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Traité féministe sur la question trans

Après avoir publié en octobre 2021 l’essai  « Fractures ! Le féminisme et le mouvement LGBT en danger » (1) aux éditions Double Ponctuation !, je propose cette fois un essai sur la question trans devenue une question de société particulièrement polémique.

J’ai titré cet essai Traité féministe sur la question trans. Comment sortir des violentes polémiques sur la question trans ?

Ce n’est pas un ouvrage de sociologie mais une analyse citoyenne d’un point de vue féministe universaliste. Je pense utile de préciser que je ne suis en rien transphobe.

Je dresse dans cet essai bref mais dense, un état des lieux illustré de photos, tweets, liens sur des articles, etc. ; je cite Suzanne Moore, Julie Bindel, Robert Wintemute, kathleen Stock, JK Rowlings et bien d’autres, enfin je propose des solutions pour sortir des violentes polémiques et aider les décideurs publics à prendre les bonnes solutions pour protéger les droits des trans, mais aussi des enfants et des femmes.

J’espère que cet essai trouvera rapidement un éditeur convaincu de la nécessité d’éditer actuellement un tel ouvrage. Les éditeurs intéressés peuvent me contacter via ce blog ou sur Twitter ou Facebook ou par mail à l’adresse contact figurant sur ce blog.

En voici le propos préliminaire et le plan prévisionnel :

S’accorder sur les concepts, sexe, genre, identité de genre, orientation sexuelle.

Comprendre que les revendications homosexuelles et transidentitaires ne sont en rien liées.

Convenir ou non que les revendications trans sont une menace pour les droits des femmes.

Établir ou non que les mineurs les plus fragiles, en quête d’identité et de devenir, sont mis en danger.

Enfin, explorer des pistes pour régler les conflits de manière constructive.

Propos préliminaires

Longtemps, la question trans n’intéressa que personnes concernées et spécialistes. Puis de rares féministes s’exprimèrent pour mettre en doute des théories et pratiques de trans-activistes. Ces dernières années, la polémique a pris de l’ampleur et aujourd’hui les clivages sont si marqués qu’il n’est plus possible d’avoir de débat. Les parties en conflit s’enferment dans toujours plus d’incompréhension et de violence.

En tant que féministe, si je suis souvent interpellée par l’attitude comme l’argumentation de trans-activistes, il m’arrive aussi de ne pas approuver des réactions de féministes en butte aux militants trans. Nous ne sortirons pas de la violence sur la question trans sans en cerner et bien comprendre les raisons et dans un second temps, proposer des solutions raisonnables qui satisfassent tout le monde.Définir ou redéfinir les concepts le plus justement possible, proposer des solutions, c’est l’objet et la raison d’être de cet essai qui je l’espère contribuera à apaiser les tensions et dépasser les clivages.

Le débat qui fait rage a longtemps été sous-jacent. S’il est désormais exacerbé, ce n’est pas fortuit, les enjeux sont considérables et amplement sous-estimés. Bien que les personnes trans ne représentent que 0,02 à 0,08% de la population, les féministes craignent que les revendications trans ne mettent en danger les droits des femmes. Beaucoup d’entre elles sont convaincues que le système patriarcal a trouvé là, un moyen de maintenir la domination masculine. Dans la société civile aussi des voix s’élèvent exprimant une inquiétude devant le nombre grandissant de mineurs se déclarant trans.

Je suis féministe universaliste et j’ai une connaissance des milieux féministes et homosexuels dans lesquels j’ai milité, dès les années quatre-vingt pour le premier et quatre-vingt-dix pour le second, présidant successivement SOS homophobie puis le Centre Gay et Lesbien de Paris.Au sein même du mouvement de libération homosexuelle, les difficultés et affrontements entre militants gays, lesbiennes et trans étaient constants. Tout ne coulait pas de source, la cohabitation n’étaient pas évidente entre des groupes qui avaient des priorités et des agendas différents, parfois même antagonistes.Les lesbiennes reprochaient aux gays de ne pas s’intéresser à la lutte contre le sexisme et d’ignorer leurs revendications spécifiques, également de profiter à leur manière des avantages de la domination masculine.  Pas grand monde ne s’intéressait aux revendications des trans et leur façon de s’imposer crispait un grand nombre de militants. Il n’était pas rare que des lesbiennes comme des gays soient embarrassés par l’outrance de militants trans auxquels ils reprochaient de reproduire les stéréotypes de genre contre lesquels ils luttaient.

Rappelons que dans les premiers temps du mouvement de libération homosexuelle, les rares militants trans étaient des transsexuels – trans M pour masculin to F pour féminin – qui pour financer leur transition de genre, c’est-à-dire la prise d’hormones croisées et les opérations chirurgicales de réassignation de genre, n’avaient de solution que la prostitution.

La question du sida fut centrale au développement du mouvement de libération homosexuelle, les trans tout aussi touchés que les gays par le sida, devinrent partie intégrante du mouvement.

Il n’y avait que très peu de trans hommes – trans F to M -, en revanche, des lesbiennes se masculinisaient pour échapper à une prédation sexuelle. Si manquant de modèles elles se donnaient une apparence masculine,  elles n’étaient pas trans et ce qui les intéressait c’était de vivre librement leur homosexualité.  

Après les années 2000, le mouvement de libération homosexuelle s’est transformé jusqu’à se reconfigurer totalement, les lesbiennes féministes et politisées en sont sorties alors que les trans-activistes ont pris de plus en plus de place. Les militants ont ajouté de plus en plus de lettres au sigle LGBT, paradoxalement, le mouvement a perdu en route la moitié de sa population d’origine, les lesbiennes, il est devenu un mouvement gay et trans, quasi exclusivement. Avec l’essor des mouvements LGBTQI la culture queer s’est répandue dans la société et un nombre croissant de jeunes s’est intéressé à la question trans. Peut-être est-il plus juste de dire que ce qui les attire c’est l’idée de fluidité de genre, en particulier les jeunes femmes de plus en plus nombreuses à se réassigner trans homme -F to M -.

Les associations et ONG européennes et mondiales basées à Bruxelles telles que l’ILGA (International Lesbian and Gay association) pratiquent un lobby politique efficace. Depuis des décennies elles militent pour que soient adoptées des politiques publiques favorables aux personnes trans et dans nos démocraties, les élus politiques sont dans l’ensemble prêts à adopter les dispositions exigées des trans-activistes.

S’il est en effet nécessaire de lutter contre les discriminations et violences transphobes, sur ce point, tout le monde est d’accord, des voix s’élèvent de plus en plus nombreuses, en faveur d’une meilleure analyse des revendications afin que les dispositions prises ne portent aucun préjudice à d’autres catégories, en particulier les femmes et les mineurs. De plus en plus de personnes s’inquiètent des effets de contagion en particulier pour les mineurs et certains pays font marche arrière, comme dernièrement en Angleterre où le gouvernement britannique a bloqué la Gender Recognition Reform Bill écossaise.En particulier au Royaume-Uni, on constate que si les trans-activistes ont été très offensifs et payés de leur audace en retour, une résistance s’est organisée et la riposte est désormais soutenue et médiatisée.Une évolution subtile mais perceptible même si pour l’instant tout le monde campe sur ses positions.

Entre féministes, (je ne parle évidemment pas des « féministes queer » qui sont sur les positions des trans-activistes) et trans-activistes, le dialogue est rompu et la violence atteint des sommets : des trans-activistes menacent de tuer les TERFs (acronyme de Trans- exclusionary radical feminist) les molestent dans les manifestations. De leur côté, des féministes tombent parfois dans un essentialisme que des groupes proches de l’extrême droite ne renieraient pas.De leur côté, des féministes tombent parfois dans un essentialisme que des groupes proches de l’extrême droite ne renieraient pas.

Par conséquent, il me semble temps de s’entendre sur les concepts, de s’interroger sur les enjeux politiques et aussi financiers de la question trans et de proposer des solutions pour sortir de l’impasse. C’est mon intention en écrivant cet essai.

Christine Le Doaré

SOMMAIRE

Propos liminaires

Chapitre 1. Des concepts à revisiter

1.1   Qu’est-ce que le sexe ? 

1.2   Qu’est-ce que le genre ? 

1.3   Sexe et genre, sont-ils liés ou étrangers l’un à l’autre ? 

1.4   Qu’est-ce que l’orientation sexuelle ? 

1.5   Que sont l’identité de genre et la transidentité  ?

1.6   Orientation sexuelle et identité de genre, sont-elles liées ou étrangères l’une à l’autre ? 

Chapitre 2. Le mouvement de libération homosexuelle a changé, il s’est reconfiguré 

2.1 Pourquoi l’homosexualité et la transidentité sont-elles associées ?

2.2 Le mouvement de libération homosexuelle devient mouvement LGBTQI+ 

2.3 Antagonismes entre trans-activistes et lesbiennes.  

Chapitre 3. Trans et féministes, des antagonismes destructeurs 

3.1 Trans-activistes et droits des femmes. 

3.1.1    Tout commence avec le langage : un lexique trans qui interroge

3.1.2    Des droits des femmes menacés

 – Généralités 

– Compétitions sportives 

– Lieux réservés aux femmes pour raison de sécurité  (vestiaires, foyers, prisons)

3.1.3      Des comportements qui inquiètent 

–  Généralités

– Des méthodes : dénigrement et détournement d’objectifs, campagnes et actions militantes féministes 

 –  Des modes d’expression  : Intimidation, menace, censure

3.1.4      La riposte s’organise 

–       Généralités

–       Dans les mouvements féministe et homosexuel ou désormais LGB 

3.2 Concurrence des droits   

3.2.1 Généralités 

3.2.2 L’essentialisme revendiqué par des féministes est aussi une impasse. 

3.2.3 Des prétentions irrationnelles

Chapitre 4. Les mineurs 

4.1 Construction identitaire et réseaux sociaux

            4.4.1 Généralités

            4.4.2 Prise en charge médicale et traitements

4.4.3 Le cas de la clinique Tavistock au Royaume-Uni

4.2 Les enjeux financiers de la transidentité.

Chapitre 5. Des solutions acceptables pour tout le monde  

5.1 Généralités 

5.2 Principes de Jogjakarta et lobby politique 

5.3 Des solutions envisageables 

Des pistes pour sortir de la violence, garantir les droits des trans, protéger les mineurs et préserver les droits des femmes.

Ce document est la propriété de Christine Le Doaré, il ne peut être diffusé ou reproduit sans son autorisation écrite. Seul l’article de blog dans son intégralité peut être partagé par tout moyen électronique.

Christine Le Doaré

(1) Fractures ! Le féminisme et le mouvement LGBT en danger 

 https://www.double-ponctuation.com/produit/fractures-le-feminisme-et-le-mouvement-lgbt-en-danger/

Orlando, tuerie homophobe ou terrorisme islamiste ?

ClF4i42XEAEwzQ9Encore un immonde carnage et qui rappelle d’autres attaques ;  cette fois, 49 morts et 53 blessés gays et lesbiennes dans une boite gay, le Pulse, à Orlando USA.

Après de vibrants hommages, à Orlando même, New York et dans nombre de pays, une polémique a rapidement enflé :

  • les uns caractérisant la tuerie de « fusillade » pour ne surtout pas mentionner l’orientation sexuelle de la cible visée, les autres parlant d’acte homophobe en passant sous silence le ralliement du tueur à Daech, d’autres encore dont je suis, parlant d’acte terroriste islamiste visant l’homosexualité ;
  • les uns qualifiant le meurtrier de loup solitaire, les autres de musulman radicalisé et à la solde de Daech.

 

Est-il donc si difficile d’imaginer que le tueur puisse être à la fois radicalisé et avoir choisi, motivé par sa haine homophobe, l’une des cibles privilégiées de l’islam fondamentaliste : l’homosexualité ?

Dans le cas d’Omar Mateen, client de l’établissement gay, il est autorisé de penser qu’homosexuel (au moins bisexuel) refoulé, il était cohérent qu’il s’en prenne à ceux qui lui rappellent ce qu’il n’assume pas : son orientation sexuelle.

L’homophobie intériorisée est une haine de soi qui peut conduire à des comportements de grande violence,  il n’est pas rare qu’après un échange sexuel sur un lieu de drague, des homosexuels refoulés s’attaquent à leur partenaire.

Radicalisé, Omar Mateen aura racheté ses tendances homosexuelles en rejoignent la guerre de Daech contre les mécréants et pour la progression du califat, de la façon la plus logique : en tuant ceux qu’il maudissait le plus.

 

L’islam fondamentaliste comme tous les intégrismes condamne en bloc toutes les libertés du mode de vie occidental considéré comme permissif et impie, ce qui ne l’empêche en rien d’avoir, et de longue date, des cibles privilégiées.

La priorité absolue consiste à soumettre et effacer les femmes ou les éliminer, puis il leur faut nier l’existence des gays et des lesbiennes ou les assassiner. Bien entendu, les autres religions doivent être surpassées, voire anéanties ; les athées constituent un grand danger, il faut absolument les dompter. Enfin constituent d’insoutenables provocations, l’art, la musique et surtout la science, troubles qu’il faut interdire.

 

A Orlando, c’est une des libertés du mode de vie occidentale, celle de vivre son orientation sexuelle au grand jour,  qui a été mise à mort.

Il est utile de rappeler que :

  • les gays et lesbiennes sont menacés et assassinés dans nombre de pays non seulement par l’islam radical, mais aussi par l’islam dit modéré qui applique la charia comme en Iran, Arabie Saoudite, Soudan…,
  • les femmes n’ont nulle part les même droits que les hommes, elles sont violées, entravées, assassinées quotidiennement que ce soit par Boko Haram, par des tribunaux islamiques, par des chefs religieux quand leur famille ne s’en charge pas elle-même.
  • Les Yézidis sont massacrés, on parle de génocide,
  • Des dessinateurs ont été exterminés à Charlie Hebdo, des juifs, des policiers assassinés froidement, …

Cela n’a jamais soulevé la même indignation dans les associations/« communautés LGBT », pourtant ces violences sont quotidiennes et en trop grand nombre pour qu’il soit possible d’en dresser la liste.

 

Ne parlons même pas des chefs d’état des pays arabes/musulmans, ils n’ont même pas condamné l’attentat, mais entre les homophobes que ça arrange de ne pas parler de l’orientation sexuelle des victimes et ceux qui ne voudraient parler que  d’homophobie, sortant ainsi les gays et les lesbiennes du contexte politico-religieux du moment, il y a pourtant une réalité plus plausible.

 

Quand je lis l’article d’Abdellah Taia dans Libération « Orlando un silence pas très gay » qui se termine par « Et tout le monde veut la peau des homosexuels », j’ai envie de lui répondre, non ce n’est heureusement pas ce que les nombreuses réactions de sympathie  donnent à penser. Les gays et les lesbiennes sont des cibles parmi d’autres, d’un islam intransigeant. « Gay must die » (propos tenus par le tueur dans le Pulse), oui, mais ce ne sont pas les seuls et il serait temps de se solidariser des autres cibles.

Eric Fassin toujours dans le même média, avec son article « Orlando : « Parlons d’abord de terrorisme sexuel » va encore plus loin en refusant de « renvoyer la tuerie du Pulse vers l’islam et l’islamisme, pour ne pas tomber dans le piège des partisans du « choc des civilisations » ! Une soupe grumeleuse qui résume le projet de Daech  à un « terrorisme sexuel » ! Cet idéologue, pardon sociologue, est passé maître dans l’art de monopoliser la parole universitaire et médiatique mais avec cet article, il se décrédibilise,  l’attentat a bien été revendiqué par Daech qui qualifie le tueur de »combattant de l’état islamique ». Eric Fassin, comme tant d’autres, ne rend pas service aux  progressistes musulmans et / ou arabes qui tentent de réformer et moderniser l’islam, de laïciser leur société, de recouvrer des libertés publiques et individuelles.

Aude Lorriaux quant à elle, avec son article « La tuerie d’Orlando va exacerber la haine des gays contre les musulmans »,  a raison de rappeler que le l’homonationalisme se développe en Europe, mais oublie que l’on peut :

  • combattre librement tous les dogmes religieux ne serait-ce que parce qu’ils oppriment les femmes et les minorités et conditionnent les peuples,
  • à fortiori combattre l’islam fondamentaliste, sa haine des femmes, des personnes homosexuelles et de tout ce qui ne lui ressemble pas,
  • ne pas pour autant verser dans le racisme, ne pas haïr les musulmans ni les arabes ou autres.

En outre, il faut bien mal connaître « les communautés » et associations LGBT pour ignorer que toutes ces dernières années, en tous cas en France, elles se sont plutôt solidarisées des mouvements « décolonialistes », qui « résistent à l’impérialisme » et prônent la non-mixité ou séparation raciale, entraînées par Act-Up, le STRASS…

Elles sont, pour la plupart, bien plus proches des thèses islamo-gauchistes, qu’homonationalistes ! Elles n’ont à la bouche que le mot islamophobie, allant jusqu’à tordre les fondamentaux du féminisme pour les adapter à une doctrine hostile à l’émancipation des femmes et des minorités sexuelles ! Il n’existe pas plus de féminisme islamiste que catholique, mais nous vivons une époque où la manipulation et l’imposture ne connaissent pas de bornes.

Ces alliances sont délirantes, ces mouvements « décolonialistes » justifiant l’homophobie par le fait de résister à l’impérialisme blanc.

S’allier avec ceux qui veulent vous éliminer, ça vous fait penser à quoi ? Allez, un petit effort, un syndrome bien connu …

 

Tous ces raccourcis et ce déni entretenus par des intellectuels et médias sont terrifiants, ils ont notamment nourri le clientélisme politique et d’innombrables atteintes à la laïcité, à l’égalité femmes-hommes,…

Quelles sont les véritables raisons de cette complaisance vis-à-vis de l’obscurantisme d’une religion, alors qu’à juste titre, le moindre faux pas de n’importe quelle autre religion est immédiatement dénoncé ? C’est probablement la seule question à se poser pour comprendre ces intellectuels et militants qui à force de déni et de complicité avec les  racistes du Parti des Indigènes de la République (PIR) et autres, ouvrent un immense boulevard à l’extrême droite et ses groupes identitaires.

 

Le concept de loup solitaire n’a quant à lui guère de sens. Pourquoi un loup, pourquoi solitaire ? Pour se rallier à Daech et pire encore passer à l’acte, il faut avoir été radicalisé. Personne ne se dit tout à coup, tiens, je me procure des armes et je vais tuer des juifs, des femmes, des homosexuels, des lesbiennes, des musiciens, des policiers… ? Non, il faut avoir été endoctriné pour cela et même s’il s’agit d’une décision individuelle. D’ailleurs, avec Internet, nul besoin de faire partie d’un groupe, ni même fréquenter une mosquée. Encore que,  nous avons appris depuis qu’à la mosquée d’Orlando, un invité de l’imam s’était prononcé « pour la mort des homosexuels ». (La vidéo est en libre accès sur Youtube).

 

Cette fois, la cible d’un tueur radicalisé qui avait fait allégeance à Daech, c’est l’orientation sexuelle, l’homosexualité,  comme d’autres fois le sont le sexe/genre, la religion, la jeunesse, la fête, le vivre ensemble ou tout autre symbole de la soi-disant perversité laxiste de l’occident.

Il est dommage que si peu de gays et de lesbiennes le prennent en compte.

Il est également regrettable que l’on ne parle une fois de plus, que de gays, tant dans les associations LGBT que dans les médias. Il n’y a pas que des gays décédés au Pulse. Invisibiliser les lesbiennes, il faudrait distribuer des médailles, quelle bousculade ce serait !

Julie Bindel, journaliste au Gardian, militante féministe et lesbienne, a tweeté « Can we please stop using the word « homophobia »? Hatred and bigotry is NOT a phobia, and women are excluded by the use of homo”.

La tuerie d’Orlando c’est la bigoterie religieuse, la misogynie, la masculinité frustrée, la haine de soi et de l’homosexualité de nos sociétés machistes ET l’endoctrinement islamique qui en sont responsables.

 

La solidarité n’est pas à sens unique, elle doit se manifester à l’égard de toutes les cibles du fondamentalisme musulman. Tous ceux  qui sont prêts à vendre les droits et libertés que les féministes, les minorités et les progressistes ont acquis de très haute lutte, doivent savoir que nous ne les laisserons pas faire.

A l’évidence la liberté et la sécurité sont des aspirations universelles, non seulement nous ne reculerons pas ici, mais nous aiderons toutes celles et ceux qui partout dans le monde, se battent pour s’affranchir des inégalités, discriminations et violences religieuses,  fondamentalistes ou « modérées ».

Je terminerai par les mots de l’écrivaine et femme politique Somalienne Ayaan Hirsi Ali, qui sait de quoi elle parle : « No doctrine is more violent to the gay community than islamic doctrine. It is time to take on muslim homophobie.«

Christine Le Doaré

 

 

ASYMETRIE REPRODUCTIVE ET GESTATION POUR AUTRUI (GPA)

ASYMETRIE REPRODUCTIVE ET GESTATION POUR AUTRUI (GPA)

Orientation sexuelle et désir d’enfant

Si plutôt que d’homoparentalité, nous parlions de parentalité. En effet, si l’orientation sexuelle des parents est homosexuelle, la parentalité elle ne l’est pas car le lien qui unit les parents à leur enfant est un lien d’amour universel.

Le désir d’enfant, on l’a ou pas, il n’est en rien lié à son orientation sexuelle.

Des couples hétérosexuels mettent des enfants au monde sans nécessairement se poser beaucoup de questions, c’est une des normes de réussite sociale les plus valorisées.  De même, des couples homosexuels ne conçoivent pas leur vie sans enfants.

Le désir d’enfant peut être passager ou pérenne, relever du fantasme ou forger un authentique projet de vie. Les motivations sont aussi diverses que pour les personnes hétérosexuelles : envie de s’accomplir en éduquant et en transmettant des valeurs, besoin impérieux de se reproduire et laisser une trace de soi sur terre ou encore perméabilité à la pression sociale, etc.

Tout dépend de son histoire personnelle et familiale, de sa vie et de ses rencontres et chacun est libre de ses choix de vie.

Dans tous les cas, la plupart des lesbiennes et des gays qui mettent des enfants au monde, y tiennent énormément et sont prêts à surmonter tous les obstacles.

En outre, il est désormais démontré que leurs enfants sont aussi heureux que les autres, aussi, en douter  relève clairement de la lesbophobie et de l’homophobie.

Désir d’enfant et procréation homosexuelle

Simple constat : en  matière de procréation, il n’y a pas de symétrie entre les hommes et les femmes et pour l’instant, les hommes ne portent pas les enfants.

Cette asymétrie signifie que la conception est plus facile pour les lesbiennes puisqu’il suffit aux femmes d’un rapport sexuel ou un don de sperme, alors que les gays ne peuvent concevoir entre eux,  sans l’implication déterminante d’une femme. Rappelons néanmoins que la PMA (Aide médicale à la procréation : insémination…) n’est toujours pas ouvertes aux femmes seules ni aux couples de lesbiennes en France, alors qu’elle l’est dans plusieurs pays européens. Les députés avaient ces derniers jours l’occasion d’y remédier alors qu’un amendement du groupe SRC, adopté par le Sénat, venait en seconde lecture à l’Assemblée Nationale, ils l’ont rejeté et ont sans grande surprise,  maintenu cette discrimination.

Des lesbiennes vivent d’ailleurs mal cette asymétrie, culpabilisent et opèrent un raccourci en parallélisant l’AMP ou PMA (Aide médicale à la Procréation) et la GPA (Gestation pour Autrui ou « Mères porteuses »), alors qu’il ne s’agit en rien de moyens comparables.

Les gays sont généralement parents parce qu’ils ont eu des enfants d’une relation hétérosexuelle ou parce qu’ils se sont engagés dans un projet de coparentalité avec une femme ou avec un couple de lesbiennes ou bien encore,  parce qu’ils ont adopté.

Ceci laisse tout de même un certain nombre de possibilités, mais,  les projets de coparentalité ne sont pas toujours si simples à  mettre en place et il arrive parfois qu’ils se passent mal. Le plus souvent, ce sont de bien belles histoires qui placent l’enfant au cœur de plusieurs parents ou couples de parents qui tous, veillent sur lui.

L’adoption est une forme de parentalité  particulièrement généreuse et désintéressée qui consiste à transmettre de l’amour,  de l’attention et de la réparation plutôt qu’un patrimoine génétique. Toutefois, les possibilités d’adopter sont trop rares et en France, l’adoption n’est toujours pas ouverte aux couples de même sexe.

Il serait d’ailleurs temps que la question de l’adoption devienne un véritable sujet de société et que les nécessaires évolutions en France mais aussi au plan international, soient défendues avec autant de conviction que la GPA (Gestation Pour Autrui).

Procréation homosexuelle et GPA (Gestation Pour Autrui)

Les modes d’accès à la parentalité mentionnés ci-dessus ne suffisent pas aux couples ou célibataires gays. Certains ont recours à la Gestation Pour Autrui à l’étranger, beaucoup veulent à toute force, son encadrement chez nous. Bien sûr, des couples hétérosexuels sont aussi concernés, mais cette revendication est surtout portée par les gays.

Comment peut-on définir la GPA ? Dans tous les cas, elle n’est en rien assimilable à une quelconque technique médicale de procréation. Selon les uns ce serait un don, dans ce cas seule devrait compter la volonté de la donatrice désintéressée, ni rémunérée ni indemnisée, et l’on conçoit alors mal la nécessité d’un rigoureux cadre réglementaire.  Selon les autres, ce serait un service (payant, gratuit ou indemnisé), voire  un acte de vente (définition juridique d’une vente : accord sur le prix et sur la chose).

Dans tous les cas, don, service ou vente, l’acte consiste à  mettre à disposition le corps d’une femme et sa capacité d’enfantement, afin que ce corps  produise un bébé dans le seul but de le remettre à celui qui a passé commande.

Que l’on soit ou non favorable à la GPA, force est d’admettre que cette pratique relève de la mise à disposition du corps des femmes. C’est précisément pour cette raison que des personnes pourtant insoupçonnables d’homophobie y sont opposées alors qu’elles sont très franchement favorables à l’homoparentalité.

Les personnes et associations favorables à la GPA s’accordent généralement pour reconnaître que sa pratique dans les pays émergeants ne leur convient pas car il s’agit alors d’exploitation de la misère.

Si elles mettent en avant cet argument économique, en revanche, celui de l’appropriation du corps des femmes et de leur faculté d’enfantement, n’est guère abordé.

Elles font la promotion d’un encadrement le plus souvent drastique, (n’est pas admise à la GPA qui veut !), et surtout elles ventent  la  relative gratuité d’un tel acte sur le territoire français.

Toutefois, la notion de dédommagement peut aussi être questionnée car une femme  en difficulté sociale  pourrait être séduite par le confort et l’attention dont elle bénéficierait alors.

Les candidates seraient sélectionnées fonction de critères qui divergent selon les tendances politiques, mais à la condition unanime, de faire preuve d’un altruisme à toute épreuve. L’enfant à naître ferait l’objet d’un contrat de remise  à son « parent social – propriétaire ». Certains appellent la femme qui va le porter et accoucher mère porteuse, d’autres gestatrice. Certains lui accordent une place dans l’avenir de l’enfant, d’autres non. Sur ce plan la confusion règne, en revanche, tous s’accordent à dire qu’elle n’est pas la mère de l’enfant qu’elle mettra au monde. Aussi, doit-elle renoncer à tout droit,  mais aussi à tout lien d’affection le concernant, sa seule motivation devant être la beauté du geste d’abandon en vue du don, service ou de la vente.

GPA (Gestation pour Autrui) et féminisme

Mis à part des cas très particuliers au sein d’une famille (don entre sœurs) ou entre proches, quelle pourrait être la motivation d’une femme qui décide de consacrer une année de sa vie, (préparation préalable, grossesse,  récupération / réparation) à une GPA ?

A moins de penser que la carrière professionnelle des femmes est secondaire ou que ne sont concernées que des femmes au foyer, ce qui relèverait tout de même d’un sexisme primaire,  quel pourrait bien être l’intérêt d’une femme à compliquer ainsi sa vie professionnelle en mettant  au monde des enfants pour les autres,  alors que notre société n’a toujours pas trouvé les bonnes réponses pour permettre aux femmes et aux hommes d’élever leurs enfants tout en travaillant ? Je n’ai d’ailleurs pas relevé de réponses satisfaisantes en matière de droits sociaux dans les argumentaires pro-GPA.

La grossesse n’est évidemment pas une maladie, ni l’accouchement nécessairement difficile et douloureux, néanmoins, pourquoi des femmes pendraient-elles ce  risque qui ne peut jamais être écarté d’emblée ? Par goût exorbitant du don ? Il est vrai que nombre de femmes n’envisagent toujours pas de s’épanouir et de se réaliser autrement que par la maternité, il faut bien dire que longtemps, ce fut leur seule fierté.  Sauf que justement,  il ne s’agit pas ici de maternité ni de parentalité, seulement de production d’enfant, ce qui réduit les femmes à une faculté biologique, amputée du projet et du plaisir de parentalité.

Dans notre société patriarcale, les femmes sont encore élevées dans le don d’elles-mêmes, l’effacement et la générosité ; il n’est vraiment pas féministe ni même progressiste de l’encourager et d’exploiter ce conditionnement du genre féminin.

Il est tout de même curieux que les mêmes qui se méfient, à juste titre, du féminisme essentialiste, quand ça les arrange, portent soudainement aux nues des prétendues qualités féminines !

Les pro-GPA nous disent aussi souvent qu’il faut écouter les femmes qui l’ont pratiquée, que chacun est libre de faire ce qu’il veut de son corps.

Cette rhétorique de la liberté (libre choix) est d’ailleurs la même en matière de prostitution, autre domaine de la mise à disposition du corps des femmes. De quel choix s’agit-il vraiment ? Rappelons une fois encore que le seul droit pour lequel les femmes n’ont  jamais eu à se battre est bien celui de faire des enfants !

Nul besoin d’avoir un diplôme en féminisme pour savoir que l’objectif premier du  patriarcat est de sécuriser l’appropriation et le contrôle du corps des femmes, en matière de sexualité comme de reproduction.

En outre, l’argument de la liberté sans égalité réelle n’est jamais un argument politique très convaincant. Les féministes font aujourd’hui le constat que la libération sexuelle des années 70, si elle a certes aussi profité aux femmes, sans égalité réelle, les a surtout mises à  la disposition permanente des hommes.

Pour que le patriarcat ou toute forme d’oppression se maintienne, il lui faut des relais et conditionner les opprimés, sinon, le système ne pourrait pas fonctionner. Les femmes conditionnées font partie des rouages, ce sont elles qui éduquent leurs filles et leurs fils pour reproduire les conditions de l’oppression.

Trouver des femmes prêtes à s’engager dans une GPA, tout comme l’on peut trouver des femmes qui trouvent génial d’offrir à Noël un mini fer à repasser à leur petite fille et un fusil à leur petit garçon, ne signifie rien d’autre.

Enfin, une société ne peut avoir comme projet d’organiser toutes les libertés individuelles : je veux repeindre Paris en bleu, je veux vendre une partie de mes organes pour arrondir mes fins de mois, je veux tuer mon voisin parce qu’il est bruyant, etc. merci de me mettre tout ça en forme !

En admettant que la GPA soit réglementée en France, il est raisonnable de penser qu’elle ne concernerait qu’un nombre infime de femmes disposées, étant donné la nature de l’implication, à la pratiquer.

Dans ces conditions, ce débat doit-il déchirer les personnes et associations LGBT, féministes, comme il le fait actuellement ?

Si l’argument qui consiste à dire que l’encadrement de la GPA en France est motivé par la nécessité d’éviter qu’elle ne se pratique à l’étranger dans des conditions épouvantables, est sincère, pourquoi dans ce cas ne pas plutôt se mobiliser pour tenter de la réglementer, voire de  l’interdire, à l’échelon international ?

GPA (Gestation pour autrui) et parent social

La société est en mouvement, les luttes féministes et LGBT permettent d’interroger  les déséquilibres dans les rapports sociaux de sexe et la hiérarchie en matière d’orientation sexuelle et d’identité de genre. Elles aboutissent à l’invention de  nouveaux liens et façons de vivre, notamment en matière de parentalité.

La parentalité sociale n’est pas qu’un concept intéressant, c’est aussi une réalité qui jusqu’ici n’avait pas de nom mais existait bel et bien. Le parent c’est en effet celui qui élève l’enfant, lui transmet une éducation et des valeurs, lui apporte une sécurité affective et sociale, ce que tous les parents biologiques n’accomplissent pas toujours.

Pour autant, faut-il tout envisager et autoriser ? Certes dans certains pays on choisit déjà sur catalogue les caractéristiques génétiques de son futur enfant et presque son bébé sur étagère, mais ne serait-il pas extraordinairement paradoxal que la GPA, présentée comme une solution moderne et progressiste, ne soit en réalité qu’un réactionnaire instrument patriarcal de mise à disposition du corps des femmes (cas particuliers au sein d’une famille, don entre sœurs, ou entre proches, mis à part) ?

Prétendre que la GPA est l’alpha et l’oméga de la parentalité sociale, qu’elle tord le cou à la bonne vieille parentalité biologique, n’est pas très honnête. La GPA n’est en rien affaire de parentalité sociale mais bien de parentalité biologique puisque tout l’enjeu de cette forme de parentalité consiste bien à reproduire ses gênes (Une GPA n’est que rarement conçue sans les gamètes du père).

D’ailleurs, l’adoption n’est-elle pas la seule véritable parentalité sociale sans lien biologique ?

La liberté sans égalité réelle n’est pas la liberté de tous et encore moins de toutes.  Dans une société libre et égale, dans une société féministe, la GPA pourrait peut-être s’envisager, je ne sais pas. Dans notre société patriarcale,  j’émets de sérieuses réserves et avant d’éventuellement les lever, j’attends d’être convaincue par des arguments étayés, précis, progressistes et féministes.  Tout le reste serait hors sujet.

Christine Le Doaré


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