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#25novembre2021 Encore un effort !

Je suis solidaire de la stratégie adoptée par d’importantes associations féministes qui cette année pour le 25 novembre, Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, proposent de former un cortège abolitionniste de la prostitution, au sein du cortège de #NousToutes et ainsi de se démarquer du reste de la manifestation.

Les associations : Osez-le-Féminisme! Solidarité Femmes 3919, Femmes Solidaires, le Mouvement du Nid, l’Amicale du Nid, le Collectif féministe contre le viol, le Centre d’informations sur le droit des femmes et des familles, aussi l’Assemblée des Femmes proposent de « marcher ensemble le samedi 20 novembre, contre toutes les violences sexistes et sexuelles » regroupées dans un cortège identifié contre « tout achat d’actes sexuels ».

Fort justement elles remarquent « qu’il est devenu difficile, voire dangereux de dénoncer le système prostitueur » et dénoncent « les intimidations, menaces ou violences commises à l’encontre de survivantes de la prostitution ou de militant.es abolitionnistes au sein même des cortèges lors des manifestations ». (1)

Cette démarche est d’autant plus légitime que les mouvements qui soutenaient le système prostitueur avant le vote de la loi d’abolition, opèrent un retour en force et plutôt que de demander l’application et le renfort de la loi, la dénigrent et tentent de parvenir à une légalisation et ce alors même que les pays réglementaristes dépassés par la violence des réseaux mafieux, songent à adopter l’abolition !

En dénonçant la violence qui depuis une bonne dizaine d’années, s’exprime dans les cortèges féministes, ces associations reconnaissent à bas mots les dérives qui mettent en danger le mouvement des femmes.

Elles se démarquent ainsi des groupes intersectionnels queer et trans-activistes, qui défendent un féminisme dit « pro-sexe » défenseur du système prostituteur. Une imposture qui vise à invalider toute notion d’oppression des femmes, toute lutte féministe collective puisque tout est affaire de genre, de choix individuel et encore mieux, de fluidité.

En faisant un effort, elles pourraient aussi se démarquer des groupes identitaires, indigénistes et anticoloniaux, adeptes du relativisme culturel, qui notamment, défendent un « féminisme musulman » en vantant les joies émancipatrices du voile.

Ce sera peut-être pour l’année prochaine, ce ne devrait pas être si difficile puisqu’en général, ce sont les mêmes groupes, logiques et influences qui sont à l’œuvre.  

Il faudra aussi qu’elles s’interrogent sur le groupuscule des Effrontées qu’elles trainent toujours derrière elles, alors que la responsable de ce groupe « intersectionnel et LGBTQI+ trans » qui diffame régulièrement les universalistes, a clairement fait le choix de se rapprocher des mouvances indigénistes, de Lallab, et autres groupes défendant les diktats religieux patriarcaux.

Il est temps pour les associations féministes de revenir aux fondamentaux du féminisme universaliste, de condamner toute les menaces et violences à l’encontre des militant.e.s universalistes et de repousser tous les excès des woke et cancel cultures américaines.

Allez, encore un petit effort, et si je peux me permettre, la lecture de mon livre « Fractures ! Le féminisme et le mouvement LGBT en danger » (2) qui vient de paraître aux éditions Double Ponctuation, pourrait aider à avancer vers une nécessaire reprise en main, avant qu’il ne soit trop tard. La proposition d’un tel cortège au sein de la manifestation est un premier pas, mais il faut aller beaucoup plus loin et plus vite. Tôt ou tard, le rapport de force devra s’inverser ou il en sera fini du féminisme. Cela s’appellera autrement et n’aura plus grand chose à voir avec le sujet.

Christine Le Doaré

Non, le Mouvement du Nid n’est pas un repaire de « cathos putophobes » !

980528_10151673395509743_1591373817_oEn tant que féministe, je souhaite plus d’égalité femmes-hommes bien sur, mais surtout, une société émancipée dans laquelle les modalités relationnelles entre les êtres humains seraient, enfin affranchies de la domination masculine du système patriarcal.

Convaincue que l’abolition du système prostitueur est au niveau mondial, l’un des combats féministes prioritaires à mener avant de connaître une telle société, j’ai rejoint en septembre 2012, la Délégation Paris du Mouvement du Nid.

J’avais mesuré l’évolution inéluctable d’une association devenue féministe, en la voyant fonctionner au sein du Collectif qui fédère plus de 40 associations féministes : Abolition 2012. Pourtant, à la veille de l’Assemblée Générale annuelle qui rassemble toutes les délégations départementales, je me demandais quelque peu inquiète, quel allait être le poids de l’histoire et comment allaient s’articuler collectivement les composantes féministe, humaniste, progressiste et religieuse du groupe.

Je me demandais surtout quelles pouvaient être les conséquences actuelles des origines religieuses du mouvement, même ancrées dans un catholicisme social. Quelles valeurs, quelles exigences, quelles théories, quels comportements, etc. ; tout ceci me tracassait un peu. Je suis athée, je sais bien que les religions véhiculent des valeurs morales respectables, cependant, elles sont aussi responsables, volontairement ou parce qu’instrumentalisées, de tant de conflits sanglants, de l’oppression des femmes et de la répression de l’homosexualité.
En outre, le Mouvement du Nid est tellement caricaturé par ses opposants du lobby pro-prostitution, qu’il gardait encore à mes yeux, une petite part d’ombre.

Très vite, j’ai compris que l’association a été laïcisée depuis longtemps, notamment par la volonté de croyants eux-mêmes qui tenaient à bien séparer le fonctionnement (les statuts, les élus, etc.) de toute influence et structure religieuse. En d’autres termes, si des personnes religieuses restent engagées, cet engagement leur est strictement personnel et n’a le plus souvent, plus d’effet ni sur les orientations ni sur le fonctionnement du mouvement.
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Mais surtout, ce qui m’a le plus frappée pendant ces deux jours d’Assemblée Générale au Mans, c’est la formidable volonté de construire ensemble. Les parcours et motivations des militant-e-s sont hétéroclites, dans ces conditions, difficile d’éviter certaines incompréhensions et quelques coups bas ; ce qui est inévitable dans tout groupe qui fonctionne de façon démocratique. Au final, faire la synthèse des échanges, n’a pas été si difficile et le bilan de cette Assemblée Générale est même incroyablement fructueux. Nombre de structures associatives pourraient en prendre de la graine !

Avancer de concert pour consolider les orientations les plus récentes constituait bien une gageure. Il faut comprendre que les militant-e-s appartiennent à des groupes distincts et que rares sont celles ou ceux qui cumulent toutes les motivations :

-des féministes et pro-féministes motivé-e-s par la lutte contre les violences faites aux femmes, le client prostitueur étant le gardien des derniers privilèges patriarcaux. Le client prostitueur est complice d’un système qu’il entretient en achetant et consommant un acte de violence sexuelle. Le client prostitueur doit être sévèrement réprimé, au moins à la hauteur de la violence destructrice infligée à la personne dont il viole le consentement par l’argent.

-des progressistes et humanistes, en général de gauche, pour lesquels abuser de personnes en situation de précarité ou de faiblesse, pour des raisons économiques ou d’une autre nature (violences sexuelles dans l’enfance), en les exploitant et en les réduisant à l’état d’esclavage sexuel, est inconcevable. Le client prostitueur qui ne se soucie pas plus des souffrances qu’il occasionne que de la criminalité qu’il génère, doit être condamné.

-des croyant-e-s qui considèrent que la sexualité doit être humanisée et se vivre dans le cadre d’une relation à l’autre. Leur combat est moins politique, ils se préoccupent surtout de l’individu-e et de ses souffrances. Néanmoins, dans leur ensemble, ils comprennent peu à peu, la nécessité de la responsabilisation et pénalisation des clients prostitueurs.

Pari tenu ! L’Assemblée générale est parvenue avec brio à réaliser une synthèse, consolider ses orientations et ouvrir des pistes pour l’avenir. Ceci s’est traduit autant dans les débats de fond, que lors de la validation du riche bilan de l’année (l’Abolition citoyenne de la prostitution le 13 avril au Moulin Rouge, l’Appel de Bruxelles, etc.), et avec la réélection du Comité National.

Tout le monde ne le sait pas, des militants du Mouvement du Nid vont à la rencontre des personnes prostituées sur le terrain (+ de 4 000 rencontres sur l’année 2012, pour 4 800 heures/an de bénévolat) ; d’autres les reçoivent, leur apporte une aide, leur propose des activités de loisir, culturelle, des formations, les accompagnent dans leur démarches de sortie de la prostitution (6 125 visites dans les permanences, 780 personnes accompagnées, 5 800 démarches d’accompagnement, 7 840 heures de bénévolat/an) ; d’autres font de la prévention et animent des interventions en milieu scolaire (16 800 jeunes sensibilisés, 578 interventions en milieu scolaire, 5 200 heures/an de bénévolat ; l’enquête jeunes avec 5 000 questionnaires enregistrés) ; d’autres forment des travailleurs sociaux (62 sessions de formation dans l’année, 2 790 personnes formées) ; d’autres encore travaillent pour le magasine « Prostitution et société », sur le plaidoyer politique ; etc. ; mais ce qui caractérise l’engagement de toutes ces personnes impliquées dans les différentes actions, c’est qu’elles ont en commun un projet de société.

Les militant-e-s du Mouvement du Nid veulent moins de domination, de violences et de souffrances ; plus d’humanité, de justice sociale, d’égalité et d’émancipation. Un être humain n’est pas une marchandise soumise aux lois des marchés. Il est inacceptable que certains s’autorisent à payer et consommer des corps, des vies humaines, sans se soucier d’autre chose que de leur satisfaction personnelle et du bénéfice qu’ils en retirent. Sortir de l’emprise de la domination masculine, condamner les proxénètes et les mafias qui génèrent d’énormes profits, et pénaliser le client prostitueur sans lequel tout ceci n’existerait pas sont des objectifs partagés. Les militant-e-s du Mouvement du Nid, veulent de réelles alternatives sociales à la prostitution et que les politiques fassent preuve de courage.

C’est bien ce projet commun et son aboutissement qui unit toutes les sensibilités et expériences et qui permet de travailler collectivement, d’avancer de manière significative.

Bien sûr une Assemblée Générale se déroule dans un cadre contraint, il faut présenter et voter les rapports, élire un comité national et un bureau. Ce qui fut fait sans y sacrifier les nécessaires moments d’échanges sur des sujets complexes, tels que par exemple, l’élaboration du discours de l’association sur la sexualité, en particulier lors des interventions prévention jeunes.
La qualité des débats, aussi bien sur la forme que sur le fond fut impressionnante. Parvenir en Assemblée Générale à établir que la prostitution est une violence sexuelle et non une forme de sexualité comme une autre, sans figer le débat et en ouvrant un chantier « sexualité », est une belle réussite.

L’émergence d’un réseau de « survivantes de la prostitution » est un évènement majeur en France. Il était temps que témoignent d’autres personnes que les activistes du lobby pro-prostitution. Rosen, Laurence, Véronique, et d’autres encore, anciennes prostituées forcées ou libres, s’en sont sorties et sont à un moment de leur vie où elles ont retrouvé la force de s’engager en tant que citoyennes et militantes. Elles témoignent, elles publient, pour dénoncer les violences de la prostitution et les mécanismes qu’elles ont mis en place pour faire face et survivre.
Elles s’organisent et à l’instar des pays anglo-saxons, montent un réseau de « survivantes » pour se faire entendre, pour toucher les autres femmes prostituées et pour obtenir l’abolition du système prostitueur. Entre elles et le Mouvement du Nid c’est une histoire de confiance et de réciprocité.
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Si une Assemblée Générale est toujours un moment de bilan interne pour faire le point et valider ou invalider les orientations, l’association aura aussi su se tourner vers l’extérieur et donner un écho à l’action de la délégation sarthoise qui l’accueillait cette année.
Un chaleureux évènement public couvert par les médias, était organisé le samedi soir dans le Carré Plantagenêt et fut l’occasion d’échanges avec les Sarthois : un débat avec les officiels de la ville, une intervention particulièrement émouvante des « survivantes de la prostitution », une présentation de la campagne du préservatif « Je ne suis pas client de la prostitution, un orgasme ça n’a pas de prix ! », une fresque abolitionniste réalisée par de jeunes artistes, un buffet et une visite guidée de la vieille ville du Mans étaient au menu.
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Une Assemblée Générale est réussie quand les militant-e-s repartent avec le sentiment que l’association se donne les moyens d’atteindre le but commun qui les fédère. Je pense que c’est largement gagné ! Dans mon cas, il me fallait aussi repartir convaincue que la diversité du mouvement est bien une richesse et que les attaques incessantes du lobby anti-prostitution, STRASS en tête, sont infondées. C’est gagné aussi !
Non, le Mouvement du Nid, n’est pas un repère de cathos « putophobes «, c’est un mouvement qui sait fédérer des gens d’horizons très divers autour d’un projet de société progressiste, humaniste et féministe.

La prostitution n’est pas une fatalité, pas plus que la misère, l’exclusion ou les guerres et partout dans le monde, des personnes s’engagent contre les faillites des systèmes d’oppression. La prostitution est une violence, une violence sexuelle patriarcale, une des dernières violences sexuelles faites aux femmes, aux enfants et à quelques hommes, que la loi ne punit toujours pas pour les ravages et préjudices qu’elle occasionne.

Une seule solution, l’abolition du système prostitueur et donc la pénalisation du client prostitueur, car c’est bien à cette condition que nous pourrons commencer à réaliser l’égalité et à construire un autre vivre ensemble.
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