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Parution essai « Traité féministe sur la question trans »

Traité féministe sur la question trans – De violentes polémiques, des solutions faciles à mettre en oeuvre.

#trans #transactivisme #féminisme

Après un essai intitulé « Fractures. Le féminisme et le mouvement LGBT en danger » publié en octobre 2021 aux éditions Double Ponctuation, j’ai souhaité m’attacher plus particulièrement à la question trans.

La question trans est en effet devenue une question de société polémique.

Pour quelles raisons y-a-t-il autant d’antagonisme entre trans-activistes et féministes ? Pour quelles raisons de plus en plus d’acteurs impliqués dans la protection des enfants et des adolescents se préoccupent-ils des risques éventuels de la transition de genre pour les mineurs ?

Dans les pays anglo-saxons les heurts sont très violents et le débat entre les protagonistes est quasiment devenu impossible.

Qui a tort, qui a raison ?

Après avoir dans un premier temps rappelé les définitions et concepts relatifs aux questions de sexe biologique et d’identité de genre, j’ai dressé un état des lieux illustré d’articles, de photographies et de prises de position sur les réseaux sociaux. Puis je conclus en proposant des solutions qui pourraient réconcilier les opposants en présence, tout en respectant leurs droits à toutes et tous.   

Mon objectif est bien de proposer des solutions acceptables par les personnes concernées comme par l’ensemble de la société ; j’espère ainsi apaiser les tensions et contribuer à aider les pouvoirs publics à prendre des décisions adaptées.

Il ne s’agit pas d’un ouvrage de sociologie mais d’une proposition citoyenne d’un point de vue féministe universaliste. A lire et à débattre !

Christine Le Doaré

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8 mars 2024, 8 mars de la honte !

 #8marsdelahonte

 

Cela a fini par arriver, les femmes ne sont plus en sécurité dans une manifestation féministe.

 

Ce n’est pas la première fois que dans une manifestation du 8 mars, il y a des accrochages entre tendances opposées, par exemple entre abolitionnistes et réglementaristes, entre radicales et trans-activistes, etc.  

Mais cette fois, un palier a été franchi puisque ce sont des femmes, et quelques hommes, des collectifs #nous_vivrons et #NoSilence engagées contre les violences sexuelles subies par des femmes et pour la libération d’otages, qui ont été attaquées et ont dû être exfiltrées par la police.  

 

C’est certainement la première fois que dans une manifestation féministe, à fortiori du 8 mars, sont attaquées des femmes qui affirment que le « viol n’est pas un acte de résistance » et qui exigent la libération immédiate d’otages captives de terroristes islamistes.

 

La seule explication envisageable c’est que les viols, tortures, meurtres et enlèvements dont il est question, ont été commis sur des femmes juives,  le 7 octobre 2023, en Israël.

 

Nous en sommes donc là, la propagande du Hamas a gagné les militants et militantes d’extrême-gauche. Le Qatar peut se réjouir, les centaines de millions de dollars dépensés en lobbying des universités américaines n’auront pas servi à rien, l’idéologie s’est répandue. L’Iran doit jubiler en voyant les militants d’extrême gauche occidentaux soutenir son supplétif sans aucun recul. Le Hamas le martèle, les israéliens sont coupables d’un génocide du peuple Palestinien, lui n’a aucune responsabilité dans la situation, fort bien, les militants le répètent sans réfléchir.

 

Pourtant, un génocide c’est la volonté délibérée, calculée et systématique, d’éliminer un peuple, mais c’est bien le Hamas, pas Israël qui a attaqué le 7 octobre et de la manière la plus sordide qui soit. Il ne s’était pas préoccupé de protéger la population de la riposte prévisible d’Israël.

Pourtant c’est le Hamas qui depuis, refuse absolument de libérer les otages et de négocier.

 

Le Hamas est seul aux commandes de la bande de Gaza depuis le départ d’Israël en 2007.

Entre nous, puisque cette manifestation était bien celle de la journée internationale des droits des femmes, la situation des Palestiniennes ne s’est pas arrangée depuis, la charia n’étant pas vraiment à leur avantage, se reproduire et endoctriner leurs enfants dans la haine d’Israël est à peu près tout ce qu’elle ont le droit de faire.

Avec les milliards de financements internationaux, le Hamas aurait pu développer Gaza, mais il a choisi de spolier les Palestiniens pour construire des tunnels terroristes remplis d’armes et de munitions et sous toute la surface de la région. Il a aussi enrichi à milliards ses dirigeants qui vivent la plupart du temps dans un exil doré.

 

La riposte d’Israël est sanglante, trop de civils meurent, mais si le Hamas ne se servait pas des habitants et des infrastructures publiques pour camoufler ses dispositifs et unités militaires, s’il avait prévu un plan de sauvegarde de la population, et plus simplement encore s’il n’avait pas commis ce gigantesque pogrom, rien de tel ne se serait produit. Free Gaza oui, mais du Hamas !  

Ces militants d’extrême gauche, pro-Palestiniens, gavés de cet antisémitisme de gauche qui jusqu’ici se cachait sous un hypocrite antisionisme, sont tellement endoctrinés qu’ils sont incapables de reconnaître que le Hamas, groupe terroriste islamiste qui ne vaut pas mieux que tous les autres, s’est rendu coupable de viol systématique et même au-delà puisque des mutilations sexuelles ont été documentées. Ils n’ont aucune empathie pour les femmes otages qui endurent, personne n’en doute, les pire violences sexuelles. Ils ne demandent jamais leur libération.

 

Pire encore, ils font la loi dans une manifestation féministe le 8 mars. Pourquoi se gêneraient-ils ? Ils le savent, ils sont chez eux, la tendance gauchiste, islamo-gauchiste même, ayant pris le dessus depuis un moment dans les mouvements féministes. Et voilà ou cela nous a mené, exactement ici, le mouvement féministe avec ses alliés woke ne sont plus du tout un espace sécuritaire (safe place) pour les femmes victimes et celles qui les défendent.

Affaiblir et supplanter le féminisme universaliste, c’était tuer le féminisme, c’est fait. Ce féminisme n’ira plus nulle part sauf, droit dans le mur. Qu’on en finisse !

 

Christine Le Doaré

 

VIDEO

L’agression des collectifs #nous_vivrons et #no_silence dans la manifestation parisienne du 8 mars

https://youtu.be/FryS31hLjtM?si=–cRu56G5amBzJ5e

#NousPasToutes

Screenshot

Marquée par l’absence de réactions du mouvement féministe mondial après les horreurs vécues par les femmes israéliennes lors de l’attaque du Hamas en Israël le #7octobre2023, cette année je n’ai envie de m’associer à rien d’autre qu’à cette tribune titrée « Crimes sexuels du 7 octobre, non à l’oubli, non à l’impunité », publiée dans Le Point ce 7 mars 2024, et dont vous trouverez le lien ci-dessous.

Christine Le Doaré

Tribune

Crimes sexuels du 7 octobre : non à l’oubli, non à l’impunité

TRIBUNE. Se soucier de la crise humanitaire créée à Gaza par la guerre voulue par le Hamas ne doit pas faire oublier le pogrom qui l’a déclenchée.

Par Collectif*

https://www.lepoint.fr/monde/les-crimes-sexuels-commis-le-7-octobre-ne-doivent-pas-etre-oublies-07-03-2024-2554423_24.php


TRIBUNE. Se soucier de la crise humanitaire créée à Gaza par la guerre voulue par le Hamas ne doit pas faire oublier le pogrom qui l’a déclenchée.
Par Collectif*
Publié le 07/03/2024 à 06h31

La première exigence doit être la libération immédiate de tous les otages israéliens, hommes, femmes et enfants enlevés le 7 octobre et toujours séquestrés à Gaza !

Nous avons su dès le 8 octobre que les violences sexuelles étaient une composante essentielle des crimes contre l’humanité perpétrés la veille par le Hamas.
Nous l’avons su parce que les assassins eux-mêmes ont filmé leurs crimes et parce qu’ils ont exhibé le corps supplicié, dénudé, outragé, de la jeune Shani Louk.

Il faut briser le silence
Nous l’avons su ensuite au fur et à mesure que sauveteurs et médecins légistes livraient leurs témoignages insoutenables. Les envahisseurs sont venus de Gaza pour tuer un maximum de Juifs, hommes, femmes et enfants en les mutilant, en les torturant.

Ils sont venus pour tuer les femmes et les filles en les violant, en mutilant leurs organes génitaux, en coupant leurs seins, devant leurs familles, leurs parents et leurs enfants !

Ils sont venus pour tuer les femmes et les filles en les violant, en mutilant leurs organes génitaux, en coupant leurs seins, devant leurs familles, leurs parents et leurs enfants !

Ces crimes étaient systématiques, généralisés, prémédités, listés dans les guides et les conseils des responsables du Hamas découverts par Tsahal dans les postes de commandement arraisonnés.

À présent l’ARCCI (Association of Rape Crisis Centers in Israel) dédiée aux victimes de viols a publié un rapport approfondi qui documente les viols, les mutilations, les tortures et les assassinats commis contre les femmes et les jeunes filles le 7 octobre, au Festival Nova, dans les kibboutzim attaqués et dans les bases de l’armée.

Il se penche aussi sur le sort des jeunes femmes et filles otages du Hamas exposées aux humiliations et violences sexuelles depuis plus de 140 jours et pour lesquelles on peut redouter le pire.

Ce rapport doit être massivement diffusé
Nous soutenons la pétition End the Silence lancée par l’hôpital Hadassah de Jérusalem.
Nous appelons à la signer massivement.

Oui, il faut briser le silence et les dénis insupportables qui se sont érigés autour de ces atrocités.

Il a fallu deux mois pour qu’ONU Femmes condamne les crimes du Hamas.

Il en a fallu quatre pour que Pramila Patten, envoyée spéciale de l’ONU sur la violence sexuelle dans les conflits armés, se rende en Israël.

Elle a semblé sincèrement touchée et a fait preuve d’empathie envers les victimes qu’elle a encouragées à témoigner pour que justice leur soit rendue.

La suite logique, après le rapport qu’elle devait remettre au secrétaire général, serait la saisine de la Cour pénale internationale pour que les commanditaires des crimes contre l’humanité du 7 octobre soient enfin poursuivis.

Refuser de se taire
Or, comme si la conspiration du silence n’était plus suffisante, on vient d’assister à une tentative d’inversion victimaire avec le rapport des « experts indépendants » de l’ONU – la sulfureuse Francesca Albanese (celle qui a affirmé que le méga-pogrom du 7 octobre n’était en rien antisémite) et ses consœurs toutes labellisées « indépendantes » qui prétendent alerter sur des violences sexuelles présumées commises par Israël contre des Palestiniennes.

La manœuvre est grossière, elle peut néanmoins fonctionner dans une ONU qui bafoue les droits humains et piétine les espérances que sa création avait suscitées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Non, nous ne nous tairons pas.

Nous n’accepterons jamais l’abandon des victimes israéliennes et l’impunité de leurs bourreaux, les criminels contre l’humanité du Hamas.
Nous n’accepterons jamais que prévale l’inversion victimaire.

Ce 8 mars les suppliciées israéliennes du 7 octobre doivent être reconnues et honorées dans le monde entier afin que la justice la plus élémentaire leur soit enfin rendue.

Signataires de La Tribune :


*Béatrice Szwec, présidente du Mouvement pour la paix et contre le terrorisme

Annie Sugier, présidente de la Ligue du droit international des femmes

Fadila Maaroufi, directrice de l’Observatoire européen des fondamentalismes

Nadia Geerts, essayiste et chroniqueuse

Association Collectif 7 octobre

Christine Le Doaré, féministe, juriste, essayiste

Sandra Ifrah, porte-parole de Women United for Peace

Zohra Bitan, essayiste et chroniqueuse

Gilbert Abergel, président du Comité laïcité République

Diagne Chanel, Comité Soudan

Corinne Goldberger, journaliste honoraire et podcasteuse

Yana Grinshpun, maître de conférences, Université Sorbonne-Nouvelle

Céline Masson, professeure des universités, psychanalyste

Huguette Chomski Magnis, coordinatrice du Collectif contre le terrorisme

Le féminisme est-il mort ?

A quoi peut encore servir un féminisme qui se tait devant ce que le machisme produit de pire, des violences contre des femmes faites à dessein pour les humilier, les terroriser, les anéantir ?

Le 7 octobre dernier, des civils, hommes, femmes, enfants ont été massacrés par les terroristes islamistes du Hamas de la manière la plus horrible qui soit, et le traitement réservé aux femmes dépasse tout entendement : des rapts, des viols, des tortures, des corps mutilés, éventrés, exhibés à la vue de tous tels des trophées, des fœtus arrachés aux corps de leur mère recouverts de crachats, des bébés égorgés. Une surenchère dans l’horreur qui ne peut que susciter effroi et ferme condamnation.

Les photos de Shani Louk, germano-israélienne de 20 ans qui participait à une rave party, transportée inanimée à l’arrière d’un pick-up, écrasée par des hommes armés animés d’une terrible haine misogyne n’ont pas mobilisé les féministes.

Les reportages sur la morgue israélienne non plus. Pourtant, les propos de légistes abasourdis par ce qu’ils ont vu, sont épouvantables. Les femmes n’ont plus de visage, des morceaux de corps suppliciés ne sont pas identifiables, mains, bras, organes génitaux. Qui fait ça ?

Caroline Fourest a dit sur Twitter « Des pogroms terroristes. Voilà le nom de l’horreur. »

Tahar Ben Jelloun horrifié par cette attaque du Hamas contre Israël a déploré une « blessure faite à toute l’humanité » et a déclaré : « Le 7 octobre, la cause palestinienne est morte, assassinée ».

Anne Rosencher a dit « Ces images ne disent pas «Palestine vivra» mais «Les juifs mourront».«

Mais les mouvements féministes n’ont rien dit.

Les féministes du monde entier auraient dû se lever massivement pour condamner de telles attaques sur des civils, un crime contre l’humanité qui a visé les femmes d’une manière bien spécifique, rappelant qu’aux yeux des islamistes, une femme est dissimulée, soumise ou provocatrice et coupable et alors, ils la brisent.

Un massacre terroriste de civils et non une guerre entre états, la bande de Gaza n’est plus occupée par l’armée israélienne qui l’a quittée après les élections législatives palestiniennes de 2006 ayant démis le Fatah et installé le Hamas au pouvoir.

Un massacre terroriste islamiste comme en subit le monde entier mais le nombre de civils exécutés, plus de 1600 morts, des milliers de blessés, des enlèvements, comme le déchainement de barbarie inouï qui le caractérise en fait un évènement particulier.

Pourtant, à part un ou deux groupuscules féministes universalistes, ni les mouvements féministes mainstream ni les artistes promptes à s’offusquer dans les médias, n’ont pas levé le sourcil. Rien, pas un seul mot mais un silence tonitruant. (L’intervention de Sophia Aram fut en revanche et par contraste remarquable).

Pourquoi ?

Bien sûr, il y a des injustices, des inégalités et même si les palestiniens ont voté en 2006 pour le Hamas, ils ont déchanté depuis qu’ils vivent sous son joug dans des conditions difficiles. Israël pour se protéger d’une gouvernance terroriste, après avoir évacué la bande de Gaza, a instauré un blocus en 2007. Il faut préciser que l’Égypte a fait de même en fermant au même moment, ses frontières aux gazaouis, craignant que le Hamas ne renforce l’Iran. Qui pense à le rappeler ? Qui crie Égypte assassin ?

Bien sûr, le gouvernement de droite dure ou extrême de Netanyahou ne fait qu’envenimer la situation en encourageant l’extension des colonies israéliennes.

Bien sûr, une solution à deux états devrait être mise en œuvre depuis longtemps.

Mais cette attaque sort du problème territorial entre la Palestine et Israël car il s’agit d’un crime contre l’humanité commis par des terroristes islamistes avec lesquels on ne négocie pas, on les combat. Le Hamas n’est pas une force de résistance palestinienne mais un groupe terroriste. Dans sa Charte de 1988, il prétend que les Protocoles des Sages de Sion sont la preuve d’un complot juif mondial, ces Protocoles ont en réalité été fabriqués par la police tsariste en 1903 ! Dans l’article 9, il est prévu de faire de la Palestine un état islamique. Dans l’article 17, il est précisé que la place des femmes est d’être à la maison. La Charte prévoie la destruction d’Israël de cette manière : « Israël existe et continuera à exister jusqu’à ce que l’islam l’abroge comme il a abrogé ce qui l’a précédé «. …

Alors pourquoi les féministes se sont-elles tues ?

Parce que le féminisme universaliste assiégé par les mouvances intersectionnelles, a battu en brèche, parce que le relativisme culturel, le gauchisme et le wokisme ont eu raison de lui.  Le wokisme teinté d’islamo-gauchisme fait de gros dégâts, en particulier chez les jeunes. Les blancs et les juifs sont par nature coupables, en revanche, les racisés et les Palestiniens sont systématiquement des victimes et les seules valables. Et tant pis si au passage, ceci contribue à adouber des idéologies et groupes douteux amplement misogynes et homophobes. Même le Hamas ? Il semble que oui.

Le compte X (ex Twitter) du mouvement Black Lives Matter de Chicago a posté en soutien aux combattants du Hamas, une illustration qui les représentent, s’introduisant en Israël en parapente motorisé, avec le slogan «Je soutiens la Palestine». Ce tweet a été liké par nombre de militants woke, féministes comprises et tant pis si des femmes qui assistaient à la rave party ont été massacrées avec une violence misogyne d’une rare perversité.

Lorsque des musulmans ailleurs qu’en Palestine sont persécutés, qui s’en préoccupe ? Au Mali et dans tous les pays d’Afrique en prise au djihâdisme, en Chine avec les Ouighours … ? Vous avez déjà entendu parler d’une manifestation se déroulant aux cris d’ »Alla Akbar» pour eux ? Pas moi.

Les féministes, les intellectuels gauchistes et les woke, les médias aussi, auraient-ils oublié que le Hamas a pris Gaza en otage depuis 2007, détourné l’aide internationale à son profit, appauvri plus encore la population qu’il opprime et dont il se sert comme bouclier vivant ? Ne savent-ils donc pas que le Hamas est de plus en plus contesté par la population dont les récentes manifestations ont été réprimées avec violence ?

Tous ces bien-pensants n’auraient pas compris que l’objectif premier du Hamas était d’arrêter le processus de normalisation né des accords d’Abraham entre Israël et les Émirats Arabes, entre Israël et Bahreïn ,de peur que l’Arabie Saoudite ne rejoigne le processus ? Ils sont si mal informés, tout à leur sensibilité exacerbée que ce serait bien possible.

Pire encore, des féministes ont manifesté pour la cause palestinienne en cautionnant les actes terroristes du Hamas et un antisémitisme aux intentions génocidaires.  

En Pologne, dans une manifestation pro-palestinienne, une Norvégienne a brandi une pancarte représentant une étoile de David jetée dans une poubelle sur laquelle était écrit ‘Keep the world clean’ (« gardons le monde propre ») .

En France, lors de du rassemblent en soutien à la cause palestinienne, le 19 octobre, ont retenti haut et fort Place de République des « Allah Akbar ». Tout le monde sait que c’est ainsi que frappent les terroristes islamistes. N’ont bien sûr pas manqué les « Israël assassin » et « Macron complice ». Complice de quoi on cherche, le chef de l’état venait d’appeler à la paix civile et à l’unité nationale ; « Israël assassin » alors qu’un massacre d’une monstrueuse barbarie venait d’être commis sur des civils. De nombreuses pancartes affichaient un soutien explicite aux terroristes du Hamas et des slogans antisémites. Sur cette même place nous nous sommes rassemblés après les massacres de Charlie et du Bataclan. Cela parait si loin.

Les LGBT n’étaient pas en reste, associés notamment à Londres au collectif Palestine vaincra. Savent-ils que les palestiniens homosexuels vivent en Israël, que la charia n’est pas tendre avec l’homosexualité ? Même les dindes ne défilent pas pour sauver Noël, mais eux sans réfléchir tendent le cou pour la corde.  

Les féministes mainstream, les LGBT, tant d’artistes, d’intellectuels, la gauche en général, devenus bêtes, ignorants et soumis, aidés en cela par de grands médias nationaux et internationaux qui les désinforment sans complexe.

Pleurer les victimes israéliennes cela n’a qu’un temps limité, les médias se sont précipités sur la propagande du Hamas comme s’il s’agissait d’une agence de presse crédible pour condamner la fausse information du bombardement de l’hôpital Al-Ahli de Gaza. On aurait cru qu’ils n’attendaient que ça pour oublier le pogrom terroriste et taper sur Israël. C’était comme si les victimes israéliennes étaient oubliées d’un coup. Ils vérifient les communiqués de la Corée du Nord, de la Chine, de Poutine ou de l’État islamique, mais du Hamas non ! Une faute déontologique énorme, sans précédent. Il est prouvé depuis qu’il s’agissait d’une fakenews et qu’une roquette du Jihad islamique, groupe armé palestinien lié au Hamas est retombée dans la cour de l’hôpital, mais le mal est fait et ils ne s’en excuseront jamais.

Pourtant ils le savent, de nombreuses roquettes tirées sur Israël retombent sur Gaza et le Hamas planque matériels et munitions au milieu des infrastructures civiles autant que dans les tunnels. Le Hamas comme tous les groupes djihadistes se moquent de la cause palestinienne, ils veulent un état islamique au Moyen-Orient et instaurer un califat mondial.

Les pays arabes ne sont pas solidaires, ils sont opportunistes et ne pleurent le sort des palestiniens que parce qu’ils peuvent ainsi taper sur Israël. Les attentats terroristes islamistes frappent à 90 % le monde musulman (selon la Fondapol, 167 096 personnes ont péri du djihadiste ces 40 dernières années. )

L’Iran, le Liban, la Syrie, le Yémen, l’Algérie, la Tunisie, le Qatar, l’Irak, le Koweït, Oman ont pourtant officiellement, sans honte et sans trembler, clairement soutenu l’attaque islamiste du Hamas et le massacre de civils innocents. Lequel d’entre eux offre la double nationalité aux palestiniens ?

Quoi qu’il en soit, à cause de cette fakenews, les juifs sont mis en danger partout. Des manifestants anti-israéliens ont incendié la synagogue El Hammam en Tunisie. A Londres, des juifs portant la kipa sont pourchassés. A Berlin et dans le monde entier, les juifs ne se sentent plus en sécurité.

Et demain ?

Si des roquettes palestiniennes font des victimes dans la population de Gaza, les tirs israéliens aussi, et Israël pour éliminer la menace terroriste va sévèrement riposter en lançant une attaque terrestre qui sera sanglante. Les otages ne sont toujours pas libérés et Israël a prévenu le monde entier de sa riposte, a demandé aux civils de la bande de Gaza de quitter le nord pour pouvoir bombarder les positions du Hamas. Sa riposte sera militaire et non terroriste, qui peut imaginer les soldats et soldates israéliens enlever, violer, éventrer, décapiter des bébés ?

Mais il y aura des victimes collatérales, des victimes de trop.

Le corridor humanitaire qui permet aux civils d’évacuer les zones qui seront visées est en place et l’aide est acheminée. Les dirigeants du Hamas vivent dans le luxe, à l’abri au Qatar, mais leurs sbires sur place vont-ils finir par laisser tous les civils qui le souhaitent évacuer ? Les témoignages de Gazaouïs qui se plaignent de clés et de véhicules confisqués ne manquent pas. Plus il y a de victimes parmi les Palestiniens, plus la communauté internationale est ébranlée jusqu’à en oublier les massacres de civils israéliens, à l’origine de la riposte.

En conclusion

Le pire est à craindre. L’antisémitisme se répand à grande vitesse, souvent sous couvert de soutien aux Palestiniens et c’est très inquiétant.

Les Palestiniens vont devoir faire un choix et sans ambiguïté aucune rejeter le Hamas pour favoriser un retour au processus de paix à deux états, alors Israël n’aura d’autre possibilité que de revenir à la table des négociations. Du côté israélien, gageons que le gouvernement actuel mis en difficulté par l’attaque du Hamas qu’il n’avait pas vu venir, perde les prochaines élections au profit d’une équipe qui saura favoriser un processus de paix. L’espoir est là, pas dans un soutien douteux et inconditionnel aux Palestiniens actuellement gouvernés par des terroristes.

A cause du populisme des extrêmes, de l’extrême-gauche comme de l’extrême-droite qui ne sont jamais une réponse crédible aux problème de sécurité et de civilisation, comme à cause de l’islamisme, nous assistons en direct au suicide de nos démocraties. Les idéologies totalitaires ont le vent en poupe, elles ont contaminé l’occident et il faudrait un sacré sursaut d’intelligence et d’à-propos et à l’échelle mondiale, pour en sortir indemne. Chaque occidental va devoir clairement choisir entre démocratie occidentale aussi imparfaite soit-elle et dictature islamiste.

Tous les signaux sont au rouge, nous devrions peser de tout notre poids avant qu’il ne soit trop tard, l’islamisme est très pernicieux, il s’insinue partout sans même que nous en ayons conscience, il nous fait douter, nous culpabilise, nous affaibli alors que nous devrions résister avec conviction.

En tous cas, le féminisme est mort s’il n’est plus un rempart. Les femmes que l’idéologie islamiste contraint à la soumission patriarcale, devraient défendre nos libertés et l’égalité que seules garantissent nos démocraties, seulement ce n’est plus le cas.

Christine Le Doaré

1er novembre 2023. Bilan 2005 _2023
En 2005 #Israël quitte #Gaza laissant derrière elle, équipements publics, infrastructures, hôpitaux, écoles, maisons …
Les frontières d’Israel et d’Egypte sont alors ouvertes. Il ne faut pas oublier que la bande de Gaza a deux frontières.
Gaza reçoit des billions de dollars et d’euros pour la croissance, le progrès, mais cet argent arme les terroristes du #Hamas qui construisent des tunnels, mènent des attentats quotidiens, tirent des roquettes … jusque là sanglante attaque terroriste, l’horrible déclaration de guerre du 7 octobre dernier à Israël.
Non, le Hamas n’a pas provoqué Israël ni cherché à le pousser à bout dans une riposte disproportionnée, (ça c’est l’analyse des gens qui prêtent aux autres des intentions qu’ils n’ont pas), c’est plus simple et stupide que cela, il poursuit depuis toujours son seul objectif, comptant sur le Hezbollah de l’autre côté, sur ses alliés et sur ses complices dans nos démocraties : en finir avec Israël qu’il a juré de détruire.
Il le rabâche, il ne négociera pas, rejettera tout processus de paix.
Israël n’a donc d’autre choix que de neutraliser les infrastructures et ressources du Hamas. D’autant plus maintenant que le Hamas a démontré l’ampleur de sa force de frappe.
Israël n’a pas riposté tout de suite et demandé l’évacuation des civils palestiniens avant.
La population palestinienne qui aurait dû être évacuée des zones bombardées, paye le prix lourd. Trop de victimes. Beaucoup trop.
Elle doit se libérer du Hamas pour avoir un avenir, c’est la seule issue possible à ce conflit.
Peut-on lucidement prétendre autre chose ?
Un gouvernement progressiste en Israël où l’immense majorité de la population veut la paix et une Palestine libre de ses terroristes dans la bande de Gaza et corrompus en Cisjordanie.
Il n’y a aucune autre issue. Objectivement aucune. Les gens qui prétendent le contraire, par idéologie ou affinité … ou parce qu’ils se prennent pour des experts, ne font qu’embrouiller la situation. Et pendant ce temps-là l’antisémitisme prospère en Occident.
Libérez Gaza du Hamas ! #liberezgazaduhamas
et Netanyahou dehors !

A Rennes #NousToutes chourave la PART DES ANGES

Le Bar féministe et lesbien La part des Anges rue Saint-Melaine à Rennes était peut-être mieux connu sous l’acronyme bar LGBT ? Il est vrai qu’il est préférable de nos jours de s’afficher LGBTQI+, lesbien et féministe c’est plus risqué. Toujours est-il que ce bar lesbien et féministe n’ouvre plus qu’épisodiquement. Orane Guéneau sa propriétaire craint pour sa sécurité et celle de ses salariés qu’elle a licencié pour raisons économiques. Après avoir porté plainte pour diffamation, insultes publiques, harcèlement, dommages moraux et matériels, elle envisage désormais de vendre l’établissement. « J’ai été harcelée pendant cinq ans, j’ai laissé filer jusqu’à ce que mon bar soit tagué ». (1)

Inutile de compter sur la « communauté LGBTQI+ » pour la défendre. Ce bar était l’un des derniers bars lesbiens en France. Combien en reste-t-il ? Trois, quatre peut-être ? En revanche des bars LGBTQI+ à dominance gay et trans ce n’est pas ce qui manque.

Que s’est-il passé ? Alors que le bar était plein, il a été violemment attaqué pendant une manifestation contre la réforme des retraites – convergence des luttes camarades ! -, carreau cassé et vitrine taguée. Pourquoi ? Que lui reproche-t-on exactement ? Cela pourrait être risible si ce n’était pas si grave, il lui est reproché de mal utiliser les pronoms, de ne pas utiliser ces fameux iel, non-binaire, gender-fluid … Comme si cela était une évidence pour tout le monde, et surtout, comme si cela était offensant au point de justifier menaces et agressions ! Les droits des trans ne sont pas en cause, personne ne songerait à les remettre en question, les trans en revanche exercent une violence intellectuelle et parfois physique qui cache mal un mal-être identitaire qu’ils veulent imposer à tous.

Si vous êtes femmes cis-genres (conforme à votre sexe de naissance, contrairement à transgenre), féministes, lesbiennes et si vous souhaitez vous retrouver entre vous, ce n’est pas si simple, la police des mœurs veille au grain, pas celle que vous pourriez imaginer non, celle des queer woke disposés à vous annuler sans état d’âme. La Part des Anges a été frappé de l’infamie suprême et le mot a été lâché, tagué sur sa vitrine : TERF ! (acronyme de Trans-exclusionary radical feminist). Le plus souvent c’est « A mort TERF ! ». De nos jours, des femmes lesbiennes n’ont plus le droit de se retrouver entre elles dans des espaces sans être accusées de transphobie.

Le pire c’est que si la censure émane souvent de trans activistes, des groupes dits féministes ne sont pas en reste, ici c’est #NousToutes qui est à la manœuvre, prenant la défense des agresseurs et appelant au boycott de La Part des Anges. (2)

#NousToutes ce mouvement sensé défendre les droits des femmes mais noyauté par des activistes intersectionnels qui pratiquent un féminisme à géométrie variable, relativisme culturel oblige. Défendre le port du voile pourtant symbole du patriarcat religieux s’il en est ou l’ouverture des compétitions sportives et prisons aux trans M to F les préoccupent bien plus que les droits des femmes ou des lesbiennes.

Nous en sommes donc là. Convergence des luttes oblige, peu à peu les luttes de libération homosexuelle sont devenues LGBT puis LGBTQI+, et la Marche de libération homosexuelle, Gay Pride puis LGBT Pride puis Marche des Fiertés, et peu à peu les lesbiennes ont quasiment disparu du paysage. Il n’y a plus une seule lesbienne féministe dans les mouvements LGBTQI+. Pour résumer, toujours plus d’inclusivité a fini par exclure et invisibiliser les lesbiennes qui sont même désormais attaquées dans les manifestations quand elles essayent d’exister et de défendre leurs droits. L’orientation sexuelle et l’identité de genre sont deux sujets différents, les gays et les lesbiennes ont fondé un mouvement pour revendiquer leur liberté d’orientation sexuelle, exiger des droits et la fin de toute discrimination à leur encontre. Avec le mouvement queer, les questions d’identité de genre ont fini par prendre de plus en plus de place et les trans activistes comme l’ensemble du mouvement LGBTQI, avec une misogynie décomplexée, menacent dans détour aujourd’hui les féministes et les lesbiennes.  

Dans le livre témoignage « Fractures !  Féminisme et Mouvement LGBT en danger « aux Éditions Double Ponctuation (3), j’explique pourquoi et comment nous en sommes arrivés là.  Le dernier chapitre est consacré à ouvrir des pistes pour retrouver un dialogue et tenter de régler les problèmes. Qui s’en soucie vraiment dans le mouvement LGBTQI+ toujours plus sectaire et violent à l’encontre des féministes et des lesbiennes ? Est-il encore seulement possible d’avoir un débat ? A la sortie du livre fin 2021, un seul débat a été organisé lors du salon du livre LGBT de Metz, les organisateurs avaient garanti ma sécurité et assuré que le débat pourrait avoir lieu. Il y avait peu de monde et ce n’est pas un débat mais des centaines qu’il aurait fallu organiser avant qu’il ne soit définitivement trop tard et que ne s’enferment dans une impasse les deux grands mouvements du 20ème siècle que furent les mouvements féministe et LGBT et que se retourne contre nous tout ce que nous avons arraché de haute lutte. Le fossé se creuse entre relativistes et universalistes, mouvement LGBTQI+ et féministes, lesbiennes féministes ; la guerre de tranchées qui sévit dans les pays anglo-saxons s’exporte à grande vitesse.

Les milieux intellectuels et politiques sont complices de cette situation, taisant ou minimisant les violences misogynes d’une minorité d’activistes qui de manière arbitraire et violente assènent des contre-vérités, prétendent effacer les réalités scientifiques au bénéfice du ressenti, sans trouver face à eux beaucoup de résistance. J’ai présenté un essai intitulé « Traité féministe sur la question trans ; comment sortir des violentes polémiques sur la question trans », on ne peut pas dire que les éditeurs fassent preuve de courage, ils ne se bousculent pas pour l’éditer. Et pourtant … (4)

Mais il ne faut pas penser que nous baisserons les bras, sur cette terre, les femmes sont habituées depuis toujours à défendre leur existence et continueront de le faire. Nous reconnaissons l’existence et les droits de toutes et tous, mais jamais à notre détriment. Non, nous ne sommes pas des TERFS, nous sommes des femmes et surtout, nous sommes féministes.

Christine Le Doaré

Traité féministe sur la question trans

Après avoir publié en octobre 2021 l’essai  « Fractures ! Le féminisme et le mouvement LGBT en danger » (1) aux éditions Double Ponctuation !, je propose cette fois un essai sur la question trans devenue une question de société particulièrement polémique.

J’ai titré cet essai Traité féministe sur la question trans. Comment sortir des violentes polémiques sur la question trans ?

Ce n’est pas un ouvrage de sociologie mais une analyse citoyenne d’un point de vue féministe universaliste. Je pense utile de préciser que je ne suis en rien transphobe.

Je dresse dans cet essai bref mais dense, un état des lieux illustré de photos, tweets, liens sur des articles, etc. ; je cite Suzanne Moore, Julie Bindel, Robert Wintemute, kathleen Stock, JK Rowlings et bien d’autres, enfin je propose des solutions pour sortir des violentes polémiques et aider les décideurs publics à prendre les bonnes solutions pour protéger les droits des trans, mais aussi des enfants et des femmes.

J’espère que cet essai trouvera rapidement un éditeur convaincu de la nécessité d’éditer actuellement un tel ouvrage. Les éditeurs intéressés peuvent me contacter via ce blog ou sur Twitter ou Facebook ou par mail à l’adresse contact figurant sur ce blog.

Christine Le Doaré

(1) Fractures ! Le féminisme et le mouvement LGBT en danger 

 https://www.double-ponctuation.com/produit/fractures-le-feminisme-et-le-mouvement-lgbt-en-danger/

Bien poser le débat sur la question trans

Le dossier central du numéro 51 de Franc-Tireur – que je lis assidument chaque semaine – consacré aux débats autour de la question #trans : « Genre et transidentité – un débat à fleur de peau », écrit par Pauline Delassus et Perla Msika, m’a laissée perplexe. Peut-être parce que je connais la question ayant un temps présidé des associations LGBT ou parce que féministe, j’ai été en butte aux violences de trans-activistes ?

Si l’article est parfaitement documenté, en revanche, on se demande si les autrices connaissent bien la question trans car il y a des affirmations et surtout des omissions préjudiciables à une bonne compréhension du sujet.

Il faut commencer par rappeler comme le font les autrices mais sans pour autant en tirer de conséquences intéressantes, que la question ne concerne que de 0,02 à 0,08% de la population. Et pourtant ce débat prend énormément de place, il faudrait tout de même se demander pourquoi. Cet article ne le fait pas.

  • « Le débat déchire les féministes » affirme les autrices, disons plutôt que les féministes attachées aux fondamentaux du féminisme se méfient de tout ce qui concoure à l’effacement des femmes, la domination masculine ayant parfois de bien imprévues manières de se maintenir à flots.

Les féministes qui savent que la question de l’appropriation du corps (et des vies) des femmes – qu’il s’agisse de sexualité ou reproduction – est centrale aux combats féministes universalistes, se méfient des injonctions et dérives des trans-activistes, comme elles le sont avec les revendications relatives à la GPA ou à la prostitution. Cohérence de l’analyse, tout simplement.  

  • L’opposition s’est focalisée entre d’un côté « transphobie « et de l’autre, « anti-trans ». Non, ça c’est une caricature. Oui, des trans-activistes n’ont que le mot transphobie à la bouche comme d’autres le mot « islamophobie », mais non, parmi les féministes opposées aux dérives trans, il n’y a pas que des anti-trans, bien au contraire. C’est par exemple mon cas, je n’ai rien contre les personnes trans qui opèrent une transition et vivent leur vie comme elles/ils l’entendent mais ne tentent pas d’imposer au monde entier leur conception du féminin et du masculin à coups de clichés vieux comme le monde ; ne se présentent pas dans des compétitions sportives qu’ils – devenus elles – emportent haut la main ; ne violent pas leurs codétenues en prison … Et c’est le cas de bien d’autres féministes universalistes. Il faut lire ce texte (et d’autres)  pour comprendre et situer les débats un peu plus justement  : https://christineld75.wordpress.com/2020/03/10/aucune-feministe-nest-transphobe-le-lobby-trans-activiste-est-misogyne/

Préférer citer Dora Moutot c’est plus glamour et plus vendeur : 500 000 abonnées Instagram, alors forcément ! La RS (Réseaux Sociaux) mania a encore frappé, hors de la starisation virale, pas de salut ! Pourtant, Dora Moutot et son « femellisme », ce n’est ni plus ni moins que de l’essentialisme alors qu’il y a bien d’autres arguments politiques et féministes intéressants, mais voilà, sans wagons de followers Instagram, aucun intérêt n’est-ce pas ?!

Et au passage, Marguerite Stern ne la soutient pas vraiment, elles n’arrêtent pas de se mettre sur la tronche par RS interposés. Une polarisation des débats stérile et narcissique,  sachant que le propos des stars des RS et des médias est en général limité et caricatural.

  • Sans être essentialiste, et encore moins d’extrême-droite du tout, on peut très bien considérer qu’il y a des êtres humains femmes, hommes, femmes trans et hommes trans et que dans chacune de ces catégories il y a un large spectre d’individu.es. qui tous ont le droit de vivre comme elles et ils l’entendent.

Le problème des trans en réalité, c’est que pour opérer une transition de genre ou plus prosaïquement investir le sexe opposé à celui reconnu à la naissance, ils et elles sont gênés par des incontournables de nature biologique, notamment, auxquels ils doivent se confronter. Alors certains trans-activistes y vont aux forceps, c’est beaucoup plus facile de nier aux femmes des caractéristiques et spécificités, de les relativiser et d’imposer de manière dogmatique, à l’aide d’un lexique inventé de toute pièce et de menaces s’il le faut, des « réalités » aussi imaginaires soient-elles. Remarquez qu’ils et elles ne s’attaquent guère à la virilité, à la masculinité, aux hommes.

Non seulement faisant cela ils véhiculent les pires clichés qui soient sur le genre et les différences entre les sexes, mais ils tombent dans le grotesque quand ils affirment que lutter contre les mutilations génitales féminines (excision & infibulation) est transphobe, que parler de vagin est transphobe et qu’il faut plutôt parler de trou devant ou que sais-je encore.

Mais surtout, ils s’illusionnent eux-mêmes. Une femme trans ne sera jamais tout à fait un homme, un homme trans ne sera jamais tout à fait une femme, ils seront un homme trans, une femme trans, et alors ? Il n’y aurait pas de place pour tout le monde ? Pourquoi ? Qui décide ?

Le summum du culte du genre n’est-il pas justement là ?

Jamais l’article ne pose ce débat qui est pourtant central à la question trans.

  •  Les autrices de l’article écrivent que ceux qui critiquent les positions et méthodes des trans-activistes sont « tenants d’un féminisme essentialiste », ça c’est un mensonge et un tel parti pris est tout de même problématique. Il ne s’agit d’ailleurs pas de nier ou pas le ressenti, un ressenti est un ressenti, mais d’affirmer que la biologie est une science, l’étude du vivant et qu’elle ne peut être balayée d’un revers de main par une idéologie ou un ressenti. Ce n’est pourtant pas si compliqué que cela. Le reste n’est que manipulation rhétorique.
  • La question des mineurs est plutôt bien traitée, mais le phénomène d’entrainement, (de mode) amplifié par l’effet communautariste des RS n’est jamais traité. Tout le monde sait que les adolescents traversent des doutes quant à leur identité et dans tous les domaines d’ailleurs et que des années plus tard ils les ont réglés de bien d’autres manières que celles qu’ils envisageaient à l’époque. Parmi eux certains sont aussi très fragiles et pourraient bénéficier d’une aide psychologique.
  • Et surtout, la question cruciale et centrale au débat de l’augmentation exponentielle du nombre de transitions de filles n’est pas posée. Le raccourci opéré par celles qui sont désemparées par les transformations de leurs corps à la puberté, qui rejettent les stéréotypes sexuels, qui sont heurtées par le sexisme de la société et s’identifient alors aux garçons, encouragées par les RS, forums …  à expérimenter leur véritable orientation de genre, n’y serait pour rien ? Allons donc ! Quelle fille rêvant d’autonomie, de liberté et de puissance n’a pas rêvé enfant d’être un garçon pour se retrouver contente d’être une femme libre et accomplie des décennies plus tard ? Ce fut mon cas et j’en ai croisé bien d’autres !

En réalité, les personnes trans sont une minorité dans la minorité transgenre culturellement à la mode, le problème de fond est bien celui du phénomène d’entrainement social, cette « nouvelle » complaisance médiatique (poussée par la sociologie du genre substituée fort habillement aux études féministes), médicale (c’est un énorme business financier) et parentale (générations désorientées) pour des solutions qui n’en sont pas toujours et peuvent causer des dégâts irréparables.

Ceci est vrai de la question trans comme de beaucoup d’autres.

En conclusion : Il est vrai que l’on ne peut pas tout traiter dans un seul article, mais si l’article est plutôt équilibré, on a tout de même l’impression que les autrices ont oublié que la violence vient des trans-activistes qui ont interdit aux féministes de critiquer leurs théories fumeuses et misogynes, les ont traité de TERF et attaqué physiquement et pas l’inverse ; aussi les féministes pour se défendre (comme a été contrainte de le faire J.K. Rowling pour avoir simplement dit qu’une femme trans était une femme trans) ont dû monter au créneau. C’est trop facile de renvoyer les uns et les autres dos-à-dos.  

Lire mon témoignage féministe après des années de militantisme LGBT pour mieux savoir de quoi on parle : https://www.double-ponctuation.com/produit/fractures-le-feminisme-et-le-mouvement-lgbt-en-danger/

(Il y a d’autres écrits – sachant que l’on ne peut pas tout écrire, la période étant au wokisme et son corolaire la cancel-culture, les trans-activistes sont virulents, procéduriers et les éditeurs très frileux, ils craignent d’être dénoncés et stigmatisés, ce fut un peu le cas du mien qui avec mon accord, bien obligé, a censuré des pages entières du manuscrit d’origine).

Christine Le Doaré

https://www.franc-tireur.fr/genre-et-transidentite-un-debat-a-fleur-de-peau

Nous, sans les iraniennes #MeToo 5ème anniversaire

C’est le cinquième anniversaire de #MeToo, immense vague de libération de la parole des femmes victimes de violence sexuelles. L’affaire Weinstein est celle qui aura fait déborder un vase plein à ras bord et il aura suffi d’un hashtag pour que le monde s’embrase : #MeToo.  En 24 heures à peine, des millions de publications inondèrent les réseaux sociaux. Les révélations mises à jour dans cette affaire étaient énormes, tout le milieu du cinéma et bien au-delà, était touché. Plus personne ne pouvait nier qu’il s’agissait d’un système généralisé de harcèlement, de prédation et de violences sexuelles contre les femmes, toutes les femmes. Enfin, toutes prenaient la parole et osaient le dire publiquement, elles aussi avaient subi, subissaient, des violences sexuelles.

Depuis, des reproches se sont multipliés.  Les libérations peuvent générer des excès. Des femmes vont parfois trop loin en érigeant des tribunaux populaires, en accusant et condamnant sans respect des droits de la défense et en se substituant à la justice. Néanmoins, quel soulagement ! Enfin les femmes parlaient, enfin la société prenait conscience de l’ampleur du problème, enfin, l’impunité n’était plus la règle à laquelle des générations de femmes se sont heurtées. Aujourd’hui, les plaintes pour violences sexuelles sont en hausse, preuve que les femmes ne se tairont plus mais aussi que rien n’est terminé, les effets de siècles de domination ne disparaîtront pas en quelques années. Il faut continuer de lutter contre les violences sexuelles.

En tant que féministe je salue donc l’émergence de #MeToo et célèbre son cinquième anniversaire. En revanche, en tant que féministe universaliste, solidaire des femmes du monde entier, je déplore le manque de solidarité envers les iraniennes.

Les iraniennes vivent leur révolution. Elles sont enfermées dans un infernal apartheid sexuel, considérées comme des mineures, soumises à l’autorité paternelle ou maritale, elles doivent s’effacer dans l’espace public, contraintes de porter le hijab, leurs cheveux étant considérés comme une provocation. En ce moment, elles meurent, assassinées par les mollahs parce qu’elles veulent s’affranchir d’une obligation patriarcale religieuse ; elle ne veulent plus être contraintes de porter ce symbole de soumission dont le patriarcat les affuble. Peut-il exister pires violences ?

Où sont les mobilisations mondiales #MeToo pour les soutenir ?

Les féministes américaines de #MeToo ont été noyautées un temps par des islamistes comme Linda Sarsour ; les féministes occidentales sont rongées par l’idéologie intersectionnelle. En France, république laïque, les Frères musulmans et autres islamistes, poussent les femmes musulmanes à porter le voile dans l’espace public alors que leurs mères et grands-mères le délaissaient, et à revendiquer de le porter dans les services publics et établissements scolaires.

Les féministes intersectionnelles qui sont désormais les plus audibles et médiatisées, mettent sur le même plan l’absence de liberté des femmes ici, empêchées de se voiler dans le cadre du service public, et l’absence de liberté des femmes en Iran obligées sous peine de mort, de se voiler. Ce n’est pourtant absolument pas comparable. Le voile n’est pas en occident interdit dans l’espace public, mais dans une République laïque, il est interdit dans les services publics ; dans tous les cas, aucune femme n’est ici harcelée, emprisonnée ou tuée pour son voile ou absence de voile.

On voit à quel point cette rhétorique est absurde et pourtant, c’est bien elle qui est à l’origine du peu de mobilisation féministe en faveur des femmes iraniennes. Les mouvements féministes mainstream ne soutiennent les iraniennes que du bout des lèvres alors qu’il devrait y avoir une vague de mobilisation aussi gigantesque que celle du #MeToo d’il y a cinq ans.

#MeToo c’était formidable, mais c’est la parole des femmes du monde entier qui doit se libérer et être soutenue des féministes, la solidarité féministe ne devrait pas être à géométrie variable. Je doute que les iraniennes, les afghanes, etc. aient le temps ou l’envie de souhaiter un bon anniversaire à #MeToo

Christine Le Doaré

Mois des FIERTES LGBTQI, pas de quoi être fiers !

LGBTQI…. Prides,  Marches des Fiertés LGBTQI… Fiertés de quoi ?

Ces Marches des Fiertés devenues Marches de la ségrégation identitaire

Quand on parle de fierté d’être lesbienne, gay, bi, trans, queer, intersexué, … on parle de quoi exactement ? Quelles raisons peut-on avoir d’être fier aujourd’hui d’une orientation sexuelle, d’une identité de genre … ? Plus j’y réfléchis et plus je pense que le mouvement de libération homosexuelle n’a guère été inspiré le jour où pour imiter les anglo-saxons il a baptisé sa manifestation revendicative et festive annelle, Marche des Fiertés LGBTQI…

Selon moi la formule a vécu et fédère de moins en moins les personnes les plus concernées. Au siècle dernier, il nous a fallu batailler dur pour émerger de l’illégalité et de la censure, aussi de nos propres hontes et silences, jusqu’à enfin obtenir des droits et une reconnaissance sociale qui reste à consolider. Ce fut long et âpre de faire évoluer les mentalités, d’imposer le respect, d’atteindre l’acceptation, et le plus difficile peut-être, de s’assumer pleinement. De ça, nous pouvons être fiers, nous qui avons vécu le plus dur et combattu vaillamment quand tant d’entre nous se cachaient.  

Mais ça commence à dater, alors aujourd’hui, fiers de quoi ? Depuis qu’il parle de « fiertés » à tout va, le mouvement LGBTQI… n’a fait que se perdre, jusqu’à devenir un fourre-tout identitaire qui héberge des idéologies dangereuses et pratique dans ses cortèges une ségrégation identitaire. Ce fut une dégradation progressive, certains poussant le bouchon de plus en plus loin, au point de prétendre qu’être gay, queer, trans, gender fluid, était une sorte de supériorité, d’apothéose. De là à penser que l’hétérosexualité est dédaignable, il n’y avait qu’un pas qu’ils ont franchi en toute imbécilité.

A quel moment, dans les Marches, au prétexte d’être gays …  des groupes ont-ils commencé à exhiber des pratiques sexuelles fétichistes, sado-maso, … à la vue des passants (Comme par exemple se pisser dans des bottes en cuir, revêtus de masques à faire peur) ? A-t-on jamais vu des hétérosexuels organiser des Marches pour exhiber des pratiques sexuelles ? Non, entre adultes consentants dans des clubs ou réseaux fermés, oui, pas dans la rue au milieu d’un défilé où se trouvent les enfants de couples de même sexe et d’autres parmi les spectateurs. Les organisateurs des Marches ne comprennent pas la différence entre revendiquer la liberté d’orientation sexuelle et avoir des pratiques sexuelles qui ne regardent que soi ? Dommage, afficher de la sorte ce qui relève de la stricte vie privée d’une partie des gays, ne pouvait qu’entrainer amalgames et rejets et servir nos ennemis.

Et ce n’était que le début, depuis, c’est l’escalade.

Heureusement, cela ne nous a pas trop pénalisés, même si nous devons probablement à ces exhibitions, un certain retour à l’ordre moral. Avec l’aide d’autres acteurs politico-sociaux, nous avons arraché des textes pénalisant les discriminations et violences à notre encontre, gagné le droit d’accéder aux statuts maritaux, … Franchie la ligne d’arrivée de l’égalité, dans une surenchère de toute puissance, certains se sont crûs autorisés à imposer d’autres agendas militants. Sous l’impulsion du mouvement queer puis des courants de la woke culture américaine, ce qui relevait de la prévention et de la lutte contre les discriminations et les violences à raison de l’orientation sexuelle a fini par quasiment disparaître au profit de mobilisations qui n’avaient que peu de lien avec l’orientation sexuelle.

  • Des émanations groupusculaires d’Act-Up ont transformé le mouvement en force de frappe du lobby de réglementation de la prostitution. La prostitution des femmes, tout de même une écrasante majorité des personnes prostituées, ils s’en fichent, ne leur parlez pas de dissociation, d’exploitation, de viol tarifé, ils n’y connaissent rien et font semblant de croire que la prostitution gay n’est pas aussi affaire d’exploitation de jeunes vulnérables.  
  • Des militants islamo-gauchistes ont noué des passerelles avec les groupes indigénistes et racialistes qui pourtant méprisent les LGBT ; on a alors vu des gays défiler fièrement affublés de burqas arc-en-ciel, crachant au visage de toutes les femmes qui tentent de s’affranchir des diktats religieux patriarcaux. De plus en plus, les cortèges sont organisés de manière à imposer une ségrégation identitaire. Le mouvement LGBT allié des ennemis de l’universalisme et de la laïcité, ce n’est même plus un paradoxe mais de la démence.
  • Des militants trans après avoir trusté toutes les instances du mouvement ont fini par imposer une vision du genre expurgée de toute évidence biologique. En braves petits dictateurs, ils ont édicté de multiples interdictions : ne pas mentionner les termes relatifs aux organes génitaux féminins, ce serait transphobe ; ouvrir aux femmes-trans, hommes non opérés, tous les lieux réservés aux seules femmes, et tant pis si elles sont mises en danger. Les féministes qui refusent une misogynie qui vise à les invisibiliser sont traitées de TERF, violemment dénigrées et même agressées physiquement.
  • La GPA reste quasiment la seule revendication gay. Pour contourner la biologie et le risque d’attachement de la mère, appelée porteuse telle une vulgaire machine, le recours à la génétique aboutit à un processus de reproduction ultra divisé : il ne se pratique plus par insémination mais avec des transferts d’embryons, après fécondation in vitro.  Division des tâches : des donneuses d’ovocytes et des gestatrices qui vont porter l’enfant commandité. Un marché très lucratif de l’eugénisme où l’on conçoit comme aux USA des 𝑑𝑒𝑠𝑖𝑔𝑛 𝑏𝑒𝑡𝑡𝑒𝑟 𝑏𝑎𝑏𝑖𝑒𝑠, idéalement conformes aux désirs des commanditaires qui peuvent exiger l’annulation de cycle quand, après des mois de traitement hormonaux lourds, l’insémination est annulée parce que le sexe de l’embryon n’est pas celui attendu par les commanditaires.

Tout ceci a mené à la désertion de bien des gays et de toutes les lesbiennes féministes politiques, et il ne reste plus dans ce mouvement que des lesbiennes queers fières d’être à la traîne des gays et des trans misogynes.

Comme les Marches des Fiertés attirent beaucoup de jeunes derrière les chars qui crachent une assourdissante musique techno, elles font office de seconde Techno Parade de l’année. C’est déjà ça. Mais beaucoup de gays et de lesbiennes les boudent en toute connaissance de cause, considérant que les orientations affichées non seulement ne nous conviennent pas, mais provoquent une dangereuse animosité à notre égard. C’est un comble, mais le mouvement LGBT est désormais l’un des principaux relais des excès du wokisme et de la cancel culture américaines.

Je suis féministe, universaliste, il ne me viendrait plus à l’idée de défiler dans l’une de ces Marche des Fiertés dans lesquelles j’ai pourtant longtemps mené association et fédération d’importance.  La seule raison qui m’inciterait à défiler à nouveau serait que nous soyons menacés par des forces réactionnaires qui prendraient le pouvoir.

Alors, ce qui me dérange c’est le soutien unanime et global affiché par les acteurs politiques progressistes, sans aucun discernement, sans se poser la moindre question politique, comme s’il s’agissait toujours du même rassemblement revendicatif et festif des débuts. Non, le mouvement comme les Marches des Fiertés ont changé, et tout n’est pas à cautionner ni applaudir, certainement pas des cortèges faisant l’apologie de la ségrégation identitaire. Il serait temps de s’en rendre compte. Critiquer avec justesse et mettre des limites n’est pas condamner, c’est au contraire constructif, mais ça demande un peu de lucidité et de courage.  

Christine Le Doaré

Sur le sujet lire :

  • Ma tribune sur la Pride des banlieues : « Le mouvement LGBT est débordé par un identitarisme radical » publiée dans Marianne le 03/06/2022 

https://www.marianne.net/agora/tribunes-libres/pride-des-banlieues-le-mouvement-lgbt-est-deborde-par-un-identitarisme-radical

  • Et pour aller plus loin, le livre « Fractures ! Le Féminisme et le Mouvement LGBT en danger » paru aux éditions Contrefaçon :

Féminisme-LOVE

Un petit cadeau de Sainte-Valentine pour marquer le coup. Je vous offre une formation accélérée en Féminisme-LOVE. Ce féminisme doudou, qui plaît tant, et rafle tous les suffrages. Trop de succès pour être crédible ? Mais non, mais non, allez, lancez-vous, vous le valez bien vous aussi ! Je vous offre le mode d’emploi, vous allez voir, c’est facile.

Il y a plusieurs techniques éprouvées mais le mieux encore, c’est d’écrire un livre ou une pièce et de dire sans ciller :

1. Il ne faut pas faire la guerre aux hommes, ils ne méritent pas ça. L’idée générale, c’est de faire comme si vous ne saviez pas que seules les femmes sont mariées de force, excisées, violées, prostituées, assassinées … Ne vous demandez pas de quelle guerre il peut bien s’agir, faites comme si vous saviez.

Globaliser, chercher à se venger, bafouer la présomption d’innocence, sont à l’évidence des erreurs néfastes et contreproductives, nous sommes bien d’accord la-dessus. En se concentrant tous sur les violences pour les réduire, il y a fort à parier que moins de femmes victimes désespérées tomberaient dans l’excès et useraient de ces formes de justice expéditive. Certes, mais faut savoir ce que vous voulez, alors ne le rappelez pas. Faîtes comme si, avant de sauver les femmes des tous les dangers qui pourrissent leur vie, il faut aimer très fort les hommes. Oui, je sais bien, ils le sont aimés, c’est tant mieux d’ailleurs et il n’y a aucun risque que cela change de sitôt, mais vous devez vous convaincre qu’aimer les hommes est l’enjeu actuel prioritaire de notre civilisation. Si vous n’y arrivez pas, lisez Todd ça vous aidera.

2. Ensuite, vous dites : les femmes et les hommes doivent lutter ensemble, c’est ça le féminisme universaliste.

Vous savez parfaitement que le féminisme universaliste, c’est bien autre chose : c’est notamment un féminisme de solidarité avec les femmes du monde entier et qui ne donne pas prise à aucun relativisme culturel, etc. Aucune importance, personne ne va entrer dans les détails.

Vous avez déjà entendu dire que si les hommes doivent s’impliquer, ce sont bien les femmes qui arrachent peu à peu leurs droits et libertés. Affaire de rapports de force en somme. Aussi, tant que le système patriarcal ne sera pas de l’histoire ancienne, les féministes attendent des hommes pro-féministes, qu’ils ne parlent surtout pas en leur nom ou à leur place, mais mettent en valeur leurs luttes et travaux. Eux, doivent travailler sur la virilité toxique, convaincre d’autres hommes, ne pas chercher à gagner des « bénéfices secondaires » en s’engageant. Ils devraient aussi avoir la décence de ne pas adouber des féministes qu’ils sélectionnent parce qu’elles n’égratignent pas trop la domination masculine, leur égo, … Stop, surtout, ne dites pas ça. Vous seriez immédiatement grillées. Le Féminisme-LOVE tolère assez mal les féministes avisées et lucides. Le féminisme universaliste, vous l’incarnez, puisqu’ils vous l’ont dit. Il n’y a guère de féministes universalistes derrière vous, aucune importance. Vous n’y connaissez pas grand-chose au féminisme, son histoire, ses luttes, mais vous, avez une cour, des groupies et raflez tous les prix. C’est l’essentiel.

En résumé, rien de bien compliqué. Vous vous en tenez à ces deux idées.

Bien sûr il est permis de douter que ce « féminisme universaliste » ne vienne à bout du système patriarcal, pas plus que ne le feront les néo-féminismes. Mais ne vous engagez surtout pas sur ce terrain glissant.

Vous vous dites malgré tout que ce féminisme pourrait contribuez à renforcer les néo-féminismes parce qu’il délaisse nombre de discriminations et violences qui frappent tjrs les femmes occidentales. Il se focalise sur communautarisme, voile … et l’anti-wokisme, ce mouvement sectaire qu’il faut bien sûr combattre, mais négliger tout le reste n’est-ce pas envoyer des femmes vers les néo-féminismes ?

Si vous continuez à douter, vous allez avoir du mal à passer au niveau 2. Concentrez-vous et apprenez les points 1 et 2 par cœur. Avec un peu de chance et de persévérance, et si vous occupez déjà une position plus ou moins publique ou dans les médias par exemple, vous verrez, vous n’allez pas tarder à me remercier. Mais je vous en dispense, c’est cadeau ! Ce n’est pas tous les jours la fête de SaintTrucRosesDuKenya et je tenais à marquer le coup.

#FéminismeLOVE

Christine Le Doaré

Les nouveaux habits de la GPA

Lien en bas de page sur le débat GPA. Invitées par Terres De Progres avec Sylvie Mennesson, favorable, opposée à et Christine Le Doaré, défavorable. Un débat Zoom désormais disponible sur YouTube.

Pour contourner la biologie de plus en plus de couples gays ou hétérosexuels ont recours à la génétique. Désormais la GPA (gestation pour autrui) ne se pratique plus par insémination mais avec des transferts d’embryons, après fécondation in vitro.  Il y a donc des donneuses d’ovocytes ( les ovocytes sont prélevés par ponction transvaginale) et des gestatrices qui elles, vont porter l’enfant commandité. Les donneuses d’ovocytes peuvent être la mère d’intention ou pas. Le processus de reproduction est ultra divisé, de moins en moins biologique, de plus en plus génétique.

Même si des couples hétérosexuels sont concernés par la GPA, la revendication politique est essentiellement portée par le mouvement LGBT avec quelques personnalités hétérosexuelles très médiatisées, comme le couple Mennesson.

Force est de reconnaitre que dans les pays émergents, cette pratique relève de l’exploitation la plus sordide, la solution consisterait donc pour le lobby pro-GPA à légiférer en France, pour ne pas avoir à conclure des contrats dans les pays où la pratique est montrée du doigt.

Comme il a été démontré qu’un encadrement règlementaire en France ne changerait rien au fait qu’il s’agit toujours de segmentation génétique à outrance du processus reproductif, d’une forme d’eugénisme et de marchandisation des corps des femmes, le terme de GPA éthique a été mis en avant.

Projet de société

La GPA ne devrait pas être affaire de choix individuel mais de projet de société.  

Argument philosophique

Tout d’abord, ne faut-il pas valoriser la résilience ?  Nous ne réaliserons pas tous, tout ce que peut nous offrir la vie. Avoir des enfants est une possibilité, pas une certitude, et ce ne devrait pas être une fin en soi. Il y a bien des manières de se réaliser dans la vie. On peut aussi adopter ou s’occuper d’enfants et de bien des façons, notamment en les parrainant ou adoptant.  Résilience donc et non pas désir, attente, cadeau des fées, ces mots souvent employés par les promotteurs de la GPA.

Argument féministe

Longtemps, des femmes n’ont eu d’autres choix que de se réaliser dans la maternité. Encore de nos jours, être une femme sans enfant reste suspect. Beaucoup de femmes sont élevées dans le don d’elles-mêmes et la générosité. Si on écoutait les partisans de la GPA, l’altruisme serait un caractère génétique féminin.  Exploiter la capacité reproductrice des femmes n’est que pure essentialisation, et n’a rien de féministe.

Un argument est souvent utilisé, celui de la liberté et de l’exercice de la volonté des femmes gestatrices, consentantes pour s’engager dans une GPA. Il y a en effet des femmes qui consentent à la GPA.

Mais soyons honnêtes, c’est parce qu’elles sont :

  • soit embrigadées dans de sordides usines à bébés en Inde, en Ukraine, … où  il s’agit de profiter de la misère et de la vulnérabilité des plus faibles. En Ukraine, des cliniques proposent des promotions dans le cadre du Black Friday : entre 1 200 et 1 500 euros de réduction. En  Iran, des femmes sont candidates à la GPA, elles subissent des pressions pour aider leur famille à les sortir de la pauvreté, 4,000$ pour porter un embryon neuf mois. Quand on sait à quel point leurs vies sont hypothéquées sans cela!
  • soit motivées par une rondellette somme d’argent qui tombe à point, par exemple dans les familles moyennes américaines, entre l’achat de la seconde voiture et de la piscine.

« … le moyen le meilleur et le plus économiquement rentable de gérer les femmes, aux fins de la reproduction, et d’une manière générale, était de confier cette tâche aux femmes elles-mêmes. (…) aucun empire imposé par la force ou par d’autres moyens n’a failli à cette caractéristique : faire diriger les indigènes par des membres de leur propre groupe » La Servante écarlate, Margaret Atwood.

Pourtant, il a y a même des sociologues pour expliquer que la GPA permettrait aux femmes de s’émanciper. Je rappelle à toutes fins utiles les fondamentaux principaux du féminisme : s’affranchir de l’appropriation de nos corps et de nos vies.

Dans tous les cas, l’argument de la liberté de choix pourrait-il être suffisant pour que cette pratique soit autorisée en France ? On peut toujours trouver des gens voulant vendre un organe pour survivre. Aux USA, rien n’interdit aux plus pauvres de vendre leur sang plusieurs fois par semaine. Ce sont des femmes volontaires qui au nom des traditions pratiquent l’excision sur des fillettes … La même rhétorique de la liberté de choix est utilisée en matière de prostitution, un autre domaine de la mise à disposition du corps des femmes. En réalité, les seuls droits pour lesquels les femmes n’ont jamais eu à se battre c’est bien de faire des enfants ou de se prostituer. Encore et toujours l’instrumentalisation, l’exploitation et la marchandisation des corps et vies des femmes.

Argument éthique et politique

Peut-on accepter que l’enfant devienne une marchandise, un bien de consommation comme un autre, dans une logique toute capitaliste ? Le corps humain, la capacité reproductrive des femmes, deviendraient des ressources commercialisables ? Faut-il valider la négation du biologique au profit du tout génétique et d’une division à outrance du processus de procréation ? Faut-il aussi un code du travail en la matière ? Revoir le droit des affaires ? Au salon «Men having babies» de Bruxelles, sont proposées des  «Réduction fratrie» : si un couple recourt simultanément à deux « mères porteuses », il bénéficie d’une importante réduction. Des soldes quoi ! Au moins, on ne peut pas les taxer d’hypocrisie, la marchandisation est clairement assumée.

Quand les pro-GPA parlent de GPA, ils nous sortent tout un tas d’études pour le moins discutables. Ils ne nous parlent jamais des études qui mettent en exergue les problèmes. 2016 (A.WHITTAKER, International Surrogacy as Disruptive Industry in Southeast Asia ; New Jersey, Rutgers University Press, 2019) qui révèle que dans 80 % des inséminations réalisées aux États-Unis deux embryons ou plus sont transférés car moins de 20 % des commanditaires font le choix d’une grossesse unique.  Et tant pis si les femmes encourent les risques d’une grossesse gémélaire. On nous parle aussi rarement des trop nombreux prélèvements d’ovules sur des « donneuses » qui occasionnent des dommages sur leur santé. Les questions d’une rémunération différenciée selon l’ethnie des donneuses, leurs caractéristiques physiques, le choix de la donneuse sur catalogue, le choix du sexe de l’enfant, … toutes ces discriminations sont aussi documentées mais ils n’en font pas état.

Qu’implique pour une femme au plan personnel, le fait de s’engager dans une GPA ?

Ne parlons même pas de ces pays où les femmes qui s’engagent dans une GPA sont des esclaves enfermées dans des cliniques usines de production, mais de la GPA aux Etats-Unis par exemple.

Le contrat : Le contrat aliène toute liberté d’action et de disposition de soi de la mère porteuse « toute tentative de renégociation peut être considéré comme un acte criminel ». Le contrat est privatif de liberté, il impose un comportement stricte à respecter en matière de traitement, d’accouchement, … Il impose également à la gestatrice et à son conjoint une abstinence sexuelle. Il limite les déplacements de la gestatrice, lui impose un régime alimentaire. Il prévoie également un dédommagement en cas de perte d’un ovaire ou d’hystérectomie. Il faut lire ces contrats pour comprendre vraiment de quoi il retourne.

La santé : Toute grossesse présente des risques, n’est jamais anodine. Le corps subit des changements, parfois iréversibles. LA GPA implique des traitements lourds, une préparation et comme pour toute grossesse, de récupérer. Ce n’est pas 9 mois de la vie d’une femme qui sont mis entre parenthèse, mais au minimum 13 mois, voire plus.

Ensuite, il peut y avoir des complications : comme pour tout traitement hormononal de longue durée, un risque de perte d’organe (ovaire, utérus), de dépression, d’hémorragie post-partum, de diabète gestationnel …  et bien entendu, un risque de mort également.

Et après l’accouchement, quelles seront à long terme les conséquences de l’abandon d’un enfant, ce même s’il a été conçu pour d’autres ? Peut-on être indifférente après avoir porté un enfant en soi, et pendant des mois ? La parade selon les partisans de la GPA a été trouvée depuis qu’il n’y a plus de lien génétique avec l’enfant de peur que la gestatrice ne s’attache. Il y a donc les donneuses d’ovocytes, les embryons, les porteuses dans lesquelles on implante un embryon étranger. Le corps sectionné, instrumentalisé. La biologie contournée, la génétique est toute puissante avec une division à outrance du processus de procréation. 

Et les enfants ? Les enfants qui feront des recherches sur leurs origines, devront chercher une mère génétique, une mère porteuse et ils ont aussi une mère commanditaire. Le professeur René Frydman, dans GPA ou l’abandon sur ordonnance explique que le nouveau-né séparé à la naissance de celle qui l’a porté perd tout repère, ce qui provoque une détresse psychique qui pourra s’exprimer à tout moment de sa vie au travers de divers maux : dépressions, angoisses, somatisations, envies suicidaires.

De toute façon, les  études peuvent être mises en doute à partir du moment où les femmes ont signé un contrat et reçu une somme d’argent. Ont-elles le droit de se plaindre ? Pourtant, il y a un contentieux et qui prend de l’ampleur, car il arrive que des femmes ne remettent pas l’enfant comme prévu. Bien entendu, le lobby pro-GPA n’en fait pas grande publicité.

Au plan social : quelle femme peut se permettre de mettre plus d’une année de sa vie entre parenthèse ? Déja dans le monde du travail, les femmes sont pénalisées lorsqu’elles s’arrêtent pour raison de maternité.

Que serait rééllement une GPA Ethique ?

Une forme de GPA éthique a toujours existé, entre proches, dans les familles, une sœur pour une autre, une cousine, une amie très proche, par pur altruisme, très discrètement et sans donner lieu à une quelconque rémunération ni officialisation. C’est un phénomène très marginal  et il n’y a aucun besoin de légiférer pour ces cas exceptionnels. Dans ces cas, je veux bien parler de GPA ethique. Mais sinon, ce terme n’a aucun sens. Quelle femme, par pur altruisme va mettre sa vie entre parenthèse avec les traitements et risques inhérents pour mettre un enfant au monde et pour ensuite l’abandonner à d’autres ? Si ce n’est pour l’argent. Et même si certaines s’y adonnent avec plus de détachement que d’autres. Et d’ailleurs, admettons qu’une poignée de femmes soit disposée à le faire, ça prouve quoi ? Faut-il légiférer à chaque fois que quelques personnes désirent quelque chose ?

La GPA est un vaste marché, très prospère. Chercher à le réglementer de manière éthique est illusoire. Le nombre de femmes qui consentiraient à pratiquer une GPA sans être rémunérées serait dérisoire, aucun besoin de légiférer pour ça. Adopter un cadre restrictif en France n’empêcherait en rien des personnes de contracter des GPA a l’étranger.

La GPA c’est aussi un marché de l’eugénisme. Aux USA on conçoit de « meilleurs bébés » (𝑑𝑒𝑠𝑖𝑔𝑛 𝑏𝑒𝑡𝑡𝑒𝑟 𝑏𝑎𝑏𝑖𝑒𝑠), idéalement conformes aux désirs des commanditaires. Les cliniques américaines désormais pratiquent « l’annulation de cycle » quand après des mois de traitement hormonaux lourds, l’insémination est annulée parce que le sexe de l’embryon n’est pas celui attendu par les commanditaires. Je paye ma commande et elle doit être conforme à mon désir !

Au Canada,  au Royaume-Uni, présentés comme des modèles par les partisans français de la GPA, les porteuses reçoivent bel et bien un paiement. On peut l’appeler dédommagement, c’est un paiement.

La GPA n’est pas du tout affaire de parentalité sociale, c’est une parentalité génétique où il s’agit non seulement de reproduire ses gènes grâce à une hyper division du processus procréatif mais aussi de choisir un bébé parfait sur catalogue ; la seule parentalité sociale sans aucun lien biologique, ce serait l’adoption. Pourtant, qui se bat pour que soit adoptés plus facilement les enfants qui attendent désespérement dans les structures de l’aide sociale à l’enfance ?

Parlons du langage, des termes imposés pour parler de GPA.  Un langage qui déshumanise ce dont on parle réellement. Quand on remplace volontairement les mots, femmes, mères, par donneuse de vie ou gestatrice, on déshumanise les femmes et c’est volontaire. Un peu comme pour la prostitution quand on parle de « travailleuses du sexe », comme s’il existait un droit du travail – du sexe ! C’est tout de même très cynique.

La loi française.

La GPA est Interdite en France. La cour de cassation ne statue pas sur la légalité des contrats passés sous l’égide de lois étrangères, elle ne statue que sur l’état civil des enfants parce qu’aucun enfant ne doit être sanctionné pour les errements de ses parents.

Qui pourrait s’opposer à la régularisation de ces enfants en France ? Comment accepter qu’ils soient pénalisés pour les actes de leurs parents ? Personne. Il faut donc le dire clairement, la régularisation des enfants issus de contrats passés à l’étranger est un chantage.

Les conclusions de l’arrêt d’octobre 2019 affaire Mennesson ont été étendues à tous les actes de naissance délivrés légalement dans des pays étrangers. Le juge français n’est pas le juge de la légalité du droit d’autres pays que la France et la France s’était engagée à protéger tous les enfants. Un automatisme qui permet de régulariser les effets de contrats commerciaux conclus à l’étranger, des contrats d’achat et de vente d’enfants.

Alors qu’en matière de polygamie par exemple, les mariages successifs conclus à l’étranger n’octroient aucun droit en France aux épouses suivant la première.

Si un texte était pris en France pour établir précisément que la France ne reconnaît pas les états civils établis légalement à l’étranger à la suite d’une conception dont les modalités sont illégales en France, ce chantage ne serait plus possible. Mais ce ne sera pas demain la veille, le droit européen va harmoniser le statut des parents LGBT en Europe. Quand on est parent dans un pays européen, on le sera dans tous les autres. Si un enfant est le produit d’une GPA légale dans un pays européen, tous les pays devront reconnaitre son statut. Il ne sera plus nécessaire de procéder une régularisation en France. Cette disposition sera prochainement adoptée via le Rainbow family Rights.

En conclusion

Dans quelle société voulons-nous vivre ? Doit-on au nom de la primauté du droit subjectif des individus, autoriser une pratique eugéniste ? Doit-on donner raison à ceux qui contre toute évidence, comme Élisabeth Badinter dès 2013, parlent de GPA éthique pour masquer la génétique toute puissante et eugéniste de la GPA ?  Je ne le pense pas.

Je conseille notamment la lecture de Céline Revel-Dumas sur ce sujet. Il faut aussi lire le roman de Sofi Oksanen : »Le parc à chiens » chez Stock.

Christine Le Doaré

Débat sur la GPA. Invitées par

@TerresDeProgres Sylvie Mennesson, favorable, opposée à Christine Le Doaré, défavorable. Un débat Zoom désormais disponible sur YouTube. #GPA A voir ici

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Le lexique trans du Planning est une provocation

J’ai lu en détail le «Lexique trans» du PF (Planning Familial) et je suis choquée. Je précise, je suis féministe et lesbienne et non pas une réactionnaire de la pire espèce.  

La dérive du planning familial continue vers toujours plus de relativisme culturel, défense du symbole religieux d’infériorisation et invisibilisation des femmes, le voile, défense du système prostitutionnel et maintenant un lexique trans qui dépasse l’entendement. Cette association devrait se rappeler qu’elle est liée au mouvement féministe et qu’elle touche des subventions publiques.

En préambule, le PF croit bon de préciser que rien, pas même ce lexique, ne peut faire consensus «de par l’autodétermination des individus, la fluidité, l’évolution du langage» ! C’est donc le règne de l’identité à la carte et morcelée jusqu’à l’infini.

J’ai relevé sept termes et définitions qui selon moi sont sujets à caution. Je garde pour la fin la section Inclusion dans les termes LGBTQI+ qui m’a bouleversée.

  • « LGBTQIA+ : Lesbiennes, Gays, Bi, Trans, Queer, Intersexes, Asexuel·le·s ou Aromantiques, le « + » indiquant la non-exhaustivité, incluant toute identité de genre ou orientation marginalisée. »

L’homosexualité phagocytée par des états qui ne la concernant pas plus qu’elle ne concerne l’hétérosexualité. Pourquoi les questions trans et d’identité sexuelle ou de transidentité, relèveraient-elles de l’homosexualité plus que sur l’hétérosexualité ? L’orientation sexuelle n’a strictement rien à voir avec l’identité de genre ou sexuelle.

Que peut bien signifier aujourd’hui l’acronyme à rallonges LGBTQIA+ ? Au départ, il y avait un mouvement de libération homosexuelle et on parlait d’homosexualité, de gays et de lesbiennes, de bisexuels aussi. Désormais c’est trop binaire. Plutôt que d’ajouter des lettres, il faudrait se demander à quoi rime de garder le L qui n’est plus représenté. Seuls les trans et les gays ont encore voix au chapitre dans les mouvements et cultures LGBT++++++

  • « Genre : Classe sociale construite culturellement. En occident, cela admet deux catégories, dont une dominée : les femmes ; et une dominante : les hommes. Genre est également utilisé en raccourci pour désigner l’identité de genre. »

Le genre est en effet une construction sociale. La culture patriarcale a attribué des rôles normés et stéréotypés à chacun des deux sexes. Le sexe en revanche est une réalité biologique (chromosomes, hormones, appareils génitaux, caractères secondaires, etc.). Les rôles sociaux de genre peuvent être déconstruits, dépassés, les sexes eux restent une réalité biologique incontournable. Les différences sexuelles sont une réalité, les féministes affirment qu’elles n’ont pas à être hiérarchisées ni servir de prétexte à la domination masculine.

  •  « Assignation à la naissance : À la naissance, les médecins décident, selon des normes de longueur du pénis/clitoris, si l’individu est un garçon ou une fille. »

Non, les médecins à la naissance savent s’ils ont affaire à un garçon ou une fille parce que les organes génitaux sont très différents. La longueur du pénis ou du clitoris leur importe peu, on n’est pas dans un casting de film pornographique. En revanche, la détermination du sexe pose problème dans le cas de personnes intersexuées qui naissent avec des variations de leurs caractéristiques sexuelles (organes génitaux atypiques, production atypique d’hormones, constitution génétique atypique au plan chromosomique). Ce qui représente environ 1,7% des naissances. Les droits des personnes intersexuées doivent être respectés.

Le terme assignation à la naissance, est accusateur, comme s’il y avait une intention coupable derrière un simple constat.  

  • « Personne cis : Personne ne se ressentant pas d’un autre genre que celui qu’on lui a assigné à la naissance. On admet que l’adjectif cis est le diminutif de cisgenre.

Ce terme sous-entend que chacun devrait vérifier être bien conforme au sexe constaté à la naissance. Il est utilisé pour déconsidérer les personnes qui se satisfont de leur sort, ne militent pas pour une fluidité de genre ou la transidentité. Les cis-genres sont suspects dans la bouche des trans-activistes.

  • « Cisnormativité : considérer le fait d’être cis comme « normal », allant de soi, comme la référence par défaut, de marginaliser tout ce qui en sort. »

Dans leur immense majorité les êtres humains naissent femmes ou hommes et en sont satisfaits. L’adolescence est une période de questionnement et de doute, pas seulement sur l’identité sexuelle, sur à peu près tout. Tout le monde ou presque finit par en sortir. En outre, se sentir en accord avec le sexe constaté à la naissance ne signifie pas qu’il faut se conformer aux rôles sociaux-culturels stéréotypés impartis aux femmes et aux hommes. Il n’est interdit à personne de développer une personnalité originale. Il peut y avoir autant de sortes d’hommes et de femmes que d’individus. Les personnes qui pensent être nées dans l’autre sexe que le leur sont une ultra-minorité. Leur nombre augmente parce que la mode est au genderfluid et que la jeunesse résiste difficilement au mimétisme.Une mode qui peut aussi avoir de graves conséquences pour ceux qui trop jeunes sont entraînés dans un parcours de transition et le regrettent quelques années plus tard. Les dernières affaires judiciaires contre les centres de réassignation de genre notamment en Angleterre, devraient nous en convaincre.

  • « TERF (*Trans Exclusionnary Radical Feminist) : Désigne une fraction de féministes et d’individu·e·s luttant contre les droits des personnes trans au nom de la sécurité des femmes cis dans les espaces non-mixtes (toilettes/prisons). Utilisé à tort pour désigner les personnes transphobes en général. »

Cette expression sert à attaquer les féministes et lesbiennes radicales, et de plus en plus, toute personne opposée aux mesures favorables aux trans qui mettent en danger des droits des femmes. Il sert à interdire des prises de parole, notamment dans des conférences et à nuire à la réputation des personnes ciblées, comme dans le cas de JK Rowling. Il est devenu interdit de poser une question, d’émettre un doute ou de formuler une critiques sous peine d’être harcelée et menacée.

  • « Mâle/Femelle : Utilisés surtout pour étudier la reproduction sexuée chez diverses espèces, il convient de ne pas les employer pour caractériser nos congénères humains. Ces termes binaires ne reflètent pas la variété de nos corps et de nos vécus. Comme on l’a vu plus haut, le sexe est un construit social. Un pénis est un pénis, pas un organe sexuel mâle. »

La reproduction des mammifères dont nous sommes est sexuée, elle résulte de la rencontre d’un ovule femelle et d’un spermatozoïde mâle.

 « Le sexe est un construit social » non, le sexe est une réalité biologique, le genre lui est un construit social ; si le genre peut être déconstruit, le sexe est une réalité biologique intangible.

« Un pénis est un pénis, pas un organe sexuel mâle » Non, un pénis est un organe de l’appareil reproducteur masculin. Ce n’est pas pour rien si des hommes trans, F to M, subissent une phalloplastie pour s’en faire fabriquer un ersatz.

La section Inclusion dans les termes LGBTQI+ est insensée.

  • « Lesbienne » et « gay » sont bien connus, mais souvent ciscentrés.
    Il est important de comprendre qu’un couple de lesbiennes peut, par exemple, être composé d’une femme cis et d’une femme trans, ou qu’un homme gay peut avoir une vulve.

L’homosexualité est mieux acceptée, l’homophobie est réprimée par la loi, mais tout n’est pas parfait, loin de là. Pourtant, selon les trans-activistes, les personnes homosexuelles seraient des oppresseurs comme les autres. Le terme cis-centré implique que les personnes homosexuelles sont coupables d’être attirées par des personnes de leur sexe. Être cis-genre et homosexuel est devenu suspect.

Selon des trans-activistes, une lesbienne conforme à son sexe de naissance attirée par des femmes ne devrait pas avoir de préjugés et désirer de la même manière des trans femmes (M to F) avec pénis puisqu’un pénis n’est pas un pénis que des femmes cis-genre. Il en va de même pour les gays bien sûr puisqu’une vulve n’est pas une vulve. Notons que cette seconde affirmation est moins fréquente. Ce sont les femmes trans, hommes d’origine qui cherchent à s’imposer. Les reproches faits aux lesbiennes par des trans-activistes de ne pas vouloir coucher avec des femmes trans M to F sont fréquents et vont souvent sur les réseaux sociaux jusqu’aux pressions voire menaces. On peut s’étonner que personne ne leur demande pourquoi une lesbienne aurait plus envie de coucher avec une trans femme M to F qui a gardé son pénis qu’avec un homme cis-genre ?

Dans tous les cas, quand on réclame des droits et libertés, est-on en droit d’exiger le désir des autres et de leur imposer les siens ?L’accusation de dictature des minorités concernant les trans-activistes a probablement pour origine ce genre d’injonctions abusives.

« La définition consensuelle des personnes bi serait «attirées pour les hommes et les femmes ». Mais cette définition est binaire, et a pu être qualifiée de transphobe. » Une personne qui aime indifféremment les hommes et les femmes, s’attachant avant tout à une personnalité, peu importe son sexe/genre est désormais elle aussi accusée de transphobie.

Quand on pense que le rôle du PF c’était notamment d’aider les jeunes – et pas seulement – à se protéger pour avoir une vie sexuelle libre et épanouie, quel vertige ! Je vais leur offrir mon essai « Fractures! Le féminisme et le mouvement LGBT en danger » récemment paru aux éditions Double Ponctuation, qui traite notamment de ces questions, on ne sait jamais, des fois que ça leur ouvrirait de nouveaux horizons. On peut toujours rêver, non ?

Christine Le Doaré

Lexique trans

Introduction

Ce lexique a été établi pour accueillir le plus respectueusement l’ensemble des personnes. Les définitions présentées font consensus dans notre groupe, mais ne feront jamais l’unanimité. Aucune ne le fait partout, de par l’autodétermination des individus, la fluidité et l’évolution du langage. Vous pourrez donc rencontrer des personnes qui n’auront pas les mêmes définitions. Il convient, bien sûr, de s’adapter aux façons dont les personnes s’auto- déterminent. Ce lexique est rangé dans l’optique d’un apprentissage progressif, chaque terme donnant les clefs pour comprendre les termes suivants.

Termes liés aux transidentités

Transidentités : ensemble des vécus trans. Il convient de l’accorder au pluriel pour affirmer la diversité des vécus trans.

LGBTQIA+ : Lesbiennes, Gays, Bi, Trans, Queer, Intersexes, Asexuel·le·s ou Aromantiques, le « + » indiquant la non-exhaustivité, incluant toute identité de genre ou orientation marginalisée.

Genre : Classe sociale construite culturellement. En occident, cela admet deux catégories, dont une dominée : les femmes ; et une dominante : les hommes. Genre est également utilisé en raccourci pour désigner l’identité de genre.

Sexe : Construit social basé sur des observations moyennes des différences biologiques entre les genres. Il est communément admis scientifiquement que le sexe est un spectre. Peut également désigner l’appareil génital

Assignation à la naissance : À la naissance, les médecins décident, selon des normes de longueur du pénis/clitoris, si l’individu est un garçon ou une fille.

AMAB (acronyme de Assigned Male At Birth) : Personne assignée homme à la naissance.

AFAB (acronyme de Assigned Female At Birth) : Personne assignée femme à la naissance. Ces acronymes sont à proscrire pour désigner des personnes. Ils ne servent qu’à renseigner sur l’assignation qu’a subi un individu, à ne faire que si nécessité absolue dans le contexte.

Identité de genre : Ressenti interne du genre de l’individu. Indépendamment de son assignation, du regard de la société ou de son apparence/expression de genre

Expression de genre : Ensemble de caractères visibles pouvant amener à catégoriser une personne comme à un genre ou l’autre (corps, vêtements, maquillage, parfum, attitude, …). L’expression de genre peut être différente de l’identité de genre, que cela soit voulu par l’interessé·e ou pas. Elle ne suffit pas à déterminer le genre de quelqu’un·e.

Personne trans : Une personne trans est une personne qui n’est pas du genre qu’on lui a assigné à la naissance. On admet que l’adjectif trans est le diminutif de transgenre. D’autres versions peuvent exister, mais elles sont propres aux interessé·e·s et ne devraient pas être utilisées par des personnes non concerné·e·s.

Personne cis : Personne ne se ressentant pas d’un autre genre que celui qu’on lui a assigné à la naissance. On admet que l’adjectif cis est le diminutif de cisgenre.

Femme trans : Femme AMAB.

Homme trans : Homme AFAB

Personne non-binaire (NB) : Personne dont le genre n’est pas « homme » ou « femme » : cela peut être une combinaison, une absence (agenre), ou un genre autre. D’après notre définition, les personnes non-binaires sont inclues dans les vécus trans. Mais certaines peuvent ne pas se définir trans. Chaque personne NB peut avoir ou non un besoin de transition médicale et/ou administrative.

Transition : Indifféremment utilisé pour désigner une transition médicale (hormones, chirurgies, autres) et/ou sociale et/ou administrative, la transition est l’ensemble des actes que va accomplir une personne trans afin de se sentir mieux dans son genre ou pour cispasser.

Cis·passing : Le passing désigne une expression de genre permettant clairement d’identifier une personne comme d’un genre ou l’autre (ou pas du tout pour les passings androgynes). Le cispassing désigne le fait qu’une personne trans « passe » comme une personne cis. On dira alors qu’elle cispasse.

Stealth (anglais pour « furtif », « sous-marin ») : On dit d’une personne trans qui a un cispassing et qui ne révèle pas qu’elle est trans qu’elle est « stealth ». Souvent le seul moyen pour une personne trans d’aspirer à une vie un tant soit peu « normale », moins exposée aux violences.

Out (anglais pour « sorti·e » du placard) : Par opposition à stealth, une personne trans « out » ne cherche pas à passer pour cis (indépendamment de son cispassing)

Coming-out (« sortie du placard »): Déclarer à quelqu’un·e que l’on est trans (ou LGBTQIA+) et indiquer son genre. Une personne trans peut être amenée à faire son coming-out à plusieurs moments de sa vie, en fonction de ses proches/ami·e·s et de sa situation.

Outing/outer : Révéler qu’une personne est trans (ou LGBTQIA+). L’outing ne doit JAMAIS se faire sans le consentement de la personne concernée. Et cela peut être considéré, dans le code pénal, comme une atteinte à la vie privée.

Dans le placard/closet : dans le cadre d’une personne trans, se dit quand elle se fait toujours passer pour son genre d’assignation, et n’a pas fait de coming-out. Utilisé également par l’ensemble de la sphère LGBTQIA+.

Dysphorie de genre : Sensation d’inconfort, de détresse ou de rejet résultant de son assignation à la naissance. Elle peut être liée au corps et/ou à des critères sociaux. Ce terme d’origine médicale est souvent utilisé de façon abusive, comme un critère. Or, une personne trans ne ressent pas nécessairement de la dysphorie. Cette dysphorie peut, en revanche, être déclenchée par des situations qui peuvent sembler anodines aux autres.

Euphorie de genre : Sensation de bien-être ou de confort résultant de se reconnaître dans son genre que cela soit socialement ou corporellement. L’euphorie de genre peut être déclenchée chez les personnes trans par toutes sortes de situations, qui ne correspondent donc pas nécessairement à des stéréotypes de genre !

Caractéristiques sexuelles : Ensemble des caractères sexués : hormones, organes internes, organes externes, chromosomes, poitrine, pilosité, répartition des graisses, …

Hormones : Dans le cadre des transitions médicales de personnes trans, celles-ci sont souvent amenées à prendre des hormones dîtes sexuelles : œstrogène et progestérone pour les femmes trans, testostérone pour les hommes trans). On parle de THS (traitement hormonal de substitution, ou de THF ou THM (traitement hormonal « féminisant »/« masculinisant »)

Dicklit : Clitoris ayant changé sous l’action d’un THS. Des hommes trans ou des personnes NBs, hormoné·e·s ou non, utilisent également ce terme pour désigner leur clitoris.

Femmis/Ladyck : Pénis ayant changé sous l’action d’un THS. Des femmes trans ou des personnes NBs, hormoné·e·s ou non, utilisent également ce terme pour désigner leur pénis.

SRS (Sex Reassignment Surgery): Chirurgie génitale. Souvent appelé LA chirurgie, à tort. Elle en incluse des diverses et variées, et toutes les personnes trans n’en ressentent pas le besoin. Elle n’est légalement plus exigée pour un changement d’état civil.

Transphobie : Discrimination/haine/aversion/rejet des personnes trans. La transphobie ordinaire paraît souvent anodine aux personnes cis. Ne pas respecter l’identité d’une personne en est un exemple. La transphobie peut être intériorisée, amenant une personne à se haïr elle-même ou d’autres personnes trans.

Morinom ou deadname : Nom donné à la naissance et rejeté car renvoyant à l’assignation. Si celui-ci n’est pas rejeté, ça peut être « ancien nom », ou « nom civil » s’il n’est pas changé.

Mégenrer : Utiliser un pronom ou des accords qui ne sont pas ceux utilisés par la personne. Si le mégenrage est volontaire, il s’agit d’un acte transphobe particulièrement blessant. S’il est accidentel, mais répété parce que la personne ne souhaite pas réellement s’en préoccuper, on considère cette négligence comme un transphobe également.

Normativité : imposer une situation comme normale, allant de soi, alors qu’elle n’est qu’un élément culturel encouragé.

Hétéronormativité : considérer le fait d’être hétéro comme « normal », allant de soi, comme la référence par défaut et de marginaliser tout ce qui en sort.

Cisnormativité : considérer le fait d’être cis comme « normal », allant de soi, comme la référence par défaut, de marginaliser tout ce qui en sort.

Queer : Ancienne insulte (anglais pour « bizarre, tordu ») réappropriée par des personnes qui se revendiquent de façon politique en dehors des normes hétéro-cis.

CEC (*Changement d’État Civil) : Désignant la plupart du temps l’acte de changement de sexe à l’état civil (+ prénom éventuellement) qui se fait devant le Tribunal de Grande Instance. Il peut également désigner l’acte de changement de prénom en mairie.

TERF (*Trans Exclusionnary Radical Feminist) : Désigne une fraction de féministes et d’individu·e·s luttant contre les droits des personnes trans au nom de la sécurité des femmes cis dans les espaces non-mixtes (toilettes/prisons). Utilisé à tort pour désigner les personnes transphobes en général.

Termes liés à tort aux transidentités

Travesti·e : Personne adoptant une expression de genre du « genre opposé » à des fins d’amusement, artistique ou d’excitation.

Drag-queen, drag-king, drag-queer : Personne se travestissant dans une performance artistique reprenant les codes culturels drag, caricaturant généralement les codes genrés.

Termes à ne pas utiliser

Mâle/Femelle : Utilisés surtout pour étudier la reproduction sexuée chez diverses espèces, il convient de ne pas les employer pour caractériser nos congénères humains. Ces termes binaires ne reflètent pas la variété de nos corps et de nos vécus. Comme on l’a vu plus haut, le sexe est un construit social. Un pénis est un pénis, pas un organe sexuel mâle.

Masculin/Féminin : Adjectifs se référant à une adéquation avec des stéréotypes genrés. Il peut être tentant de les utiliser, mais demandez-vous au préalable si leur utilisation ne sera pas vécue comme un jugement (qu’il soit positif ou négatif) du cispassing de quelqu’un·e.

Personne issue de la transidentité : Des personnes considérant leur transition « achevée » utilisent parfois ce terme. À ne pas utiliser sur des personnes n’utilisant pas le terme elles- mêmes. Il implique qu’être trans serait limité à un parcours avec un début et une fin.

Changer de sexe : Ça se réfère souvent, dans l’imaginaire collectif, à « LA chirurgie » (SRS). En fait, les caractéristiques sexuelles de personnes, qu’elles soient cis ou trans, ne sont pas binaires et peuvent changer tout au long de leur vie.

Changer de genre : Une personne trans ne change généralement pas d’identité de genre ; elle l’affirme, la révèle ou l’assume. Dans une approche matérialiste du terme genre, en tant que classe sociale, le « genre » d’une personne trans n’est jamais tout à fait du genre femme ou homme, puisque cela peut dépendre de ce que son interlocuteurice sait ou perçoit.

Naître dans le mauvais corps : Se focaliser sur les le corps des personnes trans est une erreur commune et stigmatisante. Les difficultés liés à la transidentité découlent de l’assignation à la naissance, non du corps dans lequel on naît. Une personne trans peut tout à fait avoir la sensation d’être née dans un corps qui est bien le sien, en y apportant ou non des modifications pour que son apparence lui convienne d’avantage et/ou soit plus vivable en société.

Transsexuel·le : Ce terme pathologisant, introduit par les psychanalystes dans les années 50 dans le registre de la psychose, est proscrit aujourd’hui. De plus, il répand par son étymologie, la confusion que les transidentités seraient une « sexualité ».

Certaines personnes trans utilisent ce terme, pour diverses raisons qui leur appartiennent. Iels se désignent comme iels le souhaitent. Le diminutif « trans » convient à la grande majorité d’entre elleux.

Transsexualité : synonyme de transidentités. À ne pas utiliser (voir plus haut) Transsexualisme : terme médical utilisé pour catégoriser la transidentité en maladie

mentale, aujourd’hui absent des références scientifiques mondiales.
Travelo, trav, shemale, ladyboy ou pussyboy, femboy, garçon manqué : termes insultants.

Inclusion dans les termes LGBTQI+

« Lesbienne » et « gay » sont bien connus, mais souvent ciscentrés.
Il est important de comprendre qu’un couple de lesbiennes peut, par exemple, être composé

d’une femme cis et d’une femme trans, ou qu’un homme gay peut avoir une vulve.

Il peut aussi arriver par exemple qu’une personne transmasculine, bien que ne se définissant pas femme, garde son identité politique de gouine (réappropriation de l’insulte). Comme toujours, l’important est de respecter la façon dont la personne s’auto-détermine.

La définition consensuelle des personnes bi serait «attirées pour les hommes et les femmes ». Mais cette définition est binaire, et a pu être qualifiée de transphobe.

Le terme pan (attirées par des personnes de tout genre) s’est forgé notamment pour inclure des personnes non-binaires. On constate qu’il est surtout utilisé par les populations jeunes.

Mais d’autres définitions de bi existent, qui s’approchent beaucoup de celle de pan : Homo étant attiré par le même genre; hétéro étant attiré par un autre genre; bi serait « attiré par des personnes du même ou d’un autre genre ».

Plus d’infos sur http://bicause.fr/

La définition consensuelle de l’intersexuation, dans les associations humanitaires, est : «personnes nées avec des caractéristiques sexuelles qui ne correspondent pas aux définitions typiques du masculin ou du féminin ».

Mais un besoin de définition plus politique a émergé, pour sortir clairement de la pathologisation, et y agréger un vécu social :

«l’intersexuation désigne les expériences des personnes nées avec un corps qui ne correspond pas aux définitions normatives du « masculin » ou du « féminin ». »

Elle sort ainsi de la réalité biologique en devenant une réalité sociale, créée par les médecins, avec des normes sexistes, homophobes et transphobes, qui violent des droits humains en particulier celui à l’intégrité physique. Cette définition permet de sortir des paradigmes médicaux, et évite des divers écueils.

Plus d’infos sur https://cia-oiifrance.org/

Parution Essai FRACTURES ! 

Fractures ! 

Le féminisme et le mouvement LGBT en danger 

Christine Le Doaré 

Aux éditions Double Ponctuation 

Fractures ! est paru en librairie le 21 octobre 2021 

J’ai longuement milité dans le mouvement féministe comme dans le mouvement LGBT. 

J’ai peu à peu vu ces mouvements se déchirer de l’intérieur et s’agresser mutuellement. J’ai donc écrit cet essai, pour tenter de comprendre pourquoi et comment nous en sommes arrivés là, à ce niveau d’incompréhension et d’agressivité, et pour tenter de revenir aux fondamentaux.

C’est un témoignage vécu de l’intérieur, également une analyse sur plus de trente ans d’évolution parallèle, de ces deux grands mouvements sociaux, les mouvement féministe et LGBT. Ils furent un temps alliés, aujourd’hui, ils sont souvent antagonistes. Comment pourrait-il en être autrement, alors qu’il y a tant de confusion et de conflits à l’intérieur de chacun de ces deux mouvements ?

Il est vital de comprendre comment nous sommes passés de l’universalisme au relativisme culturel ; de l’intérêt général inclusif des minorités à l’intérêt de catégories spécifiques de population, de plus en plus victimaires et excluantes ; de l’existentialisme à l’essentialisme ; de la libération et de l’égalité des droits à la dictature des minorités ; enfin, de savoir pourquoi ces deux mouvements traversés par les woke et cancel cultures y sont à ce point perméables. 

Même si, bien conseillée par mon éditeur, je me suis beaucoup censurée, je n’ai pas totalement omis la petite histoire, et relate aussi de bien fâcheuses violences.

Ce livre étant écrit dans l’idée d’avancer vers l’avenir de manière plus constructive et sereine, il se termine sur un espoir d’apaisement et de retour au bon sens. 

Christine Le Doaré 

Présentation de l’essai par l’éditeur Double Ponctuation :

https://www.double-ponctuation.com/produit/fractures-le-feminisme-et-le-mouvement-lgbt-en-danger/

Avis de lecture

  • Liliane kandel, féministe du Mouvement de libération des femmes, est sociologue, essayiste, elle est l’auteure en particulier, de Féminismes et nazisme (Odile Jacob, 2004) :

https://www.double-ponctuation.com/wp-content/uploads/2021/10/Avis-de-lecture-de-Liliane-Kandel.pdf

  • Annie Sugier, féministe du Mouvement de libération des femmes, est physicienne, elle est la présidente de la Ligue du Droit International des Femmes : 

https://www.double-ponctuation.com/wp-content/uploads/2021/10/Avis-de-lecture-de-Annie-Sugier.pdf

  • Françoise Morvan, féministe du Mouvement de libération des femmes, a été présidente de la CLEF coordination française pour le Lobby Européen des Femmes, membre du Haut Conseil à l’Egalité, et de la CNCDH, elle est Vice-présidence de L’AFAP (association franco africaine des femmes parisiennes) et Secrétaire Générale de Femmes Santé Climat :

https://www.double-ponctuation.com/wp-content/uploads/2021/10/Avis-de-lecture-de-Françoise-Morvan-1.pdf

  • Réseau Les VigilantES :

Articles médias – quotidiens nationaux …

  • Dans Marianne :

https://www.marianne.net/agora/entretiens-et-debats/christine-le-doare-le-mouvement-lgbt-sest-radicalise-influence-par-lextreme-gauche?fbclid=IwAR00v6QDJQkro9AfcTTHXM77u9hZ-RV-dMPrkS9xx9gfXCVBH5hPYu0fqZE

  • Dans Franc-Tireur :

Dans Charlie-Hebdo :

Pour Franc-Tireur Vidéo

Autres médias, blogs …

  • Le podcast de l’émission Femmes Libres sur « Fractures ! Le féminisme et le mouvement LGBT en danger » …

A écouter ici à 11’35´´

  • Sur Les Ruminants.com Fractures. Le féminisme et le mouvement LGBT en danger : note de lecture et réflexions (par Ana Minski)

« Nous n’aurions jamais dû perdre de vue que les forces réactionnaires se nourrissent de nos faiblesses, de nos fractures internes et de nos dissensions. Elles n’attendent que de nous renvoyer dans l’ombre. Pour les générations futures, il est de notre responsabilité de nous ressaisir et de ne pas oublier pour quelles raisons et pour quels objectifs ces deux mouvements ont vu le jour. » (p. 145)

https://lesruminants.com/2021/11/18/fractures-de-christine-le-doare/?fbclid=IwAR2HySuin9XG6DGd9mdyipxEWgUzLeI1oR4aOpt_Ps7RwS1OCCtJ40F5oPA

  • Une belle recension par Yvan Le Breton (sur son mur facebook)

Petite note de lecture : »Fractures ! Le féminisme et le mouvement LGBT en danger », Christine Le Doaré, Editions Double ponctuation. Je me suis toujours intéressé au féminisme, mais avec un embarras croissant au fil des années, particulièrement depuis les années 2000, avec un moment de « fracture » en 2015, année marquée par le feu des atroces attentats islamistes. J’ai découvert ensuite, ébahi, des textes incompréhensibles, des convergences de luttes improbables, et des compagnonnages invraisemblables. Le haut degré des contradictions de ces attelages me sautait aux yeux, et mon esprit ne parvenait pas à comprendre comment le féminisme pouvait être « islamique », ou comment le mouvement LGBTQI + pouvait soutenir des forces islamistes (islamistes qui les élimineraient une fois au pouvoir, comme en Iran !). J’en ai même écrit quelque chose sur ma page FB, ce qui m’a valu de lire une vive réplique d’un partisan « I » (pour « Irrécupérable »), à laquelle j’ai répondu trop longuement sans doute puisque je n’ai jamais reçu de réponse…

J’avais du mal à comprendre, et voilà que, cet automne, Christine Le Doaré publie un livre remarquable intitulé « Fractures ! ». Elle traite du féminisme universaliste et de son histoire compliquée et de plus en plus conflictuelle avec le mouvement LGBTQI+.

L’auteure (ou autrice) est particulièrement qualifiée pour dresser le bilan de cette histoire : militante de la cause féministe et des droits LGBT, présidente de SOS homophobie et du Centre LGBT Paris Ille-de-France, elle a aussi siégé à ILGA-Europe* ; elle défend un féminisme universaliste et laïque (sans adjectif), et est enfin cofondatrice du réseau Les VigilantEs !

Le livre commence par des éléments autobiographiques liés à un engagement politique clairement à gauche, parmi les féministes et les lesbiennes. Le féminisme des années 70-80 connaissait déjà des courants divers, dont un très minoritaire, le Front des lesbiennes radicales qui adoptait un slogan clivant : « Hétéro-féministes, kapos du patriarcat » ! Mais il semble que la cohérence d’ensemble et même une certaine joie féministe dominaient.

Christine Le Doaré voit dans le mouvement queer venu des USA, une force de dissensus croissant : en effet, la théorie queer vise l’abolition des genres féminin et masculin, jusqu’à disqualifier la biologie, ce qui suppose de renoncer aux luttes féministes puisque… les genres doivent être abolis.

De ce même mouvement queer est né le « féminisme pro-sexe », qui valide l’existence de la prostitution. Christine Le Doaré fait remarquer que la prostitution ne peut en aucun cas représenter une libération des femmes puisqu’elle est soumission économique et morale au patriarcat. A partir des années 2000, le relativisme culturel prend une nouvelle force. Il cantonne les femmes à leur identité (origine, communauté, culture, religion). L’autrice souligne une faiblesse de ce point de vue : ce qui bel et bon pour les femmes occidentales ne saurait l’être pour les autres, qui doivent donc accepter l’oppression patriarcale propre à leur culture. Il y a, selon moi, une sorte de mépris – inconsciemment néocolonial ? – dans cette vision des choses.

La montée en puissance de l’islamisme a fait naître un militantisme au titre quasiment oxymorique : le « féminisme islamique », lequel maintient une tradition qui fait des femmes d’éternelles mineures face aux hommes. La rhétorique islamiste victimaire se déploie contre la discrimination des femmes musulmanes depuis la loi de 2004 (contre le port du voile à l’école). On pourrait faire remarquer qu’il y a aussi une rhétorique d’inversion des faits : des femmes qui se signalent ostensiblement comme autres, et parfois exigeant pour elles des lois particulières ne font que se discriminer elles-mêmes, se montrer parfois séparatistes et hostiles aux lois de la République.

Pour Christine Le Doaré, ces différents courants suscitent des abîmes d’incompréhension, creusent des contradictions difficilement surmontables. Et surtout, déplore l’auteure, la capacité au dialogue s’effondre, se caricature, ne reste que les slogans, la dénonciation des adversaires vite devenus ennemis, souvent les injures et parfois les violences physiques ! Les positions féministes universalistes et lesbiennes se voient fragilisées dans une étrange guerre qui divise des personnes, hommes et femmes et autres, qui auraient pourtant tout à gagner à se respecter et à préparer un monde meilleur. L’autrice analyse plus avant deux points de frictions majeures : la prostitution et la GPA, rejetant l’argument rebattu de la liberté des femmes qui pourraient s’y livrer. Pas de liberté des femmes là où s’appliquent la marchandisation du corps féminin et la soumission des femmes aux injonctions patriarcales !

Le féminisme universaliste défendu par Christine Le Doaré me paraît la voie royale vers l’émancipation des femmes, mais aussi des hommes, au service d’une société plus humaine, au service d’une République plus égalitaire et laïque. Pour favoriser ce grand-œuvre, Christine Le Doaré propose de s’écarter des excès et des radicalités violentes apportées par le progressisme woke made USA. Elle invite à un retour au dialogue rationnel, à un dépassement des émotions primaires et des querelles épidermiques. Seule l’argumentation doit conduire les débats ; la juste colère doit déboucher sur la réflexion ; l’actualité des protestations des femmes ne doit pas faire oublier la forte et belle histoire du féminisme, laquelle comporte de quoi éviter les excès et les fureurs. Elle préconise une laïcité assumée, proclamée, enseignée précisément, annoncée à tous comme condition d’une vie politique commune. Enfin, elle propose une modification de la Constitution pour y inscrire la liberté d’orientation sexuelle.

« Fractures » est un livre qui cherche à réparer, reconstruire, à retisser des liens et une cohérence sociale ; il ouvre un avenir pour l’émancipation des femmes et des hommes, pour l’humanité entière.

Un livre à lire !

* ILLGA-Europe : International Lesbian and Gay Association-Europe

Longue vie au féminisme people !

J’ai parfois l’impression que les militantes féministes universalistes sont prises dans une sorte de tenaille identitaire secondaire. Entre d’un côté, les relativistes intersectionnelles qui dévoient outrageusement le féminisme, et ça c’est insoutenable ; et de l’autre, des égéries parachutées, sans avoir jusqu’alors fait grand-chose pour les droits des femmes. Rien ne semble avoir été écrit, dit ou fait en matière de féminisme avant elles ; le féminisme leur est tout naturel, il leur est venu comme ça, elles seules l’incarnent. Elles glissent sur une vague, poussées par l’air du temps, homologuées par les personnalités politiques, intellectuelles et journalistiques qu’il faut. Féminisme agréé people, alors quoi ?

Un féminisme people qualifié d’universaliste, et qui fort justement s’oppose le plus souvent aux thèses intersectionnelles (assignations identitaires, relativisme culturel, …), sans toutefois trop égratigner ce savant statuquo qu’il est de bon goût d’afficher en matière de relations hommes-femmes. Point trop n’en faut.

S’opposer au relativisme culturel, aux assignations identitaires, aux woke et cancel cultures sont bien désormais des combats féministes universalistes, mais le féminisme est aussi une lutte d’émancipation personnelle et collective. Lutte, émancipation, personnelle, collective, tous les mots sont importants. Les relations de domination et de pouvoir, si elles sont brutales dans les affaires d’emprise, de violences sexuelles et de violences conjugales, sont aussi le plus souvent, bien plus subtiles. Remettre en question les codes sociaux de genre impartis à chaque sexe, les rôles sociaux et sexuels (stéréotypes, sexualité, contrainte culturelle à l’hétérosexualité… ), est plus complexe et autrement plus difficile à réaliser.

Ce féminisme people, prête parfois à sourire, à agacer un peu aussi lorsque nos égéries et leurs mentors assènent à l’envie que les féministes sont défaillantes, sont absentes, inaudibles. Forcément, on ne voit qu’elles, elles occupent l’espace médiatique et politique. Et pourtant, le féminisme people va dans le bon sens, il est le signe que nous avançons ; enfin, le féminisme universaliste devient glamour et fait frissonner aussi bien dans les lieux branchés que dans ceux du pouvoir politique. Aussi doit-on favorablement saluer la génération spontanée d’égéries féministes universalistes qui seules parviennent à s’exprimer avec un vibrant soutien médiatique face aux relativistes intersectionnelles. Les militantes qui savent de quoi elles parlent en matière de féminisme sont ostracisées alors c’est elles ou pire.

Sans grande illusion faisons-leur une confiance toute relative mais nous, droit devant, gardons le cap.

Christine Le Doaré

Quand Le Monde me fait marrer pour la journée de visibilité lesbienne

C’est la journée de la visibilité lesbienne, des politiques sont mobilisés (1) et c’est bien, mais je n’aurais jamais pensé que cela me ferait rire.

« La « joie » et le « soulagement » des féministes qui se « découvrent » lesbiennes ». En lisant ce titre d’un article du Monde (2), publié pour l’occasion, j’ai explosé de rire. En lisant l’article, j’ai pensé que notre époque était absolument délirante. Pourquoi ?

Je suis lesbienne, ni fière ni heureuse de l’être, je le suis, et pour rien au monde ne voudrais changer. C’est une évidence pour moi comme pour mon entourage et je crois bien que ça a toujours été comme ça à partir du moment où je l’ai compris, j’avais alors une vingtaine d’années. Le truc c’est que ça ne date pas de la semaine dernière puisque j’ai eu vingt ans quelques années avant que ne soit dépénalisée l’homosexualité en 1981 ! Quand je lis les réactions des femmes interviewées dans l’article, je m’étonne, c’est tout juste si elles ne me donnent pas l’impression de sortir de la clandestinité !  Mais enfin, nous sommes en 2021, grâce aux luttes des militant.es du mouvement de libération homosexuelle, il y a quarante ans nous pouvions déjà vivre notre homosexualité au grand jour et pourtant, on ne peut pas dire qu’à l’époque, on croulait sous les modèles ! D’ailleurs, on s’en fichait des modèles, on voulait réinventer le monde. A l’époque il n’était pas question de fierté identitaire mais de lutte contre les discriminations et les violences, de droits et de libertés. Ces histoires de fierté identitaire, dans tous les domaines, sont décidément bien ridicules.  

« La joie et le soulagement des féministes qui se découvrent lesbiennes «.  C’est tout de même sidérant ! Les féministes hétérosexuelles ou bisexuelles, vous avez compris ce qu’il vous reste à faire, suicidez-vous ou faites un effort, devenez lesbienne  ! Je peux à peine écrire tellement je rigole …

D’ailleurs, des féministes dans les années 70/80 nous ont déjà fait ce coup-là. Une sorte de phénomène de mode qui a traversé un temps le mouvement, il fallait avoir eu son expérience lesbienne et si ça fonctionnait, c’était tout bénéfice : autrement plus facile de vivre son engagement féministe sans être impliquée dans une relation de couple avec un homme et devoir affronter quelques contradictions dans le secret de l’intimité. D’où le fameux slogan, le privé est politique. Affichée et repérable si l’on peut dire, je me souviens bien de cette époque où il me fallait plus souvent qu’à mon tour, décliner de charmantes propositions. Mais pas toujours hein ! Le truc c’est que quelques années plus tard, j’en ai recroisé en couple hétérosexuel. Pour elles, c’était une agréable récréation,  mais moins facile, surtout à l’époque, pour élever des enfants, alors … Dans tous les cas, si l’orientation sexuelle peut en effet être plus fluide qu’on ne le pense, tout le monde ne change pas d’orientation sexuelle comme de chemise. D’autres sont devenues lesbiennes, parce qu’il peut aussi suffire d’aimer, une fois, et d’oser se révéler à soi-même et aux autres. Moralité, selon moi, éviter les généralités, se décrisper et voir comment les choses évoluent.

Revenons à notre actualité. Des décennies déjà qu’à longueur de productions culturelles en tous genres : films, séries TV, littérature, peinture, théâtre, danse, télé-réalité, reportages … nous avons accès à des histoires d’amour et représentations homosexuelles, lesbiennes comprises. Alors, je bloque quand je lis qu’il n’y aurait pas de représentations ni de modèles lesbiens. On rigole là ! En outre, depuis au moins trente ans, des gays et des lesbiennes font leur coming out ; en lisant l’article on se demande un peu à quoi ça a servi ! Et d’ailleurs, est-ce si utile d’avoir des modèles ? Et l’imagination, et être soi, simplement soi-même, non ? Et d’ailleurs, qui peut croire que les hétérosexuels disposent de représentations et modèles hétérosexuels si formidables et que les reproduire est la garantie du bonheur ? Tout le monde doit inventer et réinventer son chemin.

Alors c’est vrai, la contrainte à l’hétérosexualité n’est pas une vue de l’esprit et nos cultures patriarcales sont habiles à conditionner et contingenter nos imaginaires amoureux, tout est prévu, des histoires pour enfant jusqu’à l’organisation de la société pour promouvoir l’hétérosexualité et en particulier la mise à disposition des femmes, de leur corps et de leur vie, dans la sexualité et la reproduction. Et puis, c’est plus gratifiant socialement de se conformer aux schémas hétérosexuels, confort, sécurité, reconnaissance, tout est plus simple, surtout pour les femmes. Une moindre prise de risque en sorte. C’est également vrai, les lesbiennes sont beaucoup moins représentées et valorisées que les gays, mais aussi beaucoup moins affichées ; ce n’est guère surprenant, on imagine mal comment pourrait être vendeur d’être femme et lesbienne dans une société qui par bien des aspects reste patriarcale. Mais personne ne peut nier l’évolution considérable de ces cinquante dernières années, et bon sang un peu de détermination et de courage ne ferait pas de mal, depuis le temps que l’homosexualité existe, c’est bon, en 2021, en France, on ne va pas distribuer des médailles non plus ! Je ne nie pas la lesbophobie, mais en être encore à parler de révélation et de modèle ne va pas aider à banaliser l’affaire.

En outre,  les gays et les lesbiennes ne sont parfois pas moins conformistes, le mariage pour tous et l’homoparentalité après tout, qu’apportent-ils de si différent de la norme ?  Ce qui m’étonne encore le plus c’est la croyance que le lesbianisme serait une sorte de sésame pour le bonheur. N’est-ce pas la qualité d’une relation entre deux personnes qui fait son intérêt ? Être lesbienne n’est pas un passe porte bonheur, vivre une relation avec une autre femme non plus. Il y a des lesbiennes formidables, mais d’autres sont imbuvables, stupides, vulgaires, violentes, manipulatrices, … mais si ! Il n’y a pas tant que ça de génie en fait, il faut toujours une belle alchimie et intelligence pour une histoire d’amour réussie et aucune femme ne change d’orientation sexuelle pour régler des problèmes de couple hétérosexuel, seulement parce qu’elle est attirée par une autre femme, en tombe amoureuse … Elle peut aussi n’aimer que cette femme-là et ne pas devenir lesbienne pour autant, tout est possible, tout existe. Quant au besoin de déconstruire les rapports sexuels et de séduction, il reste entier dans les relations lesbiennes aussi.  

Je voudrais bien savoir en quoi une féministe hétérosexuelle, serait moins investie et efficace dans son engagement féministe pour lutter contre les discriminations et les violences sexistes ? C’est certain, la domination masculine imprègne la société et il est impossible que des féministes hétérosexuelles n’aient pas à gérer ses effets, même subtils, dans leur vie intime, mais quand elles confrontent des contradictions, des hommes avancent vers l’égalité. Et je serais bien plus encline à faire confiance à une féministe hétérosexuelle qu’à une lesbienne qui se compromet dans des impasses intersectionnelles avec des groupes qui prônent le relativisme culturel, le racialisme ou défendent le sytème prostitueur ou encore des trans activistes qui pourtant menacent les droits des femmes.

L’identité assenée comme un mantra, érigée en dogme, avec des slogans brandis pour se rassurer, peine à convaincre, à me convaincre. Pour cette journée de la visibilité lesbienne, je dirais qu’être féministe et lesbienne, c’est peut-être bien une chance, mais surtout, c’est l’envie et le besoin d’être soi, de s’assumer pour être bien avec soi et les autres. Ce n’est surtout pas une quête identitaire et c’est pourtant politique.

Christine Le Doaré

(2) L’article du Monde

La « joie » et le « soulagement » des féministes qui se « découvrent » lesbiennes

Cécile Bouanchaud

« Solange, Edith et Noémie étaient en couple avec des hommes il y a encore quelques mois. Leur prise de distance vis-à-vis de l’hétérosexualité est survenue en même temps que leur cheminement féministe.

Au milieu du cortège du 8-Mars, sa silhouette élancée la distingue. Laure brandit un écriteau parsemé de paillettes : « Pénis partout, jouissance nulle part ». L’an dernier, à la manifestation pour les droits des femmes, la professeure des écoles de 36 ans n’avait pas de pancarte. L’année écoulée a fini d’alimenter une misandrie longtemps tue. Au point de renoncer aux hommes ? « Je suis en plein questionnement », reconnaît Laure, évoquant « le lesbianisme comme une réponse politique au modèle pesant de l’hétérosexualité ».

Autour d’elle, de nombreuses femmes se tiennent la main, s’enlacent et s’embrassent. Dans la foule, des centaines de slogans font écho au sien : « Délivrez-nous du mâle », « Engagez-vous dans le Gouinistan », « Ras les boobs de ce monde de couilles », « Nos désirs font désordre », « Visibilité lesbienne ». « De plus en plus de jeunes femmes assument leur lesbianisme, c’est très frappant », constate en marge du rassemblement Alice Coffin, militante lesbienne, élue écologiste au Conseil de Paris. En attestent les manifestantes qui viennent la remercier pour son essai Le Génie lesbien (Grasset, 2020), lequel a suscité la controverse en septembre.

L’année 2020 a constitué une charnière pour la représentation des personnes lesbiennes dans la sphère publique. D’Adèle Haenel quittant les Césars pour dénoncer le couronnement de Roman Polanski, soutenue dans une tribune au vitriol par Virginie Despentes, au coming out de la chanteuse Angèle, elles ont marqué l’actualité et parfois fait basculer les esprits. « Faire son coming out, pour une personnalité, c’est crier “je suis lesbienne” pour que d’autres, moins connues, puissent assumer leur identité dans la rue, leur famille, leur sphère professionnelle », écrit Alice Coffin dans son livre, confiant être « passée à côté de dix ans de sa vie » faute de représentations lesbiennes auxquelles s’identifier.

« Des signes »

Mais s’assumer lesbienne procède bien souvent d’un long cheminement. Surtout lorsque l’on grandit dans un milieu où l’hétérosexualité est la norme. « En Haute-Savoie, d’où je viens, il n’y avait aucune représentation de couple LGBT », se souvient Noémie Gmür, 30 ans. « Le lesbianisme est un impensé, ça n’existe pas, c’est rendu invisible », renchérit Edith*, 30 ans, militante au sein de l’association Osez le féminisme, qui publie lundi 26 avril – journée de la visibilité lesbienne – Naissance lesbiennes, un recueil de témoignages sur le sujet.

Toutes deux se souviennent d’une adolescence où les autres jeunes filles étaient évoquées autour d’elles comme des rivales plutôt que comme de potentielles amantes. « Dès le plus jeune âge, l’attention que les hommes portaient sur nous définissait notre valeur. Plus on avait de regards, plus on était valorisées », ajoute Edith, décrivant « un système qui conduit automatiquement à l’hétérosexualité ». Sans compter les moqueries, voire la stigmatisation, à un âge où l’on cherche avant tout à s’intégrer.

Leur vie a pourtant été jalonnée de « signaux » venant souligner une attirance ineffable ou la possibilité d’une autre intimité. Avec le recul, elles repensent aujourd’hui à cette amitié fusionnelle ou à ces baisers fugaces en soirée. « C’était diffus, il y avait des signes, mais je ne les percevais pas », se souvient Solange, 35 ans, mère d’une petite fille. Longtemps, elles ont étouffé ces présages. « Répondre au modèle hétérosexuel comprend des avantages dont il est difficile de se départir, notamment un certain confort matériel », résume Juliet Drouar, militant non binaire, qui a créé en 2018 le festival Sortir de l’hétérosexualité.

Quand survient le déclic ? Pour Edith, « il n’y a pas eu d’avant-après ». « Je ne découvrais pas mon désir pour les femmes », précise la juriste, qui est « sortie de l’hétérocaptivité » quelques mois après s’être engagée chez Osez le féminisme. Personne non binaire, assigné femme à la naissance et dont le genre ne correspond pas à son identité, Max* a, pour sa part, quitté son compagnon deux mois après avoir rejoint le collectif Collages féminicides Paris. Celui qui se genre avec les pronoms « il » ou « iel » évoque aujourd’hui « le décalage fou » qui s’était créé avec son amoureux de l’époque, avec qui il vivait depuis deux ans.

A l’inverse, « une connexion évidente », « un lien invisible », « une sororité puissante » lient les militantes. « J’ai rencontré des personnes qui m’ont ouvert un espace pour me sentir libre, me définir comme je le souhaite, en sortant des dynamiques hétéronormées », se réjouit Solange, militante au sein de Nous toutes.

« Un vécu partagé » guide aussi bien souvent cette évolution : en 2018, 99 % des personnes condamnées pour violences sexuelles étaient des hommes, selon les derniers chiffres communiqués par le secrétariat d’Etat chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes. « Connaître ces chiffres oblige à se repositionner dans notre rapport aux hommes, pointe Solange. Nos problèmes ne sont pas des problématiques individuelles, mais le résultat de constructions sociales et de rapports de domination. »

En plaçant au cœur de ses revendications la question de l’intime et des violences faites aux femmes, le mouvement féministe actuel – dont #metoo est l’une des émanations – a redonné de la vigueur au lesbianisme politique. « Les forces se combinent et permettent à de nombreuses femmes de s’assumer lesbiennes », s’enthousiasme Alice Coffin, qui évoque une plus grande visibilité du militantisme lesbien, notamment à travers le collectif Oui oui oui, lequel milite pour la PMA pour toutes, ou encore la Conférence européenne lesbienne.

« Il y a tout à inventer »

« A un moment, on se sent prête », résume Noémie Gmür. C’est une rencontre qui lui a ouvert le champ des possibles. « J’ai senti que j’allais tomber amoureuse, je ne voulais pas passer à côté de cette histoire », confie celle qui a lancé le podcast « Entre eux deux », « pour interroger nos relations intimes ».

« Joie », « libération », « soulagement », sont autant de termes employés pour décrire leur coming out. « Je n’ai pas abandonné les hommes dans le sacrifice et la tristesse, c’est un choix joyeux », insiste Max, qui se définit comme « gouine ». « Je me suis dit “j’arrête de persister dans des relations qui ne me rendent pas heureux”. »

En s’assumant lesbiennes, ces féministes se disent plus en phase avec leur identité profonde. Meilleure communication, rééquilibrage du travail domestique et de la charge émotionnelle – ce soin apporté au couple et au bien-être de l’autre : entre femmes, un sentiment d’évidence leur est apparu. « Avec une femme ou une personne non binaire, il y a une connexion extrêmement forte, jamais je n’aurai pu avoir ce niveau de compréhension et d’empathie avec un homme cisgenre », estime Max.

« Une question de déconstruction »

Devenir lesbienne a bien souvent provoqué chez les féministes une redéfinition de leurs rapports intimes, de la séduction aux relations sexuelles. « C’est une révolution, il y a tout à inventer, on n’a pas de modèle, alors tous les horizons sont possibles », se réjouit Max. Si les militants et les militantes reconnaissent qu’« on ne crée pas un désir sur une conviction militante », la sexualité est à leurs yeux une construction sociale : « Ce qui a été construit peut-être déconstruit », lance malicieusement Juliet Drouar.

« Chez les hétéros, il y a cette idée qu’un couple qui fonctionne, c’est un couple qui fait l’amour », regrette le militant, qui a depuis appris à « respecter sa temporalité ». Edith, elle, se sent libérée de l’injonction à la performance sexuelle qu’elle ressentait en relation hétérosexuelle, « où tout est tourné vers le plaisir masculin ». « Je ressentais une pression de performer, d’être sexy, d’être séduisante, tout cela a volé en éclats avec le lesbianisme et avec le féminisme », commente la jeune femme, qui dit ne plus se sentir « objectivée ».

Mais, pour les militantes interviewées, il ne s’agit pas de jeter l’opprobre sur les féministes hétérosexuelles. Et franchir le Rubicon ne règle pas tout. « Le fait d’être lesbienne ne solutionne pas les relations intimes, il s’agit avant tout d’une question de déconstruction », abonde Noémie, 29 ans, qui confie avoir vécu une relation dysfonctionnelle avec une femme. « L’hétéronormativité est partout, c’est une dynamique qui touche les hétérosexuels, mais aussi les personnes LGBT », souligne la journaliste Camille Regache dans un des épisodes de son podcast.

« Etre une féministe bien déconstruite, ce n’est pas forcément devenir lesbienne, mais c’est avoir conscience que la femme est une construction sexiste », renchérit Juliet Drouar. Sortir de l’hétérosexualité, c’est aussi s’exposer à la lesbophobie et à la difficulté de fonder une famille, alors que la loi de bioéthique n’a toujours pas été adoptée en France. Pas de quoi arrêter la réalisatrice Olympe de G. qui, « fatiguée par vingt ans de relations hétérosexuelles », a, quant à elle, commencé, en mars dernier, « une grève de l’hétérosexualité », rappelant que le projet fondateur du lesbianisme … « 

https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/04/25/la-joie-et-le-soulagement-des-feministes-qui-se-decouvrent-lesbiennes_6077968_3224.html?fbclid=IwAR3LJ_3GWSEbGwdU80Ke7ADInCBaF-O9kRh2cu6_UPoG2xf4bwUkla8k13g

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L’UNEF n’est pas fondée à organiser des réunions en non-mixité raciale, ni à les comparer aux réunions féministes

C’est décidément l’époque des grandes confusions.

Le mouvement « Nous Toutes » et d’autres groupes féministes soutiennent Mélanie Luce, la présidente de l’UNEF en difficulté depuis qu’elle a défendu les réunions tenues en non-mixité raciale « réunions interdites aux blancs » dans son syndicat.

Pour justifier ces réunions « interdites aux blancs », l’UNEF et ses soutiens les mettent sur le même plan que les réunions féministes non-mixtes (c’est-à-dire tenues entre femmes).

Pourtant la comparaison ne tient pas et ce pour plusieurs raisons.

Le Mouvement des femmes comme son nom l’indique est un mouvement, ce n’est pas une association ni un syndicat, personne ne paye de cotisation au mouvement des femmes.

L’UNEF en revanche est un syndicat. Pour pouvoir organiser des réunions publiques interdites aux blancs, il faudrait que soit inscrit dans ses statuts, notamment dans son objet, la défense d’une catégorie « raciale » ou « racisée » de la population.

L’UNEF ne défend pas les intérêts des étudiants « non-blancs » mais des étudiants, de tous les étudiants hommes comme femmes et ce quelle que soit leur couleur de peau ou origine.  

D’ailleurs rien que le terme « non-blanc » pose problème. L’UNEF a-t-il conçu un nuancier pour savoir qui entre ou n’entre pas précisément dans la définition de « non-blanc » ?

En outre, rappelons que le Mouvement des femmes a démarré avec des groupes de paroles où les femmes échangeaient sur leur vécu. Il était souvent question d’intime et de sexualité, certaines réunions consistaient à découvrir son corps, alors à l’évidence la non-mixité s’imposait pour créer des espaces où la parole comme la pratique pouvaient s’exprimer librement sans le regard ni le jugement des hommes.

Il était question d’émancipation de la moitié de l’humanité.

Si le racisme, comme d’autres formes de rejets et discriminations sont bien de tristes réalités, les races n’existent pas, il n’y en a qu’une seule, la race humaine.

En revanche, les sexes existent bel et bien et si le sexisme est bien l’affaire de toutes et tous, des espaces sécurisés entre femmes sont à l’évidence indispensables dans un certain nombre de situations.

Les Maisons des femmes sont souvent non-mixtes, même s’il leur arrive d’organiser des évènements publics ouverts à tous. Ce qui au regard du droit ne pose pas de problème puisque ce qui pourrait être considéré par certains comme une discrimination, est autorisé par l’article 225-3 alinéa 4 du code pénal : exemption à discrimination fondée sur le sexe lorsque la discrimination est justifiée par la protection des victimes de violences à caractère sexuel, la promotion de l’égalité des sexes ; en revanche, rien de tel pour les discriminations liées au racisme.

Par conséquent, l’UNEF à aucun titre n’est fondée à organiser des réunions, à fortiori publiques, en non-mixité raciale et encore moins à les comparer aux réunions en non-mixité sexuelle ou de genre. Pour autant je ne vois guère de raisons ni motifs juridiques pour demander sa dissolution.

En revanche, il serait tout de même temps que les groupes qui se revendiquent du féminisme, plutôt que de plonger tête baissée dans les pièges de l’intersectionnalité, s’intéressent à l’histoire et aux fondamentaux du féminisme.

Christine Le Doaré

Remballe ton féminationalisme !

Remballe ton féminationalisme !

Retour sur le débat sur France culture « Projet de loi principes républicains et droits des femmes »

Le jour de la présentation du projet de loi du gouvernement sur le respect des principes républicains au Parlement, Emmanuel Laurentin proposait dans Le temps du débat sur France culture, un débat intitulé « Le Projet de loi sur les principes républicains fait-il avancer les droits des femmes ? ». Ghada Hatem obstétricienne et présidente de la Maison des Femmes de Saint-Denis, Kaoutar Harchi sociologue et moi-même juriste et militante féministe porte-parole des VigilantEs, étions invitées à débattre. L’émission était bien préparée et le temps de parole fut globalement bien réparti, pour une fois, les conditions du débat furent bonnes. Le panel choisi devait garantir un équilibre : une intervenante globalement favorable à la loi, une autre franchement opposée et la troisième devait se situer entre les deux. Je vous laisse écouter le podcast si vous avez manqué le direct et en juger par vous-même mais en ce qui me concerne, j’ai tout de même eu nettement le sentiment que nous étions deux contre une.

Ce qui m’a étonnée d’emblée c’est que les deux intervenantes autant que le journaliste ont éludé les motivations qui prévalent au projet de loi, comme si le danger islamiste auquel nous étions confrontés n’existait pas. Parler d’un projet de loi en esquivant le contexte dans lequel il s’inscrit est tout de même troublant.

Quand j’entends et lis la sociologue Kaoutar Harchi, je l’associe à la mouvance relativiste, indigéniste et anticolonialiste.  Ghada Hatem quant à elle se présente comme universaliste mais se réfugie le plus souvent derrière son expérience du quotidien. J’ai trouvé un peu court le fait de se contenter de présenter un témoignage alors qu’il est question d’un projet de société, et quelque peu cynique de conclure en affirmant que cette loi ne sert à rien sans avoir apporter le moindre argument féministe et politique.

Si j’ai apprécié le calme contenu du débat, tenu mon cap et pu développer quelques arguments, j’ai tout de même trouvé pénible d’intervenir face à une relativiste qui construit artificiellement un discours à coups de contrevérités enrobant le tout dans un verbiage aussi prétentieux que creux. Et surtout, je regrette de n’avoir pas eu le temps de mieux contrer l’arnaque sémantique présentée par Kaoutar Harchi sous le terme de « féminationalisme ».

Jamais à court de manipulation, les relativistes cherchent désormais à décrédibiliser les féministes universalistes qui travaillent sur les droits des femmes, avec des institutions républicaines.  Ce terme de « féminationalisme » signifie que l’état ne peut être à l’initiative d’aucune bonne mesure en matière de droits et de libertés des femmes, d’égalité femmes-hommes. C’est logique puisque l’état selon ces relativistes est pourri, xénophobe et génère des discriminations. Après le « racisme d’état », nous voici avec un « sexisme d’état » !  On aurait dû la voir venir celle-ci !

Ce terme de « féminationalisme » est une énorme arnaque sémantique, c’est surtout la manifestation d’une haine insensée envers nos institutions républicaines et l’état français. Il y a du racisme, de l’antisémitisme, de l’homophobie, du sexisme en France, des racistes, des xénophobes, des homophobes, des sexistes … mais l’état condamne ces haines, il prend des lois pour les punir, adopte des dispositifs de prévention et d’éducation pour les combattre. Il peut faire plus et mieux mais il n’est pas à l’origine de ces haines. Les femmes qui vivent dans les pays où la religion fait loi souffrent d’une oppression sans nom, mais c’est en France que nous serions en but à un sexisme d’état, mais bien sûr !

A l’évidence ce sont bien les féministes qui imposent un rapport de force et entraînent notre démocratie vers l’égalité femmes-hommes, mais quand nos institutions sont réceptives et prennent en charge – pas toujours au mieux ni suffisamment certes – la lutte contre les discriminations et violences sexistes, quelle perversion tout de même d’oser parler de « féminationalisme » pour discréditer ces avancées ! Et dans quel but ? Faciliter les coups de boutoir des intégrismes et au premier chef de l’islam politique ? L’association décomplexée entre un certain marxisme et l’islamisme n’a pas fini de me stupéfier. Pourquoi donc vouloir protéger l’islam politique ? Décidément, féminisme relativiste, indigénisme et distorsion rhétorique sont des pléonasmes. Je l’affirme une fois de plus, vivre dans une République laïque protège les femmes des pires injonctions religieuses et politiques patriarcales. La laïcité est un principe juridique mais aussi d’organisation sociale émancipateur, pour les droits des femmes comme pour tous.

Kaoutar Harchi prétend aussi que tous les féminismes sont universalistes. Bien essayé, mais non. Empiler les discriminations comme le fait l’intersectionnalité, pour reléguer les revendications féministes aux calendes grecques ou les dénaturer, voire les saboter, ne leur donne pas du tout une portée universaliste. Le prétendre c’est relativiser l’universalisme. L’agenda de Kaoutar Harchi est prioritairement de déstabiliser l’état français, le féminisme n’est pour elle qu’un cheval de Troie et Ghada Hatem n’a pas une seule fois tenté de la contrer. Malaise.

Les intervenantes ont aussi insisté sur le fait que certains des articles de cette future loi existent déjà pour partie, certes, mais ils sont manifestement inopérants pour lutter contre des délits de fait, il est donc nécessaire de les préciser et compléter.

Les « féministes » relativistes qui sans vergogne sacrifient les droits et libertés, l’émancipation des femmes sur l’hôtel de l’intersectionnalité des luttes et condamnent les femmes les plus vulnérables à subir les traditions et religions d’un communautarisme qui les exclut des avancées bénéfiques aux femmes qui ont la chance de vivre dans une république laïque, sont des cyniques qui abandonnent nombre de femmes aux violences de leur communauté. Que de telles féministes séduisent une bonne partie de la gauche et pas seulement, ainsi que les médias qui se pensent progressistes, est l’une des pires absurdités de notre époque. C’est peut-être aussi la meilleure forme de résistance du patriarcat.  

Je le redis, selon moi, cette loi répond à un besoin urgent, celui de contrer les fondamentalismes religieux et les séparatismes qu’ils produisent en renforçant les principes républicains et la laïcité. Il aura fallu l’assassinat de Samuel Paty pour qu’enfin un gouvernement s’attèle à l’immense tache de freiner la progression des intégrismes religieux et notamment de l’islam politique qui fracture la cohésion nationale. Nous ne pouvons pas laisser se renforcer l’emprise des mouvements fondamentalistes déjà très prégnante. La communauté nationale, la citoyenneté républicaine prévalent sur le communautarisme et l’identitarisme.

Désormais défendre la laïcité ne suffit plus, le terrorisme islamiste nous décime et il faut s’attaquer à l’idéologie politique qui le nourrit. Le problème n’est jamais celui de la laïcité, les principes républicains ne tuent personne mais les intégrismes et en particulier l’islamisme si. Rien dans le projet de loi ne vise les musulmans, mais le fondamentalisme, l’islam politique et radical, le salafisme et les Frères musulmans qui les menacent tout autant que nous. Les laïques militent pour une République unie par des valeurs de progrès et d’émancipation, les laïcistes ou laïcards n’existent pas. Les dangereux « laïcards » sont en réalité ceux qui sont l’objet de menaces permanentes.

La loi pose des interdits, protège les plus vulnérables, elle traduit le rejet par une société, d’actes et comportements répréhensibles. Dans une société égalitaire qui prône l’égalité Femmes-hommes, les pratiques sexistes qui constituent des discriminations et des violences doivent être condamnées par la loi. Le mariage forcé, l’exigence de virginité, l’excision, la captation sexiste d’héritage, la polygamie sont toutes des pratiques sexistes qui ne visent et pénalisent que les femmes et leur valeur sur le marché du mariage communautaires. Ce sont bien des violences faites aux femmes, à ce titre ils doivent donc être frappés d’interdit, devenir des délits. Si les textes existants sont contournés et ne suffisent pas, ils doivent être précisés. S’opposer à ce projet de loi c’est favoriser l’islamisme et tous les intégrismes. Ce qui ne signifie pas qu’il ne faut pas chercher à le corriger, perfectionner, enrichir.  Il n’est pas parfait.

Christine Le Doaré

Pour aller plus loin.

La loi comporte un volet répressif

Renforcer notre législation répressive, en créant de nouveaux délits dans le code pénal.

L’article 25 lutte contre la haine en ligne, il créée un délit de mise en danger de la vie d’autrui par diffusion d’informations relatives à la vie privée, familiale ou professionnelle d’une personne permettant de l’identifier ou de la localiser. Délit puni de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amendes.

L’article 4 crée un délit quand des pressions, menaces, intimidations sont exercées sur des agents de l’Etat ou des élus. Il aurait pu sauver Samuel Paty s’il avait existé. Délit puni de 5 ans d’emprisonnement.

Renforcer notre appareil juridique avec la création d’un pôle de magistrats spécifique dédié à la lutte contre la haine en ligne.

D’autres dispositions visent contrôler les lieux de culte et neutraliser les extrémistes. Il s’agit de s’assurer de la transparence de l’exercice des cultes en modifiant le financement des associations cultuelles et d’éviter toute prise de contrôle d’une mosquée par des extrémistes.

Concrètement, il s’agit de :

  • modifier la loi de 1905 en encourageant  les associations cultuelles musulmanes (loi 1901) à adopter le statut « loi 1905 ».
  • modifier la loi de 1905 de séparation des églises et de l’état sur le volet des financements : les dons étrangers dépassant 10 000 euros seront soumis à un régime déclaratif de ressources. Les comptes annuels devront être certifiés par un commissaire aux comptes.
  • élargir le droit d’opposition de Tracfin (suivi des flux financiers indésirables) pour savoir qui finance qui et quoi sur le territoire de la République.
  • interdire par un juge, la parution dans les lieux de cultes de personne condamnées pour acte de terrorisme ou provocation à la discrimination, haine ou violence, article 45.
  • porter à 7 ans de prison la peine pour provocation à la haine ou à la violence, commises dans un lieu de culte

La Loi comporte un volet éducatif

Concrètement, il s’agit :

  • d’interdire des écoles associatives clandestines
  • d’interdire l’instruction à domicile pour les enfants de plus de 3 ans (sauf cas particuliers à lister – demande du Conseil d’état ) article 18.
  • de renforcer l’encadrement des écoles hors contrat avec fermeture en cas de dérives, article 20.
  • d’attribuer aux enfants un identifiant national destiné aux autorités académiques qui devront s’assurer qu’aucun enfant ne soit privé de droit d’instruction, article 20.

Il a été observé dans des quartiers que des petites filles manquent à l’appel.

La loi renforce le contrôle du respect des valeurs de la République par les collectivités et associations.

Concrètement il s’agit de :

  • D’interdire aux auteurs de délits relatifs à la provocation et à l’apologie d’actes terroristes d’exercer des fonctions au contact du public. La neutralité religieuse des agents de service public doit être obligatoire (SNCF, aéroports, bus …). Terminé de refuser de parler ou serrer la main des femmes. (Sanction par le préfet)
  • De renforcer les pouvoirs des préfets : En matière de financement d’associations qui prétendent avoir un objet culturel alors que ce sont des associations cultuelles notamment, les préfets pourront s’opposer au versement de subventions publiques aux associations qui ne respectent pas les valeurs de la République (mixité, laïcité … ). L’article 6 oblige les associations à signer un contrat d’engagement républicain. L’article 8 modifie les conditions de dissolution des associations en fonction des agissements de certains de leurs membres.

L’article 24 renforcera le contrôle sur les fédérations sportives.

  • Les objectifs de mixité sociale dans les logements sociaux et l’hébergement d’urgence pourront être modifiés par ordonnance.  art. 27 et 28)
  • Renforcer l’égalité des droits des femmes : Pour lutter contre la discrimination à l’héritage, la polygamie et le mariage forcé, la nouvelle loi renforce le droit des familles et la protection des femmes.

-L’article 13 renforce la réserve héréditaire sur les biens situés en France quand la succession relève d’une loi étrangère.

-L’article 16 punit d’un an d’emprisonnement l’établissement d’un certificat médical de virginité : cette question ne doit plus relever de la responsabilité individuelle des médecins qui peuvent d’ailleurs subir une pression des familles ; c’est une question de droits des femmes, d’émancipation, d’égalité F-H. La loi protège les personnes les plus vulnérables de l’obscurantisme. Si une jeune femme doit fournir un certificat de virginité avant le mariage, dans quelle situation risque-t-elle de se trouver après le mariage ? Les gynécologues pourront d’autant plus facilement refuser de délivrer un tel certificat si la loi l’interdit. En outre, rien ne les empêche de faire un signalement pour protéger leur patiente et vérifier qu’il n’y a pas contrainte, menace et mariage forcé. Tout le reste n’est que concession à l’oppression des femmes.

-L’article 17 contraint les officiers d’état civil à saisir la justice en cas de doute sur le consentement des futurs mariés.

  • La polygamie sera un obstacle à la délivrance d’un titre de séjour et à la pension de réversion. Depuis les lois Pasqua 1993 et l’article 147 du code civil, elle est interdite en France. Mais contournée par des mariages à l’étranger. Il s’agit de lutter contre la polygamie de fait.

Espérons que par le jeu de la navette parlementaire et des amendements nous irons plus loin et que seront adoptés des articles relatifs au voilement des fillettes, véritable maltraitance : perte d’innocence par une sexualisation prématurée, endoctrinement.

Une telle loi aurait dû être prise bien plus tôt, mais aucun gouvernement n’a eu jusqu’alors ce courage politique.

Dans l’intérêt de tous. Nous ne sommes plus en capacité de résister efficacement à l’influence du religieux, au fondamentalisme conquérant, ni au relativisme culturel de trop d’intellectuels et politiques qui constamment montent au créneau pour justifier que des musulmans mais d’autres aussi, ne soient pas éligibles aux droits humains universels, au prétexte que leur culture serait différente, alors que l’humanité et les droits humains sont indivisibles.

Il n’y a pas en France de racisme d’état, pathétique tentative d’hystériser le débat et de l’aligner sur des problématiques propres à d’autres pays, en particulier les USA. La laïcité est attaquée en France et globalement partout. A l’ONU nombre de représentants ne dissimulent pas leurs convictions religieuses, en particulier en matière de droits des femmes. Pourtant la laïcité est un préalable aux droits humains, il est évident que la séparation des cultes et de l’état favorise les libertés notamment celles des femmes et des minorités sexuelles.

Dans le monde, des militantes féministes qui vivent sous la menace des autorités religieuses s’inquiètent de l’influence des fondamentalistes dans les instances internationales et du soutien qu’ils reçoivent des intellectuels, universitaires et médias dans les pays occidentaux. Le relativisme culturel peut avoir pour elles de très graves conséquences. Ceux qui veulent substituer aux droits universels des droits culturels spécifiques pour une mosaïque de micro-identités affaiblissent et menacent les droits humains universels.

Dans l’intérêt des femmes. Renforcer et sécuriser les principes républicains dans notre république laïque, ne peut que profiter aux droits des femmes. L’influence des traditions et religions n’est pas étrangère à l’oppression des femmes. C’est pourquoi la laïcité est un projet émancipateur. Les féministes universalistes et laïques savent que la laïcité est un préalable à l’émancipation des femmes. A l’évidence, les femmes sont plus autonomes et libres dans les pays où la loi les protège et c’est le cas en France, plutôt que dans ceux où les religions patriarcales sont la source du droit.

Christine Le Doaré

Le podcast de l’émission :

Cette journée du 9 décembre est à la fois la journée de la Laïcité (115ème anniversaire de la loi du 1905) – et vous avez entendu sur notre antenne et sur notre site des programmes spéciaux consacrés à ce principe – et celle que le gouvernement a choisi pour présenter au Conseil des ministres son projet de loi sur les principes républicains. Cinquante-sept articles, cinq parties : un des grands projets législatifs de ce quinquennat qui devrait venir devant le Parlement en février. En l’annonçant lors de son discours des Mureaux le 2 octobre, le président de la République avait dit qu’un de ses objectifs, alors que ce projet voulait alors combattre ce qu’il qualifiait de « séparatisme », était de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes.

INTERVENANTS

https://www.franceculture.fr/emissions/le-temps-du-debat/le-temps-du-debat-emission-du-mercredi-09-decembre-2020?fbclid=IwAR2H5yZfHJetsCMfAlPf0dWuEIgTjAHwhBoNX9vSNTfSkZKgSOLCQxlSAiA

Alice Coffin, la soutenir ou pas ?

Soutenir ou ne pas soutenir Alice Coffin, une fois de plus le débat est mal posé. Comment en arrive t’on à autant d’absurdité et de violence ? 

Je m’oppose aux idées et analyses défendues par Alice Coffin, à sa manière de faire de la politique et de défendre la cause féministe et des lesbiennes, mais je condamne tout autant la manière dont ses propos ont été déformés et plus encore le déferlement d’attaques incroyablement violentes sur sa personne. Combattre les idées, pas les personnes.

J’ai vu passer des commentaires ignobles sur les réseaux sociaux. Certains en profitent pour faire preuve d’une lesbophobie épouvantable. Elle l’aurait bien cherché, quel beau prétexte pour se lâcher. Les commentaires sur l’apparence physique cachent mal ce besoin d’imposer des normes de féminité et masculinité qui ne sont jamais que des constructions sociales. En réalité il y a autant de façons d’être femme ou homme que d’individu.es. Ces attaques sont minables, inadmissibles.

Je condamne aussi le procédé qui consiste à sortir une phrase de son contexte. Alice Coffin n’a jamais écrit qu’il fallait « éliminer les hommes » contrairement à ce qu’a prétendu David Abiker de Radio Classique. Article qui a déclenché les hostilités. Dans son livre elle écrit : «  Il ne suffit pas de nous entraider, il nous faut à notre tour les éliminer. Les éliminer de nos images, de nos esprits, de nos représentations. Je ne lis plus les livres des hommes, je ne regarde plus leurs films, je n’écoute plus leurs musiques. » 

Pour ma part, je pense que c’est stupide de mettre tous les hommes dans le même sac, que c’est sectaire et que ça ne résoudra rien, mais après tout, c’est son droit de privilégier les créations produites par des femmes. Indéniablement, des siècles durant, les femmes n’ont pas été valorisées au plan culturel, que ce soit dans les manuels scolaires, les lieux culturels, ou encore les médias. Alors moi aussi, je lis plus de femmes que d’hommes, je suis inspirée par nombre de musiciennes et m’intéresse aux femmes artistes, mais je ne me vois pas faire abstraction de leurs homologues masculins qui peuvent également m’enchanter et me captiver.

Selon moi, les propos d’Alice Coffin soulèvent au moins deux problèmes majeurs. 

Le premier : beaucoup de femmes ont intériorisé le sexisme, et il ne suffit pas d’être de sexe féminin pour remettre en question la domination masculine. Il arrive souvent que des oeuvres soient « androgynes » et surtout, la sensibilité, l’ouverture d’esprit, le talent, le génie n’appartiennent pas à un sexe plus qu’à un autre, mais à des individu.es. Je ne crois pas que c’est en reproduisant à notre tour les schémas d’effacement et d’exclusion que allons résoudre les problèmes de domination, d’autant plus que la situation des femmes artistes a tout de même évolué au cours de ces dernières décennies. 

Le second : Alice Coffin ne nous fait pas part de ses choix sur le ton de la confidence, il s’agit d’un manifeste. En tant que porte-parole de l’association des journalistes LGBT, en tant qu’élue EELV, et que militante lesbienne, elle entend représenter et entraîner des lesbiennes et des féministes sur cette voie.  Avec un opportunisme certain, elle embarque sur l’armada metoo, cancelculture et woke culture qui place l’identité au coeur des revendications politiques. Le sens du timing et du marketing ne lui font pas défaut. Après l’affaire Christophe Girard, la parution du « Génie lesbien », ne doit rien au hasard. Il ne faut pas oublier qu’Alice Coffin a bénéficié en 2018 de la bourse Fullbright pour étudier aux USA le traitement des questions LGBT dans les médias.

Donner à une orientation sexuelle des qualités et prérogatives particulières, prôner un apartheid sexuel culturel pour rétablir l’égalité ne sont que des éléments d’une stratégie de pouvoir. Multiculturalisme, indigénisme, communautarisme, intersectionnalité, politiques de l’identité et velléités de dictature des minorités, néo-féminisme et lesbianisme qui volontairement s’affichent misandres et guerriers : c’est une stratégie globale, celle de la haine du mâle blanc, celle de la cancelculture. Ce radicalisme n’a rien d’improvisé. Il y a des raisons objectives à l’émergence de cette mouvance, au premier chef le système patriarcal met un temps fou à battre en retrait, mais à l’évidence, pensées et stratégies primaires et binaires ne sont que des impasses qui nous feront aussi perdre du temps sur le chemin de l’égalité femme-homme et de l’émancipation féministe. 

Penser que l’on va pouvoir venir à bout de la domination masculine, du sexisme ou de l’hétéronormalité avec des idées et stratégies toutes aussi sectaires est selon moi totalement contreproductif. Ce monde là ne m’intéresse pas non plus. 

Christine Le Doaré

Alice Coffin n’est pas une VigilantE :

Alice Coffin n’est pas une VigilantE

Il est important de bien recentrer le débat sur ce qui est important : l’identitarisme, les alliances entre indigénistes et néo-féministes, LGBT …, tout un mouvement avec ses stratégies guerrières, tout est calculé rien n’est improvisé … 

La critique du néo-féminisme est-elle tabou ?

 

 

 

 

 

 

 

Deux tribunes publiées dans le Monde la même semaine m’ont quelque peu énervée.

La première dans laquelle Camille Froidevaux-Metterie règle des comptes avec Mazarine Pingeot et Belinda Cannone,  Néoféminisme : « La morgue de Mazarine Pingeot ne nous tuera pas » et la seconde, dans laquelle Christine Bard omet d’exercer un regard critique sur les évolutions hasardeuses d’un féminisme de réaction.

Selon Camille FM, Mazarine Pingeot et Belinda Cannone développeraient un féminisme universaliste qui «refuserait de voir disparaître l’ancien monde de domination masculine». Les néo-féministes quant à elles, refuseraient de réduire le féminisme à l’égalité des droits et des chances alors que les femmes continuent de subir des violences physiques et sexuelles.

Ça commence mal. Je me demande ce que signifie féminisme universaliste pour Camille FM ? Pour rappel, le féminisme universaliste conformément au fondamentaux du féminisme, lutte contre un système patriarcal dans lequel les hommes s’approprient le corps et la vie des femmes pour la sexualité et la reproduction (transmission des gênes et du patrimoine) en les dominant, ET cette lutte est universelle puisque toutes les femmes subissent un socle commun de discriminations et de violences (ce qui ne contredit en rien le fait que des spécificités se surajoutent). 

Par quel curieux raisonnement le féminisme universaliste devient-il synonyme de simple égalité des droits ? Ça n’a aucun sens,  la simple égalité de droits n’est qu’un préalable incontournable. Ce sont bien les rapports de force et de domination sociaux culturels qui sont en jeu. L’égalité des droits relève d’une exigence républicaine et progressiste. Il n’y a même pas besoin d’être féministe pour l’exiger.

Les néo-féministes n’ont donc strictement rien inventé et il est stupide d’opposer féministes universalistes et néo-féministes sur ce point.   

 

Camille FM va plus loin : «Mais ce que les croisées de la vertu universaliste refusent surtout d’admettre, c’est le fait certain que, derrière chaque victime de violences, il y a un agresseur, un homme donc.» «Les croisées de la vertu universaliste» ?! Rien que ça ? Les féministes universalistes sont-elles désormais coupables de viser l’émancipation des femmes du monde entier et au-delà de l’humanité ?

Les féministes universalistes refuseraient de reconnaitre que derrière chaque victime il y a un homme ? C’est absurde. Aucune personne sensée, aucune féministe, aucun pro-féministe ne peut décemment nier que dans un système patriarcal, les violences sexuelles sont dans une écrasante majorité commises par des hommes. En tous cas, aucune féministe universaliste ne le fait. Nous nageons en pleine confusion des concepts.

En réalité, le problème est ailleurs : dans la manière d’agir et dans la récupération politique. Quand l’émotion l’emporte sur la raison et que l’outrance et la haine guident une lutte, et que des stratèges politiques sont en embuscade, que peut-il en sortir de constructif ? Le mouvement mainstream s’appuie sur l’émotion des féministes 3ème vague qui à bout, plongent sans analyse, recul ni perspective, dans la victimisation, le ressentiment, la vengeance. Rien de plus facile que de récupérer cette énergie et de la détourner à profit d’autres desseins. 

Camille FM veut «démolir les fondements patriarcaux de notre société», très bien, les féministes universalistes aussi, elles s’y emploient d’ailleurs depuis toujours, Camille FM je ne sais pas. Mais démolir un système c’est le remplacer par un autre. 

Justifier par ses blessures de mener des procès en place publique alors même que les désignés à la vindicte ne sont pas inquiétés par la justice (affaire Coffin/Girard), et tout en ménageant des T. Ramadan ou A. Traoré par exemple, n’est pas crédible et instaure une dangereuse violation de la présomption d’innocence. Brandir des pancartes d’appareils génitaux masculin tranchés, et sur lesquelles il est question de viol « génocide individuel », c’est surement jubilatoire, mais je doute que cela nous amène à envisager sereinement un projet de société alternatif et puis les mots ont un sens, il faudrait s’en souvenir.  Enfin, tout ceci n’est pas sans risque d’un violent retour de bâton.

 

On s’en doutait, le mot universalisme n’était pas là pour la forme et le mot intersectionnel n’allait pas tarder à apparaître. Camille FM en fait la promotion et verse dans les passions racialistes du moment, racontant que les féministes universalistes « avaient mis des décennies à se débarrasser de leur solipsisme blanc ». Quel manque de culture féministe, quel manque de militantisme féministe. Toute féministe ayant milité dans le mouvement, une maison des femmes ou ailleurs, sait les liens, les campagnes, le solide travail de fond et de solidarité internationale tissé avec les féministes du monde entier ; sait tout le travail entrepris avec les femmes des quartiers, l’accueil des femmes émigrées, migrantes, sans papier, contre l’excision … De tels raccourcis sont inadmissibles et une insulte au mouvement féministe.

 

Grâce aux intellectuelles gavées de soupe intersectionnelle Social Justice Warriors, essentialiste et différentialiste, le féminisme victimaire qui manque cruellement d’analyse et de perspective est récupéré pour d’autres agendas par les mouvements identitaires ; aujourd’hui au nom de l’antiracisme, par les mouvements racialistes et indigénistes, obsédés par la race et l’épuration à la sauce cancelculture. Un gigantesque boulgi-boulga dans lequel le projet de société féministe sera rapidement dissous. L’intersectionnalité des luttes conduit toujours à affaiblir les luttes des femmes au profit d’autres causes jugées prioritaires.

Camille FM est philosophe et professeure de sciences politiques à l’université, on comprend mieux comment sont formatées les générations d’étudiant.e.s qui désormais semblent toutes sortir du même moule. Avoir son propre mode de raisonnement et d’analyse vous voue immédiatement aux gémonies.

 

 

Christine Bard quand à elle nous rappelle à juste titre que « le féminisme d’action a toujours été critiqué » et nous explique que les divisions sont inévitables dans le mouvement féministe.

Certes mais il y a une marge considérable entre une tendance et une imposture. Le féminisme à la carte où des femmes défendent l’apartheid sexiste du voile imposé par les religieux, tournent le dos aux femmes contraintes au port du voile obligatoire, au mariage forcé, au mariage des mineurs, à la polygamie, à la loi du père et des grands frères … ce n’est pas du féminisme, c’est une grossière imposture.   Invoquer la sororité pour contraindre les féministes universalistes à accepter de tels dévoiements du féminisme est tout de même limite.

Des femmes qui se disent féministes mais s’engagent dans des idéologies différentialistes, racialistes, empreintes de relativisme culturel ne sont pas à mes yeux «engagées pour en finir avec les violences masculines et le patriarcat» et n’en déplaise à Christine Bard, ne sont pas mes soeurs. Il ne s’agit pas de bon ou de mauvais féminisme, c’est du féminisme ou ça n’en n’est pas.

 

Contrairement à Christine Bard, je ne pense pas que le féminisme d’action de la Barbe ait jamais été diabolisé, celui des Femen plutôt ; seulement ce type d’activisme qui fait plutôt consensus, porte en lui ses limites : quand on monte cent fois sur une estrade pour dénoncer l’absence des femmes à la tribune, à la cent et unième fois, ça n’intéresse plus plus grand monde. Selon moi, ce n’est pas ça le féminisme radical. Le féminisme radical ne fait pas de concession, il poursuit l’objectif d’émancipation de toutes les femmes partout dans le monde, et donc la fin de toute oppression patriarcale, communautaire et religieuse comprises. Avec la Barbe et bien d’autres, on en est loin. Comparer la Barbe des années 2000 aux suffragettes qui n’avaient ni droit de vote ni aucun droit à la moindre autonomie et un peu léger pour une historienne féministe.

 

Je suis en accord avec Christine Bard quand elle constate l’étendue des violences patriarcales et leur tolérance dans nos sociétés. Les femmes sont sans aucune contestation possible, toutes victimes de la domination masculine et de violences sexuelles, à des degrés différents, parfois à peine perceptibles (position sociale, professionnelle, éducation, … ), et cela doit prendre fin. Mais nous enfermer dans un féminisme victimaire qui maintient les femmes dans un statut de victime est une impasse.

Dans le sillage des mobilisations américaines, les dernières manifestations féministes sont certes plus massives mais les organisatrices de talent auxquelles Christine Bard fait référence font carrière dans le féminisme, elles disposent de moyens adéquates ; en revanche, elles choisissent soigneusement leurs mobilisations, on ne les entend guère condamner les pressions communautaires et religieuses auxquelles sont soumises des femmes, ni condamner certains violeurs ; on ne les entend pas plus soutenir les femmes Kurdes, Iraniennes, Pakistanaises… Elles tirent profit de l’élan des jeunes néo-féministes qui, on le comprend fort bien, n’en peuvent plus des violences sexuelles et se lèvent enfin.

Mais je regrette qu’une experte telle que Christine Bard, que je respecte pour son précieux travail, ayant l’occasion de prendre la parole dans Le Monde, ne dise rien des dangers de ce déferlement improvisé d’émotions instrumentalisé par des stratèges plus aguerries et par une extrême-gauche opportuniste. Je regrette que Christine Bard n’exprime aucune réserve sur des velléités de justice féministe spécifique et en dehors de tout principe de droit républicain.

 

Cette génération blessée qui ne supporte plus rien, qui voudrait tout condamner et tout effacer de manière expéditive sait-elle seulement que la prochaine à en faire les frais sera d’ici peu, elle-même ?

Les universitaires et autres faiseurs d’opinion peuvent-ils encore exprimer leurs doutes et critiques ou sont-ils déjà tétanisés par le terrorisme intellectuel qui, poussé par un mauvais vent venu d’outre atlantique, cherche à s’imposer chez nous ?

Il semble bien que garder un oeil critique sur les évolutions du féminisme soit devenu tabou.

Christine Le Doaré

Rififi à Paris, Alice Coffin, EELV et féminisme

Alice Coffin si vous ne la connaissiez pas, moi oui. Je militais dans le mouvement LGBT à une époque où avec Alix Béranger sa compagne de l’époque, elles s’intéressaient plus particulièrement aux problématiques liées au sida. Il y a une douzaine d’années de cela. 

Pour celles et ceux qui sont un peu perdu.es dans les étiquettes, je dirais pour la situer, ni lesbienne radicale ni lesbienne féministe, plutôt militante LGBT tendance queer ; recentrée sur les questions propres aux lesbiennes et vent debout pour la PMA ;  pas féministe radicale ni universaliste, mais plutôt néo-féministe tendance queer, relativisme culturel et intersectionnalité.

J’ajouterais bien verte en diable. Je ne parle pas d’écologie mais de ces mouvances et stratégies politiques radicales que les Verts ont intégré depuis quelques décennies : féminisme intersectionnel (où l’agenda féministe se couche devant d’autres agendas révolutionnaires prioritaires), soutien indéfectible à la Palestine et tant pis si le Hamas et autres groupes terroristes en bénéficient, soutien aux communautarismes et séparatismes politico-religieux, abolition des frontières, soutien aux mouvements indigénistes et racialistes, soutien des trans activistes haineux envers les féministes, …

La liste est longue, en fait, je me demande parfois s’il reste des écologistes chez les Verts, je n’en suis pas certaine du tout, en revanche, toutes ces mouvances aussi extrêmes que marginales se retrouvent chez eux et progressent dans la société grâce à eux.

Un exemple parmi tant d’autres : les féministes abolitionnistes de la prostitution n’ont pas oublié les exploits du STRASS issu du mouvement LGBT qui jetait du faux sang sur les militantes féministes, les calomniait, les menaçait de toutes les manières possibles avant le vote de la loi d’abolition de la prostitution. Thierry Schaffauser fondateur du STRASS menait campagne chez les Verts qui se sont derrière lui, alignés sur la défense du système prostitueur.

L’amateurisme et l’immaturité politique des Verts donnent des ailes aux activistes de l’extrême qui trouvent chez EELV un moyen de percer et une fois fait, d’imposer leurs idées et manières de faire. L’entrisme fonctionne un peu partout en politique, mais chez les Verts c’est un jeu d’enfants.

Ce qui m’étonne c’est l’attitude du PS quand il s’allie à EELV faisant comme s’il s’agissait de mettre en avant des préoccupations liées à l’écologie, la défense de la nature, la protection de la planète, la sauvegarde du climat … Je rigole, vert, vert de rage. Comme si le PS ignorait à qui il a réellement à faire !

Alice Coffin, en plein Conseil de Paris crie « la honte, la honte, la honte » lors de l’hommage rendu à Christophe Girard, l’adjoint à la culture d’Anne Hidalgo qui a démissionné pour avoir eu des liens d’amitié avec Gabriel Matzneff visé par une enquête pour viols sur mineures ?

Avec Alix Béranger et Raphaëlle Rémy-Leleu, également élue écologiste à Paris et ancienne militante d’Osez-le-féminisme, Alice Coffin organise un mini rassemblement de vingt personnes devant l’hôtel de ville, avec des pancartes amalgamant Paris à un « pédoland » ?

J’ai presque envie de dire, banal, insignifiant pour des activistes radicaux EELV ;  ils peuvent faire beaucoup plus spectaculaire et embarrassant. Les amalgames, les caricatures, les condamnations à l’emporte-pièces, les tribunaux populaires, ils savent faire.

A la décharge d’Alice Coffin, il y a une différence entre l’activisme et la fonction d’élue, par manque de métier, cette subtilité lui aura probablement échappé. Les politiques plus aguerris sont plus ronds, plus roublards aussi.

A sa décharge toujours, il est vrai que le milieu politique PS gay parisien est bien spécifique. Un petit entre soi élitiste, fait de coteries et cooptations, et qui n’est pas exempt de misogynie. De là à tomber dans l’insulte et le mépris homophobe associant homosexualité et pédocriminalité :  « pédoland », il y a un monde.

En outre, Alice Coffin connaissait Christophe Girard et a fait campagne sur la même liste, de là à conclure qu’elle aurait pu y penser avant ? Non, quand on connait les Verts, on sait que tous les moyens d’arriver à ses fins sont bons et que les coups de couteau dans le dos ne les dérangent pas spécialement. Quant à l’indignation pour les affaires de viol, elle peut être à géométrie variable : pas de quartier pour Polanski, mais Ramadan, Traoré, … ça se discute.

Que sur les réseaux sociaux, Alice Coffin soit remise à sa place sur le fond de ses propos et sur sa manière de réagir, ne me dérange pas. Ses propos sont caricaturaux, on ne peut pas amalgamer comme elle le fait tous les hommes, c’est un système que l’on combat, le sytème patriarcal, pas tous les individus de sexe masculin qui ne sont pas tous auteurs de violences conjugales ni des violeurs.

Son interview donnée à la chaine TV russe est consternante. Sa manière d’exiger la démission de Christophe Girard, est excessive. Malgré tout, je me demande bien, pourquoi il a ainsi pris les devants en démissionnant après une mini manifestation de vingt activistes. Très étonnant, y aurait-il autre chose ? Pour l’instant Christophe Girard n’est pas inquiété par la justice. Alors qu’il était secrétaire général de la Maison Yves Saint-Laurent, Christophe Girard a financé pour l’écrivain, deux ans de séjours à l’hôtel où ce dernier violait sa victime. C’est glauque, pour autant, ces tribunaux populaires qui condamnent et coupent des têtes avant que des procès en bonne et due forme puissent se tenir, sont insupportables.

En revanche, quand sur les réseaux sociaux, les internautes s’attaquent à son physique, critiquant sa manière de s’habiller ou de se coiffer, il s’agit clairement de lesbophobie. Elle se donne l’apparence qu’elle veut, les coupes courtes ne sont pas réservées aux hommes et ces clichés sexistes sont d’un autre temps.

Anne Hidalgo est en colère et va saisir la justice ? Mais enfin, les faits d’arme des Verts sont notoires, notamment à Paris ! Dans le 20ème arrondissement, l’adjointe verte de la Maire PS à l’époque, avait organisé au nom de la Mairie pour le 8 mars 2015, un évènement à la gloire du relativisme culturel, avec Rockaya Diallo et d’autres défendant le port du voile et autres spécificités politico-religieuses pour les femmes musulmanes, sans qu’aucune contradiction ne puisse être apportée. Cette affaire qui avait fait grand bruit, est encore dans toutes les mémoires féministes parisiennes, et ce n’est qu’un exemple.

Anne Hidalgo ne peut ignorer la véritable nature des Verts, et si quelques EELV sont  rompus à un fonctionnement politique plus policé, combien d’activistes brut de décoffrage et aux stratégies de cracheurs de feu compte ce mouvement ? Une  réaction quelque peu étrange, Anne Hidalgo ne peut écarter des élues et le groupe écolo à la Mairie de Paris n’exclura pas ses militantes, il lui faudrait sinon se délester de la plupart de ses militant.es de base, or il y a bien longtemps que les écologistes, à Paris en tous cas, ont quitté EELV justement à cause de ces extrémistes.

EELV fera t’elle un jour son autocritique, se séparera t’elle de ces militants gauchistes qui n’ont pas grand chose à voir avec l’écologie ? J’en doute.  A cause de l’amateurisme des Verts et de l’arrogance du PS qui décidément se refuse à apprendre de ses erreurs, la gauche à Paris est donc en guerre ouverte. Ça promet pour la suite, une ville qui souffre et qui n’avait vraiment pas besoin de ça.

Christine Le Doaré

Et en complément l’article des VigilantEs féministes universalistes et laïques :

Alice Coffin n’est pas une VigilantE : 

https://christineld75.wordpress.com/2020/07/28/alice-coffin-nest-pas-une-vigilante-les-vigilantes/

 

#25novembre beau bilan, mais merci qui ?

Bilan du #25novembre 2019 par une féministe universaliste

La banderole de tête du cortège nantais

En tant que féministe universaliste, j’ai ressenti le besoin de tirer un bilan de la mobilisation du 25 novembre,  Journée Internationale contre les violences faites aux femmes.

La libéralisation de la parole qui n’est certes pas exempte de dérapages, a eu le mérite de faciliter  une prise de conscience généralisée et l’expression d’un rejet massif des violences touchant les femmes. A Paris comme un peu partout en France, les cortèges furent imposants, on ne peut que s’en féliciter. 49 000 personnes à Paris, on n’avait pas vu ça depuis la grande manifestation féministe du 6 octobre 1979 pour la pérennisation de la loi Veil. Alors merci à celles qui ont parlé  publiquement, ce qui n’est jamais sans risque, et un immense bravo à toutes les femmes et hommes également, qui ont défilé les 23 et 25 novembre contre toutes les violences patriarcales. Il est en effet absurde de viser une égalité entre les femmes et les hommes tout en tolérant d’infernales violences à l’encontre des femmes.

Les femmes sont victimes de violences conjugales certes, mais aussi de harcèlement de rue, violences sexuelles, viols, agressions ; sans oublier les violences liées aux origines, religieuses et communautaires, telles que l’excision, le mariage forcé, le voilement… d’ailleurs souvent oubliées dans les différentes manifestations, un peu comme si les violences conjugales occultaient toutes les autres violences. Les enfants sont également victimes de terribles violences sexuelles, physiques et psychologiques. D’autres catégories de la populations subissent également des violences.

Le nombre de manifestant.es était considérable, c’est un succès incontestable, en revanche, le nombre n’est pas gage que de qualité. Dans les manifestations ont été relevé des comportements, pancartes, slogans que je qualifie de pitoyables et même anti-féministes. Même si une majorité de manifestant.es ne les partage pas, leur multiplication et visibilité grandissante posent un sérieux problème.

Ce n’est pas un secret, pour faire nombre, les organisatrices se revendiquant de #NousToutespour  ont recherché des compromis avec des tendances du mouvement des femmes et des groupes  éloignés des fondamentaux du féminisme. Les conséquences ne sont pas anodines et devraient alerter bien plus qu’elles ne le font. Mais il est vrai que nous sommes à une époque où s’opposer à une certaine doxa militante expose à une stigmatisation, voire de sévères représailles, ce qui musèle pas mal de monde.

  Dans le cortège parisien ont été relevé les faits suivants : 

  • des femmes dénonçant « la pratique esclavagiste de la GPA » ont été prises à partie, leur tracts déchirés et jetés à terre.  « NousToutes » ah bon ? ;
  • des slogans hostiles à l’abolition de la prostitution ont été massivement scandés (Ils révèlent que la loi n’est toujours pas comprise : accuser les abolitionnistes de tuer les personnes prostituées alors que ce sont toujours les clients ou les réseaux criminels qui les tuent est d’une absurdité sans nom, en outre, la loi a dépénalisé les personnes prostituées mais pénalise les clients qui alimentent la demande et entretiennent le trafic d’êtres humains.) ;
  • des slogans favorables au voile islamique ont été hurlés, comme si la soumission à des diktats religieux patriarcaux pouvait préserver les femmes des violences ;
  • des slogans accablant l’Etat français de pratiquer un « racisme d’état » et une « islamophobie d’état » ont été scandés (Pourtant, nous ne sommes pas aux USA, et s’il y a bien du racisme, d’ailleurs pas à sens unique, des lois contre le racisme s’appliquent et l’éducation nationale notamment, fait de la prévention contre le racisme. Il n’y a pas non plus « d’islamophobie d’état », en revanche, la critique des religions est libre ; le racisme anti-musulman existe (peu en réalité) mais il y a des lois contre ça. Il est donc faux de parler de « racisme d’état » et « d’islamophobie d’état » car l’Etat n’organise aucun racisme,  il les combat. Il est parfaitement stupide d’alimenter les stratégies de groupes victimaires indigénistes, ségrégationnistes et/ou islamistes. En revanche, je note que l’antisémitisme, en nette augmentation, ne semble pas bouleverser grand monde.)
  • des slogans anti-Macron (bien que ce gouvernement soit tout de même le premier à instaurer un Grenelle et à adopter des mesures conséquentes qui devront être évaluées et complétées en fonction des résultats) et contre le libéralisme (mais pour quelle alternative crédible et derrière qui, on cherche encore, d’autant plus que ce n’était pas vraiment le sujet du jour ! )
  • des performances douteuses émaillaient la manifestation, comme celle d’une fameuse Marie dont la vidéo où des hommes torse nu sont fouettés, a été vue en boucle sur les réseaux sociaux. Comment mieux dévaloriser les combats féministes pour une société sans domination ?
  • etc. 
slogan pro-voile :  quel lien en réalité entre le voilement des femmes (doctrine intégriste) et des femmes mortes sous les coups de leurs conjoints ; et qui tolère quoi au juste ? confusion totale
slogan pro-voile : les hommes qui parlent de voile sont ceux qui veulent inférioriser et invisibiliser les femmes dans l’espace public, les intégristes/radicaux ; et par quel biais tordu lier le viol et le voilement des femmes ? Le viol est un crime, il est puni par la loi. Totale confusion là encore ? En se croyant super intelligent.e
pancarte apologie du relativisme culturel : racialiste, pro-voile, en défense du système prostitueur ; en résumé absolument antinomique avec les fondamentaux du féminisme mais qui prétend que les femmes blanches ne le sont pas ; comment marcher sur la tête !

 

 

 

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Agression des femmes s’exprimant contre la GPA

A Toulouse, des féministes abolitionnistes ont été attaquées dans le cortège, elles ont été frappées et leurs pancartes jetées au sol. Un comble tout de même que des violences soient exercées à l’encontre de femmes dans une manifestation contre les violences faites aux femmes !

Agression à Toulouse des abolitionnistes

 

 

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A Nantes, j’ai défilé dans un cortège important d’environ 2 000 personnes, une belle mixité femmes-hommes, des associations, syndicats, groupes politiques, mais surtout énormément de jeunes. Fait remarquable, aucun blackbloc n’a pointé son nez (en tous cas masqué). Beaucoup d’énergie, de colère et de créativité. Mais comme ailleurs, des slogans pro-voile, contre la loi d’abolition qui pourtant protège comme jamais les personnes prostituées, des slogans relativistes mensongers contre le « racisme d’état «  et  l’ « islamophobie d’état ». Et cerise sur le gâteau, le slogan du cortège LGBT qui en a « marre de cette société qui ne respecte pas les Trans, les Putes et les PD ». Ça a le mérite d’être clair, les lesbiennes n’existent même plus, on leur a substitué « les putes » pour mieux défendre le système prostitueur,  et l’ultra-minorité Trans prend la tête pour nous expliquer ce que c’est que d’être une femme !

« abolos féministes saveur facho », c’est bien connu, les abolitionnistes sont des fachos, mais les macs, les réseaux et les clients des anges qui s’autorisent le sexe tarifé ou en vivent. Le niveau zéro de l’analyse.

 

comment lutter contre les violences sans même questionner les codes du sexisme ? non, nous ne somme pas des bombes sexuelles !

 

 

En résumé, une forte mobilisation certes, mais un cortège hétéroclite, et par endroits à des années lumières de s’intéresser vraiment aux violences faites aux femmes. Alors, s’il faut se réjouir de voir tant de monde dans la rue, il est impossible de ne pas s’inquiéter de ces dangereuses dérives, de toute cette bêtise aussi. Ces travers essentialistes, relativistes, intersectionnels, racialistes, communautaristes, religieux même, qui pervertissent tous les mouvements sociaux sont épouvantables. Celles et ceux qui les favorisent et endoctrinent les jeunes en les enfermant dans une confusion indescriptible sont sans aucun scrupule, au service d’eux-mêmes et de causes qui n’ont pas grand chose à voir avec la lutte contre les violences faites aux femmes, et encore moins avec le féminisme. Comme dans toutes les manifestations désormais, il est de plus en plus difficile de participer à une manifestation féministe  sans ressentir de malaise à la vue de tant de confusion.

Le 25 novembre, le gouvernement quant à lui, présentait les mesures retenues à la fin du Grenelle. Parmi les plus significatives : la levée du secret médical ; la suspension de l’autorité parentale des pères violents ; la suppression de l’obligation alimentaire des enfants envers leur père violent ; la prise en compte du suicide forcé dans le droit pénal ; le 3919  désormais accessible 24h/24h et 7j/7 jours; l’ouverture de 26 centres de suivi pour les coupables de violences conjugales  ; le recrutement de 80 intervenants sociaux supplémentaires dans les commissariats (un total de 330 en tout) ; l’adoption d’une grille unique d’évaluation du danger dans les commissariats ; une convention entre le 3919 et le ministère du logement pour faciliter l’accueil des victimes ; la création de 1 000 nouvelles solutions d’hébergement immédiatement ; 6 millions d’euros alloués au déploiement du bracelet anti-rapprochement ; un « conseil de vie » mis en place au collège et au lycée ; une formation «obligatoire» sur l’égalité entre les filles et les garçons pour les enseignants ; un module sur les violences conjugales pour le service national universel (SNU) ; un document unique de signalement pour les enfants exposés aux violences familiales pour le personnel enseignant ;  etc.

Il me semble raisonnable d’admettre que ce n’est pas rien, et dans tous les cas, c’est infiniment plus que ce que tous les gouvernements précédents avaient mis en oeuvre. Bien entendu, de telles mesures devront être évaluées à l’aune des résultats obtenus et corrigées, complétées si besoin. Le Haut Conseil à l’Egalité s’est félicité de l’adoption de ces mesures tout en rendant un Avis «Violences conjugales : pour une culture de la protection des femmes et des enfants ». Savoir reconnaitre des avancées, rester prudent et évaluer au bout de quelques temps les résultats d’une politique est une attitude constructive. En revanche, le collectif #NousToutes – mais est-il si représentatif des manifestant.es  des 23 et 25 novembre ? –  s’est immédiatement opposé au plan de mesures annoncé et un rassemblement fustigeant le gouvernement était organisé le soir même. A mon sens,  une manoeuvre partisane dont l’objectif est bien plus de critiquer le gouvernement que de travailler de manière constructive à endiguer les violences faites aux femmes. Rien de bien étonnant lorsque l’on sait que l’organisatrice de #NousToutes la plus en vue, a aussi défilé le 10 novembre dernier contre l’ » islamophobie d’état « aux côtés d’islamistes.

C’est aussi oublier que les violences faites aux femmes ne se limitent pas, loin s’en faut, aux violences conjugales et qu’il faudrait aussi se préoccuper des autres violences, opportunément poussées sous le tapis par certain.es. Quid de l’insécurité, du harcèlement, du viol et des violences sexuelles dans l’espace public, de la violence prostitutionnelle ? Quelles sont les politiques Genre et ville qui prennent toutes ces problématiques véritablement au sérieux et agissent concrètement ? Qui fait quoi contre les violences communautaires et religieuses ? Pas grand monde, tout juste si l’on ose en parler, de peur d’être accusé.es de racisme ou d’ « islamphobie ». En tous cas pas #NousToutes ! Seules Femmes Solidaires et le réseau  des  VigilantEs l’ont fait clairement, appelant à la Manifestation avec un communiqué sans ambiguïté : féminisme universaliste,  abolitionniste et contre le relativisme culturel, le racialisme et le communautarisme. Il y avait également un cortège abolitionniste dans la manifestation parisienne, bien leur a pris de se regrouper et d’être nombreuses.

Pour conclure, si je salue une mobilisation massive, je déplore les dérives idéologiques qui entachent le mouvement des femmes comme tous les mouvements sociaux. J’ai, après des décennies de marches lugubres et stériles le 25 novembre, enfin l’impression que le gouvernement a commencé à prendre la mesure du problème et que les mesures adoptées  permettront d’avancer. Je rappelle que les violences conjugales ne sont pas les seules violences faites aux femmes et que se focaliser sur elles-seules enfonce un peu plus toutes les femmes qui subissent d’autres formes de violences, et nous laisse toutes démunies face aux violences subies dans l’espace public et bien des lieux.

En définitive un bilan positif, mais que l’organisation de #NousToutes avec ses compromis douteux et son attitude partisane, ne doit certainement pas s’attribuer, à elle seule.

Christine Le Doaré

 

Marie dans le cortège parisien NousToutes : https://youtu.be/jq-Bj_WoUK0

CP des VigilantEs : https://vigilantes2015.wordpress.com/2019/11/09/ce-qui-divise-la-gauche-divise-aussi-le-mouvement-des-femmes/

CP de Femmes Solidaires : https://femmes-solidaires.org/25-novembre-stopfeminicide-stopimpunite/

CP du HCEfh : http://haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/cp_avis_hce_violences_grenelle_2019_11_25.pdf

Voile et sorties scolaires, assez joué !

Disparition – artiste yéménite Bouchra Almutawakel

Tout d’abord, je trouve scandaleux que la question de l’accompagnement des sorties scolaires ne soit abordée que sous l’angle des accompagnatrices. Où sont les pères ? S’occuper de leurs enfants ne fait pas partie de leurs attributions ? Ils ne seraient donc jamais disponibles, n’ont pas de congés ni RTT à poser ? Ou la société française doit-elle valider une organisation sexiste de la famille qui serait propre à une communauté ?

Ensuite, pourquoi parle-t’on des mères accompagnatrices pour tout le monde mais des « mamans » voilées pour les musulmanes ? « maman » c’est plus touchant ? Si l’intention est de nous attendrir, il s’agit d’une manipulation.

Enfin, pourquoi ignore t’on l’avis de l’écrasante majorité des français.es qui selon un dernier sondage IFOP sont à 66 % favorables à l’interdiction du port ostentatoire de signes religieux ? Les personnalités comme Omar Sy, Christine Delphy et d’autres qui tentent d’influencer la politique française en matière de laïcité, à coups de tribunes victimaires : « Jusqu’où laisserons-nous passer la haine des musulmans ?» confondent à dessein la haine des musulmans avec la lutte contre l’islam politique.  De telles tribunes prônent un renoncement aux valeurs universelles républicaines face au religieux et au communautarisme. Quand on y pense, à quelques jours du carnage de la Préfecture de Paris, culpabiliser la société française avec une « haine des musulmans » purement fantasmée, est d’une extrême indécence.

 

Aucun gouvernement n’aura eu le courage d’imposer le respect de notre constitution avec un projet de loi. Le Conseil d’Etat avait rendu en 2013 une décision double : liberté de conscience des parents mais possibilité pour l’éducation nationale de leur demander de ne pas manifester une croyance religieuse. En 2019 les Républicains – déposent une proposition de loi pour interdire les signes religieux ostentatoires aux accompagnants d’élèves et personnes concourant au service public de l’éducation, lors des sorties scolaires.

Le fait déclencheur aura été l’intervention de l’élu RN Julien Odul qui s’était offusqué le 11 octobre, de la présence d’une femme voilée accompagnant une classe au Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. Il y a des manières de faire les choses et le RN n’est pas un parti républicain crédible, mais les partis politiques ont laissé le RN en roue libre face aux offensives de l’islam politique.

Le gouvernement et plus généralement LREM, sont divisés sur les questions du voile et de la laïcité ; sur la radicalisation et la lutte contre l’islam politique.  Le président de la République nous exhorte à une vigilance générale contre la radicalisation, mais ne propose aucun plan de lutte d’ensemble contre l’islamisme. Il est certes vital de s’assurer de notre sécurité, mais il est tout aussi crucial de protéger la société dans laquelle nous voulons vivre au quotidien. C’est à la puissance publique d’assurer notre sécurité mais aussi de garantir que notre société reste conforme aux principes  de notre république laïque et ne se dissolve pas dans des communautés juxtaposées. Le gouvernement doit se donner les moyens de mener une lutte idéologique globale  contre l’islam politique qui imprègne déjà toutes les sphères et tous les domaines de la société.

Mais quand un ministre comme Jean-Michel Blanquer tente de clarifier la situation et précise qu’il ne juge « pas souhaitable que des mères puissent être voilées à l’occasion de sorties scolaires », il est attaqué par Adrien Taché, député du même parti. Jean-Michel Blanquer exige une sanction à l’encontre de Taché, j’espère qu’il obtiendra gain de cause. Déclarer comme l’a fait Taché : « Julien Odoul récupère les mots de Jean-Michel Blanquer. « est inadmissible. C’est une véritable déclaration de guerre contre le ministre, contre la laïcité et même contre la possibilité pour l’état de lutter contre l’islam politique. Les A.Taché, F. Lazaar ou L. Avia partisans d’un statut quo qui sert de tremplin aux intégristes ne doivent pas être encouragés ; nous avons besoin du courage de J-M Blanquer, M. Schiappa et A. Berger. 

 

Comment se fait-il qu’un député, qui d’ailleurs vient du PS, ignore que la loi peut évoluer, ne serait-ce que pour répondre efficacement aux attaques de l’islam politique ? Lui est-il donc si difficile de comprendre qu’un.e accompagnateur/trice scolaire n’effectue pas une promenade en privé, avec sa progéniture, mais accompagne toute une classe, d’une école publique et laïque ? La laïcité est un cadre juridique et politique qui garantit à toutes les croyances ou absence de croyance de s’exprimer librement, mais pour vivre ensemble, l’état unit tous les citoyens de manière universelle, sans accorder de droit ni de privilège spécifique à une religion plutôt qu’à une autre. Les religions n’ont donc pas à se manifester, en aucune façon, dans le cadre de l’école publique, à l’intérieur comme à l’extérieur.

En outre, il ne faudrait pas oublier que le voile n’est pas un accessoire comme un autre. Le voile islamique (hijab), est devenu un véritable instrument de revendication identitaire. Marqueur de la pudeur des femmes qui se déroberaient ainsi à la concupiscence masculine, c’est en réalité l’affirmation d’un renoncement à toute évolution des rapports femmes-hommes, à fortiori à l’égalité. Par voie de conséquence, les musulmanes qui ne se voilent pas sont stigmatisées, considérées comme mauvaises. Porter le voile c’est consentir à l’infériorité des femmes, à un apartheid genré ; c’est consentir à son propre asservissement à l’autorité masculine et/ou religieuse patriarcales. La place du voile dans le Coran est très marginale, c’est un islam rigoriste et radical qui l’impose. Le voile est l’étendard de l’islam fondamentaliste qui oeuvre à le déployer partout. Banaliser le port du voile c’est donc faciliter le travail de l’islam politique. Accommoder le voile à toutes les modes et peu à peu le retrouver aussi porté par des fillettes. Une manière comme une autre de sexualiser les petites filles et de les conditionner à accepter leur infériorité et soumission aux hommes. Le voilement des fillettes devrait depuis des lustres préoccuper la protection de l’enfance et les professionnels de santé. Mais non, et plus le voile se généralise, plus il est facile de créer une légende, celle d’une France qui hait les musulmans puisqu’elle rejette les femmes voilées dans certaines situations ;  et c’est encore plus vendeur si au lieu de femmes, on parle de « mamans ». Une victimisation bien travaillée et qui vise à nous intimider, à compromettre la marche de notre société vers l’égalité femmes-hommes. Les personnalités du spectacle, universitaires et politiques qui tombent dans le panneau de l’islam politique ne font qu’enfermer plus encore les femmes de culture musulmane dans un communautarisme d’où il devient difficile de s’extraire. J’imagine ces idiots utiles de l’islam politique, dans les années 70, refusant aux féministes de s’affranchir du patriarcat religieux catholique qui s’arc-boutait contre la contraception et l’avortement, l’émancipation des femmes par le travail… A l’époque, qui aurait pu imaginer, qu’à gauche, émergeraient de tels complices du patriarcat religieux ? !

 

Le problème n’est pas de s’interroger sur la place à accorder à l’islam dans la société française mais plutôt de la place que ne doit pas prendre l’islam fondamentaliste. La religion catholique, nous l’avons plus ou moins mise à sa juste place, dans la consciences privée de ses adeptes, il est grand temps d’en faire de même avec l’islam. Et de toute urgence.

Christine Le Doaré

Hôtesses du Tour, arrêtez de pédaler dans le féminisme !

La toile s’enflamme pour la question des hôtesses du Tour de France. Les hôtesses ont-elles ou pas choisi leur rôle, et pourquoi celles qui défendent le libre choix de se voiler, s’attaquent-elles à celles qui choisissent la fonction d’hôtesse du Tour ? Faut-il condamner celles qui ont lancé la mobilisation, faut-il les soutenir ? S’agit-il d’une question mineure, de pudibonderie ou à l’inverse d’une juste lutte ? Peut-on parler de censure, de féminisme ou de néo-féminisme  … ? Vertige.

La polémique des hôtesses du Tour de France est insensée. Le débat, une fois de plus, est mal posé, ne serait-ce que parce que le féminisme n’est pas une vague idée que l’on peut mettre à toutes les sauces, mais bien un projet de société.

Le système patriarcal est un système global d’oppression des femmes. Un système qui organise, structure nos modes de vie, nos pensées et nos valeurs. Et nous ne sommes pas là d’avoir déconstruit ce système dans sa globalité ; personne, exceptions faites de quelques rares théoriciennes féministes universalistes de confiance et qui ont fait leurs preuves dans la durée.

Dans le système patriarcal, selon un grand nombre de paramètres dont la culture, l’éducation, … à différents degrés, de l’insignifiant au majeur,  tout contribue à maintenir les femmes dans le système d’oppression et à le reproduire.

Tout est utile pour s’assurer l’appropriation et le contrôle de leur corps pour la sexualité et la reproduction,  des contes de fées enfantins, à la contrainte à l’hétérosexualité, et jusqu’aux contraintes et violences d’un intégrisme religieux s’il le faut. Question de degré. Par conséquent, toutes les manifestations sexistes de la domination masculine, de la plus inoffensive en apparence, à la plus sérieuse sont critiquables. En principe, par cohérence et efficacité, il faudrait les condamner et combattre toutes.

La tradition de la remise de la médaille au gagnant de l’étape du Tour par des femmes les plus jeunes et jolies possibles, selon les critères de la mode en vigueur, signifie que la récompense est encore plus gratifiante si une femme désirable vous la remet. Les rôles de genre sont clairement établis, il s’agit ni plus ni moins d’une version re-visitée, d’une sorte d’adaptation « moderne » de la récompense du guerrier méritant. La connotation sexuelle est patente. Lorsque j’avais 9/10 ans, l’été, je suivais le Tour avec mon grand-père, et j’en avais déjà conscience ! Cette sexiste tradition est critiquable et condamnable. D’ailleurs, j’aimerais assez que les coureurs soient récompensés par d’autres grands coureurs, un bisou par le coureur gagnant du ou des tours précédents aurait beaucoup plus de force symbolique, ah non ?

Se revendiquer du féminisme, c’est défendre la fin de la tradition des hôtesses du Tour de France, et peu importe que la mobilisation ait été lancée par des relativistes intersectionnelles ou pas.

En revanche, rien n’interdit d’expliquer que ces dernières manquent de cohérence et que leur féminisme n’est pas crédible. En effet, s’attaquer à la tradition des hôtesses sans condamner les manifestations les plus attentatoires à l’intégrité des femmes telles que l’exploitation et la marchandisation dans la prostitution ou la GPA, la violence du voilement des femmes et des fillettes, des mariages forcés, de l’excision, etc. est d’un cynisme sans nom.

Elles ont détourné le principe de libre choix qui signifiait à l’époque libre choix d’avoir ou non un enfant, pour le mettre au service du patriarcat qui n’en demandait pas tant ! Libre choix de se prostituer, de se voiler, autant dire choisir soi-même (enfin pour les autres en général), un esclavage volontaire et tant pis pour l’émancipation des femmes passée à la trappe. Le relativisme culturel intersectionnel est amplement promu par les queers et des hommes tellement intéressés par le féminisme, qu’ils ont remplacé les études féministes par les études de genre et écrasé les féministes universalistes pour mettre en avant leurs féministes autorisées, celles qui ne les descendront pas de leur piédestal.

Et pour certaines d’entre elles, c’est pire encore, le féminisme n’est qu’une stratégie de valorisation personnelle, grâce aux médias si peu professionnels et friands de tout ce qui peut amuser la galerie à bon compte. Ce n’est ni du féminisme, ni même du néo-féminisme, juste de l’auto-promotion et de l’enfumage ;  ça plait beaucoup.

Il n’y a aucune raison dans cette polémique folle de choisir entre les relativistes intersectionnelles qui mobilisent pour l’abandon de la tradition des hôtesses et les féministes issues des mouvances laïques qui considèrent cette mobilisation, dérisoire. Si les relativistes sont inconséquentes et dangereuses, les secondes manquent parfois de background théorique féministe,  et si les enjeux de la lutte contre le voile et autres violences imposées par le communautarisme et les intégrismes religieux n’ont aucun secret pour elles, elles manquent parfois de subtilité face à la complexité du système patriarcal. 

Ce qu’il faut reprocher aux relativistes intersectionnelles ce n’est pas de critiquer la tradition des hôtesses du Tour de France, mais bien leur trahison du féminisme universaliste qui les mène, en revanche,  à se taire devant le pire. En ce qui me concerne, je condamne la tradition des hôtesses du Tour de France, parce que cette tradition n’est pas si anecdotique que ça ;  parce que je suis féministe et cohérente. De bout en bout, toujours.

Christine Le Doaré

L’Université populaire de Nantes se soumet aux trans. activistes et bafoue le féminisme

 

 

 

 

Un nouvel épisode de la série culpabilisation et menaces intellectuelles par des activistes de la nébuleuse « islamo-gauchiste » indigéniste, racialiste, anticolonialiste ou queer/trans/« travailleurs du sexe »,  (tous partisans du relativisme culturel, ce qui peut expliquer cette curieuse alliance),  s’est produit dernièrement à Nantes.

Une conférence gesticulée intitulée « Harry Potiche, féminisme et bipolarité à Poudlard ». était proposée le 20 mars 2019 par L’ardeur, association d’éducation populaire politique, dans le cadre de l’Université Populaire de Nantes. 

Sous la pression d’activistes trans. et « travailleurs du sexe », à l’issue de la conférence,  l’Université Populaire s’est publiquement excusée de l’avoir programmée, en ces termes : « Nous dénonçons et refusons les propos violents envers les travailleuses du sexe, les personnes trans., les personnes racisées ou encore les personnes queer. » (voir ci-dessous l’intégralité du communiqué de l’Université Populaire de Nantes).

L’Université Populaire bat sa coulpe, régurgite une propagande qu’elle endosse tel un mantra ; le tout suinte le repentis à plein nez.

Aucun recul, aucune analyse des réactions ni de la rhétorique des militants trans./queer «  pro-sexe »  qui se sont déclarés choqués par la conférence ;  au contraire, seule l’émotion a voix au chapitre donc,  ce qu’ils disent est parole d’évangile et seul compte leur rejet.

L’Université Populaire fait sienne leurs doléances. L’idéologie relativiste et anti-féministe de ces activistes n’est ni évaluée à l’aune du féminisme universaliste, matérialiste ou autre, encore moins déconstruite ; aucun esprit critique. Ils sont une minorité, ils crient à la discrimination, vitupèrent, par conséquent, ils ont forcément raison et il est convenu d’instantanément se répandre en excuses, et tant pis pour la censure, et tant pis pour le féminisme.  L’intox et la menace fonctionnent à merveille et condamnent au silence, en particulier, les féministes universalistes et abolitionnistes de la prostitutions. C’est un choix idéologique et politique, est-il seulement compris et assumé par l’Université Populaire ? L’Université Populaire sait-elle à quel point ces  trans. activistes ne rendent  pas service aux personnes trans., encore moins au mouvement LGBT ? 

Non contente de son coup de force, l’association « Trans-inter action » s’est acharnée sur la performeuse « Harry Potiche, féminisme et bipolarité à Poudlard », la diffamant sans aucune mesure, avec des termes choisis à dessin. Ce mode opératoire est appliqué à de nombreuses féministes en vue de les discréditer et les faire taire : il suffit de les qualifier de transphobe, queerphobe, putophobe, et raciste. « Toutphobe » serait plus simple !

Jeter en pâture toute féministe qui ose remettre en question les sacro-saints dogmes trans-activistes fait partie des stratégies développées par les trans. activistes ces dernières décennies et en France, ce n’est rien comparé à la violence exprimée dans les pays anglo-saxons où les féministes sont qualifiées de TERF (Trans exclusive radical feminist), ce qui est supposé être une injure.  En effet, gare à qui ignore que les femmes cisgenres (c’est à dire des femmes biologiques) ne connaissent rien à la condition des femmes ! Les trans. M to F (trans woman) vont mettre tout ça au clair et expliquer aux femmes ce que c’est d’être une vraie femme *1. C’est curieux, j’ai tout de même l’impression que les militants trans. F to M (trans man) sont beaucoup moins agressifs ;  les militants LGBT feraient peut-être bien de se poser les bonnes questions et se demander si l’arrogance et les exigences tyranniques des trans. activistes M to F ne relèvent pas de la domination masculine. Les théories Queer n’ont pas toujours rendu service au féminisme, s’il n’y a plus de genre (gender fluid) il n’y a  plus besoin de luttes féministes, n’est-ce pas ? ( « Mais qui vous dit que je suis un homme Monsieur ? » !!!).  Quand les études de genre ont supplanté les études féministes, c’est au niveau universitaire et institutionnel que les portes de la confusion se sont grandes ouvertes, reléguant délibérément le féminisme à l’arrière plan pour promouvoir un féminisme dévoyé, dit « pro-sexe » et relativiste.  J’y ai toujours vu un moyen d’adaptation et de résistance du système patriarcal.  Ceci mériterait un débat de fond, mais ce n’est pas l’objet de ce texte.

Cette affaire finira probablement au pénal avec toutes les conséquences imaginables pour la santé et la carrière de la performeuse. L’université Populaire en réagissant comme elle l’a fait, cautionne des pratiques d’intimidation et de discrédit de féministes. C’est très grave.

Comment croire que l’association Trans-inter action, ne savait pas à quelle conférence elle assistait ? Intimider et interdire à toute institution, toute structure, de prendre à l’avenir le risque de présenter une création qui n’aurait pas leur assentiment est une manière de procéder habituelle de tout mouvement qui pratique l’entrisme et tente de s’imposer par le chantage et la menace intellectuelle. L’Université Populaire comme tant d’autres avant elle, a plongé dans le piège tête baissée et choisi ce faisant d’adouber l’intimidation de féministes. C’est désolant,  à l’image de notre époque confuse et perturbée.   

La réponse de l’association Conférences Gesticulées Ardeur est éloquente, je la restitue intégralement ci-dessous.

Christine Le Doaré

1* (Sachez qu’il ne faut plus parler d’appareil génital féminin (ni de vagin ni de clitoris), mais plutôt de « trou devant »* afin de ne pas discriminer les trans M to F. (*manifeste trans.genre qui recommande l’usage de certains termes plutôt que d’autres).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le communiqué de Conférences Gesticulées Ardeur

25 mars 2019

Suite au communiqué de l’Université populaire de Nantes du jeudi 21 mars 2019, le communiqué rédigé par l’équipe de L’ardeur, association d’éducation populaire politique.

En 2018, Ludivine Lalara nous a contactés pour engager son expérience douloureuse de femme diagnostiquée bipolaire, dans une démarche de réalisation d’un objet public d’interpellation sous la forme d’une conférence gesticulée. Nous avons accompagné cette conférence à laquelle, une fois réalisée, nous avons accordé notre aval et notre admiration.

La double contrainte d’un récit incarné qui ne verse pas dans la psychothérapie et d’une analyse politique qui présente les contradictions d’un problème en se gardant de la tentation du tract nous a paru intelligemment tissée dans la conférence de Ludivine, dont l’humour pudique n’a laissé personne ignorer ni la gravité du problème vécu ni les pistes de réflexion qu’elle ouvrait, et en particulier la question des différentes approches se réclamant du féminisme.

Le 20 mars, notre collègue Ludivine Lalara présentait sa conférence gesticulée « Harry potiche- féminisme et bipolarité à Poudlard », à l’invitation de l’Université populaire de Nantes.

Durant cette soirée, une poignée de spectateurs « transactivistes », militants queers et pro-sexe, soutenus par les organisatrices de l’Université populaire présentes ce soir-là, a utilisé des méthodes d’intimidation et de victimisation visant à créer le désordre et à empêcher la conférencière d’exposer, en toute sérénité, son récit de femme féministe, abolitionniste, antiraciste et anticapitaliste.

Nous aimerions par ce communiqué revenir sur la responsabilité de l’Université populaire de Nantes, s’agissant de leurs prises de positions publiques sur un objet élaboré dans le cadre de nos formations, et sur leur participation active en tant qu’organisateurs de la soirée (garants donc de la sécurité des intervenants) au lynchage public de notre amie et conférencière gesticulante.

Passé le moment de stupeur face à leur attitude que nous condamnons, nous souhaitons affirmer ceci :

1- S’agissant de l’humiliation publique infligée à cette femme. Nous n’avons jamais vu un organisateur se désolidariser publiquement de la conférencière qu’il a sollicitée et fait venir, et cela sous les yeux de la conférencière et au su et au vu de tous. La violence de cette humiliation appelle une réparation à proportion de cette attitude inacceptable. A tout le moins des excuses publiques et une rétractation de l’Université populaire ou un désaveu des instances dirigeantes quant aux responsables de cette avanie.

2- S’agissant de la proposition de la conférencière de présenter les différents débats qui traversent le féminisme, et de son choix clair de positionnement entre ces différentes tendances, il appartenait à l’Université populaire de profiter de cette proposition et d’organiser un moment d’éducation populaire en instituant les conditions d’un débat politique serein mettant en présence et en perspective les différentes options en présence. S’agissant par exemple de l’abolition de la prostitution, ou au contraire de sa reconnaissance comme travail rémunéré, ou de l’approche matérielle de la condition féminine face à une approche essentialiste ou une théorie du sujet indéterminé propre au queer, il était possible d’organiser les conditions d’une discussion apaisée sans passer par le lynchage public.

3- L’invitation de l’Université populaire à Ludivine de venir exposer ses prises de conscience en tant que féministe matérialiste, alors même que l’organisateur plébiscite une autre alternative (la théorie queer), s’apparente rétrospectivement à un traquenard. L’argument invoqué « on n’avait pas vu avant sinon on ne l’aurait pas fait venir » ne fait que renforcer le caractère doublement pathétique de la chose: manque de sérieux et amateurisme mettant les gens en danger, et profonde lâcheté devant les méthodes utilisées. Ces méthodes visent à instiller la peur des représailles auprès des organisateurs afin de les dissuader à l’avenir de faire venir d’autres intervenants.

4- Loin d’en rester à cette humiliation publique et à ses probables conséquences pour la conférencière gesticulante face à la centaine de spectateurs présente ce soir-là, l’Université Populaire a redoublé son affront sous la forme d’un communiqué public envoyé cette fois aux quelques 4000 membres abonnés à sa page. Officialisant cette fois-ci par écrit et pour des personnes n’ayant pas assisté à la soirée, donc incapables de se faire une idée, l’agression perpétrée plus tôt contre elle. Dans ce communiqué, l’Université Populaire invisibilise volontairement 90% du propos tenu par la conférencière, (le passage sur les féminismes ne représentant que quelques minutes de sa conférence), faisant passer ses propos comme « violents et caricaturaux ». La conférence gesticulée amène souvent des personnes à être en désaccord avec des propos radicaux tenus dans la conférence, et pourtant, nous n’avons jamais vu des ressentis individuels devenir cause de rejet global. En s’exposant comme une femme, dans des difficultés liées à la condition de femme bipolaire et prolétaire, la conférencière était une proie facile…

Dans ce communiqué, l’Université populaire de Nantes se présente comme un relais des associations locales en invitant ses abonnés à s’y intéresser : Paloma, Trans-Inter action. Malheureusement, elle ne cite pas toutes les associations qui œuvrent sur le territoire, comme le Mouvement du NID, les 44 vilaines filles ou Osez le féminisme pourtant présentes dans la salle et/ou sur le territoire. Par cette invisibilisation de certaines associations au profit d’autres, l’Université populaire de Nantes a délibérément choisi de se poser en censeur de militantes féministes.

5- Comme si cela ne suffisait pas, la volonté de destruction à l’encontre de la conférencière a également pris la forme d’un affiche publiée par le collectif « Trans-inter action » la représentant affublée de quatre insultes écrites en gros caractères : transphobe, queerphobe, putophobe, raciste. Ici, l’agression prend une autre dimension et relève dorénavant de la loi, civile ou pénale. Outre la demande de suppression de cette page auprès de l’opérateur Facebook, c’est une réparation sous la forme d’un dépôt de plainte de Ludivine avec constitution de partie civile de l’ardeur, qui est ici dorénavant possible. Fait totalement incroyable, l’Université populaire de Nantes a liké cette affiche se rendant complice de cette abjection illégale et diffamatoire. L’Université populaire de Nantes devra s’en expliquer…

L’université populaire de Nantes est un organisme à visée éducative qui travaille avec de nombreuses associations, avec des collectifs militants et avec des mouvements d’éducation populaire, et même avec L’ardeur puisqu’un de nos membres a encadré la formation aux conférences gesticulées proposée par L’université populaire durant l’année 2017-2018. Cette affaire revêt évidemment d’une dimension régionale voire nationale. Nous envisageons dorénavant toute forme de réparation de la part de l’Université populaire de Nantes et nous ne comprendrions pas qu’aucune sanction ne soit envisagée contre les responsables de cette agression inouïe, de nature morale, mais aussi financière sur la carrière de la conférencière gesticulante et possiblement physique sur sa santé.

 

Le communiqué de L’Université Populaire de Nantes

Précisions et excuses à propos de la conférence gesticulée

Nous tenons à revenir sur la conférence gesticulée du mercredi 20 mars : « Harry Potiche, Féminisme et bipolarité à Poudlard ».

Tout d’abord, nous nous excusons d’avoir organisé cette conférence sans nous être suffisamment renseigné·es sur son contenu, sans avoir regardé la vidéo en intégralité.

Nous regrettons d’avoir participé à la diffusion de ce discours en lui offrant un espace de parole. Nous nous excusons auprès de l’ensemble du public, et plus particulièrement auprès des personnes qui ont dû partir pour ne plus avoir à subir la violence de la situation.

Nous dénonçons et refusons les propos violents envers les travailleuses du sexe, les personnes trans, les personnes racisées ou encore les personnes queer. Un résumé caricatural, inexact et déformé des différents mouvements féministes, dans le but de défendre une opinion politique, a amené a de nombreux contre-sens violents.

Nous défendons une éducation populaire qui favorise la lutte contre toutes les formes d’oppressions, des espaces d’échanges qui ne perpétuent pas les rapports de domination de la société. Or, nous n’avons pas pu garantir un cadre sécurisant pour tous et toutes durant cette soirée du 20 mars.

Si vous souhaitez approfondir ces sujets, des associations à Nantes travaillent sur ces questions, tels que PalomaTRANS INTER Action, etc.

Nous sommes conscient·es que nous devrons redoubler de vigilance dans le choix des conférences gesticulées.

La commission conférences gesticulées de l’Université Populaire de Nantes

L’universalisme est inhérent au féminisme

IMG_1929Le féminisme a toujours été pluriel : qui s’intéresse au féminisme a entendu parler des clivages dans les années 70, entre la tendance essentialiste de psychanalyse et politique d’Antoinette Fouque, la tendance universaliste opposée au différentialisme le jugeant consécutif de constructions sociales, et la tendance matérialiste des féministes lutte de classes.

Plus récemment, les féministes, qu’elles soient engagées pour l’abolition de la prostitution ou contre le voile islamique des employées de crèche (affaire babyloup) et celui des mères accompagnatrices scolaires, témoignent que les oppositions actuelles sont infiniment plus violentes que celles des années 70. Les théories Queers américaines ont inspiré un féminisme dit «pro-sexe» (comme si le féminisme était contre la sexualité !), ses activistes peuvent être très virulent.e.s contre les féministes cisgenres (par opposition à transgenre) et les militantes abolitionnistes de la prostitution. Le sont tout autant les activistes relativistes des mouvements indigénistes et racialistes qui malgré des contradictions flagrantes, se prétendent féministes. 

Dès la fin des années 90, avec la montée des intégrismes religieux et l’influence grandissante au sein des institutions internationales, de pays tel que l’Iran ou l’Arabie Saoudite, émergent des groupes dits «féministes musulmans» ; généreusement financés, ils s’emploient à contester l’universel des droits des femmes et à disqualifier le féminisme universaliste. Les féministes universalistes iraniennes, saoudiennes, égyptiennes, et toutes les autres, sont empêchées ou menacées et beaucoup doivent trouver asile en occident pour résister.

En occident, ceci se traduit par un relativiste culturel dont nombre d’intellectuels et politiques de gauche se font hélas les porte-voix. Le relativisme culturel renvoie les femmes à des spécificités communautaires, traditionnelles et religieuses. Ce qui est valable pour les femmes occidentales, ne le serait pas pour celles qui chez nous, ont des origines étrangères. Mettre en avant l’origine, la culture, la religion, pour en faire des instruments de soumission à l’oppression patriarcale, il fallait y penser, les islamo-gauchistes ne s’en sont pas privés et tant pis si le communautarisme pénalise les femmes : le musulman opprimé, la musulmane c’est moins sûr, s’étant substitué au prolétaire, dans l’imaginaire révolutionnaire.

S’il est entendu que le mouvement féministe a toujours été fluctuant, il devient de plus en plus difficile de s’y retrouver, c’est pourquoi il est important de revenir souvent aux fondamentaux :

le groupe des femmes est globalement, toujours en situation d’infériorité par rapport au groupe des hommes :

  • contraception, avortement, le groupe des femmes est essentiellement confronté à ces problématiques, 
  • les carrières, travaux, oeuvres, du groupe des femmes sont globalement moins valorisées et rémunérés que ceux des hommes,
  • les violences sexuelles et les violences conjugales frappent de manière écrasante  le groupe des femmes,

Quelles que soient leur origine, couleur de peau, religion ou absence de religion, classe sociale, ou orientation sexuelle, les femmes subissent toutes et dans le monde entier,  les effets du système patriarcal. Ils sont à peine perceptibles pour certaines, mais dans le pire des cas, des femmes sont privées de toute liberté. Le système patriarcal ne sera plus une menace le jour où nous serons toutes libres. Le féminisme exige une solidarité entre les femmes du monde entier. C’est un mouvement social, universel, d’émancipation, pour une égalité réelle entre les femmes et les hommes. Osé, ne trouvez-vous pas ? Croyez-le ou pas, cette vue est amplement contestée de nos jours.

L’universalisme c’est la vocation universelle d’une idée, d’un projet, etc.

En France, l’universalisme républicain est une doctrine qui pose l’égalité en droit entre tous les citoyens et citoyennes, comme constitutionnelle de la République. Les Droits Humains sont constitués d’un corpus de droits et libertés dont peuvent se prévaloir tous les êtres humains. Par définition, ils s’opposent à tout relativisme. Et c’est bien ainsi, que dans le monde entier, le féminisme aussi a été pensé et pratiqué. L’universalisme est inhérent au féminisme.

Nul besoin d’inventer de «nouveaux féminismes» comme le font au 21ème siècle, les médias friands de sensationnalisme : les violences obstétricales ou le harcèlement de rue seraient de nouvelles préoccupations pour les féministes ? Comme si nous ne les avions pas toujours combattues !

Nul besoin d’accoler des adjectifs au féminisme tels que :

  • «féminisme musulman« représenté par : l’association «Femmes dans la mosquée» alors qu’il n’existe pas plus de féminisme musulman que catholique ou juif,  ou par l’association Lallab dont le credo est de rejeter «le féminisme blanc» et d’imposer l’acceptation du voile islamique. L’islam politique veut imposer le voile, c’est un marqueur de sa progression, et la mode dite «pudique» l’aide à y parvenir en le dépolitisant de son caractère religieux. Lallab cautionne les injonctions à la pudeur prescrites aux seules femmes et ce faisant, est un relais efficace du système patriarcal.
  • « afro-féminisme » comme si la couleur de peau avait la moindre incidence sur l’oppression vécue, en tant que femme, dans une société patriarcale,
  • « féminisme inclusif » comme si le féminisme excluait des personnes engagées pour l’élimination du système patriarcal et pour l’égalité femmes-hommes ; comme s’il était incapable de prendre en compte des discriminations et violences spécifiques. Il suffit d’entrer dans une maison des femmes pour voir le nombre de groupes et de thématiques qui y interagissent. En revanche, comme tout mouvement social, le féminisme n’échappe pas aux tensions et dissensions internes. Le féminisme dit inclusif est souvent prétexte à la victimisation, aussi à plus ou moins de complaisance envers des comportements sexistes considérés comme acceptables parce que l’appartenance au groupe communautaire est prépondérante à l’appartenance au groupe des femmes. Ceci ne signifie pas pour autant que le mouvement féministe est exempt de reproches ; il doit se soumettre à la critique, mais il y a des manières constructives de le faire.
  • « féminisme dé-colonial, «féminisme intersectionnel» : certes, les oppressions se surajoutent et à l’évidence, être femme, noire et pauvre par exemple, est sûrement plus difficile que d’être blanche et aisée socialement. Mais une femme blanche, même aisée, est toujours susceptible de subir discriminations et violences de genre.  Le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme, tout autant que la pauvreté et les discriminations en général, doivent êtres combattus, mais aucun repli identitaire ne peut affranchir les femmes de la domination masculine qui traverse toutes les communautés, toutes les religions, toutes les cultures et toutes les classes sociales. La domination masculine n’a jamais eu besoin de l’occident ni des colonisateurs pour exister. Le plus souvent, l’intersectionnalité dilue les revendications féministes dans des agendas politiques, et invariablement, elles passent au second plan. Empiler les oppressions, les hiérarchiser en atomisant les femmes et en rendant les femmes blanches responsables de l’oppression des personnes racisées est un renversement des responsabilités qui incombent en réalité, aux systèmes patriarcaux et capitalistes. L’intersectionnalité, dé-construction de la solidarité universelle féministe, ne peut renverser la domination masculine, elle l’entretient.

Accoler des caractéristiques au féminisme n’ajoute rien, au contraire, cela divise. Le différentialisme sépare les femmes les unes des autres. Comment pourrait-il en être autrement : traditions et religions sont empreintes de sexisme, elles ont toujours servi le système patriarcal avec le plus grand zèle. Assigner des femmes à des spécificités plutôt que les rassembler dans une lutte commune, retarde l’émancipation collective du groupe des femmes. 

Le relativiste culturel avec toutes ses variantes, n’est pas seulement une récupération, un dévoiement du féminisme, c’est un contre-féminisme, une forme particulièrement perverse de résistance du système patriarcal.

S’il n’y a jamais eu une seule version du féminisme en effet, certains féminismes ne sont que des impostures,  jamais le féminisme ne s’adapte pas aux règles posées par l’oppresseur, il les renverse.

Le féminisme universaliste est pourtant de plus en plus isolé, régulièrement censuré et pour ainsi dire banni des milieux universitaires et médiatiques qui préfèrent promouvoir le relativisme et ses égéries. Le féminisme universitaire influence intellectuels et médias et exerce une emprise y compris sur le mouvement des femmes. Les relativistes et indigénistes en lutte contre un fantasmagorique « racisme d’état » ont réussi à imprégner tous les mouvements sociaux, et les mouvements antiraciste, féministe et LGBT n’ont pas été épargnés. Il est temps de passer à l’offensive et de réhabiliter le féminisme universaliste, qui seul peut venir à bout du système patriarcal universel. Nous nous y employons nombreuses et déterminées,  et nous y parviendrons.

Christine Le Doaré

et en Vidéo – intervention lors de la Rencontre féministe universaliste pour le 8 mars, le 2 mars 2019 au Château de Nantes : https://www.facebook.com/clr.paysdelaloire.7/videos/pcb.208884030068090/208882783401548/?type=3&theater

 

 


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