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STRASS, Morgane Merteuil : inversions et manipulations

marche-tete-04-900x599Morgane Merteuil, STRASS, réglementaristes de la prostitution et inversion rhétorique au service de la manipulation.

Savez-vous que les personnes qui ne consomment pas assez de biens matériels sont responsables des ratées du système capitaliste ? Egalement, que les victimes du racisme sont responsables de l’inquiétude des occidentaux menacés par une société métissée et plurielle ?
Je vous sens crispéEs là, non mais c’est quoi ce discours néolibéral et raciste ? Inversion sémantique au service de la manipulation idéologique ? Oui, sans aucun doute !
Pourtant, quand Morgane Merteuil, porte-parole du STRASS*1. écrit que les clients et plus généralement les bénéficiaires du système prostitueur rendent service aux femmes en leur permettant de se prostituer quand les féministes abolitionnistes, elles, les mettent en danger, le procédé est rigoureusement le même mais peu y trouvent à redire.
Pourquoi sur le sujet de la prostitution tant de progressistes ont-ils l’esprit critique en berne, quand sur d’autres sujets, ils sont prompts à repérer les tentatives de manipulation à coups d’inversions sémantiques flagrantes ?

Le dernier texte de Morgane Merteuil est un chef-d’œuvre du genre. Elle y opère une double manipulation.
Elle s’appuie sur un texte de Joan W. Scott « Émancipation et égalité : une généalogie critique », donné lors d’une conférence Au-delà du patriarcat du colloque Penser l’émancipation (Nanterre, février 2014).

Le titre de Merteuil « Putes, corps désirants et émancipations », donne le ton, comme si juxtaposer des mots inconciliables suffisait pour convaincre de la pertinence du propos :
« putes » ce qui signifie : femmes (le plus souvent, mais pas seulement) performant des rapports sexuels sans désir et pour de l’argent, sous la contrainte (le plus souvent, mais pas toujours) ; rien que l’utilisation du mot « pute » est douteux, il permet de détourner l’attention et d’effacer la violence de la réalité de la prostitution,
« corps désirants » mais qu’est-ce donc qu’un corps désirant ? Un être désirant, oui, je vois, un corps désirant, déjà beaucoup moins, à moins que Morgane Merteuil ne reconnaisse l’état de distanciation / dissociation nécessaire pour se prostituer, l’esprit ici et le corps tout là-bas ?
Dans tous les cas, parler de « corps désirants » dans le cadre de la prostitution, alors que nombre de professionnels de santé et de féministes s’accordent à la qualifier de violence sexuelle intrinsèque et que les associations de défense de prostituéEs prétendent en faire un travail, est pour le moins contradictoire.
« émancipations », le mot est au pluriel, c’est tout de suite plus signifiant.
C’est aussi un artifice pour associer l’émancipation des femmes musulmanes à celles des femmes prostituées, le STRASS ratisse large et aux côtés de ses amiEs des Indigènes de la République, Morgane Merteuil tente de nous convaincre que « féminisme musulman » et « féminisme pute », même combat ! *2.Voir « Des déchaînézs au genoux du patriarcat ».

Le texte est à l’image du titre : une laborieuse tentative d’inversion des responsabilités, chaque argument étant maltraité jusqu’à l’absurde.
Bien entendu, les industries du sexe ne sont plus des industries ultra-capitalistes qui s’en mettent plein les poches sur le dos de femmes exploitées, les proxénètes comme les clients ne sont plus des instruments de la domination masculine et ne sont jamais responsabilisés, en revanche, les féministes abolitionnistes seraient des libérales « des franges répressives » et mettraient en danger les personnes prostituées.
De quelle manière et avec quels moyens, vous ne saurez jamais, ce qui compte c’est de semer le doute, de faire de la désinformation et de propager des mensonges.

Joan W. Scott prétend que « la rhétorique de l’émancipation sexuelle et de l’égalité entre les sexes, en ce qu’elle est soumise à un capital mondialisé qui fait du désir, et de sa capacité à l’assouvir, un préalable à la citoyenneté, contribue à la perpétuation de la domination de « populations minoritaires défavorisées », et notamment des femmes musulmanes ».
La théorie de Joan W. Scott est tout de même particulièrement perverse, elle suggère que l’émancipation des femmes occidentales, leur droit à une sexualité libre et désirante, leur volonté d’égalité, sont responsables de la domination des femmes musulmanes qui elles, n’auraient pas atteint ce niveau de liberté et ne pourraient donc, de ce fait, accéder au statut de citoyenne.
Entendez bien, les femmes musulmanes ne seraient pas opprimées par la domination masculine, l’interprétation masculine de textes religieux, le poids des traditions, non, du tout, elles seraient dominées à cause des féministes, des femmes occidentales libérées et seules dignes d’un statut de citoyenne !
Formidable exemple d’inversion des responsabilités et de manipulation rhétorique !
Les féministes universalistes « orientales » qui luttent dans les pays musulmans apprécieront cette obole au féminisme islamiste et plus encore au système patriarcal !
[Que des intervenants capables de telles manipulations soient invitéEs dans des universités françaises me laisse perplexe.]

Puis, entraînée dans son élan, non contente, comme Joan W. Scott, d’accuser « la communauté des nations » d’avoir choisi « le désir sexuel comme dénominateur commun universel dans la définition de l’humain », et par conséquent, selon Morgane Merteuil, d’être « islamophobe », [vous suivez j’espère ?], la porte-parole du STRASS extrapole et, seconde manipulation, se demande « si le rejet des revendications des travailleuses du sexe peut, lui aussi, correspondre un autre aspect du discours civilisationnel analysé ici par Joan W. Scott ».

Je vous épargne quelques paragraphes plutôt inintelligibles, pour arriver à ceci : « L’accent placé sur une sexualité libérée … fait écho au désir de consommer qui sert de moteur au marché, et permet de détourner l’attention des injustices économiques et sociales qui résultent de la discrimination et des formes structurelles de l’inégalité. On touche bien là à un des fondements de l’idéologie libérale, qui fait finalement reposer sur la volonté individuelle la capacité d’émancipation (sexuelle), sans prendre en compte les rapports de domination et de dépendance qui peuvent entraver celle-ci. Ainsi, dans le débat sur la prostitution, la position abolitionniste consistera essentiellement en une volonté de « responsabilisation » des clients…, sans que ne soient jamais abordées les causes économiques et structurelles qui peuvent pousser des femmes non seulement à exercer cette activité mais de manière plus générale à être dépendantes des hommes. »
Quel plus beau déni de la réalité des luttes féministes !
Un allié pareil, le patriarcat en rêvait, Morgane Merteuil l’incarne, il peut dormir sur ses deux oreilles.
Morgane Merteuil avance que la libéralisation de la prostitution et la soumission à des dictats religieux/coutumiers, sont des enjeux de luttes émancipatrices.
En réalité, les groupuscules d’activistes du STRASS, du collectif « 8marspourtoutes » et leurs quelques alliéEs politiques et universitaires s’emploient à faire diversion pour éviter toute atteinte sérieuse au système patriarcal et c’est à peu prés tout.

Constamment et simultanément les féministes combattent les systèmes d’oppression idéologiques, économiques et sociaux, dénoncent la pression des industries patriarcales et capitalistes du sexe qui ne cessent d’envahir nos sociétés hypersexualisées, combattent les inégalités femmes-hommes, etc.
Nous abordons la question de la prostitution, en tant que projet de société, à fortiori collectif, par opposition aux réglementaristes qui ne parlent jamais que de choix individuels de quelques « libérales/libéraux » qui exerceraient « librement » sans se préoccuper des millions de femmes déplacées, torturées, violées et prisonnières de proxénètes, de la traite.
Et tout ça, nous le ferions sans jamais interroger et combattre les raisons économiques et sociales qui poussent les femmes à se prostituer ?
Allons donc, nous ne cessons d’expliquer que désespoir, besoin d’argent et passage à l’acte favorisé par des violences sexuelles antérieures, sont les raisons qui poussent le plus souvent les femmes à se prostituer, quand elles n’y sont pas contraintes par un proxénète ou un réseau mafieux.
Une seule femme opprimée, une seule femme violée, une seule femme prostituée et ce sont toutes les femmes qui risquent elles aussi, de subir ce même destin.

Le féminisme n’a pas de sens s’il n’aboutit pas à libérer les femmes, toutes les femmes, de l’emprise de la domination masculine, de leur exploitation et de leurs violences.
La domination masculine vise à contrôler les femmes, leur sexualité, la reproduction ; les religions, les traditions, les institutions sont les instruments de ce pouvoir masculin.
La prostitution n’est jamais que l’un des plus archaïques moyens de s’approprier les femmes – et souvent les enfants, parfois des hommes – réduitEs à des commodité sexuelle au service des hommes. Le voile et plus encore la burqa, le niqab, n’ont d’autre fonction que d’effacer les femmes et de les désigner propriété exclusive du père ou du mari tout puissant.
Morgane Merteuil aura beau triturer la réalité dans tous les sens, nous inventer des concepts « d’épanouissement sexuel islamophobes », – quelle personne sensée peut accréditer une seule seconde l’idée que nos politiques publiques associent épanouissement sexuel et droits sociaux ? -, elle n’est jamais du côté des femmes, de leur libération, de l’abolition du patriarcat.
C’est d’ailleurs pour cette unique raison et manifestement pas pour la pertinence de ses analyses, qu’elle cumule tant de soutiens et d’intérêts médiatiques et politiques.

Une manipulation rhétorique aussi grossière que celle qui consiste à inverser les responsabilités et absoudre au passage les bénéficiaires des systèmes patriarcal et prostitueur, est lamentable mais ce qui l’est plus encore, c’est la complaisance dont elle bénéficie pour continuer sans vergogne, à la tête du STRASS et des réglementaristes de la prostitution, à salir le mouvement féministe et tenter de le diviser.

Christine Le Doaré

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*1.STRASS : Syndicat des travailleurs du sexe

*2 : https://christineld75.wordpress.com/2014/04/02/des-dechainees-aux-genoux-du-patriarcat-2/

Des «Déchaînées » aux genoux du patriarcat !

pancakes-158510Des «Déchaînées » aux genoux du patriarcat !
Ou pourquoi, à peine connues, les théories « féministes « post-modernes sont vouées aux poubelles de l’Histoire.

« Islam et prostitution : les féministes, le voile et le string » de ValérieCG ou Crêpe Georgette. Vous ne rêvez pas, dans un même titre, s’enchaînent les mots : Islam, prostitution, féministes et voile. String c’est juste pour faire style.

Surprenant ? Pas vraiment, depuis quelque temps déjà, une mouvance constituée de : bloggeuses influentes (notamment « Les Déchaînées »*1.), aussi la nébuleuse « 8marspourtoutes » *2., de Morgane Merteuil et d’autres du STRASS *3 et aussi d’Act-Up Paris, de quelques militants du NPA, aussi des Verts et de quelques universitaires amplement médiatisés, a pour ambition de parvenir à décrédibiliser puis diviser le mouvement féministe, en récupérant certaines luttes de femmes.

Les théoriciens et théoriciennes du « féminisme » post-moderne dit improprement « pro-sexe », nullement effrayéEs par les amalgames improbables, récupèrent des luttes de femmes que la société rejette et /ou que leurs « choix » isolent.
Ces femmes, à priori, tout les oppose : les unes revendiquent de se voiler « librement », les autres de se prostituer « librement ».
On ne peut imaginer plus grand écart entre les motivations et revendications d’un tel rassemblement, mais le mot « librement » a indéniablement un fort pouvoir d’attraction sur les libertariens !

D’un côté, nous avons des femmes voilées qui semblent ignorer que des générations de femmes se sont battues pour s’en affranchir, que des femmes sont, en France, sommées de le porter par les hommes de leur entourage, que d’autres femmes dans le monde sont harcelées, lapidées et assassinées quand elles ne le portent pas.
En tous cas, elles s’acharnent à défendre en France, ce morceau de tissu qu’aucun texte religieux n’impose, mais infligé aux seules femmes par des hommes qui encore et toujours exigent de les contrôler et entravent leur liberté.
Paradoxalement, ces femmes s’entêtent à leur donner raison et se déclarent « libres », certaines le sont sûrement, mais combien sont instrumentalisées par le « féminisme islamique », des islamo-gauchistes et intellectuels si bienveillants à leur encontre ?

De l’autre, des prostituéEs qui semblent ignorer qu’en guise de liberté, elles participent à l’organisation patriarcale d’une distribution des rôles agencée pour garantir aux hommes une mise à disposition des corps des femmes.
Réduites à une convenance sexuelle, elles n’expriment aucune solidarité envers les femmes forcées dans la prostitution, comme si elles ignoraient que les clients ne s’inquiètent jamais de la situation des femmes et filles qu’ils payent, que leur demande nourrit une traite criminelle et un sordide trafic d’êtres humains.
Une liberté d’entreprise incompatible avec la défense des droits humains et à fortiori des droits des femmes.

Rien de bien moderne, subversif ni féministe dans ces revendications, si ce n’est que le mot « librement » justifie tout, y compris de renforcer le contrôle et les violences contre les femmes puisqu’elles semblent y consentir.
En réalité dans un cas comme dans l’autre, des femmes souffrent du regard de la société, de violences et de discriminations mais plutôt que de lutter contre les raisons de leurs problèmes à savoir, l’arbitraire de l’interprétation masculine des religions et les violences sexuelles de la domination masculine, elles tentent d’aménager leur oppression plutôt que de l’abolir.
Erreur fatale, l’oppression ne s’aménage pas, elle s’abolit.

Le mouvement féministe est loin d’être parfait et ne se préoccupe probablement pas assez des multiples discriminations de sexe, classe, race-racisation-, il est compréhensible que des femmes se pensent laissées pour compte ; en revanche, ce qui est scandaleux c’est l’instrumentalisation éhontée de frustrations légitimes par des intellectuels et des activistes que l’honnêteté intellectuelle n’étouffe pas.
Le relativisme culturel est pourtant de plus en plus contesté, à commencer par les femmes concernées dans les pays arabes ; les femmes du monde entier sont solidaires face à des violences et discriminations qui les concernent toutes, c’est ça le féminisme et le relativisme culturel les divise.
Le soutien direct ou indirect de plus en plus flagrant aux industries du sexe, que les femmes dès qu’elles sortent de la prostitution, dénoncent en grand nombre, est de plus en plus difficile à cacher.
Nous vivons dans un monde formidable : les systèmes d’oppression, les industries n’ont même plus besoin d’assurer leur maintien et défense eux-mêmes, des personnes et groupes se présentant comme subversifs le font bien mieux à leur place !

Ce sont les mêmes qui nous rabattent les oreilles de l’intersectionnalité des luttes, concept utile pour exiger des femmes qu’elles attendent le grand soir pour revendiquer des droits spécifiques ; dommage, l’Histoire et même la plus récente nous prouve qu’elles sont alors très vite muselées et renvoyées à leur oppression.

Aucun des arguments avancés dans le texte « Islam et prostitution… », au paroxysme de cette posture aberrante ultra-libérale et islamo-gauchiste et qui revient à promouvoir un racisme de l’occident pas plus intelligent que ne l’est aucun racisme, ne résiste bien longtemps à une lecture un tant soit peu critique et surtout féministe.

« La lutte contre le voile, outil fédérateur d’un féminisme en mal de visibilité » !
Il faut le lire pour le croire ! La lutte contre les discriminations, l’éducation à l’égalité, la lutte contre les violences (le viol, les violences conjugales, etc.) sont des sujets fédérateurs parmi bien d’autres et depuis toujours, pour les militantes féministes.
En outre, la question du voile est un vrai sujet de société sur lequel les féministes aussi ont leur mot à dire car religions, interprétation masculine des religions et oppression des femmes ont toujours été fortement liés !

« Civiliser les femmes musulmanes : « mission oppression », au nom du féminisme » !
Entre culture du complot et fantasme de persécution de type « Indigènes de la République » ! Comment croire une seule seconde que le mouvement féministe penserait à « civiliser les musulmanes » ?
Les femmes du monde entier ont toujours cherché à s’affranchir du poids des religions, de toutes les religions et de ce qu’elles imposent aux femmes.
Quelle pathétique névrose que de masquer les voix des féministes du monde musulman qui résistent pour mettre en avant les « féministes islamistes », instruments des pouvoirs intégristes !

« 2013, le féminisme anti-putes s’offre les feux de la rampe » !
Référence à la loi d’abolition de la prostitution qui comporte la pénalisation du client prostitueur. Comme si depuis toujours le mouvement féministe n’était pas abolitionniste de la prostitution, plutôt que complaisant à l’égard des hommes qui abusent du pouvoir de l’argent pour contraindre des femmes à une sexualité non désirée ?
Mais c’est quoi au juste le féminisme sinon l’émancipation des femmes pour l’égalité femmes-hommes, une société qui se libère des dominations, exploitations et violences et abolit les privilèges patriarcaux à commencer par les plus anciens et à l’origine même du patriarcat : l’appropriation du corps des femmes pour la sexualité et la reproduction dans le mariage comme dans la prostitution ?!

Tout est à l’avenant, les fondamentaux d’un féminisme universel et laïc sont bafoués dans un jargon complotiste, des arguments absurdes, une grossière manipulation idéologique.
Qui donc peut être dupe ? Cette mouvance, démasquée depuis un certain temps déjà, ne poursuit en réalité pas d’autres buts que la perpétuation du patriarcat, alors je me demande bien pourquoi ces « féministes » de pacotille continuent de faire semblant ? Croient-elles vraiment pouvoir ainsi souiller les luttes féministes et tromper celles et ceux qui les suivent, encore longtemps ?
Pourquoi ne disent-elles pas clairement qu’elles sont du côté de l’oppresseur, des dictats religieux, du contrôle des femmes ? Pourquoi ne rejoignent-elles et ils pas les masculinistes, les islamistes, enfin qui elles et ils veulent, mais cessent d’usurper le nom de féminisme ?

Quelle terrible imposture, les seulEs véritables « putophobes » et « islamophobes » ce sont eux, tout juste bons à attiser la haine et à diviser.

Christine Le Doaré

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*1 Les Déchaînées : Valérie CG et Crêpe Georgette + Daria Marx + Gaëlle-Marie Zimmerman et A Contrario : http://www.crepegeorgette.com/2014/03/17/creation-de-lassociation-les-de-chainees/

l’article objet de ce post : « Islam, prostitution, … » : http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache%3Ahttp%3A%2F%2Fwww.dechainees.fr%2F2014%2F02%2F27%2Fislam-prostitution-feminisme-voile-string%2F

*2

Un étrange 8 mars 2014

Encore un 8 mars et des questions qui fâchent

*3 STRASS : Syndicat des travailleurs du sexe

Indécente instrumentalisation des luttes LGBT par Morgane Merteuil

72807_4909590014134_1266105167_nProfitant de la mobilisation homophobe des anti-mariage pour tous du 13 janvier dernier, dans sa tribune « Homophobie, putophobie même combat ? » publiée le 14, dans la rubrique Rue69 du site en ligne du Nouvel Observateur, Morgane Merteuil, Porte-Parole du STRASS, instrumentalise sans scrupule, les luttes LGBT et amalgame légalisation du mariage pour tous et prostitution.
A force d’investir le mouvement LGBT et menacer les abolitionnistes, le STRASS a sans doute fini par se convaincre que tout les LGBT soutiennent le lobby pro-prostitution !

La recette : amalgames et lyrisme, c’était bien tenté. Que Mme Merteuil et le STRASS se jettent sur l’occasion pour récupérer les luttes LGBT et manipuler l’opinion, ne constitue pas vraiment une surprise ; en revanche, que des journalistes, en particulier ceux du site du Nouvel Observateur, tombent ainsi dans le panneau, est beaucoup plus étonnant.

Je souhaite rappeler à Mme Merteuil que les luttes LGBT concernent des personnes, des couples et des familles qui subissent des discriminations et des violences liées à leur seule orientation sexuelle.
Des préjugés archaïques les privent de droits et les placent dans des situations d’injustice voire d’insécurité.
La revendication du mariage n’a de sens que dans une perspective d’égalité des droits, car l’orientation sexuelle ne peut à elle seule priver des couples et des familles, de droits et obligations auxquels peuvent accéder les citoyens français.
L’égalité des droits n’est pas négociable et ne relève d’aucune activité marchande, d’aucun marché. Les personnes LGBT, citoyens à part entière, seront les seuls bénéficiaires des luttes pour l’égalité des droits.

Mme Merteuil semble avoir momentanément perdu de vue que les bénéficiaires de la prostitution sont les clients qui achètent des services sexuels et en cas de prostitution forcée (écrasante majorité), les souteneurs, proxénètes, réseaux et mafias.
La prostitution est le second marché criminel après la drogue et avant les armes ; les états qui ont réglementé ne parviennent plus à endiguer la criminalité prostitutionnelle ni à distinguer sur le terrain ce qui relève ou non de la « libre » prostitution.
C’est fâcheux, mais qu’à cela ne tienne, Mme Merteuil qui n’est plus à une pirouette rhétorique prés, occulte ces réalités pour mieux nous égarer.

On imagine bien que Mme Merteuil ne nous parle pas des droits des proxénètes et des réseaux.
Mais de quels droits alors, nous parle-t-elle ? De ceux des personnes prostituées ?
Certes, les personnes prostituées doivent être respectées et protégées par la loi, mais, nul besoin d’une loi réglementariste pour ça.
Personne mieux que les abolitionnistes ne défend les droits des personnes prostituées.
L’abolition n’étant pas la prohibition, le projet abolitionniste prévoit lui aussi l’abrogation du délit de racolage, mais il se contente pas de cela, il exige des programmes de réinsertion, sociaux et de santé, pour les personnes qui souhaiteraient sortir de la prostitution. En réalité, et qu’elle l’assume ou non, c’est bien des droits des clients dont nous parle Mme Merteuil. Les clients prostitueurs qu’il faudrait préserver, ménager, choyer car business is business.
Bien entendu elle défend également les affaires de quelques escortes « libres » contre l’écrasante majorité de prostituées contraintes.
En d’autres mots, notre activiste porte haut et fort les pratiques et la philosophie du libéralisme !

Ce qu’il faut comprendre de cette tribune, c’est que Mme Merteuil et le STRASS nous condamnent à entretenir cette vieille légende, cette incroyable mystification patriarcale qui consiste à présenter la sexualité masculine comme irrépressible et justifiant par conséquent, la mise à disposition de quelques femmes qui auraient le privilège de la satisfaire !

Sachez-le Madame, il est incompatible de vouloir à la fois, pérenniser les privilèges exorbitants du système patriarcal, et revendiquer l’égalité, qu’il s’agisse d’égalité réelle entre les femmes et les hommes ou d’égalité des droits pour les minorités. L’indisponibilité de l’être humain, de son corps, est protégée par la loi et doit rester en dehors des lois du marché. D’ailleurs la prostitution a bien moins à voir avec la sexualité qu’avec la domination masculine ; elle est affaire d’éducation contre la domination et les violences.

Alors, Mme Merteuil, vous qui avez l’outrecuidance d’instrumentaliser les luttes LGBT, sachez que cette grossière tentative de récupération est stérile car lutter pour nos droits et libertés est incompatible avec votre lutte pour l’institutionnalisation de l’esclavage sexuel des femmes et de quelques hommes.

Christine Le Doaré

Au fond, qui estime vraiment les personnes prostitué-e-s ?

https://christineld75.wordpress.com/2012/09/05/pour-se-liberer-morgane-merteuil-va-devoir-choisir/

Pour se libérer, Morgane Merteuil va devoir choisir

Pour se libérer, Morgane « Merteuil » va devoir choisir

« prosexe, proporno, proputes »* sans doute ; féministe ? pas encore !

Morgane « Merteuil » se présente comme « escort girl » et exerce à temps plein la fonction de porte-parole d’une association de prostitué-e-s.

Elle assume ses choix de vie et revendications corporatives mais éprouve le besoin de se dissimuler derrière un pseudonyme. Pourtant, l’association qu’elle représente, nous affirme que  la prostitution est un métier comme les autres. Imaginez un instant la confusion dans laquelle nous serions si tous les syndicalistes et porte-paroles associatifs devaient prendre un nom d’emprunt.

Revenons à Morgane « Merteuil » qui revendique « une libre prostitution », la marchandisation des corps, et défend le droit des clients à une consommation tarifée de sexe. C’est son opinion et elle est parfaitement libre de l’exprimer.

Jusqu’ici, il s’agissait d’un débat de société : la prostitution divise fortement et les arguments s’échangent avec force conviction ; pas d’animosités personnelles, seulement des positions politiques. Seulement voilà, Morgane « Merteuil «  s’attaque délibérément aux féministes abolitionnistes de la prostitution, dans sa publication « Libérez le féminisme ».

Selon Libération – jamais en reste pour monter en épingle la moindre anecdote croustillante, alors la prostitution, vous pensez bien ! -le féminisme de « Merteuil » serait « prosexe, proporno, proputes ». Même si la critique n’est guère positive au final et relève les contradictions de l’auteure, on sent poindre la complaisance habituelle qui anime les médias en matière de prostitution et plus généralement de sexualité.

Ce que Morgane Merteuil semble ignorer, c’est que le féminisme est affaire de libération des femmes. Le féminisme ambitionne l’égalité femmes-hommes et bien au-delà des rapports humains différents, basés sur des valeurs d’émancipation et d’abandon de la domination. Seulement voilà, le libéralisme a soumis l’idée même de liberté sexuelle aux normes des industries du sexe.
La pornographie notamment présente une sexualité déshumanisée et mécanique ; elle objectivise les femmes le plus souvent avec mépris et violence. La pornographie  réduit les femmes à des machines à faire jouir les hommes, elles gémissent et grimacent comme des marionnettes lobotomisées, en simulant d’improbables  orgasmes. Quant à la pornographie « pro-sexe » – réappropriation prétendue libératrice – elle ne fait qu’imposer de nouvelles normes aux femmes.
La prostitution quant à elle,  est la forme la plus archaïque de l’appropriation du corps des femmes produite par le système patriarcal ; le « plus vieux métier du monde » est en réalité l’un des plus vieux privilèges de la domination masculine, c’est une survivance moderne de l’esclavage.

Les réglementaristes opposent l’intérêt individuel et libéral d’un petit nombre de prostitué-e-s qui choisiraient de se prostituer (sachant tout de même que la plupart ont subi un traumatisme consécutif à un viol voire un inceste dans l’enfance) à l’immense majorité d’une prostitution forcée, violente, en pleine expansion et extrêmement difficile à endiguer.
Ils font du corps humain une marchandise et opposent l’individualisme libéral à un projet de société moderne, féministe et humaniste.

Morgane « Merteuil » se revendique donc « pro-sexe », « pro-prostitution » et « pro-putes » en opposition aux féministes qu’elle qualifie de « bourgeoises » et motivées par la promotion de la « dignité » des femmes comme modèle d’émancipation !
La « dignité » des femmes peut en effet motiver les féministes, mais surtout, Morgane Merteuil, ce qui anime depuis toujours les féministes,  c’est la lutte contre les discriminations et les violences, dont les violences sexuelles comme le viol ; c’est l’abolition des privilèges de la domination masculine, c’est la défense de l’intégrité, l’égalité, et la liberté des êtres humains.

Il semble que Morgane « Merteuil » connaisse bien mal le féminisme et que ses idées en soient très éloignées.
En outre, elle confine au conformisme le plus réactionnaire en critiquant les campagnes d’OLF en faveur du retrait administratif du « Mademoiselle » : c’est vrai ça, Mademoiselle pour les femmes non mariées et Damoiseau pour les garçons, c’est tellement plus moderne !
Elle affirme que les femmes « aiment le cul », ce dont personne ne doute, même si les généralités n’ont guère de sens,  mais reproche à OLF sa campagne « Osez le clito ! », cherchez l’erreur ! Serait-il trop osé de parler de jouissance féminine ? Morgane Merteuil serait-elle déstabilisée en apprenant ce qu’est un clitoris ?
Dans la confusion la plus totale, elle s’attaque aux féministes avec des motifs plus grotesques les uns que les autres mais voudrait tant en être une, elle aussi. D’ailleurs, jamais à une contradiction ni provocation près, elle se revendique « féministe pute » !

A l’évidence, Morgane Merteuil, activiste du lobby pro-prostitution et proche des Indigènes de la République, à la fois étudiante, auteure, et parfois escorte, n’a pas grand-chose de commun avec les prostitué-e-s que l’on rencontre sur les trottoirs, dans les allées des bois, ou les halls de gare de Paris ou d’ailleurs. La plupart sous l’emprise de petits copains peu scrupuleux, de macs ou des réseaux mafieux ; consommant alcool et / ou stupéfiants pour tenir, survivent comme elles peuvent.
Elles ont malgré tout en commun de marchander des actes sexuels tarifés, sans désir ni plaisir, ce qui n’est jamais anodin.
Tout être humain consacre une énergie certaine à préserver son intimité et supporte difficilement l’intrusion d’un étranger dans sa bulle, il faut une bonne dose de distanciation et même de dissociation pour tolérer la vue, l’odeur, le contact, les pratique sexuelles imposées à la chaîne, par des inconnus que l’on ne désire pas.

Morgane « Merteuil » voudrait tant représenter celles et ceux qui dans leur immense majorité, ne lui ressemblent pas. De manifestations en congrès, elle mène une vie d’activiste : elle écrit, voyage, fréquente les médias, les politiques,  se fait publier, suit des études.
Combien de personnes prostituées sont-elles dans une telle situation ? Celles et ceux qui exploités, souvent agressés et violés, (sans compter celles que l’on tue), ne sortiront que rarement et au prix d’efforts surhumains de leur condition.
Alors parler en leur nom pour affirmer que la prostitution ne serait pas une violence sexuelle, ne semble pas très légitime.

La libération par la prostitution, ah et par le voile aussi, il fallait tout de même y penser, Morgane « Merteuil » l’a écrit et personne n’y croit,  pas même elle ! Cet  essai brouillon et approximatif expose au grand jour les faiblesses de l’argumentation, mais surtout, ce que Morgane Merteuil voudrait vraiment être, mais n’est pas, pas encore. Un jour, peut-être, je le lui souhaite, quand elle aura choisi, quand elle se sera libérée.

Christine Le Doaré

 

« prosexe, proporno, proputes »* Titre de Libération : « Le féminisme «prosexe, proporno, proputes» de Morgane Merteuil »

OLF : Osez le féminisme !

 


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