Posts Tagged 'woke'

Mois des FIERTES LGBTQI, pas de quoi être fiers !

LGBTQI…. Prides,  Marches des Fiertés LGBTQI… Fiertés de quoi ?

Ces Marches des Fiertés devenues Marches de la ségrégation identitaire

Quand on parle de fierté d’être lesbienne, gay, bi, trans, queer, intersexué, … on parle de quoi exactement ? Quelles raisons peut-on avoir d’être fier aujourd’hui d’une orientation sexuelle, d’une identité de genre … ? Plus j’y réfléchis et plus je pense que le mouvement de libération homosexuelle n’a guère été inspiré le jour où pour imiter les anglo-saxons il a baptisé sa manifestation revendicative et festive annelle, Marche des Fiertés LGBTQI…

Selon moi la formule a vécu et fédère de moins en moins les personnes les plus concernées. Au siècle dernier, il nous a fallu batailler dur pour émerger de l’illégalité et de la censure, aussi de nos propres hontes et silences, jusqu’à enfin obtenir des droits et une reconnaissance sociale qui reste à consolider. Ce fut long et âpre de faire évoluer les mentalités, d’imposer le respect, d’atteindre l’acceptation, et le plus difficile peut-être, de s’assumer pleinement. De ça, nous pouvons être fiers, nous qui avons vécu le plus dur et combattu vaillamment quand tant d’entre nous se cachaient.  

Mais ça commence à dater, alors aujourd’hui, fiers de quoi ? Depuis qu’il parle de « fiertés » à tout va, le mouvement LGBTQI… n’a fait que se perdre, jusqu’à devenir un fourre-tout identitaire qui héberge des idéologies dangereuses et pratique dans ses cortèges une ségrégation identitaire. Ce fut une dégradation progressive, certains poussant le bouchon de plus en plus loin, au point de prétendre qu’être gay, queer, trans, gender fluid, était une sorte de supériorité, d’apothéose. De là à penser que l’hétérosexualité est dédaignable, il n’y avait qu’un pas qu’ils ont franchi en toute imbécilité.

A quel moment, dans les Marches, au prétexte d’être gays …  des groupes ont-ils commencé à exhiber des pratiques sexuelles fétichistes, sado-maso, … à la vue des passants (Comme par exemple se pisser dans des bottes en cuir, revêtus de masques à faire peur) ? A-t-on jamais vu des hétérosexuels organiser des Marches pour exhiber des pratiques sexuelles ? Non, entre adultes consentants dans des clubs ou réseaux fermés, oui, pas dans la rue au milieu d’un défilé où se trouvent les enfants de couples de même sexe et d’autres parmi les spectateurs. Les organisateurs des Marches ne comprennent pas la différence entre revendiquer la liberté d’orientation sexuelle et avoir des pratiques sexuelles qui ne regardent que soi ? Dommage, afficher de la sorte ce qui relève de la stricte vie privée d’une partie des gays, ne pouvait qu’entrainer amalgames et rejets et servir nos ennemis.

Et ce n’était que le début, depuis, c’est l’escalade.

Heureusement, cela ne nous a pas trop pénalisés, même si nous devons probablement à ces exhibitions, un certain retour à l’ordre moral. Avec l’aide d’autres acteurs politico-sociaux, nous avons arraché des textes pénalisant les discriminations et violences à notre encontre, gagné le droit d’accéder aux statuts maritaux, … Franchie la ligne d’arrivée de l’égalité, dans une surenchère de toute puissance, certains se sont crûs autorisés à imposer d’autres agendas militants. Sous l’impulsion du mouvement queer puis des courants de la woke culture américaine, ce qui relevait de la prévention et de la lutte contre les discriminations et les violences à raison de l’orientation sexuelle a fini par quasiment disparaître au profit de mobilisations qui n’avaient que peu de lien avec l’orientation sexuelle.

  • Des émanations groupusculaires d’Act-Up ont transformé le mouvement en force de frappe du lobby de réglementation de la prostitution. La prostitution des femmes, tout de même une écrasante majorité des personnes prostituées, ils s’en fichent, ne leur parlez pas de dissociation, d’exploitation, de viol tarifé, ils n’y connaissent rien et font semblant de croire que la prostitution gay n’est pas aussi affaire d’exploitation de jeunes vulnérables.  
  • Des militants islamo-gauchistes ont noué des passerelles avec les groupes indigénistes et racialistes qui pourtant méprisent les LGBT ; on a alors vu des gays défiler fièrement affublés de burqas arc-en-ciel, crachant au visage de toutes les femmes qui tentent de s’affranchir des diktats religieux patriarcaux. De plus en plus, les cortèges sont organisés de manière à imposer une ségrégation identitaire. Le mouvement LGBT allié des ennemis de l’universalisme et de la laïcité, ce n’est même plus un paradoxe mais de la démence.
  • Des militants trans après avoir trusté toutes les instances du mouvement ont fini par imposer une vision du genre expurgée de toute évidence biologique. En braves petits dictateurs, ils ont édicté de multiples interdictions : ne pas mentionner les termes relatifs aux organes génitaux féminins, ce serait transphobe ; ouvrir aux femmes-trans, hommes non opérés, tous les lieux réservés aux seules femmes, et tant pis si elles sont mises en danger. Les féministes qui refusent une misogynie qui vise à les invisibiliser sont traitées de TERF, violemment dénigrées et même agressées physiquement.
  • La GPA reste quasiment la seule revendication gay. Pour contourner la biologie et le risque d’attachement de la mère, appelée porteuse telle une vulgaire machine, le recours à la génétique aboutit à un processus de reproduction ultra divisé : il ne se pratique plus par insémination mais avec des transferts d’embryons, après fécondation in vitro.  Division des tâches : des donneuses d’ovocytes et des gestatrices qui vont porter l’enfant commandité. Un marché très lucratif de l’eugénisme où l’on conçoit comme aux USA des 𝑑𝑒𝑠𝑖𝑔𝑛 𝑏𝑒𝑡𝑡𝑒𝑟 𝑏𝑎𝑏𝑖𝑒𝑠, idéalement conformes aux désirs des commanditaires qui peuvent exiger l’annulation de cycle quand, après des mois de traitement hormonaux lourds, l’insémination est annulée parce que le sexe de l’embryon n’est pas celui attendu par les commanditaires.

Tout ceci a mené à la désertion de bien des gays et de toutes les lesbiennes féministes politiques, et il ne reste plus dans ce mouvement que des lesbiennes queers fières d’être à la traîne des gays et des trans misogynes.

Comme les Marches des Fiertés attirent beaucoup de jeunes derrière les chars qui crachent une assourdissante musique techno, elles font office de seconde Techno Parade de l’année. C’est déjà ça. Mais beaucoup de gays et de lesbiennes les boudent en toute connaissance de cause, considérant que les orientations affichées non seulement ne nous conviennent pas, mais provoquent une dangereuse animosité à notre égard. C’est un comble, mais le mouvement LGBT est désormais l’un des principaux relais des excès du wokisme et de la cancel culture américaines.

Je suis féministe, universaliste, il ne me viendrait plus à l’idée de défiler dans l’une de ces Marche des Fiertés dans lesquelles j’ai pourtant longtemps mené association et fédération d’importance.  La seule raison qui m’inciterait à défiler à nouveau serait que nous soyons menacés par des forces réactionnaires qui prendraient le pouvoir.

Alors, ce qui me dérange c’est le soutien unanime et global affiché par les acteurs politiques progressistes, sans aucun discernement, sans se poser la moindre question politique, comme s’il s’agissait toujours du même rassemblement revendicatif et festif des débuts. Non, le mouvement comme les Marches des Fiertés ont changé, et tout n’est pas à cautionner ni applaudir, certainement pas des cortèges faisant l’apologie de la ségrégation identitaire. Il serait temps de s’en rendre compte. Critiquer avec justesse et mettre des limites n’est pas condamner, c’est au contraire constructif, mais ça demande un peu de lucidité et de courage.  

Christine Le Doaré

Sur le sujet lire :

  • Ma tribune sur la Pride des banlieues : « Le mouvement LGBT est débordé par un identitarisme radical » publiée dans Marianne le 03/06/2022 

https://www.marianne.net/agora/tribunes-libres/pride-des-banlieues-le-mouvement-lgbt-est-deborde-par-un-identitarisme-radical

  • Et pour aller plus loin, le livre « Fractures ! Le Féminisme et le Mouvement LGBT en danger » paru aux éditions Contrefaçon :

Camp de redressement pour compagnons Verts en dé-construction

Je déconstruis, tu déconstruis, il déconstruit … très bien. Mais, il est déconstruit ?

Sandrine Rousseau a mentionné son « compagnon déconstruit », provoquant une levée de boucliers. Mais de quoi est-il exactement question ? Fallait-il nécessairement pousser des cris d’orfraie ? Est-ce utile ou inutile de déconstruire ? Et de se déconstruire ? C’est pareil ? Pourquoi les féministes parlent-elles depuis toujours de dé-construction du système patriarcat et de la domination masculine ? Auraient-elles tort ? S’offusquer bruyamment de ce « compagnon déconstruit » était-ce légitime ou pas ?

Rappelons tout d’abord que le concept philosophique de dé-construction n’est pas récent ; il n’est pas propre à la woke culture, ni au néo-féminisme.

Dans les années 50, le philosophe Heidegger utilise ce concept qui signifie pour lui, démonter une tradition aux fins de reconstruire pour l’avenir. Très schématiquement, c’est un chemin, une méthode. Derrida en France, s’est réapproprié la pratique pour découvrir les différentes significations d’un texte en tenant compte de son auteur et de son langage.

Les intellectuels aiment parfois compliquer la pensée. Je dirais bien que sous des termes abstraits et complexes, il y a une logique plutôt simple et accessible à tous et que l’on peut pratiquer la déconstruction sans ne rien connaître à la philosophie ; il s’agit simplement de procéder à une analyse critique. Il suffit de comprendre que des idées développées par des personnes exerçant une influence, un pouvoir, et qui se sont imposées comme des vérités, ne sont pas pour autant incontestables. Voyez, c’est facile.

La théorie de la déconstruction a fait fureur, aux Etats-Unis notamment où Judith Butler et bien d’autres s’en sont revendiqués. En France, on pense à Hélène Cixous.

La théorie de la dé-construction poussée à son paroxysme, est devenue aux Etats-Unis un outil politique, prétexte à ne considérer que ce qui est répréhensible dans l’Histoire de l’Amérique, notamment les discriminations raciales, pour tout mettre à bas. Déconstruire la civilisation et la culture américaines, et sans le moindre procès, demander aux jugés privilégiés de faire acte de contrition. Tenter par des méthodes expéditives et haineuses d’imposer un système à l’extrême opposé, de ce que l’on veut effacer. Il ne s’agit plus d’émancipation mais de punition arbitraire et qui génère les violences de la cancel culture.

Le problème ici, c’est l’excès et le dévoiement de la méthode, utilisée dans une pure logique de règlement de compte.

Il est certes important de comprendre d’où émanent des concepts et des valeurs qui ont pu profiter à telle ou telle catégorie de la population, mais si cela s’effectue dans une logique politique de vengeance et pour instaurer en miroir inversé, un système tout aussi discriminant, les bénéfices de l’analyse critique de la dé-construction sont perdus.

C’est pourtant ce que font depuis déjà quelques temps les militants indigénistes, dé-coloniaux, et des néo-féministes, intersectionnelles et autres.

C’est une vision du monde plutôt confortable : des personnes sont assignées à une identité de victime innocente à vie ; tout leur est dû, juste de par leur origine, couleur de peau, orientation sexuelle, genre/sexe. C’est beaucoup trop simpliste pour être honnête.  

Revenons à Sandrine Rousseau, à son compagnon déconstruit et au féminisme.

Le féminisme de Sandrine Rousseau est à l’opposé du mien, je suis universaliste, elle est communautariste ; proche des racialistes, indigénistes et autres « nouveaux féminismes » relativistes. Elle surfe sur des tendances éco-féministes, à deux doigts d’un ésotérisme new age « notre mère la terre «. Elle est aussi favorable à la GPA, essentialisme oblige, comme à la réassignation de genre pour les enfants. Bref, elle est woke à fond et marche dans toutes les demandes des minorités nécessairement persécutées. On lui a dit qu’il fallait, alors …

Quand Sandrine Rousseau nous dit que son compagnon est déconstruit, ce qu’elle nous dit, c’est qu’il a réfléchi à sa place d’homme dans une société patriarcale, aux privilèges dont il bénéficie, sans nécessairement le vouloir, par le simple fait d’être né homme. Comme par exemple pouvoir sortir seul, n’importe où et à n’importe quelle heure, sans risquer pour son intégrité physique et sexuelle ; ou encore ne pas avoir à forcer la voix ni le ton pour finir ses phrases dans une réunion professionnelle ou autre ; ou encore coucher, avec une femme, sans avoir à se soucier d’être enceinte ; ou s’assurer que pour un travail identique, avec expérience et diplôme similaires, il ne gagne pas un moindre salaire ; ou … Vous m’avez comprise.

C’est plutôt bien, non ? Pro-féministe, il a déconstruit le système de la domination masculine pour participer pleinement à la construction d’une société plus égalitaire.

Si tous les hommes en faisaient autant, nous avancerions sans doute plus vite, inutile donc de s’effaroucher devant l’idée qu’un homme puisse avoir déconstruit un système d’oppression.

Un homme qui rejette le système patriarcal et donc pour ce faire, le déconstruit, je n’ai rien contre ; en revanche, un homme déconstruit, je ne vois pas bien de quoi il peut vraiment s’agir. Il n’est pas déconstruit lui, il a déconstruit le système d’oppression qui attend de lui qu’il se conforme aux rôles socialement et culturellement impartis aux hommes, et qu’il se comporte d’une manière stéréotypée avec les femmes.

L’idée d’un « homme déconstruit » renvoie quant à elle, aux notions de correction et rééducation woke et de la cancel culture. Un petit séjour en camp de redressement, et hop, un homme tout reconstruit.

J’espère qu’il est plus réussi qu’un Denis Baupin ?

Trêve de plaisanterie ! Personnellement, je suis favorable à la déconstruction chez les Verts. Il y a du boulot pour quelques années : des islamo-gauchistes défenseurs du voilement des femmes, indulgents envers l’islam politique qui pourtant promeut un apartheid sexiste et persécute les personnes homosexuelles, aux racialistes qui avancent que des femmes noires ne devraient pas dénoncer leur violeur quand il est noir, en passant par d’ardents défenseurs du système prostitueur et de la GPA ! Quand ils auront déconstruit tout ça, on en reparlera.

En attendant, je ne compte pas trop sur eux pour une dé-construction émancipatrice du système patriarcal. M’est avis que le féminisme universaliste ne va pouvoir compter que sur lui pour déconstruire le système patriarcal, dans l’intérêt de toutes les femmes comme celui de l’humanité.

Christine Le Doaré


Entrez votre adresse mail pour suivre ce blog et être notifié par email des nouvelles publications.

Archives