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Parution essai « Traité féministe sur la question trans »

Traité féministe sur la question trans – De violentes polémiques, des solutions faciles à mettre en oeuvre.

#trans #transactivisme #féminisme

Après un essai intitulé « Fractures. Le féminisme et le mouvement LGBT en danger » publié en octobre 2021 aux éditions Double Ponctuation, j’ai souhaité m’attacher plus particulièrement à la question trans.

La question trans est en effet devenue une question de société polémique.

Pour quelles raisons y-a-t-il autant d’antagonisme entre trans-activistes et féministes ? Pour quelles raisons de plus en plus d’acteurs impliqués dans la protection des enfants et des adolescents se préoccupent-ils des risques éventuels de la transition de genre pour les mineurs ?

Dans les pays anglo-saxons les heurts sont très violents et le débat entre les protagonistes est quasiment devenu impossible.

Qui a tort, qui a raison ?

Après avoir dans un premier temps rappelé les définitions et concepts relatifs aux questions de sexe biologique et d’identité de genre, j’ai dressé un état des lieux illustré d’articles, de photographies et de prises de position sur les réseaux sociaux. Puis je conclus en proposant des solutions qui pourraient réconcilier les opposants en présence, tout en respectant leurs droits à toutes et tous.   

Mon objectif est bien de proposer des solutions acceptables par les personnes concernées comme par l’ensemble de la société ; j’espère ainsi apaiser les tensions et contribuer à aider les pouvoirs publics à prendre des décisions adaptées.

Il ne s’agit pas d’un ouvrage de sociologie mais d’une proposition citoyenne d’un point de vue féministe universaliste. A lire et à débattre !

Christine Le Doaré

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Mois des FIERTES LGBTQI, pas de quoi être fiers !

LGBTQI…. Prides,  Marches des Fiertés LGBTQI… Fiertés de quoi ?

Ces Marches des Fiertés devenues Marches de la ségrégation identitaire

Quand on parle de fierté d’être lesbienne, gay, bi, trans, queer, intersexué, … on parle de quoi exactement ? Quelles raisons peut-on avoir d’être fier aujourd’hui d’une orientation sexuelle, d’une identité de genre … ? Plus j’y réfléchis et plus je pense que le mouvement de libération homosexuelle n’a guère été inspiré le jour où pour imiter les anglo-saxons il a baptisé sa manifestation revendicative et festive annelle, Marche des Fiertés LGBTQI…

Selon moi la formule a vécu et fédère de moins en moins les personnes les plus concernées. Au siècle dernier, il nous a fallu batailler dur pour émerger de l’illégalité et de la censure, aussi de nos propres hontes et silences, jusqu’à enfin obtenir des droits et une reconnaissance sociale qui reste à consolider. Ce fut long et âpre de faire évoluer les mentalités, d’imposer le respect, d’atteindre l’acceptation, et le plus difficile peut-être, de s’assumer pleinement. De ça, nous pouvons être fiers, nous qui avons vécu le plus dur et combattu vaillamment quand tant d’entre nous se cachaient.  

Mais ça commence à dater, alors aujourd’hui, fiers de quoi ? Depuis qu’il parle de « fiertés » à tout va, le mouvement LGBTQI… n’a fait que se perdre, jusqu’à devenir un fourre-tout identitaire qui héberge des idéologies dangereuses et pratique dans ses cortèges une ségrégation identitaire. Ce fut une dégradation progressive, certains poussant le bouchon de plus en plus loin, au point de prétendre qu’être gay, queer, trans, gender fluid, était une sorte de supériorité, d’apothéose. De là à penser que l’hétérosexualité est dédaignable, il n’y avait qu’un pas qu’ils ont franchi en toute imbécilité.

A quel moment, dans les Marches, au prétexte d’être gays …  des groupes ont-ils commencé à exhiber des pratiques sexuelles fétichistes, sado-maso, … à la vue des passants (Comme par exemple se pisser dans des bottes en cuir, revêtus de masques à faire peur) ? A-t-on jamais vu des hétérosexuels organiser des Marches pour exhiber des pratiques sexuelles ? Non, entre adultes consentants dans des clubs ou réseaux fermés, oui, pas dans la rue au milieu d’un défilé où se trouvent les enfants de couples de même sexe et d’autres parmi les spectateurs. Les organisateurs des Marches ne comprennent pas la différence entre revendiquer la liberté d’orientation sexuelle et avoir des pratiques sexuelles qui ne regardent que soi ? Dommage, afficher de la sorte ce qui relève de la stricte vie privée d’une partie des gays, ne pouvait qu’entrainer amalgames et rejets et servir nos ennemis.

Et ce n’était que le début, depuis, c’est l’escalade.

Heureusement, cela ne nous a pas trop pénalisés, même si nous devons probablement à ces exhibitions, un certain retour à l’ordre moral. Avec l’aide d’autres acteurs politico-sociaux, nous avons arraché des textes pénalisant les discriminations et violences à notre encontre, gagné le droit d’accéder aux statuts maritaux, … Franchie la ligne d’arrivée de l’égalité, dans une surenchère de toute puissance, certains se sont crûs autorisés à imposer d’autres agendas militants. Sous l’impulsion du mouvement queer puis des courants de la woke culture américaine, ce qui relevait de la prévention et de la lutte contre les discriminations et les violences à raison de l’orientation sexuelle a fini par quasiment disparaître au profit de mobilisations qui n’avaient que peu de lien avec l’orientation sexuelle.

  • Des émanations groupusculaires d’Act-Up ont transformé le mouvement en force de frappe du lobby de réglementation de la prostitution. La prostitution des femmes, tout de même une écrasante majorité des personnes prostituées, ils s’en fichent, ne leur parlez pas de dissociation, d’exploitation, de viol tarifé, ils n’y connaissent rien et font semblant de croire que la prostitution gay n’est pas aussi affaire d’exploitation de jeunes vulnérables.  
  • Des militants islamo-gauchistes ont noué des passerelles avec les groupes indigénistes et racialistes qui pourtant méprisent les LGBT ; on a alors vu des gays défiler fièrement affublés de burqas arc-en-ciel, crachant au visage de toutes les femmes qui tentent de s’affranchir des diktats religieux patriarcaux. De plus en plus, les cortèges sont organisés de manière à imposer une ségrégation identitaire. Le mouvement LGBT allié des ennemis de l’universalisme et de la laïcité, ce n’est même plus un paradoxe mais de la démence.
  • Des militants trans après avoir trusté toutes les instances du mouvement ont fini par imposer une vision du genre expurgée de toute évidence biologique. En braves petits dictateurs, ils ont édicté de multiples interdictions : ne pas mentionner les termes relatifs aux organes génitaux féminins, ce serait transphobe ; ouvrir aux femmes-trans, hommes non opérés, tous les lieux réservés aux seules femmes, et tant pis si elles sont mises en danger. Les féministes qui refusent une misogynie qui vise à les invisibiliser sont traitées de TERF, violemment dénigrées et même agressées physiquement.
  • La GPA reste quasiment la seule revendication gay. Pour contourner la biologie et le risque d’attachement de la mère, appelée porteuse telle une vulgaire machine, le recours à la génétique aboutit à un processus de reproduction ultra divisé : il ne se pratique plus par insémination mais avec des transferts d’embryons, après fécondation in vitro.  Division des tâches : des donneuses d’ovocytes et des gestatrices qui vont porter l’enfant commandité. Un marché très lucratif de l’eugénisme où l’on conçoit comme aux USA des 𝑑𝑒𝑠𝑖𝑔𝑛 𝑏𝑒𝑡𝑡𝑒𝑟 𝑏𝑎𝑏𝑖𝑒𝑠, idéalement conformes aux désirs des commanditaires qui peuvent exiger l’annulation de cycle quand, après des mois de traitement hormonaux lourds, l’insémination est annulée parce que le sexe de l’embryon n’est pas celui attendu par les commanditaires.

Tout ceci a mené à la désertion de bien des gays et de toutes les lesbiennes féministes politiques, et il ne reste plus dans ce mouvement que des lesbiennes queers fières d’être à la traîne des gays et des trans misogynes.

Comme les Marches des Fiertés attirent beaucoup de jeunes derrière les chars qui crachent une assourdissante musique techno, elles font office de seconde Techno Parade de l’année. C’est déjà ça. Mais beaucoup de gays et de lesbiennes les boudent en toute connaissance de cause, considérant que les orientations affichées non seulement ne nous conviennent pas, mais provoquent une dangereuse animosité à notre égard. C’est un comble, mais le mouvement LGBT est désormais l’un des principaux relais des excès du wokisme et de la cancel culture américaines.

Je suis féministe, universaliste, il ne me viendrait plus à l’idée de défiler dans l’une de ces Marche des Fiertés dans lesquelles j’ai pourtant longtemps mené association et fédération d’importance.  La seule raison qui m’inciterait à défiler à nouveau serait que nous soyons menacés par des forces réactionnaires qui prendraient le pouvoir.

Alors, ce qui me dérange c’est le soutien unanime et global affiché par les acteurs politiques progressistes, sans aucun discernement, sans se poser la moindre question politique, comme s’il s’agissait toujours du même rassemblement revendicatif et festif des débuts. Non, le mouvement comme les Marches des Fiertés ont changé, et tout n’est pas à cautionner ni applaudir, certainement pas des cortèges faisant l’apologie de la ségrégation identitaire. Il serait temps de s’en rendre compte. Critiquer avec justesse et mettre des limites n’est pas condamner, c’est au contraire constructif, mais ça demande un peu de lucidité et de courage.  

Christine Le Doaré

Sur le sujet lire :

  • Ma tribune sur la Pride des banlieues : « Le mouvement LGBT est débordé par un identitarisme radical » publiée dans Marianne le 03/06/2022 

https://www.marianne.net/agora/tribunes-libres/pride-des-banlieues-le-mouvement-lgbt-est-deborde-par-un-identitarisme-radical

  • Et pour aller plus loin, le livre « Fractures ! Le Féminisme et le Mouvement LGBT en danger » paru aux éditions Contrefaçon :

Combien de temps le mouvement LGBT va-t-il pouvoir se cacher derrière son petit doigt ?

220px-Palco_BolognaPride08Les LGBT vont-ils s’adapter au système ou le changer ?
Mixité, diversité, comment se rejoindre un jour ?

Depuis que l’homosexualité est devenue une question de société, nombre de gays se sont désintéressés des questions d’égalité réelle entre les femmes et les hommes et du féminisme. Il semble qu’ils en ont déjà fini d’interroger leur propre misogynie ? Le mouvement n’a t’il de LGBT que son sigle ?

En matière de discriminations et de violences, d’égalité des droits (mariage et adoption), on peut considérer qu’il y a bien une transversalité de luttes.
Mais déjà, en matière de GPA c’est moins évident, comme à chaque fois qu’il est question de l’appropriation du corps (des vies en réalité), des femmes. Toutes les autres revendications ne se recoupent pas et les problématiques spécifiques des lesbiennes, en général, n’intéressent pas les gays.

La question des inégalités femmes-hommes est centrale. Combien de gays admettent bénéficier de privilèges du fait de leur appartenance au groupe des hommes ? Comment faire prendre conscience à un gay que ne pas combattre un système revient à le conforter ? Peut-il se désolidariser du groupe des hommes dont il cherche tant à se faire accepter ? C’est pourtant bien sa seule chance objective de vivre un jour dans une société égalitaire, libre de sexisme et donc d’homophobie.

Ce manque de motivation à challenger la domination masculine est aussi encouragé par l’attitude de beaucoup de lesbiennes qui par identification, tentent de s’affranchir des contraintes sociales et culturelles liées à leur genre. Qu’elles en soient conscientes ou pas, dans tous les cas, penser se libérer seules, alors que d’autres femmes continuent de subir la domination masculine, est illusoire.

J’en ai rencontré, notamment engagées aux côtés des gays dans la lutte contre le sida, qui niaient leur double oppression de femmes et de lesbiennes. Elles en connaissaient un rayon en matière de prévention-sexualité gay, mais se satisfaisaient du manque de réciprocité et certaines ignoraient même l’essentiel de la prévention lesbienne ! Comment faire comprendre à une lesbienne que sans solidarité avec le groupe des femmes, tant que l’égalité réelle ne sera pas achevée, que le féminisme n’aura pas changé et réinventé la société. elle n’aura jamais que l’illusion de sa propre libération ? Vivre sous domination sous domination masculine l’entravera et la menacera toujours.

Les Trans. quant à eux, se sont à juste titre, plaints du manque d’intérêt et de solidarité des gays à leur égard, mais elles-eux non plus, ne se sont pas intéressés à la déconstruction du système patriarcal ; il est rare de croiser un ou une trans féministe.

Au début, n’étaient visibles que les transsexuelles hommes devenus femmes (M to F). Au contraire d’être féministes, la plupart adoptaient même les codes sociaux d’une représentation féminine parfaitement sexiste. Incompréhension des lesbiennes, forcément.

Puis ont émergé les transsexuels femmes devenues hommes (F to M), un peu plus conscientes du sexisme et des enjeux de l’égalité femmes-hommes, ayant été des femmes et souvent rejetées car ne se pliant pas aux stéréotypes de genre. Toutefois, une fois installées dans leur sexe de réassignation, la plupart des personnes trans. se fondent dans la masse pour une nouvelle vie et participent moins aux luttes féministes et LGBT.

Puis les personnes transgenres qui questionnent le genre mais ne veulent pas nécessairement s’engager dans les opérations de réassignation de genre, sont devenues visibles, aidées par le mouvement Queer qui, pensait-on, ouvrait une brèche vers plus d’imagination et de libertés.

Dommage, toutes ces différentes façons d’être trans n’ont pas non plus vraiment réussi à se comprendre entre elles. Elles s’accordent sans conteste sur la nécessité d’obtention de papiers d’identité conformes à son genre, en revanche, elles se déchirent, notamment sur la question de l’accompagnement médical et psychologique du parcours de réassignation de genre.

Pire encore, les revendications trans. sont maintenant instrumentalisées par les politiques : assimiler opportunément les questions de genres aux archi minoritaires droits des trans pour mieux freiner les droits des femmes et surtout ne pas avancer trop vite en matière d’égalité Femmes-Hommes, beaucoup de politiciens européens sont déjà rompus à l’exercice.

Les Trans-actvistes, en particulier dans les pays anglo-saxons, sont de plus en plus hostiles à l’égard des féministes. (Attaques conférence radfem pays anglo-saxons).

Peu à peu, le mouvement LGBT, plus à l’aise avec les questions trans. que féministes et lesbiennes, puisqu’elles ne les remettent pas vraiment en question, ont inscrit et priorisé les revendications Trans. à leur agenda.

Quant aux bi(s), elles et ils considèrent n’être que la dernière roue du carrosse, ce qui n’est pas faux, mais il faut bien reconnaître qu’il est assez difficile d’articuler des revendications bi, notamment en matière d’égalité réelle femmes-hommes ou d’égalité des droits LGBT. Quand on discrimine ou agresse une personne, c’est à cause de son orientation sexuelle réelle ou supposée et c’est la relation homosexuelle de la personne bisexuelle qui pose alors problème. La question de l’acceptation de la bisexualité est une intéressante question culturelle mais elle est difficile à traduire en termes politiques.

L’interprétation en France des théories Queer, a aussi joué un rôle. Les théories Queer permettent d’appréhender les questions de genre pour mieux déconstruire les normes et proposer des alternatives. Mais chez nous, elles ont souvent été utilisées pour diluer les luttes et masquer les véritables enjeux de pouvoir.

Ainsi, quand un homme blanc Queer décrète être une « lesbienne noire », parce que c’est ainsi qu’il lui plaît de se définir, c’est intéressant sur le plan théorique, mais seule la lesbienne noire subit vraiment une triple domination sociale et culturelle (femme, lesbienne et racisée) ; ce type de posture n’a aucun d’effet sur la vie quotidienne de l’immense majorité des gens et encore moins ne remet en question l’oppression des femmes.

C’est théoriquement excitant mais socialement inopérant, ça ne change strictement rien aux rapports sociaux de classe.

Les hommes (gays ou pas) qui adorent les Slutwalks et autres manifestations ou représentations « pro-sexe », les qualifient de « seul féminisme valable » ; ils ont raison, elles ne remettent nullement en question la domination masculine, bien au contraire, elles assignent les femmes à de nouveaux rôles tout aussi normés que les précédents mais imposés cette fois, par les performantes et omniprésentes, industries du sexe.

C’est un peu comme si le système patriarcal s’adaptait et engendrait de nouvelles générations d’adeptes au sein même des mouvements qui théoriquement pourraient le mettre en échec.

En effet, les groupuscules radicaux qui prospèrent à la marge du mouvement LGBT se prétendent subversifs mais en réalité, s’avèrent être de redoutables alliés du système patriarcal.

Ayant parfaitement intégré les codes de l’oppresseur, ils répandent des thèses néolibérales « post-féministes » et vont jusqu’à confisquer violemment la parole des féministes.

Complices des industries du sexe, pornographie et prostitution notamment, dont ils prétendent se réapproprier les scénarios, ils glorifient sans ciller la marchandisation et l’aliénation des êtres humains.

Rien n’est plus facile que d’instrumentaliser la libération sexuelle des femmes et « la liberté de disposer de son corps » est passée par la moulinette du libéralisme : à l’évidence, que des femmes s’affirment libérées par le porno ou la prostitution ne va rien changer à l’ordre établi, ni déstabiliser la domination masculine, bien au contraire !

L’influence de ceux que l’on appelle à tort « pro-sexe », « trans-activistes » en tête, s’est même révélée être l’une des menaces les plus virulentes à l’encontre de féministes ou de groupes féministes (Annulation conférence Rad-Fem, harcèlement de militantes, etc.).

Curieusement, ce sont les associations de santé communautaires, financées pour la lutte contre le sida, qui s’en font les meilleurs relais dans le mouvement LGBT.

Face à une telle adversité, nombre de lesbiennes politiques n’approchent pas ou ne font que traverser le mouvement mixte LGBT. Rares sont les militantes lesbiennes féministes qui travaillent dans le mouvement mixte, y occupent une position de « leadeuse », portent les revendications communes tout en s’affichant féministes et en challengeant le sexisme. A quelques exceptions près, elles sont vite isolées, harcelées, discréditées voire menacées et s’épuisent sans obtenir beaucoup de résultats.

Néanmoins, je comprends bien que des lesbiennes soient convaincues que dans une société mixte, il n’y a pas d’autre alternative que la mixité, ce fut mon cas pendant de longues années.

Je pensais que s’exclure dans la non-mixité, n’était pas efficace pour combattre la domination masculine. Aujourd’hui, je n’affirmerais plus rien de tel. L’effort à produire pour surnager et assurer un minimum de visibilité lesbienne et féministe au sein du mouvement LGBT est démesuré. Pour que cet investissement soit viable et productif, il faudrait conjuguer deux facteurs, le premier : plus de lesbiennes féministes investies en même temps et le deuxième: plus de gays concernés par l’abolition du patriarcat. Autant dire une belle utopie !

Dans tous les cas, je pense maintenant que la bonne stratégie consiste à leur demander de s’informer, de se former (les outils théoriques, les expériences et les expertes sont disponibles), de travailler et de faire leurs preuves, nous verrons ensuite.

En conclusion, je dirai que le mouvement LGBT a probablement eu tort de se focaliser exclusivement sur l’égalité des droits, étape certes indispensable, mais impuissante à changer la société en profondeur. Ce sont les LGBT qui vont s’adapter au système et pas l’inverse !

Admettons-le, le mouvement LGBT n’a de mixte que son sigle. Il se défend bien en matière d’égalité des droits, mais fait l’économie de l’essentiel : la lutte contre la domination masculine. Il ne suffit pas de dire : le sexisme engendre l’homophobie ou encore, le mépris du féminin est l’un des ressorts des LGBTphobies, voire même l’homophobie et la lesbophobie sont des manifestations de peur face à des alternatives qui ne sont pas prévues et sont vécues comme des menaces du système, encore faut-il en tirer les conséquences et s’engager dans la lutte contre les systèmes d’oppression, y compris à l’intérieur du mouvement.

Le mouvement LGBT qui a fortement contribué à l’évolution des mœurs en France, aurait les moyens de devenir un véritable mouvement de libération et d’émancipation. Il peut jouer un rôle majeur dans la lutte pour l’égalité Femmes/hommes, encore faudrait-il qu’il le veuille et s’en donne les moyens. Pour l’instant, il n’a même pas commencé, à l’inverse, il s’y oppose souvent.

Ses choix seront déterminants pour l’avenir et il ne pourra pas longtemps continuer de se cacher derrière son petit doigt.

Revenir aux fondamentaux.

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Revenir aux fondamentaux.
« Liberté de choix » ou double peine ?

En écoutant Jean-Michel Carré sur France Inter, j’ai réalisé que lui, comme tous ceux qui font l’apologie du principe de liberté individuelle absolue, aboutissent souvent à cautionner les pires déviations et systèmes d’exploitation, des femmes en particulier.
Jean-Michel Carré était invité le 30 avril dernier sur France-Inter pour parler de son dernier documentaire sur la Chine. Ce cinéaste est aussi l’auteur « Des travailleurs du sexe », documentaire pro-réglementariste qui selon moi, fait l’apologie d’une « libre » prostitution. Alors j’écoutais avec intérêt pour tenter d’en savoir plus sur sa personnalité et ses centres d’intérêt.

Il s’est présenté comme libertaire et ancien maoïste ce qui selon moi est contradictoire puisque les libertaires prônent une liberté absolu et la négation de tout principe d’autorité et de contrainte, alors que Mao a instauré un système autoritaire digne des pires dictatures.
Il a n’a pas hésité à dire que nous n’étions pas fondés à parler des Droits de l’Homme en Chine ni à leur donner de leçon car nous traitons mal les Roms. Certes, cependant, la nuance est tout de même de taille entre ne pas traiter comme nous le devrions les Roms chez nous, et maintenir à l’échelle d’un pays tout entier, une dictature corrompue et brutale !

Il a ensuite expliqué qu’il était « maoïste libertaire » parce qu’il voulait vivre la libération sexuelle de 68 et qu’il se sentait toujours concerné par la lutte contre le patriarcat. La fameuse « libération sexuelle de 68 » ! Bien sûr, les femmes en ont bénéficié mais, nombreuses sont celles qui ont fini par l’admettre, la libération sexuelle bénéficiait surtout aux hommes, les femmes se devaient d’être en permanence disponibles et enthousiastes, sinon considérées comme coincées. Libération sexuelle oui, mais dans les limites du système patriarcal qui n’avait pas disparu pour autant. Monsieur Carré, elles ne vous ont pas dit en 68, que la sexualité était libre, gratuite et désirée ?!

Le système patriarcal, Jean-Michel Carré le défend d’ailleurs efficacement avec sa propagande pour le « travail du sexe ». Tout comme Mao n’était pas un libertaire mais un dictateur, la prostitution n’est pas le plus vieux métier du monde, mais bien la plus vieille arnaque patriarcale, puisqu’elle vise à maintenir un quota de femmes (et de quelques hommes pour satisfaire une minorité homosexuelle) sacrifiées aux exigences sexuelles et aux besoins de domination des hommes. Dans leur immense majorité, ces femmes sont de classes défavorisées, racisées et /ou ont subi des violences sexuelles dans leur enfance. Merci monsieur le maoïste libertaire de leur réserver la plus belle place dans nos sociétés !
Et puis, comment faites-vous pour nous parler de la Chine sans nous dire que ce pays a commis le plus grand massacre génocidaire de toute l’histoire de l’humanité en éliminant plusieurs dizaines de millions de femmes, et en en déportant d’autres dizaines de millions à des fins de mariage forcé et de prostitution ?

Mais Jean-Michel Carré n’est pas le seul dans ce cas ; ils sont très nombreux les hommes et les femmes aussi, qui considèrent que la liberté de choix prime et que si quelques femmes disent : » je veux être « pute », » j’ai choisi la prostitution », il faut le croire et s’en contenter, voire même en déduire que c’est le cas du plus grand nombre d’entre elles. Rassuré-e-s, ils peuvent se rendormir sur leurs deux oreilles, ainsi va le monde et si des femmes se prostituent c’est parce qu’elles aiment ça, en ont rêvé, une vocation, en sorte. En outre, quelle aubaine, vu que l’égalité femmes-hommes c’est tout de même une utopie et qu’il faudra toujours des femmes dont les hommes pourront disposer !

Je me demande parfois ce qui les empêche de voir l’égocentrique violence de cette opinion ? Comment font-ils pour, au nom du principe du « libre choix », cautionner les pires exploitations et violences ?
Comment font-ils pour ignorer que personne, jamais, n’est libre complètement, ni de son corps, ni de ses envies, ni de sa vie ? Notre cadre de vie dès la naissance, nos rencontres, nous font et nous défont constamment. Les institutions sont déterminantes, l’enseignement, les valeurs républicaines et/ou religieuses, politiques, syndicales sont des moules. Bien sûr chaque personne dispose d’une marge de manœuvre et fera des choix tout au long de sa vie, des choix cruciaux, mais toujours dans un cadre collectif et jamais en dehors du regard des autres et des codes des groupes d’appartenance et/ou de rejet. Un « sans abri » est aussi libre que moi, mais de quoi est-il ou elle libre exactement ? Suis-je aussi libre que d’autres qui détiennent des moyens que je n’ai pas (âge, revenus, formation, qualifications, réseaux, etc.) ?

Dans bien des situations, ce n’est pas la liberté qui protège les personnes, en particulier les personnes vulnérables ou fragiles, c’est la loi, le cadre social, les références culturelles et »morales », etc. Eriger le principe de liberté absolue en système politique, me semble, bien que je sois farouchement attachée à ma liberté, infantile et égocentrique.
Au nom d’un principe de « libre choix » dont la réalisation est parfaitement hypothétique, les gens qui justifient, maintiennent, renforcent le système prostitueur au nom du « libre choix », en réalité, se font les complices d’un système d’exploitation et de violences inouïes qui génèrent d’énormes profits et une criminalité toujours plus importante. La double peine ne leur fait pas peur, puisqu’ils la légitiment par la « liberté de choix ». Ainsi ils peuvent condamner en leur âme et conscience celles et ceux qui ont eu le mauvais goût de naître dans les basses classes, ont été victimes d’un accident de la vie, ont subi des violences sexuelles dans l’enfance, ou ont été victimes d’un proxénète ou d’un réseau, à se prostituer pour tenter de s’en sortir.

Ces « libertaires » et révolutionnaires aux contradictions effarantes sont les mêmes qui encouragent l’émergence des micro-identités, toutes les micro-libertés devant être promues. C’est aussi le cas dans le mouvement homosexuel devenu Mouvement L, G, B, T, Q, I, A, etc. ; à chaque fois qu’une poignée de personnes a une spécificité bien à elle et juge être plus gravement discriminée que les autres, il faut ajouter une lettre et sinon subir un constant harcèlement. Les droits de la lettre L (lesbiennes) sont toujours amplement ignorés par le Mouvement LGBTQIA… mais il faut prioriser, par exemple, les droits des I (Intersexués).
Ce principe de saupoudrage est le même pour toutes les catégories, de genre/sexe, mais aussi religieuses, ethniques, etc. Les micro-identités peuvent diviser les forces, seules les personnes concernées s’intéressant à leur micro-problème, pendant ce temps-là, d’autres ne se gênent pas pour continuer d’exploiter et opprimer massivement les populations !

Le plus important surtout, c’est de bien gommer qu’il y a toujours la moitié de l’humanité qui vit sous domination masculine, qu’il y a des systèmes d’oppression économique majeurs, etc. J’ai relevé de telles dérives, particulièrement en matière d’égalité de Genre : les études de genre, les Droits des femmes, ne devraient plus seulement être féministes et porter sur l’analyse et la déconstruction du système patriarcal, mais prendre en compte les droits des Trans. , les questions de genre n’étant plus seulement comprises comme une problématique d’égalité femmes-hommes mais comme une déconstruction du genre au profit d’un « troisième genre ». La question est intéressante mais ne devrait pas pour autant gommer les luttes féministes. Pourtant c’est bien ce qui se passe et l’on glisse d’une lutte contre les violences de masse du genre masculin à l’encontre du genre féminin, vers une problématique minoritaire, celle des personnes Trans. Comme si les rapports sociaux de sexe n’existaient plus, comme si l’écrasante majorité de la population n’était pas toujours pas plongée dans la dichotomie d’un monde dans lequel les femmes et les hommes n’ont toujours pas la même valeur ni la même place. Les personnes Trans. rencontrent en effet des discriminations avant, au cours de leur parcours de transition, et après (papiers d’identité conformes, etc.), ces problèmes doivent être adressées et résolus, mais pas au détriment des luttes féministes. Pourtant, même au niveau européen, les programmes et agendas des Gender issues (Egalité de genre) sont perturbés par la place disproportionnée accordée à des questions touchant des micro-communautés. Des conférences féministes sont sabotées par des trans./queer activists. Mon propos n’est pas de dire que les minorités n’ont pas de problèmes qui ne doivent pas être adressés bien entendu, mais que les équilibres doivent être maintenus et les efforts proportionnellement consentis.

Des jeunes LGBT, mais pas seulement, sont séduits par ces dérives issues des théories queers. Ils peuvent s’isoler un temps des réalités sociales, vivre entre eux, prétendre s’affranchir des rapports sociaux de sexe, choisir le genre qui leur convient, celui du « milieu ». Ils seront rattrapé-e-s par les réalités sociales, les plus lucides en tireront les conclusions qui s’imposent, mais certains tenteront d’imposer leurs revendications et plutôt que de contribuer à déconstruire le système patriarcal et la domination masculine en reconnaissant aux femmes le droit de s’organiser de façon autonome et prioritaire, s’attaqueront aux féministes, comme les queers trans-activistes qui ont cette année compromis la tenue d’une conférence féministe radicale, au Royaume-Uni.

L’instrumentalisation, la mise en valeur, la prolifération de micro-communautés au détriment d’une lutte de masse contre les systèmes d’oppression dominants, qui en bénéficie sinon le système patriarcal et ses bénéficiaires ? Jean-Michel Carré, tous les chantres de la « liberté de choix «, dans une société phallocrate et dépolitisée, en utilisant de la sorte ce concept de liberté, qu’ils en soient conscients ou non, empêchent les femmes de s’organiser pour revendiquer et obtenir l’abolition du patriarcat.

Ce qui m’étonne encore le plus c’est que tant d’intellectuels les cautionnent ; faut-il qu’ils aient démissionné devant l’indigence et la démagogie de ce « prêt à penser » ! Notre société de consommation, d’apparences et d’indifférences, malade de son individualisme, vide de sens collectif, encourage ceux qui sous couvert de subversion, contribuent au maintien et renforcent les systèmes de domination.

Il va pourtant bien falloir sortir de cet éclatement qui profite aux systèmes et revenir aux fondamentaux.

Christine Le Doaré


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