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Je suis féministe, je suis Charlie

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7 janvier 2015, 11h30, la rédaction de Charlie Hebdo est victime d’un attentat terroriste ; deux jours plus tard, des juifs sont exécutés dans un commerce cascher.

C’est probablement la première fois en France, que des fondamentalistes exécutent méthodiquement, implacablement, leurs cibles : « Vous allez payer parce que vous avez insulté le prophète » lâchent-ils en partant de Charlie Hebdo, pour justifier leur effroyable carnage.

S’en suit une mobilisation sans précédent depuis la libération de Paris, soutenue un peu partout dans le monde libre.

 

Engagée, laïque, anticléricale, antiraciste, antifasciste, la féroce satyre de Charlie Hebdo visait les pouvoirs économiques, politiques et religieux, la gauche, la droite, le FN souvent, etc.

Les tueurs, fondamentalistes islamistes qui ne tolèrent pas la désacralisation, ont voulu réduire au silence des libres-penseurs anticléricaux.

Leurs cibles étaient menacées depuis longtemps, mais qui pouvait imaginer que la lutte serait à ce point inégale : des dessins et des mots, des parisiens qui font leur course et des policiers en service, contre des tueurs lourdement armés ?

La critique, la liberté d’expression, la vie tout simplement, fusillées. Cette liberté, ces modes de vie, ce sont les nôtres, ceux du peuple français, des européens aussi, et c’est même universel, c’est notre ADN commun.

 

Curieusement pourtant, des voix se sont élevées pour dire « Je ne suis pas Charlie… », de féministes aussi, se dissociant de l’unanime élan de solidarité nationale, et allant jusqu’à prétendre que Charlie Hebdo était sexiste, raciste et « islamophobe ».

Diffamation caractérisée : Charlie Hebdo n’a jamais été ni raciste, ni « islamophobe » *1, au contraire, il luttait, à sa façon, contre les idéologies haineuses. Mais je reconnais bien là, la grossière manipulation rhétorique de certains « islamo-gauchistes ». Le relativisme façon « Indigènes de la République » *2 est une insulte à la démocratie ; il a malheureusement imprégné jusqu’aux politiques publiques instaurées par la gauche, accordant notamment aux « grands-frères » des citées, un rôle plus que contestable.

« JeSuisCharlie » n’a jamais voulu dire : je valide tout le contenu de Charlie Hebdo, mais je suis pour la liberté de la presse, la critique des religions et leur caricature.

Justifier l’acte sans nom des assassins de Charlie Hebdo, quand on vit dans un pays démocratique, c’est un luxe de lâches.

 

Quant à être sexiste, Charlie Hebdo, parfois oui, souvent non.

Le système patriarcal infantilise les femmes, entrave leur autonomie, contrôle leur sexualité et leur interdise de disposer d’elles-mêmes comme elles l’entendent.

Alors, Charlie, ni personne, n’est jamais assez féministe, mais l’engagement de Charlie Hebdo contre l’exploitation des femmes et le sexisme des religions en a toujours fait un allié incontestable des féministes.

N’oublions pas les éditos et textes féministes publiés dans le magazine, et les dessins, notamment celui de Charb en réponse aux 343 salauds !

Rappelons-nous les unes sur l’avortement, la fête des mères « Vive la pilule », la GPA (un couple et une esclave) !

Nous savons notamment Charb et Gérard Biar rédacteur en chef, pro-féministes et abolitionnistes de la prostitution.

 

Tuer des membres de l’équipe de Charlie Hebdo pour imposer son point de vue, est un aboutissement des plus pervers du machisme.

Les terroristes sont des ultra-machistes, sont ce que les sociétés patriarcales produisent de pire.

C’est donc bien aussi, en tant que féministe, que je pleure les courageux humoristes irrévérencieux qui, bien que lourdement menacés, ont jusqu’au bout tenu à remplir leur mission d’aiguillon des consciences.

 

Voir autant de gens soudés pour défendre nos libertés fondamentales et résister au terrorisme, m’a aidée comme beaucoup, à endurer ce cauchemar. Bien sûr il y a des personnes racistes en France, le succès du Front National est là pour nous le rappeler, mais au cœur de ces heures oppressantes, nous n’avons déploré qu’à la marge, amalgames et actes de violence envers des musulmans ou supposé.e.s être musulmans car les français le savent, les musulmans sont aussi des cibles du terrorisme.

Dans l’adversité, l’exécutif a bien réagi et cette fois, j’ai trouvé François Hollande à la hauteur de l’évènement, rassembleur, responsable, rappelant que « Ceux qui ont commis ces actes, ces fanatiques, ces illuminés n’ont rien à voir avec la religion musulmane. », n’éludant pas la volonté délibérée des terroristes, de commettre « un acte antisémite » Porte de Vincennes et appelant « tous les Français à se lever dimanche, ensemble, pour porter ces valeurs de démocratie, de liberté de pluralisme ».

 

Il y a un temps pour tout. Tous les prétextes pour affaiblir la mobilisation étaient autant de cadeaux faits aux terroristes. Dimanche, le peuple rassemblé a adressé unanime, un message aux groupes terroristes : le délit de blasphème n’existe pas, l’Islam, radical ou pas, comme toutes les religions, peut et doit être critiqué, non au terrorisme !

Nous devons maintenant interroger : les responsabilités de l’état sur l’échec de l’intégration de populations, aux valeurs « républicaines » ; le manque de perspicacité de nos gouvernements pour lutter contre les dérives intégristes et le terrorisme ; les failles de la protection des personnes fortement menacées ; l’importance des liens entre le grand banditisme et le terrorisme ; le manque de surveillance des personnes identifiées dangereuses et l’ampleur du groupe « des buttes Chaumont » ; le rôle des imams qui endoctrinent et recrutent pour les filières djihadistes ; etc. tout cela doit nous interpeller et être traité par les autorités.

 

Il nous faut aussi refuser les poncifs et faux-fuyants qui ne nous aideront pas à régler les problèmes. Il n’y aurait pas de problème avec l’Islam ? Bien sûr que si ! Comme il y en a avec toutes les religions qui toutes sans exception, ont un versant doux et éclairé et un versant beaucoup plus sectaire, totalitaire, allant jusqu’à l’intégrisme (Manifpourtous et désobéissance civile avec le refus de marier des couples homosexuels, Frères musulmans, etc.). Toutes les religions sont préjudiciables aux femmes, à leur autonomie et liberté, aux gays et aux lesbiennes aussi, et la religion musulmane n’est pas en reste.

Les religions chrétiennes sont en perte de vitesse, mais les religions musulmane et juive rencontrent un regain d’intérêt, se radicalisent et sont de plus en plus visibles dans l’espace public, à un point tel que nombre d’athées étouffent sous tant de religiosité ostentatoire. L’islam politique a sous emprise des familles, des quartiers, au point que la pratique religieuse se généralise, devient radicale, et interdit à ceux qui le souhaiteraient de se déclarer athé.e.s. Les enseignants qui témoignent de la journée de deuil national du 8 janvier font état de réactions d’enfants imperméables à l’humour, figés dans une foi aveugle, intransigeante : « Ils l’ont bien mérité : Ils n’avaient pas à insulter notre Prophète ». Des macho-barbus imposent souvent des règles qu’ils décrètent coraniques et dont les principales victimes sont les femmes et les enfants. Il n’y a pas que l’islamisme versions Hamas, Hezbollah ou Etat Islamique qui soient  critiquables, trop rares sont les musulmans qui effectuent un travail critique sur les textes et pratiques religieuses, et dénoncent notamment, une lecture datée, particulièrement sexiste des textes. Les tenants d’un « politiquement correct » n’ont eu de cesse de culpabiliser ceux qui s’interrogeaient sur le développement du communautarisme et de l’islam politique.

 

Pour continuer de vivre ensemble, de partager l’espace public, la République devrait procéder à des rappels, aussi souvent et fortement que nécessaires, à la laïcité. Elle devrait aussi relever les confusions, l’origine et la religion sont deux réalités bien différentes, c’est le premier amalgame qu’il faut cesser de faire : le racisme existe, l’ »islamophobie » non. Elle devrait réaffirmer que religions ne sont en rien opprimées en France, en revanche, elles oppriment toujours les femmes et c’est un problème dans une République qui vise l’égalité entre les femmes et les hommes, inutile de se le cacher.

 

Parce que je suis féministe, forcément, JeSuisCharlie et le resterai

Christine Le Doaré

 

*1 Le mot « islamophobe » a une histoire, il a été inventé par les islamistes dans le but d’interdire toute critique de l’islam radical.  Il s’agit d’une atteinte au droit fondamental à exercer la liberté d’expression. Les religions ne sont que des croyances qui doivent pouvoir être critiquées.  En utilisant ce mot, nous donnons du pouvoir aux islamistes pour réduire au silence leurs peuples d’abord et puis tous ceux qu’ils considèrent être des mécréants. Cessons d’être complices, de mélanger origine, religion et pouvoir.  Le racisme existe, l’antisémitisme a une histoire, mais les religions elles, ne sont jamais à l’origine de phobie ; il y a les indifférents, les adeptes et ceux qui les combattent, le plus souvent pour d’excellentes raisons et c’est très différent.  Une certaine gauche, certains intellectuels, les Indigènes de la République et leurs amis n’ont que ce mot à la bouche, il faut l’oublier.

http://sisyphe.org/spip.php?article2282

 

*2 Quand un collectif de 20 intellectuels, aux côtés des Indigènes de la République, condamnait Charlie Hebdo.

http://Imsi.net/Pour-la-defense-de-la-liberte-d

 

http://wwwgaucherrepublicaine.org//…/2,article,907..

 

 

 

Libération sexuelle et liberté de disposer de son corps

600269_10151496884167948_298307319_nLiberté, quelle liberté, où en sont les femmes ?

Entre timides battues en brèche, violents retours de bâtons, le système patriarcal contre lequel nous sommes mobilisé-e-s, détient probablement le record de longévité des systèmes d’oppression. Il sévit dans tous les domaines mais affectionne particulièrement l’intime et la sexualité.

Je me suis souvent demandé comment s’étaient débrouillés les hommes pour que le mouvement de libération sexuelle des années 60/70, leur profite autant ? Il n’est pas question de le nier, les droits et libertés des femmes ont progressé à partir des années 60, mais nombreuses sont celles qui ont fini par l’admettre : la libération des mœurs sans égalité réelle femmes-hommes jetait comme une ombre au tableau. Les femmes se devaient surtout d’être en permanence disponibles et enthousiastes, sous peine d’être considérées comme de mauvaises coucheuses. Alors, libération sexuelle oui, mais dans les limites imposées par la domination masculine.

Après plus de 40 ans la situation a certes évolué mais je ne suis pas certaine que dans leur majorité, les femmes s’en sortent vraiment mieux. Le patriarcat n’en finit pas de s’éterniser, les femmes n’ont toujours pas gagné l’égalité, encore moins leur liberté. Un peu partout, les droits reproductifs dont l’avortement sont menacés, limités ; des millions de femmes sont toujours enfermées dans les mariages forcés et la prostitution.
Nos sociétés phallocrates essayent bien de nous faire croire que tout va pour le mieux : que les femmes orientales se satisferaient de la soumission et que le voile les protègerait ; que les femmes occidentales s’éclateraient de la Lolita à la Couguar !
En réalité, de manière plus ou moins subtile, partout des femmes résistent aux humiliations et aux violences. Dans les sociétés occidentales, l’hypersexualisation des petites filles et la chosification / pornification des femmes s’impose massivement et à une vitesse fulgurante.
C’est le leurre qu’a trouvé la domination masculine pour continuer de nous contrôler et imposer sa volonté. Des femmes libérées, fort bien, mais qui plaisent aux hommes !

Finalement, la Suède, reste l’un des rares pays a n’avoir pas gommé le caractère féministe de la révolution sexuelle ; elle a notamment choisi d’abolir la prostitution, c’est-à-dire de ne pas inquiéter les prostituées qui, sans craindre d’être arrêtées, peuvent porter plainte en cas de violences ; mais de condamner le proxénétisme et l’achat de services sexuels, pour instaurer l’égalité femmes-hommes et promouvoir l’indisponibilité marchande de l’être Humain.

Dans un tel contexte, quelles sont les libertés sexuelles des femmes ?

Peut-être faut-il commencer par poser le postulat que jamais, personne, n’est totalement libre. Notre naissance, notre cadre de vie, nos rencontres, nous font et défont constamment. Les institutions sont déterminantes, l’enseignement, les valeurs républicaines et/ou religieuses, politiques, syndicales sont des moules.
Bien sûr chaque personne dispose d’une marge de manœuvre et opérera des choix tout au long de sa vie ; des choix cruciaux, mais jamais en dehors du regard des autres ni des codes des groupes d’appartenance et/ou de rejet. Un « sans abri » est aussi libre que moi, mais de quoi est-il ou elle, libre, exactement ? Suis-je aussi libre que d’autres qui détiennent des moyens que je n’ai pas (âge, revenus, formation, qualifications, réseaux sociaux/politiques, etc.) ?
Dans bien des situations, ce n’est pas la liberté qui protège les personnes vulnérables ou fragiles, mais la loi, le cadre social, les références culturelles et morales ou leur absence.

Rappelons aussi que les espaces de liberté sont de nos jours de plus en plus réduits. Notre imaginaire aussi est colonisé. Les industries du sexe, les plus inventives et prolifiques qui soient, savent se vendre : omniprésentes, elles influencent toute notre culture : la représentation hypersexualisée des femmes et des petites filles dans la mode, la photographie, le roman, le cinéma, etc., ce sont elles.
Elles servent les fantasmes masculins et séduisent nombre de jeunes et moins jeunes femmes, elles leur racontent qu’elles sont libération et émancipation.
L’hétérosexiste industrie du sexe formate et tient sous contrôle la sexualité des femmes comme celle des hommes ; elle répond aux attentes, quand elle ne les crée pas, de consommateurs mâles, toujours plus exigeants et violents. Même quand des lesbiennes se lancent dans la production pornographique, il est rare que les codes de domination / soumission qui prévalent dans la très normative industrie du sexe, soient vraiment questionnés.
Yolande Geadah a écrit : « La banalisation de la pornographie, conduit à la “prostitution de la sexualité”, à travers laquelle la sexualité est pour ainsi dire confisquée par l’industrie du sexe, qui réussit à imposer partout sa culture pornographique. De marginale qu’elle était, la prostitution devient ainsi la nouvelle norme sexuelle, encouragée et mise en valeur très activement par l’industrie du sexe. »

Paradoxe invraisemblable, de plus en plus de femmes, influencées par les industries du sexe, réclament le droit de se pornifier et de se prostituer au nom du féminisme et de la liberté à disposer de son corps !
Seulement voilà, quand les féministes des années 60/70 défendaient le droit de « disposer librement de leur corps », elles réclamaient l’imagination au pouvoir et non le carcan des normes d’une industrie, elles revendiquaient une sexualité libre et gratuite, hors des contraintes du mariage « traditionnaliste » (devoir conjugal et maternité), elles voulaient jouir d’une sexualité de désir et de plaisir, d’échanges dans l’écoute de soi comme de l’autre.
Elles réclamaient une contraception libre et gratuite et la légalisation de l’avortement. Ces slogans ont été récupérés, détournés aux fins de chosification et de marchandisation des corps (des êtres en réalité, car le corps n’est pas dissociable).
Liberté et libéralisme ce n’est pas pareil. Comme l’a si bien dit Richard Poulin : « La prostitution prétendument “libre” relève du libéralisme et non de la liberté ».

Personne ne l’ignore, dans leur écrasante majorité, les femmes prostituées sont de classes sociales défavorisées, racisées (déplacées de leurs pays d’origine, réfugiées, immigrantes clandestines), souvent victimes d’un accident de la vie, souvent elles ont été violées, parfois elles cumulent plusieurs de ces situations. Les pays qui ont légalisé la prostitution le reconnaissent un par un, et le dernier en date, l’Allemagne : les violences et les agressions augmentent.
Dans un Rapport remis au gouvernement en 1997 dans l’Etat de Victoria, il était déjà écrit : « La légalisation, loin de protéger les prostituées, ne fait que légitimer le droit des hommes à abuser sexuellement des femmes ».
Comment un état peut-il à la fois lutter contre le harcèlement sexuel et organiser un marché du sexe dont il taxe les revenus ? L’état lutte contre les violences faites aux femmes mais il organiserait et cautionnerait un système de domination et de violences sexuelles, auquel accéder moyennant finance ?
Le paiement, cette « ruse de la domination », a dit l’anthropologue Françoise Héritier. L’argent, qui nourrit le système prostitueur légal comme illégal, garantit aux hommes d’accéder aux femmes, quand bon leur semble.

Par quel paradoxe, les libertaires et antilibéraux qui dénoncent la « marchandisation » envahissante, sauf lorsqu’il s’agit des femmes, en arrivent-ils à envisager, au nom du principe à disposer librement de son corps, de légaliser les violences sexuelles du système prostitueur ? Pour organiser l’exploitation et les violences, il suffirait d’appeler les prostitué-e-s « travailleuses du sexe » et le tour serait joué ? Pour accepter que des femmes subissent la dissociation émotionnelle ou anesthésie mentale, indispensable pour supporter de se prostituer et d’y retourner chaque jour, il suffirait donc de brandir le sésame du « libre choix » ?
A quoi bon s’interroger sur le respect de l’intime et de la dignité, ne pas occulter le traumatisme des violences sexuelles subies avant l’entrée dans la prostitution et sa fossilisation ensuite, c’est tellement complexe, alors que le « libre choix », c’est tellement plus simple !

Malka Marcovich, militante abolitionniste a écrit : « Le corps n’est pas une marchandise et il conserve des traces. Des pénétrations à répétition, sans désir, même avec vaseline, ne laissent pas indemne. »
Mais nos champions des libertés préfèrent complaisamment prendre fait et cause pour une minorité d’escort-e-s activistes, micro-entrepreneurs non représentatifs. (+ de 90% des prostituées veulent en sortir, mais le lobby pro-prostitution, comme les médias ne s’intéressent qu’aux 10% restants).
Entretenir des fantasmes, c’est tout de même beaucoup plus sexy ! Oui, des anti-libéraux, des Verts favorables à la décroissance, des progressistes, peuvent quand il s’agit de sexualité et domination, se rendre complices d’un système criminel d’exploitation et de violences inouïes qui génère toujours plus de profits.
Et ce ne sont pas les puritains, depuis toujours défenseurs de la prostitution qui vont leur donner tort ! « La morale puritaine bourgeoise, inspirée du christianisme, selon laquelle l’idéal féminin réside dans la virginité ou la maternité, interdit les relations sexuelles libres pour les femmes, mais tolère ou encourage la prostitution pour assouvir les besoins sexuels des hommes célibataires tout en préservant la chasteté des jeunes filles de bonne famille », rappelle Yolande Geadah.
Le pire encore c’est quand de grandes bourgeoises intellectuelles qui ne connaissent rien à la question, grâce à leur notoriété et vernis féministe, prétendent s’exprimer au nom des femmes prostituées. Elisabeth Badinter dans Le Monde (31 juillet 2002) « Redonnons la parole aux prostituées », bien sûr, il n’y a qu’elle qui s’exprime, et ne lui demandez surtout pas de donner aux « survivantes » de la prostitution !

Ceux qui comme Madame Badinter, ne font pas la différence entre libéralisme et liberté, dans une société phallocrate de plus en plus acculturée et dépolitisée, individualiste et vide de sens collectif, compromettent en réalité toute chance d’abolir un jour le patriarcat.
Le libéralisme, les récupérations successives des luttes féministes, l’absence de politiques ambitieuses éducatives et répressives contre les violences faites aux femmes, les ravages de la libéralisation de la prostitution et des industries du sexe, présentées comme apologie de la liberté sexuelle, pèsent sur toutes les femmes ; imposent une plus grande chosification ; instaurent une véritable culture du viol.

C’en est assez ! Non, les femmes ne sont pas toutes vénales, non les femmes ne sont pas toutes masochistes, non les femmes ne sont pas toutes des « putes » et encore moins des « putes féministes » !
Ces slogans misogynes du lobby-prostitution, qui plaisent tant aux hommes et aux femmes qui le soutiennent, sèment la confusion et tentent de faire passer pour libération sexuelle ce qui n’est en réalité que subordination de la sexualité des femmes à la domination masculine et aux dictats des industries du sexe.

Oui les femmes veulent disposer librement de leurs corps, c’est pourquoi elles s’opposent à toute forme de servage. Dans le couple ou le mariage, elles veulent inventer les amours et sexualités qui les épanouissent.
Yolande Geadah a écrit : « Les rapports sexuels dans le mariage ne sont qu’un élément de la vie à deux, important certes, mais qui s’inscrit dans une relation humaine complète et non pas morcelée, comme c’est le cas dans la prostitution ».

Les industries du sexe et la prostitution (non pas « le plus vieux métier du monde », mais bien la plus vieille arnaque patriarcale) ne sont en rien subversives ni libératrices, mais au contraire, juste un enfermement de plus.
Du « plan cul » à la relation de couple, les femmes veulent s’émanciper, libérer leurs désirs et leurs plaisirs autant de la domination masculine que du libéralisme.
Liberté, égalité !

Christine Le Doaré

Note :
« Vint enfin un temps où tout ce que les hommes avaient regardé comme inaliénable devint objet d’échange, de trafic et pouvait s’aliéner. C’est le temps où les choses mêmes qui jusqu’alors étaient communiquées mais jamais échangées ; données mais jamais vendues ; acquises mais jamais achetées – vertu, amour, opinion, science, conscience, etc. – où tout enfin passa dans le commerce. C’est le temps de la corruption générale, de la vénalité universelle, ou, pour parler en termes d’économie politique,le temps où toute chose, morale ou physique,étant devenue valeur vénale, est portée au marché. » Karl Marx, Misère de la philosophie, 1847, cité par Richard Poulin dans La mondialisation des industries du sexe

Revenir aux fondamentaux.

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Revenir aux fondamentaux.
« Liberté de choix » ou double peine ?

En écoutant Jean-Michel Carré sur France Inter, j’ai réalisé que lui, comme tous ceux qui font l’apologie du principe de liberté individuelle absolue, aboutissent souvent à cautionner les pires déviations et systèmes d’exploitation, des femmes en particulier.
Jean-Michel Carré était invité le 30 avril dernier sur France-Inter pour parler de son dernier documentaire sur la Chine. Ce cinéaste est aussi l’auteur « Des travailleurs du sexe », documentaire pro-réglementariste qui selon moi, fait l’apologie d’une « libre » prostitution. Alors j’écoutais avec intérêt pour tenter d’en savoir plus sur sa personnalité et ses centres d’intérêt.

Il s’est présenté comme libertaire et ancien maoïste ce qui selon moi est contradictoire puisque les libertaires prônent une liberté absolu et la négation de tout principe d’autorité et de contrainte, alors que Mao a instauré un système autoritaire digne des pires dictatures.
Il a n’a pas hésité à dire que nous n’étions pas fondés à parler des Droits de l’Homme en Chine ni à leur donner de leçon car nous traitons mal les Roms. Certes, cependant, la nuance est tout de même de taille entre ne pas traiter comme nous le devrions les Roms chez nous, et maintenir à l’échelle d’un pays tout entier, une dictature corrompue et brutale !

Il a ensuite expliqué qu’il était « maoïste libertaire » parce qu’il voulait vivre la libération sexuelle de 68 et qu’il se sentait toujours concerné par la lutte contre le patriarcat. La fameuse « libération sexuelle de 68 » ! Bien sûr, les femmes en ont bénéficié mais, nombreuses sont celles qui ont fini par l’admettre, la libération sexuelle bénéficiait surtout aux hommes, les femmes se devaient d’être en permanence disponibles et enthousiastes, sinon considérées comme coincées. Libération sexuelle oui, mais dans les limites du système patriarcal qui n’avait pas disparu pour autant. Monsieur Carré, elles ne vous ont pas dit en 68, que la sexualité était libre, gratuite et désirée ?!

Le système patriarcal, Jean-Michel Carré le défend d’ailleurs efficacement avec sa propagande pour le « travail du sexe ». Tout comme Mao n’était pas un libertaire mais un dictateur, la prostitution n’est pas le plus vieux métier du monde, mais bien la plus vieille arnaque patriarcale, puisqu’elle vise à maintenir un quota de femmes (et de quelques hommes pour satisfaire une minorité homosexuelle) sacrifiées aux exigences sexuelles et aux besoins de domination des hommes. Dans leur immense majorité, ces femmes sont de classes défavorisées, racisées et /ou ont subi des violences sexuelles dans leur enfance. Merci monsieur le maoïste libertaire de leur réserver la plus belle place dans nos sociétés !
Et puis, comment faites-vous pour nous parler de la Chine sans nous dire que ce pays a commis le plus grand massacre génocidaire de toute l’histoire de l’humanité en éliminant plusieurs dizaines de millions de femmes, et en en déportant d’autres dizaines de millions à des fins de mariage forcé et de prostitution ?

Mais Jean-Michel Carré n’est pas le seul dans ce cas ; ils sont très nombreux les hommes et les femmes aussi, qui considèrent que la liberté de choix prime et que si quelques femmes disent : » je veux être « pute », » j’ai choisi la prostitution », il faut le croire et s’en contenter, voire même en déduire que c’est le cas du plus grand nombre d’entre elles. Rassuré-e-s, ils peuvent se rendormir sur leurs deux oreilles, ainsi va le monde et si des femmes se prostituent c’est parce qu’elles aiment ça, en ont rêvé, une vocation, en sorte. En outre, quelle aubaine, vu que l’égalité femmes-hommes c’est tout de même une utopie et qu’il faudra toujours des femmes dont les hommes pourront disposer !

Je me demande parfois ce qui les empêche de voir l’égocentrique violence de cette opinion ? Comment font-ils pour, au nom du principe du « libre choix », cautionner les pires exploitations et violences ?
Comment font-ils pour ignorer que personne, jamais, n’est libre complètement, ni de son corps, ni de ses envies, ni de sa vie ? Notre cadre de vie dès la naissance, nos rencontres, nous font et nous défont constamment. Les institutions sont déterminantes, l’enseignement, les valeurs républicaines et/ou religieuses, politiques, syndicales sont des moules. Bien sûr chaque personne dispose d’une marge de manœuvre et fera des choix tout au long de sa vie, des choix cruciaux, mais toujours dans un cadre collectif et jamais en dehors du regard des autres et des codes des groupes d’appartenance et/ou de rejet. Un « sans abri » est aussi libre que moi, mais de quoi est-il ou elle libre exactement ? Suis-je aussi libre que d’autres qui détiennent des moyens que je n’ai pas (âge, revenus, formation, qualifications, réseaux, etc.) ?

Dans bien des situations, ce n’est pas la liberté qui protège les personnes, en particulier les personnes vulnérables ou fragiles, c’est la loi, le cadre social, les références culturelles et »morales », etc. Eriger le principe de liberté absolue en système politique, me semble, bien que je sois farouchement attachée à ma liberté, infantile et égocentrique.
Au nom d’un principe de « libre choix » dont la réalisation est parfaitement hypothétique, les gens qui justifient, maintiennent, renforcent le système prostitueur au nom du « libre choix », en réalité, se font les complices d’un système d’exploitation et de violences inouïes qui génèrent d’énormes profits et une criminalité toujours plus importante. La double peine ne leur fait pas peur, puisqu’ils la légitiment par la « liberté de choix ». Ainsi ils peuvent condamner en leur âme et conscience celles et ceux qui ont eu le mauvais goût de naître dans les basses classes, ont été victimes d’un accident de la vie, ont subi des violences sexuelles dans l’enfance, ou ont été victimes d’un proxénète ou d’un réseau, à se prostituer pour tenter de s’en sortir.

Ces « libertaires » et révolutionnaires aux contradictions effarantes sont les mêmes qui encouragent l’émergence des micro-identités, toutes les micro-libertés devant être promues. C’est aussi le cas dans le mouvement homosexuel devenu Mouvement L, G, B, T, Q, I, A, etc. ; à chaque fois qu’une poignée de personnes a une spécificité bien à elle et juge être plus gravement discriminée que les autres, il faut ajouter une lettre et sinon subir un constant harcèlement. Les droits de la lettre L (lesbiennes) sont toujours amplement ignorés par le Mouvement LGBTQIA… mais il faut prioriser, par exemple, les droits des I (Intersexués).
Ce principe de saupoudrage est le même pour toutes les catégories, de genre/sexe, mais aussi religieuses, ethniques, etc. Les micro-identités peuvent diviser les forces, seules les personnes concernées s’intéressant à leur micro-problème, pendant ce temps-là, d’autres ne se gênent pas pour continuer d’exploiter et opprimer massivement les populations !

Le plus important surtout, c’est de bien gommer qu’il y a toujours la moitié de l’humanité qui vit sous domination masculine, qu’il y a des systèmes d’oppression économique majeurs, etc. J’ai relevé de telles dérives, particulièrement en matière d’égalité de Genre : les études de genre, les Droits des femmes, ne devraient plus seulement être féministes et porter sur l’analyse et la déconstruction du système patriarcal, mais prendre en compte les droits des Trans. , les questions de genre n’étant plus seulement comprises comme une problématique d’égalité femmes-hommes mais comme une déconstruction du genre au profit d’un « troisième genre ». La question est intéressante mais ne devrait pas pour autant gommer les luttes féministes. Pourtant c’est bien ce qui se passe et l’on glisse d’une lutte contre les violences de masse du genre masculin à l’encontre du genre féminin, vers une problématique minoritaire, celle des personnes Trans. Comme si les rapports sociaux de sexe n’existaient plus, comme si l’écrasante majorité de la population n’était pas toujours pas plongée dans la dichotomie d’un monde dans lequel les femmes et les hommes n’ont toujours pas la même valeur ni la même place. Les personnes Trans. rencontrent en effet des discriminations avant, au cours de leur parcours de transition, et après (papiers d’identité conformes, etc.), ces problèmes doivent être adressées et résolus, mais pas au détriment des luttes féministes. Pourtant, même au niveau européen, les programmes et agendas des Gender issues (Egalité de genre) sont perturbés par la place disproportionnée accordée à des questions touchant des micro-communautés. Des conférences féministes sont sabotées par des trans./queer activists. Mon propos n’est pas de dire que les minorités n’ont pas de problèmes qui ne doivent pas être adressés bien entendu, mais que les équilibres doivent être maintenus et les efforts proportionnellement consentis.

Des jeunes LGBT, mais pas seulement, sont séduits par ces dérives issues des théories queers. Ils peuvent s’isoler un temps des réalités sociales, vivre entre eux, prétendre s’affranchir des rapports sociaux de sexe, choisir le genre qui leur convient, celui du « milieu ». Ils seront rattrapé-e-s par les réalités sociales, les plus lucides en tireront les conclusions qui s’imposent, mais certains tenteront d’imposer leurs revendications et plutôt que de contribuer à déconstruire le système patriarcal et la domination masculine en reconnaissant aux femmes le droit de s’organiser de façon autonome et prioritaire, s’attaqueront aux féministes, comme les queers trans-activistes qui ont cette année compromis la tenue d’une conférence féministe radicale, au Royaume-Uni.

L’instrumentalisation, la mise en valeur, la prolifération de micro-communautés au détriment d’une lutte de masse contre les systèmes d’oppression dominants, qui en bénéficie sinon le système patriarcal et ses bénéficiaires ? Jean-Michel Carré, tous les chantres de la « liberté de choix «, dans une société phallocrate et dépolitisée, en utilisant de la sorte ce concept de liberté, qu’ils en soient conscients ou non, empêchent les femmes de s’organiser pour revendiquer et obtenir l’abolition du patriarcat.

Ce qui m’étonne encore le plus c’est que tant d’intellectuels les cautionnent ; faut-il qu’ils aient démissionné devant l’indigence et la démagogie de ce « prêt à penser » ! Notre société de consommation, d’apparences et d’indifférences, malade de son individualisme, vide de sens collectif, encourage ceux qui sous couvert de subversion, contribuent au maintien et renforcent les systèmes de domination.

Il va pourtant bien falloir sortir de cet éclatement qui profite aux systèmes et revenir aux fondamentaux.

Christine Le Doaré

Présidentielles 2012, remettre le contrat social et l’égalité des droits au cœur de nos vies.

Présidentielles 2012, remettre le contrat social et l’égalité des droits au cœur de nos vies.

Alors que le quinquennat s’achève, considérons l’état du pays, de nos droits et libertés, le constat est sans appel : le contrat social est rompu. L’objet de toutes les préoccupations, c’est l’argent, pour survivre ou l’argent démesurément engrangé par les spéculateurs qui s’engraissent sur le dos des plus faibles, avec la crise qui s’éternise.

Ces dernières années, les dérégulations et la spéculation se sont intensifiées, plongeant dans des situations difficiles, des masses de gens. Encouragée par une savante propagande, la tendance de rendre les autres responsables de la situation est de plus en plus forte et le « bien vivre ensemble » est relégué aux oubliettes. Au Centre LGBT Paris-IdF, nous l’avons constaté, étant de plus en plus confrontés à un public en grande difficulté sociale et psychologique. Notre accueil comme nos permanences de soutien, à l’instar d’autres lieux associatifs, ont accueilli de plus en plus de personnes en grande difficulté et la place que prend la pauvreté dans notre pays, est désormais indécente et même violente.

Comment mieux réguler l’économie et les marchés pour plus de justice et d’égalité dans l’intérêt collectif ? La réponse à cette question est bien au cœur du vote des français, y compris des personnes LGBT qui ne se déterminent pas seulement sur l’ouverture du mariage aux couples de même sexe.

En matière de droits LGBT nous avons obtenu quelques avancées telles que le bénéfice du capital décès étendu aux fonctionnaires ; la suppression des droits de succession pour le partenaire pacsé et le même avantage fiscal que pour les couples mariés, dès la première année du PaCS. En matière d’éducation, des mesures ont été prises pour répondre aux exigences des associations, on retiendra les campagnes de prévention affichées dans les établissements scolaires et une circulaire promouvant la lutte contre l’homophobie. On se souvient aussi de Rama Yade appeler à l’ONU, à la dépénalisation universelle de l’homosexualité.

En résumé, quelques mesures sensées apporter un peu plus de justice et un début de lutte contre l’homophobie dans le milieu scolaire, enfin, un engagement international qui de la part d’un pays comme la France est tout de même un minimum attendu, même si fort paradoxalement elle exclut allègrement les étrangers séropositifs sur son propre sol et met toujours autant de mauvaise volonté à encourager ses préfets à plus de bienveillance à l’égard des réfugiés politiques LGBT.

En outre, des limites ont très vite été imposées et nous n’avons pas oublié ni la lamentable polémique au sujet de la diffusion du court métrage d’animation « Le baiser de la lune » (qui vient enfin d’être autorisé de diffusion), ni le bras de fer au sein même de l’UMP pour tenter d’obtenir le retrait du chapitre sur l’identité sexuelle dans les manuels de SVT. Enfin, les propositions de loi sur l’ouverture du mariage aux couples de même sexe comme sur l’attribution de la pension de réversion aux couples pacsés ont été massivement rejetées par les députés de la majorité. Le statut du tiers pourtant promis lors de la campagne du candidat Sarkozy est aussi passé aux oubliettes, n’apportant aucune solution aux familles homoparentales qui voulaient adopter l’enfant de leur partenaire.

Au final quelques avancées mais surtout 5 ans de grande stagnation qui depuis longtemps nous ont recalé du 1er rang des pays LGBT “friendly” avec le PACS en 1999, dans le peloton de queue de l’Europe qui ne cesse pourtant d’encourager les états à adopter des mesures favorables à l’égalité des droits. Des candidats à gauche, inspirés les recommandations européennes et par les revendications formulées par nos associations promettent dans leur programme, ces mesures que nous attendons avec impatience car, l’égalité réelle qu’il s’agisse d’ailleurs d’égalité femmes – hommes ou d’égalité en matière d’orientation sexuelle et d’identité de genre ne peut rester plus longtemps en panne dans notre pays. Il y aurait aussi beaucoup à dire du droit des minorités en général.

Alors, qu’il s’agisse du contrat social ou d’égalité des droits, ce quinquennat aura été long et pénible ; votons pour remettre le contrat social et l’égalité réelle au cœur de nos vies. Les résultats du 1er tour sont à la fois encourageants car François Hollande dont le programme promet plus d’équité et de « mieux vivre ensemble » est en tête, mais inquiétant car le score du Front National est très élevé. Rien n’est joué et en cas de victoire de la gauche, il faudra aussi rester mobilisés, ne pas remiser les banderoles à la cave car aucun président, aucun gouvernement ne mérite jamais, de chèque en blanc.

Le 6 mai, aux urnes !


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