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#25novembre beau bilan, mais merci qui ?

Bilan du #25novembre 2019 par une féministe universaliste

La banderole de tête du cortège nantais

En tant que féministe universaliste, j’ai ressenti le besoin de tirer un bilan de la mobilisation du 25 novembre,  Journée Internationale contre les violences faites aux femmes.

La libéralisation de la parole qui n’est certes pas exempte de dérapages, a eu le mérite de faciliter  une prise de conscience généralisée et l’expression d’un rejet massif des violences touchant les femmes. A Paris comme un peu partout en France, les cortèges furent imposants, on ne peut que s’en féliciter. 49 000 personnes à Paris, on n’avait pas vu ça depuis la grande manifestation féministe du 6 octobre 1979 pour la pérennisation de la loi Veil. Alors merci à celles qui ont parlé  publiquement, ce qui n’est jamais sans risque, et un immense bravo à toutes les femmes et hommes également, qui ont défilé les 23 et 25 novembre contre toutes les violences patriarcales. Il est en effet absurde de viser une égalité entre les femmes et les hommes tout en tolérant d’infernales violences à l’encontre des femmes.

Les femmes sont victimes de violences conjugales certes, mais aussi de harcèlement de rue, violences sexuelles, viols, agressions ; sans oublier les violences liées aux origines, religieuses et communautaires, telles que l’excision, le mariage forcé, le voilement… d’ailleurs souvent oubliées dans les différentes manifestations, un peu comme si les violences conjugales occultaient toutes les autres violences. Les enfants sont également victimes de terribles violences sexuelles, physiques et psychologiques. D’autres catégories de la populations subissent également des violences.

Le nombre de manifestant.es était considérable, c’est un succès incontestable, en revanche, le nombre n’est pas gage que de qualité. Dans les manifestations ont été relevé des comportements, pancartes, slogans que je qualifie de pitoyables et même anti-féministes. Même si une majorité de manifestant.es ne les partage pas, leur multiplication et visibilité grandissante posent un sérieux problème.

Ce n’est pas un secret, pour faire nombre, les organisatrices se revendiquant de #NousToutespour  ont recherché des compromis avec des tendances du mouvement des femmes et des groupes  éloignés des fondamentaux du féminisme. Les conséquences ne sont pas anodines et devraient alerter bien plus qu’elles ne le font. Mais il est vrai que nous sommes à une époque où s’opposer à une certaine doxa militante expose à une stigmatisation, voire de sévères représailles, ce qui musèle pas mal de monde.

  Dans le cortège parisien ont été relevé les faits suivants : 

  • des femmes dénonçant « la pratique esclavagiste de la GPA » ont été prises à partie, leur tracts déchirés et jetés à terre.  « NousToutes » ah bon ? ;
  • des slogans hostiles à l’abolition de la prostitution ont été massivement scandés (Ils révèlent que la loi n’est toujours pas comprise : accuser les abolitionnistes de tuer les personnes prostituées alors que ce sont toujours les clients ou les réseaux criminels qui les tuent est d’une absurdité sans nom, en outre, la loi a dépénalisé les personnes prostituées mais pénalise les clients qui alimentent la demande et entretiennent le trafic d’êtres humains.) ;
  • des slogans favorables au voile islamique ont été hurlés, comme si la soumission à des diktats religieux patriarcaux pouvait préserver les femmes des violences ;
  • des slogans accablant l’Etat français de pratiquer un « racisme d’état » et une « islamophobie d’état » ont été scandés (Pourtant, nous ne sommes pas aux USA, et s’il y a bien du racisme, d’ailleurs pas à sens unique, des lois contre le racisme s’appliquent et l’éducation nationale notamment, fait de la prévention contre le racisme. Il n’y a pas non plus « d’islamophobie d’état », en revanche, la critique des religions est libre ; le racisme anti-musulman existe (peu en réalité) mais il y a des lois contre ça. Il est donc faux de parler de « racisme d’état » et « d’islamophobie d’état » car l’Etat n’organise aucun racisme,  il les combat. Il est parfaitement stupide d’alimenter les stratégies de groupes victimaires indigénistes, ségrégationnistes et/ou islamistes. En revanche, je note que l’antisémitisme, en nette augmentation, ne semble pas bouleverser grand monde.)
  • des slogans anti-Macron (bien que ce gouvernement soit tout de même le premier à instaurer un Grenelle et à adopter des mesures conséquentes qui devront être évaluées et complétées en fonction des résultats) et contre le libéralisme (mais pour quelle alternative crédible et derrière qui, on cherche encore, d’autant plus que ce n’était pas vraiment le sujet du jour ! )
  • des performances douteuses émaillaient la manifestation, comme celle d’une fameuse Marie dont la vidéo où des hommes torse nu sont fouettés, a été vue en boucle sur les réseaux sociaux. Comment mieux dévaloriser les combats féministes pour une société sans domination ?
  • etc. 
slogan pro-voile :  quel lien en réalité entre le voilement des femmes (doctrine intégriste) et des femmes mortes sous les coups de leurs conjoints ; et qui tolère quoi au juste ? confusion totale
slogan pro-voile : les hommes qui parlent de voile sont ceux qui veulent inférioriser et invisibiliser les femmes dans l’espace public, les intégristes/radicaux ; et par quel biais tordu lier le viol et le voilement des femmes ? Le viol est un crime, il est puni par la loi. Totale confusion là encore ? En se croyant super intelligent.e
pancarte apologie du relativisme culturel : racialiste, pro-voile, en défense du système prostitueur ; en résumé absolument antinomique avec les fondamentaux du féminisme mais qui prétend que les femmes blanches ne le sont pas ; comment marcher sur la tête !

 

 

 

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Agression des femmes s’exprimant contre la GPA

A Toulouse, des féministes abolitionnistes ont été attaquées dans le cortège, elles ont été frappées et leurs pancartes jetées au sol. Un comble tout de même que des violences soient exercées à l’encontre de femmes dans une manifestation contre les violences faites aux femmes !

Agression à Toulouse des abolitionnistes

 

 

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A Nantes, j’ai défilé dans un cortège important d’environ 2 000 personnes, une belle mixité femmes-hommes, des associations, syndicats, groupes politiques, mais surtout énormément de jeunes. Fait remarquable, aucun blackbloc n’a pointé son nez (en tous cas masqué). Beaucoup d’énergie, de colère et de créativité. Mais comme ailleurs, des slogans pro-voile, contre la loi d’abolition qui pourtant protège comme jamais les personnes prostituées, des slogans relativistes mensongers contre le « racisme d’état «  et  l’ « islamophobie d’état ». Et cerise sur le gâteau, le slogan du cortège LGBT qui en a « marre de cette société qui ne respecte pas les Trans, les Putes et les PD ». Ça a le mérite d’être clair, les lesbiennes n’existent même plus, on leur a substitué « les putes » pour mieux défendre le système prostitueur,  et l’ultra-minorité Trans prend la tête pour nous expliquer ce que c’est que d’être une femme !

« abolos féministes saveur facho », c’est bien connu, les abolitionnistes sont des fachos, mais les macs, les réseaux et les clients des anges qui s’autorisent le sexe tarifé ou en vivent. Le niveau zéro de l’analyse.

 

comment lutter contre les violences sans même questionner les codes du sexisme ? non, nous ne somme pas des bombes sexuelles !

 

 

En résumé, une forte mobilisation certes, mais un cortège hétéroclite, et par endroits à des années lumières de s’intéresser vraiment aux violences faites aux femmes. Alors, s’il faut se réjouir de voir tant de monde dans la rue, il est impossible de ne pas s’inquiéter de ces dangereuses dérives, de toute cette bêtise aussi. Ces travers essentialistes, relativistes, intersectionnels, racialistes, communautaristes, religieux même, qui pervertissent tous les mouvements sociaux sont épouvantables. Celles et ceux qui les favorisent et endoctrinent les jeunes en les enfermant dans une confusion indescriptible sont sans aucun scrupule, au service d’eux-mêmes et de causes qui n’ont pas grand chose à voir avec la lutte contre les violences faites aux femmes, et encore moins avec le féminisme. Comme dans toutes les manifestations désormais, il est de plus en plus difficile de participer à une manifestation féministe  sans ressentir de malaise à la vue de tant de confusion.

Le 25 novembre, le gouvernement quant à lui, présentait les mesures retenues à la fin du Grenelle. Parmi les plus significatives : la levée du secret médical ; la suspension de l’autorité parentale des pères violents ; la suppression de l’obligation alimentaire des enfants envers leur père violent ; la prise en compte du suicide forcé dans le droit pénal ; le 3919  désormais accessible 24h/24h et 7j/7 jours; l’ouverture de 26 centres de suivi pour les coupables de violences conjugales  ; le recrutement de 80 intervenants sociaux supplémentaires dans les commissariats (un total de 330 en tout) ; l’adoption d’une grille unique d’évaluation du danger dans les commissariats ; une convention entre le 3919 et le ministère du logement pour faciliter l’accueil des victimes ; la création de 1 000 nouvelles solutions d’hébergement immédiatement ; 6 millions d’euros alloués au déploiement du bracelet anti-rapprochement ; un « conseil de vie » mis en place au collège et au lycée ; une formation «obligatoire» sur l’égalité entre les filles et les garçons pour les enseignants ; un module sur les violences conjugales pour le service national universel (SNU) ; un document unique de signalement pour les enfants exposés aux violences familiales pour le personnel enseignant ;  etc.

Il me semble raisonnable d’admettre que ce n’est pas rien, et dans tous les cas, c’est infiniment plus que ce que tous les gouvernements précédents avaient mis en oeuvre. Bien entendu, de telles mesures devront être évaluées à l’aune des résultats obtenus et corrigées, complétées si besoin. Le Haut Conseil à l’Egalité s’est félicité de l’adoption de ces mesures tout en rendant un Avis «Violences conjugales : pour une culture de la protection des femmes et des enfants ». Savoir reconnaitre des avancées, rester prudent et évaluer au bout de quelques temps les résultats d’une politique est une attitude constructive. En revanche, le collectif #NousToutes – mais est-il si représentatif des manifestant.es  des 23 et 25 novembre ? –  s’est immédiatement opposé au plan de mesures annoncé et un rassemblement fustigeant le gouvernement était organisé le soir même. A mon sens,  une manoeuvre partisane dont l’objectif est bien plus de critiquer le gouvernement que de travailler de manière constructive à endiguer les violences faites aux femmes. Rien de bien étonnant lorsque l’on sait que l’organisatrice de #NousToutes la plus en vue, a aussi défilé le 10 novembre dernier contre l’ » islamophobie d’état « aux côtés d’islamistes.

C’est aussi oublier que les violences faites aux femmes ne se limitent pas, loin s’en faut, aux violences conjugales et qu’il faudrait aussi se préoccuper des autres violences, opportunément poussées sous le tapis par certain.es. Quid de l’insécurité, du harcèlement, du viol et des violences sexuelles dans l’espace public, de la violence prostitutionnelle ? Quelles sont les politiques Genre et ville qui prennent toutes ces problématiques véritablement au sérieux et agissent concrètement ? Qui fait quoi contre les violences communautaires et religieuses ? Pas grand monde, tout juste si l’on ose en parler, de peur d’être accusé.es de racisme ou d’ « islamphobie ». En tous cas pas #NousToutes ! Seules Femmes Solidaires et le réseau  des  VigilantEs l’ont fait clairement, appelant à la Manifestation avec un communiqué sans ambiguïté : féminisme universaliste,  abolitionniste et contre le relativisme culturel, le racialisme et le communautarisme. Il y avait également un cortège abolitionniste dans la manifestation parisienne, bien leur a pris de se regrouper et d’être nombreuses.

Pour conclure, si je salue une mobilisation massive, je déplore les dérives idéologiques qui entachent le mouvement des femmes comme tous les mouvements sociaux. J’ai, après des décennies de marches lugubres et stériles le 25 novembre, enfin l’impression que le gouvernement a commencé à prendre la mesure du problème et que les mesures adoptées  permettront d’avancer. Je rappelle que les violences conjugales ne sont pas les seules violences faites aux femmes et que se focaliser sur elles-seules enfonce un peu plus toutes les femmes qui subissent d’autres formes de violences, et nous laisse toutes démunies face aux violences subies dans l’espace public et bien des lieux.

En définitive un bilan positif, mais que l’organisation de #NousToutes avec ses compromis douteux et son attitude partisane, ne doit certainement pas s’attribuer, à elle seule.

Christine Le Doaré

 

Marie dans le cortège parisien NousToutes : https://youtu.be/jq-Bj_WoUK0

CP des VigilantEs : https://vigilantes2015.wordpress.com/2019/11/09/ce-qui-divise-la-gauche-divise-aussi-le-mouvement-des-femmes/

CP de Femmes Solidaires : https://femmes-solidaires.org/25-novembre-stopfeminicide-stopimpunite/

CP du HCEfh : http://haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/cp_avis_hce_violences_grenelle_2019_11_25.pdf

Instrumentalisation de la sociologie au service de la domination

1000110_401464493297401_428725151_n La sociologie étudie et explique la dimension sociale des comportements et représentations humains. Les sociologues, parfois dans un jargon inabordable voire pédant, traduisent de façon savante, nos vies familiales, professionnelles, etc.
Je ne sais pas vous, mais j’ai noté que trop de sociologues, plutôt que d’étudier de manière factuelle et objective, les systèmes de relations, orientent leurs travaux dans le but d’influencer les politiques publiques.
En l’espace de deux semaines, j’ai relevé dans les médias, cette pratique qui implique au moins 4 sociologues.

Daniel Weizer Lang est un sociologue spécialisé dans l’étude du masculin ; il s’est longtemps présenté comme féministe. Il a démissionné du groupe de recherche sur les rapports sociaux de sexe, à l’Université Toulouse-Le Mirail (UTM) suite à de nombreux témoignages de ses étudiantes qui se plaignaient de harcèlement sexuel et moral. *1.
Il travaille depuis au Centre d’études des rationalités et des savoirs (Cers-CNRS) de l’UTM.

Quand DWL admet l’existence du système patriarcal, il ignore les responsabilités des individus masculins et s’intéresse surtout aux rapports hiérarchiques entre eux.
Dès lors il ne parle pas d’une classe bénéficiant des mêmes privilèges et complice de pratiques d’oppression contre les femmes, mais de différents groupes d’hommes hiérarchisés. Le refus de responsabiliser les agresseurs, de considérer que la violence est un moyen de contrôle social de classe, le conduira à signer en 2007, la pétition lancée par Éric Verdier « Manifeste citoyen pour les garçons, les hommes et les pères ».

DWL vient de publier aux éditions La Musardine un ouvrage intitulé « La putain et le sociologue ». Est-ce utile de le préciser, lui est LE sociologue, elle est LA putain.
Egotisme et fantasme masculin de domination, la littérature et pas seulement de hall de gare en est pleine, alors pourquoi pas la sociologie, me direz-vous ?
Sauf que les universitaires sont en situation d’exercer un pouvoir sur des générations d’étudiants et les rapports qu’ils produisent peuvent éclairer des politiques publiques.

Détaché comme devrait l’être tout bon sociologue, DWL ? Lisez plutôt, elle est « libre et heureuse » et leur double signature l’atteste.
Vous ne trouvez pas étrange vous, que ce soient toujours les prostituées, jamais les coiffeuses, institutrices, factrices ou dentistes qui sont absolument « libres et heureuses » ? D’ailleurs, pourquoi faire des études de sociologie alors que le bonheur, c’est de se prostituer ? J’allais oublier, pour les femmes seulement, bien entendu !
L’association « Putain » et sociologue est mise en scène pour donner à l’ouvrage, un caractère sulfureux ; nous sommes bien loin de la distance et rigueur nécessaires à toute étude sociologique. Résumons le propos de l’ouvrage : le couple hétérosexuel « à la vie, à la mort » ce serait fini ; l’avenir, c’est la « sexualité récréative » notamment dans la prostitution. Bien entendu, il s’agit de sexualité masculine : tant qu’il y aura des esclaves ! Quant à la sexualité des femmes, circulez, il n’y a rien à voir, à moins qu’elle ne se plie aux fantasmes masculins, échangisme, domination, etc.
Les hommes clients de prostituées effrayés par une loi qui n’est pas encore votée, se seraient déjà rabattus sur les clubs échangistes ou gays ! Euh… alors comme ça la loi de pénalisation des clients serait aussi responsable de favoriser l’homosexualité ?
« L’hétérosexualité est en train de se décomposer en une myriade de catégories, de pratiques sexuelles ». L’hétérosexualité se décompose donc, voyez-vous ça !
DWL ignore-t-il vraiment que les clubs échangistes, la multitude de pratiques sexuelles « humaines » (SM, bondage, urologie, zoologie et autres petites fantaisies) existent depuis fort longtemps et ce quelle que soit l’orientation sexuelle ?
Quatre ans pour ça ? ! Moi, je regrette d’avoir fait du droit, la sociologie, c’est autrement plus amusant ! Ne me dites tout de même pas que l’université a payé pour ça, si ? Non !
Pourtant, dans un article de la Dépêche du Midi intitulé « Les passes de luxe ont rendez-vous sur le net » daté du 15 avril 2014, cet ouvrage nous est présenté comme une référence ; le tapis rouge est déroulé pour le grand sociologue local !
Pourquoi ? Parce que le ton et le discours complaisants avec une sexualité masculine dominante plaisent : c’est facile, émoustillant ; les médias apprécient, c’est vendeur.

*1 Daniel Welzer-Lang, faux ami du féminisme : http://lagitation.free.fr/?article80

Lilian Mathieu chargé de recherche au CNRS, travaille sur la prostitution, le Sida, la double-peine et sort aux éditions Bourin éditeurs, « La fin du tapin », un titre nostalgique qui d’emblée nous conseille de sortir les mouchoirs pour consoler les pauvres clients de prostituées.

Cet ouvrage ne porte pas sur les personnes prostituées ni sur les clients, mais sur l’abolition vue par un sociologue dont la défense du système prostitueur est le sujet de prédilection, j’allais dire le gagne-pain.
A eux seuls, les titres des chapitres suintent le parti pris ; le ton est donné mais le sociologue connait son métier alors la méthode « scientifique » est plaquée sur le discours politique.
La distance et la neutralité nécessaires à tout travail sociologique manquent et l’étude est compromise.
Cet ouvrage est clairement un manifeste réglementariste. Jugez plutôt : La croisade contre la prostitution réglementée ; L’abolitionnisme, entre féminisme et puritanisme ; À l’assaut du réglementarisme ; Un usage émotionnel des chiffres ; Une production victimaire ; Le proxénète comme folk devil ; etc.

Lilian Mathieu avait publié sur Rue 89, le 8 octobre 2013 « Avec le PS, la préférence nationale commencera-t-elle par le tapin ? ».
Dans une période politique difficile, quand un sociologue ose, pour défendre le système prostitueur, associer PS et FN, pour moi ce n’est pas autre chose que du populisme. C’est ce que je lui avais déjà répondu dans Rue 89 *2
*2 : « Les femmes étrangères rêvent de devenir putes, c’est ça ? » http://www.rue89.com/2013/10/12/les-femmes-etrangeres-revent-devenir-putes-cest-ca-246484

Maurice Godelier a publié chez Flammarion «Métamorphoses de la Parenté».
Petite variante : lui, est anthropologue, c’est un peu plus complet ; il nous étudie sous tous nos aspects, à la fois physiques et culturels, l’unicité de l’Humain dans toutes les diversités culturelles et sa différence avec les sociétés animales.

Dans un article intitulé «Ne pas prêter à la famille des missions illusoires» publié dans Libération le 11 avril 2014, il déconstruit l’a priori selon lequel la parenté serait le fondement de la société et affirme « qu’il serait illusoire de croire que la famille pourrait restaurer la société ».
Je veux bien le croire, aussi, quand il dit que « dans une démocratie, si une minorité revendique des droits qui n’ôtent rien à ceux dont jouit la majorité de la population, tôt ou tard, ces droits lui seront accordés. Ce qui fut fait – en partie – par la promulgation de la loi sur le mariage pour tous. »

En revanche, quand il explique pourquoi il est favorable à la légalisation des « mères porteuses », il ne tient soudainement plus compte de l’exigence posée ci-dessus : « des droits qui n’ôtent rien à ceux dont jouit la majorité de la population ».
Pourtant, dans le cas de la GPA (Gestation pour Autrui), il ne s’agit pas d’un contrat de couple, ni même d’un simple don anonyme de sperme comme le plus souvent en matière de PMA (Procréation médicalement assistée), mais plutôt de la mobilisation, marchandisation ou pas, des femmes, et ce, parce qu’elles ont la faculté biologique de porter les enfants.
Que fait-il des droits des femmes ? Admettons que nous légiférions pour autoriser des mères porteuses qui ne seraient pas, en France, rémunérées, combien de femmes sacrifieraient plus d’an an de leur vie, juste par altruisme (imaginez tous les aléas afférents à une grossesse/un accouchement) ?
Faut-il l’encourager dans une perspective d’émancipation et d’égalité, faut-il à nouveau des femmes au foyer et en masse ?
La mise à disposition du corps des femmes, reproduction (GPA), sexualité (prostitution) a la vie dure et ce ne sont décidément pas nos intellectuels qui vont y renoncer et encore moins la dénoncer.
Pas un instant la journaliste de Libération ne challenge le « sachant » ; il parle, c’est comme ça et c’est tout.

Irène Théry, Directrice d’études à l’EHESS, est co-auteure du rapport «Filiation, origines, parentalité».
Dans une tribune du 10 avril 2014, elle défend l’engendrement avec des tiers donneurs.
A juste titre, elle conteste l’accusation faite aux couples lesbiens de « vouloir mentir aux enfants sur leur mode de conception, alors que ce sont les seuls couples qui ne sont jamais tentés de le faire », en revanche, «le mensonge est organisé depuis le début en matière de PMA (Procréation médicalement assistée) par la médecine et le droit, les parents hétérosexuels ont tout fait pour faire passer le mari stérile pour le géniteur. ».
Elle parle d’homophobie et de climat social dégradé. Elle n’a pas tort, tout ceci est vérifiable, mais elle aurait pu s’arrêter là, plutôt que de se laisser emporter dans un élan qui n’a plus grand-chose à voir avec le travail d’une sociologue, et aborder la question de la GPA « ne parlons pas de la GPA, c’est le diable en personne ».
A mon avis la GPA qui assure, aux hommes hétérosexuels comme homosexuels, une descendance, (transmettre gènes et patrimoines est indispensable à la survie du patriarcat), n’est pas aussi gênante que la PMA qui donne aux femmes la possibilité de se reproduire en dehors des relations hétérosexuelles. Il faut voir comme le système GPA est organisé et prolifère aux USA et ailleurs.
La question de l’appropriation du corps des femmes et de leur faculté biologique reproductrice, ne perturbe pas grand monde, hormis les féministes.
Alors, ouvrir la PMA aux couples de lesbiennes est l’objet de la tribune, mais une fois de plus, Mme Théry n’a pas pu s’empêcher de placer la GPA et faire allégeance au système patriarcal.
Pourtant, parler de tiers donneur pour la GPA c’est rudement osé quand on y pense. Comme si ces deux moyens reproductifs pouvaient être mis sur le même plan !

Le STRASS, groupuscule de défense du système prostitueur qui se présente comme syndicat de défense des personnes prostituées – on aimerait bien connaître la représentativité du dit syndicat *3 -, est quant à lui traité à hauteur de sociologue.
Un article publié encore dans Libération le 14 avril 2014, s’intitule « Le Strass dénonce une augmentation des agressions de prostituées », comme s’il s’agissait d’une entité ayant autorité sur la question.
Le STRASS défend les personnes prostituées mais nombreuses sont ces dernières qui attendent la loi d’abolition et ses alternatives sociales et reprochent au groupe de défendre une libéralisation au profit du système prostitueur qui, comme en Allemagne, n’a pas aidé les prostituéEs mais plutôt a enrichi les proxénètes et développé la criminalité.
Dans cette dépêche AFP reprise sans le moindre esprit critique, le STRASS annonce que la « discussion sur la pénalisation des clients » aurait à elle seule, précarisé et marginalisé les prostituées. Crédible ? Allons donc !
Comme si la prostitution ne résultait pas le plus souvent de la précarité de populations fragilisées ; comme si les clients et les proxénètes ne constituaient pas un danger permanent, sans même parler des violences sexuelles intrinsèques aux actes prostitutionnels pratiqués contre de l’argent ?
Des proxénètes et des client exploitent, agressent, violent, tuent des personnes prostituées, pas les programmes de réinsertion du modèle suédois !
Oui les violences, agressions et meurtres contre les personnes prostituées sont en augmentation, raison de plus pour agir rapidement et mettre en œuvre toute la loi d’abolition afin que les prostituéEs bénéficient du statut de victime, dénoncent leurs agresseurs et sortent d’un système de violences, comme la plupart le souhaite.
Le Parlement Européen, le Conseil de l’Europe votent à une écrasante majorité des rapports et recommandations pour pénaliser sans tarder les clients prostitueurs, mais les médias français n’en parlent pas et continuent de pleurnicher sur le sort des clients, donnant la parole à un groupe qui ne représente qu’une poignée d’escortes et d’activistes politiques non représentatifs.
Sa porte-parole vient d’écrire un article intitulé « putes, corps désirants et émancipations » 4*, laborieuse tentative d’inversion des responsabilités où les industries du sexe ne sont plus des industries ultra-capitalistes qui s’en mettent plein les poches sur le dos de femmes exploitées, où ni proxénètes ni clients ne sont jamais critiqués, mais où les féministes abolitionnistes deviennent des libérales « des franges répressives » qui mettent en danger les personnes prostituées.
Ce texte hallucinant qui explore le concept d’épanouissement sexuel islamophobe devrait éclairer toute personne qui accordait jusqu’alors le moindre crédit à ce groupe.

*3 Anatomie d’un lobby pro-prostitution, étude de cas, le STRASS en France : http://sousleparapluierouge.wordpress.com/2013/03/26/anatomie-dun-lobby-pro-prostitution-etude-de-cas-le-strass-en-france/

 

*4 : STRASS, Morgane Merteuil : inversions et manipulations https://christineld75.wordpress.com/2014/04/08/strass-morgane-merteuil-inversions-et-manipulations/

Je me demande dans quel autre pays occidental, autant de sociologues sont si ouvertement au service de la domination masculine, en particulier sur la question de la prostitution, mais aussi de la GPA.
En France, c’est à eux que les médias déroulent le tapis rouge à longueur de colonnes et c’est tellement flagrant que ça en devient gênant.
Médias qui ne relativisent ni questionnent jamais les allégations du STRASS, ce qui nuit sans conteste, à leur crédibilité.
D’autres matériaux, études, ouvrages ; d’autres experts, associations, auteurEs, informéEs, pertinentEs, intègres, sont disponibles ; ainsi les ostraciser est proprement scandaleux.

Christine Le Doaré

Encore un 8 mars et des questions qui fâchent

1800340_10152224068699743_987557899_nQu’il semble loin le jour où les femmes n’auront plus besoin d’une journée internationale, non pas pour leur offrir une rose comme le font toujours certains, mais pour rappeler qu’elles subissent d’insoutenables discriminations et violences, que l’égalité est loin d’être achevée.

Quand sera-t-il enfin possible de se passer de cette journée ? C’est la question qui fâche. Ce n’est pas la seule, une journée internationale pour revendiquer des droits et des libertés, oui mais lesquels et avec qui ?

D’année en année, nous nous retrouvons dans des manifestations, pas très nombreusEs et depuis quelques années, nous sommes confrontéEs à des incidents parfois violents avec des groupuscules post-modernes qui se qualifient de »pro-sexe », ce qui a pour effet de dissuader de plus en plus de féministes de participer.

Pourtant, encore et toujours nous nous devons de porter les mêmes revendications, jamais ou partiellement satisfaites : des centres d’IVG dans tous les hôpitaux, la PMA pour toutes les femmes, une loi-cadre contre les violences faites aux femmes, la revalorisation des métiers et des salaires dans les professions féminisées, le droit d’asile pour les femmes persécutées pour sexisme et/ou lesbophobie, etc.
Nous sommes souvent déçuEs, dernièrement par François Hollande qui a refusé de faire une place à Olympe de Gouges au Panthéon ; républicaine trahie par le sexisme des institutions dont elle défendait les valeurs.

Dans un contexte social pour le moins crispé, entre crise économique tenace et délires paranoïaques d’une « manifpourtous » surchauffée, le gouvernement Hollande ne s’illustre hélas pas, par une détermination sans faille à appliquer une politique de gauche ; il ne tient même pas toutes ses promesses de campagne. La réforme sur les retraites est particulièrement préjudiciable aux femmes, en allongeant les cotisations à 43 ans, elle augmente le nombre de femmes partant avec des pensions minorées.

La droite nous rebat les oreilles avec la question du genre, mise à toutes les sauces ; pourtant la question du genre est simple, comme l’a écrit Isabelle Alonso : « Le sexe c’est une fille, un garçon. Le genre c’est une princesse, un héros. ».
Surtout, il me semble que le plus urgent en matière de sexe (biologique) et genre (construction sociale) est de se recentrer sur les stéréotypes à déconstruire pour parvenir à l’égalité femmes-hommes et abolir les privilèges patriarcaux.
Les études de genre peuvent aussi être instrumentalisées et des théories post-modernes pour le moins confuses composent avec la domination masculine et divisent le mouvement féministe.
C’est ce que dit très bien la spécialiste féministe en Sciences Politiques Sheila Jeffreys dans Unpacking Queer Politics : « I am no fan of the word ‘gender’, and would prefer to abolish it in favour of expressions which refer directly to the political foundation of male domination. Thus I prefer to describe masculinity as ‘male-dominant behaviour’ and femininity as ‘female-subordinate behavior’. No multiplicity of genders can emerge from this perspective. »

Malgré tout, grâce au ministère des Droits des Femmes et à sa ministre Najat Vallaud-Belkacem qui ne sont pas restés les bras croisés, des revendications féministes ont été satisfaites depuis le dernier 8 mars.
Je retiens notamment la suppression du concept d’état de détresse, de la loi sur l’IVG ; les ABCD de l’Egalité ; le renforcement de la loi sur le recouvrement des pensions alimentaires impayées ; la ratification de la convention d’Istanbul contre les violences faites aux femmes par la France, et surtout le vote par l’Assemblée Nationale de l’abolition de la prostitution : abrogation du délit de racolage mais pénalisation des clients. Des féministes et pro-féministes abolitionnistes, les associations du Collectif Abolition 2012 *1 s’étaient fortement mobiliséEs malgré de virulentes attaques du lobby prostitueur et des médias complaisants envers le système prostitueur, indifférents à la précarité et/ou vulnérabilité des personnes prostituées, préférant offrir d’interminables tribunes pleurnicheuses aux clients.
Avec le vote, à une très large majorité, d’une résolution abolitionniste au Parlement Européen, le 26 février 2014 (Pénalisation des clients et soutien aux victimes), c’est une véritable lame de fond, une prise de conscience générale que la servitude sexuelle prostitutionnelle n’a plus lieu d’être car c’est une violation des Droits Humains qui entrave toute émancipation des femme en tant que groupe et tout projet d’Egalité femme-hommes. Voir le Rapport Honeyball *2.
Il faut maintenant que la France concrétise cette avancée avec le vote de la loi par le Sénat.

Des progrès indéniables mais une liste de revendications toujours en souffrance ; je ne parlerai que de la nécessité de lutter efficacement contre le viol et les violences sexuelles. Environ 75.000 femmes seraient victimes de viol chaque année, c’est considérable, pourtant seulement 11 000 d’entre eux sont déclarés. Désormais les effets d’un viol, telle l’amnésie post-traumatique, sont mieux connus : ils empêchent longtemps les femmes de parler. Le délai de prescription est de 10 ans pour les viols et de 3 ans pour les agressions sexuelles, il est temps de le modifier.

Il nous faut rester mobiliséEs et défiler encore ce 8 mars. L’idéal serait que face à une droite et extrême droite agressives, toujours prêtes à s’attaquer aux droits des femmes et des LGBT, également une gauche qu’il faut rappeler à l’ordre, nous nous retrouvions toutes et tous sur des revendications féministes unitaires et universalistes.
Mais ce n’est pas le cas et il me semble dangereux d’ignorer les risques que font courir au mouvement féministe, les groupuscules de la nébuleuse « Pro-sexe » post-moderne qui se sont dernièrement illustrés par des actes de violence à l’encontre de féministes et pro-féministes dans différents cortèges comme à Toulouse contre Zéromacho. Il s’agit notamment du Collectif « 8marspourtoutes» *3 (émanation du STRASS *4, d’Act-Up, et de groupuscules de TPDG (Trans-activistes…) extrêmes, etc.).
Voir le texte *5 « 8marspourtoutes » ou l’oubli d’un énorme détail de l’histoire.

La plaie de cette idéologie post-moderne, néo-libérale, si mal nommée « Pro-sexe », portée par certains groupes et même partis politiques avec la bénédiction d’intellectuels qui pour certains, en vivent, c’est surtout le relativisme culturel qui l’imprègne.
Mettre en avant et sur-médiatiser quelques femmes prostituées, présentées comme « libres et heureuses » ou encore quelques femmes voilées « de leur plein gré », auxquelles on donne les moyens de s’exprimer au nom de toutes les autres, c’est aussi condamner ces dernières, étrangères, émigrées, racisées, fragilisées, à devoir suivre les mêmes voies pour s’émanciper.
Des femmes seraient prédisposées à se soumettre parce que la culture et les traditions de leur pays d’origine pensent que c’est bon pour elles ?
Ce qui révulserait n’importe quelle femme serait salutaire pour des femmes douées d’une aptitude secrète à subir pour survivre, des actes sexuels non désirés ?

Encourager des porte-paroles tant qu’elles ne prennent pas conscience de leur oppression, ne cherchent pas à sortir de leur condition et encore moins à dénoncer ce que sont vraiment leurs vies, ne serait-ce pas tout bonnement du paternalisme ?

Des femmes voilées pour marquer leur soumission à Dieu et/ou aux hommes mais, le voile a-t-il vraiment à voir avec l’identité arabe et la religion musulmane ou sert-il les intégristes et leur obscurantisme ?
Qui a intérêt à vilipender la laïcité, à inciter au relativisme culturel qui pèse surtout sur les femmes ?

Qui a intérêt à ce que le proxénétisme soit perçu comme une industrie comme une autre et les prostituéEs considérées comme des produits à choisir dans la rue ou sur Internet ?
Qui a intérêt à gommer la réalité des violences du système prostiteur ? Comme l’a rappelé Rachel Moran, militante féministe abolitionniste, survivante de la prostitution, récemment sur Twitter : « 1 prostituée assassinée sous le modèle Nordique, 127 sous la législation hollandaise, le tribut de la mort parle pour lui-même ! ».

Comment croire que la prostitution comme le relativisme culturel ne sont pas des valeurs de domination et d’exploitation chères aux systèmes patriarcal et libéral ?

Le mouvement féministe ne peut ignorer le désastre du post-modernisme individualiste et néo-libéral sous peine de se perdre et de renoncer à ses valeurs fondatrices.
Le Mouvement féministe et les milieux universitaires de recherche sur le genre, sont infiltrés et récupérés par des post-modernes queers « pro-sexe » réglementaristes de la prostitution. Sous couvert de défense des libertés et choix individuels, ils décident de ce qui est « féministe « ou pas et vantent les vertus de la libération sexuelle par la prostitution et la pornographie, le SM, des pratiques sexuelles performatrices et extrêmes, empreintes de violences contre les femmes.
Pendant qu’ils s’emploient à détourner les militantEs des luttes prioritaires, les femmes continuent d’être confrontées aux violences infinies du patriarcat.

Comme le dit si bien Sheila Jeffreys dans La théorie « queer » et la violence contre les femmes : « Le libéralisme et ses aspects les plus à la mode dans le postmodernisme et la théorie queer sont parvenus à occulter la présence d’un oppresseur. Toutes les pratiques violentes sont perçues comme des choix faits par des utilisateurs consentants, voire comme politiquement progressistes et transgressives. »
C’est ce que dit aussi Gail Dines: “Feminism as a movement never was about individual « choice » but about changing the economic, social and political structures that oppress women.

Ces mouvances font aussi de l’entrisme dans les partis, associations, syndicats et différents groupes de populations défavorisées et rejetées par la société.
Mais peu à peu, des voix comme celles du Collectif pour les Droits des Femmes de Toulouse « Sont-ils nos alliés ? » *7 et de l’AVFT « Un bal masqué bien orchestré » *8 s’élèvent enfin contre cette idéologie et ceux qui la défendent pour dénoncer des interventions et prises de parole violentes dans des réunions, conférence, des attaques dans des manifestations.
La dernière en date, de l’association ZEROMACHO par le STRASS et GRISELIS, à Toulouse, n’est pas passée inaperçue, pourtant peu nombreuses furent les réactions dans les associations féministes, ce qui autorise sur Twitter la porte-parole du STRASS à justifier une telle action car « ZEROMACHO n’avait rien à faire dans cette manifestation pour l’IVG » !.
Il est temps de réagir parce qu’au point où ils en sont, il ne faudra pas être surpris s’ils tentent d’exclure les féministes de leurs propres manifestations !
Il faut remettre en lumière l’universalisme d’un féminisme laïc et abolitionniste de la prostitution, un féminisme au service de l’émancipation des femmes.

Cette année, pour le 8 mars, un collectif localisé dans le 93 propose une contre-manifestation, dans un amalgame que l’on peut qualifier de populiste il entend « prendre la défense des femmes ouvrières et prolétaires exploitées et sans papiers dans les quartiers, aussi des femmes qui portent un voile, aussi des LGBT… », car « les féministes institutionnelles et bourgeoises nient les réalités sociales… ».
Pourtant, chaque année je vais à la manifestation du 8 mars, le cortège regroupe des femmes de toutes conditions sociales, opinions et engagements politiques, des associations lesbiennes et soutiens LGBT. Ces revendications ne sont pas oubliées et les femmes ont toutes des intérêts en commun même si bien sûr, les oppressions de classe et le racisme traversent leurs mouvements comme l’ensemble de la société, mais les discriminations et violences spécifiques qui touchent la moitié de la population du globe constituent bien un socle commun de luttes féministes.
Alors, pourquoi diviser le mouvement, à qui cela peut-il servir, sûrement pas aux femmes !

Si ce sont bien les pouvoirs publics que nous responsabilisons pour les retards et blocages relatifs aux droits des femmes, ne négligeons pas les dégâts occasionnés par la nébuleuse post-moderne aux méthodes douteuses, à moins de vouloir les laisser réquisitionner nos luttes et nous dire en quoi consiste l’émancipation des femmes.
Dans tous les cas, je doute que leurs théories directement influencées par les industries patriarcales et libérales du sexe ne nous mènent jamais à une société de progrès et de libération ni pour les femmes, ni pour les hommes.

La manifestation féministe unitaire appelée par le CNDF et de nombreuses associations signataires partira le samedi 8 mars à 14H30 de Bastille

Christine Le Doaré

*1 Collectif Abolition 2012 :
http://www.abolition2012.fr/

*2 Rapport Honeyball :
http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-%2F%2FEP%2F%2FTEXT+REPORT+A7-2014-0071+0+DOC+XML+V0%2F%2FFR

*3 Collectif « 8marspourtoutes »

*4 STRASS : Syndicat des travailleurs du sexe

*5 « 8marspourtoutes » ou l’oubli d’un énorme détail de l’histoire :

« 8marspourtoutes » ou l’oubli d’un énorme détail de l’histoire féministe

*7 Toulouse : Sont-Ils nos alliés ?

Sont-Ils nos alliés ?


« Des groupuscules réglementaristes s’invitent et parasitent nos réunions, profitent de nos rassemblements et de nos manifestations pour détourner nos mots d’ordre et promouvoir l’ordre libéral et la marchandisation du corps des femmes….Ces groupes interviennent de manière violente, parfois masquée, dans nos manifestations, arrachant les banderoles et proférant des slogans sans lien avec la lutte menée …Ces pseudo-révolutionnaires ne sont en fait que les laquais de l’économie de marché où tout se vend, tout s’achète, y compris le corps des êtres humains….Ces groupes réglementaristes sont misogynes, ils n’ont rien à faire dans nos réunions et nos rassemblements, sinon nous diviser. »

*8 L’AVFT : Un bal masqué bien orchestré
http://www.avft.org/article.php?id_article=739
« LA CROISADE DES REGLEMENTARISTES
…En effet, les promoteurs d’une « prostitution choisie » ont tactiquement trouvé un nouveau cheval de bataille pour diffuser leur idéologie. Le STRASS ne se présente plus uniquement comme un « syndicat » militant pour les droits de celles et ceux qui « font le choix se prostituer », pour reprendre leur terminologie. Le groupe de pression intègre désormais n’importe quelles mobilisations à caractère social, contestataire ou féministe. En d’autres termes, cela s’appelle de l’entrisme. Dans cette même mouvance, le Strass soutient pêle-mêle, les salariées de Lejaby, les femmes sans papiers, les assistantes maternelles, les femmes en lutte en Grèce etc. Un grand gloubiboulga destiné à nous enfumer. Ce fourre-tout à un nom : « le féminisme non-excluant ».
Et voici donc le Syndicat du Travail Sexuel embarqué dans une croisade pour le droit à l’avortement en Europe ! La manipulation idéologique est grossière et fonctionne, alors qu’elle procède d’un pur sophisme. On la comprend encore mieux lorsqu’on lit ce slogan sur un des panneaux du rassemblement place d’Italie : « mon vagin, mon choix, ta gueule ». Faire comme si la liberté d’acheter des femmes à des fins sexuelles était le même combat que la liberté d’avorter. Faire comme si aliéner son corps était la même chose que de réclamer la liberté d’en jouir…. Le groupe de pression cherche désormais à paraître plus présentable à force de faire de l’entrisme aux côtés des militant-es féministes dont certaines n’y voient que du feu ou bien épousent ses thèses. Il en tire un bénéfice et une couverture médiatique non négligeable. … »

*6 « La postmodernité proxénète » par Sylviane Dahan publié dans Action féministe 26 -N Traduit du castillan par Martin Dufresne et l’auteure, Sylviane Dahan
https://www.facebook.com/notes/martin-dufresne/la-postmodernit%C3%A9-prox%C3%A9n%C3%A8te/10153922640475595


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