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Nous, sans les iraniennes #MeToo 5ème anniversaire

C’est le cinquième anniversaire de #MeToo, immense vague de libération de la parole des femmes victimes de violence sexuelles. L’affaire Weinstein est celle qui aura fait déborder un vase plein à ras bord et il aura suffi d’un hashtag pour que le monde s’embrase : #MeToo.  En 24 heures à peine, des millions de publications inondèrent les réseaux sociaux. Les révélations mises à jour dans cette affaire étaient énormes, tout le milieu du cinéma et bien au-delà, était touché. Plus personne ne pouvait nier qu’il s’agissait d’un système généralisé de harcèlement, de prédation et de violences sexuelles contre les femmes, toutes les femmes. Enfin, toutes prenaient la parole et osaient le dire publiquement, elles aussi avaient subi, subissaient, des violences sexuelles.

Depuis, des reproches se sont multipliés.  Les libérations peuvent générer des excès. Des femmes vont parfois trop loin en érigeant des tribunaux populaires, en accusant et condamnant sans respect des droits de la défense et en se substituant à la justice. Néanmoins, quel soulagement ! Enfin les femmes parlaient, enfin la société prenait conscience de l’ampleur du problème, enfin, l’impunité n’était plus la règle à laquelle des générations de femmes se sont heurtées. Aujourd’hui, les plaintes pour violences sexuelles sont en hausse, preuve que les femmes ne se tairont plus mais aussi que rien n’est terminé, les effets de siècles de domination ne disparaîtront pas en quelques années. Il faut continuer de lutter contre les violences sexuelles.

En tant que féministe je salue donc l’émergence de #MeToo et célèbre son cinquième anniversaire. En revanche, en tant que féministe universaliste, solidaire des femmes du monde entier, je déplore le manque de solidarité envers les iraniennes.

Les iraniennes vivent leur révolution. Elles sont enfermées dans un infernal apartheid sexuel, considérées comme des mineures, soumises à l’autorité paternelle ou maritale, elles doivent s’effacer dans l’espace public, contraintes de porter le hijab, leurs cheveux étant considérés comme une provocation. En ce moment, elles meurent, assassinées par les mollahs parce qu’elles veulent s’affranchir d’une obligation patriarcale religieuse ; elle ne veulent plus être contraintes de porter ce symbole de soumission dont le patriarcat les affuble. Peut-il exister pires violences ?

Où sont les mobilisations mondiales #MeToo pour les soutenir ?

Les féministes américaines de #MeToo ont été noyautées un temps par des islamistes comme Linda Sarsour ; les féministes occidentales sont rongées par l’idéologie intersectionnelle. En France, république laïque, les Frères musulmans et autres islamistes, poussent les femmes musulmanes à porter le voile dans l’espace public alors que leurs mères et grands-mères le délaissaient, et à revendiquer de le porter dans les services publics et établissements scolaires.

Les féministes intersectionnelles qui sont désormais les plus audibles et médiatisées, mettent sur le même plan l’absence de liberté des femmes ici, empêchées de se voiler dans le cadre du service public, et l’absence de liberté des femmes en Iran obligées sous peine de mort, de se voiler. Ce n’est pourtant absolument pas comparable. Le voile n’est pas en occident interdit dans l’espace public, mais dans une République laïque, il est interdit dans les services publics ; dans tous les cas, aucune femme n’est ici harcelée, emprisonnée ou tuée pour son voile ou absence de voile.

On voit à quel point cette rhétorique est absurde et pourtant, c’est bien elle qui est à l’origine du peu de mobilisation féministe en faveur des femmes iraniennes. Les mouvements féministes mainstream ne soutiennent les iraniennes que du bout des lèvres alors qu’il devrait y avoir une vague de mobilisation aussi gigantesque que celle du #MeToo d’il y a cinq ans.

#MeToo c’était formidable, mais c’est la parole des femmes du monde entier qui doit se libérer et être soutenue des féministes, la solidarité féministe ne devrait pas être à géométrie variable. Je doute que les iraniennes, les afghanes, etc. aient le temps ou l’envie de souhaiter un bon anniversaire à #MeToo

Christine Le Doaré

Voilement des fillettes ou l’amendement atomisé

L’amendement des députés Aurore Bergé et Jean-Baptiste Moreau qui portait sur l’interdiction du voile pour les fillettes a été jugé irrecevable par la commission spéciale d’examen de la loi visant à « conforter le respect des principes républicains ».

Pour faire bref, ce projet de loi ne serait pas le « bon véhicule législatif ». Je trouve au contraire qu’une loi sur le renforcement des principes républicains était bien indiquée pour lutter contre cette violence réservée au sexe féminin.

En effet, si notre république laïque promeut l’égalité femmes-hommes, ce ne doit pas être une vue de l’esprit, elle doit empêcher autant que faire se peut, que ne soit bafoué ce principe d’égalité. Et à fortiori lorsqu’il s’agit d’enfants si facile à influencer. Il ne peut être toléré que l’endoctrinement religieux précoce de petites filles leur impose de consentir à la soumission de leur genre. Endoctriner des petites filles de manière sexiste et sectaire en leur faisant revêtir un accessoire qui signe leur soumission au divin comme au masculin,  contrevient au principe républicain fondamental d’égalité. Le voile signifie pour les filles : je suis une femme, je suis impure et en faute s’il m’arrive quelque chose alors que je ne le portais pas, et pour les garçons, une fille qui n’est pas voilée n’est pas une fille correcte.

Le voile est lourd au plan symbolique mais aussi physiquement, c’est un tissu encombrant, ce n’est pas un petit bijou ou accessoire. Il réduit la fillette comme la femme qui le porte à n’être qu’une tentation sexuelle ; elle porte seule la responsabilité de devoir se dérober aux prédateurs éventuels. C’est très lourd pour une petite fille ! Faut-il rappeler que les garçons eux, sont libres de s’habiller et se comporter comme ils l’entendent ? Voir, en particulier l’été, des fillettes et des femmes recouvertes de tissus souvent lourds et sombres, quand les garçons et les hommes se baladent jambes et tête à l’air, est intolérable. Comment accepter qu’une fillette ne soit réduite à un corps entravé par des interdits archaïques, déjà réduite à n’être que possession future et soumise à une condition inférieure ? Priver des petites filles de leur enfance en les sexualisant (imaginer qu’elles risquent en montrant leurs cheveux de susciter des convoitises sexuelles est en soi un scandale), en les entravant dans leurs mouvements, en mettant en danger leur santé (fixation de vitamine D nécessaire à la croissance limitée par l’absence d’exposition au soleil) est de la maltraitance.  

Si ce n’est pas le bon véhicule législatif, que font donc dans ce projet de loi les mesures relatives aux droits et libertés des femmes telles que la lutte contre la polygamie, contre les certificats de virginité, contre les mariages forcés ou contre la discrimination sexiste à l’héritage ? Le voilement aussi est une marque d’inégalité femmes-hommes et le voilement des fillettes de la maltraitance caractérisée. Pour défendre le voilement des femmes, beaucoup mettent en avant la liberté individuelle. Il y a déjà débat parce que déterminer la part de conditionnement à une culture, religion, tradition communautaires et de réel consentement est loin d’être aussi simple qu’il n’y paraît. Mais quand il s’agit d’une enfant, un consentement éclairé est parfaitement illusoire, en réalité seule s’exprime la volonté de ses parents et de sa communauté. Il ne s’agit que d’emprise religieuse et familiale.

Si ce n’est pas le bon véhicule législatif alors que veut atteindre ce projet de loi ? Ne s’agit-il pas d’éviter que les fondamentalistes n’imposent leurs règles et déstabilisent la société en isolant des communautés des valeurs républicaines qui nous rassemblent ? A priori j’ai cru comprendre que si. Dans ce cas, empêcher un formatage des enfants est une priorité, car une fois que les fillettes auront appris qu’elles ne sont pas des citoyennes libres mais doivent rester à la place qui leur a été assignée, il sera trop tard pour revenir en arrière.

Faut-il encore le rappeler, le voile est importé d’Afghanistan et c’est avant tout le meilleur marqueur social de progression de l’islamisme. Au Maroc, en 2012 le Centre pour l’Égalité des femmes a mené campagne contre le voilement des petites filles jugé comme étant « une forme majeure de violence envers les enfants. »

Pourtant il y a en France, comme un peu partout en Europe,  de plus en plus de fillettes voilées. Alors, quel sera le bon véhicule législatif pour l’interdire et combien de temps va-t-il encore falloir attendre ?

Christine Le Doaré

Voile, le CFCM a parlé, la République piétine

Où sont les femmes ?

Le voile que les hommes ne portent pas, serait donc une affaire d’hommes

Le mardi 29 octobre, lendemain d’un entretien avec le président de la République, le CFCM (1) tenait une réunion extraordinaire à la mosquée de Paris afin de clarifier sa  position sur le port du voile dans l’espace public. A l’issue de la réunion le président du CFCM, Dalil Boubakeur a déclaré : « le port du voile est une prescription religieuse », mais les femmes de confession musulmane sont libres de le porter ou non sans que cela porte atteinte à leur foi ; puis : « Celles qui ont décidé de s’en affranchir ne sont pas moins musulmanes et restent dans la communauté des croyants »

Nous savons désormais que pour le CFCM, le voile est une prescription religieuse. Toutefois, elle n’est pas imposée. Le port du voile n’ayant pas un caractère obligatoire,  ne pas le porter n’a pas de conséquences sur le degré de foi des musulmanes et ne les exclue pas de la communauté des croyants.

On est soulagé.es pour toutes les musulmanes croyantes qui ne portaient pas le voile ! Etonné.es aussi, car cette position ne constitue en aucun cas une annonce forte, contrairement à ce qui avait été promis. Cette doctrine, aucune personne sensée, musulman.e ou pas, ne l’ignorait. 

On est surtout déçu.es car nous savons que beaucoup de musulmans progressistes réfutent que le voile soit une prescription religieuse. Pour Malek Chebel, anthropologue algérien des religions, le voile est « une régression de la femme à laquelle on ne fait pas confiance. Elle peut être musulmane sans être voilée. Il y a eu des siècles où elle ne l’était pas. » Il insistait aussi sur le caractère secondaire des versets sur le voile dans le Coran, sur les multiples interprétations possibles. Il avait notamment déclaré : « Le voile, est d’un usage toujours politique. Le voile dépossède la femme de son image. Qu’elle se libère de ses voiles. » Pour Chebel, le voile signait le retour des fondamentalistes, qui veulent le pouvoir dans une conception moyenâgeuse.

Le CFCM est infiniment moins disant, il se contente de dire que ne pas porter le voile est possible, ce que tout le monde savait déjà. Je n’appellerais pas ça une position très moderne ni réformée de l’islam.

Bien entendu, le CFCM n’évoque pas la prolifération exponentielle du port du voile ces dernières décennies, à l’évidence liée au développement du fondamentalisme des Frères musulmans et des salafistes qui poussent au port du voile pour mieux se visibiliser et s’affirmer.
Il ne s’est pas risqué à parler d’égalité Femmes-hommes, pas un mot du voile marqueur d’une division des sexes, assignant un statut inférieur aux femmes qui seules se doivent d’être pudiques face au sexe opposé.
Enfin, il a soigneusement évité de parler de la question qui brûle toutes les lèvres, celle des accompagnatrices scolaires voilées.

Néanmoins, les musulmanes de bonne foi savent désormais qu’elles portent l’entière responsabilité de la promotion d’un apartheid genré en portant volontairement le voile. Elles font ce choix sachant que dans des pays tels que l’Iran, des femmes sont emprisonnées pour avoir retiré leur voile.  Elles défendent la soumission des femmes au patriarcat et trouveront toujours face à elles, les féministes et progressistes qui se battent pour une société d’égalité. 

Dalil Boubakeur, est également revenu sur l’attentat contre la mosquée de Bayonne et a interpellé les personnalités politiques et médiatiques « qui doivent prendre la responsabilité de leurs propos outranciers qui banalisent la haine du musulman ». Juste déclaration, les politiques et autres personnalités qui instrumentalisent la haine doivent être combattus. Toutefois, comment ne pas constater que les motivations idéologiques sont immédiatement creusées, exposées et condamnées quand l’attentat porte une signature d’extrême-droite, (et même s’il s’agit d’un acte isolé aux motivations troubles, en l’occurence ici, se venger à 84 ans, pour l’incendie de Notre-Dame – les complotistes ont encore frappé !), ce qui n’est pas le cas ou rarement quand la signature est celle de l’islamisme. Tous les militants progressistes laïques le savent, le pire scénario pour notre pays est celui de la tenaille identitaire  qui se resserre, les attentats des deux extrêmes se répondant en miroir.  Si l’Etat ne lutte pas radicalement contre l’islam politique (islam fondamentaliste Frères musulmans et salafistes) et son bras armé terroriste, les identitaires d’extrême-droite riposteront et ce sera haine contre haine.

Attendre du culte musulman et de ses représentants des messages forts est illusoire. C’est à l’Etat de poser les limites, comme l’ont fait en leur temps les représentants du peuple français face à l’église et au culte catholique.
Il est plus que temps de légiférer pour interdire le voile et tout signe religieux ostentatoire lors des sorties scolaires. Personne ne doit dans le cadre de l’école républicaine publique et laïque imposer ses croyances religieuses aux enfants, aux enseignants ni aux autres parents. Une neutralité stricte s’impose. Selon un grand nombre de spécialistes le voile, serait une obsession française, c’est faux, même la Belgique fait mieux. Le voile est interdit par la ville de Bruxelles pendant les sorties scolaires depuis 2016 ! (2), mais la République française n’est pas capable d’en faire autant.

La proposition de loi visant à interdire le port de signes religieux aux parents accompagnant des sorties scolaires a été adoptée le mardi 29 octobre au Sénat par 163 voix contre 114. Les 23 sénateurs La REM comme un seul homme ont voté contre. C’est incompréhensible, cette PPL,  c’est le bon sens même. La REM perd un grand nombre de laïques sur cette position préjudiciable à la cohésion française, à l’esprit qui a prévalu à la révolution française, à l’édification d’une république laïque une et indivisible. La REM perd aussi les féministes et progressistes pour qui l’égalité F-H n’est pas qu’une ligne dans un projet électoral.

Il ne suffit pas de faire des discours et prétendre « lutter contre l’hydre islamique », il faut tout mettre en oeuvre pour y parvenir. Les autorités française pourront peut-être s’appuyer sur les représentants du culte musulman quand elles seront concrètement capables de protéger notre unité et cohésion républicaine au lieu de se dérober opportunément. Nous en sommes loin, trop loin.

Christine Le Doaré

(1) CFCM Conseil Français du Culte Musulman

(2) https://www.rtbf.be/info/regions/detail_a-bruxelles-les-mamans-voilees-ne-pourront-plus-encadrer-les-sorties-scolaires?id=9421162&fbclid=IwAR18h3IWwwnhhIj_IVQUwo0bE3-bm06VK8fFG-sO9vDKiw4iNEjyRuzhJpk

3. Voile et sorties scolaires, assez joué !

Voile et sorties scolaires, assez joué !

 

 

Voile et sorties scolaires, assez joué !

Disparition – artiste yéménite Bouchra Almutawakel

Tout d’abord, je trouve scandaleux que la question de l’accompagnement des sorties scolaires ne soit abordée que sous l’angle des accompagnatrices. Où sont les pères ? S’occuper de leurs enfants ne fait pas partie de leurs attributions ? Ils ne seraient donc jamais disponibles, n’ont pas de congés ni RTT à poser ? Ou la société française doit-elle valider une organisation sexiste de la famille qui serait propre à une communauté ?

Ensuite, pourquoi parle-t’on des mères accompagnatrices pour tout le monde mais des « mamans » voilées pour les musulmanes ? « maman » c’est plus touchant ? Si l’intention est de nous attendrir, il s’agit d’une manipulation.

Enfin, pourquoi ignore t’on l’avis de l’écrasante majorité des français.es qui selon un dernier sondage IFOP sont à 66 % favorables à l’interdiction du port ostentatoire de signes religieux ? Les personnalités comme Omar Sy, Christine Delphy et d’autres qui tentent d’influencer la politique française en matière de laïcité, à coups de tribunes victimaires : « Jusqu’où laisserons-nous passer la haine des musulmans ?» confondent à dessein la haine des musulmans avec la lutte contre l’islam politique.  De telles tribunes prônent un renoncement aux valeurs universelles républicaines face au religieux et au communautarisme. Quand on y pense, à quelques jours du carnage de la Préfecture de Paris, culpabiliser la société française avec une « haine des musulmans » purement fantasmée, est d’une extrême indécence.

 

Aucun gouvernement n’aura eu le courage d’imposer le respect de notre constitution avec un projet de loi. Le Conseil d’Etat avait rendu en 2013 une décision double : liberté de conscience des parents mais possibilité pour l’éducation nationale de leur demander de ne pas manifester une croyance religieuse. En 2019 les Républicains – déposent une proposition de loi pour interdire les signes religieux ostentatoires aux accompagnants d’élèves et personnes concourant au service public de l’éducation, lors des sorties scolaires.

Le fait déclencheur aura été l’intervention de l’élu RN Julien Odul qui s’était offusqué le 11 octobre, de la présence d’une femme voilée accompagnant une classe au Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. Il y a des manières de faire les choses et le RN n’est pas un parti républicain crédible, mais les partis politiques ont laissé le RN en roue libre face aux offensives de l’islam politique.

Le gouvernement et plus généralement LREM, sont divisés sur les questions du voile et de la laïcité ; sur la radicalisation et la lutte contre l’islam politique.  Le président de la République nous exhorte à une vigilance générale contre la radicalisation, mais ne propose aucun plan de lutte d’ensemble contre l’islamisme. Il est certes vital de s’assurer de notre sécurité, mais il est tout aussi crucial de protéger la société dans laquelle nous voulons vivre au quotidien. C’est à la puissance publique d’assurer notre sécurité mais aussi de garantir que notre société reste conforme aux principes  de notre république laïque et ne se dissolve pas dans des communautés juxtaposées. Le gouvernement doit se donner les moyens de mener une lutte idéologique globale  contre l’islam politique qui imprègne déjà toutes les sphères et tous les domaines de la société.

Mais quand un ministre comme Jean-Michel Blanquer tente de clarifier la situation et précise qu’il ne juge « pas souhaitable que des mères puissent être voilées à l’occasion de sorties scolaires », il est attaqué par Adrien Taché, député du même parti. Jean-Michel Blanquer exige une sanction à l’encontre de Taché, j’espère qu’il obtiendra gain de cause. Déclarer comme l’a fait Taché : « Julien Odoul récupère les mots de Jean-Michel Blanquer. « est inadmissible. C’est une véritable déclaration de guerre contre le ministre, contre la laïcité et même contre la possibilité pour l’état de lutter contre l’islam politique. Les A.Taché, F. Lazaar ou L. Avia partisans d’un statut quo qui sert de tremplin aux intégristes ne doivent pas être encouragés ; nous avons besoin du courage de J-M Blanquer, M. Schiappa et A. Berger. 

 

Comment se fait-il qu’un député, qui d’ailleurs vient du PS, ignore que la loi peut évoluer, ne serait-ce que pour répondre efficacement aux attaques de l’islam politique ? Lui est-il donc si difficile de comprendre qu’un.e accompagnateur/trice scolaire n’effectue pas une promenade en privé, avec sa progéniture, mais accompagne toute une classe, d’une école publique et laïque ? La laïcité est un cadre juridique et politique qui garantit à toutes les croyances ou absence de croyance de s’exprimer librement, mais pour vivre ensemble, l’état unit tous les citoyens de manière universelle, sans accorder de droit ni de privilège spécifique à une religion plutôt qu’à une autre. Les religions n’ont donc pas à se manifester, en aucune façon, dans le cadre de l’école publique, à l’intérieur comme à l’extérieur.

En outre, il ne faudrait pas oublier que le voile n’est pas un accessoire comme un autre. Le voile islamique (hijab), est devenu un véritable instrument de revendication identitaire. Marqueur de la pudeur des femmes qui se déroberaient ainsi à la concupiscence masculine, c’est en réalité l’affirmation d’un renoncement à toute évolution des rapports femmes-hommes, à fortiori à l’égalité. Par voie de conséquence, les musulmanes qui ne se voilent pas sont stigmatisées, considérées comme mauvaises. Porter le voile c’est consentir à l’infériorité des femmes, à un apartheid genré ; c’est consentir à son propre asservissement à l’autorité masculine et/ou religieuse patriarcales. La place du voile dans le Coran est très marginale, c’est un islam rigoriste et radical qui l’impose. Le voile est l’étendard de l’islam fondamentaliste qui oeuvre à le déployer partout. Banaliser le port du voile c’est donc faciliter le travail de l’islam politique. Accommoder le voile à toutes les modes et peu à peu le retrouver aussi porté par des fillettes. Une manière comme une autre de sexualiser les petites filles et de les conditionner à accepter leur infériorité et soumission aux hommes. Le voilement des fillettes devrait depuis des lustres préoccuper la protection de l’enfance et les professionnels de santé. Mais non, et plus le voile se généralise, plus il est facile de créer une légende, celle d’une France qui hait les musulmans puisqu’elle rejette les femmes voilées dans certaines situations ;  et c’est encore plus vendeur si au lieu de femmes, on parle de « mamans ». Une victimisation bien travaillée et qui vise à nous intimider, à compromettre la marche de notre société vers l’égalité femmes-hommes. Les personnalités du spectacle, universitaires et politiques qui tombent dans le panneau de l’islam politique ne font qu’enfermer plus encore les femmes de culture musulmane dans un communautarisme d’où il devient difficile de s’extraire. J’imagine ces idiots utiles de l’islam politique, dans les années 70, refusant aux féministes de s’affranchir du patriarcat religieux catholique qui s’arc-boutait contre la contraception et l’avortement, l’émancipation des femmes par le travail… A l’époque, qui aurait pu imaginer, qu’à gauche, émergeraient de tels complices du patriarcat religieux ? !

 

Le problème n’est pas de s’interroger sur la place à accorder à l’islam dans la société française mais plutôt de la place que ne doit pas prendre l’islam fondamentaliste. La religion catholique, nous l’avons plus ou moins mise à sa juste place, dans la consciences privée de ses adeptes, il est grand temps d’en faire de même avec l’islam. Et de toute urgence.

Christine Le Doaré

Non, les droits des musulmanes ne sont pas des Droits des Femmes ! Réponse à la Tribune la libre.be 2/8/18

IMG_7125Non, les droits des musulmanes ne sont pas des Droits des Femmes !

Réponse à la Tribune la libre.be 2/8/18

Selon un article paru jeudi 2 août dans la libre.be , « Les droits des musulmanes font partie des droits des femmes ». D’après ce texte, « l’interdiction de signes ou vêtements religieux dans l’emploi ou le secteur public constitue une discrimination ».

Ce texte n’a pas été écrit par hasard. Sous la pression d’un Collectif de musulmanes qui revendique « un modèle d’inclusion et de pluralisme européen », la Commission des droits de la femme et de l’égalité des genres du Parlement Européen (mais si, un jour viendra, elles et ils parleront de droits DES femmes et éviteront tout essentialisme) a débattu récemment de la place des femmes musulmanes en Europe.

Ce collectif considère que les restrictions relatives au port des vêtements religieux témoignent d’une suspicion généralisée envers les musulmans. Interpellant les états membres de l’UE, il affirme que le débat qui s’est tenu au sein du Parlement Européen sur la situation d’exclusion des musulmanes, constitue « un soutien à la solidarité féministe avec les femmes musulmanes qui commence à se manifester en Europe ».

Parmi les signataires nous retrouvons Rokhaya Diallo, Lila Charef du Collectif contre l’islamophobie en France, etc.

Je commence par noter que les groupes de pression sur les institutions nationales et européennes ne sont pas sans effet.

Pourtant la façon de faire n’est pas nouvelle : se victimiser « femmes musulmanes exclues » et détourner les référentiels droits humains, droits des femmes «  solidarité féministe « pour obtenir des privilèges spécifiques communautaires et religieux .

Pourtant le risque est grand de compromettre l’objectif d’égalité entre les femmes et les hommes dans chaque pays, comme au niveau européen ainsi que compromettre le principe de neutralité religieuse dans les secteurs privé et public.

Sur le « féminisme » revendiqué dans cet article, je note que la question des violences faites aux femmes est survolée, quasiment accessoire dans le texte ;  elle n’est que prétexte à promouvoir l’idée d’une islamophobie généralisée en Europe. Instrumentalisation des luttes féministes s’il en est !

Le port d’un signe distinctif ostentatoire tel que le voile islamique, hijab, abaya… est un marqueur sexiste puisqu’il ne concerne que les femmes. Il est sensé marqué la pudeur des femmes face à l’avidité sexuelle des hommes, et par voie de conséquence,  accuse les femmes qui ne se voilent pas d’impudeur. Etrange manière de lutter contre les stéréotypes sexuels et sexistes et d’avancer vers l’égalité femmes-hommes. Dans l’espace public, c’est déjà difficile de voir à quel point le nombre de femmes soumises à ce diktat communautaire et religieux patriarcal est en augmentation, mais dans le milieu de l’entreprise ou des services publics, ce serait catastrophique pour les droits et libertés des femmes. Ce marqueur et drapeau de l’islamisme est une entrave à l’émancipation des femmes et la marche vers l’égalité femmes-hommes, nous ne le dirons jamais assez. Les musulmanes ne se voilent pas toutes loin de là, celles qui le font affichent une revendication politique.

Sur « la place des femmes musulmanes en Europe », je pense utile de rappeler que les femmes musulmanes n’ont pas de droits spécifiques en tant que musulmane, pas plus que les catholiques, les juives, les boudhistes, …, elles ont des droits en tant que citoyenne d’un état membre de l’UE, et en France citoyenne d’une République laïque.

Elles ont donc le droit de pratiquer leur culte dans leur sphère privée et intime, culte qui ne doit en rien interférer avec la vie de la République, ses institutions, ses services.

Dans l’entreprise, imagine t’on des salariés organisés et divisés selon leur conviction religieuse ? A quoi veut-on aboutir exactement ici ? A favoriser le vivre ensemble ou à afficher le religieux avant le reste, à exacerber les communautarismes, à diviser les citoyens d’un pays de l’UE, à fragmenter une UE déjà fort fragilisée ?

Des signataires de cet article sont aussi celles qui se revendiquent soit du féminisme essentialiste, relativiste, racialiste, intersectionnel, « pro-sexe »/queer d’une Joan Scott ou d’une Christine Delphy par exemple, ou du « féminisme islamique », aussi celles qui signent les tribunes exigeant la libération de Tariq Ramadan…, étrange coalition, pas étonnant qu’elle ait si peu à voir avec le féminisme. Pour s’y retrouver dans le féminisme, ses « versions » et dérives : https://christineld75.wordpress.com/2016/10/07/combien-y-a-t-il-de-feminismes/

L’action d’un tel Collectif représente un danger pour nos démocraties nationales comme pour l’Union Européenne. Il serait temps d’en prendre pleinement conscience. C’est-à-dire pour les féministes occidentales refuser toute alliance avec cette imposture de « féminisme », et pour les parlements et gouvernements, ne pas se laisser aussi facilement influencer, manipuler, et à l’inverse consolider le socle toujours imparfait mais irremplaçable de valeurs d’égalité sur lequel se fondent nos démocraties.

Christine Le Doaré

#8mars2018 le sabotage de la manifestation féministe Parisienne

 Dans une manifestation féministe #8mars , un cortège BDS pro-palestinien/anti-israélien menace des féministes soutenant les Iraniennes en lutte contre le port du voile obligatoire. En ce qui me concerne, cet évènement constitue un point de non-retour.

Bien sûr, comme tout mouvement social qui se construit dans une confrontation constante, le mouvement des femmes est complexe, divers et divisé. Bien sûr, depuis le début de son histoire, les valeurs fondamentales du féminisme sont dévoyées, trahies par nombre de personnes et de groupes qui pratiquent un entrisme éhonté pour tenter d’en prendre le contrôle.

Des groupuscules identitaires ont infiltré quasiment tous les partis et mouvements sociaux à gauche et pas seulement ; le mouvement féministe pas plus que le mouvement LGBT, n’ont été épargné. Pour tout observateur aguerri des mouvements sociaux, ce n’est vraiment pas un scoop. Le plus grave étant qu’aucune formation politique ou sociale de gauche ne fait le ménage dans ses rangs, bien au contraire, complaisance et lâcheté se mêlent à l’acculturation, au simplisme et même à la bêtise et laissent le champ libre à un dangereux sectarisme. A tout prix ne pas disparaître, et s’il le faut construire des alliances, même les plus improbables. Ce qui s’est passé le #8mars2018 à Paris dans une manifestation prétendue « féministe unitaire » en est une parfaite illustration.

Déjà lors de manifestations du #8mars précédentes, il avait déjà fallu supporter les batailles entre factions en guerre (Kurdes/Turques…), et des cortèges intersectionnels #8marspourtoutes défendant le système prostitueur ou le voile, etc. Les syndicats CGT, SUD, l’extrême-gauche, les libertaires, les Verts et le PC, constituaient d’année en année, le plus gros du cortège, pendant que le cortège de femmes se réduisait à portion congrue, mais nous n’avions pas encore été agressées par un bataillon pro-Palestinien – boycott Israël (BDS) pour avoir porté des pancartes féministes de soutien à nos sœurs iraniennes qui se dévoilent au prix de leur liberté, quand ici, des identitaires endoctrinées font la promotion du voile, marqueur genré politico-religieux s’il en est !

La manifestation parisienne est partie en avance sur l’horaire, alors que nous le quittions, nous avons croisé des femmes tentant de le rattraper. Un cortège désorganisé, dépareillé, faisant encore une fois la part belle aux syndicats et groupes politiques, sûrement concernés par la lutte contre le système patriarcal, mais avant tout, par la critique du gouvernement, sans oublier quelques individus masqués « antisystème », comme il s’en trouve désormais dans quasiment toute manifestation parisienne. Bien entendu, il y avait encore quelques groupes féministes, et j’ai notamment croisé des délégations OLF, Zéro Macho, Encore Féministe, la GLFF, etc. Il y avait aussi un cortège #metoo, un cortège de militantes Kurdes, de militantes d’Efrin, de femmes Iraniennes en exil, mais je n’ai noté, (à part les nôtres), aucune pancarte de soutien aux Iraniennes, aux Syriennes, aux femmes Polonaises qui luttent contre l’interdiction de l’avortement.

Comment en ce #8mars2018 passer à côté des Iraniennes en lutte contre les interdits d’un régime qui leur impose tenues et conduites directement issues de la charia islamique ? Il faut croire que les « féministes » intersectionnelles, islamo-gauchistes, françaises (comme un peu partout en occident), toutes à leur communautarisme et leur sacro-sainte  liberté du voile islamique, ne peuvent supporter la vue des Iraniennes ôtant publiquement leur voile, ceci exigerait de leur part de réfléchir à la signification réelle de ce voile !

Nous étions un petit groupe de femmes, issues notamment des « Femmes sans voile » d’Aubervilliers, de la CLEF, de Regards de Femmes, La Ligue Internationale du Droit des Femmes et des Vigilantes à avoir préparé et à porter des pancartes affichant le logo de soutien aux femmes iraniennes en lutte contre le port du voile obligatoire. Regardant passer le cortège avant de rejoindre les quelques groupes féministes en tête, certaines d’entre nous ont été apostrophées, injuriées, menacées par plusieurs individu.e.s sortant de l’imposant cortège pro-Palestinien/anti-Israélien -BDS. L’une de nous a été bousculée, sa pancarte a été cassée. Que faisait ce cortège BDS dans une manifestation féministe ? Comment admettre qu’une manifestation féministe le 8 mars, Journée internationale de lutte pour les Droits des Femmes, n’affiche pas massivement son soutien aux femmes Iraniennes qui viennent de lancer un mouvement de libération pour s’affranchir du joug patriarcal politico-religieux islamiste ? Comment cautionner que des féministes, solidaires des Iraniennes ne puissent défiler en paix dans une manifestation féministe le 8 mars, pire, y soient menacées, bousculées, agressées ?

En ce qui me concerne, après plus de 35 ans de participation aux manifestations féministes du #8mars, j’y mets un point final. Le mouvement féministe est gangréné par les identitaires de tous poils, « féminisme musulman », racialistes, islamo-gauchistes ; tous les groupes et personnalités qui tolèrent voire encouragent cette confusion aussi malsaine que dangereuse sont responsables. Un travail de clarification et de refondation doit avoir lieu. En attendant, je pense qu’il est urgent de se concentrer sur l’essentiel, à savoir la solidarité avec les femmes qui, ici et ailleurs, se battent contre les discriminations et violences contre toutes les femmes, sans aucune considération identitaire, communautariste ni religieuse. Le féminisme est par définition laïque et universaliste ou il ne l’est pas, les identitaires et leurs ami.e.s viennent d’en faire la démonstration imparable.

Christine Le Doaré

 

 

 

Paris nord-est, le tram de l’angoisse

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Canal de l’Ourcq sortie Parc de la Villette vers Pantin

Ce dimanche après-midi-là, partie découvrir dans le prolongement du Parc de la Villette, le canal de l’Ourcq, direction Pantin et ses moulins restaurés,  je ne pensais pas en revenir aussi déprimée.

Oh la balade fut sympathique, berges piétonnières et jolis petits bateaux de location sur l’eau, le retour, en revanche, plus éprouvant.

Avant de prendre le tram du retour, direction Porte de Vincennes, je m’offre un petit arrêt dans la Cité des Sciences et de l’Industrie, quand soudain je tombe sur une petite famille, un père et ses enfants dont une fillette d’environ 9 ans, soigneusement voilée. Une enfant si jeune qui ne devrait avoir en tête que de s’amuser librement, dans ce musée ludique. Dépitée de constater une fois de plus, que si de plus en plus de femmes sont voilées, les fillettes n’échappent pas  non plus à cette mode politico-religieuse qui sur elles toutes, étend son voile d’invisibilité. Le voilement des fillettes est terriblement choquant, c’est un formatage idéologique qui les assigne à une obscure ségrégation sexuelle et sexiste. De plus en plus de fillettes sont ainsi marquées du sceau communautaire et religieux imposé par leur famille, c’est de la maltraitance, la République pourtant, ferme les yeux.

Attristée, je me dirige vers la station de tram Porte de la Villette où j’aperçois une autre fillette d’environ 7 ans cette fois, abandonnée sur le quai et prise en charge par la sécurité RATP. La petite fille semble être Rom ou Syrienne, oubliée sur un quai, pour quelles raisons, par quels « parents » ? Pauvre bout de chou aux grands yeux emprunts d’un insondable sérieux. La brigade RATP appelle la police qui la prendra en charge, la rame arrive, je la regarde une dernière fois.

Assise, préoccupée, j’observe attentivement les gens dans la rame, autant que les extérieurs que nous traversons sur le trajet de la Porte de la Villette jusqu’à la Porte de Vincennes. Un parcours dans Paris, même si à sa périphérie, que nos politique et décideurs publics,  ne doivent pas souvent emprunter. Avant la Porte des Lilas, des deux côtés, on aperçoit de temps à autres des HLM et des citées qui auraient bien besoin d’être rénovées, grises, sales, laidement taguées (pas franchement du street art !), affublées de balcons débarras.

Sur les trottoirs comme dans la rame, circule une population très majoritairement immigrée essentiellement d’origine africaine et maghrébine, difficile de parler de mixité sociale ; les garçons sont en bandes, les filles entre copines, il y a quelques pitbulls sans laisse ni muselière,  les tensions sont palpables. De nombreuses femmes âgées mais aussi de toutes jeunes filles-femmes sont voilées, certaines portent abaya, niqab, d’autres des vêtements traditionnels ; les personnes des deux sexes semblent se soumettre à des règles communautaires où la domination masculine règne en maître.

Abattue, j’ai envie de quitter la rame avant mon arrêt. J’ai beau ne rien ignorer de cette situation, ce dimanche de fin juillet, l’accumulation m’oppresse. Comment a-t-on pu en arriver là ? Un tel retour arrière, aussi phénoménal et à si grande échelle ? 

Le dernier centre de dé-radicalisation a fermé, à quoi servirait d’en ouvrir de nouveaux ? Dans toutes les villes et pas seulement quelques banlieues, des zones entières de territoire républicain sont plus ou moins livrées à elles-mêmes et ne ressemblent plus guère aux villes françaises que nous connaissions encore il y a peu. Bien sûr même dans ces zones, des personnes résistent, mais les lois de la République et  le « vivre ensemble » cèdent la place à des modes de vie communautaires ; la délinquance et la violence prospèrent, s’imposent aux habitants qui les subissent. S’agit-il encore de vivre en France parce que l’on a choisi de connaître et participer à la vie de ce pays ou de s’enfermer dans une attitude de rejet systématique et même de haine ? Ces enfermements communautaires sont une chance pour ceux qui ont une stratégie politico-religieuse dont ils se cachent à peine. 

Les politiques d’urbanisme, de logement social,  ont contribué à installer peu à peu cette situation.  Le clientélisme politique a dangereusement enfoncé le clou alors L’islam politique a la tâche facile et je ne vois pas comment nous pourrions maintenant en sortir, à moins d’une sérieuse prise de conscience et d’une action politique volontariste, intensivement soutenue.

Les pouvoirs publics ont-il seulement réalisé l’ampleur des dégâts ? Qui, quand, comment seraient mises en oeuvre des actions capables de redresser la barre et nous éviter les terribles écueils sur lesquels nous ne manquerons pas de nous échouer ? La lucidité, rien de plus déprimant.

Christine Le Doaré

 

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Le hasard faisant hélas dans ce cas, bien les choses, 48 heures après avoir posté ce texte sur mon blog, je prends le métro vers 17h20 sur la ligne 8 et je tombe pile nez à nez avec un groupe d’enfants en centre aéré. Dans le groupe d’enfants qui s’amuse, une fillette voilée. Mais bien sûr il ne s’agit une fois de plus, que d’une hallucination visuelle islamophobe ! Quand le déni confine à la collaboration, les déni-oui-oui, deviennent complices d’un système d’oppression.

Combien y a-t-il de féminismes ?

img_6122N’en déplaise aux modes médiatiques, aux révisionnistes et aux imposteurs, il y a toujours eu plusieurs versions du mouvement social qu’est le féminisme.

En résumé, en France, dès les années 60/70, ont coexisté trois principaux courants : réformiste, révolutionnaire puis socialiste et enfin radical ; sans oublier quelques théories critiques plus marginales. Ces courants, encore aujourd’hui, partagent l’idée que dans nos sociétés patriarcales, les femmes ne doivent plus être subordonnées au pouvoir masculin. Le système patriarcal organise l’appropriation et le contrôle des femmes et de leur corps pour maitriser la reproduction, la sexualité, l’organisation sociale de la famille et de nos sociétés.

Le féminisme, structurellement, fondamentalement, c’est donc avant tout, la reconnaissance d’une subordination des femmes en tant que groupe/classe des femmes (la moitié de l’humanité) à l’autre groupe/classe des hommes, et les moyens de l’abolir.

Les causes et solutions varient mais des objectifs sont communs : déconstruire pour les dépasser les rapports sociaux de sexe, et ainsi parvenir à l’égalité dans le respect des différences, proposer une société avec des relations humaines libres des rapports de domination.
Certes,

– le féminisme réformiste égalitariste s’intéresse surtout au sexisme dans l’éducation et la culture ;

– le féminisme révolutionnaire accuse lui, le capitalisme d’être responsable de l’oppression des femmes, arguant que seules les luttes de classes en viendront à bout ;

– le féminisme socialiste tente d’articuler les oppressions des systèmes capitaliste et patriarcal ;

– le féminisme radical opère une rupture majeure avec les deux autres courants en affirmant que l’oppression des femmes est première et transverse à toutes les autres oppressions qu’elles soient de classe ou de « race », et que l’ennemi à combattre c’est le patriarcat : pouvoir exercé par la classe sexuelle des hommes sur celle des femmes ;

– la critique de l’hétérosexualité conduit les lesbiennes radicales à promouvoir le séparatisme, puis à s’inscrire au sein des rapports sociaux de sexe ;

– l’afro féminisme élargit la lutte contre le patriarcat à celle contre le racisme, et ce faisant ouvre une brèche dans le socle commun des luttes contre la domination masculine, s’intéressant aux différences entre femmes, les « blanches » et les autres ;

néanmoins, ces courants, imprégnés au fil des années et à différents degrés de féminisme radical et universaliste, s’accordent au moins sur l’exigence de disposer librement de son corps dans la sexualité et la reproduction notamment, et de lutter contre les violences faites aux femmes.

Un des principaux clivages entre ces courants, nait dans les années 70, de l’influence de la psychanalyse qui met en avant les différences spécifiques communes aux femmes (biologiques et psychologiques), et à laquelle s’opposent les féministes matérialistes radicales (combinaison du féminisme socialiste et du féminisme radical) qui elles, combattent le système hiérarchique d’organisation sociale des sexes/genres féminin et masculin.

A partir des années 90 avec les théories post-modernes des universitaires américaines, apparaissent d’autres clivages qui visent à abolir les genres féminin/masculin tels que nous les connaissons, et qui d’une certaine façon, disqualifient les luttes féministes qui n’auraient plus les mêmes raisons d’être. Le mouvement Queer et le « féminisme » dit « pro-sexe » s’en inspirent allant jusqu’à imposer une vision de féminisme qui n’appartient qu’à eux, parfois avec violence à l’égard des féministes radicales. Ce mouvement qui s’éloigne des fondamentaux du féminisme, ouvre une autre brèche.

On le voit, il y a toujours eu plusieurs versions du féminisme, mais la constante à minima pour qu’un courant puisse se revendiquer du féminisme, c’est qu’il se développe à partir du noyau commun, des fondamentaux initiaux, en l’occurrence : la lutte contre des rapports sociaux de sexe préjudiciables aux femmes, lutte qui passe à minima par la revendication d’une autonomie et maitrise totale par les femmes, de leur vie (couple, famille, éducation, emploi…), de leur corps (sexualité, reproduction, …).

Depuis les années 2000 a émergé un « féminisme » relativiste qui a pour particularité de réduire les femmes à une identité culturelle, religieuse, régionale, etc. et d’aménager l’oppression.

Ce « féminisme » n’est pas apparu spontanément mais dans la foulée de la montée des religions et de l’influence grandissante de pays tel que l’Iran qui a financé des groupes antiféministes (contre l’avortement…) au sein des institutions internationales. Ces pays se sont attaqués, à l’ONU notamment, à l’universalité des droits des femmes, faisant valoir des spécificités régionales. Le relativisme culturel a engendré des « féminismes » identitaire, communautaire, essentialiste, « racialiste » qui séparent les femmes les unes des autres au profit d’autres luttes que celles contre le patriarcat, également au profit d’idéologies politico-religieuses.

Qu’il s’appelle identitaire, dé-colonial, musulman, islamique ou que sais-je demain, ce « féminisme » relativiste s’oppose au féminisme universaliste qui lui, continue de revendiquer partout dans le monde, l’émancipation des femmes et des minorités sexuelles, liées dans le monde entier et ce quelles que soient leur origine, couleur de peau, culture ou religion, par un socle commun de discriminations et de violences patriarcales.

Il faut le dire très clairement, ce « féminisme » relativiste fait fi du noyau fondateur, il tente de s’imposer partout et d’étouffer les voix des féministes universalistes des pays arabes et/ou à dominante musulmane, qui elles, tentent de s’affranchir de tous les diktats politico-religieux qui s’imposent à elles, voile en tête.

La sociologue et écrivaine iranienne Chahla Chafiq a dit «En désignant la liberté sexuelle comme le point crucial de la culture occidentale, l’islamisme identifie les droits des femmes et des homosexuels comme les pires fléaux d’une occidentalisation qui détruirait l’identité islamique.»
Le « féminisme » relativiste n’est pas seulement un dévoiement du féminisme radical universaliste, c’est un contre-féminisme.

Toutes les cultures ou presque (les cultures matriarcales sont ultra marginales), toutes les religions sont patriarcales ; les religions ont même de tous temps été l’un des instruments les plus répressifs du système patriarcal.

Renvoyer les femmes à leur communauté, leur culture, leurs traditions, leur religion, le plus souvent empreintes d’un sexisme séculaire, les séparer des autres femmes, ne pourra jamais les émanciper mais retarde considérablement l’avancée de toutes les femmes.

Celles qui acceptent les règles qui scellent un apartheid genré, trouvent dans les coutumes, traditions, religions des justifications pour limiter l’autodétermination des femmes, ne peuvent en aucun cas se revendiquer du féminisme.

Les oppressions se surajoutent, être femme, noire, et pauvre par exemple, est plus compliqué qu’être homme ou même femme, blanche et riche ; le racisme et la xénophobie, tout comme l’antisémitisme et tous les autres préjugés doivent être fortement combattus, mais le repli identitaire et communautaire, le renvoi des femmes à leur groupe d’origine ont peu de chance de les affranchir du machisme qui depuis toujours, traverse toutes les classes, toutes les origines.

Il n’existe pas plus de « féminisme » musulman que chrétien ou juif car il n’y a pas d’aménagement possible de l’oppression. C’était déjà vrai dans les années 70/80 quand les féministes occidentales se battaient contre tous les interdits et ça l’est toujours aujourd’hui. C’est tout simplement indécent, aberrant, d’affubler de tels qualificatifs, le combat féministe.

Quant au « féminisme » dé-colonial qui noie les revendications des femmes dans les agendas masculins, solidarise les femmes avec la classe des hommes, avec « leurs » hommes, je me demande bien en quoi il est féministe ? Il le torpille plutôt. *1.

En outre, le colonialisme date, l’histoire de l’humanité n’est de toute façon faite que de luttes de domination et de pouvoir, nombre de pays décolonisés n’ont rien à envier dans l’horreur aux colonisateurs et le machisme n’a jamais eu besoin de l’occident ni des colonisateurs pour exister. *2.

Prétendre que seule l’expérience autorise à parler d’une discrimination est réducteur, cela signifierait par exemple, qu’il est impossible de comprendre et s’engager dans un combat contre l’homophobie si on n’est pas homosexuel-le soit même. Segmenter, diviser jusqu’à plus soif le corps social, il faut se demander au profit de qui ?

Les féministes ont besoin de travailler ensemble, d’apprendre les unes des autres pour parvenir à se libérer ensemble des systèmes d’oppression et de leur ennemi principal commun : le système patriarcal. Tout ce qui les divise sert le système patriarcal.

L’affaire du burkini est à ce point exemplaire : les « féministes » qui défendent la déferlante de vêtements islamiques destinés aux seules femmes, adhèrent de facto à l’idée essentialiste qu’il existerait des caractères, féminin peu enclin à la réserve, à la pudeur, et masculin concupiscent ; par conséquent, les femmes devraient se cacher et s’enfermer dans ces tenues. Injonction à la pudeur ségrégationniste et sexiste, marquage des femmes par l’islam politique ; en cédant, les femmes qui se voilent et leurs soutiens s’engagent dans une action prosélyte qui n’est pas sans conséquence pour les autres femmes.

Nous sommes donc à des années lumières du féminisme, mouvement social de libération DES femmes.

Dans les années 70/82, il ne serait venu à l’idée de personne d’associer des tenues imposées par des religieux avec le féminisme.

S’il n’y a pas qu’un féminisme, certains « féminismes » ne sont que des impostures : le féminisme ne s’adapte pas aux règles posées par l’oppresseur, il les renverse. L’idéologie islamo-gauchiste a perverti la pensée intellectuelle en substituant à la lutte contre le racisme, celle contre l’islamophobie ; politiques, universitaires, médias rivalisent désormais de soumission, par effet de mode et peut-être aussi parce que ce « féminisme » identitaire ne risque en rien de renverser le système patriarcal.

Cet antiféminisme essentialiste, différentialiste est tout aussi dangereux que celui des réactionnaires, masculinistes, etc., il n’a pas sa place dans un pays laïc qui a mis au cœur de son projet de société, l’égalité femmes-hommes.

Je n’oublie pas que les féministes occidentales ont chèrement acquis des droits et libertés, que la domination masculine et ses violences sévissent toujours, que l’égalité est loin d’être achevée. Ces impostures nous ramènent en arrière.

Je n’accepte pas que le féminisme soit vidé de son sens fondateur, récupéré, dévoyé, ridiculisé par des gens qui ne connaissent rien au sujet.

Je n’accepte pas la récupération politique du féminisme par les identitaires de tous bords, de l’extrême gauche à l’extrême droite.

Pour un féminisme radical, universaliste et laïc, debout et jusqu’au bout.

 

Christine Le Doaré

*1. Houria Bouteldja du PIR (Parti des Indigènes de la République) « Mon corps ne m’appartient pas… J’appartiens à ma famille, à mon clan, à mon quartier, à ma race, à l’islam ».
*2. Un des derniers esclavages fut aussi l’un des plus barbares : il a fait la fortune de Zanzibar où les africains étaient esclavagisés par les arabes.

Podcast RFI « Un ou des féminisme »

interesectionnalitePodcast Radio France International : 20 minutes

Pour écouter le « Débat du jour » de RFI, auquel je participais pour représenter les VigilantEs :

http://www.rfi.fr/emission/20160929-feminisme-feminismes?ns_campaign=reseaux_sociaux&ns_source=twitter&ns_mchannel=social&ns_linkname=emission&aef_campaign_ref=partage_user&aef_campaign_date=2016-09-29

« La polémique sur le burkini a occupé l’espace médiatique tout le mois d’août. Outre la question de l’interdiction de ce maillot de bain intégral, de la médiatisation du phénomène, la polémique a aussi posé la question de la place de la femme dans l’espace public. Comme le voile, le maillot de bain intégral a donc poussé des militantes des droits de la femme à se questionner, se positionner, et toutes n’ont pas eu la même réponse. »

 

« Pour en débattre

– Chahla Chafiq, écrivaine et sociologue iranienne – Dernier ouvrage, «Demande au miroir», Éditions L’Âge d’Homme, 2015

– Christine Le Doaré, féministe, juriste et blogueuse – Co-fondatrice du réseau féministe et laïque « Les vigilantes »

– Hanane Karimi, féministe musulmane, doctorante en Sciences sociales à l’Université de Strasbourg. »

 

Christine Delphy, la supercherie

eGZjcWl0MTI=_o_linvit-prsente-christine-delphyChristine Delphy, sociologue française, a fait paraître dans The Guardian, le 20 juillet dernier un article intitulé : « French Feminists are failing Muslim women by supporting racist French Laws ».

 

Utiliser un support anglophone pour balancer sur le mouvement féministe français n’est vraiment pas fair-play ! La thèse développée par Mme Delphy, en France, nous la connaissons bien, elle peut se résumer en une phrase : le féminisme français au prétexte d’être universel et laïc, stigmatiserait les femmes musulmanes pourtant contraintes de se voiler afin de résister à un état français islamophobe.

Aussi, selon elle, le féminisme français devrait-il s’adapter aux spécificités culturelles et religieuses musulmanes pour échapper à l’accusation d’islamophobie.

Allons bon, ceci signifie-t-il que l’interdit de la contraception et de l’avortement, la virginité, le mariage religieux, la mise sous tutelle, le camouflage des corps impurs, la polygamie, le mariage précoce, le mariage forcé, la répudiation, l’excision, les crimes d’honneur, l’interdiction de l’homosexualité, et j’en passe, toutes ces charmantes coutumes culturelles et /ou religieuses, genrées et misogynes, devraient être évaluées, considérées et tolérées par le féminisme français ?

Non, ne dramatisons pas, les traditions culturelles, chrétiennes, bouddhistes, hindouistes, judaïques, etc., ne sont pas concernées, il faut trier et seules les traditions culturelles islamiques sont à considérer.

Pourquoi ? Parce que les seuls opprimé-e-s en France sont de culture / religion islamique et qu’il n’est pas choquant, sauf d’un point de vue occidental, que  les femmes de ce groupe soient assignées au respect des règles culturelles et religieuses de leur identité de naissance !

 

Pourquoi faire de telles concessions au culturel alors que selon moi, le féminisme consiste notamment à remettre en question la place et les rôles impartis aux femmes et aux hommes ( les stéréotypes de genre ) et promouvoir un modèle de société sans rapport de domination  ?

Otez-moi d’un doute, dans les années 70’s, de quoi donc se libéraient Mme Delphy et avec elle, tout le MLF si ce n’est justement de notre culture patriarcale ? Que criait-on dans les manifestations à l’époque ? Libération des femmes de toutes les traditions, coutumes et habitudes qui nous enfermaient dans les contraintes et violences de la domination masculine judéo-chrétienne !

Ainsi, Mme Delphy qui parle au nom d’une communauté à laquelle elle n’appartient pas, décide que ce qui fut vital pour elle, pour nous, serait mauvais pour les femmes musulmanes qui elles, n’auraient besoin pour s’émanciper que d’aménager leurs  spécificités culturelles et religieuses.

S’être libérée mais  empêcher d’autres femmes de le faire.  A peine condescendant !

 

Le système patriarcal en rêvait, Mme Delphy le lui offre ! Mme Delphy et ses ami-e-s du PIR (Parti des Indigènes de la République), des Indivisibles, Tariq Ramadan et les autres (d’une certaine gauche radicale, etc.), demandent aux femmes de rester à la place qui leur a été assignée par leur culture d’origine.

Le relativisme culturel permet de justifier l’oppression des femmes au nom de la culture, alors si en plus, c’est la culture de l’opprimé-e-,  toute critique est interdite sous peine d’accusation de racisme.

Le féminisme universaliste constitue une grave menace : vous imaginez la moitié de l’humanité consciente de la domination masculine universelle, toutes solidaires dans nos luttes, rejetant les discriminations et violences de genre et valorisant d’autres rapports sociaux et politiques, et dans tous les domaines ?

Bien trop risqué ! Il faut à tout prix nous diviser et récupérer nos luttes et nos énergies. Le pire, c’est que ça fonctionne, alors qu’il ne viendrait à aucun autre mouvement social l’idée de défendre des théories qui pour finir, se retourneraient contre ses membres ! Il ne faut pas se demander pourquoi l’oppression des femmes n’en finit pas !

C’est indéniable, Mme Delphy fut jadis féministe, mais dans un contexte mondialisé de retour en force des religions, elle a fait le choix du relativisme culturel, allant jusqu’à s’allier aux groupes de pression racialistes, essentialistes et différentialistes, aux relents racistes.

 

Le mouvement des femmes, qui sait que le féminisme est antinomique avec toute forme de domination de sexe, classe et « race », n’a jamais attendu une intellectuelle égarée, pour s’intéresser à la question, nouer des liens de solidarité avec les femmes du monde entier qui elles, s’organisent pour résister au machisme et au totalitarisme (La Marche mondiale des Femmes, par exemple).

C’est une chose de dire qu’il n’y a pas suffisamment de femmes « racisées » dans le mouvement des femmes, c’est tout autre chose de prétendre le mouvement féministe, raciste !

Le plus grave dans tout ceci, c’est le mépris affiché par Mme Delphy et les relativistes envers les femmes en lutte pour leurs droits et libertés, et souvent au péril de leur vie, dans les pays de culture musulmane.

Quand les intégristes quittent leur pays,  elles se libèrent de leur voile stigmate sexiste d’impureté féminine,   mais chez nous, Mme Delphy les trahit !

Les féministes universalistes sont solidaires des féministes de culture musulmane qui refusent les diktats culturels et religieux sexistes. « Celles qui portent un voile en vivant dans le monde occidental contribuent à asservir les femmes pour lesquelles le voile est une contrainte ailleurs dans le monde. » Mona Eltahawy

 

En France, la défense de religion musulmane, présentée comme la lutte contre l’islamophobie, s’est substituée à la lutte contre le racisme, contre toutes les formes de racisme.

Critiquer l’islam, refuser les  contraintes et violences genrées qu’elle impose aux femmes, n’est pas être islamophobe, mais féministe et progressiste. De la même manière, l’est la critique de toutes les religions.

Quand une féministe condamne les femmes de culture musulmane à devoir revendiquer une identité religieuse,  communautaire, alors que les féministes occidentales se sont elles, révoltées contre les contraintes culturelles, sociales, religieuses, familiales, qui les étouffaient, elle tourne irrémédiablement le dos au mouvement de libération des femmes. C’est logique de la part des islamistes de prétendre le féminisme occidental raciste, ils gagnent du temps en nous séparant de « leurs » femmes, en revanche, les femmes qui s’en font les complices perdent toute légitimité à s’exprimer au nom du mouvement de libération des femmes.

Le féminisme est universel car l’oppression des femmes et nos solidarités n’ont pas de frontières ; le reste n’est qu’imposture.

 

Christine Le Doaré

 

 

 

Islamo-gauchistes, prenez-nous pour des cruches !

fanatiques_cabuLes masques tombent  et ça fait peur.

Il a longtemps été mal vu de qualifier d’islamo-gauchiste cette gauche qui se pique de vouloir libérer l’humanité en hiérarchisant les discriminations, en substituant l’islamophobie à la lutte contre le racisme, en rejetant toute critique de l’islamisme. Elle se prétend féministe, mais justifie l’oppression des femmes par le relativisme culturel.

A peine 3 mois après les attentats qui ont ensanglanté  la France,  les islamo-gauchistes multiplient les provocations et abîment la mémoire et les luttes de la gauche et du mouvement des femmes.

Les islamo-gauchistes sont des politiques qui à gauche sont complaisants avec des militants de l’islam politique et n’hésitent pas à nouer de dangereuses alliances. Ils estiment que les musulmans sont le nouveau prolétariat et donc un électorat à séduire. Les islamo-gauchistes, aussi intersectionnels et anticolonialistes attribuent donc une place à part à la religion et aux coutumes des populations musulmanes, victimes de l’état colonial français peu importe leur statut social. Et tant pis si cette religion opprime les femmes et méprise les personnes homosexuelles.

Un grand nombre de personnalités en vue dans les milieux politiques, universitaires, aussi dans les médias, comme Edwy Plenel, Tariq Ramadan, Rokhaya Diallo, Pierre Tévanian, Christine Delphy, Houria Bouteldja, Eric Fassin, Clémentine Autain, Gaiss Jasser et tant d’autres, aussi au NPA, au MRAP, au PCF, chez les Verts, dans certains groupes LGBT, au STRASS, etc., tiennent des propos et développent des stratégies qui relèvent de l’islamo-gauchisme.

Certains ont participé au  «meeting contre l’islamophobie et le climat de guerre sécuritaire » aux côtés du Parti des Indigènes de la République (PIR),  de l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF), d’Oumma.com, des Indivisibles, etc.

Le PIR crée en 2005 se définissait à ses débuts comme un mouvement antiraciste, c’était de bonne augure ; seulement voilà, au lieu de se consacrer à la lutte contre le racisme, il s’est enfermé dans une haine de l’occident, un anti-colonialisme revanchard, défendant l’islamisme, parlant de « philosémitisme d’état » et allant jusqu’à soutenir sans réserve, le Hezbollah et le Hamas. La réactionnaire UOIF est  farouchement opposée à l’avortement et au mariage pour tous.

Remarquez bien que ça n’a pas gêné les Jeunes communistes, le NPA, la Fondation Copernic, le PCF et tant d’autres, de figurer dans la liste des signataires de l’Appel au meeting ; certains comme EELV ont longuement tergiversé, finissant par retirer leur signature.

imagesOn est en droit de se demander où est passé le bon sens politique de cette gauche et de ces « féministes » bernées par les sirènes intersectionnelles, essentialistes et différentialistes.

Athées, mais assumant un paternalisme condescendant en associant aux femmes musulmanes des  pratiques religieuses sexistes et aliénantes ! En revanche, il est de bon ton de s’attaquer aux religions des « dominants » en oubliant opportunément que la communauté religieuse la plus persécutée aujourd’hui dans le monde, ce sont les chrétiens ! Hurlant pour les droits des Palestiniens, ignorant ceux des Syriens.

La colonisation a fait des ravages, mais toutes les sociétés patriarcales humaines ont une histoire conquérante d’invasions successives, de domination, d’exploitation et de violences. Beaucoup ont pratiqué l’esclavage, et les musulmans en premier. Mahomet a autorisé tout homme musulman à coucher avec ses esclaves, sans avoir à subvenir aux besoins des enfants nés de ces rapports (le plus souvent des viols).

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Comment expliquer l’aveuglement des LGBT islamo-gauchistes qui feignent d’ignorer l’homophobie des Stella Magliani-Belkacem et Félix Boggio Ewanjé-Epée coordinateurs du « Nous sommes les Indigènes de la République » et qui revendiquent  « Dénoncer la tentative de faire de l’homosexualité une identité universelle qui serait partagée par tous les peuples et toutes les populations » et qui ont accusé Fadela Amara d’avoir appelé à l’émergence « d’un mouvement gay dans les quartiers » ?!

Houria Boutelja du PIR parle « d’homosexualité imposée » et « d’impérialisme gay » et n’hésite pas à affirmer que « le mode de vie homosexuel n’existe pas dans les quartiers populaires». Pour Youssef Al-Qaradawi de l’UOIF,  l’homosexualité est une « une dépravation de la virilité et un crime contre les droits de la féminité ». Il pense aussi que tuer les homosexuels n’est « qu’un moyen pour épurer la société islamique de ces êtres nocifs qui ne conduisent qu’à la perte de l’humanité ».

quenelles manifpourtousphoto prise lors de la dernière Manifpourtous Paris (collusion des totalitarismes religieux).

Cette manière de revisiter jusqu’à la nausée les responsabilités de l’état colonial français, de favoriser des replis communautaristes et religieux, de fragiliser la laïcité, n’aident en rien à régler les problèmes.

Que la politique des banlieues soit un échec est une évidence, en revanche, vouloir nous faire croire qu’il y aurait aujourd’hui en France, des discriminations organisées par une République d’ordre colonial et raciste est un grotesque mensonge. Idéaliser les pays d’origine aussi.

Les islamo-gauchistes font la promotion du terme  »islamophobie » pour interdire toute critique de l’islam politique (salafistes, frères musulmans). Pourtant, c’est un droit fondamental dans une démocratie, de rejeter et critiquer toute doctrine, tout dogme religieux ou politique.

D’un côté le PIR et autres islamo-gauchistes, de l’autre le  Bloc identitaire d’extrême droite, morbide tenaille identitaire.

ob_2db35e_10351821-10152640238464074-23160325570 Photo prise lors des manifestations pro-Palestine de l’été 2014 à Paris Place de la République

Le pire encore en tant que féministe, c’est d’être confrontée  à des militants qui se disent de gauche et féministes et qui en guise de féminisme cautionnent un féminisme complaisant envers les injonctions sexistes de l’islam politique. Nombre de « féministes » intersectionnelles que je qualifierais d’islamo-gauchistes vantent les bienfaits du voile, hijab ou niqab alors que des femmes sont harcelées et emprisonnées pour ne pas le porter ailleurs, en Iran, au Qatar, en Arabie Saoudite …

Le féminisme ne s’accommode jamais à la sauce de l’oppresseur ! Il n’a jamais cautionné le mariage des adolescents, le mariage forcé, le port du voile, hijab ou niqab,  les certificats de virginité, … qui ne s’imposent qu’aux femmes dans le but de les contrôler et de les réserver à un « propriétaire ». Ces islamo-gauchistes valorisent les collectifs 8marspourtoutes, les groupes de femmes voilées, comme celui des mamans de Christine Delphy mais ignorent le Collectif des Femmes sans voile d’Aubervilliers qui résiste aux injonctions du Conseil du Culte musulman : « Le voile est une prescription qui recommande au Prophète de « dire à ses femmes, à ses filles et aux femmes des croyants » (Coran 33-59), de l’arborer pour la réserve qu’il leur impose ». Lecture littéraliste et patriarcale s’il en est. Si les femmes d’origine maghrébine du collectif d’Aubervilliers contestent le voile, ce n’est certainement pas par racisme, mais parce qu’il marque une inégalités entre les femmes et les hommes, dans l’espace public. Selon elles, il est un instrument de domination et de restriction de liberté : « Exigé dans les pays les plus conservateurs, il est toujours le premier acte d’autorité des djihadistes dans les villages conquis (Irak, Syrie, Mali, Nigeria…), que les femmes soient musulmanes ou non. Il est devenu leur étendard de par le monde. Il s’accompagne de la suppression de toute liberté pour les femmes. »

Le féminisme vise à l’anéantissement du système patriarcal pour émanciper les femmes et par là-même toute l’Humanité, pas à son aménagement pour satisfaire un pouvoir politico-religieux. Le mouvement de libération des femmes est universel et laïque, il noue des solidarités entre les femmes du monde entier qui subissent les discriminations et violences identiques de la domination masculine.

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Le concept de « féminisme blanc » est une imposture d’autant plus révoltante que l’intersectionnalité des luttes à la sauce islamo-gauchiste ne sert qu’à noyer les revendications, droits et libertés des femmes dans d’autres agendas politiques.

A l’évidence, renvoyer la laïcité et les religions à la sphère strictement privée est la meilleure garantie pour les femmes de parvenir à l’égalité. Pourtant les islamo-gauchistes nous expliqueront bientôt que la religion des « opprimé-e-s » est progressiste, que la prostitution c’est très bien pour certaines femmes mais que d’ autres doivent être voilées, et que le féminisme « occidental » est plus dangereux pour les femmes racisées que les violences de la domination masculine !

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Christine Le Doaré

Le hijab, et nous, les femmes

imageLa délicatesse est à Mme Morano, ce que le hijab est à la liberté

Nadine Morano et la délicatesse sont de parfaits antonymes mais, il faut tout de même le dire, si le hijab était un signe de liberté, les hommes en seraient tous affublés.

Depuis cette nouvelle sortie tonitruante de Nadine Morano de son lieu de villégiature, tout le monde s’en mêle, les médias comme d’habitude font leurs choux gras de l’insignifiant et les politiques présents à Paris se bousculent devant les micros.

A vrai dire, cette polémique à la française est parfaitement ridicule.

Tout d’abord, Mme Morano ne nous a jamais habitué-e-s à la subtilité, elle s’attaque à une femme dont elle ne connaît rien et l’instrumentalise en la mettant en photo sur son blog.

Je veux bien croire qu’elle a été choquée par le manque de liberté de cette femme qui contrairement à son mari, ne s’est pas baignée, mais il y a bien d’autres façons de traiter de cette question.

Les journalistes comme les médias reprochent à Mme Morano de s’être ainsi emportée, d’avoir fait preuve d’intolérance, de confondre laïcité et racisme et rappellent à l’envie ce que chacun-e sait pertinemment, à savoir : la laïcité ne consiste pas à entraver la liberté de culte.

En revanche, personne ne se précipite pour rappeler que l’oppression des femmes a de multiples visages et que les obligations religieuses imposées aux femmes, ne sont le plus souvent que le fruit de l’imagination et de la volonté des hommes, férus de soumettre les femmes à leur contrôle.

Effacer les femmes de l’espace public en les affublant d’oripeaux qui ressemblent à de sinistres linceuls, dans le but de les dissimuler à la vue de ceux qui ne savent pas se contrôler ou encore, parce qu’ils les considèrent impures, tout ceci relève bien de la violence machiste.

Invisibiliser les femmes et les condamner à n’être que la propriété privée d’un homme, le mari, (le père ou le frère en attendant) en prétextant que telle est la volonté de Dieu, relève bien d’une violence psychologique patriarcale.

Car enfin, dans TOUTES les religions, le voile/hijab révèle essentiellement, une haine des femmes.

Le voile, est bien le drapeau insidieux d’un apartheid de genre, puisque seules les femmes et de rares dignitaires islamistes, (comme en Iran), le portent.

Comme le dit si bien l’écrivain algérien Mohamed Kacimi, « Le voile est un symbole de 3 000 ans de machisme religieux ».

En effet, l’auteur nous rappelle que le voile devient une obligation théologique avec la chrétienté et que c’est Saint Paul le premier qui impose le voile aux femmes.

Le voile est utilisé par l’église « comme un instrument de ségrégation qui fait de la femme un être inférieur, non seulement vis-à-vis de l’homme, mais aussi de Dieu ».

Dans le Coran, il est fait référence à une étoffe recouvrant le corps et plus précisément la poitrine, mais nullement de hijab recouvrant les cheveux et encore moins le visage.

C’est la révolution iranienne de 1979 qui généralise le voile, le hijab « innovation sortie tout droit de la tête des tailleurs islamistes, a supplanté le haïk traditionnel, un carré de tissu blanc. »

L’auteur nous explique que la différence fondamentale entre les 3 religions monothéistes est que l’Islam est « venue au monde comme religion d’état et une religion de conquête qui n’a pas souvent été minoritaire et qui n’a pas été un exemple de tolérance ».

Selon lui, « le hijab est l’effacement et l’abolition virtuels des femmes… Toute fille pubère est donc perçue comme honteuse. Elle est éduquée pour se percevoir, depuis l’âge de 8 ans, comme un objet sexuel potentiel qui doit être dérobé aux yeux de la foule concupiscente. Derrière chaque voile, il y a trois mille ans de haine envers la femme qui nous regarde. » http://m.slateafrique.com/97015/linvention-du-voile-religion-machisme

Par quel raisonnement, tant de gens en France, en arrivent à confondre des notions telles que : la tolérance, le racisme et l’oppression des femmes ?

Ceux qui pensent qu’il faudrait faire preuve de plus de tolérance, revendiquent-ils une tolérance envers l’oppression machiste ?

Ceux qui accusent de racisme les personnes qui s’inquiètent de l’accroissement constant dans l’espace public, du port d’un symbole non pas religieux mais machiste, sont-ils également prêts à cautionner d’autres manifestations machistes dans le même espace public ?

Quelle culpabilité, quelle distorsion idéologique aveuglent ainsi ceux qui ont si peur d’être pris en défaut de « politiquement correct » ?

Bien entendu, il est indispensable de refuser les amalgames et de faire la différence entre la condamnation féministe des stigmates de la domination masculine et par exemple, une récupération politique indécente par l’extrême droite.

Il ne s’agit évidement pas d’agresser les femmes qui portent le hijab, simplement de pouvoir en débattre en toute lucidité et de questionner l’obscurantisme religieux quel qu’il soit et dans tous ses aspects oppressifs.

Les athées subissent, terriblement tolérants quand on y pense, forcé-e-s d’être les otages silencieux de l’influence grandissante des religions dans la sphère publique et la géopolitique mondiale.

C’est terriblement oppressant.

Personnellement, je tolère les religions tant qu’elles restent dans la sphère privée.

Tout ce prosélytisme religieux est accablant : des revendications incessantes pour gagner toujours plus de terrain, un affichage ostentatoire des symboles, des guerres de religion qui dévastent le monde, leur instrumentalisation politique par des voyous qui n’ont de cesse d’asservir des populations et soumettre les femmes, etc.

La liberté de ne pas croire, de vivre dans une société qui ne soit pas imprégnée du religieux au point de tant peser sur nos vies et politiques publiques, doit être réaffirmée.

Faut-il le rappeler ? Tous ces communautarismes, règles, interdits, menaces et massacres, s’amplifient au nom d’un prétendu Dieu (vous remarquez que bien sûr qu’il est masculin !) sans même que la probabilité de son existence n’ait jamais été établie.

Croire est un espoir irrationnel, l’invention d’une éternité, la négation de la réalité d’une fin inéluctable et ce dès notre conception, notre temps de vie étant d’emblée, limité.

La condition humaine c’est de le savoir, de l’assumer et ne pas imposer aux autres ses techniques empiriques pour y faire face, qu’elles se nomment spiritualité, humanisme, religion ou je ne sais quoi d’autre.

Les croyants intelligents et éduqués qui ne s’opposent pas à cette ingérence grandissante, espérant quelques retombées pour leur propre religion, sont aussi redevables de cet état des lieux ; les athées qui au nom d’une obscure idéologie, cautionnent l’intransigeance terrible des dogmes religieux, tout autant.

Il ne fait pas de doute que les hommes règnent toujours en maîtres du monde, eux aussi souffrent des violences religieuses, mais ils ne risquent jamais autant que les femmes.

Il serait temps que les tous les athées, les femmes en particulier, se réveillent pour rappeler que face à ce qui n’est même pas une hypothèse, ne pas croire est amplement aussi légitime, si ce n’est plus, que croire et que les croyants n’ont pas à imposer de la sorte leur imaginaire.

Pour conclure j’imagine une fiction qui – et c’est tout de même un comble -, aurait à elle seule, le pouvoir de mettre un terme à toute polémique sur le hijab, mais qui je le crains, n’a guère de chance de se produire :

Breaking news : à la stupeur générale, le Conseil du culte musulman annonce en ce mois d’août 2014, qu’en l’absence de directives claires dans le Coran, c’est au tour des hommes de porter librement le hijab !

A écouter, une émission sur « Femmes libres »

459124715 TURBULENCES EN FEMINISME
Le 16 avril dernier j’étais invitée dans l’Emission « Femmes libres » pour y parler du 8 mars – journée mondiale de lutte pour les droits des femmes -, du mouvement féministe, du mouvement LGBT, des questions de genre, des mouvances dites « pro-sexe » et pro-prostitution (collectif 8marspourtoutes, STRASS, etc.), du postmodernisme politique, avec Elisabeth CLAUDE co-animatrice de l’émission Femmes libres, l’une des 2 émissions féministes de la bande FM, chaque mercredi de 18h30 à 20h30, sur Radio libertaire.
2 heures à revisiter les textes de ce blog.
Moins facile à l’oral qu’à l’écrit, alors quelques imprécisions : Griselidies l’association de prostituées Trans, gay, etc. dont j’ai un écorché le nom est à Toulouse, etc.
Bonne écoute !

Attention, l’enregistrement de l’émission commence avec le générique de l’émission « l’hymne des femmes » chanté par la chorale de Toulouse, à partir de la minute 6 (00.06.00), avant des chansons, des sons…

http://media.radio-libertaire.org/backup/16/mercredi/mercredi_1830/mercredi_1830.mp3

STRASS, Morgane Merteuil : inversions et manipulations

marche-tete-04-900x599Morgane Merteuil, STRASS, réglementaristes de la prostitution et inversion rhétorique au service de la manipulation.

Savez-vous que les personnes qui ne consomment pas assez de biens matériels sont responsables des ratées du système capitaliste ? Egalement, que les victimes du racisme sont responsables de l’inquiétude des occidentaux menacés par une société métissée et plurielle ?
Je vous sens crispéEs là, non mais c’est quoi ce discours néolibéral et raciste ? Inversion sémantique au service de la manipulation idéologique ? Oui, sans aucun doute !
Pourtant, quand Morgane Merteuil, porte-parole du STRASS*1. écrit que les clients et plus généralement les bénéficiaires du système prostitueur rendent service aux femmes en leur permettant de se prostituer quand les féministes abolitionnistes, elles, les mettent en danger, le procédé est rigoureusement le même mais peu y trouvent à redire.
Pourquoi sur le sujet de la prostitution tant de progressistes ont-ils l’esprit critique en berne, quand sur d’autres sujets, ils sont prompts à repérer les tentatives de manipulation à coups d’inversions sémantiques flagrantes ?

Le dernier texte de Morgane Merteuil est un chef-d’œuvre du genre. Elle y opère une double manipulation.
Elle s’appuie sur un texte de Joan W. Scott « Émancipation et égalité : une généalogie critique », donné lors d’une conférence Au-delà du patriarcat du colloque Penser l’émancipation (Nanterre, février 2014).

Le titre de Merteuil « Putes, corps désirants et émancipations », donne le ton, comme si juxtaposer des mots inconciliables suffisait pour convaincre de la pertinence du propos :
« putes » ce qui signifie : femmes (le plus souvent, mais pas seulement) performant des rapports sexuels sans désir et pour de l’argent, sous la contrainte (le plus souvent, mais pas toujours) ; rien que l’utilisation du mot « pute » est douteux, il permet de détourner l’attention et d’effacer la violence de la réalité de la prostitution,
« corps désirants » mais qu’est-ce donc qu’un corps désirant ? Un être désirant, oui, je vois, un corps désirant, déjà beaucoup moins, à moins que Morgane Merteuil ne reconnaisse l’état de distanciation / dissociation nécessaire pour se prostituer, l’esprit ici et le corps tout là-bas ?
Dans tous les cas, parler de « corps désirants » dans le cadre de la prostitution, alors que nombre de professionnels de santé et de féministes s’accordent à la qualifier de violence sexuelle intrinsèque et que les associations de défense de prostituéEs prétendent en faire un travail, est pour le moins contradictoire.
« émancipations », le mot est au pluriel, c’est tout de suite plus signifiant.
C’est aussi un artifice pour associer l’émancipation des femmes musulmanes à celles des femmes prostituées, le STRASS ratisse large et aux côtés de ses amiEs des Indigènes de la République, Morgane Merteuil tente de nous convaincre que « féminisme musulman » et « féminisme pute », même combat ! *2.Voir « Des déchaînézs au genoux du patriarcat ».

Le texte est à l’image du titre : une laborieuse tentative d’inversion des responsabilités, chaque argument étant maltraité jusqu’à l’absurde.
Bien entendu, les industries du sexe ne sont plus des industries ultra-capitalistes qui s’en mettent plein les poches sur le dos de femmes exploitées, les proxénètes comme les clients ne sont plus des instruments de la domination masculine et ne sont jamais responsabilisés, en revanche, les féministes abolitionnistes seraient des libérales « des franges répressives » et mettraient en danger les personnes prostituées.
De quelle manière et avec quels moyens, vous ne saurez jamais, ce qui compte c’est de semer le doute, de faire de la désinformation et de propager des mensonges.

Joan W. Scott prétend que « la rhétorique de l’émancipation sexuelle et de l’égalité entre les sexes, en ce qu’elle est soumise à un capital mondialisé qui fait du désir, et de sa capacité à l’assouvir, un préalable à la citoyenneté, contribue à la perpétuation de la domination de « populations minoritaires défavorisées », et notamment des femmes musulmanes ».
La théorie de Joan W. Scott est tout de même particulièrement perverse, elle suggère que l’émancipation des femmes occidentales, leur droit à une sexualité libre et désirante, leur volonté d’égalité, sont responsables de la domination des femmes musulmanes qui elles, n’auraient pas atteint ce niveau de liberté et ne pourraient donc, de ce fait, accéder au statut de citoyenne.
Entendez bien, les femmes musulmanes ne seraient pas opprimées par la domination masculine, l’interprétation masculine de textes religieux, le poids des traditions, non, du tout, elles seraient dominées à cause des féministes, des femmes occidentales libérées et seules dignes d’un statut de citoyenne !
Formidable exemple d’inversion des responsabilités et de manipulation rhétorique !
Les féministes universalistes « orientales » qui luttent dans les pays musulmans apprécieront cette obole au féminisme islamiste et plus encore au système patriarcal !
[Que des intervenants capables de telles manipulations soient invitéEs dans des universités françaises me laisse perplexe.]

Puis, entraînée dans son élan, non contente, comme Joan W. Scott, d’accuser « la communauté des nations » d’avoir choisi « le désir sexuel comme dénominateur commun universel dans la définition de l’humain », et par conséquent, selon Morgane Merteuil, d’être « islamophobe », [vous suivez j’espère ?], la porte-parole du STRASS extrapole et, seconde manipulation, se demande « si le rejet des revendications des travailleuses du sexe peut, lui aussi, correspondre un autre aspect du discours civilisationnel analysé ici par Joan W. Scott ».

Je vous épargne quelques paragraphes plutôt inintelligibles, pour arriver à ceci : « L’accent placé sur une sexualité libérée … fait écho au désir de consommer qui sert de moteur au marché, et permet de détourner l’attention des injustices économiques et sociales qui résultent de la discrimination et des formes structurelles de l’inégalité. On touche bien là à un des fondements de l’idéologie libérale, qui fait finalement reposer sur la volonté individuelle la capacité d’émancipation (sexuelle), sans prendre en compte les rapports de domination et de dépendance qui peuvent entraver celle-ci. Ainsi, dans le débat sur la prostitution, la position abolitionniste consistera essentiellement en une volonté de « responsabilisation » des clients…, sans que ne soient jamais abordées les causes économiques et structurelles qui peuvent pousser des femmes non seulement à exercer cette activité mais de manière plus générale à être dépendantes des hommes. »
Quel plus beau déni de la réalité des luttes féministes !
Un allié pareil, le patriarcat en rêvait, Morgane Merteuil l’incarne, il peut dormir sur ses deux oreilles.
Morgane Merteuil avance que la libéralisation de la prostitution et la soumission à des dictats religieux/coutumiers, sont des enjeux de luttes émancipatrices.
En réalité, les groupuscules d’activistes du STRASS, du collectif « 8marspourtoutes » et leurs quelques alliéEs politiques et universitaires s’emploient à faire diversion pour éviter toute atteinte sérieuse au système patriarcal et c’est à peu prés tout.

Constamment et simultanément les féministes combattent les systèmes d’oppression idéologiques, économiques et sociaux, dénoncent la pression des industries patriarcales et capitalistes du sexe qui ne cessent d’envahir nos sociétés hypersexualisées, combattent les inégalités femmes-hommes, etc.
Nous abordons la question de la prostitution, en tant que projet de société, à fortiori collectif, par opposition aux réglementaristes qui ne parlent jamais que de choix individuels de quelques « libérales/libéraux » qui exerceraient « librement » sans se préoccuper des millions de femmes déplacées, torturées, violées et prisonnières de proxénètes, de la traite.
Et tout ça, nous le ferions sans jamais interroger et combattre les raisons économiques et sociales qui poussent les femmes à se prostituer ?
Allons donc, nous ne cessons d’expliquer que désespoir, besoin d’argent et passage à l’acte favorisé par des violences sexuelles antérieures, sont les raisons qui poussent le plus souvent les femmes à se prostituer, quand elles n’y sont pas contraintes par un proxénète ou un réseau mafieux.
Une seule femme opprimée, une seule femme violée, une seule femme prostituée et ce sont toutes les femmes qui risquent elles aussi, de subir ce même destin.

Le féminisme n’a pas de sens s’il n’aboutit pas à libérer les femmes, toutes les femmes, de l’emprise de la domination masculine, de leur exploitation et de leurs violences.
La domination masculine vise à contrôler les femmes, leur sexualité, la reproduction ; les religions, les traditions, les institutions sont les instruments de ce pouvoir masculin.
La prostitution n’est jamais que l’un des plus archaïques moyens de s’approprier les femmes – et souvent les enfants, parfois des hommes – réduitEs à des commodité sexuelle au service des hommes. Le voile et plus encore la burqa, le niqab, n’ont d’autre fonction que d’effacer les femmes et de les désigner propriété exclusive du père ou du mari tout puissant.
Morgane Merteuil aura beau triturer la réalité dans tous les sens, nous inventer des concepts « d’épanouissement sexuel islamophobes », – quelle personne sensée peut accréditer une seule seconde l’idée que nos politiques publiques associent épanouissement sexuel et droits sociaux ? -, elle n’est jamais du côté des femmes, de leur libération, de l’abolition du patriarcat.
C’est d’ailleurs pour cette unique raison et manifestement pas pour la pertinence de ses analyses, qu’elle cumule tant de soutiens et d’intérêts médiatiques et politiques.

Une manipulation rhétorique aussi grossière que celle qui consiste à inverser les responsabilités et absoudre au passage les bénéficiaires des systèmes patriarcal et prostitueur, est lamentable mais ce qui l’est plus encore, c’est la complaisance dont elle bénéficie pour continuer sans vergogne, à la tête du STRASS et des réglementaristes de la prostitution, à salir le mouvement féministe et tenter de le diviser.

Christine Le Doaré

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*1.STRASS : Syndicat des travailleurs du sexe

*2 : https://christineld75.wordpress.com/2014/04/02/des-dechainees-aux-genoux-du-patriarcat-2/

Des «Déchaînées » aux genoux du patriarcat !

pancakes-158510Des «Déchaînées » aux genoux du patriarcat !
Ou pourquoi, à peine connues, les théories « féministes « post-modernes sont vouées aux poubelles de l’Histoire.

« Islam et prostitution : les féministes, le voile et le string » de ValérieCG ou Crêpe Georgette. Vous ne rêvez pas, dans un même titre, s’enchaînent les mots : Islam, prostitution, féministes et voile. String c’est juste pour faire style.

Surprenant ? Pas vraiment, depuis quelque temps déjà, une mouvance constituée de : bloggeuses influentes (notamment « Les Déchaînées »*1.), aussi la nébuleuse « 8marspourtoutes » *2., de Morgane Merteuil et d’autres du STRASS *3 et aussi d’Act-Up Paris, de quelques militants du NPA, aussi des Verts et de quelques universitaires amplement médiatisés, a pour ambition de parvenir à décrédibiliser puis diviser le mouvement féministe, en récupérant certaines luttes de femmes.

Les théoriciens et théoriciennes du « féminisme » post-moderne dit improprement « pro-sexe », nullement effrayéEs par les amalgames improbables, récupèrent des luttes de femmes que la société rejette et /ou que leurs « choix » isolent.
Ces femmes, à priori, tout les oppose : les unes revendiquent de se voiler « librement », les autres de se prostituer « librement ».
On ne peut imaginer plus grand écart entre les motivations et revendications d’un tel rassemblement, mais le mot « librement » a indéniablement un fort pouvoir d’attraction sur les libertariens !

D’un côté, nous avons des femmes voilées qui semblent ignorer que des générations de femmes se sont battues pour s’en affranchir, que des femmes sont, en France, sommées de le porter par les hommes de leur entourage, que d’autres femmes dans le monde sont harcelées, lapidées et assassinées quand elles ne le portent pas.
En tous cas, elles s’acharnent à défendre en France, ce morceau de tissu qu’aucun texte religieux n’impose, mais infligé aux seules femmes par des hommes qui encore et toujours exigent de les contrôler et entravent leur liberté.
Paradoxalement, ces femmes s’entêtent à leur donner raison et se déclarent « libres », certaines le sont sûrement, mais combien sont instrumentalisées par le « féminisme islamique », des islamo-gauchistes et intellectuels si bienveillants à leur encontre ?

De l’autre, des prostituéEs qui semblent ignorer qu’en guise de liberté, elles participent à l’organisation patriarcale d’une distribution des rôles agencée pour garantir aux hommes une mise à disposition des corps des femmes.
Réduites à une convenance sexuelle, elles n’expriment aucune solidarité envers les femmes forcées dans la prostitution, comme si elles ignoraient que les clients ne s’inquiètent jamais de la situation des femmes et filles qu’ils payent, que leur demande nourrit une traite criminelle et un sordide trafic d’êtres humains.
Une liberté d’entreprise incompatible avec la défense des droits humains et à fortiori des droits des femmes.

Rien de bien moderne, subversif ni féministe dans ces revendications, si ce n’est que le mot « librement » justifie tout, y compris de renforcer le contrôle et les violences contre les femmes puisqu’elles semblent y consentir.
En réalité dans un cas comme dans l’autre, des femmes souffrent du regard de la société, de violences et de discriminations mais plutôt que de lutter contre les raisons de leurs problèmes à savoir, l’arbitraire de l’interprétation masculine des religions et les violences sexuelles de la domination masculine, elles tentent d’aménager leur oppression plutôt que de l’abolir.
Erreur fatale, l’oppression ne s’aménage pas, elle s’abolit.

Le mouvement féministe est loin d’être parfait et ne se préoccupe probablement pas assez des multiples discriminations de sexe, classe, race-racisation-, il est compréhensible que des femmes se pensent laissées pour compte ; en revanche, ce qui est scandaleux c’est l’instrumentalisation éhontée de frustrations légitimes par des intellectuels et des activistes que l’honnêteté intellectuelle n’étouffe pas.
Le relativisme culturel est pourtant de plus en plus contesté, à commencer par les femmes concernées dans les pays arabes ; les femmes du monde entier sont solidaires face à des violences et discriminations qui les concernent toutes, c’est ça le féminisme et le relativisme culturel les divise.
Le soutien direct ou indirect de plus en plus flagrant aux industries du sexe, que les femmes dès qu’elles sortent de la prostitution, dénoncent en grand nombre, est de plus en plus difficile à cacher.
Nous vivons dans un monde formidable : les systèmes d’oppression, les industries n’ont même plus besoin d’assurer leur maintien et défense eux-mêmes, des personnes et groupes se présentant comme subversifs le font bien mieux à leur place !

Ce sont les mêmes qui nous rabattent les oreilles de l’intersectionnalité des luttes, concept utile pour exiger des femmes qu’elles attendent le grand soir pour revendiquer des droits spécifiques ; dommage, l’Histoire et même la plus récente nous prouve qu’elles sont alors très vite muselées et renvoyées à leur oppression.

Aucun des arguments avancés dans le texte « Islam et prostitution… », au paroxysme de cette posture aberrante ultra-libérale et islamo-gauchiste et qui revient à promouvoir un racisme de l’occident pas plus intelligent que ne l’est aucun racisme, ne résiste bien longtemps à une lecture un tant soit peu critique et surtout féministe.

« La lutte contre le voile, outil fédérateur d’un féminisme en mal de visibilité » !
Il faut le lire pour le croire ! La lutte contre les discriminations, l’éducation à l’égalité, la lutte contre les violences (le viol, les violences conjugales, etc.) sont des sujets fédérateurs parmi bien d’autres et depuis toujours, pour les militantes féministes.
En outre, la question du voile est un vrai sujet de société sur lequel les féministes aussi ont leur mot à dire car religions, interprétation masculine des religions et oppression des femmes ont toujours été fortement liés !

« Civiliser les femmes musulmanes : « mission oppression », au nom du féminisme » !
Entre culture du complot et fantasme de persécution de type « Indigènes de la République » ! Comment croire une seule seconde que le mouvement féministe penserait à « civiliser les musulmanes » ?
Les femmes du monde entier ont toujours cherché à s’affranchir du poids des religions, de toutes les religions et de ce qu’elles imposent aux femmes.
Quelle pathétique névrose que de masquer les voix des féministes du monde musulman qui résistent pour mettre en avant les « féministes islamistes », instruments des pouvoirs intégristes !

« 2013, le féminisme anti-putes s’offre les feux de la rampe » !
Référence à la loi d’abolition de la prostitution qui comporte la pénalisation du client prostitueur. Comme si depuis toujours le mouvement féministe n’était pas abolitionniste de la prostitution, plutôt que complaisant à l’égard des hommes qui abusent du pouvoir de l’argent pour contraindre des femmes à une sexualité non désirée ?
Mais c’est quoi au juste le féminisme sinon l’émancipation des femmes pour l’égalité femmes-hommes, une société qui se libère des dominations, exploitations et violences et abolit les privilèges patriarcaux à commencer par les plus anciens et à l’origine même du patriarcat : l’appropriation du corps des femmes pour la sexualité et la reproduction dans le mariage comme dans la prostitution ?!

Tout est à l’avenant, les fondamentaux d’un féminisme universel et laïc sont bafoués dans un jargon complotiste, des arguments absurdes, une grossière manipulation idéologique.
Qui donc peut être dupe ? Cette mouvance, démasquée depuis un certain temps déjà, ne poursuit en réalité pas d’autres buts que la perpétuation du patriarcat, alors je me demande bien pourquoi ces « féministes » de pacotille continuent de faire semblant ? Croient-elles vraiment pouvoir ainsi souiller les luttes féministes et tromper celles et ceux qui les suivent, encore longtemps ?
Pourquoi ne disent-elles pas clairement qu’elles sont du côté de l’oppresseur, des dictats religieux, du contrôle des femmes ? Pourquoi ne rejoignent-elles et ils pas les masculinistes, les islamistes, enfin qui elles et ils veulent, mais cessent d’usurper le nom de féminisme ?

Quelle terrible imposture, les seulEs véritables « putophobes » et « islamophobes » ce sont eux, tout juste bons à attiser la haine et à diviser.

Christine Le Doaré

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*1 Les Déchaînées : Valérie CG et Crêpe Georgette + Daria Marx + Gaëlle-Marie Zimmerman et A Contrario : http://www.crepegeorgette.com/2014/03/17/creation-de-lassociation-les-de-chainees/

l’article objet de ce post : « Islam, prostitution, … » : http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache%3Ahttp%3A%2F%2Fwww.dechainees.fr%2F2014%2F02%2F27%2Fislam-prostitution-feminisme-voile-string%2F

*2
https://christineld75.wordpress.com/2014/03/09/un-etrange-8-mars-2014/
https://christineld75.wordpress.com/2014/03/04/encore-un-8-mars-et-des-questions-qui-fachent/

*3 STRASS : Syndicat des travailleurs du sexe


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