repérer les tentatives de manipulation à coups d’inversions sémantiques flagrantes ?

Le dernier texte de Morgane Merteuil est un chef-d’œuvre du genre. Elle y opère une double manipulation.
Elle s’appuie sur un texte de Joan W. Scott « Émancipation et égalité : une généalogie critique », donné lors d’une conférence Au-delà du patriarcat du colloque Penser l’émancipation (Nanterre, février 2014).

Le titre de Merteuil « Putes, corps désirants et émancipations », donne le ton, comme si juxtaposer des mots inconciliables suffisait pour convaincre de la pertinence du propos :
« putes » ce qui signifie : femmes (le plus souvent, mais pas seulement) performant des rapports sexuels sans désir et pour de l’argent, sous la contrainte (le plus souvent, mais pas toujours) ; rien que l’utilisation du mot « pute » est douteux, il permet de détourner l’attention et d’effacer la violence de la réalité de la prostitution,
« corps désirants » mais qu’est-ce donc qu’un corps désirant ? Un être désirant, oui, je vois, un corps désirant, déjà beaucoup moins, à moins que Morgane Merteuil ne reconnaisse l’état de distanciation / dissociation nécessaire pour se prostituer, l’esprit ici et le corps tout là-bas ?
Dans tous les cas, parler de « corps désirants » dans le cadre de la prostitution, alors que nombre de professionnels de santé et de féministes s’accordent à la qualifier de violence sexuelle intrinsèque et que les associations de défense de prostituéEs prétendent en faire un travail, est pour le moins contradictoire.
« émancipations », le mot est au pluriel, c’est tout de suite plus signifiant.
C’est aussi un artifice pour associer l’émancipation des femmes musulmanes à celles des femmes prostituées, le STRASS ratisse large et aux côtés de ses amiEs des Indigènes de la République, Morgane Merteuil tente de nous convaincre que « féminisme musulman » et « féminisme pute », même combat ! *2.Voir « Des déchaînézs au genoux du patriarcat ».

Le texte est à l’image du titre : une laborieuse tentative d’inversion des responsabilités, chaque argument étant maltraité jusqu’à l’absurde.
Bien entendu, les industries du sexe ne sont plus des industries ultra-capitalistes qui s’en mettent plein les poches sur le dos de femmes exploitées, les proxénètes comme les clients ne sont plus des instruments de la domination masculine et ne sont jamais responsabilisés, en revanche, les féministes abolitionnistes seraient des libérales « des franges répressives » et mettraient en danger les personnes prostituées.
De quelle manière et avec quels moyens, vous ne saurez jamais, ce qui compte c’est de semer le doute, de faire de la désinformation et de propager des mensonges.

Joan W. Scott prétend que « la rhétorique de l’émancipation sexuelle et de l’égalité entre les sexes, en ce qu’elle est soumise à un capital mondialisé qui fait du désir, et de sa capacité à l’assouvir, un préalable à la citoyenneté, contribue à la perpétuation de la domination de « populations minoritaires défavorisées », et notamment des femmes musulmanes ».
La théorie de Joan W. Scott est tout de même particulièrement perverse, elle suggère que l’émancipation des femmes occidentales, leur droit à une sexualité libre et désirante, leur volonté d’égalité, sont responsables de la domination des femmes musulmanes qui elles, n’auraient pas atteint ce niveau de liberté et ne pourraient donc, de ce fait, accéder au statut de citoyenne.
Entendez bien, les femmes musulmanes ne seraient pas opprimées par la domination masculine, l’interprétation masculine de textes religieux, le poids des traditions, non, du tout, elles seraient dominées à cause des féministes, des femmes occidentales libérées et seules dignes d’un statut de citoyenne !
Formidable exemple d’inversion des responsabilités et de manipulation rhétorique !
Les féministes universalistes « orientales » qui luttent dans les pays musulmans apprécieront cette obole au féminisme islamiste et plus encore au système patriarcal !
[Que des intervenants capables de telles manipulations soient invitéEs dans des universités françaises me laisse perplexe.]

Puis, entraînée dans son élan, non contente, comme Joan W. Scott, d’accuser « la communauté des nations » d’avoir choisi « le désir sexuel comme dénominateur commun universel dans la définition de l’humain », et par conséquent, selon Morgane Merteuil, d’être « islamophobe », [vous suivez j’espère ?], la porte-parole du STRASS extrapole et, seconde manipulation, se demande « si le rejet des revendications des travailleuses du sexe peut, lui aussi, correspondre un autre aspect du discours civilisationnel analysé ici par Joan W. Scott ».

Je vous épargne quelques paragraphes plutôt inintelligibles, pour arriver à ceci : « L’accent placé sur une sexualité libérée … fait écho au désir de consommer qui sert de moteur au marché, et permet de détourner l’attention des injustices économiques et sociales qui résultent de la discrimination et des formes structurelles de l’inégalité. On touche bien là à un des fondements de l’idéologie libérale, qui fait finalement reposer sur la volonté individuelle la capacité d’émancipation (sexuelle), sans prendre en compte les rapports de domination et de dépendance qui peuvent entraver celle-ci. Ainsi, dans le débat sur la prostitution, la position abolitionniste consistera essentiellement en une volonté de « responsabilisation » des clients…, sans que ne soient jamais abordées les causes économiques et structurelles qui peuvent pousser des femmes non seulement à exercer cette activité mais de manière plus générale à être dépendantes des hommes. »
Quel plus beau déni de la réalité des luttes féministes !
Un allié pareil, le patriarcat en rêvait, Morgane Merteuil l’incarne, il peut dormir sur ses deux oreilles.
Morgane Merteuil avance que la libéralisation de la prostitution et la soumission à des dictats religieux/coutumiers, sont des enjeux de luttes émancipatrices.
En réalité, les groupuscules d’activistes du STRASS, du collectif « 8marspourtoutes » et leurs quelques alliéEs politiques et universitaires s’emploient à faire diversion pour éviter toute atteinte sérieuse au système patriarcal et c’est à peu prés tout.

Constamment et simultanément les féministes combattent les systèmes d’oppression idéologiques, économiques et sociaux, dénoncent la pression des industries patriarcales et capitalistes du sexe qui ne cessent d’envahir nos sociétés hypersexualisées, combattent les inégalités femmes-hommes, etc.
Nous abordons la question de la prostitution, en tant que projet de société, à fortiori collectif, par opposition aux réglementaristes qui ne parlent jamais que de choix individuels de quelques « libérales/libéraux » qui exerceraient « librement » sans se préoccuper des millions de femmes déplacées, torturées, violées et prisonnières de proxénètes, de la traite.
Et tout ça, nous le ferions sans jamais interroger et combattre les raisons économiques et sociales qui poussent les femmes à se prostituer ?
Allons donc, nous ne cessons d’expliquer que désespoir, besoin d’argent et passage à l’acte favorisé par des violences sexuelles antérieures, sont les raisons qui poussent le plus souvent les femmes à se prostituer, quand elles n’y sont pas contraintes par un proxénète ou un réseau mafieux.
Une seule femme opprimée, une seule femme violée, une seule femme prostituée et ce sont toutes les femmes qui risquent elles aussi, de subir ce même destin.

Le féminisme n’a pas de sens s’il n’aboutit pas à libérer les femmes, toutes les femmes, de l’emprise de la domination masculine, de leur exploitation et de leurs violences.
La domination masculine vise à contrôler les femmes, leur sexualité, la reproduction ; les religions, les traditions, les institutions sont les instruments de ce pouvoir masculin.
La prostitution n’est jamais que l’un des plus archaïques moyens de s’approprier les femmes – et souvent les enfants, parfois des hommes – réduitEs à des commodité sexuelle au service des hommes. Le voile et plus encore la burqa, le niqab, n’ont d’autre fonction que d’effacer les femmes et de les désigner propriété exclusive du père ou du mari tout puissant.
Morgane Merteuil aura beau triturer la réalité dans tous les sens, nous inventer des concepts « d’épanouissement sexuel islamophobes », – quelle personne sensée peut accréditer une seule seconde l’idée que nos politiques publiques associent épanouissement sexuel et droits sociaux ? -, elle n’est jamais du côté des femmes, de leur libération, de l’abolition du patriarcat.
C’est d’ailleurs pour cette unique raison et manifestement pas pour la pertinence de ses analyses, qu’elle cumule tant de soutiens et d’intérêts médiatiques et politiques.

Une manipulation rhétorique aussi grossière que celle qui consiste à inverser les responsabilités et absoudre au passage les bénéficiaires des systèmes patriarcal et prostitueur, est lamentable mais ce qui l’est plus encore, c’est la complaisance dont elle bénéficie pour continuer sans vergogne, à la tête du STRASS et des réglementaristes de la prostitution, à salir le mouvement féministe et tenter de le diviser.

Christine Le Doaré

********************************************************************************************************
*1.STRASS : Syndicat des travailleurs du sexe

*2 : https://christineld75.wordpress.com/2014/04/02/des-dechainees-aux-genoux-du-patriarcat-2/

« 8marspourtoutes » ou l’oubli d’un énorme détail de l’histoire féministe

575373_10202012807114692_107629470_nUn groupe hétérogène de femmes et d’hommes » féministes pro-sexe » 1. regroupéEs dans un collectif « 8 mars pour toutes » 2. revendique de ne pas pénaliser le client prostitueur et cultive le relativisme culturel, encourageant les femmes à se soumettre à la domination machiste, sous prétexte religieux.

N’auraient-ils pas oublié un énorme détail de l’histoire du féminisme ?
Le féminisme est universaliste, laïc et matérialiste.
Ces principes fondateurs sont plus que jamais nécessaires à l’émancipation des femmes.
Le féminisme vise à libérer toutes les femmes,de toute contrainte sexuelle, tant dans le mariage et toutes formes de relations, que dans la prostitution. (L’argent ne pouvant effacer un viol tarifé qui ne dit pas son nom).
Depuis toujours le féminisme lutte contre le système patriarcal. La principale raison d’être de ce système est de s’approprier les femmes en les opprimant par tout moyen, y compris la violence, dans le but majeur de contrôler la sexualité et la reproduction ou plus précisément de contrôler la sexualité pour maitriser la reproduction et la transmission des gênes autant que du patrimoine.

La prostitution fait partie de ce système coercitif d’appropriation des femmes.
Personne ne combat un système de domination et de violences avec des gentillesses. Surtout un système responsable des violences les plus inouïes et générant des profits criminels considérables.

Le relativisme culturel est très utile pour maintenir des femmes dans des situations de soumission aux hommes ; les renvoyer à leur culture, dans tous les cas patriarcale, est souvent criminel.

Il faut croire que les activistes et soutiens de cette nébuleuse « pro-sexe » ne pensent ni aux 85 % de femmes prostituées étrangères contraintes d’exercer sur le sol français, ni à celles qui dans leur pays risquent les pires traitements quand ce n’est pas la mort, pour résister aux violences masculines.

Quand on sait que la « pénalisation » des clients consiste en une contravention punie d’une amende et-ou d’un stage de sensibilisation, que les objectifs de ce dispositif sont de limiter les développements et l’emprise du système prostitueur, de faire évoluer les mentalités en matière de respect et d’égalité femmes-hommes, de faire reculer les violences, on reste sans voix devant tant de complaisance vis à vis des clients, oppresseurs et coupables de violences sexuelles !
Les femmes prostituées rencontrent des problèmes de santé sans nombre, et surtout, la plupart témoignent d’une sexualité brisée, car la prostitution ce n’est pas de la sexualité, mais bien de la domination et des violences sexuelles ; pourtant « 8marspourtoutes » s’aligne sur les positions hygiénistes des associations de lutte contre le sida, réglementaristes de la prostitution.

Que des femmes qui se prétendent féministes, puissent exprimer une telle complicité envers les clients prostitueurs est pour le moins troublant.
Qu’elles se complaisent dans des alliances avec les Indigènes de la République et autres adeptes du relativisme culturel est criminel pour les femmes qui vivent privées de liberté dans tant d’endroits sur notre planète et menacées si elles ne se plient pas aux exigences familiales et religieuses.
Ce groupe « 8marspourtoutes » avec ses alliances douteuses est une imposture.
Complices ou en lutte contre les violences de la domination masculine, il faut choisir !

Comme des milliers d’autres, et des millions au monde, demain samedi 23 novembre, pour la journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes du 25 novembre, puis ensuite le 8 mars, au sein d’une manifestation féministe unitaire, nous choisirons de défiler contre toutes les violences et surtout pour l’abolition de la plus archaïque et destructrice d’entre elles, la prostitution.

Manifestation Montparnasse 23 novembre 2013 _ 14 H

1. Le « féminisme » pro-sexe issu du milieu queer, apparaît dans les années 1980 aux États-Unis. Il prétend faire du plaisir et du travail sexuel des outils politiques dont les femmes devraient s’emparer, mais ne déconstruit en rien les schémas de domination et d’exploitation sexuelle. Comme si le seul fait que des femmes s’en emparent suffisait à y changer quelque chose.

2. collectif 8 mars pour tous, issu de groupuscules STRASS (syndicat des travailleurs du sexe), associations de santé communautaires telles que Act-Up …

PS 1 :
En matière d’intersectionnalité des luttes, concept très à la mode chez les post-modernes « pro-sexe » et leurs alliés, il faut relire ce texte qui rappelle la nécessaire solidarité de la classe des des femmes contre le patriarcat et le capitalisme/libéralisme et pointe du doigt le piège de l’intersectionnalité qui ne vise jamais à abolir les privilèges masculins. Bien entendu, les questions de classe et race doivent être traitées au sein du mouvement des femmes.
http://beyourownwomon.wordpress.com/2012/08/15/ignorer-et-defendre-le-male-le-piege-de-lintersectionalite/

PS 2 :
Lire également de GLOSSWITCH : “Sex-positive” feminism is doing the patriarchy’s work for it » paru dans http://www.newstatesman.com/

http://www.newstatesman.com/lifestyle/2014/03/sex-positive-feminism-doing-patriarchys-work-it

En français :  » Le féminisme pro-sexe fait le sale boulot du patriarcat  »
https://www.facebook.com/notes/martin-dufresne/le-f%C3%A9minisme-dit-pro-sexe-fait-le-sale-boulot-du-patriarcat/10153954677065595

Christine Le Doaré

Les violeurs de Nirbhaya condamnés à mort : solution de facilité !

3477202_3_cc0e_un-rassemblement-d-etudiantes-contre-le-viol-a_9c85684797097afaaae067e386f1f606A New Delhi, les 4 violeurs de Nirbhaya condamnés à mort , la solution patriarcale par excellence !

La sanction est tombée ce vendredi 13 septembre 2013 : les 4 violeurs de l’étudiante de New Delhi sont condamnés à mort. L’un des agresseurs, mineur à l’époque des faits échappe à la peine de mort, et le chauffeur s’est depuis, suicidé en prison.

Les faits sont d’une violence inouïe, la jeune femme et son compagnon avaient été séquestrés dans un bus, la jeune étudiante y a subi un viol collectif commis par chacun des six agresseurs, mais également avec une barre de fer. Nirbhaya et son compagnon avaient ensuite été laissés pour mort sur le bord de la route, la jeune femme est décédée à l’hôpital, et son compagnon est depuis handicapé.

Les avocats de la défense avaient annoncé en début de semaine, leur intention d’interjeter appel, le tribunal ayant déclaré les violeurs coupables de viol et de meurtre « de sang froid ». A l’évidence, la sanction est hautement symbolique, elle a été saluée avec joie par la famille et la population rassemblée devant le tribunal, dans l’attente du verdict. On s’en souvient, de nombreuses manifestations avaient été organisées pour dénoncer l’incompétence des pouvoirs publics en matière de protection des personnes et en particulier des femmes, par une population excédée.
Ces manifestations avaient pris une ampleur historique, les groupes féministes se mobilisant fortement et l’indignation de la population étant à son comble.

Sous toute cette pression, les opposants au gouvernement n’étant pas en reste, le gouvernement avait agit rapidement, travaillant parallèlement au procès, à un projet de loi pour durcir les sanctions et prévenir les violences sexuelles. Les aspects culturels des violences de genre avaient bien été reconnus et les besoins éducatifs nécessaire à l’évolution des mentalités mesurés. A l’issue de cet état des lieux et des recommandations qui en ont découlé, une loi a été votée pour aggraver la peine en cas de viol et la porter à 20 ans au minimum et pouvant aller jusqu’à perpétuité. En outre, en cas de récidive ou de décès de la victime, la peine de mort, qui n’est pas abrogée en Inde, mais qui fait l’objet d’un moratoire, peut être prononcée.

Le plus étrange malgré tout, est qu’après les manifestations et le durcissement de la loi, les plaintes pour viol ont augmenté, mais il est toujours difficile de savoir si cette augmentation est due à une plus grande médiatisation et sévérité de la peine, ce qui aide les victimes à se sentir légitimes et à dénoncer leurs agresseurs ou s’il y a un plus grand nombre de viols commis.

Le verdict prononcé ce jour, semble satisfaire une grande partie de la population, dégoutée par la violence déchainée à l’occasion de ces viols et galvanisée par les partisans de la peine de mort, mais le mouvement pour son abolition est aussi mobilisé et ne va pas rester sans réaction. En outre, rien ne dit aujourd’hui que le second jugement confirmera le premier.

Dans tous les cas, et à l’évidence, la peine de mort ne peut pas être la solution.
Tout d’abord parce que la barbarie en réponse à la barbarie, l’humanité peut faire mieux.
Ensuite, parce que condamner à mort des violeurs et des tueurs, même des tortionnaires coupables d’actes d’une sauvagerie inouïe, ne fera jamais évoluer la société, ni les mentalités, durablement et en profondeur.
En Inde, comme sur toute la planète, chaque jour, des hommes violent et tuent des femmes. Au moins 6 états ont déjà reconnu le crime de fémicide.
Alors bien sûr, il nous arrive à toutes et à certains, parfois, de haïr les violeurs et tueurs de femmes, d’avoir des envies de meurtre à leur encontre, mais de là à penser sérieusement que la peine de mort pourrait être une solution, il y a un gouffre que peu d’entre nous franchiront et c’est tant mieux. Evitons d’ajouter de la violence à la violence.

Non, la solution consiste plutôt à admettre, puis déconstruire, pour mieux la combattre et la dépasser, la domination masculine et son cortège de violences sexistes, les violences sexuelles et les autres aussi. Le patriarcat est destructeur, il en a fait la démonstration. Une société sexiste n’a pas grand-chose de bien civilisé ni juste à offrir à ses membres.
Pour se revendiquer des sociétés humaines, les états devront tôt ou tard, adopter une grille de lecture féministe de la vie collective et mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour que prévention, éducation et répression soient enfin, non pas de simples concepts et arguments électoraux, mais bien des programmes prioritaires destinés à transformer tous les aspects de la vie sociale et culturelle, avec des valeurs d’égalité et de respect.

Bien entendu, les sanctions pénales doivent être proportionnelles et à la hauteur du crime insoutenable et indéfendable qu’est le viol – et à fortiori tout acte de barbarie, allant souvent jusqu’au meurtre, contre les femmes -.
Bien entendu, la fin de peine, la liberté conditionnelle, bref, toute sortie de prison après des violences sexuelles doit être encadrée, organisée afin d’exclure toute possibilité de récidive. C’est même à cette seule condition qu’un prédateur sexuel devrait être relâché, on en est tellement loin !
Tout ça demande beaucoup de moyens et donc de conviction politique.
Il ne s’agit pas de bricoler des solutions pour avoir la paix sociale, mais bien de changer une société, d’abolir une domination systémique, tout un système de pensée et de vie en commun.

Mais, se contenter de condamner à mort les violeurs, c’est la solution de facilité, c’est s’intéresser aux conséquences sans remédier aux causes.
Bien entendu, des sanctions individuelles doivent prononcées à l’encontre des hommes coupables, mais c’est bien toute la société patriarcale qui est malade de ses violences sexuelles.
Les industries du sexe, de plus en plus influentes, invitent à tout va, à consommer sans scrupules leurs violences pornographiques et la prostitution, elles banalisent la culture du viol et de toutes les violences sexuelles.
En face, la peur des lois répressives, un rapport de force porté en permanence par les luttes féministes, sont bien insuffisants pour nous éviter le pire et surtout nous permettre d’avancer vers une société de progrès et de lumière à laquelle nous aspirons toutes et tous.

Le viol est un crime commis par certains hommes, beaucoup trop d’hommes, parce que notre culture patriarcale ne le condamne que contrainte et forcée par une exigence d’ordre public, ni par conviction ni motivée par un projet de société féministe d’égalité et de respect.

Christine Le Doaré


Entrez votre adresse mail pour suivre ce blog et être notifié par email des nouvelles publications.

Archives