GAZA – Palestine – Israël, à quoi jouent tant de féministes ?

reuters

11 août 2014 actualisation

Dans ce texte, je n’ai jamais eu la prétention d’analyser ce conflit sous toutes ses formes, ni d’être exhaustive, simplement de proposer une grille de lecture féministe.
Je dénonce une lutte machiste incessante pour imposer une domination politique, religieuse, culturelle, sur une autre et ne remonte donc pas jusqu’à l’origine des temps pour établir des responsabilités entre les protagonistes, en général masculins.
Je n’ignore pas les méfaits des guerres de colonisation, (en gros l’histoire de l’humanité) , mais je trouve curieux l’auto-flagellation, en particulier en France, qui consiste à toujours pointer les torts des civilisations occidentales et gommer ceux des autres (Pourtant nos civilisations ont permis, même tardivement, des luttes d’émancipation des femmes et des minorités).
Par exemple, l’esclavage musulman qui a saigné l’Afrique noire, n’est que rarement mentionné et pourtant, une recherche sur Internet permet en quelques clics, d’en mesurer l’ampleur ;  d’autres formes d’esclavage subsistent aujourd’hui dans plusieurs régions du monde.
Je propose une toute autre grille de lecture puisque l’histoire n’est qu’une succession de luttes hégémoniques machistes pour asseoir un pouvoir et contrôler le monde.

 

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05 août 2014 actualisation.

J’ai été déçue par l’analyse de la situation à GAZA faite par la plupart des féministes qui se sont exprimées sur la question . A l’instar de groupes gauchistes et du PCF, elles semblent être restées figées dans les années 70 , nostalgiques d’une représentation fantasmée de la Palestine qui  ne correspond guère à la réalité actuelle.

Je n’ai pas compris pourquoi elles ne condamnaient pas avant tout l’instrumentalisation politique des religions, les motivations machistes de contrôle des populations par des hommes avides de pouvoir, l’obscurantisme, les violences en tous genres, la destruction.

Je n’ai pas compris pourquoi elles cherchaient à lire le conflit à travers des analyses « gauchistes » dépassées plutôt qu’à travers une grille de lecture féministe, encore moins pourquoi elles prenaient partie pour un camp ou l’autre, alors que les deux côtés manifestaient un acharnement à détruire l’autre ; comme si les guerres, en particulier lorsque politique et religion en sont le cœur, n’étaient pas toujours particulièrement préjudiciables, surtout aux femmes et aux enfants.

J’ai été déçue plus encore par celles qui ont traversé ce conflit meurtrier en réussissant à ne pas exprimer la moindre idée, sur la question.

Le mardi 5 août 2014, un cesser le feu est enfin entré en vigueur pour 72 heures et des négociations se sont ouvertes, Israël et le Hamas ayant enfin accepté la proposition de trêve du Caire. L’armée israélienne a retiré toutes ses troupes. Les dernières 48 heures avaient été particulièrement intenses, les palestiniens lançant leurs roquettes sur une douzaine de villes israéliennes et les avions israéliens menant des raids nourris. Israël a toutefois prévenu qu’elle répondrait à toute attaque.

Les négociations seront difficiles les exigences des belligérants étant inconciliables. Le Hamas demande notamment la levée du blocus, alors qu’Israël avance un impératif de sécurité et prétend que le Hamas dispose encore d’environ 3 000 roquettes. Israël exigerait également que la reconstruction de Gaza soit conditionnée à sa démilitarisation. Dans tous les cas, cette région est à feu et à sang et ce n’est pas là de s’arrêter.

Ce que je retiens de ce conflit sanglant c’est que depuis les années 70, la situation dans cette région a considérablement évolué. Il ne s’agit plus seulement d’une guerre entre deux protagonistes, au contraire, elle est menée par de nombreux acteurs qui agissent par procuration.

Les chiites et les sunnites s’affrontent en Irak, en Syrie, au Liban ; des régimes arabes « autoritaires » sont en guerre avec des islamistes (200 000 syriens tués) ; un conflit intra-sunnite déchire l’Arabie Saoudite, le Qatar, l’Egypte et la Turquie. Toutes ces luttes hégémoniques expliquent aussi pourquoi le Hamas soutenu par l’Iran, (la Turquie et le Qatar),  s’attaque à Israël, dans la bande de Gaza. Se faisant, lui et ses alliés s’attaquent indirectement à l’Egypte et à l’Arabie Saoudite.

La droite israélienne au pouvoir se comporte quant à elle, de manière inqualifiable, nourrit le terreau du terrorisme (même s’il n’a guère besoin d’encouragements), et par ses frappes disproportionnées et non maitrisées à tué sans raison un nombre hallucinant de civils dont des enfants. La seule explication et non excuse, acceptable, étant son isolement dans cette région du monde.

C’est aussi pourquoi il est urgent de comprendre que le conflit entre la Palestine et Israël dépend aussi des luttes qui déchirent les arabes et les musulmans entre eux.

Ce cesser le feu, qui probablement ne durera pas,  est un soulagement ; en revanche, le peu d’autonomie et de secours du féminisme pour proposer des alternatives crédibles d’interprétation et de résolution des conflits guerrier de ce monde, est accablant.

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J’ai écrit cet article le 21 juillet 2014.

Le 31 juillet, 10 jours plus tard, je constate que les manifestations partisanes , en particulier à Paris, pour soutenir un camp et ses exactions ou l’autre, n’ont abouti à rien de positif. Ce sont les civils, otages sacrifiés,  qui continuent de payer le prix fort. Un massacre insoutenable pendant que le Hamas continue ses frappes acec des lance-roquettes disséminés au milieu de la population, accolés aux édifices de l’ONU et qu’Israël bombarde des habitations, des écoles où est entreposé du matériel militaire mais aussi où trouvent refuge des civils.

La seule option depuis le début consistait bien à exiger un cesser le feu inconditionnel et immédiat, à demander ensuite la reconnaissance de deux états sécurisés. Comme à Paris, gesticuler dans des manifestations appelant essentiellement au boycott d’Israel au milieu de reproductions de fusées recouvertes de croix gammées, de drapeaux djihadistes, aux cris de morts aux juifs de ceux qui brûlent des drapeaux israéliens, etc. n’est pas glorieux ; les gauchistes et le PC notamment, qui ont fermé les yeux dans la plus grande démagogie, n’en sortent pas grandis. L’Humanité avec ses dossiers « Gaza mon amour » fait preuve d’un intérêt sélectif troublant pour la bande de GAZA.

Ne pas  dénoncer avant tout, que les deux protagonistes (et tous les autres indirectement impliqués) sont dans une logique hégémonique de domination et de puissance machiste, ne pouvait mener qu’à ce résultat.

Je rejoins l’analyse de Claudie Lesselier, elle aussi féministe, laïque, de gauche, même si elle fait l’économie d’une lecture féminsite de la situation et ne remarque pas que cette situation relève directement de la domination masculine.

http://www.mpctasso.org/spip.php?article1317

 

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Ce conflit plus que tout autre, est révélateur de l’incapacité de féministes à se détacher des idéologies dominantes, aussi machistes soient-elles.

Palestiniennes et israéliennes subissent, comme leur peuple, les conséquences du conflit qui enflamme périodiquement la région, mais elles sont également opprimées par les hommes de leur groupe.

A Gaza comme tout un chacun, les femmes sont touchées par des conditions de vie déplorables, les restrictions et contrôles du blocus israélien, mais aussi par la main mise du Hamas et son incurie, l’endoctrinement politico-religieux de leurs enfants, leur soumission à la charia.
Elles sont terriblement discriminées, ne travaillent pas (à peine 10% de la population qui travaille), subissent des violences conjugales et sexuelles comme partout ailleurs, n’ont aucun contrôle sur leurs droits reproductifs (l’avortement y est interdit), etc.

En Israël la situation des femmes est beaucoup plus hétérogène mais l’influence du religieux s’étend et enferme de plus en plus de femmes dans des traditions d’un autre âge.

Ce conflit résulte de l’une des pires horreurs de de l’humanité : la Shoah.

(Je sais bien que l’idée de la création d’un état juif en Palestine remonte aux environs de 1890 avec la naissance du mouvement sioniste (retour en terre sacrée) ; mais je m’intéresse ici à la création, par l’ONU en 1947,  de l’état d’Israël, proclamée en 1948, après la partition de la Palestine (terre promise aux juifs en 1917 et aux arabes en 1915 par le RU !).
Je fais bien référence à la découverte en 1945 des horreurs de l’Allemagne nazie, à l’histoire de l’Exodus, au partage de la Palestine en deux états par l’ONU en 1947 et à la déclaration de l’Etat d’Israël le 14 mai 1948 (attaqué dés le lendemain par les arabes qui refusent le plan de l’ONU).
Les combats s’arrêteront en 1949 et l’Etat d’Israël en sortira conforté.)

Déculpabiliser de l’holocauste, réparer en créant un état juif sur ce territoire déjà témoin d’un lourd contentieux entre arabes et juifs, comment douter un seul instant, que cela ne se ferait pas sans une forte opposition  ?
Une compétition inégale pour la suprématie était à l’évidence en germe, dans le projet de création de l’état d’Israël.

Une coexistence pacifique n’était pas pour autant exclue, mais peu crédible, tant notre civilisation regorge d’exemples désastreux de l’incessante lutte de pouvoir virile visant à contrôler toujours plus de terres et de richesses, en dominant femmes et enfants toujours utiles pour perpétrer à l’infini, cette soif de puissance et de supériorité machiste.

L’instrumentalisation politique des religions est l’outil le plus performant pour parvenir à de tels fins et l’Histoire en atteste, les femmes en ont toujours été les premières victimes.

Alors historiens, sociologues et politiques expliqueront à leur façon la genèse, les rivalités et attaques successives du conflit, mais il est possible de résumer la situation à un bras de fer viril pour imposer sa religion, sa culture, ses valeurs à l’autre, l’étranger, différent et donc ennemi.

Israël s’est désengagé de la Bande de Gaza en 2005.

S’y s’entassent 1,7 million de personnes, qui vivent sous blocus israélien depuis 2006/2007, après perpétration par le Hamas d’un coup d’état contre l’Autorité Palestinienne de Mahmoud Abbas et instauration de la charia.
C’est donc le Hamas, organisation totalitaire terroriste qui contrôle et radicalise ce territoire. Sa gestion est indigente, sans les dons d’associations humanitaires et de pays « amis », la situation sociale et sanitaire de ce territoire, serait pire encore.
Le Hamas et la quinzaine d’organisations rivales salafistes ou jihadistes de Gaza n’ont pas déclenché cette guerre et ne refusent pas le cesser le feu proposé par l’Egypte, sans raison.

Ils savent bien qu’ils vont perdre sur le plan militaire, Tsahal est plus forte, même s’ils sont mieux équipés et préparés que les observateurs pouvaient le penser : les tirs de roquettes soutenus malgré les bombardements prouvent une organisation efficace, des munitions en nombre, des tunnels et souterrains où se terrent les chefs de guerre.
En l’absence des batteries anti-missiles israéliennes « dôme de fer » qui interceptent 90% des roquettes, les dégâts seraient probablement prodigieux en territoire israélien.
Ce qui intéresse le Hamas c’est de gagner sur le plan politique.

Il se sert des Gazaouïs qu’il fait tuer par Israël, il les fanatise ensuite d’autant plus facilement.
Il sait pertinemment que Tsahal pour parvenir à anéantir les lance-roquettes, entrepôts d’armes et responsables du Hamas disséminés volontairement dans les zones surpeuplées, va tuer de nombreux civils, y compris des enfants.
Il s’en moque, il n’a construit aucun dispositif de protection civile, aucun abri où se réfugier pendant les bombardements, il aime les martyres.

Les enfants, il les enrôle, il les utilise comme boucliers humains.
Qui n’a pas vu cette vidéo où des centaines d’enfants en uniforme, armés jusqu’aux dents, s’entraînent à haïr les juifs « parce qu’ils sont des animaux » ; où un militant du Hamas empoigne un gosse pour traverser une zone sous le contrôle d’un sniper israélien ?
* 1. Vidéo : Le Hamas et les enfants gazaouïs « Where is UNICEF ? »

Le président palestinien Mahmoud Abbas, rival du Hamas, a tenté en vain, d’obtenir un cesser le feu en parlementant avec des représentants du Hamas et du Palestinian Islamic Jihad.
Abbas a ensuite rencontré le premier ministre turc Recep Erdogan pour lui demander d’intercéder en faveur du cesser le feu, toujours sans succès.
La Ligue arabe a soutenu le cesser le feu égyptien mais le Hamas n’en a cure et décide seul, du sort des Gazaouïs car son intention clairement affichée est bien la destruction pure et simple de l’état d’Israël : «Avant de mourir Israël doit être humiliée et dégradée. » Khaled Mechaal – chef du Hamas (Al Aqsa TV, 2008)

De son côté, Israël a un gouvernement de droite depuis trop longtemps.
Le moins que l’on puisse dire est que ce gouvernement ne facilite pas le rapprochement des deux peuples, nombre de ces choix sont condamnables.
Il viole délibérément les accords de paix, cautionne voire organise une expansion constante des colonies israéliennes et peine à contrôler sa droite dure et ses extrémistes religieux.

L’offensive terrestre, même pour détruire les tunnels très dangereux pour Israël, même après le refus du cesser le feu par le Hamas, était une erreur.
Le risque de provoquer un carnage dans la population civile était beaucoup trop grand.
Pour défendre sa population des tirs de roquettes, Israël ne pourra pas justifier la mort de tant de civils, en particulier d’enfants, même si les Gazaouis sont beaucoup plus inféodés au Hamas qu’il y a quelques années.

Déjà en 2006 la riposte israélienne à une agression terroriste était disproportionnée, et ce même si en réalité, il ne s’agissait déjà plus de se défendre contre des armes « artisanales » mais bien contre des armes meurtrières fournies en nombre par l’Iran.
Depuis, le Hamas et son rival, le Djihad islamique, ont renforcé leur arsenal (roquettes iraniennes Fajr 3 et 5 et obus mais aussi missiles dernier cri, M-302 iraniens fabriqués en Syrie et missiles R-160 et Grad), de quoi atteindre la totalité du territoire israéliens.

On comprend bien pourquoi Israël tient à anéantir cet arsenal et les organisations totalitaires qui les détiennent, mais l’offensive terrestre avec un nombre aberrant de civils tués, fait le jeu de ces organisations et personne ne peut tolérer autant de civils tués.

Avec un peu de recul et une lecture féministe de la situation, il saute aux yeux que toute cette énergie guerrière, toute cette violence machiste relève purement et simplement de la domination masculine.
Alors je m’interroge quand je vois des féministes contribuer à exporter ce conflit en France, se ranger derrière l’un ou l’autre camp plutôt que de favoriser exclusivement l’étude d’un plan de paix équitable et durable, et plus encore, de ne pas s’intéresser à ce que les femmes israéliennes et palestiniennes pourraient faire ensemble pour résoudre ce conflit.

Pourquoi certaines féministes défilent-elles derrière des banderoles : « soutien total à Gaza » ? Soutenir Gaza en bloc, n’est-ce pas aussi soutenir l’autorité terroriste qui la manipule ?
Pourquoi certaines prennent-elles le risque de se mêler aux islamo-fascistes  et relayent cette fable grotesque d’un « génocide à Gaza », alors qu’il n’y a aucune volonté d’éradication ethnique de la part d’Israël et que la notion de génocide répond à des critères juridiques très précis ?

*2: IL faut lire l’analyse d’ Ayala Prager”The semantics of conflict: GAZA and the myth of genocide”, sur son blog The girl makes noise.

Pourquoi à l’inverse, d’autres soutiennent-elles d’une seule voix le gouvernement Netanyahu, allant même parfois jusqu’à cautionner les actions intolérables de la Ligue de Défense Juive et du Betar en France ?

Une banderole : « Cesser le feu immédiat – paix ! « ou « stop bombardements sur Gaza et roquettes sur Israël – paix ! « ou encore, un cortège féministe « femmes palestiniennes et israéliennes pour une paix durable », tout plutôt que Palestine ou Israël vaincra, je comprendrais.

Le journaliste et écrivain algérien Kamel Daoud dans son article * 3 « Ce pourquoi je ne suis pas « solidaire » de la Palestine » est tellement plus cohérent quand il écrit : « D’abord non à la « solidarité » sélective. Celle qui s’émeut du drame palestinien parce que se sont des Israéliens qui bombardent. Et qui, donc, réagit à cause de l’ethnie, de la race, de la religion et pas à cause de la douleur. »
A côté, le PCF, avec son soutien inconditionnel à la Palestine, qui fait comme si rien n’avait changé depuis 2006/2007, m’inquiète beaucoup.
J’ai l’impression que s’il a évolué sur beaucoup de points, sur celui-ci, il trempe toujours dans son bain de formol.

La situation est éminent complexe.

Espérer un rapprochement entre les deux peuples, la reconnaissance internationale d’un état palestinien avec à sa tête un gouvernement démocratiquement élu, le Hamas et tous les groupes totalitaires désavoués, tout ceci semble bien relever de l’utopie pour l’immédiat.
Dans tous les cas, cela ne se fera pas à coups de soutiens partisans ni d’incantations à la paix.

Les accords d’Oslo avaient apporté l’illusion d’une paix entre deux états.
Mais l’objectif du Hamas est on ne peut plus clairement écrit dans sa chartre : anéantissement d’Israël et l’assassinat des juifs.
Il est certain que donner un état au peuple arable palestinien n’est pas sa priorité.

En outre, en Syrie, en Algérie, au Nigéria, en Irak, au Soudan, au Liban, etc. Israël n’est pas en cause, les massacres sont intra-islamiques.
Cette logique mortifère, il est temps que les arabes eux-mêmes la dénoncent, c’est d’ailleurs ce que tentent de faire, en nombre insuffisant, l’imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, Boualem Sansal, Malek Chebel et quelques autres.

Difficile d’être aussi crédule aujourd’hui, difficile d’imaginer mieux qu’un cesser le feu et son contrôle imposé par les autorités internationales.

Difficile aussi de ne pas être choquée par la différence idéologique faite entre toutes les victimes des guerres et des conflits.
L’indignation sélective française a quelque chose d’indécent : un quasi silence face aux centaines de milliers de morts en Syrie, mais un quartier de Paris mis à sac pour les morts palestiniens ?

Des féministes prêtes à défiler au milieu de femmes voilées exhibées par des propriétaires arborant un T-shirt : Émirats Arabes devant et Boycott Israël derrière, mais qui n’ont jamais organisé le moindre défilé contre le féminicide des femmes dans le monde ?

Confrontées à un conflit sanglant il semble bien que trop de féministes figent le temps, la zone de conflit et se rangent derrière les idéologies dominantes, un peu comme si le féminisme ne leur servait plus à rien, ne constituait plus un projet de société universel et intemporel.
Tout semble indiquer que dans un tel contexte, le féminisme cesse d’être une grille de lecture et d’analyse, n’offre plus une solution globale de vie en société.
Des gouvernements réactionnaires ou totalitaires, non paritaires, non féministes, imprégnés de dogmatisme religieux, qui mènent à des impasses d’antagonismes, ne sont tout d’un coup, plus dénoncés.
Voici qui est particulièrement grave et désespérant, plus encore que la somme de toutes les victimes des conflits subis par l’humanité depuis son origine.

Des puissances machistes successives s’emploient à mettre à feu et à sang une région du globe après l’autre depuis la nuit des temps, il serait temps d’en prendre vraiment conscience et de proposer d’authentiques alternatives féministes avant que l’humanité ne soit plus qu’un souvenir.

Christine Le Doaré

* 1. Vidéo : Le Hamas et les enfants gazaouïs : « Where is UNICEF ? » : https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=10152628481158938&id=749633937    

 

*2: Ayala Prager”The semantics of conflict: GAZA and the myth of genocide”, blog : The girl makes noise : http://t.co/7JiMj8KQM0    

 

*3 Par le journaliste et écrivain algérien Kamel Daoud « Ce pourquoi je ne suis pas « solidaire » de la Palestine » : http://www.medias24.com/tr13202Ce-pourquoi-je-ne-suis-pas-solidaire-de-la-Palestine.html

Crédit photo : Finbarr O’Reilly/Reuters)

21 Réponses to “GAZA – Palestine – Israël, à quoi jouent tant de féministes ?”


  1. 1 Claudie 21/07/2014 à 19:05

    j’ai écrit deux textes allant dans le même sens, je les finalise avant de les envoyer, je voulais prendre le temps de la réflexion

  2. 2 BERNHEIM 22/07/2014 à 08:36

    Un souvenir… DE QUI ?

  3. 3 stora 22/07/2014 à 15:26

    « Déculpabiliser de l’holocauste, réparer en créant un état juif dans un endroit déjà peuplé, comment douter un seul instant, que cela se ferait sans une forte résistance ? » cela est historiquement faux, Israël et le sionisme ne sont pas nés de la Shoah… Pour tout le reste j’adhère et me permets de mettre en mien mon article
    Chagrin et nausée
    http://www.huffingtonpost.fr

  4. 4 poussant 22/07/2014 à 20:30

    Chagrin et nausée …Tout est dit !

  5. 5 Dominique Dubard 23/07/2014 à 11:54

    Merci, vous montrez toute la limite des capacités de réflexion des parties prenantes et de leurs soutiens.

  6. 6 Franck loquet-nael 23/07/2014 à 22:37

    Merci beaucoup pour votre analyse. Vous trouvez les mots justes qui me manquaient ces derniers temps sur ce sujet. Heureusement qu’il y a des personnes comme vous, dommage qu’on ne les entende pas plus. Merci encore.

  7. 7 A. 24/07/2014 à 05:51

    Il est logique pour des féministes d’être contre l’oppression, donc contre l’occupation israélienne. Il ne faudrait pas oublier que c’est une situation où il y a un occupé et un occupant. Se prétendre « neutre », c’est faire le jeu de l’oppresseur (on ne saurait donc mettre le Hamas sur le même plan que le gouvernement israélien).
    Et puis, pour rappel, le Hamas a été démocratiquement élu dans la bande de Gaza lors d’élections en 2006.

  8. 8 Christine Le Doaré 24/07/2014 à 08:55

    Non, il est logique pour les féministes de reconnaître aux démocraties le droit de se défendre ; de demander l’arrêt des massacres (un cesser le feu général et réciproque) ; de militer pour une paix durable et pérenne, etc.
    mais pas de mettre de l’huile sur le feu en traitant un camp ou l’autre d’assassins, car voyez-vous, les groupes djihadistes et le Hamas sont aussi des assassins.
    Les 2 peuples ont le droit à un état libre et démocratique.
    Vous niez le fait que le peuple palestinien est sous la coupe d’islamistes terroristes qui font le vœu de détruire Israël ?
    C’est tout de même un problème, non ?
    Je condamne l’extension des colonies, la violation des accords, l’utilisation de frappes massives et je demande aussi l’arrêt des massacres à Israël.
    Mais je soutiens le cesser le feu égyptien qu’Israël a accepté et non le Hamas, et surtout, mais je suis lucide.
    Qu’est-ce qui n’est pas clair ?
    En tant que féministe, exiger la paix et le cesser le feu devrait être votre priorité.
    Pour le reste la situation est si complexe, nous n’en savons en réalité pas grand chose, et la plus part des prises de position sont purement idéologiques, les radicaux sont restés sur une idée d’une Palestine laïque et symbôle adoré de révolutionnaires en mal d’idéaux, mais il y a longtemps hélas, et en particulier depuis le coup d’état du Hamas que la Palestine n’a plus grand chose à voir avec ce vieux rêve.
    Les féministes devraient surtout se demander ce que les femmes et les enfants ont à attendre de tels conflits, exercer une solidarité transversale, plutôt que de se ranger derrière les leaders d’opinion de formations politiques ou autres groupes et de se soumettre à la logique verticale de la défense des communautarismes, des logiques hégémoniques, des ambitions de pouvoir, etc.
    En outre, si en effet le Hamas a été élu (ce qui entre nous est plus qu’inquiétant), le contexte était pour le moins trouble et ça ne s’est pas fait sans violences ni règlements de comptes que manifestement vous couvrez sans complexe !
    Élu donc rien à dire ?!
    Vous m’en direz tant si le FN est élu demain chez nous, RAS aussi ?!
    Le Hamas qui s’est radicalisé, qui est un groupe terroriste islamiste (sans compter la quinzaine de groupes djihadistes ultra-violents), a été élu en 2006 (nous sommes en 2014 !!!) la géopolitique a évolué mais pour vous RAS ? Les roquettes, les tunnels en béton et en grand nombre pour envahir Israël, y cacher les chefs de guerre et les armes (et non pas des abris pour les civils), c’est normal ? RAS ?
    féministe ?
    Ben écoutez, si le Djihâd, la charia, les terroristes islamistes, tout ça, vous convient pour moi vous n’avez aucune leçon de féminisme à donner.
    Le féminisme c’est avant tout la paix, la démocratie et surtout une grille de lecture du monde pour des relations d’égalité et de non violence entre les gens.
    Pas des logiques va-t’en-guerre partisanes rangées derrière une idéologie gauchiste bien machiste et d’un autre temps …
    Vivement la paix et espérons que les féministes appréhenderont un jour le féminisme comme un projet alternatif de société global et non de manière parcellaire et opportuniste.

  9. 9 Christine Le Doaré 24/07/2014 à 23:06

    En outre, comme le dit si bien ma mère : « Hitler aussi a été élu » …

  10. 10 Christine Le Doaré 26/07/2014 à 14:30

    Un des commentaires de Sporenda avec laquelle je suis en parfait accord :
    « Etre féministe, c’est d’abord résister à l’oppression patriarcale, je ne vois pas comment on peut articuler ça avec le soutien à des mouvements politiques clairement patriarcaux, voire revendiquant le rétablissement d’une domination patriarcale totale sur les femmes comme un point essentiel de leur programme (comme le Hamas vu ses liens avec des intégristes religieux). Manifester pour la paix est par contre une démarche parfaitement cohérente pour une féministe. « 

  11. 11 Ismène 28/07/2014 à 16:34

    Je suis d’accord avec le fait que l’on doive avant tout manifester pour la paix et que les actions du Hamas soient bien évidemment condamnables. Tout projet féministe amène inévitablement la paix sur le long terme car lorsque le bien-être et les droits des femmes sont assurés l’avenir d’une population l’est aussi. Ce qui m’a cependant énervé était de voir traiter les forces en présence de ce conflit comme si elles étaient égales alors que ce n’est pas du tout le cas. J’entends personnellement le soutien à Gaza comme soutien à ses populations civiles qui pour l’instant sont celles qui en bavent le plus sérieusement et cela ne signifie pas ne pas prendre à compte la souffrance des civils israéliens.

  12. 12 tangakamanu 02/08/2014 à 19:27

    A reblogué ceci sur tangakamanuet a ajouté:
    LE FÉMINISME A ICI PLUS QUE JAMAIS SON RÔLE A JOUER !!
    INFORMEZ-VOUS SUR DES RÉALITÉS DONT VOUS N’AVEZ SANS DOUTE PAS CONSCIENCE !!!

  13. 13 Claudie 06/08/2014 à 19:11

    “l’instrumentalisation politique des religions, les motivations machistes de contrôle des populations par des hommes avides de pouvoir, l’obscurantisme, les violences en tous genres, la destruction. “ je les condamne toujours.
    Mais ce qui m’a le plus interpellée, durant ce mois de juillet 2014, c’est l’antisémitisme et la haine d’Israël étalée sans vergogne en France, la propagande du Hamas relayée sans le moindre esprit critique. Car le reste, c’est bien sûr en filigrane derrière cette situation, et d’autres situations, dans tout le Moyen orient, mais en France aussi, où l’islamisme allié au gauchisme le plus obtus prend l’offensive dans de nombreux domaines.
    Outre l’article que j’ai mis sur le site du Mvt pour la paix et contre le terrorisme, j’ai écrit à Femmes solidaires dont le communiqué avait au moins la qualité de ne pas occulter le Hamas, alors que tous les autres tracts (dont celui de la MMF pour ce qui est des féministes) faisaient l’impasse sur le fait que c’est ce mouvement qui est au pouvoir à Gaza.
    Cessez le feu précaire, espérons que le courage conduira à une solution politique.
    Mais le pire se passe du côté de l’Irak/Syrie (les répercussions géopolitiques seront bien plus grandes encore), et on n’a pas fini de voir l’islamisme (le fascisme ou le totalitarisme du 21ème siècle) se répandre. L’Afrique est menacée, et pas grand chose là ne pourra s’opposer aux conquêtes islamistes…
    La plupart des féministes n’ont rien dit, mais tu as vu qu’elles n’étaient pas présentes en tant que telles aux manif “pro palestiniennes”… C’est déjà ça…

  14. 14 Christine Le Doaré 06/08/2014 à 20:04

    Nous sommes bien d’accord.

  15. 15 Joël MARTINE 09/08/2014 à 09:01

    Palestine – Israël : pour une approche anticolonialiste et féministe
    Joël MARTINE

    Ce message est une réponse à l’article de Christine Le Doaré (sur ce texte, voir aussi une réaction critique signée SOS-sexisme, et une autre signée Marie-Thérèse Martinelli).
    Ce message est aussi une réponse à l’article de Claudie Lesselier :
    http://www.mpctasso.org/spip.php?article1317

    Je trouve qu’il y a un énorme manque dans l’article de Christine Le Doaré, c’est la question du colonialisme : QUI entretient une situation coloniale d’injustice et de mépris basée sur la violence et qui ne peut générer que la violence? Par ailleurs je trouve qu’elle a raison de souligner la domination masculine, les motivations machistes qui entretiennent le conflit et la guerre : le féminisme n’est pas un « supplément d’âme » dans la lutte pour la paix, c’est une grille d’analyse indispensable pour dénoncer les logiques de guerre et pour trouver des solutions. De ce point de vue elle a raison d’appeler à une réaction audible des féministes.
    En préalable je voudrais dire que j’apprécie beaucoup les positions militantes et les réflexions de Christine Le Doaré sur l’ensemble des questions de genre et de domination masculine. De même concernant Claudie Lesselier, particulièrement pour son approche féministe des politiques sur l’immigration. Ma réponse n’est donc pas du tout polémique, c’est une contribution à la réflexion en toute sympathie et dans un esprit solidaire.

    Sur la question coloniale, depuis qu’Israël existe il n’a cessé de maltraiter les Palestiniens : conquête, spoliation, destruction de villages, purification ethnique rampante, vexations multiples dans le quotidien, illégalités, sabotage des efforts de paix. Bien sûr on peut critiquer le fait que le Hamas joue la carte de la provocation et de la guerre et entraîne sa population dans la spirale des représailles réciproques, mais le premier responsable de la situation, c’est le colonisateur, c’est ceux qui entretiennent le colonialisme. Si on veut briser la situation d’injustice et l’engrenage de la guerre on ne peut pas se contenter de compter les méchancetés dans les deux camps comme si leurs responsabilités politiques étaient symétriques, il faut reconnaître qu’il y a un Etat oppresseur et une population victime d’une oppression de type colonial.
    Comme ce fut le cas pour l’Afrique du Sud, la campagne BDS est décisive pour contraindre Israël à négocier et à respecter la légalité internationale.
    La tactique habituelle des oppresseurs, c’est de mettre les opprimés dans une situation intenable, pour provoquer des réactions exaspérées et haineuses, dont on va se plaindre ensuite pour justifier des représailles … qui ne font qu’entretenir et approfondir l’oppression. C’est ce que font les maris violents (« elle m’a provoqué… »), les flics racistes (« il m’a insulté… »), les nazis quand ils dénonçaient les « terroristes » de la Résistance, etc. … C’est une tactique typique des forces d’occupation coloniale. C’est ce qu’a fait la France juste après la deuxième guerre mondiale en Algérie et à Madagascar, ne laissant d’autre choix aux mouvements de libération que la lutte armée. Nous ne devons pas nous faire avoir par cette tactique. Je pense que le recours à des actes de guerre voire de terrorisme de la part d’une partie de la résistance palestinienne est non seulement criminel mais très contre-productif, puisque cela entretient la spirale de la guerre. Mais la façon de s’en sortir c’est l’ouverture de négociations avec des propositions réelles, et un arbitrage international. Et c’est de la responsabilité de la puissance coloniale d’engager un processus de décolonisation, y compris en négociant avec des terroristes comme l’a fait la France pour mettre fin à la guerre d’Algérie.
    Dans la deuxième moitié du XXème siècle plusieurs puissances occidentales se sont engagées (même de façon imparfaite, incomplète, etc.) dans la rupture avec l’héritage colonial : la France, puis le Portugal, ont fini, après des années de guerre, par reconnaître le droit à l’indépendance de leurs colonies ; les USA ont accordé l’égalité des droits aux Noirs (pas toujours dans les faits, mais quand même) ; l’Afrique du Sud a arrêté l’apartheid … et pendant ce temps-là l’Etat d’Israël a fait tout le contraire. Depuis plus de 60 ans Israël, malgré une supériorité militaire énorme face aux Palestiniens, n’a pas été fichu de mettre en place une solution négociée … alors que c’est la doctrine officielle de l’ONU … et n’a cessé de grignoter du territoire sur ce qui reste de la Palestine, et de savonner la planche aux Palestiniens partisans de solutions négociées : c’est pas bizarre, ça? Même en interne les citoyens non-juifs d’Israël n’ont pas des droits égaux et on peut parler d’ethnocratie. (Voir, en réponse à cela, le remarquable projet de constitution pour Israël élaboré par l’association Adalah : un Etat à base bi-nationale, avec égalité des droits pour tous les citoyens à titre individuel et pour toutes les communautés culturelles et religieuses – … rien à voir avec le statut de dhimmi que craint Claudine Lesselier – , et droit d’asile pour les personnes persécutées dans le monde, dont les Juifs mais pas seulement : http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=1400 ).

    Deuxième point : on ne peut pas comprendre le colonialisme et le bellicisme sans tenir compte des motivations machistes des dominants, du système machiste des désirs, et des rapports sociaux de sexe.

    Commençons par une banalité : la violence physique n’est jamais neutre en termes de genre ! Bien sûr les femmes peuvent être violentes, elles peuvent aimer la guerre, mais statistiquement les fauteurs de violence sont massivement des hommes. Dans tous les pays les hommes auteurs d’homicides sont de loin beaucoup plus nombreux que les femmes, quel que soit le niveau de la criminalité dans le pays. Utiliser la violence physique pour traiter les conflits, ou pour manipuler et dominer autrui, ou tout simplement pour « s’affirmer », tout cela est très présent dans la culture virile. Cette culture est dominante dans les politiques dites de « défense » et rares sont les Etats qui font des efforts pour lutter contre. On peut se demander quelle est là-dedans la part de prédispositions innées et celle de la culture et des rapports sociaux, mais il faut déjà reconnaître ces constatations. C’est une banalité, mais face à toute violence il faut dire cette banalité et y trouver des réponses. Il peut être légitime d’utiliser la force militaire pour défendre la paix, mais il n’y a aucune légitimité à la culture du revanchisme national et des représailles : psychologiquement c’est tout simplement une reprise au niveau politique de la culture de la vendetta. Cette culture impose le ping-pong de la violence masculine comme un fait accompli et manipule les femmes en les sommant de venir en appui à leurs soi-disant protecteurs, d’applaudir les guerriers, et de faire des enfants pour la patrie.

    Autre chose : le fantasme de pouvoir sans limites sur autrui n’est pas neutre du point de vue des rapports de genre, il est au contraire typique de l’agressivité masculine. Or ce fantasme est typiquement présent dans le colonialisme. Les dirigeants d’Israël, délibérément, ne posent aucune limite aux perspectives d’expansion territoriale (pas de frontières précises définies dans la constitution, pas de projet de cogestion de l’espace avec les voisins), et de renforcement du pouvoir militaire (y compris bombe atomique). Ils savent que pour faire cela il faut agresser en permanence les voisins et saboter toute perspective de paix chaque fois qu’il en apparaît une. De part et d’autre les dirigeants militaires et les nationalistes fanatiques entretiennent la spirale des représailles et contre-représailles, ils préfèrent cela parce que s’il y avait la paix ils perdraient leur pouvoir sur la société. Du côté palestinien le choix de riposter au sionisme par des moyens militaires est légitime mais s’est révélé peu efficace, et le choix de faire des attentats contre la population juive (le terrorisme à proprement parler) est totalement condamnable. Le mouvement international pour la paix doit aussi dénoncer cette logique belliciste. D’ailleurs quand on demande que les criminels de guerre soient poursuivis et jugés par une cour pénale internationale, cela concerne les criminels des deux côtés. Cela dit le terrorisme auquel recourent certains mouvements palestiniens n’a ni les dimensions ni la finalité apocalyptique du terrorisme d’Al Qaïda, il a des buts politiques définis, et donc négociables.

    Les dirigeants sionistes font tout ce qu’ils peuvent pour démolir la société palestinienne y compris par le terrorisme (bombarder la population civile!) mais aussi par l’asphyxie économique (blocus de Gaza, mur, check-points)… et en même temps ils enferment les Juifs d’Israël dans le stress des attentats, le qui-vive perpétuel, et le sentiment d’être encerclés à jamais par la haine des voisins. Mais cela, ils s’en moquent, ils ont une culture du risque, … surtout du risque infligé à autrui, et du mépris de la vie sociale. Et les bellicistes du côté palestinien ont aussi cela dans leur culture, même si eux n’ont guère de choix pour y échapper. Or cette culture du risque et du mépris est typique de la domination masculine, d’une part parce qu’elle repose sur un fantasme de pouvoir sans limite, d’autre part parce que la guerre, et notamment la guerre contre la société civile, détériore systématiquement la position des femmes dans la société et entretient leur exploitation et leur subordination. Je voudrais revenir maintenant sur ce point, que les féministes ont analysé depuis longtemps. La guerre, ses destructions matérielles et humaines, ses dangers perpétuels … renvoie sur les familles la mission impossible d’assurer la survie matérielle et psychique de la société : il faut perpétuellement vivre dans les catastrophes, ramasser les morceaux, panser les plaies, assurer le nécessaire aux enfants, etc., tâches qui traditionnellement incombent principalement aux femmes. Il y a là une spirale du bellicisme et de la phallocratie, un enchaînement implacable de la domination masculine, qui s’impose dans les faits, qu’il soit justifié idéologiquement par le fondamentalisme religieux, ou qu’il fasse l’objet d’un déni sous prétexte d’égalité des droits entre hommes et femmes chez ceux qui se veulent des « démocrates occidentaux ». Dans les deux camps la guerre sert à assigner les femmes à leurs rôles traditionnels. A cet égard Israël et le Hamas entretiennent ensemble la domination masculine, ils en sont co-responsables et on ne peut pas lutter contre le bellicisme sans être féministe. Il faut le dire. Il y a une portée féministe aux efforts des militant-e-s pour la paix, entre autre des mères de soldats israëliens et des familles de victimes du terrorisme des deux côtés qui essaient de tisser des liens entre elles. Nous devons relayer à l’échelle internationale la parole des féministes palestiniennes et israëliennes.

    Dans cette logique, il est très important que les mouvements sociaux montrent qu’il y a des alternatives, même si elles peinent à se faire entendre dans un contexte de haine et de peur. Il y a ces jeunes israëliens juifs et arabes qui manifestent contre le mur. Il y a les refuzniks. Il y a les mobilisations palestiniennes non-violentes notamment contre l’expulsion des terres. En refusant la culture de la guerre ces mouvements apportent un appui politique aux pressions internationales pour une négociation réelle. Une affirmation féministe internationale pourrait aider ces alternatives à se faire entendre.

    Le 9 août 2014
    Joël MARTINE, militant altermondialiste et féministe, Marseille
    Voir http://joel.martine.free.fr , répertoires Féminisme et Nation.

  16. 16 Christine Le Doaré 09/08/2014 à 12:26

    Mon texte n’avait pas pour objet d’analyser ce conflit sous toutes ses formes ni d’être exhaustif ; je voulais juste proposer une autre grille de lecture et à priori puisque je dénonce une lutte machiste incessante pour imposer une domination politique, religieuse, culturelle, sur une autre, je n’allais pas remonter jusqu’à l’origine des temps pour tenter d’établir des responsabilités entre les protagonistes.
    Je n’ignore pas les méfaits des colonisations (en l’espèce la colonisation par Israël) mais je trouve étrange cette éternelle auto-flagellation en particulier en France, mais pas seulement, qui consiste à toujours pointer les torts des civilisations occidentales et gommer ceux des autres.
    Pour rappel et exemple, l’esclavage musulman qui a saigné l’Afrique noire, n’est que rarement mentionné et pourtant … D’autres formes d’esclavage subsistent aujourd’hui un peu partout dans le monde.
    C’est pourquoi je proposais justement une toute autre grille de lecture, l’histoire n’étant qu’une succession de luttes hégémoniques machistes pour asseoir un pouvoir et contrôler le monde … et à tout prendre, je préfère une civilisation qui permet l’émancipation des femmes et des minorités à toute autre…

    http://www.bladi.net/forum/threads/lesclavage-monde-musulman.37787/

    http://www.herodote.net/622_au_XXe_siecle-synthese-12.php

  17. 17 Christine Le Doaré 09/08/2014 à 13:49

    A lire absolument cette analyse qui date de 2009 « parole libre et décapante » de la sociologue syrienne Wafa Sultan, elle a un point de vue cinglant concernant la situation à Gaza.
    Elle plonge aux origines de l’islam pour expliquer le conflit entre deux conceptions diamétralement opposées : la culture de la vie contre la culture de la mort et du martyre.
    Elle s’appuie sur des exemples de l’histoire récente pour dénoncer une religion, une culture et une idéologie barbares…
    En voici les extraits les plus significatifs, traduits par Chawki Freïha. »
    http://www.mediarabe.info/spip.php?article1644

  18. 18 Cicne&Ròsa 09/08/2014 à 14:12

    Je trouve malheureux de prendre parti aveuglément pour la Palestine, effectivement opprimée par cette guerre certes mais sans garder un esprit critique vis à vis du HAMAS, mouvement islamiste radical et extrémiste, fondé par les frères musulmans. Personnellement, je souhaite mieux aux Palestiniennes qu’un Etat dirigé par les intégristes… C’est oublier les attaques des intégristes au Liban, au Cameron, en Libye, en Syrie, en Irak, sans oublier les Coptes en Egypte ; de la persécution des chrétiens, et autres minorités, des viols et « mariages » forcés de ces milliers de filles et de femmes qui subissent ces mouvements et sont converties de force à l’islam… Soyons conscient(e)s que cette coalition « religieuse » et politique en Orient, ne vise pas que les pays musulmans!
    Faisons de l’humain une priorité, dans les deux camps, sans prendre radicalement partie pour les tortionnaires phallocrates, pour ces exactions patriarcales de sociétés androcentrées, un art de la guerre millénaire, d’un côté comme de l’autre…

  19. 19 Christine Le Doaré 09/08/2014 à 14:15

    Oui, si nous avions ce pouvoir… Militons en ce sens en tous cas.

  20. 20 JPS 15/02/2015 à 21:37

    Total respect Madame Le Doaré ! Je suis tombé par hasard sur cet article en lisant le plus récent consacré à la GPA (avec lequel je suis en complet accord).


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