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Mois des Fiertés, ségréguons fièrement !

réappropriation

Depuis la fin de mon mandat de présidente du Centre LGBT Paris en 2012, j’alerte chaque année ou presque sur les dérives du mouvement LGBT. Féministe universaliste, j’avais aisément repéré et depuis quelques années déjà, que les revendications du mouvement de libération homosexuelle donnaient lieu à récupération et instrumentalisation politiques qui le dévoyaient. Tout ceci est développé dans l’essai « Fractures ! Le féminisme et le mouvement LGBT en danger » que l’on peut commander aux éditions Double Ponctuation! Réédité, il est disponible et toutes celles et ceux qui s’intéressent à ces questions pourraient en trouver la lecture éclairante, en tous cas utile, pour éviter de toucher le fond.

Juin est le mois des Prides ou Fiertés LGBTQI+. Quand j’entends des ami.es en parler ou quand je lis sur les réseaux sociaux les réactions de nombre de lesbiennes et de gays, je sais que nous sommes nombreux à ne plus défiler.  Il faut bien lire les communiqués, slogans et scruter les affiches pour y trouver des gays et les lesbiennes, en revanche, la représentation des queers, trans, gender fluid, non-binaires, pansexuels, omnisexuels, etc. est assurée. Si en plus vous avez le bon goût d’être prostitué.e, de porter un voile et / ou d’être racisé.e, c’est l’apothéose, la consécration absolue et la tête de cortège vous est acquise. Bien sûr, si vous êtes en couple mixte il vous faudra faire des choix et gérer les engueulades en fin de journée.

Parlons franchement, ces Marches des Fiertés sont la proie d’un identitarisme ségrégationniste qui frise la pathologie,  une juxtaposition de micro-identités qui ne se parlent pas vraiment vu qu’elles ne partagent rien, mais sont réunies au nom d’une idéologie intersectionnelle aussi factice qu’inquiétante.  

Pendant ce temps-là, des agressions homophobes et lesbophobes se produisent ; les mentalités évoluent trop lentement voire régressent. Et des gens qui avaient fait le chemin de comprendre et accepter l’homosexualité nous reprochent désormais nos combats dévoyés, notamment contre la laïcité et des droits des femmes. A raison car ceux qui devraient défendre les droits et libertés des personnes homosexuelles, s’occupent d’autres luttes qui pourtant, ne sont pas sans danger pour nous. En effet, ce n’est pas dans les mouvements racialistes, anti-colonialistes, antifas, féministes islamistes (sic !) au PIR (Parti des Indigènes de la République) que l’on trouve les meilleurs défenseurs des personnes homosexuelles !

Et que dire des trans-activistes qui attaquent des féministes abolitionnistes de la prostitution et/ou opposées à la GPA et/ou qui n’acceptent pas que les théories trans qui n’ont rien de scientifique, leur imposent leurs fantasmes sur le genre féminin ?! De jeunes lesbiennes sont incitées à transitionner pour ne plus avoir à affronter le sexisme et la misogynie, par certains aspects cela ressemble fort à une forme déguisée de thérapie de conversion.

Inclusivité, diversité, ces concepts ne devraient pourtant pas être synonymes de mensonge ni de dogmatisme.

Les apparences sont trompeuses, malgré l’apparente ambiance de fête, la musique, les costumes, la jeunesse qui s’amuse, les conflits et la violence du mouvement LGBTQI sont bien perceptibles. En tous cas, les principaux intéressés ne sont pas dupes et se détournent de ces Prides. Il n’y a en réalité pas de « communauté LGBTQI+ » et l’époque des joyeuses Lesbian and Gay Prides, Marches de libération homosexuelle, revendicatives et festives, est bien finie.  Maintenant il faut marcher ségrégés et faire valoir ses multiples oppressions dans une terrifiante surenchère victimaire ou rester chez soi.

Comment en-est-on arrivés là ? Lisez « Fractures !, le féminisme et le mouvement LGBT en danger » et on en parle. La photo en illustration du texte est parlante, des LGB s’organisent pour reformer un mouvement sur la question de l’orientation sexuelle et se libérer des outrances et dévoiements des dernières décennies. Espérons qu’elles et ils soient féministes, universalistes et finissent par convaincre parce que sinon, nous fonçons droit dans un mur d’hostilité.

Christine Le Doaré

Parution Essai Fractures !

Marche des FIERTES

Mois des Fiertés LGBTQI Pas de quoi être fiers !

Marches des Fiertés, Marches de la ségrégation

TRANS

Traité féministe sur la question trans

Bien poser le débat sur la question trans

Aucune féministe n’est transphobe, le lobby trans-activiste est misogyne

LESBOPHOBIE

A Rennes #NousToutes chourave La Part des Anges

Transphobie ?! Le Centre LGBT Paris vire le seul groupe lesbien restant

Quand Le Monde me fait marrer pour la journée de visibilité lesbienne

C’est la journée de la visibilité lesbienne, des politiques sont mobilisés (1) et c’est bien, mais je n’aurais jamais pensé que cela me ferait rire.

« La « joie » et le « soulagement » des féministes qui se « découvrent » lesbiennes ». En lisant ce titre d’un article du Monde (2), publié pour l’occasion, j’ai explosé de rire. En lisant l’article, j’ai pensé que notre époque était absolument délirante. Pourquoi ?

Je suis lesbienne, ni fière ni heureuse de l’être, je le suis, et pour rien au monde ne voudrais changer. C’est une évidence pour moi comme pour mon entourage et je crois bien que ça a toujours été comme ça à partir du moment où je l’ai compris, j’avais alors une vingtaine d’années. Le truc c’est que ça ne date pas de la semaine dernière puisque j’ai eu vingt ans quelques années avant que ne soit dépénalisée l’homosexualité en 1981 ! Quand je lis les réactions des femmes interviewées dans l’article, je m’étonne, c’est tout juste si elles ne me donnent pas l’impression de sortir de la clandestinité !  Mais enfin, nous sommes en 2021, grâce aux luttes des militant.es du mouvement de libération homosexuelle, il y a quarante ans nous pouvions déjà vivre notre homosexualité au grand jour et pourtant, on ne peut pas dire qu’à l’époque, on croulait sous les modèles ! D’ailleurs, on s’en fichait des modèles, on voulait réinventer le monde. A l’époque il n’était pas question de fierté identitaire mais de lutte contre les discriminations et les violences, de droits et de libertés. Ces histoires de fierté identitaire, dans tous les domaines, sont décidément bien ridicules.  

« La joie et le soulagement des féministes qui se découvrent lesbiennes «.  C’est tout de même sidérant ! Les féministes hétérosexuelles ou bisexuelles, vous avez compris ce qu’il vous reste à faire, suicidez-vous ou faites un effort, devenez lesbienne  ! Je peux à peine écrire tellement je rigole …

D’ailleurs, des féministes dans les années 70/80 nous ont déjà fait ce coup-là. Une sorte de phénomène de mode qui a traversé un temps le mouvement, il fallait avoir eu son expérience lesbienne et si ça fonctionnait, c’était tout bénéfice : autrement plus facile de vivre son engagement féministe sans être impliquée dans une relation de couple avec un homme et devoir affronter quelques contradictions dans le secret de l’intimité. D’où le fameux slogan, le privé est politique. Affichée et repérable si l’on peut dire, je me souviens bien de cette époque où il me fallait plus souvent qu’à mon tour, décliner de charmantes propositions. Mais pas toujours hein ! Le truc c’est que quelques années plus tard, j’en ai recroisé en couple hétérosexuel. Pour elles, c’était une agréable récréation,  mais moins facile, surtout à l’époque, pour élever des enfants, alors … Dans tous les cas, si l’orientation sexuelle peut en effet être plus fluide qu’on ne le pense, tout le monde ne change pas d’orientation sexuelle comme de chemise. D’autres sont devenues lesbiennes, parce qu’il peut aussi suffire d’aimer, une fois, et d’oser se révéler à soi-même et aux autres. Moralité, selon moi, éviter les généralités, se décrisper et voir comment les choses évoluent.

Revenons à notre actualité. Des décennies déjà qu’à longueur de productions culturelles en tous genres : films, séries TV, littérature, peinture, théâtre, danse, télé-réalité, reportages … nous avons accès à des histoires d’amour et représentations homosexuelles, lesbiennes comprises. Alors, je bloque quand je lis qu’il n’y aurait pas de représentations ni de modèles lesbiens. On rigole là ! En outre, depuis au moins trente ans, des gays et des lesbiennes font leur coming out ; en lisant l’article on se demande un peu à quoi ça a servi ! Et d’ailleurs, est-ce si utile d’avoir des modèles ? Et l’imagination, et être soi, simplement soi-même, non ? Et d’ailleurs, qui peut croire que les hétérosexuels disposent de représentations et modèles hétérosexuels si formidables et que les reproduire est la garantie du bonheur ? Tout le monde doit inventer et réinventer son chemin.

Alors c’est vrai, la contrainte à l’hétérosexualité n’est pas une vue de l’esprit et nos cultures patriarcales sont habiles à conditionner et contingenter nos imaginaires amoureux, tout est prévu, des histoires pour enfant jusqu’à l’organisation de la société pour promouvoir l’hétérosexualité et en particulier la mise à disposition des femmes, de leur corps et de leur vie, dans la sexualité et la reproduction. Et puis, c’est plus gratifiant socialement de se conformer aux schémas hétérosexuels, confort, sécurité, reconnaissance, tout est plus simple, surtout pour les femmes. Une moindre prise de risque en sorte. C’est également vrai, les lesbiennes sont beaucoup moins représentées et valorisées que les gays, mais aussi beaucoup moins affichées ; ce n’est guère surprenant, on imagine mal comment pourrait être vendeur d’être femme et lesbienne dans une société qui par bien des aspects reste patriarcale. Mais personne ne peut nier l’évolution considérable de ces cinquante dernières années, et bon sang un peu de détermination et de courage ne ferait pas de mal, depuis le temps que l’homosexualité existe, c’est bon, en 2021, en France, on ne va pas distribuer des médailles non plus ! Je ne nie pas la lesbophobie, mais en être encore à parler de révélation et de modèle ne va pas aider à banaliser l’affaire.

En outre,  les gays et les lesbiennes ne sont parfois pas moins conformistes, le mariage pour tous et l’homoparentalité après tout, qu’apportent-ils de si différent de la norme ?  Ce qui m’étonne encore le plus c’est la croyance que le lesbianisme serait une sorte de sésame pour le bonheur. N’est-ce pas la qualité d’une relation entre deux personnes qui fait son intérêt ? Être lesbienne n’est pas un passe porte bonheur, vivre une relation avec une autre femme non plus. Il y a des lesbiennes formidables, mais d’autres sont imbuvables, stupides, vulgaires, violentes, manipulatrices, … mais si ! Il n’y a pas tant que ça de génie en fait, il faut toujours une belle alchimie et intelligence pour une histoire d’amour réussie et aucune femme ne change d’orientation sexuelle pour régler des problèmes de couple hétérosexuel, seulement parce qu’elle est attirée par une autre femme, en tombe amoureuse … Elle peut aussi n’aimer que cette femme-là et ne pas devenir lesbienne pour autant, tout est possible, tout existe. Quant au besoin de déconstruire les rapports sexuels et de séduction, il reste entier dans les relations lesbiennes aussi.  

Je voudrais bien savoir en quoi une féministe hétérosexuelle, serait moins investie et efficace dans son engagement féministe pour lutter contre les discriminations et les violences sexistes ? C’est certain, la domination masculine imprègne la société et il est impossible que des féministes hétérosexuelles n’aient pas à gérer ses effets, même subtils, dans leur vie intime, mais quand elles confrontent des contradictions, des hommes avancent vers l’égalité. Et je serais bien plus encline à faire confiance à une féministe hétérosexuelle qu’à une lesbienne qui se compromet dans des impasses intersectionnelles avec des groupes qui prônent le relativisme culturel, le racialisme ou défendent le sytème prostitueur ou encore des trans activistes qui pourtant menacent les droits des femmes.

L’identité assenée comme un mantra, érigée en dogme, avec des slogans brandis pour se rassurer, peine à convaincre, à me convaincre. Pour cette journée de la visibilité lesbienne, je dirais qu’être féministe et lesbienne, c’est peut-être bien une chance, mais surtout, c’est l’envie et le besoin d’être soi, de s’assumer pour être bien avec soi et les autres. Ce n’est surtout pas une quête identitaire et c’est pourtant politique.

Christine Le Doaré

(2) L’article du Monde

La « joie » et le « soulagement » des féministes qui se « découvrent » lesbiennes

Cécile Bouanchaud

« Solange, Edith et Noémie étaient en couple avec des hommes il y a encore quelques mois. Leur prise de distance vis-à-vis de l’hétérosexualité est survenue en même temps que leur cheminement féministe.

Au milieu du cortège du 8-Mars, sa silhouette élancée la distingue. Laure brandit un écriteau parsemé de paillettes : « Pénis partout, jouissance nulle part ». L’an dernier, à la manifestation pour les droits des femmes, la professeure des écoles de 36 ans n’avait pas de pancarte. L’année écoulée a fini d’alimenter une misandrie longtemps tue. Au point de renoncer aux hommes ? « Je suis en plein questionnement », reconnaît Laure, évoquant « le lesbianisme comme une réponse politique au modèle pesant de l’hétérosexualité ».

Autour d’elle, de nombreuses femmes se tiennent la main, s’enlacent et s’embrassent. Dans la foule, des centaines de slogans font écho au sien : « Délivrez-nous du mâle », « Engagez-vous dans le Gouinistan », « Ras les boobs de ce monde de couilles », « Nos désirs font désordre », « Visibilité lesbienne ». « De plus en plus de jeunes femmes assument leur lesbianisme, c’est très frappant », constate en marge du rassemblement Alice Coffin, militante lesbienne, élue écologiste au Conseil de Paris. En attestent les manifestantes qui viennent la remercier pour son essai Le Génie lesbien (Grasset, 2020), lequel a suscité la controverse en septembre.

L’année 2020 a constitué une charnière pour la représentation des personnes lesbiennes dans la sphère publique. D’Adèle Haenel quittant les Césars pour dénoncer le couronnement de Roman Polanski, soutenue dans une tribune au vitriol par Virginie Despentes, au coming out de la chanteuse Angèle, elles ont marqué l’actualité et parfois fait basculer les esprits. « Faire son coming out, pour une personnalité, c’est crier “je suis lesbienne” pour que d’autres, moins connues, puissent assumer leur identité dans la rue, leur famille, leur sphère professionnelle », écrit Alice Coffin dans son livre, confiant être « passée à côté de dix ans de sa vie » faute de représentations lesbiennes auxquelles s’identifier.

« Des signes »

Mais s’assumer lesbienne procède bien souvent d’un long cheminement. Surtout lorsque l’on grandit dans un milieu où l’hétérosexualité est la norme. « En Haute-Savoie, d’où je viens, il n’y avait aucune représentation de couple LGBT », se souvient Noémie Gmür, 30 ans. « Le lesbianisme est un impensé, ça n’existe pas, c’est rendu invisible », renchérit Edith*, 30 ans, militante au sein de l’association Osez le féminisme, qui publie lundi 26 avril – journée de la visibilité lesbienne – Naissance lesbiennes, un recueil de témoignages sur le sujet.

Toutes deux se souviennent d’une adolescence où les autres jeunes filles étaient évoquées autour d’elles comme des rivales plutôt que comme de potentielles amantes. « Dès le plus jeune âge, l’attention que les hommes portaient sur nous définissait notre valeur. Plus on avait de regards, plus on était valorisées », ajoute Edith, décrivant « un système qui conduit automatiquement à l’hétérosexualité ». Sans compter les moqueries, voire la stigmatisation, à un âge où l’on cherche avant tout à s’intégrer.

Leur vie a pourtant été jalonnée de « signaux » venant souligner une attirance ineffable ou la possibilité d’une autre intimité. Avec le recul, elles repensent aujourd’hui à cette amitié fusionnelle ou à ces baisers fugaces en soirée. « C’était diffus, il y avait des signes, mais je ne les percevais pas », se souvient Solange, 35 ans, mère d’une petite fille. Longtemps, elles ont étouffé ces présages. « Répondre au modèle hétérosexuel comprend des avantages dont il est difficile de se départir, notamment un certain confort matériel », résume Juliet Drouar, militant non binaire, qui a créé en 2018 le festival Sortir de l’hétérosexualité.

Quand survient le déclic ? Pour Edith, « il n’y a pas eu d’avant-après ». « Je ne découvrais pas mon désir pour les femmes », précise la juriste, qui est « sortie de l’hétérocaptivité » quelques mois après s’être engagée chez Osez le féminisme. Personne non binaire, assigné femme à la naissance et dont le genre ne correspond pas à son identité, Max* a, pour sa part, quitté son compagnon deux mois après avoir rejoint le collectif Collages féminicides Paris. Celui qui se genre avec les pronoms « il » ou « iel » évoque aujourd’hui « le décalage fou » qui s’était créé avec son amoureux de l’époque, avec qui il vivait depuis deux ans.

A l’inverse, « une connexion évidente », « un lien invisible », « une sororité puissante » lient les militantes. « J’ai rencontré des personnes qui m’ont ouvert un espace pour me sentir libre, me définir comme je le souhaite, en sortant des dynamiques hétéronormées », se réjouit Solange, militante au sein de Nous toutes.

« Un vécu partagé » guide aussi bien souvent cette évolution : en 2018, 99 % des personnes condamnées pour violences sexuelles étaient des hommes, selon les derniers chiffres communiqués par le secrétariat d’Etat chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes. « Connaître ces chiffres oblige à se repositionner dans notre rapport aux hommes, pointe Solange. Nos problèmes ne sont pas des problématiques individuelles, mais le résultat de constructions sociales et de rapports de domination. »

En plaçant au cœur de ses revendications la question de l’intime et des violences faites aux femmes, le mouvement féministe actuel – dont #metoo est l’une des émanations – a redonné de la vigueur au lesbianisme politique. « Les forces se combinent et permettent à de nombreuses femmes de s’assumer lesbiennes », s’enthousiasme Alice Coffin, qui évoque une plus grande visibilité du militantisme lesbien, notamment à travers le collectif Oui oui oui, lequel milite pour la PMA pour toutes, ou encore la Conférence européenne lesbienne.

« Il y a tout à inventer »

« A un moment, on se sent prête », résume Noémie Gmür. C’est une rencontre qui lui a ouvert le champ des possibles. « J’ai senti que j’allais tomber amoureuse, je ne voulais pas passer à côté de cette histoire », confie celle qui a lancé le podcast « Entre eux deux », « pour interroger nos relations intimes ».

« Joie », « libération », « soulagement », sont autant de termes employés pour décrire leur coming out. « Je n’ai pas abandonné les hommes dans le sacrifice et la tristesse, c’est un choix joyeux », insiste Max, qui se définit comme « gouine ». « Je me suis dit “j’arrête de persister dans des relations qui ne me rendent pas heureux”. »

En s’assumant lesbiennes, ces féministes se disent plus en phase avec leur identité profonde. Meilleure communication, rééquilibrage du travail domestique et de la charge émotionnelle – ce soin apporté au couple et au bien-être de l’autre : entre femmes, un sentiment d’évidence leur est apparu. « Avec une femme ou une personne non binaire, il y a une connexion extrêmement forte, jamais je n’aurai pu avoir ce niveau de compréhension et d’empathie avec un homme cisgenre », estime Max.

« Une question de déconstruction »

Devenir lesbienne a bien souvent provoqué chez les féministes une redéfinition de leurs rapports intimes, de la séduction aux relations sexuelles. « C’est une révolution, il y a tout à inventer, on n’a pas de modèle, alors tous les horizons sont possibles », se réjouit Max. Si les militants et les militantes reconnaissent qu’« on ne crée pas un désir sur une conviction militante », la sexualité est à leurs yeux une construction sociale : « Ce qui a été construit peut-être déconstruit », lance malicieusement Juliet Drouar.

« Chez les hétéros, il y a cette idée qu’un couple qui fonctionne, c’est un couple qui fait l’amour », regrette le militant, qui a depuis appris à « respecter sa temporalité ». Edith, elle, se sent libérée de l’injonction à la performance sexuelle qu’elle ressentait en relation hétérosexuelle, « où tout est tourné vers le plaisir masculin ». « Je ressentais une pression de performer, d’être sexy, d’être séduisante, tout cela a volé en éclats avec le lesbianisme et avec le féminisme », commente la jeune femme, qui dit ne plus se sentir « objectivée ».

Mais, pour les militantes interviewées, il ne s’agit pas de jeter l’opprobre sur les féministes hétérosexuelles. Et franchir le Rubicon ne règle pas tout. « Le fait d’être lesbienne ne solutionne pas les relations intimes, il s’agit avant tout d’une question de déconstruction », abonde Noémie, 29 ans, qui confie avoir vécu une relation dysfonctionnelle avec une femme. « L’hétéronormativité est partout, c’est une dynamique qui touche les hétérosexuels, mais aussi les personnes LGBT », souligne la journaliste Camille Regache dans un des épisodes de son podcast.

« Etre une féministe bien déconstruite, ce n’est pas forcément devenir lesbienne, mais c’est avoir conscience que la femme est une construction sexiste », renchérit Juliet Drouar. Sortir de l’hétérosexualité, c’est aussi s’exposer à la lesbophobie et à la difficulté de fonder une famille, alors que la loi de bioéthique n’a toujours pas été adoptée en France. Pas de quoi arrêter la réalisatrice Olympe de G. qui, « fatiguée par vingt ans de relations hétérosexuelles », a, quant à elle, commencé, en mars dernier, « une grève de l’hétérosexualité », rappelant que le projet fondateur du lesbianisme … « 

https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/04/25/la-joie-et-le-soulagement-des-feministes-qui-se-decouvrent-lesbiennes_6077968_3224.html?fbclid=IwAR3LJ_3GWSEbGwdU80Ke7ADInCBaF-O9kRh2cu6_UPoG2xf4bwUkla8k13g

(1)

Vous avez bien dit « dignité » ?

photo publiée sur la page FB de la Marche

photo publiée sur la page FB de la Marche

Une Marche « pour la dignité et contre le racisme », quelle personne progressiste, ne voudrait pas participer ?

Tentant en effet, jusqu’à lecture de l’appel et des signataires que féministe laïque et lesbienne, je ne manque jamais de vérifier, ne souhaitant pas m’associer à des forces réactionnaires en matière de droits des femmes et des minorités.

 

Marcher contre tous les racismes, pour vivre ensemble dans le respect des différences, de toutes les différences ?

Pas vraiment et pour s’en convaincre, il suffit d’examiner les vidéos et photos postées après la Marche.

 

Bien sûr il y avait dans cette Marche des personnes de bonne volonté, animées des meilleures raisons du monde de manifester. Pas si facile de comprendre que les organisateurs de la Marche qui instrumentalisent habilement l’antiracisme, ne mènent qu’à une impasse.

Une approche identitaire et racialiste est fatalement manichéenne, à fortiori quand elle se fonde sur un flagrant mensonge : il y aurait en France un RACISME D’ÉTAT et des assassinats de noirs, d’arabes commis sciemment et impunément par des policiers.

NON, n’y a pas de racisme d’état en France, il y a indéniablement du racisme, un racisme culturel et social, aussi des bavures policières, mais l’état ne les cautionne pas, même s’il pourrait toujours s’investir de manière plus efficiente.

Mais nous ne sommes pas ni aux USA, ni ailleurs, mais bien en République française laïque.

Il en va de même pour l’homophobie / la lesbophobie : il n’y a pas d’homophobie d’état en France et les policiers ne tuent pas sciemment et impunément des gays ou des lesbiennes.

Néanmoins l’homophobie / la lesbophobie sévissent toujours et des politiques publiques doivent être maintenues, développées, en concertation avec les associations et mouvements concernés.

 

A y regarder de plus près, il saute aux yeux que des groupes organisateurs et leur cortège dans la Marche, ne sont pas tant préoccupés par le racisme, mot / maux que nous devrions d’ailleurs mettre au pluriel : les racismes dont l’antisémitisme, discriminations et violences, que par ce qu’ils appellent  »islamophobie », aussi, la cause palestinienne et un rejet de l’occident et de ses valeurs.

 

-Comment marcher au milieu d’appels à la haine contre les FEMEN, contre CHARLIE, contre la laïcité, contre un prétendu lobby juif ?

-Comment marcher au milieu de drapeaux et mots d’ordre antisémites qui vont bien au-delà des appels au boycott d’Israël, soutien à peine voilé au terrorisme islamique du Hamas, à l’ »Intifada des couteaux » ?

Au prétexte que l’islam serait la religion des opprimé-e-s, (automatiquement renvoyé-e-s à une appartenance religieuse), tout est bon pour conforter le communautarisme et prendre fait et cause pour le religieux et tant pis si l’islam, comme toute religion, opprime les femmes et les minorités sexuelles, jusqu’à même les assassiner dans ses versions les plus radicales.

-Comment marcher derrière une ligne de femmes mises en avant comme un étendard, grossière récupération d’un « féminisme » instrumentalisé, alors qu’en réalité, personne ne se soucie des violences qu’elles rencontrent au sein de leur communauté et que ce sont les garçons qui ont le plus souvent affaire à la justice/police ?

-Comment accepter que Voltuan, soit bousculé parce que sur sa pancarte était écrit « All lives matters » et cautionner ainsi ce violent rejet de l’universalisme ?

 

-Dans quelle mesure les groupes féministes et LGBT qui cautionnent cette idéologique politique sont-ils conscients de conforter le sexisme et l’homophobie d’un communautarisme sectaire ?

-Dans quelle mesure les formations politiques telles qu’EELV ou le PCF et autres, qui s’associent sans état d’âme aucun, à des groupes, individu-e-s identitaires racialistes pour des raisons électoralistes, ont-elles conscience de favoriser l’avancée du Front National ?

Leur responsabilité est immense, pourtant, elles ne se demandent même pas pourquoi cette Marche nationale organisée pendant des mois, n’a pas mobilisé grand monde, 3000 personnes tout au plus.

Autain, Coronado, Plenel et les autres, à quoi jouent-ils, quel est leur intérêt personnel à cautionner cette mascarade ?

 

Comment s’associer à une Marche moins concernée par les problèmes de racisme et les solutions à apporter que par un esprit de vengeance, de division et de haine, au point de compromettre à tout jamais, toute possibilité de vivre ensemble ?

Et comment des personnes qui se disent de gauche, des intellectuels, des médias, peuvent-ils cautionner une telle manipulation, un tel dévoiement de l’antiracisme ?

 

Dans toute action politique les motivations des organisateurs sont primordiales. Pour rassembler contre le / les racismes, il faudra dépasser les clichés, écarter les mensonges, les malveillants, les antis républicains, les antis laïcs du PIR (Parti des Indigènes de la République*) Houria Bouteldja en tête, le rappeur Médine, Tariq Ramadan et les autres, et même y penser à deux fois avant d’invoquer Angela Davis (pro-prostitution, voile, islamiste…) qui si elle fut une militante de la cause noire aux USA, a pourtant cautionné Elridge Cleaver et les autres militants noirs qui revendiquaient tout de même : «La libération de l’homme noir passe par le viol des femmes blanches ».

L’antiracisme phagocyté par des islamo-gauchistes, avec la complaisance de trop de politiques et médias, est en réalité le meilleur allié de l’extrême droite. Il serait temps que tous les républicains et en particulier les féministes et les LGBT le réalisent pleinement car l’époque exige que nous nous rassemblions toutes et tous sans tarder, contre toutes les discriminations et violences, contre tous les racismes, pour partager avec bienveillance et respect les valeurs d’une république laïque qui loin d’être exemplaire, nous garantit au moins, un minimum de démocratie.

Christine Le Doaré

 

* Le PIR (Parti des Indigènes de la République) qui lui n’a pas milité pour la disparition du concept de race, ni pour l’universalisme !

« Comme il existe un rapport de force entre les races, le but de notre organisation est de le politiser pour le faire basculer en notre faveur ».

Ça a le mérite d’être clair, l’objectif du PIR est de remplacer une domination par une autre, pas d’en venir à bout.

p2

p3

p1

p4

 

http://pek.blogs.com/pek/2015/11/la-dignit%C3%A9-cest-la-lutte-contre-toutes-les-formes-racisme.html

http://www.prochoix.org/wordpress/?p=661

http://www.ikhwan.whoswho/blog/archives/9247

http://www.prochoix.org/wordpress/?p=667

 

Avec le féminisme, abolir la haine

10614252_545421628892178_5332025508118457889_n (1)Partout la haine, protéiforme, pesante, grandissante, menaçante.

Les aversions, phobies, violences envers les personnes, qu’elles soient de nature sexiste, raciste, xénophobe, antisémite, homophobe ou lesbophobe, handiphobe, etc., se démultiplient et se banalisent.

Ces idéologies de rejet et de haine sont florissantes, en viendrons-nous jamais à bout, vont-elles augmenter jusqu’à compromettre toute possibilité de bien vivre ensemble ?

 

Au 21ème siècle, munis comme nous le sommes d’un formidable arsenal juridique et de politiques de lutte contre les discriminations, exposés à nombre de productions intellectuelles et culturelles, ces sentiments de détestation de l’autre, fondés sur une hiérarchisation des différences humaines, devraient avoir disparu.

C’est loin d’être le cas, il suffit de consulter les Rapports sur la question et notamment celui de la CNCDH, pour s’en convaincre.

 

La lutte contre les discriminations, en particulier contre le racisme,  ne date pourtant pas d’hier.

Grace aux luttes politiques pour l’égalité de droit entre les hommes, dans la plupart des pays occidentaux, les états s’engagent dès les années 50, dans des politiques contre les discriminations.*1

N’est-il pas étonnant que la discrimination liée au sexe, relative donc à une moitié de l’humanité et transverse à toutes les autres, (car il y a des femmes de toutes les origines, de toutes les religions, des femmes handicapées, âgées, etc.) soit considérée depuis toujours, comme relevant de la lutte contre les discriminations subies par des minorités visibles ?

Les discriminations liées au sexe, les actes violents, haineux,  de nature misogyne, restent paradoxalement les plus fréquents, toutes proportions gardées, et sont pourtant les moins bien réprimés.

Depuis les lois de février 2003 et mars 2004, deux nouvelles circonstances aggravantes ont été ajoutées aux articles 132-76 et 132-77 du code pénal, elles aggravent les peines encourues aussi bien dans le cas de violences que de discriminations.

La première porte sur les crimes et délits commis à raison de racisme, xénophobie ou antisémitisme, la seconde à raison de l’orientation sexuelle de la victime.

Exemple d’aggravation : Les violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner, passent de 15 ans à 20 ans de réclusion ; les menaces de mort passent à 5 ans d’emprisonnement et 75.000 € d’amende au lieu de 3 ans  et 45.000 €.

C’est très bien. Mais pour quelles raisons, le sexisme, n’est-il pas lui aussi, une circonstance aggravante ?

 

Les féministes ont le plus grand mal à se faire entendre et à être traitées avec toute la considération nécessaire pour faire valoir les droits des femmes.

Le sexisme demeure incontestablement le parent pauvre de la lutte contre les discriminations et les violences, aux plans judiciaire, de la prévention et de l’éducation.

La loi d’abolition de la prostitution votée par l’Assemblée Nationale en décembre 2013, n’est toujours pas inscrite à l’ordre du jour du Sénat, elle concerne très majoritairement des femmes vulnérables.

 

Les groupes minoritaires discriminés ont toujours avancé en ordre dispersé, chacun avec ses moyens, et sont parvenus plus ou moins rapidement à établir un rapport de force et imposer aux institutions, une législation spécifique et adaptée.

Ce qui fait d’ailleurs du dispositif anti-discrimination un patchwork très morcelé, peu lisible et peu accessible aux victimes.

 

La loi du 9 juillet 2010 «relative aux violences faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein des couples et aux incidences de ces dernières sur les enfants», est incomplète, mal connue et mal appliquée.

En vain, les féministes réclament depuis des années, une loi globale ou loi cadre pour lutter efficacement contre l’ensemble des discriminations et des violences faites aux femmes, psychologiques comme physiques, en matière de droit du travail, droit de la sécurité sociale, comme de droit civil et de droit pénal.

Elles réclament également la reconnaissance légale du féminicide, c’est-à-dire la prise en compte spécifique des milliers de crimes commis chaque jour, à l’encontre des femmes, massivement et de manière universelle sur toute la planète, juste parce qu’elles sont nées de sexe féminin : violences machistes telles que l’infanticide, le crime d’honneur, le crime conjugal ou familial, etc.

Reconnaitre le machisme comme étant une idéologie de haine tout aussi destructrice que le racisme, l’antisémitisme ou l’homophobie et la lesbophobie, est un préalable nécessaire.

C’est bien ce qui semble embarrasser la France alors que dans plusieurs pays d’Amérique Latine, en Espagne et aussi en Italie, tuer une femme à raison de son sexe, est devenu une circonstance aggravante, celle qui manque à l’article 132 de notre code pénal.

Avoir ratifié pendant l’été 2014, la Convention d’Istanbul qui impose une perspective de genre à la législation contre les violences, ne sert à rien sans transposition en droit français.

 

Les lois sont importantes, elles marquent la désapprobation sociale et facilitent l’accompagnement civique et pédagogique, les mesures de prévention et d’éducation, qui leur donnent tout leur sens.

Malgré tout, même le meilleur arsenal juridique du monde, aussi cohérent et complet soit-il, peut s’avérer être insuffisant pour faire reculer la haine et évoluer les mentalités.

C’est bien ce qui se produit en matière de racisme, tout est disponible, pourtant le bilan n’est guère satisfaisant.

Indéniablement, un contexte de crise économique ravive les tensions sociales, et le capitalisme libéral n’est guère propice au développement d’une société humaniste, de respect et d’entraide, mais tout de même, le racisme, la xénophobie comme l’antisémitisme atteignent des niveaux très préoccupants.

Les lois, il faudrait aussi prendre le temps de les expliciter et appliquer correctement, sinon, elles s’empilent et ne servent que lorsque l’infraction est commise, il est alors bien tard.

A l’évidence, quand les digues s’écroulent les unes après les autres, il est urgent de prendre le temps de comprendre pourquoi le rejet et la haine de l’autre ne cèdent pas de terrain, au contraire s’intensifient.

 

Tout se passe comme si les gens craignaient d’être gênés, contraints, envahis par les autres, voire en avaient peur.

Devoir faire une place aux étrangers, à tous ceux qui sont perçus comme si différents, avoir à prendre en compte leurs spécificités, tout ceci est de plus en plus vécu comme une agression, alors les gens s’enferment dans un repli individualiste ou identitaire / communautaire, qui peut aller jusqu’au rejet et à la violence.

Ce qui semble nouveau, c’est que cela touche un peu tout le monde et dans tous les sens, pour tout un tas de motivations croisées et parfois qui se surajoutent, de genre, ethnique, religieuse, culturelle, de handicap, d’orientation sexuelle, etc.

Je caricature un peu et généralise à dessin, mais il semble bien que plus personne ne soit à l’abri et dans nos sociétés individualistes mais aussi communautaristes, on pourrait dresser une liste interminable des détestations humaines : les landais détestent les basques qui détestent les asiatiques qui détestent les africains qui détestent les juifs qui détestent les arabes qui détestent les handicapés qui détestent les homos qui détestent les vieux qui détestent les jeunes, etc.

Les femmes étant détestées des hommes machistes qui ont fait de leurs différences, une supériorité, la domination masculine.

 

Ce contexte de repli et de rejet tous azimuts est insupportable.

Il serait temps de promouvoir des stratégies gagnantes, afin de vivre dans une meilleure compréhension et entente humaine avant de foncer droit vers la catastrophe.

Pour commencer, il faudrait enfin que la lutte contre le système patriarcal soit relayée de manière conséquente par les institutions et l’ensemble de la société.

Même si leur expertise est incontournable, ce n’est pas l’affaire des seules féministes.

La première oppression, aussi la plus fréquente et étendue, est déterminante, on peut même dire qu’elle conditionne toutes les autres.

Bien sûr chaque discrimination est le spécifique produit d’une histoire, mais elles relèvent toute d’un rapport de pouvoir sur l’autre et tant que la domination masculine et les violences machistes n’auront pas diminué de manière significative, voire disparu, les discriminations et violences sociales de toutes natures, homophobes, racistes, etc. continueront de se produire.

Il n’est pas rare de trouver des hommes machistes ou des femmes soumises au système patriarcal, également racistes, homophobes, etc., en revanche, il est rare que des personnes féministes ou pro-féministes soient homophobes, racistes, etc.

 

Probablement faudrait-il aussi parler autrement du racisme. Le peu de succès jusqu’ici, de la lutte contre le racisme, pourtant la plus ancienne et complète sur le plan juridique, nous encourage à le penser.

Il est indéniablement plus motivant d’être encouragé-e à l’ouverture, à l’échange et au dialogue que d’être culpabilisé-e, assailli-e de rancœurs, suspicions et accusations, même si parfois, elles sont légitimes.

Il est illusoire et vain de croire que les générations futures vont porter jusqu’à la nuit des temps des responsabilités qui ne sont que de très loin, les leurs.

Alors rappeler les luttes de pouvoir et les responsabilités des pays et surtout de leurs dirigeants dans l’histoire de l’humanité, en vue d’éclairer les générations futures est indispensable, mais il y a certainement des façons de le faire plus utiles que d’autres.

 

Il est indéniable que le point commun de toutes les discriminations et idéologies de haine, est la hiérarchisation de la différence.

Une différence, quelle qu’elle soit, n’est pas un prétexte à supériorité ou infériorité, c’est juste une donnée.

On ne peut la hiérarchiser que de manière arbitraire et s’y employer témoigne d’un besoin de domination et de soumission de l’autre.

En d’autres termes, une différence de force musculaire, de couleur, de façon de se mouvoir, est une donnée et seulement une donnée, en déduire une hiérarchie en vue d’établir une relation de pouvoir est la clé du problème.

 

Le jour où les êtres humains accepteront que la différence ne légitime aucun pouvoir, toutes les discriminations tomberont.

Je suis donc persuadée que le jour où les différences entre les femmes et les hommes seront envisagées de manière factuelle et ne légitimeront plus aucune relation de pouvoir et de domination de genre, discrimination première et universelle, toutes les autres discriminations tomberont pour les mêmes raisons.

Par conséquent, si nous voulons combattre efficacement la haine de l’autre et vivre ensemble harmonieusement, hâtons-nous de favoriser une société d’égalité entre les femmes et les hommes et féministe.

Le féminisme est un projet de société, probablement le seul capable d’abolir la haine et d’harmoniser les relations humaines.

Christine Le Doaré

 

*1 Sur le plan répressif, on peut notamment rappeler les lois sur la liberté de la presse qui répriment la diffamation raciste depuis 1881.

La loi de 1972 sur la lutte contre le racisme, punit le délit de provocation à la haine ou à la violence, à raison notamment de l’ethnie, l’origine, la race ou la religion.

La loi Gayssot de 1990 réprime tout acte raciste, antisémite ou xénophobe, également le négationnisme relatif aux crimes nazis.

La lutte contre l’homophobie est plus récente, l’homosexualité n’a été dépénalisée qu’en 1982.

Les injures liées à l’orientation sexuelle ont été ajoutées aux injures et incitations à la violence punissables des Lois sur la presse depuis une loi de 2001, et figurent donc à la liste des critères de l’article 225-1 et suivants du code pénal, également du code du travail.

La répression des  injures à raison du sexe, non sans mal, ont été alignées sur les injures à caractère homophobe.

En matière de sexisme, l’article 225-1 du Code pénal inclus donc bien le sexe et la grossesse dans la liste des critères qui constituent une discrimination ; également depuis la loi de 2006 l’égalité salariale entre les femmes et les hommes et depuis 2014, le harcèlement sexuel (à l’article 225-2).

Vite, la loi !

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Non à l’amplification de la mobilisation anti-égalité – l’égalité des droits n’est qu’une étape vers l’abolition du patriarcat !

Vivement que la loi soit votée et le mariage ouvert aux couples sans distinction de leur orientation sexuelle ! Vivement que l’adoption ne soit plus réservée aux seules personnes ou couples hétérosexuels et que les lesbiennes et les femmes célibataires aient accès à la PMA ! Parce que ce déballage indécent d’ignorance, de bêtise, de mépris et de haine, ça suffit ! Parce que l’égalité des droits n’est qu’une étape dans une société civilisée et que les vrais enjeux d’une société libérée du système patriarcal sont ailleurs.

Nous sommes en 2013 et en France, république laïque où une large majorité est favorable à l’égalité des droits ; alors pourquoi amplifie-t-on à ce point, la mobilisation des anti-égalités ?

En Espagne, en Belgique (Monarchie catholique) et ailleurs, tout le monde n’était pas favorable à cette évolution ; des débats ont eu lieu, les opposants se sont exprimés puis ils s’en sont remis à leurs députés. Depuis, aucun pays n’a pas eu à se plaindre de ce progrès et plus personne n’en parle. Alors, que se passe-t-il chez nous ?

Comme ailleurs, les religions du livre se déchirent, mais lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts patriarcaux, elles sont particulièrement zélées pour s’allier sur le dos de leurs boucs émissaires de toujours, les femmes, les lesbiennes et les gays. Circonstances aggravantes, en France, bien plus qu’ailleurs en Europe, les voix des religieux modérés et progressistes peinent à se faire entendre et c’est très préjudiciable. Les religieux, les plus intégristes d’entre eux en tête, sont à l’évidence responsables de toute cette violence homophobe et lesbophobe (surtout l’église catholique, en perte de vitesse et qui joue son vatout), mais les croyants progressistes devraient apprendre à s’exprimer plus vite, plus fort et plus nombreux. Pourquoi, par exemple, Christine Pedotti, intellectuelle catholique, co-fondatrice du Comité de la Jupe, a-t-elle mis autant de temps avant de publier un bel article sur la question (1). ?

Chez nous comme ailleurs, les partis politiques s’affrontent, mais en France, la droite a compris qu’elle pouvait effacer les dégâts du duel Copé-Fillon en récupérant la mobilisation qu’elle transforme en contestation contre le gouvernement Hollande. L’extrême droite quant à elle ne manque jamais une occasion d’enfoncer le clou et d’en découdre, ses milices fascisantes en tête !
Mais le gouvernement Hollande a aussi sa part de responsabilité, il aurait facilement pu éviter de lourdes maladresses ; il aurait dû dès le début, choisir sa stratégie et s’y tenir, placer la PMA dans un autre texte ou pas, etc. Surtout, il aurait dû faire preuve de plus de courage politique plutôt que de devoir défendre sa loi, une fois les opposants organisés et galvanisés par des médias complaisants.
Dans l’ensemble, nos députés ont très peu suivi l’audition du 12 décembre qui devait les éclairer sur l’application du texte en Europe ; ceci explique peut-être pourquoi les français se sentent obligés d’assurer le débat à leur façon ! Nos politiques portent une immense responsabilité dans ce débat honteux et qui nous ridiculise à l’étranger.

Les médias français depuis de nombreuses années n’ont plus les moyens de creuser leurs sujets. Ils privilégient les témoignages plus ou moins superficiels. Ils n’hésitent pas à harceler les représentants associatifs, non pas pour leur donner la parole (ce qu’ils ne font que rarement ou en situation de crise), mais pour qu’ils leur trouvent le témoin rêvé ! Ils vont parfois jusqu’à fabriquer la polémique s’ils considèrent que l’audience sera au rendez-vous ; de la même façon, ils minimisent voire ignorent les sujets qu’ils jugent peu vendeurs. Quand ils traitent une question, il leur faut toujours présenter des opposants, quitte à donner la parole à des personnes qui ne représentent qu’une pensée ou position ultra-minoritaire et déséquilibrer le débat. Les médias français ont donné une ampleur inégalée aux voix des homophobes, vous connaissez beaucoup de sujets de société qui donnent lieu à une couverture médiatique de cette ampleur ? La manifestation contre le mariage pour tous du 13 janvier a donné lieu à un suivi du cortège mètre par mètre, minute par minute, sur les chaines TV et les radios, etc., et sans beaucoup d’analyse ni de commentaires critiques. Le journalisme spectacle dans toute sa splendeur, les mêmes que ceux qui se contentent de filmer les plumes dans le cul à la Marche des Fiertés, et même si les plumes c’est beau !

Allègrement manipulée par ces forces réactionnaires démagogiques, nourrie au journalisme-spectacle, une partie de la population française, peut-être aussi pour oublier la crise économique, se berce d’illusions et avale les mensonges les plus éhontés ! Elle fantasme à cœur joie sur la famille idéale, celle que personne n’a jamais vue ! Comme par enchantement, disparus les difficultés, les divorces, les violences conjugales, les maltraitances sur enfants, les viols, les incestes, etc. ! Papa, maman, les petits et l’harmonie parfaite, ils veulent y croire ! Seulement voilà, ils savent bien, et pour cause, que la famille hétérosexuelle n’est pas si glorieuse, alors le plus sûr moyen, c’est encore de diaboliser l’autre, l’homosexuel-le qui forcément ne peut que faire pire ! Seulement voilà, l’autre, mis à part son orientation sexuelle, n’est en rien différent, ni pire, ni meilleur.

En France, il paraît que nous aimons le débat, oui, surtout quand il a lieu au « café du commerce » ou à la TV-gueuloir, quand il est irrespectueux, violent et qu’il ne mène à rien de bien constructif ! Il faudrait peut-être nous inspirer d’autres comportements avant de nous fossiliser dans nos traditions ? Il est amplement temps de se demander où sont passées les valeurs de notre république laïque, et à quelle égalité, fraternité-sororité, sa devise fait référence ? A l’évidence la mobilisation anti-égalité ne fera pas plier le gouvernement et la loi sera votée. Mais le bien mauvais débat français aura soulevé tant d’homophobie et de lesbophobe, on peut se demander si la célébration de cette victoire historique à venir, n’est pas déjà un peu gâchée.

L’égalité des droits n’est qu’une étape sur le chemin de l’abolition du patriarcat.

Alors, oui, vivement le vote de la loi, parce que non seulement nous allons devoir nous apaiser après tant de violences, mais pendant que nous nous acharnons à justifier l’adoption d’une légitime égalité des droits, nous disposons de moins de temps et d’énergie pour tout le reste !
En outre, si l’égalité des droits n’est pas négociable, défendre le mariage pour tous, c’est aussi défendre le mariage. Je sais bien que personne ne sera obligé-e de se marier et que tout le monde aura le choix, néanmoins, je l’avoue, je suis fatiguée de devoir, au nom de l’égalité des droits, défendre une institution conservatrice. Je ne suis, par exemple, pas favorable au système des aides sociales basées sur l’interdépendance du couple, je considère qu’une société moderne a remplacé ce système archaïque et sexiste en individualisant les aides et minimas sociaux. Les valeurs traditionnelles du mariage, du couple, de la famille avec l’enfant programmé, bien souvent prolongement de soi ou ciment du couple, programme prétendument indispensable au bonheur et surtout toute la pression sociale que ce schéma patriarcal impose, ne m’ont jamais convaincue. Ces modèles du couple et de la famille sont vitaux pour le système patriarcal constitué de rapports de pouvoir, ils génèrent des sociétés terrorisées de violences et ce ne sont pas quelques couples de même sexe mariés qui y changeront quelque chose. Les véritables enjeux et espoirs de changement sont ailleurs. L’égalité des droits est une étape incontournable dans une société civilisée, rien d’autre ; c’est déjà beaucoup, mais c’est tout.

Christine Le Doaré

1. http://www.huffingtonpost.fr/christine-pedotti/mariage-pour-tous-les-femmes-vont-se-reveiller-avec-une-sacree-gueule-de-bois_b_2463349.html?utm_hp_ref=france

Masculiniste et gay, c’est possible

Masculiniste et gay, c’est possible

Egalité des droits, ouverture du mariage aux couples de même sexe,

pour garder le cap, mieux vaut avoir le cœur et les convictions solidement amarrées.

Le vote de la loi sur l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, est désormais propulsé dans un contexte extrêmement tendu et conflictuel.

Nous le savions, même si le gouvernement en avait fait une de ses promesses de campagne, cette évolution ne se ferait pas sans grincements de dents. A n’en pas douter, l’Alliance parlementaire ressusciterait ; nos figures de proue réactionnaires enfourcheraient leurs dadas, etc., et tout ça n’a bien sûr pas manqué de se produire.

Toutefois, nous ne pensions pas voir autant d’opposants dans la rue – relativisons malgré tout, ils ont fait le plein, toutes les églises étaient inondées de tracts appelant à la manifestation du 17 novembre – ; nous ne savions pas que Civitas et son service d’ordre commettraient de telles violences à l’encontre de contre-manifestant-e-s. Ils devront répondre de leurs actes et j’aimerais assez que l’Intérieur se penche sur leur dissolution.

Surtout, nous ne pensions que les manifestations réactionnaires émouvraient à ce point le Président Hollande. Sa clause de conscience des Maires, est proprement indécente. La loi républicaine s’applique à l’identique pour toutes et tous dans une république laïque et indivisible. D’ailleurs, cette clause ne figure pas dans le texte présenté au Parlement ; il est probable que M. Hollande nous explique prochainement qu’il s’est mal fait comprendre.

Alors dans ce contexte fiévreux, qui donne de la France l’image d’un pays passéiste, peinant à adopter une mesure accueillie sereinement dans nombre de pays, il est indispensable que toutes et tous, personnes LGBT mais pas seulement, citoyen-ne-s de progrès également, nous sentions partie prenante d’un élan collectif et solidaire pour l’égalité des droits.

Pour réaffirmer la nécessité impérative d’une égalité de droits républicaine entre les couples et familles, pour condamner les lamentables manifestations de rejet et même de haine homophobes et lesbophobes qui se sont exprimées ces dernières semaines ; l’inter-LGBT, fédération représentative, a donc appelé à une Manifestation le dimanche 16 décembre prochain.

L’intitulé de la manifestation ne faisant pas référence à la lesbophobie, je suis intervenue sur le mur de l’évènement Facebook pour demander qu’aux côtés de l’homophobie et la transphobie, soit comme il se doit, ajouté la lesbophobie. En effet, les lesbiennes subissent des discriminations spécifiques en tant que femmes et homosexuelles, la lesbophobie étant la conjugaison du sexisme et de l’homophobie. Nous sommes largement invisibilisées dans le mouvement LGBT où nous peinons à trouver nôtre place, comme plus généralement dans la société, c’est un état de fait incontestable. Les associations et militantes lesbiennes s’évertuent d’ailleurs à l’expliquer depuis des décennies.

Alors, ne pas admettre que nous vivons dans une société patriarcale avec une domination masculine pugnace et ses conséquences à tous les niveaux, est étonnant mais peut à la rigueur s’expliquer par un manque de conscience des rapports sociaux de classes, par une absence de politisation et par la méconnaissance du féminisme, de ses théories et pratiques. Certains des commentaires portés à la suite de ma demande relèvent de ces manques, en particulier ceux qui laborieusement, tentent d’expliquer que l’Homme englobe la femme (comme dans la bible, vous savez, elle née de la cote d’Adam !), ou que l’homophobie c’est comme l’homosexualité, ça parle de l’autre et que ça concerne tout le monde, etc. Toutes ces explications simplistes traduisent avec une fausse naïveté, une domination masculine toute assumée. Des femmes les reprennent à leur compte, elles trouvent plus confortable d’opérer un raccourci et de s’identifier aux hommes plutôt que de combattre le patriarcat. Il faudra du temps, tout ça n’est pas nouveau et le féminisme a de beaux jours devant lui !

En revanche, d’autres commentaires, relèvent purement et simplement du machisme et même du masculinisme le plus primaire. Jugez vous-même et comprenez bien que ce déchaînement de violences est la conséquence d’avoir osé demander que soit rajouté le mot lesbophobie !

Ce n’est qu’un extrait, tout est toujours sur le mur de l’évènement, il faut juste retrouver le post et ses commentaires.

«-Vincent Mombellet : Il faudrait rajouter aussi que c’est contre la Bearphobie, parce que sinon je vais écrire invisibilisation non en majuscules aussi hein!

– Kévin Gagneul : Et sinon Le Doaré, ça te dérange pas trop trop si je viens avec des copains et copines putes ? Non parce que quand c’est pour taxer les mecs à longueur de journées d’indécrottables specimen du patriarcat, là y a du monde. Oui à la visibilité des lesbiennes, oui oui et encore oui. J’y suis tellement favorable quand quand une lesbienne est une conne, je suis tout aussi favorable à le lui dire : Christine, tu es une vielle conne qui fait chier.

– Kévin Gagneul : Elle n’aime que les gens qui pensent comme elle, elle n’aime que les gens qui parlent comme elle. Bref, elle n’aime qu’elle. je n’ai aucune estime pour cette personne, dont le niveau de respect est au niveau 0. Mais elle est toujours là pour donner des leçons.

-Kévin Gagneul : Guillaume P : Parles lui des putes (femmes et hommes) … tu vas voir sa réaction … Quand elle fait un article sur la secrétaire générale du STRASS elle met son nom entre guillemets … la classe non ? Quand elle parle des putes mecs elle les appels les « cuves à sperme » … Cette femme est un boulet, et nous la traînons, encore et encore.

– Philippe Doux-Laplace : Ajoutons la misandrie aussi.

-Thomas Marcel Veillard : Les lesbiennes, faut toujours qu’elles se démarquent. Anticonformistes. Brise-couilles quoi. Reste chez toi va.

-Walter Ninety-nine Percent : c’est bon elle est calmée la goudou 🙂

-Danvers Frank : Elle est vraiment grave la Le Doaré, aigrie de ne pas être organisatrice??? »

Sympa non ? Qu’est-ce que le masculinisme ? C’est une idéologie visant à défendre la position dominante des hommes et leurs privilèges. Les masculinistes nient les violences faites aux femmes, conjugales et sociales. Ils se font passer pour des victimes, ils nourrissent de la haine envers les femmes, qu’ils veulent rappeler à l’ordre patriarcal établi. *

La domination masculine, les rôles impartis aux femmes et aux hommes, la violence exercée à l’encontre des femmes dans le but de s’approprier leur vie pour la sexualité et la reproduction, les féminicides, les viols, les violences en tous genres pour maintenir la domination, etc. ; tout ce que le féminisme combat vise à l’égalité, au respect des différences, à l’abolition du sexisme mais aussi de l’homophobie, la lesbophobie et la transphobie, et à promouvoir d’autres modalités relationnelles entre les êtres humains. Pourtant, ils rejettent ce féminisme-là et se rendent complices du système d’oppression patriarcal à l’origine même de l’homophobie qu’ils subissent. Pathétique !

Faut-il comprendre que ceux qui versent dans le masculinisme font avant tout le choix d’une solidarité envers la classe des hommes à laquelle ils appartiennent ? S’emploient-ils à lui donner des gages dans le but de gagner l’estime de ceux dont ils veulent être reconnus et aussi séduire ? C’est bien ce que la violence de leurs propos, qui cache mal leur haine des femmes, donne à penser.

Le prétexte de la prostitution est à ce titre exemplaire. On peut être réglementariste ou abolitionniste ou ne pas avoir d’idée arrêtée sur cette question polémique. En revanche, comme dans le cas de KG, dénigrer violemment et de façon diffamatoire une position politique est inadmissible. Volontairement accuser les abolitionnistes de tuer des prostitué-e-s alors que c’est bien le système prostitueur, les clients qui contaminent en baisant sans capote, les violences que subissent les personnes prostituées et les substances qu’elles absorbent qui les tuent, est une manipulation sordide. Volontairement amalgamer prohibition (chasse aux prostitué-e-s) et abolition (prévention, éducation et pénalisation des clients) est parfaitement irresponsable. Les abolitionnistes qui espèrent une société avec moins d’exploitation et de violences, veulent abolir la loi relative au racolage passif, adopter des mesures sociales et de réinsertion des personnes prostituées qui le souhaitent et proposer des stages pour les clients, afin qu’ils questionnent leur demande. La prostitution est l’une des dernières violences faites aux femmes que la loi ne punit pas. Le problème ce ne sont pas les prostituées et aucun abolitionniste n’est anti-pute bien au contraire, mais les clients qui jouissent d’un privilège exorbitant du patriarcat : violer les femmes et leur consentement en le monnayant. «On dit que l’esclavage a disparu de la civilisation européenne. C’est une erreur. Il existe toujours, mais il ne pèse plus que sur la femme et il s’appelle prostitution ». Victor Huguo. A méditer. Dans tous les cas, pervertir ainsi le débat en proférant de grossiers et vulgaires mensonges est aussi vain que sordide.

Peut-être le plus choquant encore est-il que de tels propos aient été tenus sur la page de l’évènement Facebook de l’Inter-LGBT, sans être modérés. Bien sûr, l’Inter-LGBT a fini par modifier le titre de l’évènement et a ajouté la lesbophobie, mais à quel prix ! Des années d’investissement au sein du mouvement LGBT, à rabâcher encore et toujours, avec d’autres lesbiennes et certains gays aussi, que la domination masculine du système patriarcal est à l’origine des LGBTphobies, que ce système est à combattre globalement et conjointement, et essuyer à cet endroit-là, une telle violence machiste, est révoltant.

A la veille de la journée contre les violences faites aux femmes, cela me laisse songeuse. L’égalité des droits c’est certes important, les LGBT comptent sur une mobilisation féministe et citoyenne, mais les femmes peuvent-elles compter sur eux pour avancer vers l’égalité réelle entre les femmes et les hommes ? De ce côté-là, tout reste à démontrer.

Je ne vais pas épiloguer, les temps sont difficiles et nous avons toutes et tous fort à faire avec la droite réactionnaire et les religions toujours solidaires sur notre dos, mais messieurs, essayez donc un peu d’y penser seuls, le mot lesbophobie n’a pas été inventé pour rien ! Faites aussi un peu le ménage dans vos rangs ! Travaillez un peu ces questions fondamentales et vous pourrez vous prétendre pro-féministes ! Un conseil : être pro-féministe, ce n’est pas juger ce qu’est le «bon » ou le « mauvais » féminisme (en général, vous aimez ce qui ne vous remet pas trop en question), mais  c’est écouter, lire, apprendre et comprendre, puis vous engager à convaincre d’autres hommes.

Dans tous les cas, et une fois de plus, force est de constater qu’il faut avoir un véritable sens des priorités, une conviction militante inébranlable, être solidement engagé-e en faveur de l’égalité des droits et contre les LGBTphobies, pour manifester le 16 décembre, parmi trop – même s’ils ne sont pas une majorité – de gays misogynes, voire masculinistes. Si tant de femmes vous soutiennent, c’est peut-être parce qu’elles ont mesuré la longueur du chemin qu’il vous reste à parcourir et souhaitent, dans l’intérêt de toutes et tous, vous encourager à accélérer le mouvement !

Christine Le Doaré

*

http://sisyphe.org/spip.php ?article2941

La percée de la mouvance masculiniste en Occident par Hélène Palma, maître de conférence en études anglophones.

http://www.ladominationmasculine.net/themes/42-masculinisme.html


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