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Islamo-gauchistes, prenez-nous pour des cruches !

fanatiques_cabuLes masques tombent  et ça fait peur.

Il a longtemps été mal vu de qualifier d’islamo-gauchiste cette gauche qui se pique de vouloir libérer l’humanité en hiérarchisant les discriminations, en substituant l’islamophobie à la lutte contre le racisme, en rejetant toute critique de l’islamisme. Elle se prétend féministe, mais justifie l’oppression des femmes par le relativisme culturel.

A peine 3 mois après les attentats qui ont ensanglanté  la France,  les islamo-gauchistes multiplient les provocations et abîment la mémoire et les luttes de la gauche et du mouvement des femmes.

Les islamo-gauchistes sont des politiques qui à gauche sont complaisants avec des militants de l’islam politique et n’hésitent pas à nouer de dangereuses alliances. Ils estiment que les musulmans sont le nouveau prolétariat et donc un électorat à séduire. Les islamo-gauchistes, aussi intersectionnels et anticolonialistes attribuent donc une place à part à la religion et aux coutumes des populations musulmanes, victimes de l’état colonial français peu importe leur statut social. Et tant pis si cette religion opprime les femmes et méprise les personnes homosexuelles.

Un grand nombre de personnalités en vue dans les milieux politiques, universitaires, aussi dans les médias, comme Edwy Plenel, Tariq Ramadan, Rokhaya Diallo, Pierre Tévanian, Christine Delphy, Houria Bouteldja, Eric Fassin, Clémentine Autain, Gaiss Jasser et tant d’autres, aussi au NPA, au MRAP, au PCF, chez les Verts, dans certains groupes LGBT, au STRASS, etc., tiennent des propos et développent des stratégies qui relèvent de l’islamo-gauchisme.

Certains ont participé au  «meeting contre l’islamophobie et le climat de guerre sécuritaire » aux côtés du Parti des Indigènes de la République (PIR),  de l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF), d’Oumma.com, des Indivisibles, etc.

Le PIR crée en 2005 se définissait à ses débuts comme un mouvement antiraciste, c’était de bonne augure ; seulement voilà, au lieu de se consacrer à la lutte contre le racisme, il s’est enfermé dans une haine de l’occident, un anti-colonialisme revanchard, défendant l’islamisme, parlant de « philosémitisme d’état » et allant jusqu’à soutenir sans réserve, le Hezbollah et le Hamas. La réactionnaire UOIF est  farouchement opposée à l’avortement et au mariage pour tous.

Remarquez bien que ça n’a pas gêné les Jeunes communistes, le NPA, la Fondation Copernic, le PCF et tant d’autres, de figurer dans la liste des signataires de l’Appel au meeting ; certains comme EELV ont longuement tergiversé, finissant par retirer leur signature.

imagesOn est en droit de se demander où est passé le bon sens politique de cette gauche et de ces « féministes » bernées par les sirènes intersectionnelles, essentialistes et différentialistes.

Athées, mais assumant un paternalisme condescendant en associant aux femmes musulmanes des  pratiques religieuses sexistes et aliénantes ! En revanche, il est de bon ton de s’attaquer aux religions des « dominants » en oubliant opportunément que la communauté religieuse la plus persécutée aujourd’hui dans le monde, ce sont les chrétiens ! Hurlant pour les droits des Palestiniens, ignorant ceux des Syriens.

La colonisation a fait des ravages, mais toutes les sociétés patriarcales humaines ont une histoire conquérante d’invasions successives, de domination, d’exploitation et de violences. Beaucoup ont pratiqué l’esclavage, et les musulmans en premier. Mahomet a autorisé tout homme musulman à coucher avec ses esclaves, sans avoir à subvenir aux besoins des enfants nés de ces rapports (le plus souvent des viols).

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Comment expliquer l’aveuglement des LGBT islamo-gauchistes qui feignent d’ignorer l’homophobie des Stella Magliani-Belkacem et Félix Boggio Ewanjé-Epée coordinateurs du « Nous sommes les Indigènes de la République » et qui revendiquent  « Dénoncer la tentative de faire de l’homosexualité une identité universelle qui serait partagée par tous les peuples et toutes les populations » et qui ont accusé Fadela Amara d’avoir appelé à l’émergence « d’un mouvement gay dans les quartiers » ?!

Houria Boutelja du PIR parle « d’homosexualité imposée » et « d’impérialisme gay » et n’hésite pas à affirmer que « le mode de vie homosexuel n’existe pas dans les quartiers populaires». Pour Youssef Al-Qaradawi de l’UOIF,  l’homosexualité est une « une dépravation de la virilité et un crime contre les droits de la féminité ». Il pense aussi que tuer les homosexuels n’est « qu’un moyen pour épurer la société islamique de ces êtres nocifs qui ne conduisent qu’à la perte de l’humanité ».

quenelles manifpourtousphoto prise lors de la dernière Manifpourtous Paris (collusion des totalitarismes religieux).

Cette manière de revisiter jusqu’à la nausée les responsabilités de l’état colonial français, de favoriser des replis communautaristes et religieux, de fragiliser la laïcité, n’aident en rien à régler les problèmes.

Que la politique des banlieues soit un échec est une évidence, en revanche, vouloir nous faire croire qu’il y aurait aujourd’hui en France, des discriminations organisées par une République d’ordre colonial et raciste est un grotesque mensonge. Idéaliser les pays d’origine aussi.

Les islamo-gauchistes font la promotion du terme  »islamophobie » pour interdire toute critique de l’islam politique (salafistes, frères musulmans). Pourtant, c’est un droit fondamental dans une démocratie, de rejeter et critiquer toute doctrine, tout dogme religieux ou politique.

D’un côté le PIR et autres islamo-gauchistes, de l’autre le  Bloc identitaire d’extrême droite, morbide tenaille identitaire.

ob_2db35e_10351821-10152640238464074-23160325570 Photo prise lors des manifestations pro-Palestine de l’été 2014 à Paris Place de la République

Le pire encore en tant que féministe, c’est d’être confrontée  à des militants qui se disent de gauche et féministes et qui en guise de féminisme cautionnent un féminisme complaisant envers les injonctions sexistes de l’islam politique. Nombre de « féministes » intersectionnelles que je qualifierais d’islamo-gauchistes vantent les bienfaits du voile, hijab ou niqab alors que des femmes sont harcelées et emprisonnées pour ne pas le porter ailleurs, en Iran, au Qatar, en Arabie Saoudite …

Le féminisme ne s’accommode jamais à la sauce de l’oppresseur ! Il n’a jamais cautionné le mariage des adolescents, le mariage forcé, le port du voile, hijab ou niqab,  les certificats de virginité, … qui ne s’imposent qu’aux femmes dans le but de les contrôler et de les réserver à un « propriétaire ». Ces islamo-gauchistes valorisent les collectifs 8marspourtoutes, les groupes de femmes voilées, comme celui des mamans de Christine Delphy mais ignorent le Collectif des Femmes sans voile d’Aubervilliers qui résiste aux injonctions du Conseil du Culte musulman : « Le voile est une prescription qui recommande au Prophète de « dire à ses femmes, à ses filles et aux femmes des croyants » (Coran 33-59), de l’arborer pour la réserve qu’il leur impose ». Lecture littéraliste et patriarcale s’il en est. Si les femmes d’origine maghrébine du collectif d’Aubervilliers contestent le voile, ce n’est certainement pas par racisme, mais parce qu’il marque une inégalités entre les femmes et les hommes, dans l’espace public. Selon elles, il est un instrument de domination et de restriction de liberté : « Exigé dans les pays les plus conservateurs, il est toujours le premier acte d’autorité des djihadistes dans les villages conquis (Irak, Syrie, Mali, Nigeria…), que les femmes soient musulmanes ou non. Il est devenu leur étendard de par le monde. Il s’accompagne de la suppression de toute liberté pour les femmes. »

Le féminisme vise à l’anéantissement du système patriarcal pour émanciper les femmes et par là-même toute l’Humanité, pas à son aménagement pour satisfaire un pouvoir politico-religieux. Le mouvement de libération des femmes est universel et laïque, il noue des solidarités entre les femmes du monde entier qui subissent les discriminations et violences identiques de la domination masculine.

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Le concept de « féminisme blanc » est une imposture d’autant plus révoltante que l’intersectionnalité des luttes à la sauce islamo-gauchiste ne sert qu’à noyer les revendications, droits et libertés des femmes dans d’autres agendas politiques.

A l’évidence, renvoyer la laïcité et les religions à la sphère strictement privée est la meilleure garantie pour les femmes de parvenir à l’égalité. Pourtant les islamo-gauchistes nous expliqueront bientôt que la religion des « opprimé-e-s » est progressiste, que la prostitution c’est très bien pour certaines femmes mais que d’ autres doivent être voilées, et que le féminisme « occidental » est plus dangereux pour les femmes racisées que les violences de la domination masculine !

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Christine Le Doaré

19 femmes pour 40 hommes de quoi s’agit-il ?

téléchargementUn indice ? N’oubliez pas, nous sommes en France, pays des Droits de l’Homme et non des Droits Humains. Trouvé ? Oui, c’est bien la CNCDH (Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme).

Elle a rendu le vendredi 23 mai dernier, un avis sur la loi d’abolition de la prostitution. Cet avis est plutôt difficile à traduire en termes de politique à appliquer en matière de prostitution.

Souvenons-nous, l’Assemblée Nationale, cohérente avec la position abolitionniste de la France, vient de voter en faveur de la pénalisation des clients prostituteurs ; de leur côté, inquiètes des résultats déplorables dans les pays qui ont légalisé la prostitution, les instances Européennes ont pris de fermes recommandations abolitionnistes (Résolution du Parlement européen du 26 février 2014 sur l’exploitation sexuelle et la prostitution et leurs conséquences sur l’égalité entre les hommes et les femmes, qui reconnaît que la prostitution est contraire aux principes régissant les droits de l’homme et contraire aux principes de la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne *1 ; Résolution de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe du 8 avril 2014 relative à la prostitution, à la traite et à l’esclavage moderne en Europe *2).

Le contexte Français et européen rappelé, on ne peut que s’étonner de l’avis de la CNCDH qui réussit tout de même l’exploit de se référer à plusieurs textes européens, sans mentionner ces récentes et notables résolutions abolitionnistes.

Plus globalement, cette décision donne l’impression que la Commission a peiné à conclure, préférant en fin de compte, rester dans un entre deux inefficient.
D’un côté, elle reconnaît l’intérêt d’une politique abolitionniste, mais de l’autre, elle craint, sans pour autant apporter d’arguments convaincants, que la pénalisation des clients n’entraîne des effets négatifs.
Plus étrange encore, elle déconseille la pénalisation des clients, mais le regrette en remarquant que c’est dommage de se priver de l’effet pédagogique d’une telle mesure.
Comment dire ?
Cela aurait été trop cohérent d’aller jusqu’au bout de l’analyse et reconnaître que toute demande des clients de la prostitution nourrit la traite, puis d’y mettre un terme ?
Les clients consomment des « produits », de plus en plus jeunes, de plus en plus vulnérables, sans se préoccuper de leur vie, sans savoir si les prostituées ne sont pas captives, menacées, brutalisées.
Eduquer à une sexualité libre et désirante, à l’égalité, au respect de l’autre et surtout à refuser l’exploitation sexuelle d’un être humain par un autre, ne sont-ce pas des orientations et préconisations que l’on attendrait de la part d’une commission sensée défendre les Droits Humains ?

Dans son rapport, la CNCDH se dit préoccupée par le risque de clandestinité et d’éloignement de la prostitution dans des lieux reculés. Mais à quoi fait-telle exactement allusion ?
Ignore-t-elle que la prostitution a déjà lieu sur des aires d’autoroutes désertes, sur des routes isolées, des abords de bois, de parcs et dans divers lieux que l’on peut qualifier de « reculés » ?
Ne sait-elle pas que les prostituées assassinées le sont autant dans un appartement, une ruelle, un parc ou un bois ; que le risque permanent provient soit des proxénètes qu’ils appartiennent ou non à des réseaux, soit des clients eux-mêmes ?
La situation d’isolement avec le client, dans n’importe quel lieu que ce soit, en plein centre-ville, dans une chambre d’hôtel, une voiture, un parc, un quai, une villa ou un hôtel de luxe rend toute personne prostituée vulnérable.
L’activité, l’acte prostitutionnel, voilà le danger.
La CNCDH n’a-t-elle pas pris le temps d’interviewer les procureurs des pays abolitionnistes ?
Dommage, parce qu’ils expliquent que la prostitution résiduelle continue de se produire dans les centres villes et que cet argument ressassé en boucle par les défenseurs du lobby prostitueur ne repose sur aucune réalité.
En revanche, dans les pays abolitionnistes, les programmes d’accompagnement de sortie de la prostitution autant que les mesures de prévention, tout comme la pénalisation des clients sont bien parvenus à drastiquement réduire cette forme archaïque et sexiste d’exploitation et à protéger efficacement les personnes prostituées qui choisissent malgré tout de se prostituer car elles ne sont plus pénalisées.

Dans quelles contradictions s’est enfermée la CNCDH pour à la fois reconnaître qu’il faut continuer de pénaliser la prostitution de personnes « vulnérables *3 », tout en affirmant que pénaliser les clients, risquerait de pousser les personnes prostituées dans « des lieux encore plus reculés » ?
Il faut savoir ! Les personnes prostituées vulnérables ne risqueraient rien à être poussées dans des « lieux reculés » ?
Si les clients de prostituées vulnérables peuvent et doivent être pénalisés, sans que la Commission ne s’inquiète du risque de clandestinité les concernant, alors à fortiori, ce risque n’est pas plus réel pour des prostituées moins vulnérables.
En réalité, les risques encourus par les personnes prostituées, tout le monde les connait, ils consistent à subir toutes sortes de violences : la violence sexuelle intrinsèque à la prostitution, les violences relatives à leur état de santé, qu’il s’agisse de contracter une IST autant que de développer des addictions à toutes sortes de substances pour tenir et une mauvaise prise en charge générale, enfin les violences physiques et psychologiques, qu’elles émanent des clients ou des proxénètes.

Je vois au moins deux raisons à cet avis particulièrement confus et qui une fois de plus s’intéresse au faible pourcentage de prostituées réellement « libres » au dépend de toutes celles qui subissent, captives ou non de réseaux mafieux.
La première raison est que le lobby prostitueur n’a pas ménagé ses efforts et mobilisé des soutiens de poids.
Mise à part son amitié avec Dominique Strauss Kahn, que connaît Monsieur Badinter des réalités de la prostitution ? M. Lilian Mathieu, chantre de la légalisation de la prostitution, est-il le seul sociologue en France ?
Les associations gays de lutte contre le sida ne voient la question de la prostitution que par le prisme hygiéniste de la seule lutte contre le sida, sans jamais considérer les personnes dans leur globalité ni s’intéresser aux droits des femmes ou à l’égalité femmes-hommes.
Le STRASS n’est pas un syndicat représentatif mais un groupuscule qui verrait d’un bon œil la légalisation du proxénétisme à l’Allemande se développer chez nous ; je suis curieuse de savoir si le nombre de femmes prostituées membres du STRASS fait un ou deux chiffres, la CNCDH le leur a-t-elle demandé ?
Il ne semble pas que les « survivantes » de la prostitution qui pourtant, savent de quoi elles parlent et peuvent s’exprimer sans subir de pression depuis qu’elles ont quitté le milieu prostitutionnel, aient été auditionnées.
La seconde raison est que cette décision n’a pas été adoptée à l’unanimité, loin s’en faut, mais plutôt de très peu : 4 abstentions, 16 voix contre, 20 voix pour.
Heureusement cet avis n’est que consultatif et passera vite aux oubliettes de l’Histoire.

A l’évidence, cet avis rendu par une écrasante majorité d’hommes, à contre-courant de toutes les mises en garde contre le dangereux développement du business criminel de la prostitution, ménage les clients prostitueurs et plus généralement les vieilles prérogatives sexistes d’une prétendue sexualité masculine irrépressible.
La domination masculine et ses industries du sexe sont toujours à la manœuvre quand il s’agit de se raconter des histoires à bon compte sur le dos des femmes.
Tout de même, je suis étonnée que les hommes ne soient pas plus nombreux à se lever contre la prostitution qui les caricature tant et les rabaisse au niveau d’opportunistes prédateurs.

Les violences sexuelles sanctuarisées par les valeurs libérales et patriarcales d’une commission dont le rôle est pourtant de défendre les Droits Humains et donc aussi les droits des femmes.
Le corps des femmes n’est pas une marchandise, un produit, ni même un service à disposition des hommes, alors vivement une société paritaire et féministe, car ce que nous impose cette société machiste et libérale, nous ne le supporterons plus longtemps.

Dissolution de cette Commission des Droits de l’homme et place à une commission des Droits Humains paritaire, humaniste et féministe !

Christine Le Doaré

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*1 Résolution du Parlement européen du 26 février 2014 sur l’exploitation sexuelle et la prostitution et leurs conséquences sur l’égalité entre les hommes et les femmes, qui reconnaît que la prostitution est contraire aux principes régissant les droits de l’homme et contraire aux principes de la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne : http://www.europarl.europa.eu/news/fr/news-room/content/20140221IPR36644/html/Sanctionner-les-clients-et-non-les-prostitu%C3%A9es

*2 Résolution de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe du 8 avril 2014 relative à la prostitution, à la traite et à l’esclavage moderne en Europe http://assembly.coe.int/nw/xml/News/News-View-FR.asp?newsid=4964&lang=1&cat=8

*3 prostituées vulnérables : femmes enceintes, etc.

Encore un 8 mars et des questions qui fâchent

1800340_10152224068699743_987557899_nQu’il semble loin le jour où les femmes n’auront plus besoin d’une journée internationale, non pas pour leur offrir une rose comme le font toujours certains, mais pour rappeler qu’elles subissent d’insoutenables discriminations et violences, que l’égalité est loin d’être achevée.

Quand sera-t-il enfin possible de se passer de cette journée ? C’est la question qui fâche. Ce n’est pas la seule, une journée internationale pour revendiquer des droits et des libertés, oui mais lesquels et avec qui ?

D’année en année, nous nous retrouvons dans des manifestations, pas très nombreusEs et depuis quelques années, nous sommes confrontéEs à des incidents parfois violents avec des groupuscules post-modernes qui se qualifient de »pro-sexe », ce qui a pour effet de dissuader de plus en plus de féministes de participer.

Pourtant, encore et toujours nous nous devons de porter les mêmes revendications, jamais ou partiellement satisfaites : des centres d’IVG dans tous les hôpitaux, la PMA pour toutes les femmes, une loi-cadre contre les violences faites aux femmes, la revalorisation des métiers et des salaires dans les professions féminisées, le droit d’asile pour les femmes persécutées pour sexisme et/ou lesbophobie, etc.
Nous sommes souvent déçuEs, dernièrement par François Hollande qui a refusé de faire une place à Olympe de Gouges au Panthéon ; républicaine trahie par le sexisme des institutions dont elle défendait les valeurs.

Dans un contexte social pour le moins crispé, entre crise économique tenace et délires paranoïaques d’une « manifpourtous » surchauffée, le gouvernement Hollande ne s’illustre hélas pas, par une détermination sans faille à appliquer une politique de gauche ; il ne tient même pas toutes ses promesses de campagne. La réforme sur les retraites est particulièrement préjudiciable aux femmes, en allongeant les cotisations à 43 ans, elle augmente le nombre de femmes partant avec des pensions minorées.

La droite nous rebat les oreilles avec la question du genre, mise à toutes les sauces ; pourtant la question du genre est simple, comme l’a écrit Isabelle Alonso : « Le sexe c’est une fille, un garçon. Le genre c’est une princesse, un héros. ».
Surtout, il me semble que le plus urgent en matière de sexe (biologique) et genre (construction sociale) est de se recentrer sur les stéréotypes à déconstruire pour parvenir à l’égalité femmes-hommes et abolir les privilèges patriarcaux.
Les études de genre peuvent aussi être instrumentalisées et des théories post-modernes pour le moins confuses composent avec la domination masculine et divisent le mouvement féministe.
C’est ce que dit très bien la spécialiste féministe en Sciences Politiques Sheila Jeffreys dans Unpacking Queer Politics : « I am no fan of the word ‘gender’, and would prefer to abolish it in favour of expressions which refer directly to the political foundation of male domination. Thus I prefer to describe masculinity as ‘male-dominant behaviour’ and femininity as ‘female-subordinate behavior’. No multiplicity of genders can emerge from this perspective. »

Malgré tout, grâce au ministère des Droits des Femmes et à sa ministre Najat Vallaud-Belkacem qui ne sont pas restés les bras croisés, des revendications féministes ont été satisfaites depuis le dernier 8 mars.
Je retiens notamment la suppression du concept d’état de détresse, de la loi sur l’IVG ; les ABCD de l’Egalité ; le renforcement de la loi sur le recouvrement des pensions alimentaires impayées ; la ratification de la convention d’Istanbul contre les violences faites aux femmes par la France, et surtout le vote par l’Assemblée Nationale de l’abolition de la prostitution : abrogation du délit de racolage mais pénalisation des clients. Des féministes et pro-féministes abolitionnistes, les associations du Collectif Abolition 2012 *1 s’étaient fortement mobiliséEs malgré de virulentes attaques du lobby prostitueur et des médias complaisants envers le système prostitueur, indifférents à la précarité et/ou vulnérabilité des personnes prostituées, préférant offrir d’interminables tribunes pleurnicheuses aux clients.
Avec le vote, à une très large majorité, d’une résolution abolitionniste au Parlement Européen, le 26 février 2014 (Pénalisation des clients et soutien aux victimes), c’est une véritable lame de fond, une prise de conscience générale que la servitude sexuelle prostitutionnelle n’a plus lieu d’être car c’est une violation des Droits Humains qui entrave toute émancipation des femme en tant que groupe et tout projet d’Egalité femme-hommes. Voir le Rapport Honeyball *2.
Il faut maintenant que la France concrétise cette avancée avec le vote de la loi par le Sénat.

Des progrès indéniables mais une liste de revendications toujours en souffrance ; je ne parlerai que de la nécessité de lutter efficacement contre le viol et les violences sexuelles. Environ 75.000 femmes seraient victimes de viol chaque année, c’est considérable, pourtant seulement 11 000 d’entre eux sont déclarés. Désormais les effets d’un viol, telle l’amnésie post-traumatique, sont mieux connus : ils empêchent longtemps les femmes de parler. Le délai de prescription est de 10 ans pour les viols et de 3 ans pour les agressions sexuelles, il est temps de le modifier.

Il nous faut rester mobiliséEs et défiler encore ce 8 mars. L’idéal serait que face à une droite et extrême droite agressives, toujours prêtes à s’attaquer aux droits des femmes et des LGBT, également une gauche qu’il faut rappeler à l’ordre, nous nous retrouvions toutes et tous sur des revendications féministes unitaires et universalistes.
Mais ce n’est pas le cas et il me semble dangereux d’ignorer les risques que font courir au mouvement féministe, les groupuscules de la nébuleuse « Pro-sexe » post-moderne qui se sont dernièrement illustrés par des actes de violence à l’encontre de féministes et pro-féministes dans différents cortèges comme à Toulouse contre Zéromacho. Il s’agit notamment du Collectif « 8marspourtoutes» *3 (émanation du STRASS *4, d’Act-Up, et de groupuscules de TPDG (Trans-activistes…) extrêmes, etc.).
Voir le texte *5 « 8marspourtoutes » ou l’oubli d’un énorme détail de l’histoire.

La plaie de cette idéologie post-moderne, néo-libérale, si mal nommée « Pro-sexe », portée par certains groupes et même partis politiques avec la bénédiction d’intellectuels qui pour certains, en vivent, c’est surtout le relativisme culturel qui l’imprègne.
Mettre en avant et sur-médiatiser quelques femmes prostituées, présentées comme « libres et heureuses » ou encore quelques femmes voilées « de leur plein gré », auxquelles on donne les moyens de s’exprimer au nom de toutes les autres, c’est aussi condamner ces dernières, étrangères, émigrées, racisées, fragilisées, à devoir suivre les mêmes voies pour s’émanciper.
Des femmes seraient prédisposées à se soumettre parce que la culture et les traditions de leur pays d’origine pensent que c’est bon pour elles ?
Ce qui révulserait n’importe quelle femme serait salutaire pour des femmes douées d’une aptitude secrète à subir pour survivre, des actes sexuels non désirés ?

Encourager des porte-paroles tant qu’elles ne prennent pas conscience de leur oppression, ne cherchent pas à sortir de leur condition et encore moins à dénoncer ce que sont vraiment leurs vies, ne serait-ce pas tout bonnement du paternalisme ?

Des femmes voilées pour marquer leur soumission à Dieu et/ou aux hommes mais, le voile a-t-il vraiment à voir avec l’identité arabe et la religion musulmane ou sert-il les intégristes et leur obscurantisme ?
Qui a intérêt à vilipender la laïcité, à inciter au relativisme culturel qui pèse surtout sur les femmes ?

Qui a intérêt à ce que le proxénétisme soit perçu comme une industrie comme une autre et les prostituéEs considérées comme des produits à choisir dans la rue ou sur Internet ?
Qui a intérêt à gommer la réalité des violences du système prostiteur ? Comme l’a rappelé Rachel Moran, militante féministe abolitionniste, survivante de la prostitution, récemment sur Twitter : « 1 prostituée assassinée sous le modèle Nordique, 127 sous la législation hollandaise, le tribut de la mort parle pour lui-même ! ».

Comment croire que la prostitution comme le relativisme culturel ne sont pas des valeurs de domination et d’exploitation chères aux systèmes patriarcal et libéral ?

Le mouvement féministe ne peut ignorer le désastre du post-modernisme individualiste et néo-libéral sous peine de se perdre et de renoncer à ses valeurs fondatrices.
Le Mouvement féministe et les milieux universitaires de recherche sur le genre, sont infiltrés et récupérés par des post-modernes queers « pro-sexe » réglementaristes de la prostitution. Sous couvert de défense des libertés et choix individuels, ils décident de ce qui est « féministe « ou pas et vantent les vertus de la libération sexuelle par la prostitution et la pornographie, le SM, des pratiques sexuelles performatrices et extrêmes, empreintes de violences contre les femmes.
Pendant qu’ils s’emploient à détourner les militantEs des luttes prioritaires, les femmes continuent d’être confrontées aux violences infinies du patriarcat.

Comme le dit si bien Sheila Jeffreys dans La théorie « queer » et la violence contre les femmes : « Le libéralisme et ses aspects les plus à la mode dans le postmodernisme et la théorie queer sont parvenus à occulter la présence d’un oppresseur. Toutes les pratiques violentes sont perçues comme des choix faits par des utilisateurs consentants, voire comme politiquement progressistes et transgressives. »
C’est ce que dit aussi Gail Dines: “Feminism as a movement never was about individual « choice » but about changing the economic, social and political structures that oppress women.

Ces mouvances font aussi de l’entrisme dans les partis, associations, syndicats et différents groupes de populations défavorisées et rejetées par la société.
Mais peu à peu, des voix comme celles du Collectif pour les Droits des Femmes de Toulouse « Sont-ils nos alliés ? » *7 et de l’AVFT « Un bal masqué bien orchestré » *8 s’élèvent enfin contre cette idéologie et ceux qui la défendent pour dénoncer des interventions et prises de parole violentes dans des réunions, conférence, des attaques dans des manifestations.
La dernière en date, de l’association ZEROMACHO par le STRASS et GRISELIS, à Toulouse, n’est pas passée inaperçue, pourtant peu nombreuses furent les réactions dans les associations féministes, ce qui autorise sur Twitter la porte-parole du STRASS à justifier une telle action car « ZEROMACHO n’avait rien à faire dans cette manifestation pour l’IVG » !.
Il est temps de réagir parce qu’au point où ils en sont, il ne faudra pas être surpris s’ils tentent d’exclure les féministes de leurs propres manifestations !
Il faut remettre en lumière l’universalisme d’un féminisme laïc et abolitionniste de la prostitution, un féminisme au service de l’émancipation des femmes.

Cette année, pour le 8 mars, un collectif localisé dans le 93 propose une contre-manifestation, dans un amalgame que l’on peut qualifier de populiste il entend « prendre la défense des femmes ouvrières et prolétaires exploitées et sans papiers dans les quartiers, aussi des femmes qui portent un voile, aussi des LGBT… », car « les féministes institutionnelles et bourgeoises nient les réalités sociales… ».
Pourtant, chaque année je vais à la manifestation du 8 mars, le cortège regroupe des femmes de toutes conditions sociales, opinions et engagements politiques, des associations lesbiennes et soutiens LGBT. Ces revendications ne sont pas oubliées et les femmes ont toutes des intérêts en commun même si bien sûr, les oppressions de classe et le racisme traversent leurs mouvements comme l’ensemble de la société, mais les discriminations et violences spécifiques qui touchent la moitié de la population du globe constituent bien un socle commun de luttes féministes.
Alors, pourquoi diviser le mouvement, à qui cela peut-il servir, sûrement pas aux femmes !

Si ce sont bien les pouvoirs publics que nous responsabilisons pour les retards et blocages relatifs aux droits des femmes, ne négligeons pas les dégâts occasionnés par la nébuleuse post-moderne aux méthodes douteuses, à moins de vouloir les laisser réquisitionner nos luttes et nous dire en quoi consiste l’émancipation des femmes.
Dans tous les cas, je doute que leurs théories directement influencées par les industries patriarcales et libérales du sexe ne nous mènent jamais à une société de progrès et de libération ni pour les femmes, ni pour les hommes.

La manifestation féministe unitaire appelée par le CNDF et de nombreuses associations signataires partira le samedi 8 mars à 14H30 de Bastille

Christine Le Doaré

*1 Collectif Abolition 2012 :
http://www.abolition2012.fr/

*2 Rapport Honeyball :
http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-%2F%2FEP%2F%2FTEXT+REPORT+A7-2014-0071+0+DOC+XML+V0%2F%2FFR

*3 Collectif « 8marspourtoutes »

*4 STRASS : Syndicat des travailleurs du sexe

*5 « 8marspourtoutes » ou l’oubli d’un énorme détail de l’histoire :

« 8marspourtoutes » ou l’oubli d’un énorme détail de l’histoire féministe

*7 Toulouse : Sont-Ils nos alliés ?

Sont-Ils nos alliés ?


« Des groupuscules réglementaristes s’invitent et parasitent nos réunions, profitent de nos rassemblements et de nos manifestations pour détourner nos mots d’ordre et promouvoir l’ordre libéral et la marchandisation du corps des femmes….Ces groupes interviennent de manière violente, parfois masquée, dans nos manifestations, arrachant les banderoles et proférant des slogans sans lien avec la lutte menée …Ces pseudo-révolutionnaires ne sont en fait que les laquais de l’économie de marché où tout se vend, tout s’achète, y compris le corps des êtres humains….Ces groupes réglementaristes sont misogynes, ils n’ont rien à faire dans nos réunions et nos rassemblements, sinon nous diviser. »

*8 L’AVFT : Un bal masqué bien orchestré
http://www.avft.org/article.php?id_article=739
« LA CROISADE DES REGLEMENTARISTES
…En effet, les promoteurs d’une « prostitution choisie » ont tactiquement trouvé un nouveau cheval de bataille pour diffuser leur idéologie. Le STRASS ne se présente plus uniquement comme un « syndicat » militant pour les droits de celles et ceux qui « font le choix se prostituer », pour reprendre leur terminologie. Le groupe de pression intègre désormais n’importe quelles mobilisations à caractère social, contestataire ou féministe. En d’autres termes, cela s’appelle de l’entrisme. Dans cette même mouvance, le Strass soutient pêle-mêle, les salariées de Lejaby, les femmes sans papiers, les assistantes maternelles, les femmes en lutte en Grèce etc. Un grand gloubiboulga destiné à nous enfumer. Ce fourre-tout à un nom : « le féminisme non-excluant ».
Et voici donc le Syndicat du Travail Sexuel embarqué dans une croisade pour le droit à l’avortement en Europe ! La manipulation idéologique est grossière et fonctionne, alors qu’elle procède d’un pur sophisme. On la comprend encore mieux lorsqu’on lit ce slogan sur un des panneaux du rassemblement place d’Italie : « mon vagin, mon choix, ta gueule ». Faire comme si la liberté d’acheter des femmes à des fins sexuelles était le même combat que la liberté d’avorter. Faire comme si aliéner son corps était la même chose que de réclamer la liberté d’en jouir…. Le groupe de pression cherche désormais à paraître plus présentable à force de faire de l’entrisme aux côtés des militant-es féministes dont certaines n’y voient que du feu ou bien épousent ses thèses. Il en tire un bénéfice et une couverture médiatique non négligeable. … »

*6 « La postmodernité proxénète » par Sylviane Dahan publié dans Action féministe 26 -N Traduit du castillan par Martin Dufresne et l’auteure, Sylviane Dahan
https://www.facebook.com/notes/martin-dufresne/la-postmodernit%C3%A9-prox%C3%A9n%C3%A8te/10153922640475595

Combien de temps le mouvement LGBT va-t-il pouvoir se cacher derrière son petit doigt ?

220px-Palco_BolognaPride08Les LGBT vont-ils s’adapter au système ou le changer ?
Mixité, diversité, comment se rejoindre un jour ?

Depuis que l’homosexualité est devenue une question de société, nombre de gays se sont désintéressés des questions d’égalité réelle entre les femmes et les hommes et du féminisme. Il semble qu’ils en ont déjà fini d’interroger leur propre misogynie ? Le mouvement n’a t’il de LGBT que son sigle ?

En matière de discriminations et de violences, d’égalité des droits (mariage et adoption), on peut considérer qu’il y a bien une transversalité de luttes.
Mais déjà, en matière de GPA c’est moins évident, comme à chaque fois qu’il est question de l’appropriation du corps (des vies en réalité), des femmes. Toutes les autres revendications ne se recoupent pas et les problématiques spécifiques des lesbiennes, en général, n’intéressent pas les gays.

La question des inégalités femmes-hommes est centrale. Combien de gays admettent bénéficier de privilèges du fait de leur appartenance au groupe des hommes ? Comment faire prendre conscience à un gay que ne pas combattre un système revient à le conforter ? Peut-il se désolidariser du groupe des hommes dont il cherche tant à se faire accepter ? C’est pourtant bien sa seule chance objective de vivre un jour dans une société égalitaire, libre de sexisme et donc d’homophobie.

Ce manque de motivation à challenger la domination masculine est aussi encouragé par l’attitude de beaucoup de lesbiennes qui par identification, tentent de s’affranchir des contraintes sociales et culturelles liées à leur genre. Qu’elles en soient conscientes ou pas, dans tous les cas, penser se libérer seules, alors que d’autres femmes continuent de subir la domination masculine, est illusoire.

J’en ai rencontré, notamment engagées aux côtés des gays dans la lutte contre le sida, qui niaient leur double oppression de femmes et de lesbiennes. Elles en connaissaient un rayon en matière de prévention-sexualité gay, mais se satisfaisaient du manque de réciprocité et certaines ignoraient même l’essentiel de la prévention lesbienne ! Comment faire comprendre à une lesbienne que sans solidarité avec le groupe des femmes, tant que l’égalité réelle ne sera pas achevée, que le féminisme n’aura pas changé et réinventé la société. elle n’aura jamais que l’illusion de sa propre libération ? Vivre sous domination sous domination masculine l’entravera et la menacera toujours.

Les Trans. quant à eux, se sont à juste titre, plaints du manque d’intérêt et de solidarité des gays à leur égard, mais elles-eux non plus, ne se sont pas intéressés à la déconstruction du système patriarcal ; il est rare de croiser un ou une trans féministe.

Au début, n’étaient visibles que les transsexuelles hommes devenus femmes (M to F). Au contraire d’être féministes, la plupart adoptaient même les codes sociaux d’une représentation féminine parfaitement sexiste. Incompréhension des lesbiennes, forcément.

Puis ont émergé les transsexuels femmes devenues hommes (F to M), un peu plus conscientes du sexisme et des enjeux de l’égalité femmes-hommes, ayant été des femmes et souvent rejetées car ne se pliant pas aux stéréotypes de genre. Toutefois, une fois installées dans leur sexe de réassignation, la plupart des personnes trans. se fondent dans la masse pour une nouvelle vie et participent moins aux luttes féministes et LGBT.

Puis les personnes transgenres qui questionnent le genre mais ne veulent pas nécessairement s’engager dans les opérations de réassignation de genre, sont devenues visibles, aidées par le mouvement Queer qui, pensait-on, ouvrait une brèche vers plus d’imagination et de libertés.

Dommage, toutes ces différentes façons d’être trans n’ont pas non plus vraiment réussi à se comprendre entre elles. Elles s’accordent sans conteste sur la nécessité d’obtention de papiers d’identité conformes à son genre, en revanche, elles se déchirent, notamment sur la question de l’accompagnement médical et psychologique du parcours de réassignation de genre.

Pire encore, les revendications trans. sont maintenant instrumentalisées par les politiques : assimiler opportunément les questions de genres aux archi minoritaires droits des trans pour mieux freiner les droits des femmes et surtout ne pas avancer trop vite en matière d’égalité Femmes-Hommes, beaucoup de politiciens européens sont déjà rompus à l’exercice.

Les Trans-actvistes, en particulier dans les pays anglo-saxons, sont de plus en plus hostiles à l’égard des féministes. (Attaques conférence radfem pays anglo-saxons).

Peu à peu, le mouvement LGBT, plus à l’aise avec les questions trans. que féministes et lesbiennes, puisqu’elles ne les remettent pas vraiment en question, ont inscrit et priorisé les revendications Trans. à leur agenda.

Quant aux bi(s), elles et ils considèrent n’être que la dernière roue du carrosse, ce qui n’est pas faux, mais il faut bien reconnaître qu’il est assez difficile d’articuler des revendications bi, notamment en matière d’égalité réelle femmes-hommes ou d’égalité des droits LGBT. Quand on discrimine ou agresse une personne, c’est à cause de son orientation sexuelle réelle ou supposée et c’est la relation homosexuelle de la personne bisexuelle qui pose alors problème. La question de l’acceptation de la bisexualité est une intéressante question culturelle mais elle est difficile à traduire en termes politiques.

L’interprétation en France des théories Queer, a aussi joué un rôle. Les théories Queer permettent d’appréhender les questions de genre pour mieux déconstruire les normes et proposer des alternatives. Mais chez nous, elles ont souvent été utilisées pour diluer les luttes et masquer les véritables enjeux de pouvoir.

Ainsi, quand un homme blanc Queer décrète être une « lesbienne noire », parce que c’est ainsi qu’il lui plaît de se définir, c’est intéressant sur le plan théorique, mais seule la lesbienne noire subit vraiment une triple domination sociale et culturelle (femme, lesbienne et racisée) ; ce type de posture n’a aucun d’effet sur la vie quotidienne de l’immense majorité des gens et encore moins ne remet en question l’oppression des femmes.

C’est théoriquement excitant mais socialement inopérant, ça ne change strictement rien aux rapports sociaux de classe.

Les hommes (gays ou pas) qui adorent les Slutwalks et autres manifestations ou représentations « pro-sexe », les qualifient de « seul féminisme valable » ; ils ont raison, elles ne remettent nullement en question la domination masculine, bien au contraire, elles assignent les femmes à de nouveaux rôles tout aussi normés que les précédents mais imposés cette fois, par les performantes et omniprésentes, industries du sexe.

C’est un peu comme si le système patriarcal s’adaptait et engendrait de nouvelles générations d’adeptes au sein même des mouvements qui théoriquement pourraient le mettre en échec.

En effet, les groupuscules radicaux qui prospèrent à la marge du mouvement LGBT se prétendent subversifs mais en réalité, s’avèrent être de redoutables alliés du système patriarcal.

Ayant parfaitement intégré les codes de l’oppresseur, ils répandent des thèses néolibérales « post-féministes » et vont jusqu’à confisquer violemment la parole des féministes.

Complices des industries du sexe, pornographie et prostitution notamment, dont ils prétendent se réapproprier les scénarios, ils glorifient sans ciller la marchandisation et l’aliénation des êtres humains.

Rien n’est plus facile que d’instrumentaliser la libération sexuelle des femmes et « la liberté de disposer de son corps » est passée par la moulinette du libéralisme : à l’évidence, que des femmes s’affirment libérées par le porno ou la prostitution ne va rien changer à l’ordre établi, ni déstabiliser la domination masculine, bien au contraire !

L’influence de ceux que l’on appelle à tort « pro-sexe », « trans-activistes » en tête, s’est même révélée être l’une des menaces les plus virulentes à l’encontre de féministes ou de groupes féministes (Annulation conférence Rad-Fem, harcèlement de militantes, etc.).

Curieusement, ce sont les associations de santé communautaires, financées pour la lutte contre le sida, qui s’en font les meilleurs relais dans le mouvement LGBT.

Face à une telle adversité, nombre de lesbiennes politiques n’approchent pas ou ne font que traverser le mouvement mixte LGBT. Rares sont les militantes lesbiennes féministes qui travaillent dans le mouvement mixte, y occupent une position de « leadeuse », portent les revendications communes tout en s’affichant féministes et en challengeant le sexisme. A quelques exceptions près, elles sont vite isolées, harcelées, discréditées voire menacées et s’épuisent sans obtenir beaucoup de résultats.

Néanmoins, je comprends bien que des lesbiennes soient convaincues que dans une société mixte, il n’y a pas d’autre alternative que la mixité, ce fut mon cas pendant de longues années.

Je pensais que s’exclure dans la non-mixité, n’était pas efficace pour combattre la domination masculine. Aujourd’hui, je n’affirmerais plus rien de tel. L’effort à produire pour surnager et assurer un minimum de visibilité lesbienne et féministe au sein du mouvement LGBT est démesuré. Pour que cet investissement soit viable et productif, il faudrait conjuguer deux facteurs, le premier : plus de lesbiennes féministes investies en même temps et le deuxième: plus de gays concernés par l’abolition du patriarcat. Autant dire une belle utopie !

Dans tous les cas, je pense maintenant que la bonne stratégie consiste à leur demander de s’informer, de se former (les outils théoriques, les expériences et les expertes sont disponibles), de travailler et de faire leurs preuves, nous verrons ensuite.

En conclusion, je dirai que le mouvement LGBT a probablement eu tort de se focaliser exclusivement sur l’égalité des droits, étape certes indispensable, mais impuissante à changer la société en profondeur. Ce sont les LGBT qui vont s’adapter au système et pas l’inverse !

Admettons-le, le mouvement LGBT n’a de mixte que son sigle. Il se défend bien en matière d’égalité des droits, mais fait l’économie de l’essentiel : la lutte contre la domination masculine. Il ne suffit pas de dire : le sexisme engendre l’homophobie ou encore, le mépris du féminin est l’un des ressorts des LGBTphobies, voire même l’homophobie et la lesbophobie sont des manifestations de peur face à des alternatives qui ne sont pas prévues et sont vécues comme des menaces du système, encore faut-il en tirer les conséquences et s’engager dans la lutte contre les systèmes d’oppression, y compris à l’intérieur du mouvement.

Le mouvement LGBT qui a fortement contribué à l’évolution des mœurs en France, aurait les moyens de devenir un véritable mouvement de libération et d’émancipation. Il peut jouer un rôle majeur dans la lutte pour l’égalité Femmes/hommes, encore faudrait-il qu’il le veuille et s’en donne les moyens. Pour l’instant, il n’a même pas commencé, à l’inverse, il s’y oppose souvent.

Ses choix seront déterminants pour l’avenir et il ne pourra pas longtemps continuer de se cacher derrière son petit doigt.


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